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Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises [Libre]

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Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises [Libre] EmptyMar 27 Mar - 20:13


Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises

Avec Saya Nakajima

Quelques temps en avant, avant les vacances en fait, j’avais connu quelques problèmes avec la direction de l’école. A mes yeux, j’avais voulu protéger une camarade de classe qui se faisait injustement malmener par le professeur de sport. Tout ça parce que cet abruti (et je ne mâcherais pas mes maux pour les beaux yeux de la société !) ne voulait pas entendre qu’elle ne parlait pas pour éviter de courir. J’étais à ses côtés à ce moment-là et c’était pour rester avec moi qu’elle n’avait pas donné son maximum. Quel mal y avait-il à cela ?! De l’autre côté, il y avait eu la conseillère principale d’éducation qui nous avait sermonnées, ma camarade et moi, pour “ne pas avoir respecté un professeur”. Autant dire que, même si j’avais accepté la punition donnée assez facilement en ayant en tête le fait que je n’allais pas me gêner pour mettre certaines choses au clair, je n’avais pas du tout apprécié le fait qu’on ne cherche même pas à connaître le fond des choses. Le respect, ça se méritait, qu’on soit devant un supérieur ou non. Si quelqu’un venait à s’en prendre injustement à quelqu’un que je souhaitais protéger, pourquoi resterais-je à seulement regarder ? Pourquoi n’irais-je pas aider la victime de la méchanceté des autres ? C’était aberrant qu’on puisse penser que le pouvoir donnait tous les droits !

Encore énervée par tout cela, mais également attristée par la froideur dont Chun-Hei avait fait preuve alors que je lui avais présenté mes excuses. Elle devait être en colère, mais je ne comprenais pas la raison de cela. Je n’avais que des hypothèses qui commencèrent à me ronger le coeur lentement, rendant ma bonne humeur un peu moins présente qu’à l’accoutumée et bien moins attentive que les enseignants le voudraient. Alors que j’en plaisantais auprès des camarades qui prétendaient s’inquiéter pour moi, je feignais seulement l’indifférence face à mes professeurs. Surtout quand ces derniers me surprenaient en train de dessiner au lieu d’écouter ce qu’il se passait en classe. La patience n’était, à mes yeux, pas vraiment une vertue qu’ils possédaient. Moi qui pensait depuis un moment que j’étais vraiment une tête brûlée, il semblait qu’il faille que je reconsidère la chose.

En début de la nouvelle année, alors que je m'étais un peu calmée grâce à de bonnes nouvelles et une belle rencontre avec ma nouvelle coloc', je fus à nouveau convoquée par la vipère qui n’écoutait pas ce que les élèves avaient à dire. Elle n’avait pas changé physiquement, et je doutais que quelques mois aient suffit pour qu’elle change d’avis à propos de ses positions. Malheureusement, elle ne me donna pas tort alors qu’elle commença à répandre son venin à travers ses paroles qui me semblaient dénuées de tout sens, assise derrière son bureau comme pour se donner de la prestance :

- Miss Tsuno, il semblerait que vous n’ayez pas vraiment compris le principe d’étudier lors de votre dernière année. Ce n’est pas parce que vous êtes boursière, ou que vos notes sont bonnes, que vous pouvez vous octroyer le droit de négliger vos études. Personnellement, j’en ai assez que les professeurs ne cessent de se plaindre de vous.

- Oh ? Et que disent-ils exactement ? demandais-je en feignant l’indifférence et la curiosité mêlées en une mixture qui ne fit pas du tout rire mon interlocutrice.

- Je vous prie de cesser ! Ce comportement n’est pas digne des élèves acceptés dans cet établissement ! Tout comme votre apparence qui fait honte à notre nation.

Pendant quelques minutes, je la laissai faire son speech alors que cette dernière phrase résonnait dans mon esprit. Mon apparence ? Qu’est-ce que cela venait foutre là ?! Avant que l’adulte ait pu terminer son discours inapproprié et considérablement long, je m’avançai pour taper sur la table de ma main plate. Le silence revenu, je ne me retins pas et lâchai ce que j’avais à dire, ma voix montant crescendo :

- Avec tout le respect que je vous dois, madame, mon apparence on s’en fiche pas mal dans une école INTERNATIONALE ! Vous ne demandez quand même pas à des enfants nés blonds d’arrêter de se teindre les cheveux, j’espère ? Pour moi c’est pareil : hormis mes cheveux, je n’utilise pas d’autobronzants ou autres, comme vous l’avez laissé entendre dans votre discours ! Je suis née comme ça !! Alors, dites-moi, faîtes-vous partie de ces gens qui jugent sans savoir la vérité ou n’avez-vous tout simplement aucune considération pour ce qu’ont à dire les élèves ? Parce que ça fait deux fois maintenant que vous piétinez la vérité pour votre stupide respect aveugle des règles et “supérieurs hiérarchiques”.

Sans ajouter un mot, tout simplement parce que j’en avais assez et que je savais que si j’allais plus loin encore j’aurais de graves ennuis, je sortis de la pièce malgré les appels de la CPE.

Il ne fallut pas plus de deux jours pour que je reçoive une punition : trois heures de colles, en salle de retenue un samedi après-midi, pour copier une partie de règlement le plus possible. Celle sur le respect justement. Juste avant de m’y rendre, prenant sur mes heures de peinture, je me mis à comparer ce que je devais copier avec les règles de respect des autres pays. Malheureusement, je ne trouvai rien sur le fait qu’un élève subisse une injustice. Peut-être allais-je devoir tenter de me renseiger d’une autre façon. Mais, en attendant, je partie en colle, en uniforme, un paquet de feuilles, mon carnet de correspondance et une trousse pour seules affaires.

Loin d’être souriante, je laissai malheureusement ma colère prendre le dessus, faisant entrevoir une mine sombre et un regard presque assassin aux adultes tentant de le croiser. Ma voix était froide quand je prenais la parole. Ce n’était pas dans mes habitudes de me laisser aller de la sorte, mais j’étais vraiment touchée par cette histoire d’injustice.
Assise sur le bureau en face du surveillant, ce dernier me l’ayant expressément demandé (sans doute sur ordre de cette folle sans scrupule), j’avais pris mes affaires et avais commencé à écrire avec une lenteur volontaire, souhaitant être bientôt étudiante en art pour qu’on me fiche la paix sur bien des points.
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Jilian Doe
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Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises [Libre] EmptySam 16 Juin - 16:58
Voilà qu'on le collait surveillant de colle (justement), une idée plus qu'absurde. On lui avait expliqué qu'il s'agissait d'un roulement dans le personnel administratif, que ce genre d'événement restait ponctuel et qu'il fallait que chacun mette la main à la pâte, et que comme il était nouveau, c'était son tour. Jilian pensait surtout qu'il s'agissait d'une forme de bizutage comme une autre, une façon tordue de lui souhaiter la bienvenue.

Youhou.
Alors il se retrouvait là, assis à un bureau pourri devant une adolescente qui, comme toute adolescente qui se respecte, tenait à montrer à l'autorité qu'elle n'allait pas se laisser faire comme ça. Si c'était un brin agaçant, après tout c'était de bonne guerre et il n'allait pas lui en vouloir pour ça. En plus il ne savait même pas pourquoi elle était là. Cette situation était absolument ridicule en tout point. Surtout si on considérait que c'était lui la figure d'autorité...

La jeune femme se retrouvait à recopier bêtement le règlement intérieur... Le principe de la colle était une telle perte de temps. Ça ne réparait pas les erreurs faites, ça ne faisait pas grandir les gens qui s'étaient trompés... Jilian était d'avis que punir les gens, ça servait rarement à quelque chose de toute façon. Ça pouvait se comprendre quand on avait tué quelqu'un. Mais si tel était le cas, il y avait assez peu de chance pour qu'on envoie les meurtriers en heure de colle pour recopier le règlement intérieur devant un bibliothécaire.

Et il fallait bien dire qu'en plus d'être inutile à souhait, les heures de colle étaient des pièges à intelligence. Alors qu'Asuka prenait ostensiblement le plus de temps possible pour recopier des mots vides de sens, de son côté, il avait l'impression de sentir son cerveau lui dégouliner par les oreilles tellement il s'ennuyait. Qu'est-ce qu'il faisait là ? Il regardait dans le vide, puis comptait ses doigts, au cas où l'un d'eux se seraient enfui pour s'amuser plus loin. Regardait à nouveau dans le vide. Regardait vaguement le livre qu'il avait amené, mais les mots se mélangeaient. La vérité c'est que ça commençait à vraiment l'énerver d'être coincé là. Pas qu'il aurait fait grand chose d'autre de son samedi de toute façon. D'ailleurs il aurait sans doute fait à peu près la même chose : il aurait lu son livre dans son canapé, et il aurait recompté ses doigts à l'occasion pour vérifier que les fourmis n'en avaient pas définitivement embarqué un, comme ça pour le fun.

La différence c'est que son canapé était beaucoup plus confortable.
Et puis qu'il avait horreur qu'on lui dise quoi faire. Surtout si c'était pour faire quelque chose d'aussi absurde que regarder une adolescente en colère recopier au ralentis un règlement intérieur moins intéressant que les coulures de peinture sur les murs. Franchement, que s'imaginait la CPE ? Que d'un seul coup Azuka allait le connaître par coeur et PAF magie ? Plus de problème ? D'autant que si lui était là parce qu'il était nouveau et ne connaissait pas encore les règles, il commençait à supposer que sans doute les raisons de la présence d'Azuka étaient tout aussi ridicules.

Il tourna son oeil vers la pendule, dans l'espoir de voir que le temps avait filé incroyablement vite... mais fût forcé de constater que seul quinze minutes s'étaient écoulées, il en restait donc cent-soixante-cinq à faire dans cette salle. En cent-soixante-cinq minutes, on avait le temps de faire des cookies, de regarde un film en version longue en faisant trois pauses pour aller faire pipi et trois autres pour aller prendre à manger dans les placards, on avait le temps de trier sa collection de pins ou encore d'épousseter une collection fraîchement acquise de figurines en verre. En cent-soixante-cinq minutes, on pouvait même, si l'envie nous en prenait, aller faire des courses, mais pas dans la supérette juste en bas de chez soi, non non non, dans le grand magasin avec plus de choix plus loin de deux changements de bus, faire la queue à la caisse, et revenir. Autant dire que c'était énorme.

Il claqua donc son livre, et entreprit de faire des avions en papier avec les feuilles qui traînaient. Il avait bien envie de demander à la jeune femme pourquoi elle était là. Mais il craignait qu'elle ne se rebiffe, et comme il avait l'autorité d'un lombric dans le désert, cela ne l'arrangerait guère. Cent-soixante-cinq minutes avec une adolescente lui hurlant dessus, ça allait vraiment être long. Et puis, les adolescents c'était comme les chats, il fallait les laisser venir. En sachant que dans tous les cas, comme les chats, tôt ou tard, on se fait mordre, des fois, c'est qu'ils vous aiment bien, des fois c'est qu'ils vous détestent.

Une fois son avion prêt, il s'adressa donc à elle directement :

"Dîtes-moi, vous n'auriez pas envie de faire quelque chose de plus intéressant ? De toute façon personne ne va vérifier que vous avez recopié le règlement... Pour ce que j'en sais, vous vous amuseriez à remplacer le mot "interdiction" par banane tout du long que ça ne ferait broncher personne. À par les bananes peut-être, mais comme elles ne savent pas lire, vous êtes tranquille je dirais... Enfin quitte à être coincée ici trois heures, vous avez peut-être envie de faire quelque chose de plus intéressant non ?"

Et il envoya son avion qui s'écrasa mollement au pied de son bureau. Echec critique. Il soupira.

"Bon, on va dire que c'était un coup d'essai."

Il entreprit alors un second pliage.
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Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises [Libre] EmptySam 16 Juin - 17:46


Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises

Avec Saya Nakajima

C’était vraiment barbant d’écrire. Bon, il s’agissait toujours de tenir un crayon qu’on maîtrisait pour noircir du papier. Pourtant, cela n’avait rien à voir avec le fait de dessiner. Mettre des mots sur une feuille valait certainement autant que se faire critiquer sa couleur de peau : à rien ! Cela ne changerait absolument rien à ce qui était fait. Ils ne voulaient d’ailleurs pas que je me peigne la peau en blanc non plus ? Ou que je mette de la crème solaire sans la faire pénétrer non plus ? … Que de mauvaises idées qui étaient aussi stupide que se mettre de la crème solaire dans les yeux pour regarder une éclipse d’ailleurs. Alors pourquoi étais-je là ? Pourquoi recopiai-je ces stupidités de règlement qui n’interdisait pas d’être de couleur de peau différente ? Bon… Pour les cheveux c’était différent, mais en quoi cela dérangeait-il ?

Au bout d’une dizaine de minutes interminables, je m’accoudai à ma table et arrêtai d’écrire ma punition. A la place, je pris une nouvelle feuille de mon paquet que je cachai partiellement sous la première et me mis à dessiner. Au début, je n’avais pas grand-chose en tête. Puis, les traits prirent peu à peu ceux du professeur qui se trouvait face à moi. Il n’était pas banal lui non plus et cela m’amusait un peu de me dire que la CPE était un peu con de me reprocher des choses qu’on retrouvait chez d’autres. Dessinant ensuite peu à peu ma situation dans cette salle, avec toujours l’adulte en personnage central, mes pensées allèrent ailleurs et j’en oubliai où je me trouvais. Ces quelques minutes de détente me firent du bien malgré mes pensées sombres. Malheureusement, comme on disait, tout bonne chose a une fin.

La fin de mon moment dessin sembla prendre fin au moment où un livre claqua, résonnant dans la pièce pratiquement vide. Je repris donc rapidement mon écriture mortellement ennuyeuse en espérant ne pas recevoir de remarques désagrables. Il ne manquerait plus que ça… même si je le mériterais un peu. Du coup, je ne pris pas le risque de le regarder malgré la curiosité qui monta de plus en plus sournoisement alors que j’entendais le froissement de papier, un peu comme si on faisait du pliage. Sérieusement, je devais prendre mes rêves d’avoir un gars cool face à moi pour la réalité. Ce n’était pas possible autrement. Sinon, cette CPE était vraiment plus atteinte que je le pensais.

Mon impression se confirma lorsque le professeur prit la parole, me faisant lever la tête. Il me faisait remarquer que c’était idiot d’écrire bêtement une punition que personne n’allait vérifier. L’image qu’il fit par la suite me fit d’ailleurs sourire sur un air moqueur destiné à l’organisation des heures de colle de cet établissement pourtant super bien réputé. En regardant mon interlocuteur, je pus voir que je n’étais pas dans le faux en pensant qu’on faisait du pliage puisqu’il lança un avion de papier qui, malheureusement, alla s’écraser derrière son bureau. Apparemment, il n’était pas très doué. Pourtant, il ne s’offusqua pas, souriant même pour déclarer que ce ne devait être qu’un coup d’essai. Je fis mine de reprendre mon travail pour, en réalité, travailler mon dessin déjà bien entamé. Cependant, je ne me cachais plus, souriant même à l’idée que cela ne m’était même pas interdit. Qu’aurais-je pu espérer de mieux dans ma situation ?

Lorsque ma première feuille fut noircie comme je le souhaitais, je la mis sur un côté de mon bureau, bien en vue. Celle-ci représentait donc l’adulte qui me surveillait assis derrière son bureau avec un élève (moi) qui était penché sur le sien. Autour de lui, une dizaine d’avions en papier volaient en rond, comme s’ils se trouvaient dans un courant ascendant qui les empêchait de tomber. N’ayant pas de couleurs, le dessin était en noir et blanc, mais on pouvait facilement voir les ombres travaillées et autres détails soigneusement ajoutés dans différents tons grâce à l’appuie exercé avec mon crayon de papier.
Bon, l’utilisation autre que mon outil habituel de travail ne m’aidait pas à dévoiler l’entièreté de mon talent, mais au moins c’était potable. Je pris donc une nouvelle feuille et me mis à faire un autre dessin, bien plus criminel cette fois, attendant de voir la réaction de mon interlocuteur. Allait-il me surprendre en voyant mon “oeuvre” ? Sincèrement, j’espérais que cela soit aussi positif que sa façon de parler de cette colle totalement débile. Quant à moi, ce que j’allais lui dire, lui révéler, serait sans doute en fonction de ce qu’il allait faire dans les prochaines minutes.
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Jilian Doe
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Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises [Libre] EmptySam 16 Juin - 19:47
L'atmosphère semblait s'être légèrement détendue. Légèrement seulement, mais c'était toujours ça. Après tout, vues les circonstances, il ne fallait pas non plus en attendre plus. Asuka avait définitivement laissé tomber le recopiage acharné du règlement et c'était plutôt agréable de voir son crayon s'agiter sur le papier, beaucoup plus libre de ses mouvements. Elle semblait aussi un peu plus détendue. Jilian souriait intérieurement, c'était au moins ça de gagné !

Certes, le règlement intérieur ne serait pas recopié, mais l'élève semblait allait un tout petit peu mieux. Il pouvait donc considérer qu'il avait bien fait son travail. La direction ne serait sans doute pas de cet avis si ça venait à se savoir. Mais après tout, on ne lui avait pas non plus donné les consignes les plus précises du monde. Il était bibliothécaire, pas surveillant de prison. Il aimerait bien qu'on le laisse travailler dans sa bibliothèque, et s'il fallait punir les élèves, autant les envoyer dans son antre. Il aurait beaucoup plus utile à leur faire faire que de leur faire recopier encore et encore un règlement qui existe déjà en tout un paquet d'exemplaires... Même lui en avait une copie chez lui. Si jamais on s'avisait de lui faire des reproches, il n'aurait aucun problème à défendre sa décision. Dans le pire des cas, au moins, il n'aurait rien à se reprocher.

Il travaillait donc à plier son second avion. Avec un peu de chance, celui-ci irait plus loin que ses propres pieds. Jilian ne se rappelait jamais des astuces. Pourtant on lui avait montré encore et encore comment faire, mais non. À chaque fois il oubliait. Heureusement qu'il s'en moquait. Il préférait simplement le mot où il faut soigneusement plier que celui où il faut constater si le caractère aérien de sa création... Assurément, c'était beaucoup plus beau à faire quand on avait du papier coloré, tout était beaucoup plus beau avec des couleurs bariolés n'allant pas ensemble selon les vendeurs de pots de peinture du magasin de bricolage, même les avions en papier qui ne volent pas.

Le deuxième essai ne fût pas beaucoup plus réussi que le premier. Au lieu de tomber mollement à ses pieds, l'avion alla s'écraser, toujours aussi mollement, un mètre à peine devant le bureau. Sans doute la force du lancer y était beaucoup plus pour quelque chose que la qualité de l'avion.

Tant pis

Il hésita un peu. Peut-être qu'il serait tout à fait amusant de remplir cette salle austère d'une bonne dizaine d'avions ratés. L'idée était intéressante. Après tout, s'il avait eu des consignes quant à la punition de l'étudiante, il n'en avait eu aucune sur ses occupations à lui. Personne ne lui avait clairement dit qu'il n'avait pas le droit de faire des avions en papier. Et encore moins des avions en papier qui volaient mal. Il décida donc d'attendre la fin pour les ramasser, histoire de mesurer ses progrès au fur et à mesure des minutes passant. Il fallait toutefois récupérer le premier. Il allait finir par marcher dessus par inadvertance, et ça, ça serait quand même du gâchis.

En se redressant après avoir récupéré l'avion échoué au pied du bureau, il pût voir qu'Asuka avait laissé une feuille sur le côté de son bureau, bien en évidence. Il sourit. Il avait toujours trouvé ce genre de comportement fascinant. C'était comme les ados qui allaient s'enfermer dans leur chambre pour que le monde les oublie, tout en mettant la musique à fond pour que le monde sache qu'ils étaient là. C'était exactement le même mécanisme. Il décida de jouer le jeu, même s'il n'était pas trop sûr de la marche à suivre. Même si les bureaux étaient proches, il ne pouvait pas voir précisément les détails du dessin. Ce qu'il en voyait était assez impressionnant, et il aurait aimer pouvoir y jeter un oeil de plus près, mais il ne voulait pas donner l'impression d'envahir l'espace de la jeune femme. Il opta donc pour une solution intermédiaire, il n'allait pas bouger vers elle, mais simplement lui faire savoir qu'il avait capté le signal.

"Je suis flatté de me voir ainsi entouré d'avions en papier capables de voler pour une fois ! Merci beaucoup. Voilà qui équilibre magnifiquement mes piètres performances. Vous avez un bien meilleur coup de crayon que je n'ai le sens du pliage. Vous avez dû beaucoup travaillé pour en arriver à ce niveau."

Alors qu'il était vrai que lui, il ne s'était pas tellement entraîné à faire des avions en papier. Il faut dire qu'il en avait rarement eu l'occasion. Autant qu'il se souvienne, c'était sa première heure de colle... Ceci dit, il était beaucoup plus doué pour faire les grenouilles ! Et afin d'honorer son double crayonné, il changea de tactique pour réaliser une grenouille.

Ceci dit, il avait quand même l'impression que quelque chose n'allait pas. Comme s'il y avait un éléphant dans la pièce qu'il n'arrivait pas à bien voir. Quelque chose le chiffonnait. Le crayon d'Asuka s'agitait avec plus de véhémence lui semblait-il. Peut-être qu'il se faisait des idées. Dans le doute, il voulût quand même tenter quelque chose.

"Mais voilà que je perds mes bonnes manières. Je ne vous ai même pas demandé si vous alliez bien. Comment allez-vous en ce samedi ?"


Au pire, elle ne lui répondrait pas, et tant pis. Mais au moins, il aurait tendu la perche.
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Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises [Libre] EmptyDim 17 Juin - 2:22


Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises

Avec Saya Nakajima

En entamant mon second dessin, j’avais comme arrêté de surveiller l’homme devant moi. Il m’avait bien dit que ce que je faisais ne serait pas vérifié, donc pourquoi me priver de me faire plaisir ? Plus encore si je pouvais me défouler en dessinant. Rien ne valait cette activité tant elle permettait de placer dans la réalité bien des fantasmes, même si cela ne se ferait jamais vraiment. D’un certain côté, la colère me faisait regretter de ne pas avoir un pouvoir me permettant de rendre possible mes pensées. Mais mon côté rationnel m’empêchait de laisser libre court à ma colère. Fort heureusement d’ailleurs. Il ne manquerait plus que je me rende coupable au point de me voire renvoyée, voire pire. Je ne voulais pas inquiéter ma mère, même si cette histoire d’heures de colle allait la faire sauter au plafond. Certes, elle pourrait comprendre puisque je lui avais déjà parlé de ma situation à l’école, même sans rentrer totalement dans les détails. Mais cela ne l’empêcherait pas de me faire un bon sermon sur les avantages du silence. “Le silence est d’or et la parole d’argent”, disait le sage.

Me faisant relever la tête, l’homme sensé me surveillé me fit part qu’il aimait la représentation que j’avais faite de lui. La comparaison qu’il fit entre les avions en papier fictifs et les réels me fit même sourire momentanément. Il était vrai qu’il ne paraissait pas avoir beaucoup de talent pour ce qui était de faire voler des morceaux de papier. D’autres auraient mieux fait, tout comme il était sans doute des personnes pouvant dessiner mille fois mieux que moi. Les talents étaient-ils comparables ? Je n’en étais pas certaine à vrai dire. Pourtant, cela se faisait à travers des concours, entre autres. Mais je préférai garder cette pensée sans doute pas mal décalée pour répondre tout autrement :

- Je dessine et peint depuis un bon moment déjà, oui. C’est une passion que je n’arrive pas à freiner à vrai dire.

M’arrêtant là, je me remis à mon dessin, aussi énervée contre moi-même que la CPE à ce moment-même. J’avais failli révéler mes escapades nocturnes au club d’arts pour peindre ! Comment avais-je pu faire une chose pareille ? Certes, il me donnait de la liberté alors que j’étais sensée être punie, mais était-ce une raison pour me griller toute seule en lui faisant trop confiance ? Je ne pouvais pas me le permettre ! Non. Je ne voulais pas qu’on m’enlève mon seul plaisir, qu’on me le coupe crucialement. J’en avais cruellement besoin, un peu comme s’il s’agissait d’une addiction. D’ailleurs, c’était sans doute le cas, même si je n’avais pas les mêmes symptômes que si je prenais du cannabis ou fumait. Je ne voulais juste pas le voir de cette façon. Ce n’était pas très flatteur…
La tête de la CPE devenait de plus en plus horrible au fur et à mesure que je peaufinait les traits de mon dessin. Entre la tête de crapaud sur un corps de femme, les pustules qui ressemblaient plus à l’apparition de la syphilis sur sa peau et ses pieds qui lui auraient donné le surnom de “Berth aux grand pieds” ou même celui du clown le plus horrible qui existe, j’avais fait assez fort. Bien sûr, j’avais eu d’autres idées, mais la crainte qu’on tombe sur ce dessin ne m’avait pas vraiment donné envie de m’incriminer plus encore. J’étais donc resté sur quelque chose de plus enfantin malgré la colère qui s’imprimait dans mes traits bien moins travaillés que le précédent dessin. Pourtant, ma concentration était sans doute aussi forte que lorsque je m’appliquais. C’est sans doute la raison pour laquelle je sursautai lorsque la voix masculine de mon surveillant s’éleva à nouveau, me demandant si j’allais bien.

Grâce à mes réflexes acquis au fil du temps, je pus éviter le trait en travers de la feuille, même si dans ce cas cela n’aurait pas été une grande perte. Je relevai alors la tête pour le regarder dans les yeux. Je ne savais pas vraiment comment prendre le vouvoiement qu’il employait depuis le début. Certainement était-ce une marque de politesse, comme le faisait la CPE, et aussi une façon de garder une relation “professionnelle”. Mais, d’un autre côté, certains surveillants nous tutoyaient tant ils nous voyaient. Cela le rendait-il différent de ces derniers ? Ou mesquin ? Quelqu’un dont je devais me méfier plus qu’un autre ?

*Mon dieu ! Je suis en train de virer parano ou quoi ?!*

Pour ne pas montrer mes doutes, tout en restant sur la réserve. Je lui répondis presque énigmatiquement en souriant sournoisement :

- Je dirais comme une élève collée un samedi après-midi. Quoi que je suis assez contente d’être avec un p... surveillant sympa.

Mon agacement éveillé par le souvenir de ma venue là me faisait taper le bout de mon crayon sur la table sur un rythme assez lent. Le choc était amortis par les feuilles de papier entre les deux, ce qui atténuait le bruit qui restait pourtant assez audible. Loin de me stressait, cela me permettait également de réfléchir un peu : devais-je lui retourner la question ou non ? Je n’osais pas vraiment… Il avait parlé de bonnes manières, mais d’un autre côté nous ne nous étions pas présentés. Il devait sans doute connaître mon nom puisqu’il me surveillait. Un minimum d’infos était nécessaire dans ce genre de situation. Mais alors… Non. En fait j’étais totalement paumée. Tant et si bien que je ne savais pas quoi dire de plus et que dessiner était un peu relayé au second plan. Un fait très rare en soit.
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Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises [Libre] EmptyDim 17 Juin - 12:30
Les grenouilles c'était beaucoup plus chouette à faire. Ça demandait un peu plus de temps et de patience, mais au moins personne n'évaluait le résultat en fonction de sa capacité à voler. Ou alors il fallait vraiment ne pas avoir compris ce qu'était une grenouille pour se lancer dans une comparaison pareille. Avait-on déjà vu quelqu'un vous dire "elle est nulle ta grenouille, elle vole même pas" ? Non, bien sûr que non. Les grenouilles étaient donc bien meilleures que les avions. Avec un peu d'entraînement, on pouvait même s'amuser à les faire croasser. Art dont il était passé maître. Il avait prévu d'en mettre plein la bibliothèque pour surprendre les étudiants distraits... Mais ce n'était sans doute pas le moment de lui faire part de ses incroyables talents en matière de croassage. Il avait déjà beaucoup de mal avec l'idée de devoir être l'adulte de la pièce... Rien que ça suffisait à interroger les compétences de la CPE !

Il fût toutefois soulagé de voir que la jeune femme acceptait de lui répondre, même évasivement.

"En même temps, les passions ne sont pas faites pour être freinées non ? À moins que votre passion ne soit de tuer des écureuils pour en faire des boucles d'oreille. Là oui il vaut mieux se freiner... Sinon, si le dessin vous fait du bien, pourquoi se restreindre ? Vous travaillez toujours au stylo ou vous faîtes juste contre mauvaise fortune bon coeur et vous utilisez les moyens du bord ?"

Et une première grenouille de finie ! Elle était magnifique. Il avait eu un peu peur d'avoir perdu la main, cela faisait un moment qu'il ne s'était pas entraîné. Mais apparemment, il savait encore y faire. Il sourit et déposa la grenouille sur le devant du bureau, face à la jeune fille, qu'il laissa se replonger dans son dessin.

Pour la suivante, il commença d'abord par décorer un peu la feuille. Rien de bien sorcier. Il était loin de posséder les compétences d'Asuka en matière d'ombrage et tracé. Aussi se contenta-t-il de quelques arabesques, de formes géométriques, surtout des triangles, il aimait bien les triangles. En bonne partie parce que c'était la forme la plus facile à faire à main levée. Ses ronds ressemblaient à des patates, et ses carrés et rectangles manquaient cruellement d'angle droit, ce qui était dommage puisque c'était sensé être la base même de leur existence. Il se contenterait donc de triangles. Une fois qu'il y eut assez de triangles, il entreprit le pliage de la deuxième grenouille qu'il déposa à côté de la première une fois finie. Il avait hésité à ajouter des yeux et un sourire, mais il craignait que le résultat ne soit plus angoissant qu'autre chose...

La réponse a sa question le laissa quelque peu pantois. "comme un samedi en colle"...

Fair enough

C'était prévisible, il fallait bien le reconnaître, et il s'en rendait compte maintenant. Il se sentait un peu bête, presque coupable d'avoir posé la question. Ce n'était pas vraiment comme ça qu'il l'entendait. En même temps, il ne pouvait pas obliger l'autre à bouger. Il se renfonça un peu dans sa chaise et lui sourit. La deuxième moitié de la réponse faisait plaisir. Il se rendit compte que l'étudiante ne savait pas quel était son statut, ce qui était logique puisqu'il était encore tout nouveau ici. L'autre jour, le concierge lui avait même demandé ce qu'il "foutait là", alors même qu'il cherchait laquelle des clés de son trousseau ouvrait son bureau. Entre son look et sa façon de parler, les gens se méfiaient toujours ! Il faut dire que si son japonais était excellent et qu'il n'avait presque aucun accent, il ne s'était jamais vraiment fait au système de politesse de cette langue, autrement plus complexe que son anglais natif. Si bien que par précaution, il avait toujours eu tendance à adopter un cran de politesse plus élevé que ce qui était attendu. Si bien qu'ajouté au chapeau une politesse trop polie (si tant est que ça existe), le concierge avait dû le prendre pour un tueur en série, et il avait fallu appeler la direction... Depuis, au cas où, Jilian se baladait avec son contrat de travail caché dans la doublure de son chapeau. On est jamais trop prudent !

Il croisa les bras et leva les yeux au plafond.

"Comme un samedi après-midi en colle ça me paraît un très bon résumé de l'état d'esprit général... C'était une question stupide, pardon. Ceci dit, le sentiment est partagé, si cela peut vous réconforter un peu en quelque façon."

Il se ravança sur sa table et décida de se présenter en bonne et due forme.

"Ceci dit, je ne suis ni professeur ni surveillant, enfin normalement... Je m'appelle Jilian Doe, je suis le nouveau bibliothécaire, pour vous servir. *petite révérence de chapeau haut de forme* Apparemment c'est pour ça que vous vous retrouvez avec moi comme surveillant, parce que je suis le petit nouveau. Drôle d'accueil n'est-ce pas ? Je ne vais pas prétendre que ça m'agace autant que vous, votre situation est sans aucun doute moins enviable, mais disons que je compatis au moins..."
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Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises [Libre] EmptyDim 17 Juin - 18:21


Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises

Avec Saya Nakajima

Il ne fallait pas se mentir, j’avais ressentis comme une libération quand le professeur avait parlé de ma passion comme de quelque chose à ne pas museler. A ne pas freiner. Rares étaient ceux qui pensaient de la même façon et ma mère n’en faisaient pas partie, même si elle adorait mes oeuvres, quelles qu’elles soient. D’ailleurs, elle avait été ravie que j’entre dans le domaine que j’avais choisi malgré son inquiétude, mais n’avait pas manqué de me faire pas mal de recommandations sur le travail à l’école, les efforts à fournir et le repos qui était tout de même important.
Pour ne pas paraître malpolie, j’avais répondu honnêtement à mon interlocuteur concernant mes outils de travail, précisant que ceux que j’utilisais pour le dessins devaient être dans la salle de club, même si j’en avais gardés quelques uns dans ma chambre. Je ne lui fis cependant pas part de la difficulté que j’avais à utiliser des crayons spécialisés pour l’écriture. Cela ne valait pas la peine, puisque, sans aucun doute, il allait me faire part que ça ne se voyait pas, que mes dessins étaient magnifiques et autres. En soi, ce que beaucoup avaient l’habitude de me dire. Des impressions plus que des critiques basées sur le détail. C’était toujours intéressant d’avoir des avis d’amateurs comme moi ou de professionnels, même si ces derniers semblaient être beaucoup trop à cheval sur la manière dont on utilisait un pinceau…

Entre temps, je me rendis compte que les avions n’étaient plus que de l’histoire ancienne puisqu’il entreprit le pliage de grenouilles. Des origamis que j’avais toujours trouvé compliqué à faire mais que j’adorais faire sauter. Enfin, il existait sans doute bien plus compliqué, mais je ne m’y étais jamais réellement intéressé non plus, préférant largement user les feuilles d’une toute autre manière.

Ma réponse concernant mon état moral faite, et ne trouvant pas de réponses adéquates à mes questions, je jaugeai mon dessin horrible de la CPE. Finalement, je posai mon crayon pour chiffonner la feuille distraitement et la lançai vers la corbeille. La boule froissée alla taper contre le rebord avant de tomber négligemment sur le sol. Pensant que je la jetterais plus tard, je pris une autre feuille du paquet que j’avais amené et me mis à faire de jolies arabesques. Celles-ci vinrent noircir toute la feuille, montrant qu’elles pouvaient continuer à l’infini. Mais avant que je n’arrive à la moitié de ma feuille, l’homme répéta mes mots en prétendant qu’il s’agissait d’un bon résumé. Il déclara par la suite que lui aussi pensait à peu près la même chose avant de se redresser et ôter son chapeau dans une révérence que je trouvai étrange. Ceci dit, la présentation qui suivit me détendit quelque peu puisque je compris un peu mieux la situation : que faisait donc un bibliothécaire dans une salle de colle ? Le fait qu’il pense que c’était parce qu’il était nouveau me fit sourire alors que je me mis à commenter en reprenant mon dessin :

- Bizarrement, ça ne m’étonne pas vraiment… Plus maintenant en tous cas. Mais je suis désolée pour vous, puisque sans moi vous seriez bien tranquille chez vous.

D’un autre côté, cette situation ne me déplaisait plus autant qu’avant. Enfin, il était vrai que j’aurais été mieux dans la salle d’arts pour peindre ou continuer mon manga, mais cela aurait pu être pire. Me retrouver avec un surveillant strict ne me laissant pas d’autres choix que de faire ma punition, sans parler, sans dessiner… L’enfer ! Alors, me détendant encore un peu plus, je repris en perdant le fin sourire qui avait quelque peu illuminé mon visage au fil de mes pensées :

- En fait, il semblerait que cette école soit friande d’injustices. A moins que ce soit la CPE qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez, ou qui est sadique. Au choix. Personnellement, je la verrais bien sadique.

Bon sang. Pourquoi avais-je jeté mon dessin d’elle ? En fait, j’aurais pu me montrer aussi sadique qu’elle en allant le placarder sur la porte pendant la nuit ! Enfin, il n’était peut-être pas trop tard. Et que risquais-je de plus ? D’autres heures de colle ? Un renvoi ? Si elle était raciste comme je le soupçonnais, je n’allais malheureusement pas faire long feu dans cette école. Dommage… C’était pourtant une très bonne école avec des opportunités pour moi. Et des amis en plus. Je pensais notamment à Saya-chan, ma colocataire. D’un autre côté, peut-être pourrais-je négocier avec ma mère une école à Tokyo pour être plus proche du lieu de publication de mon manga. Je ne savais pas trop.
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Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises [Libre] EmptyDim 17 Juin - 20:20
Le sujet de ses dessins ne semblait pas être un sujet sur lequel elle souhait épiloguer. C'était surprenant, un peu. Et en même temps pas tant que ça. Il est vrai que de toute façon, il était loin de représenter le meilleur interlocuteur en la matière. Il aimait écouter les gens passionnés dans des domaines aussi divers qu'inconnus, comme il pouvait le faire dans le cercle de lecture qu'il avait longtemps animé dans sa petite bibliothèque de quartier à Tokyo. Il se rappelait qu'il avait fallu un moment avant que les gens passionnés n'assument le fait d'être passionnés par ceci ou cela et de mener la discussion pour le simple plaisir de partager. Il avait fallu du temps, de la patience, que les gens apprennent à se connaître, à connaître le lieu, et à le connaître lui, l'animateur. Elle lui manquait un peu cette petite bibliothèque au milieu de la grande ville. À chaque fois qu'il y repensait, il avait cette boule dans la gorge, se demandant s'il avait fait le bon choix. L'idée de devoir tout recommencer le déprimait un peu. L'angoissait aussi, il fallait bien l'avouer. La possibilité de l'échec était quand même assez grande...

Il décida donc de ne pas l'interroger plus avant sur le sujet de son dessin. Ou pas comme ça. Il valait sans doute mieux lui laisser un havre de paix. Après tout, il avait beau être "cool et sympa", il gardait le statut de surveillant, et elle d'élève punie dans le cadre d'une colle. Ils n'étaient pas égaux et il ne devait pas faire l'erreur de l'oublier. Lui laisser une échappatoire était donc essentiel.

La troisième grenouille serait décorée des paroles d'une chanson de Police. Quand il était enfant, son père lui chantait tout le temps ça. Sans être particulièrement fan du groupe, cela restait une petite madeleine de Proust auditive. Et les madeleines étant des choses délicieuses, il n'allait certainement pas s'en priver ! Et puis, c'était toujours un plaisir d'utiliser à nouveau l'alphabet latin. Le système d'écriture japonais était magnifique, mais à nouveau, les lettres latines lui rappelait son pays natal, comme un petit lien mince qui le reliait encore aux Etats-Unis.

Il entamait le pliage de cette grenouille chanteuse quand la jeune femme lui dit qu'il était là par sa faute. La déclaration le stoppa net. Ce n'était vraiment pas une chose à laquelle il avait pensé. Et certainement pas comme ça. Est-ce que c'était à ça que les colles servaient ? À ce que les gens se croient coupable de la peste du chômage ou de la sortie de Taxi 5 ? Le discours officiel voulait que ce temps permette aux élèves de réfléchir à ce qu'ils avaient fait, sauf qu'à la longue ils se retrouvaient à penser à des choses qui n'avait rien à voir. Ce qui était complètement improductif. Et injuste. Et ça l'énervait. C'est donc le plus sérieusement du monde qu'il reprit la parole. Il était hors de question qu'il laisse quelqu'un s'accuser de quelque chose dont il n'était pas responsable, pas sous sa garde.

"De votre faute ? Je crois que c'est un peu plus compliqué ça... Je suis ici parce que ma direction a décidé qu'il fallait quelqu'un et que ce quelqu'un n'allait pas être un simple surveillant dont c'est pourtant l'une des missions premières. Je suis ici parce que quelqu'un a décidé de rajouter cette mission, m'empêchant donc de travailler sur mes propres missions. Le fait que vous soyez dans cette pièce en même temps que moi est un hasard temporel, vous ou un autre, ça n'aurait pas changé grand chose pour moi. Il n'y a pas de cause à effet... Je ne sais pas ce que vous avez fait pour mériter de vous retrouver ici, je ne sais même pas si quoi que ce soit mérite de se retrouver à moisir dans une pièce pendant des heures, mais quoi que vous ayez fait, si toute action a ses conséquences, le fait que je sois ici n'est pas une conséquence d'une quelconque erreur de votre part. Notre présence simultanée en ces lieux n'est qu'un hasard de calendrier décidé par l'administration."

Et quand il y pensait. Ça l'agaçait vraiment. Il aurait préféré qu'on le laisse faire son travail plutôt que de lui rajouter des missions ineptes. Il regarda vaguement sa troisième grenouille, la posa à côté des deux premières et réfléchit à ce qui ornerait la quatrième... Peut-être une liste de courses. Il fallait faire ça aussi... Après tout le temps continuait de défiler...

La remarque suivante l'interpella encore plus. Certes, l'adolescente était défiante vis à vis de l'autorité, après tout, c'était à ça que ça servait d'avoir cet âge. C'était important d'apprendre à le faire là pour pouvoir supporter la vie d'adulte. Sinon après vous pouviez vous retrouver à surveiller une heure de colle alors que vous êtes bibliothécaire, et ça, c'est vraiment très con. Sans doute qu'il ne devrait pas la pousser par là. Mais elle semblait vouloir s'ouvrir sur ce sujet beaucoup plus que sur celui de ses dessins, alors peut-être que cela valait la peine. Peut-être que l'éléphant dans la pièce se cachait par là...

"Vous avez été témoin de beaucoup d'injustices ici ? Pas que je ne vous crois pas hein, j'arrive juste, ça peut être important de savoir ce genre de choses je pense. Quant au sadisme de la CPE... c'est toujours une question qu'il est bien de se poser face aux gens qui possèdent le moindre petit pouvoir de toute façon !"


Il était sans doute un peu trop sérieux d'un coup... il était sans doute un peu triste dans le fond. Où qu'on aille, il y aurait toujours des gens pour en coincer d'autres, et c'était fatigant de toujours devoir rattraper les fractures des systèmes.
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Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises

Avec Saya Nakajima

Malgré ce que je pensais, par rapport à sa présence ici, l’adulte me montra une toute autre façon de voir la chose. Ce que j’écoutai en continuant mon dessin tant je n’osai pas regarder son expression, bien que je fus quelque peu curieuse tout de même. Apparemment, pour lui, ce que j’avais bien pu faire n’avait absolument rien à voir avec le fait qu’on l’ait choisi pour surveiller trois interminables heures de colle. De ce qu’il prétendait, la direction avait juste décidé qu’il était apte à faire cette tâche qui ne faisait clairement pas partie de ses missions premières. En même temps, qui avait déjà vu un bibliothécaire jouer au surveillant ? Cela me fit d’ailleurs penser à cette jeune femme que j’avais rencontré peu avant la rentrée et qui m’avait aidée à trouver mes livres de cours avant de m’enregistrer dans les registres pour que je puisse emprunter des livres. Elle était alors malentendante et j’avais pu la recroiser une fois ou deux avant son départ. Je l’avais trouvée très sympathique, mais nos rencontres s’étaient cantonnées à la bibliothèque et, sans que nous nous arrêtions pour discuter, au réfectoire. Mais pas plus. Qu’est-ce qui avait bien pu se passer dans la tête de l’investigateur de tout cela ?

Même si je n’étais pas directement la cause de sa présence là, je ne parvenais pas à penser autrement. Après tout, si je n’avais pas dit ce que je pensais à la CPE, et surtout pas de cette façon, il n’y aurait eu personne ici. Tout simplement. Certes, cela aurait peut-être été partie remise, mais tout de même… D’ailleurs, fallait-il que j’aille parler du comportement de la CPE à la direction ? Au moins pour ce qui était dit pour ma couleur de peau ? Non… Je ne voulais pas prendre le risque qu’ils soient comme elle et que j’ai plus d’ennuis. Il me restait alors plus qu’à récupérer mon dessin.

*Je doute qu’elle soit conne au point de ne pas savoir de qui ça vient, mais bon…*

La remarque que je fis par la suite ne laissa pas mon interlocuteur de marbre. Bien que je ne vis pas son expression puisque je préférais dessiner en discutant, le ton qu’il prit ne laissait aucun doute sur son sérieux. Il me demandait alors si j’étais victime de beaucoup d’injustices dans cette académie avant de parler de la CPE d’une façon que je ne compris tout simplement pas. Je décidai donc de ne pas relever, préférant relever la tête et le regarder dans les yeux pour répondre à sa questions :

- Ici, je n’ai pas eu de gros soucis avec les élèves. Plus avec un prof’ de sport et la CPE. Mmmh… En gros, au lieu de me protéger, moi et ma camarade de classe contre le professeur qui eng-... grondait ma camarade qui m’accompagnait pour courir sur dix tours de terrain, elle nous a punit. On devait faire un exposé sur le respect à présenter devant toute la classe. Et, il y a quelques jours, la même CPE m’a fait part que je devais travailler mieux, normal, mais elle a aussi fait un commentaire désobligeant sur mon apparence. Je ne l’ai pas supporté et l’ai envoyée chier.

A quoi bon lésiner sur les mots ou être plus précise ? Certes, j’avais fait un peu plus que l’envoyer chier puisque je lui avais dit ses quatre vérités, mais au fond cela revenait au même. Il ne fallait tout de même pas oublier que j’avais :
*tapé sur son bureau
*crié
*sortie une fois mon discour terminé sans répondre à ses appels.
Trois bonnes raisons de me retrouver en colle en fait… si je n’avais pas été victime de discrimination. A mes yeux, je n’étais pas totalement coupable, même si j’avais une petite part de responsabilité.

Une fois que j’eus donné ma version des faits, je me remis à mon dessin. Les arabesques, après tout, étaient pour faire une de ses jolies grenouilles. Cela serait sans doute bien plus joli que des rond pas rond, des parallélépipèdes pas droits et des triangles. C’était même dommage de voir des paroles de chanson toutes pliées en fait. Faire un dessin spécialement pour l’occasion me paraissait plus efficient. Au moins je dessinais pour quelque chose également.
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Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises [Libre] EmptyMar 19 Juin - 21:56
C'était amusant cette façon de se parler en évitant de se regarder. Il avait toujours trouvé qu'on se parlait mieux quand on était pas en face à face. On se dit les choses vraies quand on marche aux côtés de quelqu'un, en voiture, en regardant un film, ou allongés côte à côte. Ici, ils étaient contraints à un face à face digne d'un huis clos de théâtre. Si bien que ne pas se regarder, chacun prenant ses occupations de papier comme la diversion la plus efficace du monde. De l'extérieur, ça semblait sans doute un brin artificiel, mais il avait l'impression que cela permettait de reproduire les conditions d'une conversation sincère. Dans le fond, c'était les circonstances qui étaient superficielles... Et depuis de toute façon, il n'appréciait jamais qu'on le fixe dans les yeux trop longtemps. Ses cicatrices commençaient à le démanger et il ne savait jamais très bien comment positionner son oeil valide pour répondre au regard de l'autre. Beaucoup trop de questions là encore...

Il en était à sa cinquième grenouille et la conversation devenait de plus en plus sérieuse. Il aurait bien aimé pouvoir dessiner un éléphant sur sa prochaine grenouille, mais il en était très largement incapable. Ce qui était quand même dommage, avouez qu'un éléphant sur une grenouille, c'était cocasse, voire croasse.

Tu fatigues vraiment, la qualité des jeux de mots baisse !

D'autant que ce n'était pas vraiment le moment de faire des jeux de mots. Ni des grenouilles en papier non plus d'ailleurs. Mais il avait le sentiment que seules ses grenouilles et les dessins d'Asuka permettait pour le moment de maintenir un équilibre fragile. Ceci dit, il y avait des choses qu'il avait du mal à comprendre. Au point qu'il ne pût retenir une expression de surprise.

"Votre apparence ?? Qu'est-ce qu'elle a votre apparence ? Vous n'êtes quand même pas responsable du fait que les uniformes du lycée soient moches, après tout c'est le principe des uniformes... Et puis qu'est-ce que votre apparence peut avoir à faire avec votre travail ? Ce sont deux choses différentes..."


Etait-ce la spécialité de l'école de faire des associations ridicules ? Il ne voyait pas le rapport. Ou alors si. Mais il n'était pas sûr. Soit vraiment on était à cheval et tatillon au possible sur le nombre de pli des uniformes, mais dans ce cas ça n'avait pas beaucoup de sens, surtout quand on regardait comment il était habillé lui-même. Même si les plis de ses vêtements étaient impeccablement travaillés pour ne pas avoir l'air travaillés, on ne pouvait pas dire qu'il collait aux codes usuels. Il en avait conscience, ça ne faisait d'ailleurs pas un pli.

... sérieusement ? faut arrêter les blagues à ce stade !

Maintenant qu'il y pensait, l'autre option était peut-être la couleur de peau de la jeune fille. Blanc comme un mur d'hôpital, il lui était arrivé à l'occasion d'avoir quelques problèmes sur ce sujet. Les peaux noires étant en général encore moins bien acceptées, la supposition n'était pas dénuée de sens. Le plus triste, c'est que ce ne serait même pas si surprenant que ça... Il arrivait que plus on montait dans les milieux huppés, plus on pouvait tomber sur des gens à l'esprit à peu près aussi ouvert que leur porte-monnaie. Si tel était le cas, la situation devenait compliqué, surtout avec quelqu'un en position de pouvoir comme ça. Plus il y pensait, plus il se disait que le problème était sans doute là, Asuka elle-même avait fait le parallèle en disant qu'elle n'avait pas eu trop d'ennuis avec les élèves. Et ça, ça risquait d'être une sacrée impasse !

"Après, effectivement, il faudrait que vous appreniez à transmettre vos messages de façon plus... politiquement correct je dirais. Parfois, je pense que la vie d'adulte c'est apprendre à enrober des boules de cyanure sous des couches et des couches de sucre brillant pour que ça passe. Sinon ça se retourne contre vous. De ce que j'entends, vous aviez vos raisons d'agir ainsi, et votre colère était légitime. Mais vous vous seriez tiré une balle dans le pied que ça serait revenu au même. À part que vous seriez en garde à vue plutôt qu'en colle parce que le port d'arme est interdit... Je crois que c'est une question de survie, des fois, d'apprendre à dire les choses, voire à ne pas les dire, pour plus tard avoir de meilleures chances de régler le problème. Pardon, je ne sais pas si je suis très clair... je veux dire, vos raisons d'être colères sont légitimes, de ce que j'en comprends, mais la façon de l'exprimer vous a desservi. Avez une autre stratégie, vous auriez plus facilement pu vous faire entendre, si pas par la CPE, vous auriez pu plus facilement convaincre une autre autorité de l'injustice de la situation. Là, vous avez mal agi, vous en avez d'ailleurs conscience, et la CPE le sait et elle peut éventuellement s'en servir pour décrédibiliser les éventuelles plaintes que vous auriez. Ça vous ferme une porte, ce qui est encore plus injuste... Et stupide, si on ne peut même plus accepter que des adolescents s'énervent trop fort, plus fort qu'ils ne le voudraient eux-mêmes, je ne vois pas comment on peut remplir une mission comme celle-ci correctement..."

Il n'avait définitivement pas l'habitude de parler aussi longtemps d'affilé...
Six grenouilles.
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Avec Saya Nakajima

Lorsque le bibliothécaire ne sembla pas comprendre en quoi mon apparence semblait déranger, je ne fis rien pour corriger son erreur. Je ne voulais pas le couper dans son élan. Et si, lui, ma couleur de peau, ma coloration et mes lentilles dorée ne le dérangeait pas, alors je préférais le laisser croire que ce n’était qu’une question de goût. Au moins pour quelques instants. Certes, cela me faisait prendre pour une idiote, mais c’était déjà mille fois mieux qu’entendre des propos plus que blessants comme le fait que j’étais un monstre, que je devais arrêter l’autobrozant ou même qu’il était temps que je rentre chez moi. Puis… j’étais de toute façon bien trop contente qu’on soit d’accord sur le fait que le travail et l’apparence étaient deux choses différentes.

Lorsqu’il eut terminé, je voulus presque me lever pour lui expliquer en tournant sur moi-même pour donner une note plus légère à la situation. Cependant, je n’en eus ni le loisir, ni le courage. Puis, je voulais terminer mon dessin avant qu’il en ait assez de faire ses grenouilles pourtant jolies quand on omettait que ce qui les ornait était… étrange. Il en profita donc pour enchaîner sur ma petite histoire, et plus exactement sur le fait que j’avais envoyé chier la CPE.

Il était clair que j’avais laissé ma colère exploser sans prendre en compte les conséquences. Ou pas totalement. Certainement est-ce la raison pour laquelle il me fit part qu’il était important que j’apprenne à cacher ma colère et de l’exprimer avec bien plus de tact. Etait-ce un exercice que je savais faire ?Oui, sans doute, mais clairement quand cela touchait les injustices. Je ne les supportais clairement pas, même si je voulais le contraire.
Le fait que mon interlocuteur ne fasse pas passer mes soucis comme étant injustifiés me fut comme un pansement sur mes plaies. Néanmoins, il me fit part de sa crainte que mes plaintes futures puissent être décrédibilisées à cause de mon comportement quelques jours plus tôt. Ce n’était pas vraiment pour me plaire, il fallait l’avouer, mais je n’y pouvais plus rien. Il fallait être honnête, j’avais fait une énorme boulette. C’était pire que frapper un gars dans le couloir parce qu’il emmerdait ma coloc’.

Alors que j’avais pratiquement terminé mes arabesques (c’était presque un miracle que je sois allé aussi vite d’ailleurs), j’arrêtai mon crayon pour me remettre à taper comme plus tôt. Comme il l’avait si bien dit, même lui ne savait pas comment mener une discussion avec la CPE dans mes conditions. Alors, qu’aurais-je dû faire ? Courber l’échine quitte à me faire frapper ? Moralement s’entend, bien entendu. En fait, même cela m’était insupportable. Je ne voulais plus me faire marcher sur les pieds. Je ne voulais plus que mon passé se répète. Alors, levant les yeux vers mon interlocuteur, je lui demandai avec une colère que je tentais de freiner :

- Alors que devrais-je faire si même vous vous ne savez pas comment j’aurais dû m’y prendre ? Déménager aux Etats-Unis, chercher mon père en étudiant et basta ? Et une fois que je l’aurais trouvé lui donner une bonne droite pleine d’amour pour avoir abandonné ma mère enceinte alors qu’elle l’aurait suivi jusqu’au bout du monde ?

Ne voulant pas montrer les larmes qui menaçaient de franchir la barrière de mes yeux, mais également parce j’étais encore plus en colère, celle dirigée contre moi-même s’ajoutant aux autres. Non mais pourquoi lui avais-je raconté ça ? C’était n’importe quoi ! Mon but premier, de toute façon, n’était pas de le retrouver. Non. Le plus important était de m’occuper de ma mère. Rien d’autre.
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Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises [Libre] EmptySam 23 Juin - 15:40

Il aura fallu quelques sept grenouilles en papier et presque une heure pour qu'on en vienne au fait. Il avait eu peur de passer pour un donneur de leçon. Ce qui l'aurait bien embêté parce qu'il n'avait pas vraiment de leçon à lui donner. À part que le colère brute ne servait en général par à grand chose, à part à s'attirer des ennuis. Ce qui pour certains était un but tout aussi valable. Et après tout pourquoi pas, si c'était ce qu'on voulait, se jeter dans les ennuis, alors soit. C'était plus ennuyeux quand on avait simplement été emporté bien malgré ça par des sentiments que l'on ne maîtrisait qu'à moitié... surtout quand ce n'était pas la bonne moitié.

La jeune femme se trompait de cible. Ou plutôt, elle grossissait l'importance donnée à un élément, car celui qu'elle visait n'était pas accessible pour le moment. C'était une compensation. Ça ne changeait rien au fait que l'élément attaqué puisse être problématique à la base, mais du coup, ça ne résolvait rien... Question de mesure.

Et on ne va même pas essayer d'expliquer ce qu'est la mesure à une adolescente... Non non non. Autant essayer de vider l'océan avec une cuillère !

Sauf qu'il n'y avait pas d'océan à porté de main. Et aucune cuillère n'était disponible dans aucune des poche et repli de sa tenue.

Il faudra que je pense à en rajouter à l'occasion ! Apparemment ça peut toujours servir !

La question c'était "et maintenant" ? Il n'avait pas de solution toute faite à lui offrir tout simplement parce qu'il n'avait jamais eu à vivre une telle situation. Il avait horreur d'offrir des lieux communs aux gens en souffrance et préférait toujours admettre quand il ne savait pas quelque chose, plutôt que de prononcer des phrases vides. Simplement parce qu'il était adulte ne signifiait pas qu'il avait toutes les réponses. C'était bien pour ça qu'on avait inventé les livres ! Tout savoir, ça serait ne plus avoir d'excuse pour lire des livres ! En voilà un monde terrible...

Il était bien embêté ceci dit. Il ne pouvait pas faire semblant de ne pas avoir vu ou entendu, et en même temps, il voyait bien, même avec un seul oeil, que ce n'était pas le mot de tourner le dos à la jeune femme. Il fouilla les poches de sa veste, et trouva ce qu'il cherchait dans un froufrou de vêtement. Il se leva, ramassa la boule de papier qu'Asuka avait lancé en ratant la poubelle, sans la déplier. Il revint alors vers la table à côté de celle d'Asuka, où il déposa simplement la feuille en boule, un paquet de mouchoirs, et un caramel mou.

Il retourna ensuite s’asseoir et continua de travailler sur sa huitième grenouille, alors que le bord du bureau était déjà presque rempli et prêt à sauter vers d'autre horizons (à première vue, par terre, pas très exotique...)

"Non c'est vrai, je ne sais pas comment vous auriez dû réagir. Tout simplement parce que je n'ai jamais eu à vivre ce que vous avez vécu, alors il serait vraiment prétentieux de ma part de vous offrir des "y avait qu'à". Il m'est arrivé de faire face au racisme depuis que je suis dans ce pays, mais sans doute pas dans la même mesure que vous. Quand j'avais votre âge, très peu faisait attention à mon existence. Et par la suite, les gens étaient beaucoup trop occupés à constater que je portais un chapeau pour réaliser que j'étais blanc. Donc je ne sais pas comment vous auriez dû réagir. En plus, ça ne servirait pas à grand chose de vous le dire maintenant non ? On ne peut pas changer le passé. Maintenant, si vous voulez discuter de comment vous pourriez éventuellement gérer de pareils événements dans le passé, c'est possible aussi. À vous de voir bien sûr. En attendant, je ne peux que vous conseiller le port du chapeau, c'est la seule solution dont je sois sûr de l'efficacité. Mais bon après... rien n'est jamais sûr à 100%."

Ils auraient été aux Etats-Unis, il aurait sans doute pu la mettre en relation avec des associations de défense des personnes de couleur. C'était, malheureusement, quelque chose d'assez développé là-bas. À défaut d'avoir des réponses à lui offrir, il aurait moins pu lui indiquer vers qui se tourner pour en trouver. Peut-être qu'il en existait aussi au Japon ? Il n'en avait aucune idée, mais ça valait peut-être le coup de se renseigner. Même si la population était moins diversifiée qu'aux Etats-Unis, Asuka ne relevait quand même pas de l'exception statistique...

Il allait maintenant falloir s'attaquer à l'éléphant dans la pièce. Et ça, c'était autrement plus compliqué puisqu'elle-même ne semblait pas complètement conscience de sa présence. Ou en tout cas pas forcément disposée à adresser cette présence.

"Quant au reste, je dirai que tout dépend de ce que vous estimez être le plus important pour vous. Est-ce important pour vous de retrouver votre père ? Est-ce important pour vous de lui faire payer ses actions ? Faire vos études aux Etats-Unis est-il quelque chose qui intéresse d'une quelconque façon ? C'est normal d'être en colère ou triste ou tout ça en même temps. Et c'est normal de se jeter dans les murs quand on est dans cet état parce qu'on s'est persuadé que c'était la faute du mur. C'est facile d'en vouloir aux murs, ils sont là, ils prennent trop de place et ils empêchent d'aller ou on veut. Mais si ce que vous voulez vraiment est de l'autre côté du mur, il faut prendre le temps de se demander comment faire pour l'atteindre, sinon vous allez juste vous faire très mal... Vous n'êtes pas obligée de me répondre, mais posez-vous la question, qu'est-ce qui est vraiment important pour vous. Après, il sera toujours temps de voir ce que vous êtes prête à faire pour l'atteindre, et enfin seulement, vous pourrez réfléchir à comment faire. Sinon, vous prenez le risque de vous heurter à tous les murs sur votre chemin..."

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Tandis que je lui faisais part du fait qu’à mes yeux il n’y avait peut-être pas de meilleure solution à mon problème, je vis le professeur se lever. Au début, je ne compris pas du tout ce qu’il avait l’intention de faire. Pire, je l’avais vu se diriger vers la poubelle à côté de laquelle gisait mon dessin en boule que j’avais jeté plus tôt. D’ailleurs, il revint avec sans l’ouvrir. Il le posa en boule, sur une table non loin de la mienne, avec un bonbon et un paquet de mouchoir. Ne comprenant pas du tout ce qu’il voulait faire, je les regardai quelques instants alors qu’il reprenait sa place devant moi. Que voulait-il faire passer comme message ? Ou alors c’était un cadeau ? Non, quand même pas. Peut-être avait-il vu ce que j’avais dessiné, auquel cas, il me disait de choisir un des trois éléments par rapport à mon humeur ?

*Ou je réfléchis trop…* pensais-je avant que mon attention soit reprise par le bibliothécaire qui répondait à mes questions.

Il me fit alors part qu’il ne savait pas non plus quelle aurait dû être ma réaction, ce qui me soulagea un peu. Un tout petit peu. Cela signifiait après tout qu’il n’était pas comme tous ces adultes qui pensaient tout savoir et donnaient des leçons qu’ils avaient sans doute entendu sans prendre en compte la personne en face, un peu comme des robots. L’histoire qui contait son vécu en fut une belle preuve puisqu’il n’avait pas eu à subir le racisme étant jeune alors que cela avait été mon cas. Puis, il fit part d’une phrase qui me plut, même si ce n’était pas tout à fait vrai à mes yeux : me dire ce que j’aurais dû faire ne servirait à rien puisqu’on ne pouvait pas changer le passé. Certes, le passé était immuable. Cependant, me conseiller sur la marche à suivre dans ce genre de cas m’aurait permit de les mettre (peut-être) en application lors d’une situation similaire. Une fois que je l’aurais accepté et potassé, bien entendu. Et là résidait toute la difficulté en réalité. Néanmoins, il me fit sourire lorsqu’il me conseilla le port du chapeau suite à sa proposition de discuter de tout cela. Ainsi, je lui tendis mes arabesques sur une note un peu plus positive :

- Je ne suis pas trop port de chapeau. Par contre, j’aime bien le vôtre. Autant que vos grenouilles, je dirais.

C’est vrai que cela lui allait bien. C’était original pour un prof’. Presque… amusant. Assez pour donner plus confiance qu’une personne tirée aux quatre épingles, comme si elle cherchait à imiter une poupée de cire dans un musée spécialisé. Ce genre d’oeuvre me mettant très mal à l’aise, il était de toute façon peu probable que je réagisse bien quelle que soit la situation. Je ne répondis donc pas à la proposition que je préférai potasser un moment.

Prenant une feuille vierge, je me remis à dessiner sans but. Mes traits se faisaient par conséquent bien plus fins et brouillons, ce qui me permettrait de repasser par la suite par-dessus une fois que je serais satisfaite. Ne pas appuyer me permettait de gommer dans laisser de trace, ce que tout le monde savait sans vraiment l’appliquer.

Pendant que je faisais cela, la voix du professeur continuait sur sa lancée, mais sur une autre atmosphère que la première. En fait, il répondait au reste de mes questions : retrouver mon père, partir aux Etats-Unis ou autres. Ainsi, il me posa une série de questions qui m’amenaient à réfléchir à ces solutions. Bien sûr, je n’étais pas fonceuse au point de ne pas réfléchir un peu avant de plier bagages et aller à l’étranger. De toute façon, j’avais une attache de taille. Ainsi, je ne pris réellement en compte sa conclusion. Il me disait qu’il fallait que je trouve un moyen d’atteindre mon but sans me casser les dents contre les “murs”, ou obstacles, qui me barreraient la route. Dans mon cas, la CPE. Cela me fit un peu sourire puisque je connaissais le moyen d’y arriver, mais comment contourner mon obstacle alors que mon problème de peau se trouvait totalement irrésolvable ? Je ne voulais pas lui poser la question ainsi, alors, je lui répondis à la question qui n’était pas obligée en recommençant à taper mon crayon sur ma feuille.

- Ce que je veux vraiment c’est donner une belle vie à ma mère. Pour ça, je veux devenir peintre et mangaka, et pas forcément dans cet ordre. Je sais que je peux réussir, surtout en faisant des études dans l’art en plus. Pour ça, il faut donc que je continue à étudier et, dans le meilleurs des cas, dans cette école. Mais bon, comment contenter une CPE qui veut que j’arrête l’autobronzant ou je ne sais quoi ? Parce que me teindre les cheveux et les lentilles, OK, c’est une folie de ma part pour dire que ça ne me dérange pas d’être différente. Mais je suis née basanée. Si même un adulte ne veut pas le comprendre et compte ruiner mes projets pour ça, je ne vois pas vraiment ce que j’ai comme alternative. Faire profil bas ? Je crois que c’est un peu trop tard maintenant…


Je pouvais toujours éviter de céder à ma pulsion d’accrocher le dessin sur la porte interdite, mais est-ce que cela changerait quoi que ce soit ? Ce n’était pas plus sûr.
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Jilian Doe
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Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises [Libre] EmptyDim 24 Juin - 22:09
Il avait quand même l'impression de marcher sur un fil. C'était compliqué. Ici ils n'avaient accès à rien, si bien qu'il ne pouvait pas faire la moindre recherche qui lui aurait permis de lui donner des informations plus concrètes, plus aidantes. Cette salle le rendait dingue. Il voulait s'en aller. Bouger de là. Et il commençait à sérieusement se poser la question : s'ils s'en allaient maintenant, qui s'en rendraient compte ? Peut-être qu'il y avait moyen de couper la poire en deux. Ils pouvaient proposer de s'en aller de là pour aller faire quelque chose de plus utile. Aller à la bibliothèque faire des recherches, dans les livres ou sur internet, trouver des associations soutenant les personnes victimes de racisme, ou des exemples qui pourraient inspirer la jeune femme et lui montrer une autre voie qu'un destin sombre. Ou tout simplement l'accompagner dans la salle d'art pour y faire du rangement ou du ménage. Ou encore prendre le temps de se renseigner, voir s'il y avait des associations d'art pour les enfants cherchant des intervenants. Peut-être que cela lui ferait du bien de se rendre utile dans son domaine, que ce serait un bon moyen de l'inclure et de compenser ses excès de colère ?

Mais pour ça, il fallait qu'il soit sûr de pouvoir lui faire confiance. Avec son autorité de crevette trop cuite, il ne serait certainement pas capable de la rappeler à l'ordre. Il fallait qu'il soit sûr que si elle s'engageait, elle irait au bout. C'est uniquement comme ça qu'il pourrait faire avaler à la direction qu'il avait décidé d'abandonner les heures de colle... Sinon ça risquait de lui retomber dessus plus vite qu'il n'était arrivé.

Asuka interrompit sa réflexion en lui tendant une feuille élégamment couverte d'arabesques, exactement comme celles qu'il aurait voulu pouvoir dessiner un peu plus tôt (ou bien une éternité plus tôt, c'était à peu près pareil dans cet endroit, à croire qu'ils étaient tombé dans un trou noir). Son visage s'illumina aussitôt. La simple vue de ses arabesques avaient comme éclairci la journée. C'est fou comme parfois, un rien devient le plus beau des cadeaux. Il en oublia complètement le compliment sur son chapeau.

"Oh merci beaucoup ! Elles sont vraiment magnifiques ! Merci beaucoup. Ça devrait faire une grenouille absolument superbe en effet. La reine des grenouilles. "

Il avait presque peur de se lancer et d'abîmer le papier au passage. Ça aurait été un gâchis tel ! La jeune femme n'avait pas fait un geste vers le bureau avoisinant, si bien que Jilian pensait s'être trompé de tactique sur ce coup-là. Peut-être que c'était pour ça qu'il était d'autant plus ravi par ce présent. Même s'il n'avait pas bon sur toute la ligne, il y avait au moins quelques petites choses ici et là qui semblaient atteindre la jeune femme sans la brusquer. Tout cela était bon à prendre.

C'était rassurant aussi de voir à quel point elle semblait bien plus réfléchie qu'elle n'y paraissait. Elle était impulsive certes, mais derrière tout cela, il y avait une réflexion profonde, et des projets, des projets sérieux, pas des projets en l'air. Des projets qui avaient une logique et un plan. Seulement par moment, elle faisait un pas de côté, elle déraillait plus qu'elle ne fonçait dans les murs. Il prit le temps de l'écouter, et tout en s'appliquant sur sa grenouille comme il ne l'avait jamais fait, il réfléchit un temps avant de répondre. Elle semblait en avoir beaucoup plus sur les épaules qu'il n'y paraissait. Déjà, l'histoire entre ses parents n'augurait rien de bon. La façon dont elle parlait de sa mère l'inquiétait aussi un peu. Qui s'occupait de qui finalement ? Et les propos qu'elle rapportait de la CPE étaient plus que scandaleux si cela s'avérait vrai.

"Des gens peuvent témoigner de ces propos ? C'est extrêmement violent et ça n'a pas lieu d'être. S'il n'y a pas de témoin, ce sera votre parole contre la sienne et cela peut être extrêmement éreintant... Je ne sais pas encore comment la CPE est vue par ses collègues... Vous vous êtes renseignée pour savoir s'il y avait des associations de soutien contre le racisme ? Cela pourrait aider. Je sais qu'aux Etats-Unis, ces associations peuvent proposer leur soutien, ou au moins vous expliquer comment proposer."

Ça valait peut-être le coup de lui proposer les stratégies auxquelles il réfléchissait en silence. Après tout, libre à elle par la suite de tenter le coup ou pas. Ou d'avoir ses propres idées à partir de là.

"J'ai peut-être une suggestion à vous faire pour compenser ce coup d'éclat. Mais je vous préviens, je n'ai aucune idée de la viabilité de la chose, j'y réfléchis simplement depuis tout à l'heure. Autant dire que ce que je vais vous proposer... c'est comme réfléchir à haute voix disons. À vous de voir ensuite si l'idée vous paraît viable ou pas. Vous voulez que je tente de formuler ça tout haut ?"
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Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises [Libre] EmptyLun 25 Juin - 19:56


Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises

Avec Saya Nakajima

Il ne fallait pas que je me laisse trop déconcentrer par le côté sympathique du bibliothécaire. Certes, le fait que les arabesques lui aient plu et qu’il ait tout de suite compris la raison pour laquelle je les avais faites m’avait fait vraiment plaisir. Mais étais-ce une raison pour oublier dans quel contexte nous étions ? J’en avais follement envie pour être franche. Mais en avais-je le droit ? C’était une toute autre histoire malheureusement. Je ne pus néanmoins m’empêcher de sourire devant la réaction qu’il eut et son application dans le pliage. Bien plus que pour les autres d’ailleurs, comme s’il avait peur de faire une bêtise. Pourtant, il m’avait donné l’impression plus tôt de le faire les yeux fermé…

*Il doit avoir peur pour le dessin que j’ai fait spécialement pour ça… certainement.* compris-je sans parvenir à en être totalement sûre.

Je me repris cependant, ne serait-ce parce que le reste de la conversation continua, nous replongeant dans une ambiance plus que sérieuse. Je trouvai cela à la fois normal et dommage sans parvenir à savoir ce qui était le mieux. Alors, je lui répondis avec sincérité, sérieux et une petite fraction de la passion qui animait mon projet que je comptais mener à bien par tous les moyens possibles. Ma mère le méritait amplement.

Attentive malgré mon dessin prenant de plus en plus forme, j’écoutai les questions et affirmations qui m’étaient posées. Il commença d’ailleurs par le problème central du jour : la CPE. Ainsi, il me demanda si quelqu’un était témoin des propos qu’elle avait dit contre moi. Sachant que j’avais mélangé passé et présent, c’était peu probable, même si ce qu’elle m’avait demandé n’était pas grandement différent non plus. Alors, je tendis l’oreille pour savoir la suite. L’idée d’avoir ma parole contre celle de cette femme sans doute aigrie par les traditions, entre autres, malgré son jeune âge apparent, ne me plut pas des masses. Mais bon, c’était un fait et non une alternative facultatif. Dommage… Puis, il me demanda si j’avais déjà fait des recherches d’associations contre le racisme.

*Ca existe ?* me demandai-je, réellement surprise, en m’arrêtant de dessiner.

Un peu trop sur cette pensée, je ne répondis pas tout de suite. C’était bon à savoir que cela existait. Il était vrai que je ne m’étais jamais posé la question si je pouvais être protégée et ma mère avait bien trop de préoccupations à l’époque pour avoir le temps de se renseigner pour moi. Il allait falloir que je regarde cela de plus près. C’était comme une promesse que je me fis. Un serment qui allait peut-être influer sur mon futur.

Profitant de mon silence, l’adulte me fit part qu’il souhaitait me faire une proposition. Il ne semblait pas être certain que cela fonctionnerait, préférant que je considère la chose comme une réflexion. Je souris donc, prête à m’allier à cet homme fort sympathique :

- Eh bien, je veux bien réfléchir avec vous sur cette idée. C’est toujours plus productif. D’ailleurs, peut-être que si je n’avais pas fait face seule aux problèmes que m’apportent ma couleur de peau, peut-être aurais-je su que des association luttant contre le racisme existent.

Je ne savais pas si je pouvais enchaîner sur le fait que personne ne savait pour les propos que me tenaient la CPE. J’avais l’impression que cela arrivait un peu tard. Sans compter que j’étais très curieuse de cette idée qu’il avait. Peut-être qu’elle n’aboutirait pas. Il était même possible qu’elle n’amène rien de plus. Ou, au contraire, qu’elle nous fasse avancer vers une solution plus viable qui me sortirait de pas mal de pétrins. D’ailleurs, en réfléchissant sur cela, une question me vint : à part un soutien que j’étais à peu près certaine d’avoir, qu’est-ce que les associations pouvaient m’apporter comme aide supplémentaire ? Pouvaient-elles me donner des astuces ou des méthodes pour que je ne sois pas perdue comme en ce moment ? Je voulais y croire sans vraiment y parvenir. Si seulement je savais me contrôler, je n’en serais pas là.

*C’est trop tard pour les regrets, ma vieille.* m’assénai-je avec violence pour ne pas me mettre à m’appitoyer sur mon pauvre sort.

Cela ne durerait sans doute pas. Trois heures tout au plus, et certainement que le “karma” allait jouer en ma faveur. Je n’y croyais pas trop, mais c’était toujours mieux de nourrir un léger espoir, même vain.
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Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises [Libre] EmptyMar 26 Juin - 16:26
La reine des grenouilles ! À la tête de son armée d'une dizaine de grenouilles. Elle était vraiment magnifique. Les arabesques d'Asuka était du plus bel effet, aucun doute là-dessus. Pas de comparaison possible. On pouvait sentir toute l'application qu'elle y avait mis. Si le papier pouvait parler, il raconterait une histoire bien différente de celle de la CPE, et sans doute différente de celle qu'Asuka se racontait à elle-même. Heureusement qu'il savait écouter le papier ! Sans doute que les gens ne s'imaginaient pas que durant les études pour devenir bibliothécaire on apprenait le langage du papier pour pouvoir mieux parler avec les livres. Et ils ont bien raison ! Bien sûr qu'on ne fait pas des choses pareilles, ce serait ridicule... vous imaginez les plaquettes pour écrire le cursus ? Sans doute que non, personne ne lit jamais ces plaquettes, ce qui permet à Jilian de raconter qu'on y apprend à parler la langue du papier. Le pire c'est que les gens y croyaient.

Sans doute un autre effet secondaire du chapeau.

Toujours est-il qu'il semblait avoir capté l'attention d'Asuka, soudainement très intéressée. Ce genre d'infrastructures étaient tellement communes aux Etats-Unis qu'il fût presque surpris qu'elle n'ait tout simplement pas envisagé leur existence. Après peut-être que c'était un faux espoir, peut-être qu'effectivement il n'y avait rien. Mais ça restait une piste qui valait la peine d'être creusée.

"Je ne sais pas du tout ce qui existe au Japon... Aux Etats-Unis la situation fait que c'est malheureusement monnaie courante si bien qu'il y a des associations de ce genre dans toutes les villes un peu grandes. Mais je pense que ça vaut le coup de se renseigner. Vous êtes loin d'être la seule personne de couleur dans ce pays, et par conséquent loin d'être la seule à rencontrer ce genre de difficultés. L'avantages, c'est que vous pourriez au moins discuter avec des personnes ayant vécu des situations similaires et qui seront donc en mesure de vous conseiller sur la façon de les gérer. Je pense que ce genre de choses pourrait beaucoup vous aider."

Cela lui permettrait d'apprendre à mieux répondre à ce genre de problème que par la colère et l'impulsivité. Ce genre d'événements relevait souvent d'une parole contre une autre, ce qui était toujours extrêmement compliqué à gérer, surtout quand on était pas du côté dominant. Et rencontrer des gens qui vivaient la même chose qu'elle serait aussi bénéfique. Cela contrebalancerait l'image de monstre que certains pouvaient tâcher de véhiculer sur son compte...

En attendant, il réalisa que faire une ligne de grenouilles n'était peut-être pas le mieux. Du moins, ce n'était pas le plus impressionnant pour une armée. Bien sûr, si on faisait une armée d'ours polaires par exemple, cela faisait son petit effet (enfin plutôt, son gros effet poilu), mais lui n'avait que quelques grenouilles. Il opta donc pour une nouvelle stratégie : une pyramide. Ses petites grenouilles étaient suffisamment solide et symétrique pour pouvoir supporter leur poids si correctement réparti. Cela lui permettait de se concentrer et d'ainsi joindre le geste à la parole en mesurant bien chaque phrase qu'il allait dire. Il fallait que cela reste une proposition et qu'Asuka comprenne ce qu'elle avait à y gagner, et comment elle pouvait l'adapter... et surtout qu'elle ne se sente pas obligée de quoi que ce soit. L'idée n'était pas de remplacer une punition par une autre.

"Je ne sais pas vous, mais je trouve ce genre de punition ridicule. Enfin si, j'imagine que pour le coup vous êtes d'accord. Mais plus précisément... même si vous avez commis une faute en manquant de respect à un membre de l'équipe pédagogique, je doute que passer trois heures les fesses collées sur une chaises vous empêche de recommencer. Si l'idée c'est d'empêcher que de tels événements, ici le manque de respect, se reproduisent ,il faut permettre à la personne de comprendre où était le problème et lui donner les moyens de modifier son comportement. Dans votre cas, il y a le problème du racisme et votre impulsivité. Pour le premier, je vous fais confiance pour aller rechercher les associations par vous-même, vous connaissez mieux cette ville que moi. Si toutefois vous avez besoin d'aide, vous me trouverez derrière une pile de livre ou une autre à la bibliothèque. Pour le deuxième point, je pense que vous faire participer d'une façon ou d'une autre à la communauté serait bien plus intéressant. On pourrait peut-être réfléchir ensemble à ce que vous pourriez faire. Des choses comme tenir des ateliers de dessin pour des enfants ou jeunes adolescents pourraient-ils vous aider ? Cela serait sans doute plus intéressant que d'attendre ici que le temps passe... Cela vous permettrait aussi de compenser ces petits écarts de conduite en montrant que vous êtes aussi capable de bonne volonté et que vous pouvez investir votre passion dans quelque chose de positif, et pas seulement pour "envoyer chier" vos responsables. Bien sûr ce n'est qu'une proposition, on peut en imaginer des variations. Ou vous pouvez choisir de serrer les dents pendant trois heures."


Et il pût déposer avec soin et un grand sourire la reine des grenouilles au sommet de la pyramide.
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Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises [Libre] EmptyMer 27 Juin - 18:43


Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises

Avec Saya Nakajima

Le fait qu’il ne puisse pas me donner plus d’informations concernant les associations ne me dérangeait pas vraiment. Rien que savoir qu’elles existaient m’était suffisant et je lui étais fort reconnaissante qu’il m’en ait parlé. Je savais, par déduction et pour avoir vu des personnes se faire maltraiter pour moins que ça, que je n’étais pas la seule personne victime de racisme ou de discrimination. Mais je m’étais toujours demandé ce qu’on pouvait faire contre ça. En parler au corps enseignant était une bonne chose, mais quand cela venait d’eux ? Parler de cela avec des personnes qui connaissait les mêmes soucis pouvait être extrêmement intéressant. Mais, pour cela, il fallait que je trouve une association. Ce n’était pas gagné, mais j’étais prête à le faire. Clairement, je ne voulais plus me retrouver dans une situation comme celle-là ! Certes, c’était en partie ma faute mais… qu’aurais-je dû faire ? Répondre que j’allais changer mon apparence ? Prendre le risque de ruiner ma santé en rendant ma peau blanche ? C’était hors de question ! J’aimais ce que j’étais. Ma mère m’aimait ainsi également. Alors pourquoi répondre positivement à des personnes qui n’acceptaient pas cela ?J’espérais avoir des réponses en faisant appel à ces associations.

Je ne fis pas vraiment attention à ce que faisait l’adulte tant je voulais me concentrer sur ce qu’il voulait me dire. Avais-je raison de faire cela ? Je n’étais pas bien placée pour le juger à vrai dire, mais c’était ce qu’il me semblait de mieux à faire. Même dessiner ne m’aiderait pas, je le savais pertinemment. Et cela paya puisqu’il me sembla pouvoir prendre en compte chacune des paroles du bibliothécaire cherchant vraisemblablement des idées pour me sortir de ce pétrin sans nom.

Je ne pouvais être que d’accord avec lui quand il me fit part qu’à ses yeux la punition que je subissais était ridicule. J'acquiesçais donc silencieusement de la tête en écoutant la suite. Bon, pour être honnête, je n’aimais pas trop me rappeler que j’avais “manqué de respect” alors qu’à la base il n’y en avait pas eu envers moi non plus. Je grimaçai donc en espérant que je n’allais pas rager sur la suite. En fait, il me fit part qu’il fallait qu’il serait mieux que je fasse une activité qui me fasse comprendre où était ma faute pour pouvoir changer mon comportement par la suite. Je sentais l’indignation monter alors que je me forçais au silence, baissant les yeux. Je fis même mine de dessiner sans réellement avancer alors que je tenais toujours à être attentive à ce qui allait suivre. Surtout que cela s’avéra plutôt intéressant.
A ses yeux, il y avait eut deux problèmes dans toute cette histoire : le racisme et mon impulsivité. Pour le premier, nous en avions parlé. Quant au second, il pensait qu’il serait bien que je fasse quelque chose pour la communauté tout en mettant à profit ma passion, mes talents. Il proposa au fait de tenir un atelier de dessin pour des plus jeunes que moi. L’idée me plut qu’à moitié. Je lui demandai donc une fois qu’il eut terminé :

- Je ne vois pas trop comment ce genre de manoeuvre peut m’aider dans mon “impulsivité”. Puis, même si j’applique quelque chose pour la société, ais-je été si irrespectueuse que ça ? Franchement, par rapport à ce qu’elle insinuait, dire des faits sur le coup de la colère est-ce mal ? La façon dont je l’ai envoyée chiée c’est seulement que j’ai refusé de rester plus longtemps dans son bureau parce qu’il n’y avait plus rien à dire et qu’écouter ses saloperies sur mon compte n’aurait rien arrangé. J’ai fui ! Voilà, c’est dit. J’ai fui une adulte qui m’insultait dans un discours raciste.

Je me tus un instant pour me calmer un peu. Ce sujet était pour moi très sensible pour avoir vécu ça pendant une grande partie de ma vie. J’en avais assez de subir les pensées totalement débiles d’un pays qui détestait les changements et différences. Je dus donc prendre une grande inspiration pour reprendre plus calmement alors que mon langage corporel montrait toujours mon énervement alors que je fronçais les sourcils et tapotais la table de mon crayon :

- Désolée, mais j’en ai marre de subir ça juste parce que ma peau est différente. Alors je n’ai rien contre le fait de passer mon temps à faire quelque chose de plus utile, mais j’aimerais savoir où est la justice dans tout ça alors qu’au départ je suis la victime ?

Je ne m’attendais pas à une réponse claire et précise. Mais si on pouvait me rassurer sur le fait que cela pouvait s’arranger, je me sentirais alors certainement un peu mieux. Après tout, depuis le début, voulant préserver ma mère des problèmes qui me tourmentaient parce qu’elle en avait déjà pas mal, j’avais dû gérer seule les moqueries et remarques désobligeantes dont j’étais victime depuis au moins la fin de la primaire.
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Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises [Libre] EmptyVen 29 Juin - 11:42
Bon. Il s'était lourdement trompé. Ou raté. Il ne savait pas très bien comment le formuler. Il fallait marcher sur un fil, et c'était quelque chose de compliqué à faire quand vous n'aviez qu'un œil. Vous aviez vite fait de marcher dans le vide alors que vous étiez persuadé de bien avoir mis le pied sur le fil. À force le corps est rompu à ce genre d'exercice, il apprend à se recaler correctement et promptement, mais ça n'empêche qu'on attendait toujours le moment où potentiellement on pouvait tomber. Ce qui l'embêtait d'autant plus ici, c'est que s'il avait l'habitude de ce genre de numéro d'équilibriste, il risquait ici d'entraîner quelqu'un d'autre dans sa chute. Quelqu'un à qui on n'avait jamais appris à tomber qui plus est.

Le problème de ce genre de situation, c'est que les gens avaient tellement souffert et allaient tellement mal qu'ils étaient à la recherche de solutions magiques, alors même que justement, la situation est tellement complexe qu'aucune solution magique n'existe, qu'il faut du temps, et de l'énergie, ce dont ces gens ne disposent plus tellement.

Il laissa passer un temps, ne faisant plus rien. Il ne voulait pas qu'Asuka ait l'impression qu'il prenait ce qu'elle venait de dire à la légère. Et de toute façon, il fallait qu'il réfléchisse calmement à ce qu'il allait dire. Le stylo tapant sur les feuilles ou le bureau avait aussi une légère tendance à lui taper sur les nerfs. La situation tout entière virait claustrophobique de son point de vue... Et ce devait sans doute être pire de celui de l'adolescente pour qui cette sensation de situation inextricable ne s'arrêtait certainement pas à ces quatre murs et aux trois heures qu'ils devaient tous les deux passer ici. Il se sentait fatigué.

Après quelques minutes de silence, il se leva enfin, laissant son chapeau sur son bureau. Il en fît le tour et vint s'accroupir au pied de celui d'Asuka. Il espérait que ce changement d'échelle pourrait lui faire comprendre, ne serait-ce que de façon inconsciente, qu'il ne voulait pas la prendre de haut. Littéralement. C'était un risque... Mais à ce stade il n'était pas sûr qu'il y avait d'autre moyen. À moins de trouver une étoile filante auprès de laquelle faire un vœu, et la salle de retenue en étant désespérément dépourvue. Il essaya de parler le plus lentement et doucement possible. Sa voix stable avait légèrement diminué en volume...

"Rien de tout ceci n'est normal. Rien de tout ceci n'aurait dû arriver. Votre différence n'est pas un crime. Ça c'est une certitude inéluctable. Le problème c'est que certaines personnes ne l'entendent pas de cette oreille, ni même de l'autre. Ce que vous devez comprendre c'est qu'il y a une différence entre les faits, et la façon dont ils sont perçus. Vous êtes victime d'une injustice. Ça c'est un fait. Mais il est perçu et présenté de telle sorte que vous devenez coupable d'irrespect tout simplement parce que les gens qui ont le pouvoir ont cette vision. Ça ne change rien au fait que c'est injuste. Ça en rajoute même une couche. Vous êtes intelligente et vous le savez sans doute déjà. Ce que j'essaie de vous faire comprendre c'est que vous avez peut-être moyen de jouer sur cette perception. Le problème de l'impulsivité, c'est que ça revient à se tirer une balle dans le pied parce que quelqu'un vous a marché dessus intentionnellement. Ça ne règle pas le problème et vous êtes la seule à avoir perdu quelque chose. D'où ma proposition. Changer la perception. Si d'autres vous voient agir intelligemment, ils seront plus prompts à vous écouter lorsque vous parlerez des mésagissements de la CPE. Maintenant, si vous préférez rejoindre un groupe d'activistes tagueurs pour faire entendre votre colère ou faire des vidéos de vulgarisation sur ce que vivent les personnes de couleur au Japon, ça peut aussi être des idées. Une façon intelligente d'utiliser votre colère afin de faire prendre conscience aux gens que ce qu'on dit sur vous n'est pas vrai, et peut-être même de pouvoir agir dessus. Vous êtes intelligente, faîtes des choses intelligentes, ne vous tirez pas une balle dans le pied... vous êtes la seule que ça pénalise et le nombre de pieds que vous pouvez sacrifier est assez limité. Il y a sans doute encore plein d'autres choses que vous pouvez faire pour décaler la perception et ne plus en être la simple victime. Vous pouvez agir. Encore une fois, je ne fais que suggérer des pistes. À vous de les explorer et de trouver celle qui vous convient vraiment. Je peux vous accompagner dans votre réflexion si vous le souhaiter, même si encore une fois, mes moyens sont limités... Ceci dit, j'ai peut-être une meilleure vue d'ensemble que vous... enfin même ça ce n'est pas sûr. Rien de toute ceci n'est normal, mais ça ne veut pas dire que vous ne pouvez rien faire et que vous êtes condamnée à subir."


Finalement, il s'assit en tailleurs... rester accroupis comme ça était une position fatigante, il pouvait sentir ses jambes trembler... Il s'appuya au dos du bureau et fixa ses mains, attendant de voir ce qu'Asuka allait choisir de faire.
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Avec Saya Nakajima

Un silence lourd s’étira suite à mes paroles. Tant et si bien que je commençai à m’en vouloir. Beaucoup. Voire plus. En même temps, je venais de laisser éclater ma colère contre une personne qui ne m’avait absolument rien fait. Pire ! Le bibliothécaire essayait même de m’aider depuis plus de deux heures. Que de gratitude dans mes paroles… Je n’aimais pas être comme ça, mais il fallait que cela sorte. Je me voyais mal peindre une situation représentant la violence de ce que je ressentais. Cela aurait été purement mettre les spectateurs mal à l’aise et je me le refusais. Tout simplement !

Alors que les tapotements sur le bureaux se faisaient plus espacés, je me rendais compte que l’adulte ne bougeait pas. Il ne s’était clairement pas fâché face à ce que j’avais dit. Il n’avait pas eu de mouvement négatif alors que la plupart des adultes l’auraient fait. Après tout, je n’étais qu’une enfant qui apprenait à survivre dans le monde impitoyable régit par ses aînés. C’était vraiment étrange. Tant et si bien que j’en venais à stresser alors qu’il n’y avait pas de raison à cela. Pas vraiment. En plus, je n’avais rien connu de réellement violent qui aurait pu me traumatiser. Même ces trois heures de colle ne me faisaient pas si mal que ça à bien y réfléchir, bien moins que l’injustice et le racisme.

*Il a toutes les raisons du monde de m’en vouloir en fait... *

Je pensais cela sans parvenir à me calmer réellement, bien trop inquiète de ce qui allait se passer. Puis, vint le moment où le temps sembla s’arrêter. Ce fut juste lorsque mon interlocuteur se leva de sa chaise pour venir doucement se poster devant moi. Sincèrement, le temps d’une seconde je sentis la panique me prendre violemment. Heureusement, je n’eus pas le temps de réagir à cause de la peur : le bibliothécaire s’était accroupie juste en face de moi. Il me regardait toujours et semblait se montrer beaucoup moins imposant qu’il ne l’était réellement. Sans son chapeau, il me parut plus sérieux que plus tôt, ce qui était étrange en vérité. Pas drôle. Pas ridicule non plus. Juste… étrange. Je le regardai donc un peu surprise quand il commença un long discour qui fut loin de me laisser indifférente.

Il commença par vraisemblablement vouloir me calmer en me donnant raison sur le fait que tout cela n’avait rien de normal. Je me tournai donc vers lui tout en restant assise sur ma chaise. Je savais que la suite n’allait peut-être pas me plaire, mais allait être sans aucun doute tout aussi important. J’en avais peur. Mais je savais qu’il fallait que j’écoute, que cela me plaise ou non. C’était très difficile. Tellement difficile… Surtout quand je compris enfin que même si mon impulsivité était mon plus gros problème, l’idée principale n’était pas là. Que je change ou non cette façon d’être, cela ne changerait à rien au fait que je me retrouve dans de mêmes situations. Cela rendait la chose encore plus dure à accepter. Je sentais alors mon coeur se serrer alors qu’une boule se formait au fond de ma gorge. Je n’aimais pas ça. Je détestais montrer mes faiblesses aux autres. Alors pleurer…

*Calmes-toi…. Calmes-toi… * tentais-je de me raisonner, n’entendant qu’à moitié ce qu’on me disait. Pourtant, c’était le plus important ! Montrer que son comportement pouvait être responsable au corps enseignant pour me donner de la crédibilité.

Si seulement j’étais plus forte à ce moment-là, alors certainement n’aurais-je pas été aussi désespérée devant l’adulte qui s’assit devant moi. Je ne voulais pas craquer. Je ne voulais pas me montrer faible. Pourtant, après plusieurs secondes d’un nouveau silence, quelques larmes perlèrent alors que ma tête était baissée. Un peu comme si je regardais mes mains sur mes genoux. Oui. Cette situation était injuste. Mais on ne pouvait clairement rien y faire. Et j’étais dans l’obligation de changer le regard qu’on portait sur moi pour pouvoir me protéger. Encore une injustice. Encore. Et ça ne changerait jamais ! C’était ça le pire à mes yeux ! Cela ne changerait absolument jamais ! Ce qui me donnait d’ailleurs encore plus envie de devenir mangaka et peintre pour ne plus jamais avoir à respecter une pseudo hiérarchie !

- Nous sommes tous humain. Nous avons tous un coeur. Alors pourquoi… ? Pourquoi certains se pensent en droit de bafouer les sentiments des autres ? Non… C’est une question débile. En vérité ils s’en fichent tout simplement. Et les victimes de tout ça ne peuvent même pas se défendre réellement sans se mettre en danger…

Voilà, la dure vérité que je ne parvenais pas à accepter. Elle était logique et totalement cruelle. Je savais que je devais me résoudre à cela sans quoi je ne pourrais jamais avancer. Mais après ? Cela me rendrait-il plus forte ? Plus à même d’encaisser les méchancetés ? Bien sûr que non !

Décidant de m’arrêter de m’appitoyer sur cela parce que j’aurais bien plus de temps pendant le reste de mon week-end, même si je ne voulais pas inquiéter Saya-chan, je séchai mes larmes de mon bras droit avant de regarder à nouveau le bibliothécaire. Sérieuse, je lui demandais sans parvenir à arrêter les légers trélolos dans ma voix :

- Pensez-vous que si je crée un atelier seule le corps éducatif va prendre mes efforts en compte ? Perso, ça me semble peu probable… Enfin… pas si ce n’est pas dans le cadre de l’école, je veux dire…

Je ne savais plus vraiment comment m’exprimer. Je ne voulais pas faire du mal, mais il me semblait que c’était ce que je faisais de mieux, pour mon plus grand malheur. J’avais l’impression de ne faire que des boulettes. Mon “impulsivité” en était la preuve, non ?

*Maman… Que devrais-je faire ? Ton chaton est perdu…* pensais-je tristement sans parvenir à de conclusion convaincante.
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Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises [Libre] EmptyDim 1 Juil - 19:50
Le monde semblait être entré dans la salle de force, et il prenait maintenant une place incroyable. Ce qui était plutôt perturbant. Après tout, la salle était grande, et ils n'étaient que deux. On aurait pu penser que le monde aurait eu la politesse de se choisir une chaise et une table un peu éloignées. Mais non. Il avait à la place choisi de s'étendre sur leur dos afin de mieux regarder par dessus leur épaule, histoire de voir ce qu'ils faisaient. Le monde allait être bien déçu, parce que pour le moment, tout le monde regardait ses mains. Pas vraiment le plus passionnant. Rien qui ne compromette qui que ce soit. Rien qui ne vaille la peine d'aller toquer chez la voisine pour lui raconter. Vraiment. Le monde aurait pu s'abstenir d'imposer ainsi sa présence.

Mais il allait bien falloir faire avec. Et c'était toujours ça le plus dur. Asuka ne pourrait peut-être jamais vraiment résoudre le problème puisqu'elle n'était en rien responsable. Jilian avait au moins eu le privilège de pouvoir trouver un moyen de s'échapper un peu du monde en question, il en avait fait une façon de vivre. Mais il savait pertinemment qu'une telle opportunité ne serait pas offerte à Asuka. Et ça le rendait triste. C'était tellement injuste. Plus les gens avaient besoin de fuir le monde, moins on leur en laissant la possibilité.

"Je dirais que c'est parce que ça les rassure. S'ils peuvent rejeter quelqu'un, cela veut dire que ce n'est pas eux qu'on rejette. Mais c'est une illusion. Tôt ou tard, ça sera leur tour... On ne devrait pas faire subir ça à qui que ce soit."

Il ne savait pas très bien comment réagir. Il voyait bien du coin de l'oeil, les épaules qui tremblotent, la tête baissée, la voix qui trémolote. Pas besoin d'avoir un diplôme en anatomie pour comprendre le phénomène. Il pouvait même comprendre qu'elle cherchait à le cacher. Il fît en sorte de ne pas la fixer, la laissant prendre son temps. Le temps c'était important. De toute façon, c'était tout ce qu'ils avaient ici. Ça et une armée de grenouilles fièrement dressée en pyramide qu'il pouvait observer d'en dessus. D'en dessous c'était surprenant, cela ne ressemblait presque plus à des grenouilles. Sans doute la différence avec de vraies grenouilles. Les vraies grenouilles, on pouvait dire que c'était des grenouilles de n'importe quel côté. Mais elles ne se mettaient pas en pyramide.

Il ne pouvait pas faire grand chose d'autres qu'Asuka. Il lui avait déjà laissé ton paquet de mouchoirs à portée de main. Il ne pouvait pas vraiment faire plus. Il hésita. Fallait-il le lui redonner ? Normalement elle devait savoir qu'il était là. Si elle ne le prenait pas, sans doute voulait-elle continuer à ne pas montrer qu'elle pleurait. Ça aussi il pouvait comprendre. Il allait attendre encore un peu, voir comment elle gérait ça. Il n'allait quand même pas la laisser se noyer dans sa propre morve !

"Moi je pense que oui. S'ils ne le font pas de bon coeur, ils le devront. Et s'ils ne le font quand même pas, je me charge d'aller leur tirer les oreilles moi-même. Je crains que mon pouvoir ne soit limité en tant que bibliothécaire, mais sait-on jamais ! Vous pouvez compter sur mon soutien. Quel que soit le projet dans lequel vous choisirez de vous investir, du moment qu'il vous permet vous de vous épanouir. Encore une fois, l'idée d'un atelier de dessin n'était qu'une idée en l'air pour allier l'utile à l'agréable et à votre passion. Outre cette histoire d'image de soi, je pensais que cela pourrait peut-être aussi vous être utile dans la suite de votre parcours artistique. Mais vraiment, quoi que vous choisissiez, ce doit être quelque chose qui vous plaise et qui vous fasse vous sentir bien. Il ne s'agit pas de vous rajouter des devoirs en plus... Vous avez besoin de positivité dans votre vie pour compenser toute cette bêtise humaine."

Il continua lui aussi à jouer avec ses mains, tout en observant la pyramide de grenouilles en contre-plongée.
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Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises [Libre] EmptyLun 2 Juil - 17:46


Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises

Avec Saya Nakajima

Comment pouvait-on se sentir rassuré en mettant plus bas que terre les autres ? Surtout pour une différence fort superficielle ? Je trouvais cela débile et me sentais un peu mieux de savoir qu’il était de même aux yeux du bibliothécaire. Malheureusement, cela ne changeait absolument rien à la douleur qui pesait sur mon coeur. Comment cela aurait-il pu ? Juste à cause d’une couleur que je n’avais pas choisie, je me trouvais affublée de la méchanceté des autres. Et il semblait que mon cas soit rare, en plus…

Je ne savais pas vraiment quoi faire pour me rendre responsable de bonnes actions aux yeux du corps enseignant. Après tout, j’étais surtout réputée pour ne pas travailler en classe malgré mes bonnes notes et dessiner constamment. Certainement ne verrait-on pas d’un bon oeil le fait que je crée un atelier pour les autres, juste comme ça. Au contraire, certainement qu’on me gronderait pour ne penser qu’à peindre et dessiner… Pourtant, cela ne semblait pas être l’avis de mon interlocuteur, ce dernier me faisant part qu’il ferait même en sorte de les obliger à voir au-delà. Je trouvai très noble de sa part de me venir autant en aide. Mon sourire fit donc son retour avec toute la gratitude que je pouvais lui porter. J’étais vraiment bête pour ne pas avoir vu à quel point il voulait m’aider. D’un autre côté, qui aurait pu croire qu’un adulte que je ne connaissais pas ferais tout pour qu’on me voit autrement, ou même chercher les raisons qui me mettaient en colère ? Déjà que son autorisation de ne pas faire la punition donnée n’était pas banale, le reste était loin de laisser indifférent.

Suite à cela, il enchaîna en me faisant part que l’idée d’un atelier de dessin n’était qu’un idée mais que je pouvais la changer en quelque chose que je préférais. Mais s’en était une bonne étant donné que je ne savais pas faire grand-chose d’autre que dessiner et peindre. Sans parler que lier utile à agréable était toujours mieux que se casser le dos sur quelque chose qu’on détestait. Je me mis donc en tailleur sur ma chaise, usant de beaucoup d’équilibre pour ne pas tomber. Puis, une main sur le menton alors que l’autre tenait mes jambes, je songeai à tout cela. Beaucoup d’idées me venaient à l’esprit, mais il semblait qu’il manquait toujours quelque chose. Je restai ainsi quelques minutes avant de reprendre la conversation :

- Sincèrement, mettre l’art à mon service me plaît énormément, mais je bloque sur le but de cette entreprise. Je pensais à collecter des dons pour une association, comme celle contre le racisme. Mais bon, j’ai peur que le message soit mal prit. Après, il y a d’autres associations qui sont tout aussi nobles. Mais du coup je me demande si beaucoup de monde serait prêt à payer pour faire une activité qui ne leur plaît pas forcément. Mmh…. Sinon, un atelier gratuit pour permettre au club d’art de se faire connaître, mais il faut que tous les membres soient d’accord avec ça et ce n’est pas comme si nous manquions de membres… Oh… ! Un concours ! L’année dernière on avait organisé un concours d’histoire dans l’école. Je pense que ça serait intéressant de proposer ça sous un autre contexte. Quitte à faire un inter-école, non ?

Beaucoup d’idées, mais je n’allais pas au bout de chacunes d’entre elles car je ne savais pas ce qui était possible de faire. En tous les cas, si cela concernait l’école, je savais d’ores et déjà que je ne préviendrais le corps enseignant qu’à la dernière minute, après avoir fait toutes les démarches administratives. Que faire de mieux pour montrer à quel point j’étais capable de faire quelque chose de moi-même.

*Mais… C’est déjà le cas !* pensais-je d’un seul coup.

- Et si je montrais que j’ai réussi à publier un manga ? demandai-je en essayant de ne pas trop nourrir d’espoirs.

Après tout, je ne savais pas comment il allait être accueilli par le grand public. Je voulais que cela marche, mais je n’étais pas sûre que ce soit le cas, alors cela ne marcherais peut-être pas. Mais mieux valait avoir l’avis d’un adulte.
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Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises [Libre] EmptyLun 2 Juil - 21:48
Soudainement, Asuka semblait avoir repris du poil de la bête (qui allait sans doute avoir quelque peu froid maintenant, mais chaque chose en son temps). Bien sûr, la route était encore longue, et elle était la première à en avoir conscience, mais au moins elle avait l'air un peu plus capable de marcher tout du long.

Espérons qu'elle ait de bonnes chaussures !

Jilian était content pour elle. Elle avait repris un peu courage, il fallait espérer que cet élan pourrait la porter suffisamment jusqu'aux prochaines personnes capables de l'aider mieux que lui sur les questions lui pourrissant le quotidien. Il était soulagé aussi de ne pas s'être trompé sur son compte... Pédagogiquement, ça aurait pu être une grosse erreur, une erreur qu'il aurait payé cher alors qu'il venait juste d'arriver ! Bien sûr, rien n'était fait, la route était encore longue... Mais c'était une toute autre jeune fille qu'il avait face à lui maintenant. En lieu et place de la jeune personne voûtée sur sa table, gribouillant de rage et de larme, c'était maintenant une jeune femme droite et pleine d'idée qui lui faisait face. Il fallait espérer maintenant qu'elle puisse garder cette énergie pour la suite...

Il faudrait pouvoir mettre l'énergie en bouteille pour la ressortir les jours où on en manque... Il y a sans doute des choses à faire à ce niveau !

C'était maintenant tout l'inverse, elle avait presque trop d'idées et ne prenait pas le temps de s'arrêter sur une seule d'entre elle pour la développer jusqu'au bout. Mais ça ne l'inquiétait guère. En soit, ça n'avait rien d'inquiétant du tout. Après tout, il l'avait dit, ils étaient là pour y réfléchir. Autant jeter tout ce qui lui passait par la tête, elle pourrait ensuite voir ce qui était le plus viable avec les moyens qui étaient les siens. Ceci dit, afin de ne pas perdre tout cela, Jilian se contorsionna pour récupérer une feuille sur son bureau, un crayon, et le livre, afin que celui-ci lui serve de dossier, le tout sans toucher la pyramide de grenouilles, occupées à veilleur sur eux. Il avait encore de bons restes de ses années de gymnastique ! D'ailleurs, il faudrait qu'il regarde s'il pouvait reprendre la pratique dans cette nouvelle ville... ça faisait longtemps qu'il ne s'était pas entraîner !

Il commença donc par lister les suggestions d'Asuka.

"C'est une bonne idée ça de faire don des adhésions ! Pourquoi pensez-vous que ce seraient des gens que ça n'intéressent pas qui viendraient ? Il y a des gens qui ont juste envie de faire quelques cours à l'occasion et qui seront ravis de faire une bonne action au passage. Ou alors, vous pouvez lier les deux, proposer à une association que vous aimez bien d'organiser un atelier de dessin afin de leur donner de la visibilité. Vos idées pour le club sont intéressantes aussi, et pour le coup, vous ne seriez pas seule à organiser, ça peut être un soulagement aussi, de partager les responsabilités. Le cadre existe déjà comme ça. C'est un stress en moins. Un concours c'est une bonne idée d'événement en plus, ça attire les gens, ça crée du lien."

Jilian avait laissé de la place entre chaque item pour pouvoir préciser l'idée, mais aussi noter les choses qu'il faudrait prendre en compte : les gens à contacter, les conditions, les éventuels besoins de financement, etc. Mais surtout, il essayait de suivre son rythme à elle. Cela devait rester son projet, lui ne faisait que l'accompagner. C'était important aussi, qu'elle puisse sentir qu'elle contrôlait quelque chose. Aussi ne notait-il quelque chose que lorsqu'elle repartait. Le bibliothécaire se faisait scribe le temps d'un brainstorming...

Il fût soudain tout excité d'apprendre que la demoiselle allait être publiée !

"Mais c'est formidable ça ! Félicitation ! Comment cela s'appelle ? De quoi est-ce que ça parle ? [il essaya de ralentir alors son calme, un immense sourire sur le visage] Pardon je m'emballe, mais c'est vraiment formidable. Il y a tellement d'appelés et peu d'élus, c'est merveilleux que vous aillez réussi ça. Vous pourriez peut-être faire une présentation ? Raconter un peu comment vous avez travaillé, comment vous avez réussi à vous faire éditer... toutes ces choses-là. Je suis sûr que ça peut intéresser des camarades ! C'est un tellement beau projet."
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Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises

Avec Saya Nakajima

Pendant que je citais mes idées, je ne pris pas le temps de regarder vraiment autour de moi, ni même de noter ce que je disais. Je ne voulais pas que cela soit vain. Et avoir une trace écrite de tout cela alors que ce ne serait pas possible me ferait trop mal. Beaucoup trop mal. Alors, je préférais attendre une réponse sur tout cela. Ce n’est donc qu’après avoir terminé que je reportai mon regard sur le bibliothécaire. Ce dernier avait fait ce que j’avais refusé et, grâce à cela sans doute, il répondit à mes idées.

Pour lui, la plupart de ce que j’avais dit n’était pas mauvais. Bien au contraire. Il semblait que tout cela soit de bonnes choses qui apportaient quelque chose, à leur façon. D’un certain côté, c’était pour cela que j’y avais pensé. En soi, le manga que j’avais fait était le contraire : il apportait quelque chose aux lecteurs pendant un certain temps, sans plus. Peut-être pouvais-je offrir une nouvelle vision des choses par ce biais, mais cela en valait-il vraiment la peine ? Je n’en étais pas tout à fait sûre…

Je fus un peu surprise par la joie que mon interlocuteur manifesta lorsque je lui eus partagé le fait que j’avais créé un manga. Puis, il me noya sous les nombreuses questions qu’il se posait. Sur le coup, je ne répondis pas tant j’avais l’impression de ne pas savoir par quoi commencer. Puis, je finis par sourire en essayant de satisfaire sa curiosité :

- En fait, l’année dernière un concours d’histoire a eu lieu dans l’école. On était tous en binôme et, nous, on avait décidé de faire un manga. On l’a nommé Kami sori no hashi ni parce qu’il raconte l’histoire d’un homme pendant la guerre de Boshin qui cherche son camps sans jamais le trouver. Nous avons gagné le concours et, comme j’avais l’autorisation de ma binôme, je suis allé pendant les vacances demander de le publier. Bon… ce ne sera pas vraiment sous forme de livres, plutôt dans un magazine, mais au moins ça va me permettre de me faire connaître.

Après que j’eus conté cela, je réfléchi à ce qu’il m’avait dit : parler de mon projet, comment je l’avais construit et autres. Je ne pensais pas que cela soit une bonne idée puisque je ne voulais pas me créer de l’audimat de cette façon. J’avais l’impression de forcer à s’intéresser à ma création. D’un autre côté, l’artiste en moi avait terriblement envie de partager cette passion dont je ne savais me passer.

*Euh… si je le fais vaut mieux ne pas parler de mes nombreuses nuits blanches ou je risque d’avoir des problèmes avec la CPE encore…* pensais-je subitement en me frottant l’arrière de la tête.

- A vrai dire, repris-je après deux minutes de réflexion sur les pours et les contres, présenter la construction de ce manga va peut-être attirer la jalousie sur moi. Certaines personnes sont sans doute jalouses d’avoir perdu face à un manga. Bon, c’est vrai qu’on a fait l’équivalent d’une vingtaine de livres en trois mois, mais je n’ai pas envie d’empirer les choses de cette façon…

Etait-ce une bonne raison ? Sans doute que non. J’en doutais moi-même après tout. Mais je voulais garder secrets quelques points, entre autres. Au fond de la jalousie, il me semblait qu’une autre émotion pouvait émerger : la haine. Après tout, j’avais déjà entendu parler de personnes me suspectant d’avoir triché en demandant à un professionnel de nous aider dans la construction des planches. Ce n’était pas vrai, mais comment le prouver ?Impossible. Tout bonnement. Je continuai donc avec un semblant de gêne faisant rosir mes joues très légèrement :

- Si je dois parler d’un manga, je préfèrerais presque parler de celui que je suis en train de construire en ce moment, même si j’aurais préféré qu’on ne le découvre qu’une fois que je l’aurais terminé. Sinon, l’idée de faire un projet plus utile que ça ne me déplaît pas du tout. Je veux dire, récolter des dons pour une association serait plus utile que parler de mon travail, au fond. Mmh… Peut-être qu’on pourrait faire un sondage à ce propos ?

Mais ne m’arrêtais-je donc jamais de parler ?! Enfin… Ce n’était pas inutile non plus, quand on y réfléchissait un peu.
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Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises [Libre] EmptyMar 3 Juil - 19:44
Il était content de cette discussion à bâtons rompus. Au moins il se passait quelque chose. La pièce était vivante. Il avait aussi l'impression de revenir sur un terrain qu'il connaissait à peu près. Un bibliothécaire qui parlait avec une mangaka, ça avait déjà beaucoup plus de sens qu'un bibliothécaire qui surveillait une lycéenne injustement punie durant trois heures un samedi. Il se sentait tout de suite plus léger, plus apaisé. Peut-être que tous les deux n'auraient pas complètement perdu leur temps. Sur ce terrain-là au moins, il était sûr de pouvoir l'aider.

C'était une partie de son travail qu'il avait moins eu l'occasion de développer : les rencontres avec les auteurs. Quand vous passez de bibliothèque en bibliothèque, ce n'est pas forcément évident de proposer ce genre d'événements. C'était toujours un moment incroyable ces temps de rencontre entre les lecteurs et les auteurs, même ceux comme Asuka qui étaient tout timide et préféraient restés cachés derrière leurs œuvres. Si on les accompagnait correctement, cela pouvait donner lieu à de très belles discussions. Mais il savait qu'il ne fallait surtout pas les forcer, il fallait leur laisser le temps de venir tranquillement, les rassurer, leur dire que personne n'allait les manger, que la grande majorité des gens qui venaient à ce type de rencontre étaient plutôt bienveillant. Maintenant, sans doute que le cadre du lycée changeait quelque peu la donne.

"Vous savez, vous n'avez pas besoin de vous rabaisser comme ça. C'est déjà très bien un magasine. D'autant que bon nombre de mangas connus ont commencé à être publiés ainsi, et c'est parce qu'ils ont trouvé leur public qu'ils ont ensuite été publiés en volumes reliés. Ça n'a rien de minime d'être publié juste dans une magasine. Tout le monde commence comme ça. Donc je maintiens mes félicitations. C'est une première étape certes, mais il faut bien commencer quelque part ! Oh et puis les mangas c'est aussi bien que les romans. Ce sont juste deux choses différentes. Ça ne vous viendrait pas à l'idée de dire que le piano est une meilleure chose que le marathon j'imagine ? Par contre, on peut préférer le piano au marathon. On peut même se demander ce qui passe par la tête des gens pour qu'ils courent 42km de leur plein gré... D'ailleurs, vous saviez qu'il existe des ultramarathons ? Il faut courir 100km ! Mais je m'égare... Les mangas et les romans, c'est comme le piano et le marathon, on peut préférer l'un, ou détester l'autre, mais ce sont deux choses qui ne peuvent pas se comparer en soi... Manga et roman ne sont jamais que des façons différentes de raconter une histoire. Piano et marathon ne sont jamais que des façons différentes de forcer votre corps à faire des trucs impossibles."

C'était loin d'être propre à Asuka, cette façon de tout hiérarchiser. Elle n'avait fait qu'absorber ce qu'elle entendait partout. Les romans c'était mieux que les mangas. Les romans dramatiques c'était mieux que les histoires d'amour. Les classiques c'étaient mieux que les romans contemporains. On pouvait continuer longtemps comme ça. Jilian n'avait jamais compris l'intérêt d'un raisonnement pareil. Qu'est-ce qu'on pouvait y gagner ? Qu'on laisse donc les gens lire ce qu'ils voulaient... En pensant comme ça, on ne faisait rien d'autres que créer des complexes aux lecteurs et aux auteurs... C'était mauvais pour tout le monde ! Jilian était le genre de personne qui pensait que du moment qu'une histoire touchait une personne, elle valait la peine d'être racontée. Il avait lu suffisamment de livres de suffisamment de genres différents pour savoir qu'on pouvait toujours être surpris par un livre. On était parfois frappé par des histoires qu'on s'attendait à lire sans soucis, sans danger presque. C'est pour ces secondes d'illumination littéraire qu'il fallait se battre et défendre la multiplicité des livres et des histoires, c'était très important... Aussi important que bien ranger les livres sur les étagères. On avait trop souvent tendance à sous-estimer l'importance du rangement des étagères...

"Bien sûr, votre nouveau manga peut aussi être intéressant ! Tout à fait. Vous avez modifié des choses dans votre façon de travailler par rapport au premier ? Après, l'un n'empêche pas l'autre. Si on organise un cycle de rencontres à la bibliothèque par exemple, où chaque mois un étudiant présente son projet, ça ne coûte pas d'argent à l'école, puisqu'à la base rappelons le je suis payé pour organiser ce genre d'événements, même si à l'heure actuelle je vous l'accorde ce n'est pas très évident. J'avais justement envie de proposer ce genre de choses aux étudiants de l'académie. Ainsi vous ne seriez pas la seule à parler de votre travail, puisque les mois suivants d'autres prendraient votre place. Et vous, vous pourrez consacrer votre temps à une association de votre choix. Après, vous pouvez décider que vous préférez garder votre projet pour vous et ne pas en parler tant qu'il n'est pas fini, ce qui est tout à fait compréhensible. Mais gardez en tête que ce n'est pas forcément l'un ou l'autre si les deux vous font envie..."
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Ce qu'engendre les injustices ou les bêtises

Avec Saya Nakajima

Le bibliothécaire m’encouragea en me faisant part que commencer à publier dans un journal était déjà une très bonne chose. Apparemment, beaucoup de mangakas commençaient de cette façon pour monter doucement les échelons et voir leurs planches reliées en des livres que nous connaissions désormais tous. Ensuite, il enchaîna en me faisant part, en gros, que le manga n’était pas comparable à d’autres écrits, tout comme le piano n’était pas comme le marathon. Sincèrement, la comparaison me derrida totalement et il me fit difficile de ne pas éclater de rire. Tant et si bien que je mis une mains devant ma bouche pour cacher mon hilarité. J’eus également bien des difficultés à me calmer malgré le sérieux de la conversation et le statut de mon interlocuteur. Après tout, il venait de réfuter avec force ce que tout professeur de langue déclarerait en comparant un lecteur de manga et un lecteur de roman, mettant le second sur un pied d’estale.

Plus calme et plus à même à réfléchir, je me mis à parler de mon nouveau manga, ce que j’espérais être une bonne réflexion. A vrai dire, je n’étais plus vraiment sûre de rien. Le bibliothécaire se montra donc confiant pour deux en me répondant que j’avais là une bonne idée. Qu’elle pouvait être intéressante puisque cela permettrait de créer un événement dans la bibliothèque de l’école où je ne serais pas la seule à parler de mes oeuvres. J’allais alors lui demander encore une fois si c’était possible à faire. Mais je n’eus pas le temps de dire ce que voulais puisqu’il me répondit que c’était son rôle de faire cela.

*Ah ! C’est un peu comme dans les bibliothèques en ville donc.* me dis-je en me traitant d’idiote de ne pas y avoir pensé seule.

Mais ce qui retint vraiment mon attention fut qu’il me garantit que je pouvais faire les deux. Que participer à cette idée à la bibliothèque ne m’empêchait pas de faire un atelier ou autre activité pour faire des dons si l’idée me plaisait tant. Le tout n’était qu’une question de choix. Mais pas seulement puisque l’organisation était tout aussi importante dans ce genre de situations. Désormais, il me fallait simplement savoir ce que je souhaitais faire et pourquoi.

Avant de me replacer correctement sur ma chaise, je souris au bibliothécaire et le remerciai. Il m’avait énormément aidée et je ne pouvais faire comme si de rien n’était. Pourtant, désormais, il me fallait prendre chaque idée et y réfléchir plus profondément pour savoir ce que je voulais faire exactement. D’un certain côté, je voulais absolument tout faire car toutes ces idées m’intéressaient. Mais, d’un autre côté, aurais-je le temps de tout faire ? L’année venait de commencer mais je savais que ce n’était pas si simple. Alors, je pris une première feuille. Je ne dessinai pas dessus, préférant écrire un titre pour un premier projet. Puis, en-dessous, je me mis à lister rapidement les idées qui en découlait, ce qu’il me faidrait faire pour le mener à bien et les possibles participants. Je savais être loin loins d’avoir terminé, mais comme je n’avais plus d’idées sur le coup, je décidai de prendre une seconde feuille pour le second projet dans lequel j’espérais pouvoir m’investir. Puis, je fis la même chose que pour le précédent.

Je n’étais pas sûre de parler de la construction de mon manga si cela venait à se faire. J’avais des doutes encore concernant cela. Après tout, je ne pourrais sans doute rien dire de plus que les professionnels dans ce domaine. Enfin, sans doute s’agissait-il d’une question de préparation, un peu comme la construction d’un diaporama.

A ce stade, j’avais pratiquement oublié ma colère contre la CPE. Oh elle reviendrait bien assez rapidement, mais le but que je me fixais étaient sans doute un peu plus important que l’idée de placarder un dessin mal fait sur la porte du sujet de mes tourments. Puis… c’était tellement puéril. J’étais beaucoup plus adulte et réfléchie que cela. J’avais honte de m’être laissée porter par de tels sentiments sans les contrôler.
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