Ce jour-là, Kaori se sentait de bonne humeur. D’une manière assez bizarre, cependant. En fait, elle se rendit rapidement compte qu’elle ne ressentait rien, mais que le seul soleil qui brillait haut dans le ciel suffisait à faire son bonheur. Après tout, il en fallait peu pour être heureux. De manière générale, la blondinette avait toujours vécu d’Amour et d’eau fraîche. Amour, pas que comme Amoureux, mais comme… Arbre, par exemple ! Elle aimait chaque chose à sa juste valeur, que ce soit une personne, un élément de la nature, un vêtement…
Et d’ailleurs, elle avait envie d’aller faire du shopping. Le printemps arrivait et il fallait qu’elle refasse un peu sa garde-robe, non mais ! C’était le week-end et cette semaine, Kaori avait bien travaillé, donc il n’y avait aucun doute sur le fait qu’elle méritait bien de se faire un peu plaisir. En plus, c’était une excuse parfaite pour sortir de chez elle et être loin de son père ! Ce dernier l’avait mise sur les nerfs lors du petit-déjeuner, lorsqu’il lui avait demandé, de manière provocatrice, comment s’était passé son escapade de l’autre jour chez son meilleur ami, Soren. L’anglo-nipponne était partie au quart de tour. De un, sujet sensible, et de deux, ce n’était pas ses affaires.
La blondinette avait quitté la table en lançant un regard noir à son géniteur. Cette minuscule altercation fut suivie de pleurs de la part de la jeune fille qui s’était réfugiée dans sa chambre. Il y en eut beaucoup. Son père les entendit, mais ne fit rien, beaucoup trop fier pour aller s’excuser. Maintenant, il était environ quatorze heures et l’étudiante en psychologie avait eu le temps de remonter ses chaussettes, d’où l’idée du shopping.
Avant de partir, la paire de yeux azur ne prévint pas son père qu’elle partait au centre commercial. Elle ne le prévient pas tout court, et partit, comme à son habitude, sans un mot ou presque, laissant son père se battre avec sa curiosité. Pour le coup, il le méritait bien. Désormais, la blondinette voulait juste sortir, marcher jusqu’au centre commercial en écoutant de la musique, acheter quelques vêtements et flâner dehors le plus longtemps possible avant de rentrer chez elle.
C’est ce qu’elle fit sans trop grand mal, avant qu’elle traverse un des quartiers un peu « chauds » de la ville de Nara. Kaori n’avait pas trop peur ceci dit, il y avait pire comme quartier et puis naïve, elle se disait qu’avec son casque dans les oreilles, elle ne craignait rien. Depuis le début du trajet cependant, elle s’était sentie observée, peut-être même suivie, mais avait préféré ne pas trop y faire attention, convaincue qu’elle était juste un peu paranoïaque, ce qui était largement plausible.
Mais cette fois-ci, l’anglo-nipponne aurait dû se faire confiance. C’est en tout cas ce qu’elle se dit lorsqu’un jeune homme, cependant plus âgé qu’elle, se plaça devant sa petite frimousse. Il commença à parler et Kaori fut obligée de retirer son casque pour l’entendre. Idéalement, elle aurait continué son chemin, mais vu qu’il était juste devant elle et qu’elle n’était pas assez affirmée pour le contourner, elle n’avait pas d’autre choix.
« Pourquoi t’veux pas jouer au chat et à la souris avec moi ? - Pardon ? »
Un peu plus et la blondinette aurait eu l’impression de rêver. De quoi parlait-il, bon sang ? Quel jeu ? Quoi, comment, pourquoi ? L’individu nageait visiblement en plein délire et Kaori avait vraiment commencé à avoir peur à partir du moment où il avait pris une expression un peu plus agressive.
« Bah ouais, depuis t’à’l’heure tu fais que la souris ! - Euh, désolée, je suis pressée. Bonne journée ! »
Et elle avait tenté de le contourner, tentant le tout pour le tout, mais la tentative fut vaine. Il s’était déplacé avec elle pour continuer à lui barrer la route. Et pour couronner le tout, son agacement était visiblement croissant, puisqu’il en profita pour se rapprocher un peu plus de la… Souris, la dominant largement par sa taille.
« Nan, tu pars pas tant qu’on n’a pas joué, okay ? Fais pas ta maline avec moi ! »
Cette fois, Kaori n’avait pas eu le temps de répondre qu’il l’avait poussé assez violemment pour qu’elle tombe par terre. En même temps, vu la fragilité de la jeune fille, ce n’était pas difficile de la faire chavirer. L’étudiante était tétanisée. Les souvenirs de son agression remontèrent et immédiatement, elle eut peur que le scénario se répète. Intérieurement, elle priait pour qu’un miracle arrive…
Le week-end. Dieu ce que ça faisait du bien, surtout après une semaine de cours aussi chargée ! Dae-Hyun n’avait eu absolument aucun répit entre ses devoirs, ses révisions, ses cours, ses trois clubs et toutes ses connaissances qui avaient voulu lui prendre un peu de temps sur son emploi du temps déjà overbooké. Ne sachant pas dire non, il n’avait forcément pas pu refuser et s’était retrouvé à faire plusieurs nuits blanches d’affilé. Heureusement qu’il était endurant ! Ça avait été très difficile, mais le week-end salutaire était finalement arrivé. Résultat, épuisé la veille en se couchant, le Coréen n’émergea de son profond sommeil qu’à midi, à cause (ou grâce) à son adorable chaton qui était venu lui tapoter le visage en ronronnant près de son oreille. Grognon parce qu’il aurait voulu dormir plus longtemps, beaucoup plus longtemps, en entrouvrant un œil pour fixer son compagnon, il ne put se résoudre à le gronder. Le pauvre, il devait avoir faim en plus ! S’étirant et se laissant quelques minutes pour émerger correctement, Dae-Hyun envoya valser sa couette pour ouvrir les épais rideaux qui obstruaient sa grande fenêtre.
Wah ! Le moins qu’on pouvait dire, c’était qu’il faisait SUPER beau ! Ébloui, Dae-Hyun s’empressa de fuir hors de la pièce, tout d’abord pour nourrir son adorable chat, puis pour prendre une bonne douche histoire de se réveiller. Bon, maintenant, il était paré pour le reste de la journée ! Jean slim noir, t-shirt gris clair, le Coréen attrapa une montre noire qu’il attacha à son poignet. Il aimait la mode et ça se voyait ! Délaissant ses lunettes, il sécha ses cheveux et attrapa une veste noire cintrée très classe qui lui permettrait de ne pas avoir trop froid en sortant. Parce que oui, Dae-Hyun avait bien dans l’idée de faire une bonne balade en ville pour décompresser de cette semaine affreusement remplie. Son chat allait être triste d’être à nouveau abandonné, mais il ne comptait pas s’éterniser dehors. Une simple balade après mangé pour digérer et il serait rentré. Il avait encore quelques photos à traiter pour le book d’une amie mannequin en devenir. Non, il ne trainerait pas. Du moins, c’était avec cette idée en tête qu’il termina son repas, son café et qu’il enfila sa veste et ses baskets noires pour quitter son appartement, sous le regard attristé du chaton.
C’était dur. Très dur en fait. Il avait tellement sommeil ! Bougeant sa tête de gauche à droite en fermant les yeux pour étirer son cou et le faire craquer, il arriva dehors. Le soleil caressa ses joues de ses doux rayons, redonnant presque toute sa vitalité au Coréen qui afficha un petit sourire alors qu’il commençait à marcher, les mains dans les poches. Il ne savait pas vraiment ce qu’il voulait faire ni où il voulait aller. Il voulait marcher, juste marcher. Ses pas le menèrent finalement à proximité du centre commercial, dans une petite rue un peu moins bondée. Son regard parcourant tout son environnement alors qu’il marchait d’un pas enjoué et léger finit par se poser sur une scène qui eut le don de l’agacer. Un homme venait de bousculer une jeune femme, suffisamment violemment pour la faire tomber au sol. A quoi est-ce qu’il jouait ? Ils se connaissaient ? Non, même si c’était le cas, c’était inadmissible de traiter une jeune femme de la sorte ! Son sang ne faisant qu’un tour, il pressa le pas et finit par approcher l’homme, le saisissant par le col, l’air très remonté.
« Hey, on peut savoir à quoi tu joues ? T’as décidé de faire chier ma copine encore longtemps ? On peut régler ça tous les deux maintenant que je suis là, t’en penses quoi ? »
Dae-Hyun n’était pas beaucoup plus grand que cet homme, mais sa pratique intense de la danse lui avait accordé une jolie musculature lui permettant de faire décoller l’agresseur du sol de quelques centimètres. Surpris, l’homme ne savait visiblement plus ou se mettre et il n’avait pas l’air de vouloir se frotter au poing fermé qui menaçait de s’abattre sur son visage s’il osait répliquer quoi que ce soit. Il baragouina quelques insultes à l’égard du Coréen avant de prendre la fuite sans demander son reste. Dae-Hyun soupira avant de reporter son attention sur la jolie blonde au sol, lui tendant une main pour l’aider à se relever, un air profondément désolé affiché sur son visage.
« Tout va bien ? Tu peux te lever ? Désolé d’avoir lancé cette excuse bidon du petit-ami, mais ça a visiblement fait son petit effet. Les gens me dépitent un peu parfois à agir aussi bestialement. »
Dae-Hyun était vraiment ahuri par ce genre de comportement. Ces hommes étaient-ils des hommes ou bien juste des animaux guidés par leur instinct ?
« En tout cas, si tu as besoin de soins, il y a une pharmacie pas loin. Je peux toujours te porter jusque là-bas si tu ne peux vraiment pas marcher. Il faut dire qu’il n’y a pas été de main morte cet abruti. »
Le Coréen n’avait pas pour habitude d’insulter les gens, mais là il avait juste envie de traiter cet agresseur de tous les noms possibles et imaginables. Pourquoi avoir envie de s’en prendre à une si jolie demoiselle ?
Et contre toute attente, le miracle tant espéré arriva. Décidément, j’étais vraiment chanceuse. Morte de peur, je pensais que c’en était fini de moi… C’est qu’il y en avait, des fous, dans ce monde. Excusez-moi, monsieur, non, je ne veux pas jouer au chat et à la souris avec vous. Qu’il se fasse aider, le pauvre. Et qu’est-ce que j’avais demandé, dans cette histoire ? Absolument rien du tout. Je voulais juste aller m’acheter quelques vêtements et pouvoir sourire à la vie, au moins une fois aujourd’hui. Etait-ce trop demandé ?
« Hey, on peut savoir à quoi tu joues ? Au chat et à la souris, voulus-je répondre. T’as décidé de faire chier ma copine encore longtemps ? … Copine ? On peut régler ça tous les deux maintenant que je suis là, t’en penses quoi ? »
Je regardais la scène, ébahie. Dans mon champ de vision se tenait mon miracle : un charmant jeune homme venu à ma rescousse. J’eus l’idée de me pincer pour vérifier que j’étais bien réveillée, mais lorsque je le fis, je ne me réveillai pas. Peut-être étais-je déjà morte, après tout… Peut-être que lorsqu’on meurt, on nous punit en nous faisant regarder la scène de notre mort sans qu’on puisse faire quoi que ce soit… Mais je m’égare. En plus, je pouvais voir, rien qu’à l’expression de mon sauveur, que mon heure n’était pas venue.
Lorsque je reportai mon attention sur mon agresseur, il était déjà en train de prendre la poudre d’escampette. Il n’avait pas fait long-feu… Pauvre mec. Franchement, vu le genre d’individu qui m’était tombé dessus, je me serais attendue à une confrontation plus violente, qu’elle soit verbale ou physique. A la place, il avait simplement adressé quelques insultes ringardes au brun qui était sorti de nulle part avant de se carapater, laissant derrière lui ma personne, qui pourtant avait semblé bien l’intéresser… Je mis quelques secondes à remarquer (à cause de l’état de choc) que mon sauveur me tendait une main pour m’aider à me relever.
« Tout va bien ? Tu peux te lever ? En guise de réponse, je saisis sa main pour me mettre sur pieds. Désolé d’avoir lancé cette excuse bidon du petit-ami, mais ça a visiblement fait son petit effet. Les gens me dépitent un peu parfois à agir aussi bestialement. »
J’étais debout, ça d’accord, mais il n’empêche que j’étais dans un sale état. Pour ne rien arranger, une migraine avait décidé de lancer un assaut sur ma tête. Sympathique, n’est-ce pas ? Ceci dit, je ne voulais pas que le beau brun s’inquiète, et je ne voulais pas paraître faible, surtout… Je voulus déjà lui répondre, mais il me devança.
« En tout cas, si tu as besoin de soins, il y a une pharmacie pas loin. Je peux toujours te porter jusque là-bas si tu ne peux vraiment pas marcher. Il faut dire qu’il n’y a pas été de main morte cet abruti. - Ah bah ça, je ne te le fais pas dire ! »
Oups… Ca venait du cœur, ça. Comment je vais faire pour lui faire croire que je vais bien, maintenant ?
« Pardon. Euh… Je m’appelle Kaori. Merci beaucoup de m’avoir aidée… Je ne sais pas ce qui se serait passé sinon. Ne t’inquiète pas pour moi, je suis seulement en état de choc, j’imagine que c’est normal. »
Evidemment que c’était normal, je venais juste de manquer de me faire réduire en bouillie par un mec qui voulait jouer au chat et à la souris avec moi. Franchement, ces premiers propos furent maladroits, mais en même temps, comment voulez-vous répondre correctement à un charmant jeune homme qui vient de vous sauver la vie ?
« J’étais en train de me diriger vers le centre commercial… Tu veux venir avec moi ? Cela me gêne de prendre de ton temps, mais j’avais prévu de m’acheter quelques vêtements et je ne me vois pas trop être seule après ce qui vient de se passer, en toute honnêteté. Je pourrais très bien rentrer chez moi, mais… Disons que je ne suis pas vraiment la bienvenue. »
Au moins, ça faisait du sens. Je lançai un sourire sincère au beau brun, histoire de lui montrer que je n’avais pas tout d’une victime non plus.
« En plus, ce serait une bonne occasion de faire connaissance ! commençai-je, enjouée. Puis-je me permettre de demander le nom de mon sauveur ? »
Je ne pus m’empêcher de rire. J’espérai qu’il ait le sens de l’humour et qu’il ne soit pas trop offensé par cette appellation ; c’était une réaction que je ne comprenais pas, mais je savais que malheureusement, le monde ne manquait pas de gens qui se prenaient trop au sérieux.
Si on avait dit à Dae-Hyun à son réveil qu’il allait devoir jouer les preux chevaliers aujourd’hui, il aurait sans doute rigolé, de son agréable et séduisant rire, avec des yeux pétillants vous fixant. Et pourtant, le voilà qui volait au secours d’une jolie blonde venant d’être bousculée au sol par un homme visiblement pas prêt de laisser sa proie s’en tirer à si bon compte. Le Coréen n’aimait pas les gens qui avaient de tels comportements, sans doute parce qu’ils lui rappelaient le garçon qu’il avait été avant son adoption définitive par cette adorable famille. Lui qui avait toujours joué des poings avant cet instant s’était assagi pour devenir l’homme qu’il était aujourd’hui. Et même s’il avait changé, il ne pouvait pas oublier tout le mal qu’il avait fait. Il s’en voulait toujours aujourd’hui, même 15 ans après les fameux évènements. Il avait changé et ne voulait plus voir personne souffrir, qui que cela pouvait être. Bon, il devait quand même avouer que certaines personnes, comme cet homme face à lui, méritaient quand même une bonne leçon. Résultat, il attrapa ce dernier par le col, son sourire ravageur laissant place à une mine montrant clairement son mécontentement.
Après un duel de regard, Dae-Hyun s’étant préparé à recevoir au moins un pain dans la figure, que l’autre décida que ce n’était sans doute pas une bonne idée de se frotter au petit-ami de cette jolie blonde. Il fit donc lâcher prise au Coréen avant de prendre ses jambes à son cou, non sans gratifier le prince charmant de plusieurs noms d’oiseau. Bouaf, ça passait tellement au-dessus de la tête du danseur ! Tout ce qui l’importait à présent, c’était de s’enquérir de l’état de la princesse qu’il venait de sauver. L’étudiant tendit donc une main à la jeune femme pour l’aider à se lever si seulement elle en était capable. Il en profita pour essayer de se faire pardonner pour la vieille excuse du petit-ami qu’il avait dû sortir, mais au moins, ça avait marché ! Une fois debout, la demoiselle lâcha un « Je ne te le fais pas dire ! » qui sortit tellement du cœur que le brun ne put s’empêcher de pouffer légèrement, affichant de nouveau son si beau sourire.
« En tout cas, tu as l’air d’avoir du répondant malgré tout ! Et ne me remercie pas, c’est tout à fait normal d’être venu t’aider, je n’allais pas juste passer mon chemin en voyant cette scène ! Même si bon, je n’aurais pas été le seul dans ce cas… »
Dae-Hyun soupira en regardant autour d’eux. Plusieurs personnes s’étaient arrêtées pour regarder la scène de loin, mais personne n’avait eu la bonne idée ni le courage d’intervenir. C’était tellement pitoyable…
« Je comprends oui ! Et j’accepte avec plaisir de t’accompagner pour tes emplettes ! Je suis loin d’être le meilleur garde du corps qu’il soit, mais je ne peux décemment pas te laisser repartir comme ça après ce que tu viens de subir, ça ne serait vraiment pas correct. Et puis, si jamais tu te sens vraiment mal, n’hésites surtout pas à me le dire ! Il vaut parfois mieux se confier plutôt que de tout garder pour soi. »
Il en savait quelque chose, mais il était du genre à attendre des autres qu’ils fassent ce qu’il leur disait sans le faire lui-même. Toute cette tristesse qu’il gardait en lui, toute cette rancœur. Dae-Hyun lâcha un nouveau petit rire à l’appellation de Kaori.
« Sauveur ? Je n’ai plus qu’à aller m’acheter des collants et une cape pour avoir l’allure d’un vrai sauveur ! En tout cas, je suis ravi de faire ta connaissance Kaori, même si j’aurais quand même préféré qu’on se rencontre dans des circonstances un peu plus… normales ! Je n’ai pas encore songé à un nom de super-héros, alors tu peux tout simplement m’appeler Dae-Hyun pour le moment ! »
Le Coréen aimait plaisanter et il se disait que détendre l’atmosphère était sans aucun doute une bonne solution pour essayer de faire oublier le malheur que la jeune femme venait de vivre. Il avait bien noté ce qu’elle avait dit concernant son foyer, comme quoi elle n’était pas la bienvenue, mais il n’avait préféré pas poser de questions à ce sujet. Premièrement parce que ça ne le regardait pas, et deuxièmement parce que ce serait terriblement intrusif de la questionner à ce sujet alors qu’ils venaient de se rencontrer. Mais une chose était certaine, si jamais le courant passait bien entre eux, il ne pourrait décemment pas la quitter sans lui proposer de venir chez lui si jamais elle avait besoin de s’éloigner un peu de sa maison. Il comprenait tellement cette situation, de ne pas se sentir chez soi dans sa propre maison…
Ce n’était pas tous les jours que je me faisais secourir par un charmant jeune homme, alors pourquoi faire en sorte de me priver de sa compagnie ASAP ? De plus, c’était de l’ordre de la moindre politesse de lui proposer de passer un peu de temps ensemble ! Une voix me laissa entendre qu’en plus, il pourrait me donner son avis lors de mon essayage de vêtements, mais je la refoulai, détestant ce penchant « intéressé » ou opportuniste de ma personnalité. Alors que je commencai à regretter ma répartie parfois presque envahissante, le brun ne put visiblement pas s’empêcher de rire, ce qui eut le don de me rassurer presque instantanément. Ce n’était pas un rire moqueur.
« En tout cas, tu as l’air d’avoir du répondant malgré tout ! Et ne me remercie pas, c’est tout à fait normal d’être venu t’aider, je n’allais pas juste passer mon chemin en voyant cette scène ! Même si bon, je n’aurais pas été le seul dans ce cas… » avoua-t-il avant de soupirer.
Je le vis regarder autour de nous ; c’est vrai, personne n’avait ne serait-ce que levé le petit doigt. Personne… A part lui ! Je souris à cette pensée. Il fallait que je me concentre sur l’instant présent au lieu de me réfugier dans une réalité alternative entièrement basée sur des « et si… ». J’adorais refaire le monde de cette manière-là, mais c’était aussi dangereux, je le savais. La réalité dans laquelle je vivais, c’était celle où ce jeune homme -charmant dans tous les sens du terme- venait de me retirer une sacrée épine du pied.
« Je comprends oui ! Et j’accepte avec plaisir de t’accompagner pour tes emplettes ! Je suis loin d’être le meilleur garde du corps qu’il soit, mais je ne peux décemment pas te laisser repartir comme ça après ce que tu viens de subir, ça ne serait vraiment pas correct. Et puis, si jamais tu te sens vraiment mal, n’hésites surtout pas à me le dire ! Il vaut parfois mieux se confier plutôt que de tout garder pour soi. - Supeeeer, miciiii ! » m’exclamai-je.
Oula. Trop de spontanéité, Kaori. Calme-toi, un peu… J’espérais juste qu’il ne prenne pas peur de cet aspect de ma personne. Je faisais quotidiennement des efforts pour refouler ce répondant parfois bien trop enfantin, mais je ne réussissais pas toujours. En l’occurrence, c’était un échec. « Mici »… Pourquoi ? Ne pouvais-je pas juste répondre « merci », comme toute personne civilisée ? Apparemment, non. Ceci dit, il ne sembla pas m’en tenir rigueur puisqu’il rit lorsque je l’appelai mon sauveur. Je ris avec lui, consciente de cette appellation… Drôle ?
« Sauveur ? Je n’ai plus qu’à aller m’acheter des collants et une cape pour avoir l’allure d’un vrai sauveur ! En tout cas, je suis ravi de faire ta connaissance Kaori, même si j’aurais quand même préféré qu’on se rencontre dans des circonstances un peu plus… normales ! Je n’ai pas encore songé à un nom de super-héros, alors tu peux tout simplement m’appeler Dae-Hyun pour le moment ! »
Dae-Hyun. Dae-Hyun. Je m’appliquai à retenir ce nom, puis je m’attelai à découvrir son origine… Asiatique, mais… Coréen ? Japonais, chinois ? Ou étais-je à côté de la plaque ? Je penchai plus pour l’origine coréenne, mais n’étais pas assez sûre de moi.
« C’est coréen, Dae-Hyun ? Excuse-moi si je me trompe complètement, c’est fort possible ! Quant à ces circonstances… Je m’en excuse. Je dois sûrement attirer les individus de ce genre… » faillis-je avant de détourner le regard vers le sol.
Je me flagellai intérieurement. Il fallait que je me rattrape, et vite ! Depuis le début de la conversation, il avait tout fait pour rendre la situation plus légère, et voilà que je plombais l’ambiance… Parfois, je me haïssais vraiment. Je fis en sorte de rapidement me ressaisir avant de relever la tête et de plonger mes iris faussement bleutées dans les siens qui étaient d’un joli vert, un vert presque hypnotisant.
« Mais bref ! Mettons-nous en route ! » lançai-je, enthousiaste.
Et je me mis à marcher en direction du centre commercial, en espérant qu’il me suive. Je ne m’inquiétais pas trop, puisqu’il avait accepté de me tenir compagnie ! J’essayais doucement de faire comme si rien ne s’était passé, mais au fond, j’étais toujours en état de choc, et les images de mon agression sexuelle me hantaient. Ceci dit, je m’activais pour les refouler, et j’étais persuadée que je finirais par y arriver.
Après plusieurs minutes de marche, nous arrivâmes au centre commercial. Je prenais soin de vérifier que Dae-Hyun marchait à mes côtés et que je ne le semais pas. Je savais que quand j’étais déterminée, j’allais vite, et je ne voulais pas le perdre de vue, déjà qu’il avait gentiment accepté de m’accompagner… Au départ un peu hésitante, je décidai finalement de le faire devenir acteur de cet après-midi en ma compagnie !
« Bon, on y est. Je te laisse choisir la première boutique ! » dis-je en tirant la langue.
Une bonne manière de le faire participer activement à cette sortie shopping !
Dae-Hyun ne s’était pas attendu à jouer les super-héros, mais il ne s’était pas attendu non plus à se faire proposer un après-midi shopping par une parfaite inconnue ! Il n’avait rien de prévu de toute façon alors pourquoi refuser ? Surtout que le Coréen avait tendance à toujours vouloir donner de sa personne pour faire plaisir aux autres, même les personnes de qui il n’était pas proche. Cette jolie blonde ne faisait donc pas exception à la règle ! Et le mois qu’on puisse dire, c’était que la réponse positive du brun l’avait vraiment réjouie, ce qui fit à nouveau rire le concerné, mais toujours de son rire agréable sans aucune once de moquerie, bien au contraire. Il aimait les personnes avec un caractère aussi rafraîchissant ! Ça lui changeait pas mal de toutes les filles assez superficielles qui gravitaient bien souvent autour de lui, se souciant de tout ce qu’elles pourraient faire ou dire par peur de déplaire au danseur.
« Haha ! Ce n’est pas la peine de me remercier tu sais ! Ça me fait plaisir de pouvoir t’accompagner, et puis, ça me rassurera de savoir qu’il ne t’arrive pas encore une autre aventure malencontreuse ! »
Puis vint enfin le moment des présentations en bonne et due forme.
« Coréen, oui c’est ça ! Et toi alors, tu es d’origine japonaise ? J’ai appris qu’il ne fallait pas avoir d’idées préconçues sur l’origine des gens juste en entendant leur prénom et en les détaillant physiquement, on peut avoir beaucoup de surprises ! Rien que dans ma classe, je crois que nous sommes plus de la moitié à être des étrangers ! »
Et lui-même en était un parfait exemple. Il n’avait pas voulu se vanter, parce que ce n’était pas quelque chose dont il était fier, mais aucun Coréen pure souche ne pouvait arborer des yeux émeraude aussi beaux que les siens. Merci à ce père anonyme venant sans aucun doute d’un pays européen ou d’ailleurs. Il n’en savait rien et ne voulait rien en savoir. Ces yeux, qui étaient un atout indéniable à son charme et son charisme naturels, ils les avaient bien souvent détestés quand il était plus jeune, que les autres le jugeaient sans cesse à cause de ces derniers, mais aussi du fait qu’il n’avait pas de parents.
« Et j’espère bien que tu ne les attires pas ! Je ne sais pas si je vais avoir assez d’endurance physique pour tous les faire fuir ! Surtout que là, j’ai eu pas mal de chance que l’autre n’ait pas envie d’en découdre parce que je ne suis pas un combattant hors pair… Et j’espère aussi que tu ne vas pas finir par avoir envie de me ranger dans la même catégorie de personnes que ce type ! »
Il n’y avait aucun souci à se faire de ce côté. Dae-Hyun était un ange qui ne ferait pas de mal à une mouche, sauf si celle-ci l’a bien mérité. Il s’était battu pour toute sa vie dans son enfance. Il ne voulait plus s’exprimer par ses poings et sa colère, moteur de ces combats, s’était bien estompée avec les années. Toujours souriant, le Coréen acquiesça d’un signe de la tête quand la jeune femme l’invita à avancer vers le centre commercial. Il marcha derrière elle, les mains dans les poches, ses yeux s’attardant un peu partout autour d’eux. En photographe passionné qu’il était, il adorait regarder le monde s’activer autour de lui. C’était dommage, il aurait pu faire de jolis clichés s’il avait pris son appareil, notamment de jolies photos de Kaori dont la chevelure blonde flottait gracieusement derrière elle à chacun de ses pas. Arrivés à destination, celle-ci lança à Dae-Hyun de choisir la première boutique en tirant la langue. Etonné, le brun se gratta la nuque en affichant une moue pleine de réflexion.
« Hum… C’est une très bonne question ça ! Je pensais qu’on était là pour que tu fasses du shopping ! Tu sais, il ne faut pas me lâcher dans des magasins, j’ai tendance à être un peu un acheteur compulsif quand je vois des choses qui me plaisent ! Mais puisque c’est à moi de choisir… Pourquoi pas ce magasin ? »
Le Coréen avait pointé une animalerie du doigt. Son petit chaton qui l’attendait chez lui avait déjà quelques jouets, mais Dae-Hyun était pire qu’un papa gâteau, il adorait acheter tout plein de choses à sa précieuse boule de poils !
« J’ai un petit chaton dans mon appartement alors je voudrais bien lui acheter quelques nouveaux jouets. Ça te dit ? Et après, ce sera à ton tour de choisir le prochain magasin ! Au fait, tu as des animaux toi ? »
Cet après-midi s’annonçait pour le moins agréable finalement ! Dae-Hyun espérait juste qu’il n’allait pas finir par ressortir avec 40 sacs à chaque magasin qu’ils feraient !
En somme, j’étais heureuse d’avoir rencontré Dae-Hyun et me réjouissait à l’idée de passer l’après-midi avec lui. La perspective d’une journée shopping ne semblait pas lui avoir déplu, ce qui ne m’étonnait pas, vu son apparence : il avait l’air d’être un jeune homme aimant s’occuper de lui-même et surtout de son image, sans pour autant être superficiel.
« Haha ! Ce n’est pas la peine de me remercier tu sais ! Ça me fait plaisir de pouvoir t’accompagner, et puis, ça me rassurera de savoir qu’il ne t’arrive pas encore une autre aventure malencontreuse ! »
Je répondis par un rire franc – il n’avait pas tort, mais d’un autre côté, je voulais éviter qu’il me voit comme une petite fille sans défense (même si c’était un peu le cas…).
« Coréen, oui c’est ça ! Et toi alors, tu es d’origine japonaise ? J’ai appris qu’il ne fallait pas avoir d’idées préconçues sur l’origine des gens juste en entendant leur prénom et en les détaillant physiquement, on peut avoir beaucoup de surprises ! Rien que dans ma classe, je crois que nous sommes plus de la moitié à être des étrangers ! »
Et hop, un point de plus pour Dae-Hyun ! En réalité, je n’étais vraiment pas du genre à garder une sorte de compte de « points » dans ma tête pour chaque personne, mais c’était une façon de parler. Il avait raison. Par exemple, je m’interrogeai sur ses yeux verts qui pour le coup, ne me semblaient vraiment pas être l’œuvre de lentilles.
« Tu as bien raison ! Je suis bien d’origine japonaise, mais je suis aussi anglaise, révélai-je. Impressionné, n’est-ce pas ? »
Et je ne pus m’empêcher de rire. En vérité, je ne m’attendais pas du tout à ce qu’il soit impressionné. C’était un fait comme un autre, aussi banal que la couleur verte de l’herbe.
« Et j’espère bien que tu ne les attires pas ! Je ne sais pas si je vais avoir assez d’endurance physique pour tous les faire fuir ! Surtout que là, j’ai eu pas mal de chance que l’autre n’ait pas envie d’en découdre parce que je ne suis pas un combattant hors pair… Et j’espère aussi que tu ne vas pas finir par avoir envie de me ranger dans la même catégorie de personnes que ce type ! - Tu n’as pas à t’inquiéter pour ça ! »
Aucune chance. Impossible. En tout cas, j’en doutais fortement. A moins que Dae-Hyun se révèle être un fou furieux bipolaire dans le futur, il n’était pas plausible que j’ose le mettre dans cette « catégorie », comme il l’avait appelée. Déjà que je ne plaçais personne dans des « cases » d’habitude, je n’étais pas prête de le faire dans le cas de quelqu’un comme le brun.
« Hum… C’est une très bonne question ça ! Je pensais qu’on était là pour que tu fasses du shopping ! Tu sais, il ne faut pas me lâcher dans des magasins, j’ai tendance à être un peu un acheteur compulsif quand je vois des choses qui me plaisent ! Mais puisque c’est à moi de choisir… Pourquoi pas ce magasin ? »
L’emploi de l’expression « acheteur compulsif » l’avait fait rire, bien que je ne fus pas étonnée. Dae-Hyun était de bonne compagnie, et l’idée de devoir courir derrière lui au centre commercial m’amusait beaucoup. Surtout qu’il avait raison : à la base, c’était moi qui devait faire les magasins. Mais vu que c’était une excuse pour fuir mon chez-moi… Il avait pointé une animalerie du doigt, ce qui avait eu pour effet de me faire sourire. Quelle idée originale !
« J’ai un petit chaton dans mon appartement alors je voudrais bien lui acheter quelques nouveaux jouets. Ça te dit ? Et après, ce sera à ton tour de choisir le prochain magasin ! Au fait, tu as des animaux toi ? - Ooooh, trop chouuu ! Non, malheureusement, je n’en ai pas, mon père ne supporterait pas… »
Puis je m’empressai de sourire pour ne pas plomber l’ambiance. Je ne voulais pas que Dae-Hyun s’inquiète ; pour rien. Certes, je pense que la relation avec mon père était un facteur de stress dans mon quotidien – mais quand même, pas au point d’appeler les services sociaux. Je me dirigeai donc vite et avec hâte vers l’animalerie que mon ami venait de désigner – j’adorais les animaux !
Je crois, en y réfléchissant, que nous avons passé beaucoup de temps dans cette boutique. Ce n’est pas que Dae mettait du temps à trouver la nourriture adéquate pour son chat, non non… C’était que moi, j’étais ailleurs. Sur une autre planète. Entourée d’animaux. Une sorte de paradis imaginaire. Au bout d’un moment, mon ami dut me sortir de mon délire – le pauvre. Ça avait dû le gêner. Je m’étais empressée de m’excuser avant de me diriger vers la caisse en sa compagnie, les joues encore rougies par mon comportement. Une fois sortis, ce fut à mon tour de choisir un magasin.
« Je propoooose… Une boutique de vêtements ! C’est pour ça que j’étais venue à la base… Il me faut de nouveaux habits pour l’été. »
Et sans l’attendre, je me dirigeai déjà vers le centre commercial et la première boutique de vêtements que j’aperçus – je m’y étais déjà rendue une ou deux fois, donc je savais qu’on y trouvait des vêtements de qualité. De bonne humeur, je ne fis pas beaucoup de tri visuel et m’alourdis d’un short et de plusieurs T-shirts, ainsi que de deux maillots de bain… Sans regarder les prix. On n’a qu’une vie, après tout ! Direction les cabines d’essayage – j’espérais que Dae arrivait à me suivre.
« Je reviens ! » lui lançai-je en entrant dans la cabine.
Durant l’essayage, je tombai amoureuse du short et d’un des T-shirts que j’avais pris. Seulement, en ce qui concernait l’un des maillots de bain, je n’arrivais pas à me décider. L’idée de demander l’avis de Dae-Hyun me gênait un peu, mais ce n’est pas comme si j’avais vraiment d’autre choix si je voulais être aidée pour mon choix. Je tirai alors le rideau en lui faisant face.
« Tu en penses quoi ? »
En espérant qu’il ne fuie pas en courant, même si j’en doutais !
Dae-Hyun était ravi de pouvoir faire connaissance avec la jolie blonde qu’il avait sauvée tel un preux chevalier des mains d’un terrible brigand. Bon, c’était juste un peu exagéré, mais le fait était que le Coréen était quelqu’un d’extrêmement sociable qui aimait le contact avec les autres, en plus d’être assez curieux. Résultat, cette nouvelle rencontre était idéale puisqu’elle lui permettait d’être lui-même : sociable, accompagné et curieux, même si ces points ne résumaient pas entièrement la personnalité du danseur. Pour satisfaire sa curiosité, et sans doute celle de Kaori, ils en étaient venus à parler de leurs origines. Ce sujet était assez épineux pour Dae-Hyun, surtout quand on essayait d’en apprendre plus sur ses parents et sur l’origine de ce regard si envoûtant, mais fort heureusement, la demoiselle ne semblait pas vouloir en savoir davantage. Le Coréen n’aimait pas vraiment mentir, et il n’arrivait pas à empêcher son visage de s’assombrir quand il pensait à sa mère biologique, véritable traînée, son père biologique, étranger inconnu, ainsi qu’à ses parents adoptifs.
« Anglaise hein ? Je n’aurais jamais parié là-dessus ! Ça explique la couleur de tes jolis yeux bleus ! Et tu as déjà vécu en Angleterre ? »
Dae-Hyun était toujours souriant, continuant à poser des questions pour faire connaissance et satisfaire sa curiosité, espérant quand même ne pas se montrer trop intrusif. L’heure était maintenant venue de choisir leur premier magasin et comme c’était au Coréen de choisir, il pointa une animalerie afin d’acheter quelques petits jouets et gâteries à son petit chaton qui devait attendre impatiemment son retour. Kaori avait souri après ses mots, mais le brun avait bien senti qu’elle l’avait fait pour ne pas trop plomber l’ambiance. En matière de sourire de façade, le brun était un professionnel, même si pour le moment, il n’avait pas eu à user de cette compétence en compagnie de la blonde.
« Puisque tu n’as pas le droit d’avoir d’animal chez toi, je t’invite à venir chez moi quand tu veux pour t’amuser avec ma petite boule de poils ! Je suis sûr qu’il serait ravi de faire une nouvelle connaissance ! Et puis, avec tous les jouets que je vais lui acheter, il va très certainement t’adorer si tu lui en offres un toi-même ! »
Okay. Heureusement que Dae-Hyun avait dit ça en toute innocence parce qu’un quiproquo aurait très bien pu avoir lieu. Il venait quand même d’inviter une jolie demoiselle chez lui à voir sa boule de poils. S’il n’avait pas parlé d’un chat… BREF ! Ils entrèrent dans le magasin plein d’animaux tous plus mignons les uns que les autres et de tout un tas d’accessoires. Dae-Hyun mit un certain temps à se décider pour acheter finalement quelques friandises et des petits jouets pour son chaton, et alors qu’il s’apprêtait à aller à la caisse, il remarqua que Kaori était vraiment absorbée par ces adorables bébés qui n’attendaient qu’une chose : qu’on les adopte. Le brun lui tapota doucement l’épaule avec son index, son habituel sourire sur les lèvres.
« Tu as vraiment l’air de les aimer les animaux en tout cas ! Ça ne me gêne pas qu’on passe toute la journée à les regarder, mais tu ne voulais pas faire un peu de shopping ? »
Dae-Hyun espérait qu’elle n’allait pas mal le prendre, mais il fut surpris de la voir s’excuser, les joues rougies par la gêne. Bah mince, elle était encore plus mignonne comme ça ! Le brun agita les mains pour lui dire que ce n’était rien, et ils finirent par se rendre à la caisse avant que Kaori ne propose le prochain magasin : une boutique de vêtements ! La demoiselle s’empressa d’y pénétrer et de sélectionner plusieurs articles pendant que le Coréen regardait les rayons avec envie. Il aimait les vêtements, mais il avait déjà pas mal dépensé pour son chat alors il allait devoir se calmer s’il ne voulait pas finir par transporter 50 000 sacs alors qu’ils n’avaient fait que deux magasins ! Il se contenta donc de suivre la demoiselle dans les rayons, attendant ensuite non loin des cabines d’essayages. Il n’était pas là pour mater ou quoi que ce soit !
Il s’était posté dos aux cabines, attendant que Kaori ait fini, afin de ne pas se perdre dans cette grande boutique. Entendant le rideau s’ouvrir derrière lui, Dae-Hyun se retourna et tomba face à une blonde déjà très jolie qui lui faisait le cadeau de se montrer à lui en maillot de bain pour avoir son avis. Heureusement, le brun n’était pas timide pour un sou et surtout, il était habitué à voir des demoiselles en sous-vêtements puisqu’il avait déjà eu l’occasion de faire plusieurs shooting de lingerie. Il prit le temps de la regarder, ne quittant pas son beau sourire, lui répondant finalement :
« Il te va super bien ! Il s’accorde à la perfection avec tes yeux, ton teint et tes cheveux. Tu vas faire un malheur en allant à la piscine ou à la mer avec, c’est certain ! »
Après tout, il disait ça, mais peut-être que la jolie blonde avait déjà un petit-ami ! Il aimait bien faire du charme, mais il ne voulait pas trop précipiter les choses avant d’en apprendre plus sur la jeune femme. Il aimait les jolies choses, et il en avait une sublime devant ses yeux. Et puis, en la regardant, il lâcha un petit « Ah ! », faisant signe à Kaori de l’attendre. Il disparut quelques instants derrière un rayon d’accessoires et revint avec une jolie barrette ornée d’un fleur bleue artificielle qu’il déposa dans la chevelure de la jeune femme.
« Voilà ! Tu es parfaite comme ça ! Si elle te plaît, je te l’offre ! »
Quelque chose chez Dae m’inspirait confiance, sans que je ne sache trop ce que c’était. De ce fait, j’arrivais à être moi-même avec lui, presque sans-gêne ! Pour être honnête, ça fait vraiment du bien, et on l’oublie parfois…
« Anglaise hein ? Je n’aurais jamais parié là-dessus ! Ça explique la couleur de tes jolis yeux bleus ! Et tu as déjà vécu en Angleterre ? - Oui, je suis née là-bas et y ai vécu jusqu’à mes dix-huit ans… Puis j’ai emménagé au Japon avec mon père et me suis inscrite à l’Académie Yokuboo. Merci du compliment ! »
Qu’est-ce qu’il était aimable… Et craquant, en plus de ça. Pour ne rien arranger, nous nous trouvions dans une animalerie avec tout plein de chatons tous plus mignons les uns que les autres. Alors oui, pardonnez-moi si j’étais dans une humeur un peu romantique sur les bords. Humeur que Dae-Hyun sembla remarquer sans aucune difficulté.
« Tu as vraiment l’air de les aimer les animaux en tout cas ! Ça ne me gêne pas qu’on passe toute la journée à les regarder, mais tu ne voulais pas faire un peu de shopping ? - Oh ouiiii ! »
Je lui adressai un de mes plus beaux sourires. Bon, il venait aussi de m’inviter chez lui en utilisant son chaton comme prétexte… Mais pour l’instant, je m’en fichais. Il avait l’air d’être quelqu’un de foncièrement gentil cela se faisait de plus en plus rare, de nos jours. Alors je décidai de profiter du temps qu’on allait passer ensemble sans trop me prendre la tête. Après tout, j’avais prévu cette journée pour me changer les idées, initialement !
En parlant de changement, nous avions payé avant de nous diriger vers la boutique de vêtements que j’avais choisie. Pour une fois (et croyez-moi, c’est rare), je n’avais pas mis trop de temps à trouver les habits qui me plaisaient et que je souhaitais essayer. Je pense surtout que je voulais quand même épargner à mon nouvel ami des heures d’errance dans des magasins de vêtements. Le shopping, oui, mais avec modération !
« Il te va super bien ! Il s’accorde à la perfection avec tes yeux, ton teint et tes cheveux. Tu vas faire un malheur en allant à la piscine ou à la mer avec, c’est certain ! - Wow ! Merci, je suis flattée ! »
Qui a parlé de modération… ? Eh oui, nous en étions à ce point-là de… L’amitié. Alors que ça ne faisait qu’une heure qu’on se connaissait. J’avais regretté mon attitude désinvolte à l’idée qu’il puisse s’enfuir au courant, mais sa réaction tout à fait naturelle avait eu pour effet de me relaxer. Et pour le coup, je n’étais pas du tout mal à l’aise. En tout cas, c’est certain que ce n’était pas la première fois qu’il voyait une fille en sous-vêtements…
Je m’apprêtais à me rhabiller lorsque Dae disparut plus vite que son ombre, sans prévenir, me faisant signe d’attendre un peu. Il ne s’absenta pas si longtemps que ça, mais ces quelques secondes me parurent de longues minutes, et en bonne paranoïaque que je suis, j’avais même été amenée à me demander s’il n’était pas parti… DAE T’AS INTERET A ET- … J’ai rien dit. Le brun m’interromput dans ma panique pour déposer une petite barrette dans mes cheveux, geste qui me fit sourire et rougir au passage.
« Voilà ! Tu es parfaite comme ça ! Si elle te plaît, je te l’offre ! »
Je me dépêchai de me regarder dans la glace, de refaire quelques tours sur moi-même et de faire plusieurs mimiques devant le miroir. A mon grand bonheur, je réalisai que cette barrette embellissait réellement ma frimousse. Beaucoup trop contente, je me retournai et sautai dans les bras de mon ami !
« Ouiiii elle est magnifique ! Merci beaucoup, Dae, merci merci merciiiii ! »
Décidément, ce garçon était adorable. Habituellement, je l’aurais repris et corrigé en disant que j’allais payer – mais je ne pouvais pas me permettre un autre article en plus de ce que j’allais acheter et après tout, c’était lui qui était allé la chercher de lui-même… Puis une femme a le droit de se laisser offrir quelques cadeaux de temps en temps, non ?
Ce sont les pensées qui occupèrent mon esprit alors que je me rhabillais. Une fois ceci fait, je pris soin de ne rien oublier dans ma cabine d’essayage et me dirigeai vers la caisse… avant de faire volte-face, me retrouvant juste face à mon ami, tout près de lui. Même un peu trop… ? Je fus mon possible pour cacher ma légère gêne due à cette proximité, mais ne me laissai pas perturber au point d’oublier ce que je voulais dire !
« J’allais me diriger vers la caisse, puis j’ai pensé… Tu veux t’acheter quelque chose, toi ? »
Oh et puis non. Imaginez qu’il réponde négativement ? Je me sentirais trop mal de l’avoir forcé à me suivre dans cette journée shopping ! Immédiatement, je lui lançai un sourire et plongeai mes yeux dans les siens.
« Oublie ! Je ne te laisse pas le choix. On va t’acheter des vêtements. Ou autre chose, d’ailleurs, si tu veux ! Dis-moi simplement ce que tu veux, et on ira… A la chasse ! Vos désirs sont des ordres, cher Dae-Hyun. »
Voilà qui était bien mieux… Et beaucoup plus marrant.
Alors il n’était pas le seul à avoir vécu et grandi dans un autre pays pour finalement débarquer au Japon, à Nara. Dae-Hyun était curieux et il avait envie d’en apprendre plus sur cette jolie blonde qu’il accompagnait pour sa virée shopping. Il hésita un moment, espérant ne pas être trop intrusif, mais il finit par se lancer. Le courant passait plutôt bien entre eux alors il avait espoir que la demoiselle ne finisse pas par se lasser de toutes ces questions qu’il lui posait.
« Je ne sais absolument pas quel âge tu as, et c’est plutôt indiscret de le demander à une femme d’après mon expérience, donc je ne sais pas depuis combien de temps tu es au Japon, mais tu t’y plais ? Ce n’est pas dur de passer d’une vie londonienne à une vie japonaise après 18 ans ? »
Il voulait savoir son âge et il avait aussi terriblement envie de savoir pourquoi elle avait fini par quitter l’Angleterre pour venir dans ce pays si lointain avec son père, mais là, c’était vraiment trop indiscret. Et alors qu’il allait passer à autre chose, le Coréen tiqua. Yokuboo ? Il avait bien entendu ?
« Attends… Tu es inscrite à l’Académie Yokuboo ? Vraiment ? J’y suis aussi ! Seulement depuis la rentrée, enfin, je suis arrivé un peu avant, mais je suis super content de rencontrer d’autres personnes qui y étudient, c’est génial ! Qu’est-ce que tu fais comme études du coup ? Je ne me souviens pas t’avoir déjà vue dans un de mes cours, on ne doit pas suivre les mêmes. »
Et très certainement ne pas être en même année aussi. Il fallait dire que cette université était vraiment vaste et elle abritait de très nombreux lycéens et étudiants, c’était normal qu’il n’ait jamais vu Kaori avant s’ils ne suivaient pas le même cursus. Et puis, si elle suivait le même que lui, il était certain qu’il l’aurait déjà remarquée. Après une escale dans une animalerie qui aurait pu s’éterniser si Dae-Hyun n’avait pas rappelée à sa camarade qu’ils étaient là pour qu’elle fasse un peu de shopping, ils se dirigèrent vers un premier magasin de vêtements, la blonde s’empressant de prendre quelques vêtements pour aller les essayer. Et le Coréen fut assez surpris de voir que la demoiselle avait soudainement ouvert le rideau de sa cabine pour avoir son avis sur un maillot de bain. Elle n’avait pas l’air très pudique ! Et puis, même si n’importe quel garçon aurait regardé ce beau spectacle avec envie ou avec gêne, l’œil de Dae-Hyun se fit professionnel, comme il l’était avec ses modèles qui posaient pour lui en sous-vêtements.
Le danseur complimenta la jeune femme et s’empressa de disparaître pour parfaire sa tenue avec une jolie barrette qu’il attacha dans sa chevelure blonde. C’était encore mieux comme ça ! Et comme le Coréen aimait faire plaisir, il proposa à son interlocutrice de lui acheter cet accessoire s’il lui plaisait. Se regardant dans le miroir sous toutes les coutures, Kaori finit par vraiment prendre le brun au dépourvu en lui sautant littéralement dans les bras, toujours en maillot de bain. Bon. Ce n’était pas la première fois non plus étant donné que Dae-Hyun avait déjà plusieurs relations à son actif du fait qu’il aimait être entouré sans toutefois parvenir à s’attacher, mais même si on était habitué, ça faisait toujours son petit effet qu’une jolie demoiselle à moitié nue se jette dans vos bras ! Sa surprise se traduisit par des yeux légèrement écarquillés et des lèvres entrouvertes. Il resta les bras en suspens, n’osant pas la toucher. Les occidentaux étaient définitivement bien plus tactiles que les asiatiques !
« Haha, mais de rien Kaori ! Ça me fait plaisir ! Et ça me permet aussi de te remercier pour ces moments qu’on passe ensemble, je me serais bien ennuyé si je ne t’avais pas rencontrée ! »
Il reprit contenance pour lui lancer ces quelques mots avant que la demoiselle ne finisse par disparaitre derrière le rideau pour se rhabiller, le brun en profitant pour souffler un peu. Heureusement qu’il savait garder son calme en toute circonstance ! Enfin, vu le regard amusé et gêné des autres clients de la boutique, ils n’étaient pas passé inaperçus. Tant pis ! Et alors qu’ils se dirigeaient vers la caisse, Dae-Hyun un peu dans ses pensées, l’Anglaise parvint une nouvelle fois à le surprendre en se retournant d’un coup, sans prévenir. Résultat, ils s’étaient retrouvés une nouvelle fois assez proches pendant que la blonde lui demandait s’il voulait s’acheter quelque chose, revenant sur ses mots pour dire qu’il se devait d’acheter un petit quelque chose, quoi que ce soit. Le Coréen ne put s’empêcher de rire.
« Tu sais, tu ne devrais pas dire ce genre de choses à la légère Kaori ! Je pourrais très bien avoir des idées très mal placées, surtout après t’avoir vue en maillot de bain ! Mais puisque tu insistes, il y a bien quelques petites choses qui me font de l’œil… »
Dae-Hyun invita Kaori à le suivre dans les rayons pour homme et il commença à fouiner un peu dans les différents articles pour finalement en sortir quelques vêtements : des jean slim, quelques t-shirts, une chemise, et aussi des boxers. Parce que mine de rien, il avait un dressing super bien rempli, mais les sous-vêtements étaient sans doute la chose qu’il avait le moins. Et avec un sourire, il se dirigea vers les cabines, bien décidé à rendre la pareille à la jeune femme. Il commença par essayer un slim noir avec une chemise blanche qui lui donnait un air vraiment très classe, ouvrant le rideau pour que Kaori le regarde, prenant une pose digne d’un tombeur tout en se passant la main dans les cheveux.
« Ça m’a l’air pas mal ! Je n’avais pas encore de tenue pour des soirées chic, ça fera très bien l’affaire non ? Ah et attends, il y a un dernier truc que je veux te montrer ! »
Refermant le rideau, Dae-Hyun pouffait déjà de rire intérieurement à l’idée de sa bêtise. Est-ce qu’elle allait avoir une attitude aussi désinvolte avec son prochain essai ? Il retira son jean, sa chemise et enfila un des boxers qu’il avait pris en rayon. Un boxer on ne peut plus sobre, d’un vert qui s’accordait parfaitement à ses yeux, avec l’élastique noir. Mais mis à part ça, il ne portait absolument rien, laissant à découvert les muscles fins de son torse.
« Est-ce que tu peux regarder par le rideau pour voir si ça me va bien ? Je n’ose pas trop sortir comme ça. »
Comment était-il possible de se rapprocher autant d’une personne en si peu de temps ? Cela faisait littéralement un peu plus d’une heure qu’ils se connaissaient. Peut-être deux, tout au plus. Il fallait dire que Dae-Hyun était vraiment un garçon adorable – du moins de ce que Kaori avait pu voir. Elle ne croyait plus vraiment au coup de foudre… mais par contre, le sourire de son nouvel ami lui réchauffait le cœur, ça c’était sûr.
Mais il avait touché une corde sensible, sans trop le vouloir, certes, mais c’était un fait. Si, c’est dur de passer d’une vie londonienne à une vie japonaise après dix-huit ans. C’est ce qu’elle aurait voulut répondre : mais cela rendrait la douleur réelle, puisque dite. Alors elle s’était tue, et avait dit « oui » de la tête en rigolant. Et cela suffisait. Du moins pour l’instant. Heureusement pour elle, Dae-Hyun avait ensuite réagi immédiatement en entendant le nom de l’Académie à laquelle était inscrite la blondinette, s’empressant de lui dire qu’il y était aussi et lui demandant ce qu’elle étudiait. Encore légèrement refroidie (malgré elle) par le sujet précédent, elle s’était contentée de répondre sans renchérir pour raviver le feu de la discussion.
« Cela fait trois ans que j’y étudie la psychologie, spécialité criminologie ! »
Elle aurait bien voulu lui demander ce qu’elle étudiait, lui, mais à ce moment-là, elle était bien trop perturbée. Alors elle s’était contentée de lui sourire et s’était dit qu’elle lui demanderait plus tard. Maintenant qu’ils se connaissaient, la blondinette n’était pas prête de lâcher le beau brun. Au fond d’elle, elle espérait sincèrement qu’il ne fasse pas partie de la catégorie des garçons « trop bons trop cons » mais elle en doutait, ce qui la rassurait.
De toute façon, c’était trop tard, maintenant qu’elle lui avait sauté dans les bras en sous-vêtements… Il n’y avait pas vraiment de retour en arrière. Alors elle se dit qu’elle se contenterait de ralentir un peu le train en marche, mais seulement par pure éducation anglaise. Parce que sinon, il fallait bien avouer que les câlins, ça faisait toujours du bien… Habillée ou pas.
« Haha, mais de rien Kaori ! Ça me fait plaisir ! Et ça me permet aussi de te remercier pour ces moments qu’on passe ensemble, je me serais bien ennuyé si je ne t’avais pas rencontrée ! - Moi aussi, Dae ! »
Quel compliment ! Kaori faillit fondre sur place. Ce n’était pas la lune, mais ce n’était pas non plus rien qu’un petit vers de terre de compliment. Les joues rougies, elle se contentait encore et toujours de lui adresser ses sourires les plus sincères, et de plonger son regard dans le sien. Geste beaucoup trop intense compte tenu de la proximité qui s’était installée presque naturellement entre nos deux jeunes gens.
« Tu sais, tu ne devrais pas dire ce genre de choses à la légère Kaori ! Je pourrais très bien avoir des idées très mal placées, surtout après t’avoir vue en maillot de bain ! Mais puisque tu insistes, il y a bien quelques petites choses qui me font de l’œil… - Tu es bien trop adorable pour avoir de telles idées, voyons… » répondit-elle en lui adressant un clin d’œil joueur.
Sans se faire attendre, Kaori suivit son bel ami dans les rayons pour homme et le regarda choisir les vêtements qu’il comptait sûrement essayer. Puis l’image du beau brun en maillot de bain apparut dans son esprit, et viola son innocence au passage. Ahem. Elle se dépêcha de se reconcentrer sur les événements présents et de suivre le garçon jusqu’aux cabines, appréhendant un peu ce qui allait se passer. Pas qu’elle craignait d’être déçue, non, loin de là… Mais contrairement à Dae, elle n’était pas capable de rester aussi stoïque devant un joli corps presque dénudé.
« Ça m’a l’air pas mal ! Je n’avais pas encore de tenue pour des soirées chic, ça fera très bien l’affaire non ? Ah et attends, il y a un dernier truc que je veux te montrer ! »
Tout se passa très vite, et notre petite blondinette ne comprit pas grand-chose, et comprit tout à la fois. En tout cas, ce qui était sûr, c’est qu’elle avait bien compris ce que ses yeux venaient de voir. Il fallait le dire : Dae-Hyun était… Sexy. Très. Peut-être même trop. Heureusement, il avait refermé le rideau de sa cabine avant que Kaori ait réellement le temps de rougir. Par contre, l’heure était grave. Comment ça, « il y a un dernier truc que je veux te montrer » ? L’anglo-nipponne fut obligée de retenir son rire face à tous les sous-entendus contenus dans cette phrase. Non, ce n’était quand même pas poss-…
« Est-ce que tu peux regarder par le rideau pour voir si ça me va bien ? Je n’ose pas trop sortir comme ça. - Euh, oui, bien sûr ! »
Inspire, expire. Inspire, expire. Au moins, il ne sera pas nu, ça c’est sûr, puisqu’il te demande de voir si ça lui va bien. Donc allez. Porte tes… Tes seins, oui, voilà, tes seins, porte tes seins et regarde. Enfin, ne porte pas littéralement tes seins s’il te plaît. Allez. Un… Deux… Trois ! Kaori n’en crut pas ses yeux. Dae-Hyun… Jamais dans sa vie elle n’avait vu d’aussi beau garçon. Enfin, elle n’en avait pas vu beaucoup de toute manière, mais là, c’était presque du domaine de l’incroyable. Le brun, en plus d’avoir un visage aux traits excellement bien dessinés, possédait un corps absolument digne de celui-ci. Et oui, il fallait le dire, ce boxer lui allait vraiment bien et était à la bonne taille. La blondinette tenta de s’exprimer, les joues couleur on-a-tartiné-de-la-confiture-de-fraise-sur-ma-figure.
« Dae-Hyun… Euh. Oui, il te va bien. Tu n’as pas à t’inquiéter… Voui. Il te va vraiment bien. »
Et elle retira sa tête avant de bien refermer le rideau. Ce n’est pas qu’elle n’avait pas apprécié la vue. Oula. Pas du tout, même. Détrompez-vous. Mais ça aurait été fortement malpoli de rester là, à contempler son corps de manière tout sauf discrète, et Kaori n’était pas comme ça.
Elle reprit ses esprits alors que Dae était sûrement en train de se rhabiller, et songea au fait que le brun avait peut-être voulu lui « rendre la pareille » avec son geste. Le problème, c’était que croire ceci revenait à parier sur le fait que Dae-Hyun était joueur, et si elle se trompait, ça promettait d’être gênant. Mais en même temps, elle ne saurait jamais si elle ne creusait pas plus loin. La curiosité est un vilain défaut, les enfants, un vilain défaut. Elle l’emporta sur la prudence de la blondinette et elle ne put résister à la tentation.
« Dis, Dae-Hyun… Je me demandais si ton invitation tenait toujours. Mine de rien, je commence à être fatiguée, la foule de ces boutiques m’épuise, à vrai dire. Et… Pour être tout à fait honnête, je n’ai pas envie de rentrer chez moi. Si on allait chez toi, je pourrais rencontrer ton petit chaton et on pourrait faire connaissance dans un endroit plus tranquille… Qu’en penses-tu ? »
Kaori avait sorti le grand jeu, et s’était exprimée d’une voix douce et sensuelle. Elle avait presque chuchoté, pour être certaine que son ami soit le seul à l’entendre. Mais ce n’était pas encore tout à fait fini ! Elle avait pensé encore un peu plus loin. C’est ainsi qu’au moment même où le brun sortit de la cabine, l’anglo-nipponne plongea son regard dans le sien, faisant des yeux de petit chat. Là, c’était certain, elle en apprendrait plus sur les limites de Dae-Hyun.
Dae-Hyun avait posé la question sans vraiment réfléchir, ne pensant pas que cela pourrait raviver de mauvais souvenirs chez la demoiselle. Il fallait dire que même si, comme lui, de nombreux étrangers étaient dans cette ville de Nara, pas tous n’étaient venus de leur plein gré, simplement pour découvrir autre chose. Après tout, il était dans cet autre cas, celui d’avoir quitté son pays natal pour fuir une réalité bien trop dure à supporter. Il lui fallait du temps, et il lui fallait aussi tout quitter, ne serait-ce que pour finir ses années universitaires pour songer à retourner en Corée pour prendre la suite de son père à la tête de sa multinationale. Il aimait profondément son père adoptif, la seule personne encore proche de lui à ce moment précis et pour qui ses sentiments étaient sincères. Il s’en voulait d’être parti loin, mais ce futur qu’il ne désirait pas, il voulait le fuir. Encore un peu, juste un peu. Il avait bien remarqué que la jeune femme s’était contentée de hocher la tête en riant. Il n’était pas dupe. Il savait. Il savait que c’était une méthode pour cacher ce qu’elle ressentait réellement puisque c’était exactement le genre de réactions qu’il avait lui-même depuis le tragique accident qui l’avait privé de sa mère adoptive.
En tout cas, elle semblait un peu ailleurs alors qu’elle répondait à la question concernant son cursus, réponse qui surprit et impressionna le jeune homme qui préféra ne pas renchérir, histoire de laisser un peu de répit à la jolie blonde. Elle n’avait pas posé de question pour en savoir plus à son sujet, mais tant pis, elle devait très certainement penser à autre chose à cause de sa précédente question. Ou peut-être qu’il ne l’intéressait tout simplement pas ? En pensant à ça, Dae-Hyun sentit son cœur son serrer. Ça faisait terriblement mal à son égo de se dire ça ! Et puis, en la voyant sauter ainsi, en maillot de bain, dans ses bras, il s’était dit que c’était clairement ça. Mais en voyant la rougeur qui teintait délicatement ses joues, le brun se dit que tout n’était pas perdu, qu’il n’était pas juste un mec qui allait la sauver d’une après-midi ennuyante, mais qu’ils allaient pouvoir continuer à se voir plus tard. Et maintenant, c’était au tour du Coréen de faire ses emplettes, riant à la réponse de la demoiselle.
« Haha ! Merci pour le compliment ! Mais même si je suis adorable, je n’en reste pas moins un homme ! »
Parce que ces idées, il s’en voulait un peu, mais il les avait clairement eues. Il était habitué à voir des femmes en petite tenue, mais ça avait quand même toujours son petit effet, surtout quand ce n’était pas dans un cadre professionnel ! Et puis, cette blonde était vraiment sympa et surtout très très à son goût. Comment ne pas y penser dans ce cas de figure ? Dae-Hyun partit alors dans les rayons à la recherche de quelques articles à essayer, puis prit la direction des cabines, suivi par Kaori. Après une tenue qui lui servirait pour les grandes occasions, le Coréen avait une petite surprise pour son accompagnante. Et quand elle ouvrit le rideau pour jeter un œil dans la cabine, elle ne fut visiblement pas déçue du spectacle, ses joues s’étant immédiatement teintées de rouge. Quand le rideau se referma, le brun ne put s’empêcher de pouffer légèrement. Vengeance accomplie ! Pendant qu’il se rhabillait, la jeune femme reprit la parole. Ses mots le surprirent d’abord, puis l’amusèrent, un sourire se fixant sur son visage alors qu’il ouvrait le rideau et plantait son regard dans celui de Kaori, s’approchant tout près pour lui glisser à l’oreille :
« Bien sûr que mon invitation tient toujours Kaori ! Allons régler tout ça et je t’emmène à la rencontre de mon adorable chaton. »
Après ces mots susurrés à son oreille, le brun se recula, un grand sourire sur les lèvres et invita la demoiselle à passer devant pour régler ses achats. La suite des évènements promettait d’être intéressante ! Une fois sortis du magasin, Dae-Hyun s’arrêta quelques secondes.
« Est-ce que tu veux que je porte tes sacs jusque chez moi ? Ce n’est pas très loin, mais ce serait dommage de t’épuiser maintenant. »
Encore une pique qu’il venait de lui lancer. En voyant le répondant qu’elle avait eu suite à son essayage de boxer, il en avait conclu qu’il pourrait continuer à s’amuser à la taquiner un peu. Peut-être que ce n’était qu’un jeu, qu’il ne se passerait absolument rien, mais Dae-Hyun aimait ça. Il aimait jouer, tester les limites.
« Haha ! Merci pour le compliment ! Mais même si je suis adorable, je n’en reste pas moins un homme ! »
Kaori ne put s’empêcher de pouffer. Rire à moitié jaune, cependant. Les images de son agression sexuelle réapparurent dans sa tête comme un flash, mais elles ne restèrent pas longtemps. Kaori avait appris à les chasser, depuis un bout de temps maintenant. Du moins, elle faisait de son mieux pour se protéger à chaque fois qu’ils arrivaient sans prévenir. A l’instant présent, le fait qu’elle soit avec Dae-Hyun avait beaucoup aidé. Elle prenait les choses avec plus de légèreté.
Bien sûr qu’elle l’avait entendu pouffer après sa petite vengeance alors qu’il se changeait dans la cabine. Elle était amusée et à la fois, un peu gênée. Du moins, un peu chamboulée. Il lui semblait qu’on ne pouvait pas poser son regard sur le beau brun sans l’être, après tout. Elle essayait de reprendre ses esprits tout en prenant soin de stocker cette image quelque part dans sa tête.
« Bien sûr que mon invitation tient toujours Kaori ! Allons régler tout ça et je t’emmène à la rencontre de mon adorable chaton. - Super ! »
Ces mots, susurrés à l’oreille de Kaori, avaient eu le don de la faire frémir. Elle tressaillit même un peu, alors il était impossible que Dae-Hyun ne s’en soit pas rendu compte. La blondinette était heureuse que son ami ait répondu positivement et elle se réjouissait de découvrir son petit monde, et son petit chaton… qu’elle trouverait sûrement adorable, aucun doute là-dessus ! Sans attendre, les deux jeunes gens se dirigèrent vers la caisse, un grand sourire sur leurs lèvres respectives. Très galant, il laissa son amie payer avant lui et une fois libérés de l’emprise du magasin, il ne se fit pas attendre pour reprendre la parole !
« Est-ce que tu veux que je porte tes sacs jusque chez moi ? Ce n’est pas très loin, mais ce serait dommage de t’épuiser maintenant. - C’est si gentiment proposé, je ne vais pas me gêner ! Oh, je voulais dire : oui, je veux bien que tu me donnes un coup de main, Dae-Hyun.
Un petit clin d’œil pour accompagner cette réponse, et le tour était joué. Evidemment, elle aurait pu largement porter ses sacs, peu importe qu’il habite près ou loin d’ici, d’ailleurs. Mais le jeune homme avait voulu jouer alors il était hors de question que Kaori fasse la dure et refuse son offre. De plus, elle savait très bien, au fond d’elle-même, que le brun était conscient que son amie pouvait très bien s’occuper de ses propres sacs de vêtements et qu’il avait seulement fait cette proposition pour la taquiner.
L’après-midi commençait doucement à toucher à sa fin lorsque les deux jeunes gens se dirigèrent vers l’appartement de Dae-Hyun. Cette soirée chez le Coréen promet…
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