Le weekend avait été long, très long. Raila n'avait pas eu envie de bouger, de sortir ou autre. Elle avait essayé d'écrire des chanson, mais rien ne lui venait. Elle avait quelques morceaux pas trop mal mais ce n'étaient que des brides de texte par-ci par-là.

C'est donc d'un pas nonchalant au possible qu'elle s'était rendu à l'université ce matin. Elle avait suivi les cours comme à ses premiers jours ici, il y a un an. Elle était intimidée à l'époque et ne parlait pas à beaucoup de monde au début, histoire de prendre de bonnes habitudes dès le départ, mais cette année, elle n'avait simplement pas envie de parler aux autres. Elle s'était fait une bulle autour d'elle et elle était bien ainsi, du moins, mieux.

Miss gossip... Elle détestait cette fille. Elle se demandait bien qui elle pouvait bien être pour être au courant de tout ce qui se passait, partout, même quand personne n'était là... c'était sans doute un des trois mecs qui l'avaient embêté ce jour qui lui avait envoyé la rumeur juste histoire de faire chier son monde. Après tout, une seule personne ne pouvait pas faire tout ça seule si ? Enfin.

Ruminant toute la journée, elle fini par envoyé un message à Julie, sa meilleure amie. Cette dernière l'appela peu de temps après parce que "Je pense que ça sera plus simple si tu m'explique directement au téléphone que par message" Elle n'avait pas tort. Une discussion s'en suivi entre les deux amies alors que Raila se dirigeait vers les toilettes pour être plus tranquille.

- Ok, je comprends pour la rumeur, c'est pas cool, mais tu sais ce que j'en pense, essaye de passer au dessus de tout ça ok ? Et au pire je suis là, tu le sais.

- Oui... mais tu es loin... j'aurais bien besoin que tu sois là... mais je sais bien que c'est aussi compliqué pour toi.

- Ne t'en fais pas pour ça, si vraiment tu as besoin on pourra toujours s'arranger pour se voir.

- Hm...

Pas très convaincue, elle pensait qu'elles allaient en rester là mais, en allant s'appuyer vers le fond des toilettes, pensant être seule, elle se pencha au dessus d'un des éviers pour essuyer ses yeux avant que ses larmes ne coulent.

- Et pour ton Dae je sais plus là, dis moi ?

- Euh... Tu veux que je te dise quoi ? Je l'ai revu dans les couloirs il y a peu, j'étais persuadée qu'il finissait les cours en mars et qu'il partait pour Séoul pour reprendre la boite de son père mais il a du avoir des soucis avec ses examens, c'est le seul truc que je vois pour qu'il soit resté.

- Oui ok, bon au fond, on s'en fou de savoir le pourquoi, il est là, ça veut dire que tu as un an de plus pour essayer de sortir avec lui !

- Nan mais t'es pas bien ? Avec tout ce qu'il se passe je ne sais même pas s'il va vouloir me parler de nouveau, déjà qu'il n'a toujours pas répondu à mon message... ça fait quand même une semaine et j'ai toujours pas de réponses... à mon avis il m'a juste zappé et rayé de sa vie.

- Mouais... j'en suis pas si sûre moi... je sais pas, il aurait pas été aussi gentil avec toi juste pour t'ignorer ensuite non ? Puis vous aviez pas mal parlé avant la fin de l'année non ?

- Ouais, c'est vrai qu'au moment de la compétition de natation on avait commencé à mieux parler mais, on parle de Dae-Hyun là, c'est quand même LE mec populaire par excellence et dont beaucoup de filles sont amoureuses. J'ose même pas imaginé comment il me recalerait si j'allais lui dire ouvertement ce que je ressens...

- Pfff, qui ne tente rien n'a rien tu le sais bien. Ah... désolée, je vais devoir te laisser, ma mère qui m'appelle, je dois absolument décrocher... On se reparle dans la semaine ok ? Allez, bisous ma belle.

- Ok, bye.

Elles raccroche et Raila laisse un soupire s'échapper alors qu'elle s'appuie sur le mur comme si elle était fatiguée suite à un entretien hyper stressant. C'est à ce moment là qu'une fille sorti d'une des cabines. Raila avait alors envie de se faire toute petite, elle avait parlé ouvertement de ses sentiments envers Dae-Hyun et voir cette rumeur s'ébruiter était réellement la dernière chose dont elle avait envie. Enfin... elle avait parlé français avec Julie du coup, pas sûr qu'elle ai compris quelque chose... Elle regardait tout de même sa camarade du coin de l'oeil, en profitant pour prendre de l'eau dans ses mains et se rafraîchir un peu le visage.

L'école avait recommencé dans les derniers jours et Catherine était d'un côté très heureuse de recommencer les cours. De l'autre, c'était la tête très absorbée dans différents événements qui l'écartait de savourer entièrement la rentrée. Déjà, Catherine avait tendance à dormir que quelques heures dans la nuit, dessinant durant les heures consacrées au sommeil. Ensuite, elle avait la mauvaise, très mauvaise, habitude de manger de moins en moins, maintenant avec un maigre lunch le midi, et quelques collations en journée. Résultat, elle était dans un état mental assez difficile avec ses réflexions sur cette rencontre sous les cerisiers. Quand on a faim, dur de se concentrer sur les moindres tâches et c'est davantage difficile lorsqu'on se retrouve avec un mal de ventre d'origine féminine.

Se retrouvant aux toilettes des filles vers la fin de la journée, l'artiste fut contente de constater être seule dans la salle et s'enferma dans une des cabines. Fermant les yeux, elle massait son ventre souhaitant que la douleur s'amenuise. Chaque bouffée d'air lui donnait l'effet qu'un couteau venait trancher les fibres de son ventre et ce n'est que quelques minutes de ce rituel de calme que la douleur diminua. Ce qui fit le meilleur effet est l'arrivée dans la salle d'une autre fille. Figée, Catherine ne fit aucun bruit, les yeux grands ouverts. Bon, c'était un endroit ouvert à toutes les étudiantes, donc normal qu'une autre fille entre ici, mais elle avait été étonnée tout de même. C'est toujours au minimum humiliant de se faire entendre, surtout dans ce lieu, à faire des bruits guère flatteurs. Bon, son mal de ventre était inaudible chez les autres, mais ça restait un moment de faiblesse. Surement que dans quelques minutes, l'inconnue sortirait et elle se rendrait au lavabo afin de se laver les mains.

Son oreille fut attirée malgré elle à la voix de l'inconnue. Non seulement c'était tout de même une très belle voix, bien qu’imbibée de détresse, mais les mots avaient un sens que Catherine connaissait mieux que les natifs : c'était du français. Écoutant les mots de sa langue maternelle, l'artiste écoutait à l'insu de l'inconnue sa conversation. Ne voyant que deux souliers dans l'ouverture de bas de sa cabine, et comme il n'y avait qu'une seule voix, Catherine en déduisit que la jeune femme devait discuter dans son cellulaire. La conversation semblait avoir un lien concernant une relation de coeur, surement que l'inconnue était amoureuse d'une autre, mais sans savoir comment l'avouer. C'était touchant et attira un sourire sur les lèvres de Catherine qui, enfin, avait un ventre docile côté douleur.

Un nom attira davantage l'attention de l'artiste. Dae-Huyn? La tête inclinée, Catherine écoutait alors avidement les mots. Il n'y avait aucun doute, la cible de coeur de l'inconnue était son ami coréen. Bon, rien ne sert de rester ainsi cachée, elle se leva et ouvrit la cabine. Une jeune fille blonde était adossée contre le mur, visiblement songeur. Elle dut être étonnée de voir Catherine sortir de la cabine et Catherine, ayant l'inconnue dans son coin de l'oeil, elle tourna la tête et lui fit un signe de salutation de la tête. Ouvrant l'eau, Catherine se lava les mains en se demandant comment aborder la jeune femme. Finalement, les mains entourées de bulles de savon, Catherine se lança.

— Tu sais... Dae... il est gentil, il ne mord jamais les gens...

Bon, c'était faible comme introduction. Tournant son visage vers la blonde, Catherine continua.

— Tu ne ressembles en rien aux admiratrices qui lui tournent autour.

C'était vrai. Ses admiratrices restaient en retrait en bande à se chuchoter des trucs louches à son sujet.

— Qu'est-ce qui est mieux, ne jamais lui dire ce que tu ressens et manquer une chance que ça fonctionne ou avoir une chance sur deux d'être rejetée?

Réalisant qu'elle avait sans doute dit des choses à quelqu'un sans vraiment la connaitre, Catherine se mordit la lèvre, fermant le robinet.

— Désolée, je...

Secouant ses mains au-dessus du lavabo afin éviter que les gouttelettes d'eau tombent au sol, elle alla les mettre sous le séchoir. Son accent français était très différent de celui de l'inconnu, mais ça devait être assez facile à saisir.

Alors qu'elle venait de raccrocher son téléphone après avoir parlé avec Julie, sa meilleure amie, de ses sentiments envers Dae-Hyun, Raila pensait être seule mais une jeune fille semblait avoir tout entendu. Alors qu'elle sortait d'une des cabines, Raila la regardait, sans rien dire, se disant qu'elle n'avait sans doute dû rien comprendre à ce qu'elle disait vu qu'elle avait parlé en français. Elle lui fit un sourire en réponse à son signe de tête, sans plus, espérant qu'elle ne relève rien et s'en aille mais c'était sans compter la chance que la française avait ces derniers temps. Alors qu'elle venait de mettre un peu d'eau sur son visage histoire de se rafraîchir, la jeune fille lui adressa la parole et Raila la regarda avec des yeux ronds comme des billes. Elle parlait en français... Donc elle avait tout comprit de la conversation... donc elle pouvait en parler... donc... son cerveau fumait tendis qu'elle devenait écrevisse. En plus elle semblait connaître le principal intéressé ! C'était bien sa veine !!

Elle avait tourné la tête vers elle et Raila ne pu pas réellement bougée, comme entre pétrifiée, surprise et intriguée. Elle ne semblait pas vouloir se moquer d'elle ou en parler à son ami, elle vint même à la rassurer sur le point principal qui la tracassait, le fait qu'elle pensait être une fille parmi tant d'autres, parmi toutes les groupies qui lui tournait autour.

- M.. Merci... je crois...

Comme elle lui parlait en français, bien qu'avec un accent bien particulier qu'il était facile de reconnaitre, elle lui répondit dans cette même langue sans trop s'en rendre compte. Elle mit alors les pieds dans le plat, ni plus, ni moins. Raila resta surprise de cette phrase qui, il faut l'avouer, résumait parfaitement la situation. Puis elle s'excusa avant d'aller s'essuyer les mains. Il y eu un moment de silence avant de ne voir un sourire apparaître sur le visage de la jeune femme.

- Merci... je pense que j'avais réellement besoin que quelqu'un d'autre me le dise mais...

C'est vrai que Julie n'arrêtait pas de le lui dire mais elle savait pertinemment que c'était pour lui remonter le moral mais là c'était une inconnue qui le lui disait, même si ce n'est pas une simple phrase qui allait changer la donne, elle savait qu'elle devait se lancer, tout lui dire, et voir comment ça se passait mais... Elle savait aussi qu'il avait été en couple avec une fille du nom de Mendy et qu'ils n'étaient plus ensemble. Si ça se trouve il avait déjà trouver quelqu'un avec qui il était bien, ou alors il ne voulait peut-être plus entendre parler de relation. Tout se mélangeait dans sa tête.

- Tu... Tu connais bien Dae-Hyun ? ...

Elle semblait être une de ses amies, du moins, une de ses connaissances. Peut-être pourrait-elle en apprendre plus sur lui, sur ce qu'il ne montre pas aux autres, en parlant avec cette jeune femme. D'ailleurs il lui semblait l'avoir déjà vu quelque part et elle essaya de se rappeler son nom.

- ... Euh... Kathleen c'est ça ?

A peu de chose près c'était ça.

Catherine avait tout entendu d'une conversation qui ne la regardait pas. En même temps, dans un pays étranger, lorsqu'on entend une langue qu'on parle, c'est dur de ne pas tout comprendre et de faire la sourde oreille. Bien malgré elle, surtout qu'elle avait entendu le nom de son ami coréen, l'artiste avait tenté de rester le plus longtemps dans la cabine pour ne pas intimider l'arrivante et espérer qu'elle quitte l'endroit après son appel. Cependant, il sembla que l'inconnue restait sur place et avant qu'elle ne découvre qu'il y avait quelqu'un déjà dans les toilettes, Catherine préféra sortir.

La personne semblait si désemparée que l'artiste ne put s'empêcher de parler, comme pour tenter de la rassurer. Cependant, elle avait plus l'impression de se mettre les pieds dans les plats et finit par s'excuser alors qu'elle se rendait pour s'essuyer les mains. Il eut un léger silence alors que le bruit du séchoir était le seul qui troublait l'espace. Se tournant alors vers la Française, la Québécoise vit un sourire sur le visage de la jeune femme et elle lui rendit son sourire. Ainsi, elle n'était pas la seule à lui avoir fait cette réflexion. Hochant simplement la tête, Catherine se dit que peut-être elle avait bien fait de lui parler finalement. La question suivant surprit Catherine.

— Oh! euh, oui, on se voyait beaucoup l'an dernier, et on a gardé contact, mais je n'ai pas eu le temps de le revoir depuis la rentrée.

Elle prit une pause, puis, un peu paniquée, elle rectifia.

— Oh! Mais! On se voit comme ami, en fait, c'est comme mon grand frère, pas comme... ensemble.

Trop gênée pour dire le mot « couple », elle espérait s'être fait comprendre par l'étudiante. Elle appréciait beaucoup Dae, mais leur relation n'avait rien d'un couple amoureux et tout de la fraternité. Elle se sentait à l'aise de parler d'art avec lui et ils échangeaient souvent sur le sujet. Le nom de Kathleen lui fit pencher légèrement la tête sur le côté.

— Presque, Catherine. On s'est rencontré déjà?

Peut-être dans un des clubs où elle avait été faire du dessin? Catherine avait fait le tour de beaucoup de clubs pour faire des croquis, bien sûr avec l'autorisation des responsables de ceux-ci.

— Je suis désolée, je ne me souviens pas de toi.

Visiblement inquiète de ne pas s'en souvenir, Catherine était plus hésitante que lorsqu'elle était sortie des toilettes.

Tout comme son amie Julie, la jeune femme en face d'elle semblait clairement connaître Dae-Hyun et elle lui expliqua clairement qu'il fallait en gros qu'elle choisisse entre se taire et regretter ou tenter sa chance et avoir une chance sur deux que ça fonctionne. Le choix final n'était pas bien compliqué pour une personne qui croyait en elle mais pour quelqu'un comme Raila qui ne voyait pas ce qu'elle avait à apporter à quelqu'un comme Dae-Hyun, c'était autre chose. Au moins, elle n'était pas comparable aux groupies qui lui tournaient autour d'après ses dires, c'était déjà ça, mais ça ne suffisait pas.

Une question restait cependant dans la tête de la française, si elle était proche de son sempai ou non. Disons qu'il y a "pas proche", "proche" et "très proche". Un peu comme Sora semblait "très proche" de lui alors qu'elle n'était que "proche" au final, elle se demandait si ce n'était pas l'inverse avec la canadienne. Rapidement, cette dernière mis les choses au clair, elle semblait être une bonne amie mais rien de plus, sa façon de vite se reprendre pour ne pas faire de malentendu fit sourire la blonde.

- Je vois, tu es donc son amie.

La dernière personne avec qui elle avait parlé de lui était Sora et elle avait aussi mis les choses au clair avec l'étrangère bien qu'il n'était pas question pour elle de renier son naturel, ce qui était normal. La voir toujours aussi proche de lui ne laissait toujours pas Raila indifférente mais au moins, elle ne ressentait pas la même sensation qu'avant. Essayant de se rappeler de son prénom, l'ayant déjà entendu une ou deux fois dans les couloirs par d'autres étudiants, elle se trompa de peu et la canadienne semblait ne pas la connaitre, ce qui était normal après tout.

- Ne t'en fais pas, on ne se connait pas, j'ai simplement entendu plusieurs fois des personne t'appeler par ton prénom. Tu es quelqu'un d'assez discrète dans les couloirs et je repère assez bien les personnes comme toi... peut-être parce que j'en fais partie...

Elle espérait l'avoir rassuré et les personnes comme elle, gentilles, calme et discrètes, avaient tendance à intrigué la jeune femme qui n'avait pourtant jamais l'occasion d'aller leur parler, tout simplement car eux ne le faisaient pas et qu'elle n'osait pas le faire non plus. L'interminable dilemme des personnes timides. N'ayant pas grand chose à dire de plus, elle regardait son téléphone et vit Salem, le chat de l'académie qui se baladait un peu partout à son bon vouloir. Elle l'avait déjà croisé plusieurs fois et ne pu s'empêcher de se mettre accroupie à sa hauteur pour le caresser après son miaulement.

- Salut toi ! Toujours là au bon moment hein !

Elle lui gratouilla la tête et releva la sienne vers son interlocutrice.

- Ca te dis de... enfin.. de garder contact ? J'ai du mal à parler aux autres... et je pense... j'aimerais bien être amie avec toi... si ça te va bien sûr.

Elle ne savait pas vraiment comment formuler ça et elle ne savait pas quoi dire de plus sur le sujet précédent, disons que les murs ont des oreilles et qu'elle en a déjà fait les frais. D'ailleurs, étonnant qu'elle ne lui en ai pas parlé, avec la dernière rumeur lancée sur elle par l'autre pimbèche de miss Gossip.

Catherine avait peut-être un peu dépassé les limites en parlant ainsi auprès de l'inconnue, mais c'était dit. Après, la jeune femme n'avait aucun pouvoir décisionnel à propos de son ami Dae-Hyun, mais elle le savait assez ouvert et respectueux pour ne pas juste retourner de bord une personne qui se montre intéressé, à moins que cette personne fasse partie des nombreuses groupies qui le suivent souvent de loin. Lui demandant si elle connaissait bien le Coréen, la Française devait sans nul doute savoir si Catherine était proche ou non. Après tout, elle pourrait bien dire n'importe quoi si elle ne le connaissait pas, mais ce n'était pas le genre de l'artiste. Elle hocha la tête.

— Oui. Il est un peu devenu mon grand-frère de substitution depuis que je suis ici.

Il faut dire, avoir vécu les étapes du typhon ensemble, ça les avait rapprocher vraiment beaucoup et depuis qu'ils s'étaient recroisé quelques mois plus tard, ils avaient gardé contact beaucoup plus souvent. C'était une des rares personnes avec qui Catherine se sentait à l'aise de parler d'art et même s'ils ne pratiquaient pas le même domaine artistique, ils avaient plusieurs goûts similaires sur les sujets artistiques et pouvaient en parler pendant plusieurs heures. Il lui avait même permis de l'utiliser comme modèle pour son projet des douze signes du zodiaque chinois qu'elle n'avait pas encore terminé, mais ça s'en venait. Surtout qu'elle avait commencé un nouveau projet très gros et elle prenait des poses de celui=ci pour continuer les signes.

L'inconnue l'appela par un nom similaire au sien. Surprise, Catherine corrigea, mais avoua ne pas la connaitre. Ainsi, malgré son côté assez discret, la blonde l'avait repéré. Elle se demandait bien pourquoi, et même si l'autre mentionnait être aussi une personne discrète, Catherine ne comprenait pas ce qui avait pu faire en sorte d'être remarqué. Après, elle ne comprenait pas toujours pourquoi les gens lui parlaient, mais cette fois-ci, c'était quand même elle qui avait initié le premier contact. Elle ne savait pas trop quoi lui répondre, mais fut sauvée par l'arrivée de la mascotte de l'école : Salem. Un large sourire apparut sur le visage de la Canadienne alors que la Française se penchait pour flatter le chat noir.

— Hey bien! je ne me serais pas attendu à le voir dans les toilettes, ça doit être beaucoup trop humide pour lui!

Elle se souvenait de comment il avait gigoter lorsqu'elle avait tenté de lui enlever la peinture bleue sous ses pattes dans le club d'art. Toujours avec un léger sourire sur le visage en regardant le chat, elle-même se pencha pour le flatter à son tour. La demande de la Française surprit un peu Catherine qui pencha alors la tête sur le côté. Elle finit par hocher la tête à l'affirmative.

— D'accord...

Sortant de son sac son téléphone portable, elle l'ouvrit pour aller dans ses contacts et lui tendit pour qu'elle entre ses informations dans le téléphone.

— Tu sais, je ne peux pas te garantir la réponse de la part de Dae-Hyun, mais si tu veux parler, n'hésite pas. J'avoue que d'avoir une autre personne qui parle français, ce n'est pas déplaisant non plus. Tu es dans quel cursus au fait?

Raila se demandait quel genre de relation elle entretenait avec son senpai et cette dernière la rassura en lui expliquant la situation : elle le considérait un peu comme son grand-frère et précisa même qu'ils n'étaient pas ensemble, ce qui fit sourire la française, comprenant qu'elle ne voulait pas faire de boulette. D'ailleurs, lorsqu'elle avait essayé de se rappeler de son prénom qu'elle avait cru entendre dans les couloirs de la bouche de quelques uns de ses amis, elle s'était trompé de peu, à cause de l'accent sans doute. Ainsi elle s'appelait Catherine, et elle la rassura en lui expliquant comment elle avait supposé son prénom.

Raila avait beau être discrète elle regardait ce qu'il se passait autour d'elle et il lui arrivait de tourner la tête lorsqu'elle entendait un prénom ou un nom qu'elle ne connaissait pas et qui en plus ne sonnait pas japonais. Il faut dire que des Catherine dans le coin, il n'y en a pas beaucoup et elle avait alors remarqué la jeune femme qui était clairement étrangère, tout comme elle.

Salem débarqua alors en réclamant toute l'attention de la part des deux étudiantes et Raila s'accroupie pour le caresser. Ayant son téléphone en main, elle demanda sans vraiment réfléchir si la québécoise voulait garder contact, elle aurait bien aimé la voir de temps en temps, parler, devenir amie. Laissant le chat aller vers elle, elle se redressa et fut quelques peu soulagée de ne pas s'être pris un vent à sa demande. Elle sourit et attrapa doucement le téléphone pour y entrer son numéro avec son prénom, qu'elle ne lui avait pas dit au passage.

- Au fait, je m'appelle Raila Kudo.

Elle lui fit un sourire et lui rendit son téléphone une fois le contact créé en lui donnant le sien pour qu'elle fasse pareil tout en l'écoutant. C'est vrai que parler français dans l'enceinte de l'école c'était vraiment sympa alors elle accepta avec plaisir.

- Oh bah oui, ça change de pouvoir parler ma langue maternelle, ça me fait plaisir ! J'étudie les langues étrangères et toi ?

La sonnerie retentit alors leur indiquant la fin de la pause et le retour à leur journée de cours.

- Bon... bah je crois qu'on va filer finalement..

Elles sortirent toutes les deux des toilettes et Raila se dirigea vers sa classe, un peu moins pesante qu'en début de journée.

Cette rencontre aux toilettes s'était révélée plutôt intéressante au final. Catherine avait eu peur d'avoir fait un impair quelque part, mais il n'en était rien du tout. Au contraire, il semblerait qu'elle ait peut-être même trouvé une personne avec qui parler dans sa langue maternelle à l'avenir. L'arrivée surprenante de Salem avait quand même coupé l'attention des deux filles envers le félin taquin. Réclamant des caresses à l'une et l'autre, il ne devait pas bien aimer l'endroit.

Acceptant l'offre de garder contact, Catherine lui tendit son téléphone. Elles échangèrent leur numéro dans le cellulaire de l'autre avant de le rendre. Catherine fit un sourire à Raila, apprenant qu'elle étudiait les langues étrangères. Ça n'empêche pas de vouloir parler sa langue natale pour autant!

— Enchantée Raila. Je suis étudiante en art, le dessin surtout.

Elle allait même continuer en disant qu'elle avait déjà dessiné Dae-Huyn à quelque reprise, le coréen s'était souvent prêté au jeu d'être mannequin, même alors qu'il prenait des photos. À l'inverse, il l'avait bien photographiée à son insu, lui disant par la suite, alors qu'elle était concentrée à dessiner. Cependant, elle fut interrompue par la cloche qui annonçait le retour en classe. Hochant la tête, Catherine suivit Raila hors des toilettes.

— Allez, vient Salem...

Elle laissa la porte ouverte pour que le félin sorte par un endroit plus pratique et elle le vit gambader dans une direction avant de disparaitre au tour d'un couloir.

— Bonne journée à toi.

Quittant Raila sur un sourire et un geste de la main, Catherine se dirigea vers les locaux d'art, son cellulaire à la main.