Le défilé venait de se terminer. Purificación affichait un grand sourire alors qu’elle retournait jusqu’à sa loge pour se débarrasser de sa robe de grand couturier. Cela faisait peu de temps qu’elle avait terminé ses études de psychologie et elle était à présent entièrement plongée dans le monde du mannequinat, s’y adonnant à 100 %. Et, forcément, avec les cours et les examens en moins, la jeune femme avait un peu plus de temps libre pour se faire plaisir. Aujourd’hui, puisqu’elle avait dû faire le déplacement jusqu’à Nara pour ce défilé, Purificación avait dans l’idée d’aller se balader un peu pour se dégourdir les jambes, mais aussi pour découvrir cette ville qui n’était, au final, pas si loin de son nouveau chez elle : Kumoru.

Après une bonne douche, la jeune femme se prépara de nouveau : maquillage léger qui sublimait pourtant chacun des traits de son visage, un jean slim de couleur foncée, de hauts talons de près de 10 centimètres qui lui faisaient atteindre le mètre quatre-vingt-cinq, et, pour le haut, un top de couleur beige sans manches qu’elle avait surmonté d’une veste assez légère histoire de cacher ses bras à l’intérieur du bar où elle souhaitait se rendre. Purificación n’avait pas envie de s’amuser à se maquiller le reste du corps pour estomper ses cicatrices, alors elle préférait opter pour la solution « restons couverte ». L’Espagnole fin prête, elle attrapa son petit sac à mains où elle fourra son portefeuille, puis elle sortit, ses cheveux lâchés et retombant en cascade sur ses épaules et son dos. Étant donné que le soleil commençait à décliner à l’horizon, Purificación avait décidé de laisser ses lunettes de soleil dans sa chambre d’hôtel. Si elle voulait passer inaperçue, ce n’était pas avec des lunettes de soleil sur le nez alors que la soirée avançait lentement mais sûrement qu’elle allait pouvoir le faire ! Alors oui, l’Espagnole commençait à être bien connue dans le métier, il y avait même des rumeurs qui courraient sur le fait qu’elle pourrait prochainement devenir la nouvelle égérie de la marque Chanel, mais… Personne ne la remarquerait dans un bar du quartier historique de Nara, non ?

Purificación avait opté pour ce quartier parce qu’elle se disait que ça serait plus sympa d’aller dans un endroit un peu moins bondé que le centre-ville, et sans doute aussi un peu plus joli. Il y avait quelques temples dans les environs et ce côté historique qui se ressentait dans l’architecture et les décorations plaisait beaucoup à l’Espagnole. Son GPS allumé sur son portable, histoire de ne pas finir par se perdre, Purificación erra une bonne heure, à se balader dans les rues, s’arrêtant devant plusieurs devantures de boutiques. C’était vraiment très joli ici… C’était un peu ce qui manquait à Kumoru, ce côté typique qui semblait avoir encore un pied dans le passé… Chez elle, tout était un peu trop modernisé, c’était dommage !

Quoi qu’il en soit, après avoir longuement marché en étant perchée sur ses talons de dix centimètres, Purificación décida qu’il était temps de se poser. Elle était habituée à marcher avec des talons, mais elle n’avait pas vraiment prévu que certaines rues seraient pavées, ce qui avait été une véritable torture pour elle d’avancer sans risquer de se tordre la cheville. Et puis… Il commençait à faire soif aussi ! L’Espagnole s’arrêta donc dans le premier bar qu’elle vit, un bar pas trop grand, mais il y avait déjà quelques clients. La nuit était finalement tombée et Purificación espérait qu’elle n’aurait pas trop de mal à retourner jusqu’à son hôtel… Nara ne craignait pas autant la nuit que Kumoru mais bon… On n’était jamais à l’abri d’un type trop alcoolisé et trop collant ! L’Espagnole s’installa au bar, sur un tabouret, et se commanda un whisky pur. Purificación n’était pas une grande adepte des bières ou des boissons avec un faible pourcentage d’alcool. Quand elle voulait boire, elle ne faisait pas dans la demi-mesure et prenait aussitôt un alcool fort, ce qui correspondait plutôt pas mal à son caractère…

Installée tranquillement, Purificación se laissait bercer par la musique. Elle était seule, mais ça ne la dérangeait pas. Après tout, si elle était partie à l’assaut de la ville sans son équipe, c’était bien pour souffler un peu ! Sauf que voilà, une femme en train de boire seule dans un bar, ça attire forcément les regards, surtout quand il s’agit d’une aussi magnifique créature ! Un premier homme accosta Purificación, qui lui offrit son plus beau sourire avant de lui répondre cash qu’il ne l’intéressait pas et qu’elle voulait profiter de sa tranquillité en étant seule. Il repartit la queue entre les jambes, et comme s’ils s’étaient tous passés le mot silencieusement pour parier sur qui arriverait à faire tomber cette jolie sirène dans ses filets, les prétendants se succédèrent. Un deuxième, un troisième et là, ils étaient carrément venus à deux. Purificación commençait à légèrement s’agacer, crispant ses doigts parfaitement manucurés sur son verre de whisky. Elle allait finir par craquer et leur balancer sa boisson au visage ! Qu’est-ce qu’ils ne comprenaient pas dans « Je veux rester seule », sérieusement ?

- Je n’arrive pas à croire que tu tiens un bar. Dire que je te voyais continué dans la musique.

Soren avait sorti ça sur un ton amusé, son verre de soda à l’orange en main. C’était une surprise pour lui d’avoir retrouvé un ami de l’université. Il laissa donc la petite à sa sœur pour qu’elle fasse une sortie dans les boutiques avec elle. Ce qui faisait du bien à sa fille, elle avait besoin de ce contact avec sa nouvelle grande sœur qui n’aimait pas qu’on dise « tante », car elle se sentait vieille ensuite.

Le jeune homme s’était habillé simplement, jean, haut sombre et gilet gris pour retrouver le bar en question. Il n’avait pas vraiment l’habitude de boire de l’alcool, la seule fois où le jeune homme s’était lâché sur ce point… eh bien, la conséquence avait été une tête blonde en plus dans la famille. Le voilà donc, assis au bar, discutant avec le barman.

Il lui avait plus ou moins raconté sa vie en restant évasif sur de nombreux points. Ne donnant pas les vraies raisons de la rupture avec sa copine par exemple. Ni un nom. Le jeune homme n’avait de toute façon pas bien envie de parler de ça et écouta donc l’histoire de son ami. Monté un bar pour faire soi-même ses représentations. C’était… une idée plus censée.

- Ça a marché ?
- Pas du tout, mais par contre, la vente d’alcool, oui ! Bon, je dois faire gaffe à certains étudiant de Yokuboo qui veulent gruger, mais sinon … Oh, mais je devrais peut-être pas te dire ça moi ! Tu es surveillant là-bas après tout.
- T’inquiètes pas pour ça, c’est mon repos aujourd’hui. Je m’en occuperais demain.

Soren rigola doucement et pendant que son ami s’occupa de servir un verre à une femme qui venait d’arriver. Le jeune homme tourna son regard vers une petite télé en hauteur. Des infos et une voix qu’il avait reconnue. Ce n’était pas la première fois qu’il la voyait derrière un écran. La situation en Afrique intéressé souvent les média, les images étaient ensuite relayé avec d’autres média et elle y passer une ou deux fois tous les trois mois. Le jeune homme regardait souvent quand elle y passait, pour que sa fille puisse voir sa mère… Mais la petite ne semblait pas vraiment intéresser.

- … C’était Cassandra Green, en direct depuis…

Le jeune homme eut un sourire triste et lâcha d’un ton calme.

- Dis-moi, y a pas quelque chose de plus intéressant à la télé ? J’ai rien contre les pays du tiers-monde mais…

Tiens, la jeune femme semblait avoir du succès. Soren observa la scène avec calme et remarqua les doigts crispés. Le barman hésita même à intervenir, mais voyant Soren se redresser. Il lâcha d’un ton amusé.

- Le retour du Don Juan, qui l’aurait cru ?

Rigolant doucement, Soso se défendit.

- C’était que des rumeurs et tu le sais très bien.

Il s’approcha calmement des deux types et remarqua une dépanneuse qui était en train d’enlever une voiture qui dépassait un peu sur une place handicapé… Ça, c’est moche…

- Dites-moi, est-ce que l’un de vous aurez une voiture grise par hasard ?

Le second acquiesça et Soren eut un sourire amusé en montrant du pouce.

- Ben, il en a plus visiblement. Mais en courant assez vite, vous devriez rattraper la dépanneuse non ? En tout cas, vous y aurez plus de chance que d’emballé cette pauvre femme qui n’a rien demandé.

Il n’en fallu pas plus pour que les deux types partent en courant avec comme écho, les éclats de rire du barman. Le karma avait un don dans ce genre de situation. Enfin, sauf pour Soren qui le savait. C’était son ami qui lui avait dit un quart d’heure avant qu’il avait appelé une dépanneuse exprès. Ce n’était pas la première fois qu’un de ses gros lourds faisait ce genre de chose. Soso sourit à la jeune femme.

- Voilà, il devrait vous laisser tranquille. Je vous offre le verre pour la peine, j’aurais pu intervenir plus tôt après tout.

Il retourna à sa place et finalement, se laissa tenté par une bière… au point où il en était.

Si on avait été dans anime, nul doute qu’on aurait vu une grosse veine d’agacement apparaître sur la tempe de Purificación à ce moment précis. Son sourire était aussi magnifique que glacial et ses doigts étaient un peu trop crispés sur son verre de whisky. Non, vraiment, si ces deux types ne lâchaient pas l’affaire et continuaient à l’emmerder, cet alcool allait finir dans leurs yeux !

Fort heureusement pour eux, mais aussi pour Purificación et les autres clients du bar, le début d’une potentielle altercation fut étouffé dans l’œuf avant que la situation ne dérape, par un homme qui s’était approché et avait indiqué aux deux gros lourds qu’une dépanneuse avait visiblement emporté une voiture grise. L’Espagnole ne put s’empêcher d’afficher un air surpris, tournant elle aussi la tête vers la porte d’entrée. Puis, en voyant que les deux types partaient en courant après les explications de l’inconnu, Purificación ne put s’empêcher d’exploser d’un rire franc. Eh bien ! Si elle s’était imaginé qu’on la sortirait d’une telle galère comme ça ! C’était terriblement innovant et rafraîchissant ! Combien d’autres étaient venus à son secours en prétextant être son petit-ami arrivé en retard ou encore en calmant ces inconnus purement et simplement avec une bonne raclée ? L’Espagnole ne s’y était vraiment pas attendue, raison pour laquelle elle n’avait pas pu retenir ce rire, et le pire dans tout ça, c’était que ça avait vraiment fonctionné !

« Le timing était plus que parfait, merci beaucoup ! C’est bien la première fois que j’arrive à me débarrasser de types trop insistants grâce à une dépanneuse ! Comme quoi, il faut une première fois à tout ! »

Purificación eut du mal à calmer son rire, passant délicatement le dos de sa main sous ses yeux pour en chasser les quelques larmes d’hilarité naissantes, le tout en prenant soin de ne pas détruire tout son maquillage. Puis, une fois calmée, elle offrit un sourire à la fois doux et amusé à cet inconnu qui, en plus de l’avoir débarrassée de ces gros lourds, lui offrait son verre. Par contre, la mannequin ne s’attendit vraiment à ce qu’il retourne ensuite s’assoir sagement à sa place ! Autant dire que c’était une situation vraiment très rare pour l’Espagnole, qui resta interdite quelques secondes en le regardant s’éloigner. Elle papillonna ensuite des paupières et fit une petite moue en fixant son verre. Mince, d’habitude, c’étaient les hommes qui venaient à elle, pas le contraire !

Gigotant un peu sur son tabouret pour en descendre et se retrouver de nouveau sur ses talons hauts, Purificación s’approcha de son sauveur du jour avec son verre de whisky.

« Je crois que c’est aussi la première fois qu’on m’offre un verre et qu’on ne reste même pas avec moi pour le boire ! Est-ce que ça vous dérange si je m’assois à côté de vous ? Surtout que, comme vous m’avez bien aidée, je vous en dois une. »

L’Espagnole regarda la bière qu’il tenait entre ses doigts en pouffant doucement. Il y avait un sacré écart entre leurs deux boissons ! Mais qu’importe. Purificación se tourna vers le barman et lui offrit un de ces magnifiques sourires dont elle avait le secret.

« La bière est pour moi. »

La mannequin tourna ensuite son regard vers l’inconnu, une petite moue presque adorable étirant ses lèvres.

« Voilà, ma dette est payée. Je peux vous laisser savourer votre bière tranquillement si vous le souhaitez, mais c’est quand même un peu triste de boire seul un verre qu’on vous a offert, non ? »

Purificación soutint son regard intensément avec ses yeux sombres. Bien peu de personnes arrivaient à lui dire non et, étrangement, elle n’avait pas trop envie que cet homme lui prouve à nouveau qu’il n’était pas comme tous les autres…

Soren revint sa place après que la jeune femme l’eût remercié, avouant qu’il était intervenu au bon moment et que c’était une façon inédite de se débarrasser de gros lourds pour elle. Le jeune homme ne put que rire avec elle, cette situation l’avait amusé pour être honnête, les voir détaler comme des lapins. Il ne put s’empêcher de dire.

- Et encore, vous pouvez les imaginer en train de courir après la dépanneuse si vous tenez vraiment à pousser le concept.

Puis, il était revenu en face de son ami, moment qui ne dura pas si longtemps, car la jeune femme décida de se joindre à eux, insistant sur le fait qu’elle n’était pas habitué à ce qu’on lui offre un verre sans rester avec elle ensuite. Soren eut un sourire amusé et indiqua la sortie par laquelle avait disparu les deux types tout en indiquant avec un ton détendu après avoir hoché la tête à sa demande.

- Ils voulaient vous en offrir aussi non ? Je peux leur demander de revenir si vous tenez vraiment à ce qu’on respecte les codes.

Soso lâcha un rire cristallin avant d’observer le barman lorsque la jeune femme lui paya sa boisson. Ce dernier lâcha d’un ton calme que tant qu’on lui payait, peu importe le porte-monnaie. Mais il n’ajouta pas un petit détail qu’elle ne pouvait pas vraiment savoir, car elle était arrivée après Soren. Ce dernier lui n’y manqua pas, avouant sur un ton sérieux.

- Eh bien, vous savez… je n’ai pas fait grand-chose. C'est notre ami derrière son bar qui s’est donné la peine d’appeler la dépanneuse. Il avait pressentit que ça n’allait pas tourner court et m’a prévenu qu’ils allaient faire les gros lourds. Donc ce serait plutôt à lui que vous devriez offrir une bière en réalité.
- Oui, mais offrir une bière à un barman dans son propre bar, ce n’est pas très poli. Donc, la situation me convient.
- Oui, enfin, de nous deux, c’est elle qui perd le moins vu. C’est la maison qui offre non ?

Le barman hocha la tête à contrecœur. Fichu Soren, dire qu’il allait pouvoir empoché les sous sur sa boisson au final. Mais bon, l’homme n’allait pas revenir sur sa parole, ni faire payer un ami. Soren reporta son attention sur la jeune femme et dit avec un grand sourire amusé.

- Donc vous venez de m’offrir une bière qu’on venait déjà de m’offrir… pour faire simple. Mais resté, je vais pas vous demander de vous relever alors que vous ne m’embêtez pas du tout. Je m’appelle Soren Haruka.

Il lui tendit doucement sa main pour la saluer avec politesse. Evitant le salut japonais classique, Soren avait perdu l’habitude de toute façon. Il planta ses yeux verts dans ceux de la jeune femme et ajouta.

- Vous pourrez toujours me payer la prochaine si vous voulez, comme ça, on sera vraiment quite. Ca vous arrive souvent ce genre de chose ?

Purificación ne put s’empêcher de rire encore plus fort après les mots de son sauveur du soir, imaginant parfaitement les deux gros lourds en train de courir après leur voiture. Sauf que voilà, ce moment tout de suite bien plus agréable que le début de sa soirée s’était brutalement terminé avec l’éloignement de l’inconnu, qui était retourné à sa place pour finir son verre après avoir offert une autre consommation à l’Espagnole. Bah mince… C’était quoi son problème ? Il était sympa avec elle, lui offrait un verre et la perspective de passer un bon moment, et il s’en allait ? Comme ça ? Et puis… Ce n’était pas un peu bizarre qu’un type se montre aussi serviable et gentil sans rien attendre en retour ? Rhaaa ! Purificación n’aimait pas ça ! Elle n’aimait pas quand les gens la surprenaient ! Elle s’était attendue à beaucoup de choses, qu’il se mette à la draguer à la place des deux autres ou, à défaut, qu’il reste près d’elle pour poursuivre leur conversation, mais non. Rien. Ce type était le mec le plus désintéressé auquel elle avait pu faire face ! Et l’Espagnole trouvait ça aussi agaçant qu’intriguant !

Résultat, ce fut elle qui fit un nouveau pas vers lui pour lui proposer de boire leurs verres ensemble. À sa réponse, Purificación détourna les yeux et lâcha un grognement, en plus de quelques jurons en espagnol, avant de relever légèrement le menton en prenant un air presque hautain.

« Certainement pas ! Vous avez évité qu’une bagarre n’éclate en les faisant partir, parce que j’étais vraiment sur le point de leur balancer mon whisky au visage. Surtout que je doute que monsieur soit d’accord avec le fait qu’une bagarre éclate pendant son service ! Et puis, ils n’étaient certainement pas aussi désintéressés que vous ! »

Purificación fronça les sourcils en fixant l’inconnu, se rendant compte qu’elle essayait vaguement de se justifier et que continuer dans cette voie ne ferait que l’enfoncer. Elle soupira alors profondément et haussa les épaules.

« Votre compagnie me semble bien plus agréable que la leur de toute façon… »

On aurait presque dit une enfant à court d’arguments alors qu’elle s’asseyait finalement aux côtés de cet homme pour siroter son verre, pendant que lui profitait aussi de la consommation qu’elle venait de lui offrir. Et les mots qui suivirent ne firent que surprendre davantage Purificación… C’était quoi ce type ? C’était l’incarnation du désintéressement en fait ! Il venait en effet de lui avouer qu’il n’avait rien fait pour la sauver, et que c’était le barman qui avait tout fait. Décidément… Ce type était tellement plein de surprises que la pauvre espagnole ne savait plus sur quel pied danser ! Elle soupira doucement avec un petit sourire pendant qu’elle écoutait les deux hommes.

« Bon eh bien… Il semblerait que je vous en doive une à tous les deux alors… Je vais bien payer cette bière, comme promis, et je vous offrirai votre prochain verre ! Comme ça, nous serons tous quittes ! »

Purificación ne leur laissa pas le temps de refuser puisqu’elle avança déjà la monnaie pour payer la bière du dénommé Soren, gardant son portefeuille à portée de main pour s’occuper du règlement de sa prochaine consommation. Elle se tourna ensuite légèrement vers son voisin de bar et saisit délicatement sa main avec la sienne parfaitement manucurée.

« Ravie de faire votre connaissance Haruka-san le désintéressé ! Mon prénom n’est pas japonais et est un peu compliqué alors… Vous pouvez m’appeler tout simplement Puri ! »

Son sourire s’étira un peu plus alors qu’elle resserrait sa poigne sur la main de Soren, finissant par la lâcher pour prendre une gorgée dans son verre. L’Espagnole ne put ensuite pas se retenir de le reposer alors qu’un profond soupir passait ses lèvres.

« Malheureusement, ça arrive un peu trop souvent à mon goût… Je pensais que je serais un peu moins embêtée en venant prendre un verre ici, à Nara, parce que je pensais que la ville était beaucoup plus calme que Kumoru, là d’où je viens, mais visiblement, les gens sont les mêmes quel que soit l’endroit sur cette planète ! »

Soren était un peu surpris de ce qu’elle avait dit, sa compagnie était plus agréable que la leur… Bon, c’est vrai que dit comme ça, n’importe qui aurait pu faire l’affaire en fait. Il avait donc tenté de s’échapper, n’aimant pas les remerciements et tout ce qui allait avec. Le jeune homme n’eut malheureusement pas le choix, car la jeune femme ne semblait pas décidée à en démordre. Cependant, cette façon qu’elle avait de chercher des raisons de lui prêter des intentions qu’il n’avait pas vraiment eues… Soren ne put s’empêcher d’être amusé par ça. Sauf que dire qu’il n’avait rien fait ne semblait pas vraiment suffire et son ami ne l’aida pas vraiment plus pour le coup.

Le jeune homme aurait pu insister, mais n’avait pas vraiment envie de se battre avec elle pour avoir les derniers mots, alors il accepta. Bien qu’il n’était même pas sûr de finir sa première bière. Autant se présenter, car après tout, il semblait bien qu’elle était partie pour rester sur le tabouret à côté de lui désormais et elle fit de même. Puri ? C’était inattendu et … un peu bizarre, il devait l’admettre. Un surnom peut-être ?

- Le désintéressé… Ça sonne bien, j’adopte l’idée. Mais, pourquoi en réalité ? Je veux dire, j’ai fait quelque chose de… normal non ? Ils vous embêtez, le terme est faible, n’importe qui serait intervenu à ma place, j’imagine.

Soren sourit d’un air innocent, oui, il le croyait vraiment, c’était probablement ça le pire. C’était son éducation qui voulait ça, une des choses que sa mère lui avait transmis. Toujours réagir quand une personne semble dans le besoin. Le jeune homme n’était même pas conscient de parler à quelqu’un de connu, il avait juste la sensation d’avoir affaire à quelqu’un de normal. Une femme qui malheureusement pouvait souffrir de sa beauté par le biais de gros lourd. Ce qui, visiblement arrivé souvent.

- Je vois, faut croire que des idiots, il y en a partout. Rien de nouveau sous le soleil. Même si je dois avouer que les Japonais sont moins pires que les américains sur de nombreux points. En tout cas, vous pouvez au moins être un peu tranquille maintenant… hein ?

Il sourit doucement et d’un coup, une petite main lui attrapa le bras. Une tête blonde était apparue, très vite suivit d’une autre plus grande et avec des cheveux bien plus long. Abigail fixa son père qui l’a pris sur ses jambes aussitôt pour la chatouiller doucement. Il appréciait que la petite ait hérité de ses yeux verts en la regardant, puis son regard se tourna vers Riku.

- Coucou vous deux, alors, ça a était les boutiques ?
- Oui super, je vois que pendant que je trouve des vêtements pour la petite, monsieur fait la tournée des bars en galante compagnie !
- Eh ! Ce n’est pas ce que tu crois, je suis juste venu voir un ami.

Riku fixa la brune avec un air dédaigneux dans un premier temps, elle avait toujours été protectrice avec son frère. Ne tenant pas à le voir souffrir à nouveau. Elle lâcha d’une voix plus refroidie.

- Un ami ? C’est pas vraiment ce que je vois, tu nous présentes ?

Soren sourit doucement et dit d’une voix détendue en berçant la petite dans ses bras alors que Riku observa plus en détail Puri.

- On vient juste de se rencontrer ok ! Elle s’appelle Puri.
- Puri ? Attendez… comme Purificación Dolores Velázquez ? La mannequin ? Mais ! Je suis une fan !

Des étoiles dans les yeux, Riku avait changé du tout au tout pendant que Soren observa la scène d’un air incrédule… Comment ça ? Le barman lui-même réagit en avouant qu’il l’avait bien déjà vu quelque part, mais n’était plus sûr. Riku, quant à elle, était parti pour parler pendant une heure sur ce qu’elle savait de la pauvre Puri. Elle se présenta d’ailleurs.

- Je suis Riku Haruka ! Et je…
- … tu devrais te calmer Riku ! Tu vas baver sans t’en rendre compte. Je suis vraiment désolé Puri, je l’ignorais même pour être honnête… moi et la mode en général, ça fait deux.
- C’est madame Velázquez, espère d’effronté, un peu de respect.

La blonde rigola tout en mettant une petite tape sur le crane de Soso et s’excusa, mais réclama presque aussitôt un autographe sous la désapprobation de Soren.

Purificación était vraiment contente qu’il n’ait pas fui ou qu’il ne l’ait pas envoyée balader quand elle avait décidé de s’assoir près de lui et lui offrir son prochain verre. C’était un peu bête en y repensant… Elle était venue ici pour profiter d’un moment de calme, seule, et voilà qu’elle cherchait maintenant à grapiller quelques minutes avec cet inconnu qui l’avait aidée. Ce n’était pourtant pas la première fois qu’on lui venait en aide dans ce genre de situation, mais ce Soren avait quelque chose de différent : il avait fait tout ça de manière totalement désintéressée ! À sa question, l’Espagnole tordit sa bouche en une petite moue.

« N’importe qui, sans doute, surtout que ce n’est pas la première fois que ça m’arrive. En revanche, c’est bien la première fois qu’on me vient en aide sans rien attendre en retour. Donc n’importe qui d’autre serait venu m’aider, certes, mais n’importe qui d’autre aurait aussi profité de l’occasion pour se rapprocher de moi et poursuivre la soirée en ma compagnie. Vous êtes vraiment quelqu’un d’intriguant… »

Purificación plongea son regard sombre dans celui de son voisin avec un petit sourire. Elle le pensait vraiment, ce type avait quelque chose de différent et elle avait affreusement envie de savoir comment il pourrait la surprendre à nouveau s’ils passaient un peu plus de temps ensemble. Alors oui, l’Espagnole était sans doute en train d’imposer sa présence, mais s’il ne la chassait pas… C’était bien que ça ne le dérangeait pas vraiment non ?

« Les Américains ? Est-ce que par hasard vous êtes un étranger vous aussi ? »

Voilà une information surprenante et qui titillait à nouveau sa curiosité ! Il avait pourtant un nom et un prénom japonais, mais c’était vrai qu’en y regardant bien, ces yeux verts n’avaient rien de typiquement japonais. Purificación avait bien envie d’en savoir plus, mais elle n’eut malheureusement pas le loisir de lui poser plus de questions puisque deux nouveaux arrivants s’approchaient d’eux. Comme si les yeux de l’Espagnole étaient des radars à enfants, ils se fixèrent immédiatement sur cette petite main potelée qui se posa sur le bras de son voisin. Purificación sentit un grand sourire étirer immédiatement ses lèvres, un air béat s’affichant sur son visage alors que son regard, soudainement devenu tendre, détaillait cette adorable fillette à la chevelure dorée. L’Espagnole sentit même son cœur se réchauffer en entendant la petite rire quand son père la chatouilla. Enfin… Elle imaginait que c’était son père ! Ils avaient les mêmes yeux en tout cas !

Ce portrait fit littéralement fondre Purificación, qui se figea toutefois en entendant une voix féminine s’élever à côté d’eux. Ah. Des cheveux blonds, une femme qui réprimandait son voisin de passer du temps en bonne compagnie… Il n’y avait pas besoin d’avoir fait de grandes études pour faire le lien : Soren était père de famille et cette inconnue était sans aucun doute sa femme ! Leur enfant leur ressemblait beaucoup trop à tous les deux pour que ce ne soit pas le cas !

Purificación se sentit alors soudainement mal en croisant le regard dédaigneux que cette femme lui lançait. Habituellement, elle aurait sans doute pris ses grands airs et aurait provoqué l’inconnue pour mieux l’écraser avec ses hauts talons aiguilles, mais cette fois… Elle était en tort. Cette famille était si belle, si attendrissante… L’Espagnole s’en voulait énormément d’avoir pu potentiellement, par sa présence, entacher le petit bonheur de ces 3 personnes. Elle offrit donc un sourire désolé à l’inconnue et se leva de son tabouret, son verre à la main.

« Désolée, je ne voulais pas créer de malentendus avec votre- »

Mais Purificación fut coupée dans son élan par Soren qui la présentait et… La réaction de l’inconnue la surprit tellement à cause de ce changement de comportement aussi brusque, que l’Espagnole ouvrit de grands yeux ronds et recula d’un pas. Mince… Elle la connaissait… Et elle avait parlé si fort ! Paniquée, la mannequin glissa son regard alentours pour s’assurer que personne n’avait été alerté par l’évocation de son nom. Fort heureusement, aucune tête ne semblait s’être tournée vers eux ! Purificación en fut grandement soulagée, parce qu’elle n’était certainement pas venue ici pour prendre un bain de foule, mais son cœur se serra davantage quand la jeune femme se présenta. Le même nom de famille… Ils étaient donc bien mariés… Pourtant, l’Espagnole n’avait vu aucune alliance au doigt de Soren ! Et c’était quelque chose qu’elle vérifiait toujours quand elle s’approchait d’un homme !

« Ah, non, ne vous inquiétez pas pour ça… J’étais justement venue ici en espérant passer incognito, même si je crois que c’est loupé maintenant. »

Purificación offrit un sourire amusé à Riku et fouilla dans son sac à main pour s’exécuter et signer un autographe. Si ça pouvait éviter que le couple se dispute une fois rentré…

« Voilà ! Merci beaucoup pour votre soutien ! Par contre, il semblerait que vous soyez la seule à m’avoir reconnue alors, si ça ne vous dérange pas, j’aimerais bien éviter un bain de foule, j’ai assez donné aujourd’hui et je voulais simplement me détendre un peu en venant ici. »

Purificación se rassit sur le tabouret voisin, histoire que Riku puisse prendre sa place à côté de son mari, son regard sombre se posant de nouveau beaucoup trop tendrement sur la petite tête blonde.

« Comme je le disais tout à l’heure, je ne veux pas qu’il y ait de malentendus. Haruka-san m’a aidée avec d’autres clients désagréables et j’ai simplement voulu le remercier en lui offrant un verre, rien de plus. »

Voilà, la situation était maintenant claire pour tout le monde ! L’Espagnole se sentait vraiment soulagée de voir que Riku ne posait plus de regard aussi dédaigneux sur elle, alors que le sien ne pouvait décidément plus quitter la petite silhouette qui était sur les genoux de Soren.

« Et toi ? C’est quoi ton petit nom ? »

Purificación s’était penchée en avant sur le bar pour pouvoir croiser le regard de la petite, lui offrant un sourire définitivement beaucoup trop doux. Ce qu’elle les enviait tous les deux… Former une famille qui semblait aussi unie et avoir eu la chance de l’agrandir avec cette adorable tête blonde… Est-ce qu’elle aurait elle aussi l’occasion, un jour, de se retrouver à la place de Riku ?

À nouveau, elle contredit tout ce que Soso venait de dire en lui confirmant qu’il n’avait pas vraiment réagi comme n’importe qui. Ce qui était une normalité pour lui ne l’était pas forcément pour d’autres, il fallait croire. Le jeune homme sourit doucement, mais ne put s’empêcher de montrer un air un peu surpris sur le moment. Intriguant ? Lui ? Houlà, elle ne devait vraiment pas rencontrer des personnes très originales dans sa vie alors. A nouveau, ce qui semblait normal pour lui ne l’était pas pour les autres. Alors, à part rougir doucement, il n’ajouta rien de plus car de toute façon, elle contrerait tout ce qu’il pourrait dire.

Elle réagit à sa remarque sur les Américains, confirmant une bonne fois pour toutes qu’elle n’était pas vraiment d’ici. Malgré tout, Soren rigola à sa question. C’est vrai que dit comme ça, il avait tout d’un étranger et il n’était pas vraiment de Nara pour autant, donc oui d’une certaine façon, mais pas étranger au pays. Le jeune homme but une gorgée avant de dire d’un ton détendu.

- Nope, je suis Japonais. Enfin, du côté de mon père et j’ai vécu la plus grande partie de ma vie à Kyoto. J’ai vécu en Amérique pendant quelque temps et je suis rentré depuis peu au pays.

Il espérait que sa réponse serait assez claire, mais en très peu de temps, la situation changea du tout au tout lorsqu’une petite main se posa sur son bras. La suite de la situation prit une tournure plutôt grotesque du point de vue de Soso, pauvre Puri, se dit-il. Sa sœur avait le don de se mettre dans tous ses états pour pas grand-chose et quand il s’agissait de mode… Autant dire qu’elle partait même trop loin pour son grand frère. Puri avait tenté de s’expliquer sur le moment comme si elle était en tort et l’instant d’après regarda dans tous les sens pour s’assurer de ne pas être attendu. Normal pour une top-modèle en cachette… Attends quoi ?! Une quoi ?!

L’information enfin montée au cerveau, Soren reposa sa bière qu’il venait de lever pour observer Puri avec un air surpris. Même son ami derrière le bar ne savait plus vraiment comment réagir et Soren ne put vraiment en placer une car Riku prit les devants en demandant un autographe.

- T’es pas vrai Riku, laisses la souffler un peu.

Sa sœur sautillait presque sur place et il posa sa main sur la tête blonde pour la maintenir en place en lui proposant de boire un verre. Mais désormais, il ne savait plus trop comment il pouvait s’adresser à la brune. Que pouvait-elle bien chercher avec lui ? Les mannequins, ne peuvent-elles pas fréquenter qui elles voulaient ? Lorsque Puri observa Abi, la petite se serra contre Soren, intimidé par la beauté de la jeune femme sur le moment. Le jeune père passa sa main dans les cheveux de la petite et Riku lâcha d’une voix douce.

- Tu es contente de retrouver ton père à ce que je vois. Elle n’a pas arrêté de te réclamer aux courses.
- Je croyais que tu voulais t’en occuper aujourd’hui, faudrait savoir.
- Oui, mais tu comprends, elle a vu un truc qui lui a fait peur et son premier réflexe ça a été de te chercher. Sauf qu’entre-temps, madame à oublier ce qui lui avait fait peur. Sa mémoire de poisson rouge… je me demande de qui elle la tient d’ailleurs.

C’était ciblé, Riku en voulait toujours à Cass et ne se privait pas pour la piquée indirectement sans pour autant alerté la petite sur sa mère. Soren se sourit à la question posée alors et murmura à la petite quelques mots à l’oreille. Abi se rassit correctement sur la jambe de son père et articula tant bien que mal.

- Abigail, j’ai … 2 ans et demi.

Le courage lui fit défaut et elle se plaqua à nouveau contre son père qui sourit doucement. Riku rigola et passa à son tour la main dans les cheveux de la petite.

- Ben alors ma puce, on fait sa timide !

Puis reporta son attention sur Puri, avide de question, elle se fit réprimander presque aussitôt par son frère au moment où elle ouvra la bouche et afficha une mine blasée presque aussitôt pendant que Soren demandait d’une voix aussi détendue que possible.

- Que venez-vous faire ici du coup ? Vous n’êtes pas du coin, je suppose.

Riku ne manqua pas de piqué à nouveau, mais Soren cette fois qui répondit presque aussitôt. Les joutes verbales étaient un sport entre eux.

- Tu supposes bien! Comme quoi ton petit tour en Amérique ne t’aura pas fait de mal !
- Tu sais, si tu me cherches, je peux encore te mettre à la porte dès ce soir.
- Oh ben essaye, j’y suis, j’y reste maintenant !

Il était convenu que Riku restait quelques jours chez Soren pour voir sa nièce aussi longtemps que possible et aider le jeune homme à gérer la petite pendant qu’il travaillait. Soren soupira avant de rire en même temps que la blonde puis tous deux reportèrent leur attention sur Puri.

Purificación n’eut malheureusement pas l’occasion de poser plus de questions à Soren, notamment la raison pour laquelle il était revenu au Japon, puisqu’un détail attira aussitôt son attention : une adorable petite main potelée qui se posait sur le bras de son voisin. Puis tout alla soudainement très vite… Une tête blonde, un regard réprobateur… L’Espagnole comprit très rapidement que cette nouvelle arrivante devait être la mère de l’enfant et certainement la femme de son voisin. Le malaise de Purificación était palpable, inquiète à l’idée d’avoir peut-être terni le quotidien merveilleux de cette petite famille (avec une enfant aussi adorable, il ne pouvait être que merveilleux après tout !). Et alors qu’elle essayait de s’excuser et de s’expliquer, l’ambiance changea radicalement pour la deuxième fois en seulement quelques minutes. Riku faisait maintenant preuve de beaucoup TROP d’enthousiasme, Purificación craignant que son agitation attire l’attention des autres clients du bar. Fort heureusement, ce ne fut pas le cas et l’Espagnole s’empressa de signer un autographe à sa fan. Si ça pouvait la calmer un peu, alors elle lui en signerait encore 10 autres s’il le fallait ! Puis, en entendant les reproches de Soren, la mannequin pouffa doucement et agita une main devant elle.

« Ne vous inquiétez pas, j’ai l’habitude. Et puis je préfère qu’on vienne me demander un autographe plutôt qu’on s’acharne à me proposer un verre alors que j’ai déjà refusé à plusieurs reprises. »

Oui, à choisir, Purificación préférait signer un autographe à Riku plutôt que de se retrouver de nouveau face à ces types qui l’avaient importunée quelques instants auparavant.

Quoi qu’il en soit, maintenant qu’elle s’était décalée, l’Espagnole n’osait plus trop discuter ni avec Riku, ni avec Soren, préférant siroter son verre en laissant quand même traîner un œil et une oreille dans leur direction. Elle ne pouvait pas s’en empêcher… Elle savait que c’était mal de les fixer de la sorte et d’écouter ce qu’ils disaient mais… Elle les enviait tellement ! Purificación désespérait chaque jour un peu plus de pouvoir se retrouver à la place de Riku, un léger soupir franchissant finalement ses lèvres alors qu’elle terminait son verre et le reposait sur le comptoir. Elle tourna ensuite son visage vers l’enfant qui lui jetait quelques petits regards curieux, décidant de lui demander comment elle s’appelait ainsi que son âge. Le son de cette petite voix qui atteignit son oreille la fit frissonner et fondre encore davantage si cela était seulement possible. Cette fillette était tellement mignonne ! Purificación avait envie de la prendre dans ses bras pour lui faire un gros câlin ! Son sourire béat témoignait d’ailleurs aisément de toute la tendresse qu’elle ressentait face à ce petit bout de femme.

« Eh bien ravie de faire ta connaissance Abigail, c’est un très joli prénom pour une adorable jeune fille. »

L’attention de Purificación se reporta alors sur Soren qui venait de la questionner, son sourire n’arrivant plus à quitter ses lèvres en voyant le couple se crêper gentiment le chignon.

« Je suis venue à Nara pour la journée, à l’occasion d’un défilé. C’est la deuxième fois que je viens ici et j’avais envie de souffler un peu après ma journée de travail. Comme je ne connais pas encore bien la ville, j’ai un peu marché sans trop savoir où j’allais et… Le destin m’a conduite jusqu’ici. Mais sinon, je vis à Kumoru, c’est à quelques heures de route d’ici, sur la côte. »

Purificación fit tourner son verre vide entre ses doigts parfaitement manucurés encore quelques secondes, avant de finalement se lever de son tabouret.

« Je ne vais pas vous déranger plus longtemps, surtout que j’ai terminé mon verre. Merci encore une fois pour votre aide de tout à l’heure et votre compagnie. Je vous souhaite une excellente soirée à tous les trois et n’hésitez pas à venir voir mon prochain défilé. Si ça vous intéresse, je pourrai vous donner un accès VIP. »

Purificación avait surtout proposé ça à Riku puisque Soren ne semblait pas la connaître, puis elle s’inclina légèrement en avant pour saluer tout le monde.

« J’ai été ravie de faire votre rencontre, vous formez vraiment une magnifique famille. J’espère qu’on aura l’occasion de se revoir un jour. »

L’Espagnole leur offrit son plus beau sourire, accompagné d’un gracieux signe de la main, puis elle réajusta son sac à main sur son épaule avant de quitter les lieux. Une fois à l’extérieur, Purificación inspira profondément en fermant les yeux. Cette soirée avait été riche en émotions ! Finalement, elle qui avait simplement voulu profiter d’un verre pour se détendre, elle s’était retrouvée à s’énerver, à paniquer, à craquer devant cette petite famille, mais aussi à ressentir une pointe de jalousie et d’envie à leur égard.

Sortant finalement son téléphone portable de son sac pour activer le mode GPS, Purificación quitta les lieux en direction de son hôtel, non sans avoir jeté un dernier regard en arrière en espérant croiser celui de l’adorable Abigail.