Les cours d’auto-défense, c’était bien, mais la situation dégénérait de plus en plus pour Kenji, et donc, par extension, pour Amelia. Son petit-ami était un ancien membre de gang. Jusque-là, tout allait « à peu près » bien. Par contre, le truc qui était un peu gênant au quotidien, c’était que ses anciens collègues avaient décidé de refaire de plus en plus surface pour remettre le grappin sur le professeur d’histoire-géographie. L’Australienne avait accepté cette part là de son petit-ami, mais elle avait toujours un peu peur qu’on finisse par lui tomber dessus. Se défendre était donc une chose, mais c’était aussi une bonne idée d’apprendre à attaquer ! Alors, quand Carla, une de ses camarades du cours d’auto-défense qu’elle suivait, lui parla de ses séances au club de boxe de la ville (après que l’Australienne l’eut questionnée avec un air sceptique sur l’origine de ces bleus qu’elle avait), il ne fallut pas longtemps à Amelia pour demander à la jeune femme si elle pouvait venir voir le déroulement d’un de ces fameux entraînements. L’hôtesse avait déjà de l’expérience en krav maga, mais elle n’avait pas eu le loisir de développer ses connaissances depuis son arrivée à Nara, et elle commençait à avoir peur de se mettre à rouiller si elle ne pratiquait pas un autre sport qui pourrait lui permettre de renvoyer ces gêneurs à Kumoru, la queue entre les jambes.
Les deux jeunes femmes avaient donc convenu d’un rendez-vous, et ce jour était finalement arrivé. Amelia avait profité d’avoir une (trop rare) journée de repos pour se rendre à ce club de boxe. Le soleil se couchait déjà sur l’horizon quand la demoiselle sortit de son appartement miteux, après avoir passé une bonne partie de la journée à grignoter des cochonneries sur son canapé, manette de console de jeux entre les mains. C’était bien d’être belle, mais ça faisait aussi un bien fou de juste rester dans une tenue beaucoup trop moche pour l’extérieur à ne rien faire d’autre que défoncer du monstre !
Amelia n’avait pas voulu trop se pouponner avant de sortir. Il ne fallait pas oublier qu’elle s’en allait suivre un entraînement de boxe ! Elle se contenta donc de remonter sa crinière de feu en une couette haute sur sa tête, avant d’enfiler une tenue décontractée qui lui permettrait de ne pas trop se faire arrêter dans la rue. Il fallait dire que l’Australienne avait plutôt hâte de découvrir ce tout nouvel univers, alors il était tout bonnement hors de question de perdre du temps inutilement à l’extérieur, surtout qu’il faisait encore bien froid ! Exit le maquillage et les bijoux donc, Amelia s’étant simplement équipée d’un sac où elle avait pu ranger sa tenue de sport (parce qu’il ne fallait pas déconner, elle n’allait quand même pas sortir en jogging de chez elle !).
L’hôtesse flâna un peu dans les rues malgré le froid, s’arrêtant à plusieurs reprises devant certaines devantures de magasins, et en particulier devant une pâtisserie dont la réputation ne semblait plus à faire de ce qu’elle avait pu entendre. Hésitant un peu, la demoiselle finit par entrer et prendre deux gâteaux. Carla avait accepté de lui présenter son club, il fallait bien qu’Amelia la remercie ! Et quoi de mieux qu’un délicieux gâteau ?
Amelia arriva donc presque un peu en retard au rendez-vous qu’elles s’étaient fixé toutes les deux, passant la porte du club de boxe avec un petit sourire, son regard azur en profitant pour détailler absolument toute la salle qui s’offrait devant elle. Ça sentait la transpiration, mais ça ne dérangeait pas du tout l’Australienne. Elle avait beau avoir des allures de princesse, il fallait souvent se méfier des apparences ! Quand elle le voulait, elle pouvait devenir la pire des furies, et ses ongles manucurés pouvaient vite se transformer en une arme des plus redoutables !
Laissant passer un peu de temps pour satisfaire sa curiosité, les yeux d’Amelia finirent par se poser sur une silhouette qu’elle connaissait bien. Bon, c’était quand même surtout cette crinière qui attirait l’œil, au moins autant que la sienne ! L’hôtesse se para donc de son plus beau sourire et s’approcha de Carla en lui faisant un signe de la main.
« Salut ! Désolée, j’suis un peu en retard… C’est toujours okay pour la séance d’essai ? J’suis super motivée en tout cas, j’ai passé une bonne partie de ma journée à jouer à des jeux de combat pour me préparer psychologiquement ! Faut juste que je me change par contre, ça m’embêterait de finir par craquer mon jean en faisant un faux mouvement. Ça va toi sinon depuis l’autre jour ? »
InvitéInvité
Lun 13 Jan - 12:14
It's the thrill of the fight !
Tes jours de congés passés loin de l’Académie et de son éventail d’étudiants, allant de l’élève timide et sympathique au petit con arrogant et pourri gâté en passant par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, étaient bien trop rares, mais appréciés à leur juste valeur. Si certains profitaient de leurs jours off pour dormir, se prélasser, ou pratiquer avec assiduité le netflix & chill, toi, c’était plutôt l’inverse. Quand tu n’étais pas aux cours d’auto-défense, tu étais à la boxe. Quand tu n’étais pas à la boxe, tu courais les combats de rues illégaux. Aujourd’hui, c’était boxe. Des trois, le meilleur défouloir, même si chacun t’apportait un petit quelque chose au fond.
Tu te rendis en milieu d’après-midi à la salle où tu pratiquais habituellement : ça te permettait généralement de commencer à t’échauffer en toute quiétude, avant le rush d’après-travail. Plus tard, la salle commençait à se remplir, et avec ça, les interactions sociales. Tu n’étais pas exactement une anti-sociale, mais tu n’étais pas non plus un animal grégaire. Non, tu te complaisais bien dans ta solitude, mais tu appréciais qu’elle soit perturbée de temps à autre. Par contre, les échanges mondains à la chaîne à coup de “et ton week-end s’est bien passé ?” “Quoi de neuf ce matin ?” “Purée j’ai dû gratter le parebrise ce matin c’était d’un chiant !”, ça, ouais, ça te fatiguait carrément. Tu ne voyais pas l’intérêt de gâcher autant de salive pour donner et demander des informations dont, au fond, tout le monde se contrefichait pas mal. La peur du vide et du silence était un mal si répandu de nos jours…
Tu étais donc tranquille en train de frapper au sac quand une voix familière attira ton attention.
- Carlita ! Tu es venue pour te prendre la bonne grosse raclée que je t’avais promise ?
Tu stabilisas le sac pour éviter de te le prendre en pleine poire et de donner raison à Johny, car c’était ainsi qu’il se faisait appeler, même si tu doutais franchement que ce soit son vrai nom, et tu te retournas vers lui, sourire aux lèvres.
- Fais gaffe à toi Johny. L’arrogance précède l’avarice, l’orgueil précède la chute.
Répliquas-tu, d’un faux air docte, comme si tu récitais un discours particulièrement important. Johny accueillit ta réflexion d’un petit rire.
- Tu nous sors ça d’un fortune cookie ? - Non, mais presque. 9gag. Cela dit c’est Confucius qui nous a pondu ça, tu ferais peut être mieux de l’écouter...
Il secoua la tête d’un air à moitié amusé, à moitié dépité. Pas sûr qu’il sache qui était Confucius. En même temps, avant de voir la citation sur 9gag et d’avoir fait quelques recherches wikipédia sur le domaine, tu ne savais pas trop non plus, donc bon… Qui étais-tu pour jeter la première pierre ? Personne. Tu te remis à ton entraînement, tout en gardant dans un coin de ta tête le fait qu’Amelia n’allait sans doute pas tarder à te rejoindre.
Amelia, tu l’avais rencontrée à vos cours de self-defence. C’était plutôt une chic fille, du moins elle en avait l’air. Curieuse aussi, ça, tu l’avais découvert un peu à tes dépends. En effet, lorsqu’elle t’avait demandé frontalement et un peu suspicieusement, il fallait bien l’avouer, comment tu t’étais fait tes superbes bleus géants un peu partout sur le corps, tu avais dû improviser un peu, et tu avais sorti l’excuse de la boxe. Tu n’étais pourtant pas prompte à mentir, ta franchise t’avait d’ailleurs causé de nombreux soucis par le passé, mais bon… Tu faisais des exceptions. Et si tu appréciais plutôt bien Amélia qui était une personne très agréable à fréquenter, tu ne la connaissais pas suffisamment pour culpabiliser lorsque tu lui servais un mensonge sur un plateau d’argent. Surtout un mensonge pour protéger des activités illégales qui pourraient t’attirer de nombreux ennuis, pour ne pas dire carrément des soucis judiciaires.
Tu ne t’étais bien sûr pas attendu à ce que cette information suscite un tel intérêt et un tel enthousiasme chez ta camarade, qui se mit en tête de tester à son tour. Un peu prise au dépourvu, tu te retrouvas à lui proposer de la parrainer pour qu’elle puisse tester la salle où tu t’entraînais, et potentiellement s’y inscrire par la suite si ça lui convenait. Ce ne fut qu’après coup que tu réalisais que ça mettait un peu ton mensonge à mal. Amelia allait en effet rapidement se rendre compte que la boxe ne faisait pas d’hématomes de la taille d’une main ouverte… Ni à toi, ni à personne. Mais bon, il serait toujours temps de trouver une bonne raison à tout celà plus tard !
Et justement, tu vis débarquer la boule d’énergie et de motivation assez impressionnante qu’était Amelia devant toi. Tu te sentis d’un coup submergée par son positivisme, qui te laissa un instant sans voix. Wow. Y avait pas à dire, la miss avait un sacré dynamisme. Toi et ton flegme tranchaient clairement en comparaison. Ca devait être très amusant à regarder d’un oeil extérieur.
- Waou. J’ai rarement vu quelqu’un d’aussi enthousiaste à l’idée de souffrir et suer toute l’eau de son corps !
Répondis-tu dans un sourire. Car toute illusion était inutile : les premiers entraînements de Boxe, on en sortait généralement misérables, sur les rotules. Et tu ne comptais pas la ménager, car ce n’était pas en épargnant les gens avec un trop-plein de sympathie qu’on les poussait à s’améliorer. Tu la détaillas de haut en bas lorsqu’elle t’indiqua qu’il fallait qu’elle se change.
- Effectivement tu risques de te sentir un peu bloquée dans ton jeans. Attends, j’te montre les vestiaires...
Qui étaient indiqués par de grands panneaux, mais bon… On ne parraine pas les gens en leur disant de lire des panneaux, et puis tu avais toujours deux trois astuces à partager pour les nouveaux arrivants.
- J’espère que buter du monstre t’as donné la niak alors ! Même si bon… tu verras qu’ici le principal monstre à affronter, c’est soi-même
Tout en discutant, tu descratchas tes gants pour les enlever, ramassas tes affaires, glissas ta serviette autour de ton cou déjà suintant de transpiration, et lui fis signe de te suivre en direction des vestiaires.
- Attention aux odeurs, ça peut surprendre la première fois… J’ai fait pas mal de salles de sport mais là j’avoue que l’odeur du cuir mêlé à la transpi, c’est le pompom. On atteint presque le niveau “vestiaire de hockey sur glace”
Tu préférais prévenir, certaines personnes étaient très sensibles aux odeurs, autant qu’elle le sache à l’avance si c’était le cas. Les vestiaires commençaient à se remplir doucement à cette heure-ci, même si côté femme, c’était encore assez calme. Par contre, tu entendais déjà piailler du côté des mecs. Ceux qui pensaient encore au le bavardage était un vice féminin n’avaient pas assez fréquenté les vestiaires de boxeurs, clairement.
- Doooonc ici tu as les casiers. A droite ce sont les casiers à pièce, pour les clients moins réguliers qui viennent occasionnellement. A gauche les casiers des habitués. Tous les abonnés en reçoivent un avec leur propre cadenas. Pour aujourd’hui tu peux utiliser un casier à pièces et si la salle te botte, on verra avec Johny, le gérant. Si t’as pas de monnaie je peux t’en prêter
T’avais toujours quelques pièces sur toi, en général pour la machine à café de l’Académie, mais tu savais que ce n’était pas le cas de tout le monde. A l’ère de la carte bleue, le liquide devenait de plus en plus rare.
- Là bas y a les douches et les cabines si ça t’embête de te changer devant les autres.
Tu fis un tour sur toi-même, vérifiant que tu n’avais rien oublié.
- Eh bien… pour commencer ça me parait pas mal. J’te laisse te changer du coup ? Ensuite on ira récupérer du matos et… ben on pourra s’y mettre !
Tu ponctuas l’information d’un sourire encourageant. T’avais pas tellement l’habitude de jouer les guides ici, t’essayais de trouver un équilibre entre l’assommer d’informations et oublier de lui donner des détails importants. Pas facile ! T’installant sur un des bancs dans les vestiaires, tu profitas du temps qu’Amelia prit pour se changer pour reserrer ta queue de cheval haute et t’éponger le visage avec la serviette. Tu devais être au moins aussi rouge de visage qu’Amélia de peau. Et ironiquement… Elle était pour le moment aussi claire de peau que ta propre chevelure. Vous faisiez bien la paire toutes les deux !
Amelia était finalement arrivée au club de boxe en débordant d’énergie et d’enthousiasme. Et les mots de Carla, quand elle vint l’accueillir, firent rire l’Australienne.
« Alors ouais, on dirait pas comme ça avec mes allures de princesse dans la vie de tous les jours, mais j’suis toujours plus que prête à transpirer et à donner quelques coups ! Faut dire que bon, les jeux vidéo, c’est bien pour se défouler, mais c’est encore mieux de faire un crochet du droit en vrai ! »
Amelia agrémenta ses dires d’un sourire plein de détermination, ainsi que d’un petit jeu de jambes et d’un mouvement du poing droit dans le vide. Elle en faisait sans doute un peu trop, mais elle était vraiment survoltée à l’idée de se lancer dans cette nouvelle activité, qu’elle savait très éprouvante. Avec tout ce qui se passait dans sa vie, elle avait bien besoin de ça ! Se battre contre elle-même, c’était un bon moyen pour essayer d’arrêter de penser à tout ce qu’il pouvait y avoir à côté !
L’hôtesse suivit donc sa camarade en direction des vestiaires, ne pouvant s’empêcher de la détailler un peu. Elle devait être là depuis un moment pour transpirer autant ! Et puis, à l’entendre, Amelia lâcha un nouveau rire franc.
« Merci d’avoir prévenu ! Tu sais, j’suis mécanicienne, alors j’suis habituée à avoir des odeurs pas forcément agréables dans le nez, mais j’dois avouer que j’ai encore jamais tester le niveau « vestiaire de joueurs de hockey sur glace », c’est l’occasion ! »
Amelia écouta ensuite attentivement toutes les informations que Carla lui donna, hochant vivement la tête avant de fouiller dans la poche arrière de son jean.
« Merci, mais j’dois avoir ce qu’il faut ! »
La jeune femme grogna un peu en gigotant, mais parvint à extirper la pièce salvatrice de sa poche, la glissant dans un casier pour voir si elle faisait l’affaire. Elle se tourna ensuite de nouveau vers sa camarade, lui lançant un petit clin d’œil.
« Merci beaucoup pour toutes les infos ! J’vais me changer là, j’suis pas du genre pudique. J’me dépêche ! »
Et aussitôt dit, aussitôt fait ! Amelia s’empressa de se déshabiller, ouvrant son sac de sport pour se changer. C’était une très belle femme qui n’avait absolument pas honte de son corps, alors même si certains regards se posaient sur elle, ça ne la dérangeait absolument pas !
Fin prête, l’Australienne rangea toute ses affaires dans son casier et en récupéra la clé qu’elle glissa dans sa chaussette pour éviter de la perdre. Elle rejoignit alors Carla, l’air toujours aussi déterminé.
« C’est bon ! Maintenant que j’me suis changée, j’suis prête à contribuer à cette odeur de phoque ! Nan, franchement, ça a l’air trop chouette. J’vais sans doute regretter une fois que je serai avec des gants sur les mains et que je vais transpirer ma vie, mais j’suis sûre que ça va me faire le plus grand bien ! Tu sais, comme un genre de détox ! »
Amelia appréciait de discuter avec Carla, même si, pour l’heure, elles n’avaient principalement échangé que des banalités, rien de vraiment personnel. Peut-être que cette séance changerait tout, ou peut-être que non, mais l’Australienne sentait qu’elle ne regretterait pas ce moment passé ici avec elle, même si elle mettait une semaine à se remettre de ses courbatures.
« C’est lequel ce fameux « Johny » ? J’l’imagine un peu comme dans les films de boxe, tu sais, le manager super bourru et baraqué qui hurle pour que son poulain se donne encore plus à fond ! D’ailleurs, je compte sur toi pour surtout pas m’épargner hein, j’suis venue pour transpirer et ne plus penser à rien d’autre qu’à la bonne souffrance que je vais ressentir en me dépensant ! »
InvitéInvité
Mar 21 Jan - 14:56
It's the thrill of the fight !
Y avait pas à dire, question détermination et motivation, tu avais rarement vu quelqu’un comme Amelia. Tu l’observas avec amusement mimer un mouvement de combat -qui ressemblait drôlement à ceux que pouvaient faire les personnages de jeux de combat d’ailleurs- croisant les bras sur ta poitrine.
- T’inquiète ma grande, Raiponce a bien redoré le blason des princesses question baston !
Répondis-tu dans un sourire gaillard. Et si elle n’avait pas vu le dessin animé, ta référence tombait à l’eau…. Tant pis, tu avais l’habitude des private jokes de toute façon. Et puis, entre nous soit dit, Amelia avait quand même bien plus des airs d’Ariel que de Raiponce. Heureusement pour elle et pour toi aussi d’ailleurs, les clichés concernant les femmes commençaient doucement à s’estomper, et on s’étonnait nettement moins de vous voir arpenter les salles de boxe et autres sports à l’image plutôt masculine. La rouquine avait l’air d’être taillée dans le même bois que toi : un peu garçon manqué sur les bords, amatrice d’action, pas totalement dans le “moule” de la fille “parfaite”, bien que dans son cas, Amelia donnait bien mieux le change que toi.
Sans perdre de temps, tu l’invitas à te suivre pour faire le tour du propriétaire. Tu n’étais d’ordinaire pas la personne la plus bavarde qui soit, mais quand on te branchait sur les sujets que tu aimais, tu pouvais devenir intarissable. Ton débit de parole s’accéléra donc alors que tu lui donnais le plus d’informations possibles, tout ce qui te venait en tête en vérité. Même un “attention aux odeurs”, qui fut accueilli par Amelia avec une acceptation totale. Ah, c’est vrai, elle t’avait effectivement dit qu’elle était mécanicienne.
- Ah ben tu pourras nous faire un comparatif alors : qui des machines ou des humains schlingue le plus ?
Perso, tu parierais sur les humains, mais c’était probablement très personnel. Une fois le B-A-ba expliqué, tu l’invitas à se changer pour passer aux choses sérieuses. Vous aviez de toute évidence encore un point commun toutes les deux : pas pudiques pour deux sous. La jolie rousse se mit à se changer à la vue et au su de toutes, sans la moindre gêne. Il fallait dire que de la gêne, il n’y avait pas à en avoir dans son cas. Clairement ce n’était pas pour acquérir un physique parfait qu’elle faisait du sport, elle l’avait déjà. Elle en ferait pâlir plus d’une, pour sûr. Heureusement que tu n’étais pas envieuse de nature, car t’en aurais des choses à lui jalouser. Trop fine, pas assez de formes, voilà ce qu’on t’avait déjà reproché par le passé. Mais non, la jalousie ne t’était vraiment pas familière, tu te contentais d’admirer la vue quand elle était jolie sans trop te tourmenter.
Et lorsqu’elle se tourna vers toi, tu remarquas que tu étais encore en train de la reluquer. Oups. Ca pouvait faire mauvais genre quand même. Tant pis, de toute façon, il n’y avait pas grand mal à juste regarder, ça n’engageait pas à grand chose. Tu te redressas à ton tour, saluant son enthousiasme d’un sourire amusé.
- Si tu regrettes pas en plein entraînement, c’est que j’ai été trop douce avec toi, clairement… Mais tu toucheras pas de gants aujourd’hui. Le premier entraînement, c’est toujours sans. On va t’faire travailler tout le reste.
Tu lui fis un signe de main pour lui signaler de te suivre alors que tu te remis en route direction la salle où Johny entreposait tout le matériel du club qu’il mettait à disposition des membres. Tu jaugeas un peu la pièce, réflechissant à ce dont tu avais besoin, mais le commentaire d’Amelia t’interrompit dans tes pensées, et tu ne pus retenir un petit rire.
- Alors… Tu risques d’être un peu déçue en voyant Johny. Déjà, il n’a pas une tête de Johny. Normal tu m’diras, pour un nom d’emprunt. Et il est plutôt du genre gros nounours que tyran. Par contre il est effectivement baraqué… En même temps vu le temps qu’il passe ici, s’il ne l’était pas je crois que je me poserais des questions sur ses occupations !
Et à sa demande de ne pas t’épargner, tu pivotas pour lui faire face, arborant ton plus magnifique air de dictatrice -qui marcherait quand même mieux si tu n’avais pas une bouille de gamine à qui on a envie de pincer les joues affectueusement.
- Fallait pas me le dire deux fois ! Je vais devenir ton pire cauchemar ma cocotte. La nuit tu vas rêver de moi, mais pas en positif !
Proféras-tu comme menace, poings sur les hanches. Bon, dans le rôle de la grosse méchante, tu ne devais guère être plus crédible que Jessie de la Team Rocket, mais enfin… Être dure et exigeante en sport, ça tu savais l’être. Tu étais intransigeante avec toi-même, il suffisait d’appliquer le même régime aux autres et l’affaire était dans le sac.
Tu finis par attraper des mitaines de boxe, des pattes d’ours, et deux cordes à sauter, ça ferait largement l’affaire pour débuter l’entraînement. Tu tendis une corde à Amelia.
- J’espère que tu adorais la corde à sauter quand t’étais môme car elle va devenir ta meilleure amie ici…
Dans un clin d’oeil, tu la guidas jusqu’à la salle d’entraînement. Se faisant, vous passâtes devant le fameux Johny, et tu fis une mini pause, te tournant pour continuer à marcher à reculon tout en présentant le géant japonais de quasiment 2 mètres des mains.
- Amelia, je te présente Johny-boy, le grand, le fameux. Johny, c’est la nouvelle recrue dont je te parlais l’autre jour.
Johny leva le nez de la paperasse dans laquelle il s’était plongé pour offrir un bienvenue dynamique et un grand sourire à Amelia. Sentant qu’on pourrait passer un sacré bout de temps s’il se branchait sur le canal “discussion”, tu fis signe à la miss de te suivre et fit un autre signe de la main au manager pour lui dire que vous repasseriez sans doute plus tard. Tu cherchas alors un coin tranquille pour que vous puissiez commencer l’entraînement sans interruption Amelia et toi.
- Ok d’abord on va régler la corde pour qu’elle soit à ta hauteur. Fais comme moi.
Les cordes étaient généralement réglées pour les grandes perches de la salle, tu avais l’habitude de devoir les adapter un peu. Tu coincas le milieu de la corde sous ton pied et tiras les manches vers le haut.
- Les poignées doivent arriver à tes aisselles pour une longueur optimale.
Expliquas-tu, commença à faire des noeuds à l’endroit où tu voulais marquer la corde. Du coin de l’oeil tu vérifias qu’Amelia s’en sortait, lui laissant le temps de faire de même.
- Contrairement à ce que pas mal de gens pensent, la corde à sauter est l’élément principal d’entraînement pour un boxeur, pas les gants ou le sac. Elle te permet de travailler ton rythme, ton jeu de jambe, ta synchronisation entre jambes et bras, et ton endurance. Bref, si t’es mauvaise à la corde, tu seras mauvaise en boxe. On commence donc systématiquement les entraînements par là. Ca permet de s’échauffer aussi. Et puis comme ça en quelques minutes à peine tu te mets déjà à la couleur locale : le rouge vif bien flatteur pour le teint !
Tu ponctuais toujours tes explications techniques de petites notes d’humour, histoire de garder une bonne ambiance. Attrapant la corde là où tu avais fait tes noeuds, tu te mis face à elle. Tu attrapas le chrono accroché à ton bras, le préparas, avant de lever tes yeux vers Amélia.
- Assez bavasser, et c’est parti pour 1 minute 30 de corde. On fait juste des petits sauts rapides pour démarrer. Prête ? 3, 2, 1, c’est parti !
Et hop, tu te mis à bondir avec ta corde, montrant l’exemple. Tu ne voyais pas l’intérêt des coachs qui dictent et ne font pas. Pour toi, il était essentiel d’être exemplaire.
Amelia ne put s’empêcher de rire quand Carla lui parla de Raiponse, acquiesçant avec un sourire avant qu’elles ne se dirigent toutes les deux vers les vestiaires. Niveau odeur, c’était certain que ces vestiaires n’avaient rien à envier à son garage et toutes ses odeurs d’huiles !
« Oh bah j’peux t’assurer direct que les humains gagnent haut la main ! Ces vestiaires emplissent mon nez de douces odeurs… Et bon, même en dehors des vestiaires, on arrive quand même à avoir des odeurs sacrément désagréables alors que les moteurs bah… Ils sentent tous un peu pareil au final ! »
Okay, cette discussion était quand même un peu bizarre quand on y pensait ! Mais ça faisait beaucoup sourire Amelia qui s’empressa ensuite d’aller se changer, histoire de ne pas trop perdre de temps en parlotte. Elle était venue là pour s’entraîner et transpirer après tout !
Pas pudique pour un sou, Amelia se changea sans prendre la peine d’aller dans une cabine pour s’éloigner des regards indiscrets. Une fois prête et retournée vers Carla, l’Australienne remarqua que son regard s’était posé sur elle. Mais qu’importe, ça la fit même peut-être un peu sourire malicieusement. Il fallait dire que l’hôtesse adorait qu’on la regarde et qu’on la dévore des yeux, peu importe s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme. Elle-même ne se privait pas pour regarder les jolies choses qui se présentaient devant ses yeux. Et même si Carla n’avait pas un physique de mannequin, Amelia la trouvait très attirante. Elle dégageait quelque chose qui lui plaisait beaucoup, une sorte de hargne que l’hôtesse cachait au fond d’elle-même et qu’elle ne laissait que rarement exploser.
« Ah… Je vais même pas pouvoir en caresser ? Juste pour voir quelle texture ils ont ! Et j’aimerais bien en essayer aussi… Juste pour savoir ce que ça fait d’en porter ! S’il-te-plaît Carlaaaa ! Je t’autorise à ne surtout pas me ménager et à me faire vivre un enfer même si je te supplie d’arrêter parce que j’en peux plus, mais laisse-moi en essayer, s’il-te-plaît… »
Et hop, la petite moue trop adorable qui va bien pour appuyer ses suppliques ! Avec ça, impossible que Carla ne cède pas !
Après un petit rire en réponse aux commentaires sur ce fameux Johny, Amelia se mit à rire vraiment franchement quand Carla lui assura qu’elle n’allait pas se faire prier pour devenir son pire cauchemar.
« Waw, tu me ferais presque peur, mais j’suis du genre à pas avoir froid aux yeux, même si ça veut dire que je vais devoir rêver de toi en train de me fouetter ou d’essayer de m’étrangler avec une corde à sauter ! C’est mon copain qui va finir par être jaloux que je pense autant à quelqu’un d’autre que lui ! »
Amelia calma son rire et attrapa la corde à sauter que Carla lui tendit. Elle n’était pas vraiment sûre que Kenji soit du genre jaloux, surtout pour ce genre de choses, mais ça l’amusait vraiment d’imaginer la situation !
« Alors, en vrai, j’t’avoue que j’ai pas fait masse de corde à sauter ou même de sport quand j’étais gamine. Tu vois, j’étais le genre petite poupée qui ne devait surtout pas s’abîmer et qu’on aimait exposer lors de grands dîners. Mais j’apprends vite ! Ça doit pas être si compliqué que ça ! »
Amelia souriait en coin, mais sa vie en Australie était tout sauf ponctuée de bons souvenirs. Cette poupée qu’elle devait être pour faire plaisir à ses parents, ses envies qu’elle devait refouler pour se conformer au moule parfait de fille modèle qu’on lui avait imposé… Elle avait tiré un trait dessus en quittant sa famille dès sa majorité, coupant immédiatement les ponts avec eux. En y repensant… ça faisait combien d’années déjà qu’elle n’avait plus du tout de nouvelles de ses parents ? En tout cas, la rancœur était toujours bien présente dans le cœur de l’hôtesse et il était hors de question qu’elle fasse le premier pas vers eux. Et comme le trait de caractère « tête de con » semblait héréditaire, il y avait fort à parier que ses parents n’en feraient rien non plus…
Mais là n’était pas la question. Amelia suivit de nouveau Carla, offrant un grand sourire et un signe de la main au fameux Johny, qui avait effectivement l’air d’un gros nounours, avant de se retrouver dans un coin un peu isolé où elles pourraient s’entraîner sans être dérangées. L’Australienne suivit attentivement toutes les indications que sa partenaire d’entraînement lui donna, un peu étonnée d’entendre que la corde à sauter avait une si grande importance.
« Et bah tu vois, j’me coucherai moins con ce soir… Je savais que les boxeurs faisaient parfois des sessions de corde à sauter, mais j’pensais pas que c’était SI important que ça ! A chaque fois, dans les films, les séries ou les jeux, les boxeurs sont toujours en train de s’entraîner avec des gants sur les mains à donner des coups mais… Ouais, ça semble logique, le jeu de jambes doit aussi permettre de donner plus de puissance à tes coups non ? »
Amelia n’aurait plus qu’à s’acheter une corde à sauter pour s’entraîner chez elle une fois qu’elle serait partie d’ici ! C’étaient ses voisins du dessous qui allaient être ravis !
« Oh et pour la couleur locale… Tu vois, j’m’y accorde déjà plutôt bien avec mes cheveux ! Mais ouais, il va pas me falloir longtemps pour ressembler à une belle tomate bien mûre… »
Il fallait dire qu’Amelia avait toujours eu tendance à rougir très facilement, parce qu’elle était beaucoup trop timide quand elle était jeune, puis ensuite parce que son corps était bizarre et que dès qu’elle faisait trop d’efforts, c’était comme si tout son sang se concentrait au niveau de son visage.
Et avant qu’Amelia ait eu le temps de bien se préparer, s’amusant avec la corde pour mieux appréhender son mouvement et ne pas risquer de se ramasser dès sa première tentative de saut, Carla lança un chrono et se mit à sauter.
« E-Eh ! Attends ! J’étais pas prête ! »
Amelia s’emmêla un peu les pinceaux, voulant se dépêcher de rejoindre Carla dans l’effort, histoire qu’elle ne pense pas qu’elle avait fait exprès de faire un faux départ pour échapper à quelques sauts. L’Australienne prit donc rapidement le pli, ne sautant pas forcément très rapidement au début, le temps d’apprivoiser cet instrument de torture. Les sourcils froncés, Amelia sauta avec le plus grand des sérieux par-dessus la corde, pendant toute la durée du chrono de Carla, avant de finalement soupirer profondément en se penchant un peu en arrière, une main sur les hanches et l’autre venant essuyer sur front.
« Okay, c’est carrément plus physique qu’on l’imagine de sauter à la corde ! T’en faisais souvent quand t’étais gosse ou t’étais plutôt comme moi, à débarquer ici sans jamais en avoir tenue une entre les mains ? En tout cas… J’pense pas me tromper en disant que j’me suis plutôt bien intégrée. »
Un grand sourire étira les lèvres de l’Australienne qui pointa ses joues de son index. Elle ne se voyait pas, mais vu comme elle avait chaud, il y avait fort à parier que ses joues avaient viré au cramoisi !
« Et donc, tu vas me faire sauter à la corde pendant toute la séance ? C’est quoi les autres trucs que t’as emmenés ? »
InvitéInvité
Dim 2 Fév - 18:41
It's the thrill of the fight !
Amelia se tourna pile au moment où tu étais en train de la reluquer… Oups. Heureusement, elle ne sembla pas s’en formaliser plus que ça ! C’était tant mieux, car il n’y avait sincèrement pas de quoi : tu n’avais aucune intention mal placée derrière la tête, tu profitais juste de ce que la vie posait sur ton chemin : un beau paysage, une belle femme, même combat. Pourquoi priver ses yeux de ce qui leur faisait du bien ? Malheureusement, tout le monde n’était pas du même avis, et les débats réguliers sur le sujet ne faisaient qu’envenimer les choses. Tu étais donc plutôt chanceuse de tomber sur quelqu’un de plutôt pas prise de tête. Car même si tu cotoyais Amélia depuis quelques temps maintenant, tu n’avais pas encore eu l’occasion d’apprendre à la connaître plus en détails, tu naviguais donc un peu à vue avec elle. Et pour le moment, ça fonctionnait plutôt bien !
Lorsqu’elle fut fin prête, tu lui fis un petit teasing de ce qui l’attendait, à savoir beaucoup de souffrance, d’efforts et de transpiration, mais pas de gants de boxe. Et si les trois premiers ne semblaient pas lui faire peur, le dernier élément lui sembla réveiller une grande déception chez la rouquine. Tu souris en la voyant te supplier de pouvoir en essayer. Tu reconnaissais parfaitement cette technique dite “du regard de chien battu” pour l’avoir vue à l’oeuvre des milliers de fois chez Billy. Et le pire, c’était que ça marchait beaucoup trop la plupart du temps. Sauf que ça faisait 6 mois que Billy était dans le coma, et 6 mois que t’avais durci ton coeur, alors nécessairement, tu résistais un peu mieux.
- Je te laisserai en essayer si tu bosses bien pendant la séance alors
Finis-tu par dire, un sourire au coin des lèvres. C’était une bonne concession ça, non ? Tu ne voulais pas lui rendre la tâche trop facile, tu savais que l’état d’esprit pour devenir une guerrière nécessitait d’être tenace et patiente. Et puis… si Amélia voulait que tu sois son pire cauchemar, alors tu allais exaucer son souhait ! Tu étais comme ça toi : très serviable… surtout quand ça t’amusait en fait. Et pour le moment, c’était carrément le cas ! Et le commentaire sur son copain te tira un petit rire.
- Tu pourras lui dire que je donne des cours de traumatisation s’il veut repasser en tête
Proposas-tu dans un sourire. En temps normal, pas sûr que tes amis te qualifient de “traumatisante”, mais en même temps, aucun d’entre eux n’avait eu la malchance de t’avoir comme coach… Ca pourrait clairement les faire changer d’avis, les pauvres. Pour sûr, ça trancherait avec l’image plutôt maternelle qu’ils devaient avoir de toi, la bonne samaritaine qui allait jusqu’à prendre soin des grands bourrés qui n’étaient même plus en état de quitter ton bar. Enfin ça, c’était avant, quand tu étais barmaid. Depuis que tu étais concierge à l’Académie, c’était un peu différent.
Amélia récupéra la corde que tu lui tendais tout en t’informant qu’elle n’avait pas vraiment eu l’occasion de la pratiquer dans sa jeunesse. Tu haussas les sourcils, surprise d’apprendre que la rouquine était une véritable petite poupée plus jeune. Certes, elle était très jolie, mais tu t’étais fait une image totalement différente d’elle du peu que tu avais pu la cotoyer. Tu hochas la tête, esquissant un sourire.
- Eh beh… comme quoi, on peut changer du tout au tout.
Commentas-tu, espérant juste qu’elle ne prendrait pas “mal” ton commentaire. Tu n’avais pas pour habitude de pratiquer la langue de bois, et tu n’imaginais tellement pas Amélia comme quelqu’un de précieux, juste bonne à figurer dans de jolis vêtements. Après… tu pouvais te tromper. Tu n’avais clairement pas la prétention de bien la connaître.
- Et non t’inquiètes pas, ça n’a rien de compliqué. Si tu sais sauter, tu sais sauter à la corde.
Ajoutas-tu dans un sourire encourageant. Bon, sans doute avec quelques loupés et quelques chutes au passage mais… Il fallait tomber pour mieux se relever, c’était bien connu. En attendant, cette petite confession semblait avoir replongée la jolie rousse dans de vieux souvenirs, car tu notas comme une absence dans son regard. Ne voulant pas l’interrompre, tu lui laissas quelques secondes pour revenir avec toi. Tu continuas ensuite à lui expliquer les règles du club et votre petit programme, jouant ton rôle de guide et de coach jusqu’au bout. C’était bien la première fois que tu coachais quelqu’un, mais pour le moment, ça te plaisait plutôt bien.
L’honnêteté d’Amélia était très rafraîchissante, et notamment sa façon de balancer tous les clichés qu’elle avait dans la tête sans même chercher à s’en cacher. Ca t’amusait beaucoup, d’autant que ton opinion n’était pas si différente de la sienne il y a quelques mois à peine.
- Je suis sûre que t’apprendras encore pleins de trucs fous ici… Moi je suis un peu la noob du coin, mais quand t’entends Johny ou les autres habitués parler de boxe, crois moi c’est riche en surprise !
Lui confias-tu, tout en préparant un peu le matériel. Tu hochas la tête à sa conclusion concernant le jeu de jambe.
- Tu as beau savoir taper, avoir la force et la précision, si tu n’es pas agile sur tes jambes, tu n’arriveras ni à esquiver, ni à donner suffisamment d’élan à tes coups. On s’imagine que la boxe est un sport de bras, mais c’est avant tout un sport de jambe. On apprend d’abord à se tenir et se déplacer, et seulement ensuite à frapper.
Tu avais l’air très érudite sur le sujet, mais ce n’était que parce que tu avais toi aussi eu droit à cette leçon à ton arrivée, pas de quoi faire la maligne. Tu étais passée par là toi aussi, et d’ailleurs tu te souvenais très bien avoir souffert comme jamais après ta première séance. La corde à sauter t’avait achevée, mais le soir tu t’étais couchée avec une fatigue saine, comme si ton corps tout entier avait été vidé. Et ton but était d’amener Amélia à ce même état salvateur.
Tu retins ton rire en l’entendant rouspéter que tu l’avais prise au dépourvue, restant concentrée sur ton exercice. Rapidement, Amélia se joignit à toi dans l’effort. Et au bout de la minute 30, tu t’arrêtas, faisant un signe de la main à la rouquine qu’elle pouvait aussi stopper. Reprenant un peu ton souffle, tu attrapas la serviette autour de ton cou pour venir t’éponger un peu le front. Tu accueillis la petite boutade de la rousse d’un petit rire.
- Oh que oui, félicitations, tu fais partie des peaux rouges maintenant
Confirmas-tu, reserrant ta queue de cheval au passage. Tu plissas les yeux, fouillant dans ta mémoire à la recherche de souvenirs avec une corde à sauter… Mais non, nada. De ce côté là, Amélia et toi aviez commencé au même niveau.
- Pas tellement… mon truc c’était plutôt le foot quand j’étais gamine. Du coup j’étais aussi débutante que toi en corde à sauter quand j’ai débarqué ici !
Il fallait dire qu’à force de traîner avec Billy tout le temps, tu t’étais surtout adonnée à des loisirs de mec. Ca n’avait d’ailleurs pas tellement changé avec le temps. Mais bon, l’avantage du foot, c’était que ça donnait quand même une bonne endurance, et donc une bonne base pour les autres sports. Tu en avais d’ailleurs tenté pas mal de ton enfance à ton adolescence, même si tu n’avais jamais vraiment eu de coup de coeur avant la boxe, tout récemment.
Ton regard glissa vers les autres accessoires que tu avais emmenés pour l’entraînement d’Amélia alors qu’elle laissait parler sa curiosité. Elle avait l’air excitée comme une puce, comme une gamine la veille de Noël, ce qui était plutôt cocasse quand on savait que ce qui l’attendait était TOUT sauf un cadeau de Noël. Mais tu ne comptais pas la laisser mariner pour autant !
- Les pattes d’ours…
Commenças-tu, désignant du doigt les deux gros blocs de mousses recouverts de cuirs
- C’est pour t’entraîner à essayer de toucher une cible mouvante. C’est mieux qu’un sac. Le sac, c’est pour travailler la puissance et l’impact, mais avant de travailler ça, il faut déjà bosser sur la rapidité et ta capacité à suivre un adversaire. Mais comme pour cet exercice il ne faut pas frapper fort, pas besoin de gants. Juste les mitaines que tu vois là pour éviter que tu ne te fasses mal en faisant un faux mouvements.
Tu espérais ne pas trop l’assommer avec tes explications mais… Plus elle posait des questions, plus tu avais envie de parler de la boxe. C’était une passion très récente pour toi, mais qui s’était emparée de toi à une vitesse impressionnante, et depuis, tu étais une vraie mordue. Et si tu pouvais filer le virus à d’autres personnes, c’était avec grand plaisir.
- Donc on va alterner : corde, frappe, corde, frappe… Jusqu’à ce que tu tombes d’épuisement !
Tu ponctuas ta phrase d’un large sourire que tu espérais suffisamment sadique pour coller au rôle.
- N’hésite pas à me dire si à un moment ça devient trop intense. Le propre d’un entraînement, c’est d’être adapté à chacun. La clef, c’est de viser la durée.
Non parce que c’était bien beau de plaisanter sur le fait de sucer toute son énergie jusqu’à la moelle, mais en vérité, ce n’était absolument pas une bonne stratégie, et tu étais très bien placée pour le savoir. Tu avais foncé tête baissée dans tous les pièges, tu savais donc maintenant lesquels il fallait éviter. Tu attrapas deux bouteilles d’eau que tu avais embarquées avec toi, lui en tendant une, gardant l’autre pour toi. Alors que tu te réhydratais, tu jetas un coup d’oeil dans sa direction.
- Et pourquoi la boxe ? Si c’est pas trop indiscret, bien sûr…
Drôle d’idée de poser cette question sachant que tu n’étais pas prompte à y répondre toi-même. Ou en tout cas… pas totalement. Mais c’était plus fort que toi : tu te demandais souvent ce qui avait poussé tous les membres du club à passer la porte de la salle, et surtout à y rester. Ca en disait souvent assez long sur leur histoire, leur personnalité, leurs rêves et leurs peurs.
Amelia plissa les yeux, semblant un peu déçue de voir que sa technique du regard de chien battu n’avait pas fonctionné aussi bien qu’elle l’avait espéré avec Carla. Bon… Elle ne pouvait pas râler, c’était elle qui avait insisté pour venir s’entraîner ici avec elle, mais quand même… C’était tellement rare de voir des gens lui résister que ça piquait peut-être un chouïa l’égo de l’Australienne. Elle se contenta d’afficher une petite moue grognon en haussant les épaules.
« T’es dure en affaires, mais je compte vraiment me donner à fond, tu verras ! Et t’auras intérêt à honorer ta promesse après, hein ! »
Parce que sinon, Amelia se promettait de lui faire passer un sale quart d’heure ! De quelle façon, elle ne le savait pas encore, mais elle pouvait vraiment être une sale gosse insupportable quand elle le voulait !
En récupérant la corde que Carla lui tendait, Amelia sentit de nouveau ses yeux se plisser à la remarque de sa coach du jour. Peut-être qu’une personne lambda aurait pu se vexer, mais l’Australienne décida de bien prendre ces mots, affichant un petit sourire presque taquin en coin.
« Attends… T’es en train de me dire que j’ai plus du tout l’air d’une petite poupée super adorable et qui se contente d’être belle et de se taire ? Tu me fends le cœur Carlita ! »
Et Amelia s’empressa de lâcher un petit rire. Ça, c’était certain, elle avait radicalement changé en prenant son indépendance et en décidant de couper les ponts avec ses parents ! Adieu la petite poupée qu’on sortait pour se pavaner et bonjour la furie qui ne se gênait pas pour dire aux gens ce qu’elle pensait ! Se salir les mains n’était plus quelque chose qu’Amelia redoutait, la preuve étant qu’elle était quand même devenue mécanicienne !
Un nouveau pouffement passa les lèvres d’Amelia à la remarque de Carla, alors qu’un éclair de malice venait faire pétiller son regard azur.
« Ça pour savoir sauter… »
Okay, c’était un vieux sous-entendu pas forcément de circonstance, mais Amelia n’avait pas pu s’en empêcher. Et son sourire disparut bien vite en voyant que Carla avait lancé le chrono sans qu’elle ne soit vraiment prête. Grognant un peu, l’Australienne rejoint bien vite sa coach dans son exercice de saut à la corde, ne s’arrêtant que lorsque Carla se stoppa la première. Elle avait démarré un peu en retard et même si cet exercice s’était révélé bien plus physique que ce qu’elle avait imaginé, la petite fierté d’Amelia l’avait empêchée d’abandonner en premier. Elle avait été jusqu’au bout, même si elle était maintenant bien épuisée et que ses joues avaient viré au cramoisi.
Après un petit rire, l’Australienne finit d’essuyer son front, attrapant finalement le bas de son débardeur pour chasser plus efficacement la sueur qu’avec le dos de sa main.
« Je vois, t’étais plutôt genre garçon manqué ? En tout cas, très bon choix le foot ! Perso, si on m’avait laissé choisir, j’aurais très certainement opté pour le rugby plutôt que pour la danse mais bon… Je sais faire de belles arabesques maintenant ! Peut-être que ça pourra me servir en boxe, pour le jeu de jambes, tout ça… »
Amelia lâcha un nouveau petit rire en imaginant la scène : elle, sur un ring, avec des gants de boxes, en train de faire des pas de danse classique pour déstabiliser son adversaire et mieux le mettre au tapis. Mais avant d’imaginer pouvoir monter sur un ring, il fallait que l’Australienne poursuive son entraînement, le programme presque sadique de Carla faisant naître un sourire plein de défi sur le visage de l’hôtesse.
« C’est mignon ça « pattes d’ours » ! Donc il suffit que je tape dedans comme si j’essayais de te toucher, c’est ça ? »
Amelia enfila les mitaines et remercia Carla pour la bouteille d’eau qu’elle venait de lui donner, en buvant presque la moitié pour se remettre de ses émotions.
« En tout cas, t’es plutôt tyrannique comme coach, je m’en serais jamais douté ! Mais comme je te l’ai dit, j’suis motivée et je sais que je suis venue là pour en chier, alors ça me convient ! Au pire, si j’suis vraiment K.O. à cause de toi… T’auras plus qu’à me ramener chez moi ! »
Alors oui, le principal était de ne pas s’épuiser trop vite, mais avec une tête de mule comme Amelia qui n’était pas du genre à abandonner… ça risquait bien de finir en « aaaah j’en peux plus, laisse-moi agoniser par terre jusqu’à demain que je m’en remette » !
Haussant une épaule, fin prête à passer au deuxième exercice du jour, Amelia afficha un petit sourire en se plantant devant Carla, lui envoyant un petit coup dans sa patte d’ours.
« C’est plutôt une bonne question ça ! Disons que mon boulot d’hôtesse m’a poussé à suivre des cours d’auto-défense. Tu sais, pour les clients relous et un peu trop insistants, ceux un peu creepy qui te suivent quand tu rentres chez toi… ça m’a déjà été pas mal utile, et je fais aussi du krav-maga. Mais la boxe, ça m’a tenté aussi, je me disais que c’était une bonne façon de faire mordre la poussière à ceux qui s’approcheraient un peu trop de moi. Et je dois avouer que c’est plutôt jouissif de voir la tronche de mecs qui essaient de m’emmerder en croyant que je suis une pauvre petite femme fragile au moment où je leur envoie mon poing dans la gueule ! »
Bon, Amelia ne pouvait décemment pas dire toute la vérité. Ça la foutrait un peu mal de balancer un « bah en fait, y’a des yakuzas qui essaient de buter mon mec, et peut-être moi avec alors je tiens à savoir me défendre » ! Peut-être qu’elles pourraient en parler plus tard… Mais pour le moment, l’Australienne gigotait un peu, essayant un petit jeu de jambes pour frapper aussi rapidement et précisément que possible les pattes d’ours de Carla. Et elle ne comptait pas s’arrêter avant que sa coach ne le lui dise !
Le temps défila à toute vitesse sans qu'Amélia ne s'en rende compte, même si la fatigue était bien présente. Carla avait atteint son objectif : l'Australienne n'en pouvait plus ! Les joues écarlates, son corps tout entier transpirant à grosses gouttes, l'hôtesse finit par se laisser tomber lourdement sur un banc pour se désaltérer un peu. Il lui fallut quelques minutes afin de s'en remettre et trouver l'énergie de filer sous la douche pour se décrasser un peu et se changer. Amelia rejoignit ensuite Carla avec un grand sourire, malgré le fait que tout son corps était affreusement lourd.
« Merci beaucoup pour cette découverte et cet entraînement spartiate Carla, j'ai adoré ! Même si je vais certainement te maudire dans les jours à venir à cause de toutes les courbatures que je vais avoir... On se refait ça un de ces jours en tout cas, c'est obligé ! »
Amelia n'hésita pas une seconde et vint faire un gros câlin à Carla pour la remercier, en profitant un peu pour s'appuyer sur elle de tout son poids afin de se venger de la « tyrannie » dont elle avait fait preuve lors de cette séance d'entraînement. Quand elle se décolla enfin de sa coach du jour, l'Australienne lui offrit un grand sourire et un signe de la main, avant de tourner les talons pour rentrer chez elle, non sans traîner difficilement les pieds à cause de la fatigue.
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