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Sous les feux des projecteurs |PV Vincenzo|

Kyojiro Sakurai
Kyojiro SakuraiUniversité • 4ème année
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Âge : 23
Cursus : Droit, spécialité droit pénal et sciences criminelles

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Sous les feux des projecteurs |PV Vincenzo| EmptyJeu 13 Juin - 12:09
Un an. Cela faisait déjà un an qu’Okita Nishimura avait été victime de cette prise d’otages soudaine. Un an qu’il avait quitté la scène du kendo, d’abord pour se remettre de ses blessures, puis ensuite sans vraiment donner de raisons. Est-ce qu’il avait tout simplement perdu l’envie de se battre ? Kyojiro n’en savait rien, il avait subitement perdu tout contact avec lui et il en avait profondément souffert. Perdre son modèle dans des conditions aussi difficiles, ça avait vraiment été un coup dur pour le kendoka. Jusque-là, il avait toujours marché dans les pas du numéro un national, se donnant pour objectif de le surpasser un jour, mais depuis cet accident, c’était comme si on avait retiré à Kyojiro l’un de ses objectifs à atteindre. Il n’avait pas arrêté le kendo pour autant, mais tout le monde avait pu sentir que sa motivation avait baissé. Il lui avait fallu quelques mois pour réussir à remonter la pente, se disant qu’Okita avait sûrement été contraint d’arrêter, qu’il ne l’avait pas fait de gaieté de cœur. Et Kyojiro s’était aussi dit que, s’il arrivait à monter dans le classement national, peut-être Okita referait surface pour le féliciter et lui ébouriffer les cheveux comme il l’avait si souvent fait par le passé.

Kyojiro s’était donc imposé un nouvel objectif : celui d’atteindre la place qu’Okita avait laissée derrière lui pour le forcer à revenir dans sa vie. Ça ne pourrait que fonctionner non ? Il s’était donc entraîné d’arrache-pied en vue de cette compétition qui aurait lieu à Nara en ce beau et chaud mois de juin 2019. Le complexe sportif du quartier historique avait été privatisé à l’occasion de ce tournoi qui verrait s’affronter les 20 premiers nationaux sur 2 jours. Le kendoka avait réussi à y participer de justesse puisqu’il était actuellement le 20e meilleur sportif du pays. Cette compétition… C’était l’occasion ou jamais d’atteindre son objectif !

Les jours passèrent donc jusqu’à la date fatidique du premier jour du tournoi. Kyojiro était vraiment fébrile alors qu’il se rendait jusqu’au complexe sportif avec son sac de sport sur le dos. Ses doigts étaient crispés sur la lanière de celui-ci, sa respiration était légèrement saccadée et il sentait qu’il avait du mal à déglutir. Le kendoka avait son cœur qui battait à tout rompre dans sa poitrine, partagé entre l’excitation de pouvoir affronter des sportifs qui étaient bien meilleurs que lui, et cette petite appréhension de se retrouver devant autant de monde. Il fallait dire que l’événement était très important et avait déjà été fortement médiatisé. Il savait que des journalistes seraient présents sur place. Et en plus de tout ça, Kyojiro ne pouvait s’empêcher d’être aussi un peu mélancolique. Son père n’avait pas pu prendre de jours de congé pour venir assister à sa compétition et il avait comme l’impression qu’Okita ne serait pas présent lui non plus. Les deux personnes à qui il voulait le plus prouver sa valeur ne seraient pas là, ça avait de quoi le décourager... Mais Kyojiro oublia soudainement cette petite tristesse qui lui étreignait le cœur quand il entra finalement dans cette grande salle.

Son regard sombre parcourut les gradins, puis ce parquet qu’il allait fouler pour, peut-être, remporter la victoire. Un petit sourire étira ses lèvres et il s’empressa de rejoindre le staff qui gérait la compétition pour récupérer son matériel et en savoir plus sur le planning. Son premier combat eut lieu juste avant le déjeuner et… le tirage au sort avait sans doute joué contre lui puisqu’il était tombé contre le premier national, celui qui avait pris la place d’Okita ! Kyojiro ne savait pas pourquoi, mais il n’avait pas peur du tout. Au contraire, il était même débordant de motivation et de hargne. Ce type ne pouvait pas prendre la place de son modèle, c’était hors de question ! Cette place lui revenait à lui ! Et il la garderait bien au chaud en attendant que l’Australo-japonais revienne sur le devant de la scène !

Le match commença alors et Kyojiro ne lâcha rien. Même s’il était dominé pendant la première partie du match, son entraînement spartiate finit par payer et il parvint à reprendre le dessus sur son adversaire jusqu’à porter le coup final. Quand on annonça la fin du match, Kyojiro n’en revenait tout simplement pas, restant immobile à fixer le premier national qui essayait de contenir sa déception. Il avait vraiment gagné ? Il fallut plusieurs secondes au kendoka pour sortir de sa pétrification, entendant alors le public lui faire une ovation. Personne n’aurait misé sur ce pauvre petit numéro 20, et pourtant ! Le match suivant allait bientôt commencer et comme Kyojiro restait toujours planté au milieu du parquet, il dut se faire accompagner hors de la zone de combat par un membre du staff. Il retira finalement son casque, son visage abasourdi témoignant bien de sa surprise. Et alors qu’il aurait dû se rendre vers les vestiaires pour se rafraîchir un peu et s’occuper de ses cheveux collés à son front à cause de la sueur, il vit soudainement plusieurs personnes apparaître dans son champ de vision, jusqu’à ne plus rien voir du tout à cause des flashs. Grognant en protégeant ses yeux du mieux qu’il le pouvait, Kyojiro commença alors à paniquer en entendant le flot de questions qui se déversait soudainement sur lui. Son regard sombre essaya de trouver une échappatoire, mais il n’y avait personne, il ne voyait que cette marée de journalistes autour de lui.

« E-Euh… J-J-Je… »

Kyojiro avait beau avoir fait des efforts pour être moins farouche, se faire agresser de la sorte par autant d’inconnus… Ça l'avait vraiment fait paniquer ! Résultat, cette première interview fut vraiment catastrophique et le kendoka s'empressa de fuir jusqu'aux vestiaires pour se planquer et attendre son prochain match. Fort heureusement, sa concentration n'en pâtit pas et il fit une incroyable performance pour ce premier jour de tournoi en éliminant à chaque fois ses concurrents. Mais en même temps, après avoir défait avec une certaine facilité le premier national, le reste semblait presque trop simple, surtout quand ses adversaires avaient une position à deux chiffres dans le classement.

Après le dernier match de la journée, Kyojiro partit se doucher et se changer avant de passer par la petite porte de derrière, espérant ne pas tomber sur une nouvelle horde de journalistes. Il ne savait pas quoi leur dire, lui ! Il avait gagné contre le premier national, c'était tout ! Il n'y avait pas à argumenter, non ?
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Sous les feux des projecteurs |PV Vincenzo| EmptyVen 21 Juin - 18:36
Mon bar ayant vraiment pris une belle activité, j’ai pu engager définitivement mon barman et ma serveuse, et à temps plein. En semaine, ça me laisse enfin du temps pour moi. D’autant qu’il y a une vraie confiance et complicité avec mon employé, donc je peux le laisser gérer la boutique sans soucis.

L’escrime me manque, mais c’est surtout le travail d’équipe qui me manque. Ce sport est évidemment un art qui se pratique en individuel, face à un adversaire. L’entraînement allie pourtant la pratique individuelle, notamment pour le mental et les gestes, mais aussi une approche pédagogique collective. Il y a d’ailleurs beaucoup de combat en duel : deux contre deux, même s’ils sont rares en compétition, ils sont un bon entrainement. Et en compétition, j’adorais les combats d’équipe. C’est vraiment porteur mentalement. Et ça apporte tout autant quand tu fais tes combats individuels, car l’équipe reste là, derrière toi. C’est une grosse partie de ton mental.

Bref, j’ai beau m’entrainer chez moi, ça ne comble pas le vide. Il n’y a pas de clubs d’escrimes à Nara tel que je le pratique. J’ai bien sûr pris des renseignements sur les différents sports et arts de ce pays. J’ai ainsi découvert le Kendo. Ce qui m’a intrigué en premier lieu c’est que leur arme est aussi un sabre. Evidemment il est bien différent du mien. Mais j’ai été vraiment surpris par leur équipement de sportif. C’est plus que différent cette fois et on sent bien toute la notion ancestrale qui habite l’enseignement de ce sport. Ce qui m’a encore plus impressionné est d’apprendre que ces armures sont majoritairement fabriquées à la main par des artisans locaux. Les fondements sont différents de notre escrime européenne. Mais les codes, les valeurs et les énergies utilisées sont proches. J’aime beaucoup les japonais pour ce respect de l’art, de la personne, du combat qu’ils ont. C’est ancestral et cela fait partie intégrante de l’apprentissage.

Profitant d’un peu de temps pour moi, j’ai assisté à quelques compétitions en ville ou à proximité. Et j’ai la chance que le championnat national de Kendo se déroule à Nara cette année. Je n’ai pas attendu pour acheter mes places afin d’y assister.

C’est donc tout guilleret et heureux que pour une fois aujourd’hui je ne revêts pas mon habit de lumière, mais de simples jean et t-shirt sous un blouson à capuche, des fois que la pluie s’invite malgré le beau jour de juin qui égaye le ciel.

Le monde est au rendez-vous et c’est tant mieux ! C’est toujours appréciable de voir que le sport et ses compétitions attirent la foule. L’engouement pour ce type de sport n’est pas toujours gagné, même si cela s’améliore avec les années et les championnats mondiaux et olympiques. Sauf que le Kendo n’est pas inscrit comme sport olympique, et qu’il n’est pas au top de sa popularité dans les régions occidentales. Donc je trouve ça chouette de voir qu’au Japon cela reste un sport apprécié et respecté.

J’observe beaucoup. Être seul ne m’empêche pas de parler ou commenter avec mes voisins de strapontin, mais souvent mon cache œil impressionne et sincèrement là je suis dans ma bulle. Etrange, mais apaisant. Je ne suis pas sur le tapis à me battre, mais pourtant mon esprit retrouve ses reflexes de protection et concentration. Les combats s’enchaînent et je me rends compte de la vraie discipline dont font preuves les kendokas. J’ai le sourire aux lèvres. J’apprécie le spectacle.
Et puis il y a ce petit gars. Il n’a pas vingt ans et pourtant il maitrise ses combats avec une détermination incroyable. Je note mentalement son nom « Kyojiro Sakurai ». Je crois que ce petit bonhomme est prometteur et va grimper les échelons s’il continue à garder cette fougue maitrisée. Par contre il va falloir qu’il travaille ses relations publiques. Je n’ai pas loupé sa réaction, ou plutôt son absence de réaction, devant l’interpellation des journalistes. Hormis ceux-ci, je ne pense pas que le public présent s’en soit vraiment formalisé. Mais ça pourrait le devenir à la force des choses, surtout s’il monte en classement.
J’hésite, j’observe, je cogite. J’admet que le match suivant, il gère encore parfaitement son combat. Mais j’ai appris une chose avec l’expérience et les compétitions : l’image publique a sa part dans les combats. Il est peut-être trop jeune ou peu conseillé sur ce sujet pour s’en rendre compte. Mais s’il continue, il court le risque de publication d’article qui descende en flèche son comportement humain en se foutant de sa performance. Les journalistes se moquent bien que tu sois juste intimidé ou paniqué, tu dois leur répondre. C’est malheureusement la loi de la célébrité. Et le poids peut devenir vite lourd à porter. J’en sais quelque chose.

Les matchs finis, je décide quand même de me renseigner. Je demande aux staffs d’organisation s’il est possible de rencontrer ce jeune joueur, mais sans badge de journalisme ou du staff, je n’arrive à rien. Alors je tente ma chance en sortant du complexe. Je fais le tour pour repérer les portes les moins visibles et accessibles aux journalistes. Je connais les combines pour les éviter. J’en ai pratiqué un paquet, même si ces gens ne m’ont jamais impressionné.

Evidemment j’espère que je verrais ce petit kendoka et surtout qu’il acceptera de discuter un peu. J’attend patiemment en mordillant la touillette de mon café vide depuis quelques minutes. J’ai repéré les portes arrière. Avec un peu de chance, vu qu’il n’est pas dans les trois premiers nationaux, il n’est pas encadré par un staff sponsorisé. Et vu son comportement avec les journalistes, je crois que c’est le cas.

Et ma patience paye. Le gamin sort par une de ses portes, certainement prêt à rentrer chez lui. Je le laisse s’éloigner un peu, histoire d’éviter un repérage par les journalistes. Puis je m’avance vers lui. J’essaie de paraitre avenant en affichant mon sourire le plus zen. Je m’incline avec respect tel que le font si bien les japonais.

- Konnitchiwa ! Pardonnez ma familiarité à vous aborder de la sorte. Je me nomme Vincenzo Piantoni. Je suis un ancien escrimeur de haut niveau en Europe et j’ai assisté avec délice à vos combats. Vous excellez, votre prestation est prometteuse. Vous avez écrasé le premier national avec brio, tactique et détermination. Je tenais à vous féliciter pour votre palmarès.

La flatterie n’apporte jamais rien. Mais mes compliments sont sincères. Et avant de lui parler de choses qui fâchent, je préfère lui assurer de mon respect pour ses compétences de Kendoka. De près il me semble vraiment jeune et timide, donc je vais avancer avec prudence pour ne pas le faire fuir.

- Est-ce que vous accepteriez de partager un café ou un verre quelques instants avec moi ? Il y a un endroit sympathique, mais avec des tables discrètes pour éviter vos fans et les journalistes. Je n’ai que de bonne intention, à parler entre champions de votre journée.
Kyojiro Sakurai
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Sous les feux des projecteurs |PV Vincenzo| EmptyJeu 27 Juin - 14:39
Kyojiro était vraiment soulagé de pouvoir partir du complexe afin de retourner dans sa chambre au pensionnat de l’Académie. Il lui restait encore une journée de tournoi à disputer le lendemain afin de redéfinir complètement le classement national. Il était en bonne position pour remonter grandement dans celui-ci, mais le kendoka ne pouvait pas s’empêcher d’angoisser un peu. Devenir le meilleur était son but ultime mais… Est-ce que ça voudrait dire qu’il allait devoir toujours faire face à ces bandes de curieux avec leurs micros et caméras ? Kyojiro frissonna à cette idée. Il voulait être le meilleur dans son domaine, mais il ne voulait pas que sa vie change pour autant. Son petit train-train quotidien lui plaisait bien comme il était ! Il ne voulait pas avoir à se forcer à parler à des gens tout en faisant attention aux mots qu’il choisissait, ou même avoir à se planquer pour qu’on le laisse tranquille. La célébrité, il n’en voulait pas. Il ne faisait pas tout ça pour qu’on le remarque et qu’on le reconnaisse. Enfin, si, mais simplement son père. Et Okita. Le reste ne comptait pas pour Kyojiro.

Quoi qu’il en soit, le kendoka commença donc sa marche en direction de l’Académie, les épaules un peu en avant alors qu’il fixait le sol en soupirant plusieurs fois d’affilée, assez bruyamment. Il était épuisé, il voulait rentrer et retrouver le calme de sa chambre. Et il voulait aussi parler de tout ça avec Aki. Mais il fut coupé dans son élan par une silhouette qui se planta pile devant lui en s’inclinant. Kyojiro lâcha un petit couinement de surprise, faisant un pas en arrière alors qu’il sursautait un peu violemment, fixant cet inconnu avec de grands yeux. Non… Encore un journaliste ? Ah… Non… Sérieux ? Un escrimeur de haut niveau européen ? Qu’est-ce qu’il faisait là ? Bon, le kendoka ne put s’empêcher d’être flatté (et de rougir) suite aux compliments qu’il lui faisait quant à sa prestation du jour. Oui… Kyojiro était plutôt fier de lui pour le coup et s’il avait bien envie de rentrer à Yokuboo, il devait avouer que la perspective de discuter avec un sportif de haut niveau l’intéressait encore plus. Tout d’abord parce qu’ils pourraient échanger à ce propos, mais aussi parce que… Kyojiro pourrait peut-être lui demander quelques conseils afin de gérer cette hausse soudaine de sa popularité ? Le kendoka détourna un peu les yeux, la gêne se lisant parfaitement sur son visage alors qu’il se frottait la nuque.

« Hum… Je… M-Merci beaucoup pour tous vos compliments, je… Je suis ravi de faire votre connaissance Piantoni-san. »

Toussotant un peu, histoire de se donner du courage après s’être poliment incliné face à son vis-à-vis, Kyojiro releva son regard sombre pour détailler l’homme. Il avait une bonne carrure mais… C’était quoi ce cache-œil qu'il portait ? Est-ce qu’il s’était blessé à l’escrime ? C’était un ancien champion alors… Est-ce qu’il avait arrêté à cause de ça ? Et qu’est-ce qu’il faisait maintenant ? Et surtout… Pourquoi à Nara ? Kyojiro avait un milliard de questions à lui poser, mais, avant de commencer, il préféra réajuster la lanière de son sac de sport sur son épaule pour répondre affirmativement à cette invitation qu’on venait de lui faire, agrémentant ses dires d’une nouvelle petite courbette.

« J-Je… J’accepte avec plaisir votre invitation. J-Je… Je vous suis. »

Et hop, Kyojiro se mit à suivre cet homme qu’il ne pouvait s’empêcher de regarder en biais, simplement parce qu’il l’admirait déjà. Un ancien champion… C’était trop la classe !

« Oh euh je… J’ai oublié de me présenter. Je m’appelle Kyojiro Sakurai. Je… Est-ce que c’est indiscret de vous demander pourquoi vous êtes ici, à Nara ? J-Je veux dire… J’imagine que vous n’êtes pas venu simplement pour voir la compétition n-non ? »
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Sous les feux des projecteurs |PV Vincenzo| EmptyMer 3 Juil - 17:17
Lorsque j’aborde le jeune kendoka, je vois bien qu’il est indécis, voire inquiet. Evidemment ma carrure impressionne souvent, et mon cache œil n’aide pas à rassurer. Mais si on prend le temps d’observer mon visage, celui-ci est toujours avenant. Aussi fatigué puis-je être, j’ai toujours le sourire aux lèvres et le regard doux. C’est ce qui fait mon charme. Et je vois que ma présentation et mes compliments font mouche. Ça me confirme aussi qu’il n’a vraiment pas l’habitude de gérer ce genre de discussions à son propos. Et encore je n’ai pas du tout fait mon inquisiteur, tel le ferait un journaliste ou une groupie.

Et je suis ravi de constater qu’il a assez de courage pour ne pas me fuir à bâton rompu. Ce qui me conforte sur ce que j’ai vu sur le tapis. Ce jeune homme est un battant et très bon tacticien. Il faut juste lui apprendre à utiliser ses armes face aux médias. Parce que sa sensibilité ne fait pas de doute non plus et ça risque de le mettre à mal un jour au l’autre. Ça n’est pas si grave en soi, mais ça pourrait l’être si cela arrive un jour de match de championnat important. Il s’en mordrait les doigts.

Tout en le guidant vers un petit café tranquille que j’ai repéré, Kyojiro se présente. Toute la prévenance et le respect japonais. Je lui souris, heureux de me rendre compte que finalement il me croit et semble ravi qu’un ancien champion s’intéresse à lui. Comme quoi sa timidité peut se travailler. Ce dont je ne doutais pas !

- Pas de souci Kyojiro. J’avais retenu ton nom. On peut se tutoyer si ça ne te gêne pas ? Je me suis installé à Nara il y a presqu’un an maintenant. Je tiens le bar à thème l’Arcadia, dans le quartier historique de la ville. Il n’y a pas longtemps que j’ai un peu de temps libre pour assister à ces compétitions de Kendo. Je ne connaissais pas cette escrime avant d’habiter au Japon et j’avoue que c’est vraiment enrichissant à regarder. Sous certains aspects, ça n’est pas très différent du sabre européen.

J’ouvre et tiens la porte au jeune homme. Demandant une table discrète au serveur, je laisse Kyojiro s’assoir comme il le souhaite qu’il se sente le plus à l’aise possible. Je commande un café noir et laisse le petit choisir ce qu’il veut. Une fois le serveur reparti, j’essaie d’aborder le sujet qui m’intéresse en douceur.

- Tu sais j’ai été escrimeur depuis mon plus jeune âge, et je suis vite devenu champion national et plus. Jusqu’à cet incident qui m’a valu cet œil impotent, j’avais 20 ans. J’ai beaucoup côtoyé les championnats, les journalistes et admirateurs. Je sais que ce n’est pas un exercice facile de tout combiner, surtout pour un jeunot.

J’espère que mon sourire le rassure. Mais il va falloir parler des choses qui le mette mal à l’aise.

- Je t’ai vu avoir une grande maitrise de toi et tes gestes pendant tes combats. Tu es impressionnant sur le tapis. Je pense que tu as l’envergure d’un futur champion. Par contre je t’ai vu éviter les journalistes et tes groupies. J’ai comme l’impression que tu n’es pas du tout préparé à la partie médiatique et aux interviews qui vont de pair avec le statut de champion. Je me trompe ?
Kyojiro Sakurai
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Sous les feux des projecteurs |PV Vincenzo| EmptyMar 9 Juil - 15:36
Kyojiro avait forcément été effrayé quand cet inconnu l’avait soudainement abordé alors qu’il sortait tout juste du complexe sportif. Il fallait dire qu’en dehors de ses matches, il avait constamment été sur le qui-vive à cause de cette soudaine vague d’engouement qui avait animé de nombreuses personnes du public et de la presse vis-à-vis de ses incroyables performances du jour. Sans doute parce qu’il était trop naïf, le kendoka avait voulu croire cet homme qui lui expliquait être un ancien champion d’escrime. Avec un sourire aussi doux, même si son cache-œil pouvait potentiellement susciter la méfiance, Kyojiro ne pouvait pas imagine une seconde qu’il était en train de lui mentir. De toute façon, s’il essayait de s’en prendre à lui, l’étudiant n’hésiterait pas à se défendre. Il fallait dire qu’il avait toujours été doué pour la bagarre, même s’il essayait d’y recourir le moins possible. C’était un justicier dans l’âme après tout, pas un voyou !

Sur la route qui menait à ce café que Vincenzo lui avait conseillé afin de discuter plus calmement, l’adulte lui expliqua ce qu’il faisait à Nara. Kyojiro tiqua un peu quand il lui proposa de se tutoyer, pas vraiment habitué à être aussi familier avec des gens, surtout des inconnus plus âgés que lui, mais il finit par hocher doucement la tête, pas persuadé d’y arriver du premier coup. Ah… Il y avait vraiment beaucoup trop d’occidentaux dans cette ville, ça bouleversait toutes ses habitudes !

« V-Vraiment ? J-Je… J’avoue que je ne me suis j-jamais vraiment intéressé à l-l’escrime de mon côté… J-Je… Je fais du kendo depuis tout petit et je me suis hum… exclusivement concentré là-dessus. »

Il n’allait pas un peu passer pour un idiot à balancer un truc pareil ? Heureusement que ce type n’était pas un journaliste !

Quoi qu’il en soit, les deux hommes pénétrèrent dans le café et Kyojiro prit la chaise qui faisait face à toutes les autres tables. Il n’aimait pas être de dos parce qu’il avait toujours l’impression qu’on le regardait. Comme ça, il pourrait repérer les gens qui l’observaient vraiment !

Le kendoka écouta religieusement tout ce que Vincenzo lui confiait, ne pouvant pas s’empêcher de laisser son regard sombre dériver sur ce cache-œil qu’il portait. Il avait tellement de questions à lui poser avec sa curiosité maladive et aussi très mal placée pour le coup ! Par contre, il ne put s’empêcher de froncer un peu les sourcils en l’entendant le traiter de jeunot. Il était étudiant maintenant, non mais oh !

« J-Je… J’ai 18 ans vous savez. Hum, enfin… T-tu sais. Je… Je n’ai jamais voulu monter dans le classement pour être c-célèbre… Je fais ça uniquement parce que j’aime le kendo et qu-que… Je voudrais rendre certaines personnes fières de moi. Je… Je ne veux pas être célèbre… »

Pour quelqu’un d’aussi réservé que lui, c’était vraiment un exercice très difficile de se retrouver soudainement au centre de toute l’attention. Kyojiro s’entendit soupirer doucement alors qu’il fixait le thé que le serveur venait de lui apporter. Ses doigts encerclèrent sa tasse, la faisant doucement tourner alors qu’il fixait le liquide à l’intérieur.

« E-Est-ce qu’on est o-obligé de faire face à tout ça ? J-Je veux dire… Hum… V-… Tu… Comment tu as fait quand t-tu as commencé à gagner des compétitions importantes et à être r-reconnu ? »
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Sous les feux des projecteurs |PV Vincenzo| EmptyLun 22 Juil - 16:05
Je vois bien que le petit est un pur produit japonais et son éducation très particulière. Le tutoiement semble le mettre un peu mal à l’aise. Mais je pense sincèrement que ça peut faciliter le dialogue entre nous. Et il a besoin de se décoincer s’il veut arriver à affronter les journalistes.
Le voilà qui s’excuse de ne pas me connaître, ni l’escrime. Je souris avec amusement.

- Pas de souci, petit ! Le kendo, c’est ta passion, ça se comprend. Et l’escrime n’est pas le sport le plus connu au Japon.

J’essaye de le rassurer tout en lui expliquant qu’être champion apporte aussi une célébrité qu’il faut gérer. C’est compliqué à intégrer quand on est jeune. Je l’ai vécu et sans mon père derrière moi je ne suis pas sûr que j’aurai aussi bien géré.

- Je ne doute pas que tu ne cherches pas la célébrité, Kyojiro. Seulement elle va souvent de mise avec la réussite aux championnats. C’est bien d’avoir un objectif à atteindre. Et des personnes à rendre fière. Mais tu dois aussi le faire pour toi. J’espère que c’est le cas.  

Je lui souris et lui adresse un clin d’œil. J’ai bien vu son regard interrogatif sur mon cache-œil. J’ai l’habitude de ce regard. Soit je mets les pieds dans le plat, soit je l’ignore. Cela dépend du contexte. Cette fois, ne voulant pas mettre le petit plus mal à l’aise, je fais comme si je ne m’en étais pas rendu compte. Le sujet du jour doit se centrer sur lui.

- La célébrité c’est quelque chose qui peut être très éphémère. Mais c’est toujours envahissant, déstabilisant pour certains, surtout quand tu n’y es pas préparé. La première chose que tu dois te dire, c’est que tu es un exemple pour les jeunes kudoka. En montant sur les podiums, tu deviens une image « publicitaire » pour le Kendo. Je suis sûre que toi-même tu as des idoles qui t’ont donné envie de donner le meilleur de toi-même, non ?

Le chemin est long et le sujet vaste. Mais je suis convaincu de ce que je dis et je sais qu’aborder la célébrité sous ce biais d’exemplarité est un moyen non négligeable pour accepter le lien entre réussite sportive et notoriété. Je l’ai vécu. Et si j’ai continué après mon accident en devenant conseil ou entraineurs c’est pour ça.
Mais il faut aborder tous les aspects du problème.

- Ce n’est pas un exercice facile. Mais répondre aux journalistes sportifs fait partir « du boulot ». Que tu le veuilles ou non. Et ces petits kendoka en devenir, attende beaucoup de savoir ce que leur champion pense, fait ou ce qui l’amène à être le meilleur. Et ça s’apprend. Les interviews ça se prépare et ça se répète. Tu n’as absolument aucune obligation de leur répondre, je te le concède. Mais ça donnera forcément une mauvaise image de toi et de ton sport, notamment à ces petits futurs champions. Est-ce que tu as déjà donné une interview, en dehors d’aujourd’hui ?
Kyojiro Sakurai
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Sous les feux des projecteurs |PV Vincenzo| EmptyMar 13 Aoû - 15:22
C’était vrai que l’escrime n’était pas vraiment le sport le plus connu au Japon, mais quand même ! Kyojiro se sentait mal de se retrouver face à un tel champion sans être capable de pouvoir échanger avec lui sur sa discipline. Mais peut-être que cette rencontre serait justement l’occasion pour le kendoka de s’ouvrir à un autre sport que le kendo ?

Aux questions de Vincenzo, Kyojiro hocha doucement la tête. Bien sûr qu’il faisait ça pour atteindre un objectif qu’il s’était fixé et pour rendre fières certaines personnes, mais il ne se donnerait certainement pas autant de mal si le kendo n’était pas une chose qui lui tenait réellement à cœur !

« C-C’est le cas, oui ! Je… J’en fais depuis que je suis tout petit et j-j’ai… J’ai toujours beaucoup aimé ce sport. »

Tellement que, pendant toute une période, le kendoka ne se défaisait jamais de son shinai, son sabre en bois. Il ne le quittait que pour sortir de chez lui, mais dès qu’il rentrait à la maison, son père soupirait toujours avec un petit sourire tendre en le voyant collé à son sabre, à toujours essayé de s’entraîner.

La question suivante de Vincenzo fit rougir Kyojiro qui baissa les yeux pour contempler son thé. C’était super gênant d’avouer un truc comme ça mais… Il hocha quand même doucement la tête.

« O-Oui… Je… J’ai toujours beaucoup admiré Okita Nishimura. C’était le numéro un national et je… J’ai même pu le rencontrer. J-J’étais vraiment heureux de pouvoir m’entraîner un peu avec lui, m-mais… On... On ne sait pas trop où il est actuellement… Il y a eu un souci dans son école et… »

Kyojiro était en train de s’éparpiller là ! Son visage s’était assombri en repensant à cette absence de nouvelles soudaine de la part de son idole, mais il avait doucement secoué la tête pour chasser ces sombres pensées.

« Je… Je n’avais jamais pensé qu’un jour je… Je pourrais me retrouver à sa place… C-C’est vrai que je l’ai toujours vu comme un modèle m-mais… C’est gênant de se dire que d’autres vont maintenant pouvoir me prendre moi aussi pour m-modèle… Vous… Vous avez dû faire face à tout ça, ah… toi aussi ? »

Foutue habitude de vouvoyer les gens ! Il s’était rattrapé sur la fin de sa phrase, mais ce n’était toujours pas naturel pour lui !

Kyojiro essaya de se redonner un minimum de courage et de contenance en buvant tranquillement son thé, ne pouvant s’empêcher de fermer doucement les yeux quand le liquide vint réchauffer tout son corps. On avait beau être en plein mois de juin, c’était quand même super agréable de boire une boisson chaude ! D’ailleurs, le kendoka secoua doucement sa tête de droite à gauche.

« N-Non… C-C’était la première fois aujourd’hui… Le problème c’est que… Je ne sais pas quoi leur dire à ces journalistes… Je ne fais que m’entraîner tous les jours et je donne toujours le meilleur de moi-même mais… Qu-Qu’est-ce que je pourrais bien leur dire de plus ? S-Surtout que… Certains n’hésitent pas à poser des questions vraiment très… personnelles. »

Et ça, ce n’était vraiment pas une chose que Kyojiro appréciait. Il n’était déjà pas bien bavard quand il s’agissait de lui, mais c’était encore pire quand on parlait de sa vie privée ! Il n’avait pas envie de parler à des milliers d’inconnus de sa famille ou même de ses sentiments amoureux…

Les deux sportifs continuèrent à échanger pendant de longues minutes, Kyojiro parvenant même légèrement à se détendre sur la fin. Toutefois, même s'il quittait Vincenzo avec le cœur léger et des conseils plein la tête, le kendoka n'était pas sûr de réussir à se familiariser rapidement et facilement à la célébrité...
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