Il ne s’était pas passé plus de deux jours depuis l’accident… C’était un milieu d’après-midi bien ennuyeux. Tout le monde semblait de sortie et on avait demandé à Akio de ne pas bouger sauf éventuellement pour aller aux toilettes. La blague. Le jeune homme était donc installé dans le canapé, lisant un livre de cours tout en essayant de ne pas se laissé submergé par ses pensées.

Il devait parler avec Anders, le jeune homme le savait et plus ça traîné, plus la situation deviendrait ingérable. En récapitulant, il avait eu plein d’occasion de lui en parler… Mais la seule fois où il avait trouvé le courage, ben, il avait fini dans cet état et maintenant, Aria et lui sortaient ensembles. La porte s’ouvrit et il sursauta si fort qu’il en tomba du canapé pour se retrouver les fesses au sol.

C’était Aria… Ouf. Akio éclata de rire presque aussitôt en se massant une fesse. Ramokio, qui dormait à côté de lui, avait aussi sursauté, le pauvre. Il le caressa et se redressa tant bien que mal en profitant d’une main secourable.

- Pardon, j’étais complètement ailleurs. Je ne m’attendais pas à ce que tu rentres aussi tôt.

Le hasard avait voulu que son livre de médecin tombé au sol avec lui soit ouvert sur l’anatomie féminine… Hasard grossier, car il n’était pas du tout à cette page-là. Il se défendit presque aussitôt.

- C’est un chapitre d’il y a deux mois… Va pas te faire des idées.

Mais le vif du sujet arriva bien vite et Anders rentra quelques minutes après. Akio échangea un bref regard avec sa belle. Le père des blonds n’étaient pas là et c’était probablement le meilleur moment. Akio proposa alors d’une voix calme et aussi sérieuse que possible une fois que son ami avait eu le temps de bien rentrer et poser ses affaires.

- Anders… ça t’embête si on s’assoit un peu à table. Il faudrait que je te parle d’un truc assez important.

Une fois assis pour parler sérieusement. Akio hésita un bon moment, se rassurant, car il s’agissait de son ami, presque un frère pour lui. Ce serait un mauvais moment à passer, mais au fond, il savait parfaitement que ce qu’il faisait été juste. Le jeune homme se lança.

- Voilà, depuis peu, j’ai rencontré quelqu’un et je m’entends vraiment bien avec elle. J’ai voulu t’en parlé avant, mais bon.

Il tapota son plâtre pour faire comprendre le message puis reprit.

- Enfin, tu as le droit de m’en vouloir, je comprendrais… parce que j’avais vraiment peur de ta réaction et je ne voulais pas que tu penses que… enfin, ça s’est vraiment fait naturellement, je veux dire… et … Aria et moi, on est ensemble maintenant… depuis l’accident.

Il observa Aria dans les yeux au moment où il finissait sa phrase. Cela se voyait, qu’il n’était pas doué pour ce genre de situation, Akio avait rapidement perdu pied et se préparait au pire

Décidément, tout ne s’était pas passé comme prévu depuis la fin des cours ! Anders avait franchi un point de non-retour avec Haru en passant la nuit chez elle juste avant les vacances et en retrouvant cette intimité qu’ils avaient eue autrefois, et dès le lendemain, quand il avait voulu en parler avec Akio, son meilleur ami, voilà qu’ils se retrouvaient tous les deux impliqués dans un accident de voiture ! Fort heureusement, il y eut plus de peur que de mal, même si le pauvre nageur se retrouvait avec un plâtre, tandis que le blond ne s’en sortait qu’avec plusieurs gros hématomes. Après leur court séjour à l’hôpital, les deux amis avaient pu rentrer chez eux, ou plutôt, ils avaient pu rentrer chez les Islandais, qui avaient décidé d’accueillir Akio sous leur toit le temps des vacances. Dans son état, il était tout bonnement impensable qu’ils le laissent se débrouiller seul au pensionnat de Yokuboo !

Deux jours seulement étaient passés, et Anders se sentait toujours aussi mal. Dire que tout ça était arrivé à cause de lui… S’il n’avait pas voulu râler quand Akio lui avait parlé de la poitrine d’Haru, ils ne se seraient pas arrêtés au milieu du passage piéton et ils n’auraient pas eu cet accident. Le pire dans tout ça, c’était que tout était sa faute, mais que c’était son meilleur ami qui trinquait à sa place… C’était tellement injuste… L’Islandais avait énormément de mal à digérer tout ça, ressassant encore et encore que c’était sa faute, même s’il tâchait de faire bonne figure devant Akio, sa sœur et son père. S’il montrait qu’il allait mal, il passerait pour le gros égoïste de service qui se plaignait alors qu’il n’avait pas de plâtre. Non, le plus important, ce n’était pas ce qu’il avait sur le cœur : c’était que son ami se rétablisse !

Aujourd’hui, Anders avait donc profité de l’excuse des courses pour sortir de chez lui. C’était qu’ils avaient une bouche supplémentaire à nourrir ! Le blond avait toutefois bien vite récupéré la corvée normalement assignée à sa sœur en prétextant que ça lui ferait du bien de marcher un peu, histoire de ne pas trop rouiller à cause du manque d’entraînement. Akio était coincé chez eux, alors il était hors de question de le laisser seul trop longtemps ! Anders était prêt à sacrifier tous ses entraînements pour rester à ses côtés, ce qui appuyait parfaitement son excuse de sortie. Le souci, c’était qu’il faisait bien plus ça pour prendre un bon bol d’air frais que pour s’entretenir… Il fallait vraiment qu’il arrive à digérer cette culpabilité, sinon, il allait finir par avoir du mal à sourire à Akio !

Quoi qu’il en soit, ce fut donc près de deux heures plus tard qu’Anders revint chez lui avec deux gros sacs pleins de courses.

« Je suis rentré ! Akio, tu veux un truc à boire ? J’ai acheté des boissons fraiches, on crève de chaud ! Ah ? J’pensais pas que tu rentrerais aussi vite, tu veux un truc toi aussi ? »

L’Islandais tendit une canette à sa sœur et à son ami, déposant ensuite les sacs de courses dans la cuisine en grognant à cause de ses hématomes qui le faisaient souffrir à chaque mouvement un peu brusque. Et alors qu’il finissait tout juste de ranger les courses, la demande de son ami lui fit vivement tourner la tête et plisser les yeux. Oulà… Typiquement le genre de phrases qui ne mettait pas en confiance !

« Un truc assez important ? Attends… J’aime pas ça… Tu veux m’avouer que tu m’as maté la nuit dernière et que t’as essayé de m’embrasser pendant mon sommeil ? C’est ça ? »

Toujours tout tourner à la plaisanterie, c’était sans doute la meilleure arme de toute la famille ! Mais Akio semblait sérieux et Anders ne put se résoudre à le lui refuser. Il soupira donc profondément en prenant place sur sa chaise, pas très confiant quant au sujet qui allait être abordé. Il ouvrit sa canette et commença à boire, fronçant les sourcils à mesure que son ami parlait. Comment ça il avait rencontré quelqu’un ? Pourquoi il ne le lui avait pas dit ?! C’était qui ? Et pourquoi il lui disait qu’il pouvait lui en vouloir ?! De quelle réaction avait-il peur ?! Anders sentait l’inquiétude le gagner à chaque seconde qui s’écoulait, son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Non… Il ne parlait pas d’Haru hein ?

Sauf que non, il ne parlait pas de cette blonde-là, mais bien de celle qui se tenait non loin de la table et qui les regardait avec les bras croisés sous sa poitrine, prête à intervenir s’il y en avait besoin. Et autant dire que la surprise fut tellement énorme pour Anders qu’il recracha la gorgée de sa boisson qu’il était en train de boire, se mettant même à tousser bruyamment. Il lui fallut quelques secondes pour réussir à parler, fixant tour à tour son ami et son aînée.

« Quoi ? Attends… QUOI ?! Tu… Vous… C’est quoi ce délire ?! »

Anders ne comprenait plus rien à ce qu’il se passait, papillonnant des yeux en essayant de se remémorer les mots exacts d’Akio pendant que sa sœur s’éloignait pour prendre de quoi nettoyer ce geyser de Coca qui était sorti de la bouche du blond.

« Attends, j’comprends pas là… Vous sortez ensemble ? Pourquoi ? »

Non, vraiment, l’incompréhension était totale. Est-ce que ça voulait dire qu’ils se fréquentaient déjà avant ? Depuis quand ? Pourquoi est-ce qu’il n’avait rien remarqué ? Et, surtout, pourquoi on ne lui en avait pas parlé avant ?!

« Et pourquoi j’apprends ça que maintenant ? Non, attendez… C’est une blague, c’est ça ? »

Son regard azur ne cessait de faire des allers-retours entre les deux concernés, jusqu’à ce qu’Ariana soupire doucement et fasse une pichenette sur le front de son frère en lui demandant de se calmer et que tout ça était très sérieux. Anders resta alors interdit, ses yeux ronds se mettant à fixer le vide pendant qu’il se laissait lourdement retomber contre le dossier de sa chaise. D’un côté, il était soulagé de savoir que ce n’était pas Haru. D’un autre… Il ne pouvait pas s’empêcher d’être blessé. Pourquoi Akio avait-il seulement imaginé qu’il pourrait lui en vouloir ? Le souci maintenant, c’était que plus aucun mot ne passait ses lèvres. Ariana afficha alors une petite moue et posa sa main sur l’épaule d’Akio, lui lançant un regard tendre et plein de courage, pour qu’il continue à se confier. Anders avait cruellement besoin d’explications là, tout de suite maintenant…

Évidemment, ce n’était pas une nouvelle facile à annoncer, alors à entendre. Akio avait largement eu le temps de voir l’incrédulité se peindre sur le visage de son amis. Avait-il seulement encore le droit de l’appeler comme ça ? Le jeune homme l’espéra de tout son cœur. Sauf qu’en entendant, s’il voulait continuer à conserver ce droit, il se devait de montrer patte blanche et cela commençait par lui dire toute la vérité.

Ce n’était pas facile, d’autant qu’Anders sembla croire à une farce avant de comprendre que c’était la réalité. Akio sentit la main d’Ariana se poser sur son épaule, juste pour l’inciter à continuer et à l’y encourager au passage. Elle aurait pu en parler à son frère aussi, mais l’initiative venait bien d’Akio et c’était à lui d’assumer.

Par où commencer…

- Eh bien, c’est vrai que c’est inattendu. Je … J’en ai été le premier surpris quand ça m’a pris. Que j’ai commençé à éprouver des sentiments pour Aria.

C’était un bon début, mais mauvais s’il commençait par avouer que cela fait un bon moment déjà et qu’a aucun moment, il n’avait semblé à Akio que ce serait une bonne idée d’en parler avec lui. Il changea rapidement d’angle d’approche, préférant d’abord expliquer les raisons qui l’avait incité à ne pas se lancer. Le manque de courage en étant une …

- J’avais peur de ta réaction, et même si je savais pertinemment que tu ne m’en aurais pas voulu. Limite maintenant que je vis avec vous que tu m’aurais au passage traité de maso de vouloir être avec ta sœur, mais jamais tu ne m’aurais démotivé ou quoi que ce soit… Je sais très bien que tu m’aurais soutenu.

Il pinça les lèvres, sa gorge se serra. Aria ne le savait pas non plus ça, enfin, elle s’en doutait forcément, mais sans doute n’avait-elle pas abordé le sujet pour une bonne raison non ?

- Je me suis senti nul, profondément. Plus le temps à passer et plus je me trouvait idiot, con et j’en passe. J’avais peur de ta réaction, mais je savais aussi que plus le temps passé et moins ce serait facile de te le dire.

Il respira un grand coup. Ça, c’était fait, maintenant, il pouvait parler de façon plus légère, même si en soi ce n’étaient pas toutes les raisons qui l’avaient poussé à se taire, ou plutôt empêché. Cependant, il le jour où il avait décidé de prendre son courage à deux mains, une voiture en avait décidé autrement et voilà où ils en étaient maintenant.

- Je suppose que tu veux qu’on te raconte tout ce qu’il s’est passé ?

Ce serait la moindre des choses, mais si Anders ne voulait rien savoir de plus, Akio n’allait pas le forcer. Il n’y avait qu’une chose à savoir et il l’admit aussitôt.

- En tout cas, j’ai enfin trouvé le courage de te l’annoncer… Alors, si tu veux me gueuler dessus, t’énerver contre moi ou j’en passe. Vas-y, tu en as parfaitement le droit.

De toute façon, maintenant, qu’il avait dit ça, si ce n’était pas Anders, ce serait Aria qui le ferait juste pour apprendre au brun à se taire au lieu de dire des bêtises plus grosses que lui.

Heureusement qu’Akio avait demandé à Anders de s’assoir avant de lui faire une telle révélation ! C’était tellement inattendu, tellement improbable… Son meilleur ami qui sortait avec sa grande-sœur… Sérieux, c’était quoi cette très mauvaise blague ? Anders ne comprenait plus rien, il avait énormément de mal à assimiler les informations que le Japonais continuait à lui donner. Ils sortaient visiblement ensemble depuis l’accident, mais… Depuis quand Akio ressentait-il tout ça pour Ariana ? Alors oui, l’Islandais pouvait comprendre que son ami ait eu peur de lui en parler, mais… Est-ce qu’il n’avait pas confiance en lui ? Comment Anders aurait pu lui en vouloir pour ça ? Le blond fixait toujours un point dans le vide pendant que le nageur continuait à s’expliquer, donnant presque l’impression d’être ailleurs et de ne rien écouter. Mais tout s’imprimait soigneusement dans sa tête, l’Islandais préférant attendre qu’Akio ait terminé pour lâcher un profond soupir. Il posa ses coudes sur la table devant lui et soutint sa tête de ses mains alors que ses yeux azur fixaient la nappe.

« Sérieux Akio… Tu crois vraiment que j’pourrais te gueuler dessus ou m’énerver contre toi ? »

Anders sentit une boule tordre son estomac, ce qui lui tira une grimace. Il n’arrivait plus à lever les yeux vers les deux fautifs. Il avait beau dire qu’il ne lui en voulait pas, une part de lui était tout de même profondément blessée d’apprendre ça seulement maintenant. Il ne savait plus du tout par quel bout prendre toute cette histoire, ni quoi dire tant il était encore sonné par la révélation.

« En tout cas, c’est clair que t’as un sacré grain d’être tombé amoureux d’elle, c’est pas possible d’être plus maso que ça. Et pour le coup, tu peux te sentir nul ouais, parce que t’as vraiment merdé… J’veux dire… Tu me fais si peu confiance pour ne rien m’avoir dit ? J’imagine bien que t’es pas tombé amoureux en un claquement de doigts quand vous étiez à l’hôpital. Alors ça fait combien de temps que tu me caches un truc pareil ? »

L’Islandais inspira profondément et releva les yeux pour fixer Akio avec une intensité qui faisait presque froid dans le dos. Le mensonge, même par omission… C’était quelque chose qu’ils ne supportaient pas dans la famille et Anders avait beau aimer son ami comme un frère, il venait de lui faire un sacré mauvais coup. Pas parce qu’il aimait sa sœur, mais parce qu’il ne lui avait rien dit.

Ariana se mordit l’intérieur de la joue, sentant que les choses commençaient doucement à déraper et ne sachant pas trop ce qu’elle était censée dire pour tenter de rattraper le coup. Elle avait accepté de rester ici pour soutenir Akio, mais cette histoire était entre eux, et elle ne pourrait certainement rien dire ou faire pour calmer les choses.

« Andy… J’comprends que tu sois fâché, mais comprends aussi que c’était pas facile pour lui de t’en parler, c’est délicat d’avouer à son meilleur ami qu’on a des sentiments pour sa sœur… »

Sauf que ce n’était visiblement pas la chose à dire à Anders, qui se leva d’un bond et abattit bruyamment ses mains sur la table.

« Mais je m’en tape de ça ! Sérieux Akio, tu peux bien sortir avec Aria ou n’importe qui d’autre, je m’en fous ! Tant que t’es heureux, moi aussi je le suis ! Je vais certainement pas te gueuler dessus ou m’énerver contre toi si t’as trouvé quelqu’un avec qui tu te sens bien ! Tu me prends pour qui pour avoir pensé que je serais capable de faire ça ? C’est pas le fait que vous soyez ensemble qui me fait mal, c’est que t’aies pas eu confiance en moi ! En notre amitié ! Putain, t’es comme un frère pour moi, et ça me tue que t’aies pas eu le « courage » de m’en parler avant ! Le courage de quoi d’ailleurs ? On n’est pas censé tout se dire ? Tu l’as dit toi-même, tu savais que j’aurais tout fait pour te soutenir ! Alors désolé, mais j’comprends pas ta logique ! »

Les larmes commençaient à monter aux yeux d’Anders qui fixait toujours Akio aussi intensément, jusqu’à ce qu’il sente que sa vision se troublait beaucoup trop dangereusement. Il se redressa en grognant, passant rapidement le dos de sa main sur ses yeux pour chasser ces vilaines larmes.

« Désolé, j’ai besoin de prendre l’air. »

Sans un regard à Akio, ni même à Ariana, Anders quitta la pièce d’un pas lourd, claquant ensuite la porte de la cuisine qui menait sur la petite cour à l’arrière de la maison. Son cœur lui faisait mal et il avait besoin d’un peu de temps pour digérer tout ça. Il s’en voulait d’avoir eu des mots aussi durs à l’égard de son meilleur ami, mais il l’avait blessé et Anders avant toujours eu beaucoup de mal à réagir calmement quand il se sentait aussi mal. C’était pour ça qu’il avait préféré sortir de la maison et attraper son précieux ballon de basket pour faire quelques paniers à l’extérieur. Il fallait qu’il se calme… Il ne voulait pas risquer de dire à Akio des choses qu’il pourrait regretter. Il l’aimait toujours aussi fort et il était sincèrement heureux pour lui et Ariana. Il comprenait même sa réticence à lui en parler. Le pire, c’était qu’il ne lui en voulait même pas au final ! La seule personne à qui il en voulait, c’était à lui-même. Il était vraiment un ami bien pitoyable si Akio n’avait pas réussi à lui en parler avant…

Pendant ce temps, Ariana soupira doucement après le départ de son frère, approchant une chaise d’Akio pour s’assoir à côté de lui. Son regard se fit tendre, alors qu’une moue chagrinée tordait ses lèvres.

« Désolée… J’aurais dû me taire… J’pense qu’il vaut mieux lui laisser quelques minutes, le temps de digérer un peu tout ça. Et puis je pense aussi qu’il vaudra mieux que vous en parliez tous les deux, d’ami à ami, sans que je sois là. J’ai l’impression que ma présence donne trop l’impression à Andy qu’il est seul contre nous deux, j’suis pas sûre que ça soit la meilleure technique du coup... »

Ariana attrapa la main d’Akio pour la serrer tendrement dans la sienne, afin de lui donner un peu de courage et de soutien.

« Ça va aller ? »

Dans le doute, Ariana passa ses bras autour de son petit-ami pour le serrer doucement contre elle.

La situation n’avait clairement pas pris une bonne tournure, comme si ça pouvait bien se passer en réalité. Akio avait merdé et désormais, il devait régler le souci avant que ça ne prenne trop d’ampleur. C’était un peu tard pourtant, le jeune homme savait d’avance que c’était maintenant ou jamais, car après, il aurait complétement flingué son amitié avec son meilleur ami… Il ne pouvait pas se permettre cela.

C’est donc avec un calme de titan qu’il accueillit les mots d’Anders. Pourtant, si le blond pouvait dire ce qu’il voulait au jeune homme, l’accuser de tout… Anders prit une direction qui déplut profondément à Akio et lorsqu’Ariana essaya de prendre sa défense, la situation prit une tournure encore plus catastrophique.

Non, ce n’était pas une bonne idée… Akio ne pouvait accepter cette situation alors que tout ce qui venait d’être dit tourner encore dans sa tête, qu’Anders était sorti dehors et qu’Aria tentait de consoler l’étudiant. Le rassurant sur le fait qu’il fallait le laisser souffler. Akio observa Aria et l’embrassa sur le front.

- Je serais un très mauvais ami si je laissais Anders seul dans cet état… Qu’il le veuille ou non.

Il se leva et dit d’une voix plus sérieuse.

- Mais tu as raison. Je n’aurais pas dû te demander de rester avec moi… Ça t’embête si je m’occupe de la suite tout seul… Je pense que. Non ! Je sais ce que je dois faire !

Il sortit dehors. Bon sang, Akio ne savait pas où il avait trouvé autant d’énergie pour faire ce geste. Il pouvait être impulsif, mais d’habitude, il gardait un certain contrôle sur cette impulsivité. Alors que la… Il allait faire quelque chose qu’il n’avait pas encore fait. Anders risquait peut-être de le prendre encore plus mal, mais au moins, sa colère serait redirigée sur la bonne personne. Mais Akio avait l’intuition qu’il fallait qu’il prouve au blond que sa théorie était faussé… Akio allait devoir se montrer telle qu’il était et il n’aimait pas ça du tout.

Il était là, jouant de la balle. Akio prit une grande inspiration et approcha. Prêt à affronter la moindre remarque l’invectivant de laisser Anders seul. Un an et demi ! Et plus si on comptait le temps qu’il avait passé à parler sur ordi… Si Akio avait appris une chose sur le blond, c’est qu’il ne supportait pas d’être abandonné, tout comme lui. Ce n’était pas Akio qu’il blâmait, mais lui-même, de ne pas avoir inspiré confiance alors qu’en réalité, c’était cette même confiance que le nageur avait voulu protéger !

- Eh ! Tu as eu ton moment où tu as craqué ! Mais y a un truc que je ne peux pas te laisser dire. Ce n’est pas du tout de ta faute et tu n’as pas à te remettre en cause !

Akio était énervé, c’était même plutôt rare de le voir dans cet état. Il n’avait même pas laissé le temps à son ami d’en placer une qu’il reprit aussitôt.

- T’es vraiment pas croyable, faut toujours que tu te descende quelle que soit la situation. Je te dis que j’ai merdé et tu trouves encore le moyen de te dire que c’est toi qui es en cause. Mais bon sang ! C’est trop dur de réaliser que je tiens juste à toi et que j’ai sincèrement eu peur de te perdre comme j’ai … Comme j’ai…

Il avait les larmes aux yeux. C’était dur pour lui d’admettre ça, d’admettre que pendant une période sa vie, il n’avait plus personne. Tout le monde était partit et il avait eu la sensation d’être seul. Pendant un bon moment, il avait cru être en cause, croyant qu’il n’avait pas donné envie à ses amis de rester… Qu’il n’en vaille pas la peine et ce que lui avait fait son ex ne valait pas mieux, ça l’avait détruit de l’intérieur. Alors, ouais, pour son seul ami, il avait clairement eu peur.

- J’avais plein d’amis fut un temps, pendant mes années au lycée. Ils sont tous partit, un à un suivi de mon ex qui a rompu avec moi comme tu le sais bien. J’ai été seul pendant des mois. Chaque jour qui passait, les gens autour de moi ne pouvaient pas vraiment remplacer cette bande que j’avais perdue. J’avais juste la sensation que ça durait une éternité. Je m’ennuyais et ils me manquaient.

Il renifla et s’approcha encore d’Anders avant de dire d’une voix plus sûre de lui, lâchant même une béquille pour le pousser gentiment de sa main libre.

- Oui, je suis un trouillard ! Un gros trouillard ! Tu voulais tout savoir, ben voilà ! Je n’ai pas eu peur que tu prennes mal la chose contrairement à ce que j’ai pu dire. Appelle ça de la vanité, ou de la fierté mal placé ! J’ai eu peur de perdre ce que j’avais avec toi, on est amis et pour moi ce n’est pas rien puisque je ne pensais pas qu’un jour, je pourrais même considérer quelqu’un comme mon propre frère ! J’ai eu peur parce que tu en valais la peine espèce de crétin et je ne te laisserais pas retourné cette peur stupide pour te sous-estimer, allant même croire n’importe quoi ! Le problème est venu de moi et entièrement de moi !

Akio respira et lâcha d’une voix plus faible.

- J’ai aussi eu peur d’être seul à nouveau…

Plus de faux-semblants, plus de faux sourire, le jeune homme montrait son vrai visage. Anders le prendrait comme il voulait, mais Akio ne le ferait pas s’il n’avait pas confiance envers lui. Le blond en l’espace de quelques minutes venait d’en apprendre plus sur lui que ses grands-parents et tous ses proches réunis. Akio lâcha d’ailleurs.

- Et si tu dis à Aria que j’ai failli chialer, je te fous la béquille qui me reste ou je pense !

Anders n’arrivait plus à réfléchir correctement, tout se bousculait dans sa tête. Alors, après avoir dit des mots qu’il avait déjà peur de regretter à Akio et Ariana dans un élan de colère, l’Islandais préféra sortir pour prendre un peu l’air. Il avait besoin de se calmer, de respirer et d’être un peu seul. Et, depuis toujours, la seule chose qui lui permettait de se vider efficacement la tête, c’était le basket. Le blond attrapa donc son ballon et commença à faire quelques paniers malgré sa vision encore un peu troublée par ses larmes naissantes. Quelle situation de merde… Comment tout ça avait-il pu arriver ? Pourquoi Akio n’avait-il pas réussi à lui en parler avant ? Qu’est-ce qu’il avait bien pu faire de travers pour que son meilleur ami, celui qu’il considérait même comme son frère, ne puisse pas tout lui dire ? Anders s’agaça à penser ainsi, claquant sa langue contre son palais en grimaçant, envoyant ensuite le ballon beaucoup trop fort contre le panneau de bois qui se mit à trembler violemment.

Anders récupéra le ballon, puis se mit à dribbler en inspirant profondément pour se calmer, les yeux fermés, mais il se tourna immédiatement vers la porte qui menait à la cuisine quand il l’entendit s’ouvrir.

« Putain, mais c’est trop dur à comprendre quand je dis que j’ai besoin de rester seul ?! »

Le regard de l’Islandais se voulait dur avec ses sourcils froncés, mais ses yeux humides trahissaient parfaitement la tristesse qui l’accablait. Il fixa alors Akio, ses doigts se crispant sur son ballon, avant qu’il ne lui tourne le dos pour reprendre son entraînement.

« Laisse-moi tranquille Akio. J’ai besoin de digérer tout ça et de me calmer. J’ai pas envie de dire des choses que j’pourrais regretter. »

C’était même peut-être déjà trop tard, mais, pas de chance pour l’Islandais, son ami ne semblait pas décidé à se plier à sa volonté. Akio prit la parole avec un certain énervement parfaitement perceptible, enchaînant les phrases sans même laisser le temps à Anders de répliquer. Le blond avait d’ailleurs récupéré son ballon entre ses mains et fixait à présent son ami avec un air surpris. C’était bien la première fois qu’il voyait le nageur s’énerver de la sorte… L’Islandais sentit alors son cœur et sa gorge se serrer en voyant qu’Akio commençait lui aussi à avoir les larmes aux yeux, pendant qu’il lui confiait avoir hésité à lui en parler tout simplement parce qu’il avait eu peur de le perdre et de se retrouver seul, comme il l’avait déjà été par le passé. Anders sentit ses yeux s’humidifier à nouveau, alors qu’il se faisait bousculer par le nageur sans opposer de résistance.

Le blond attendit ensuite qu’Akio ait terminé, ne voulant pas l’interrompre alors qu’il se livrait à lui comme jamais il ne l’avait fait. Puis, quand le nageur termina avec une pointe d’humour, Anders sentit son ballon glisser de ses mains, rebondissant un peu plus loin alors que ses bras passaient autour du cou de son ami pour lui faire un gros câlin.

« T’es vraiment trop con Akio… Tu devrais le savoir depuis le temps, on n’est pas du genre à abandonner les gens qu’on aime dans la famille. »

Anders renifla lui aussi, retenant tant bien que mal ses larmes pour ne pas avoir l’air aussi faible qu’il l’était pourtant au fond de lui. Il resta quelques secondes comme ça, avec Akio dans les bras, silencieux. Les mots de son ami avaient vraiment trouvé écho en lui, mais il n’arrivait pas à l’avouer. Les deux amis avaient déjà pu parler sérieusement de sujets personnels, mais jamais l’Islandais n’avait réussi à se livrer pleinement à qui que ce soit.

L’Islandais bougea un peu pour passer sa main sur ses yeux, puis il se redressa, ses mains empoignant fermement les épaules d’Akio alors qu’il plongeait son regard dans le sien.

« Quoi qu’il se passe, je suis ton ami et je le resterai jusqu’à la fin des temps. Et tu sais aussi que dans cette maison, on revient jamais sur nos promesses. Donc à moins que tu me plantes un couteau dans le dos ou dans celui de ma sœur ou mon père, t’es foutu : tu vas devoir me supporter jusqu’à ce que tu rendes l’âme. Et si je rends l’âme en premier, crois pas que j’vais te foutre la paix ! Je te hanterai pour que tu ne sois plus jamais seul ! »

Rhaaa ! Foutus yeux qui ne cessaient de s’embuer ! Anders grogna et lâcha Akio d’une main pour essuyer à nouveau ses yeux.

« Tu fais chier… J’vais même pas pouvoir me foutre de toi parce que t’as pleuré comme une fillette, parce que j’fais pareil à cause de toi ! Sérieux, t’es le pire relou de l’univers ! Le pire relou et le pire maso ! Qu’est-ce que tu peux bien trouver à ce tyran qui me sert de sœur ? »

Anders inspira profondément en levant les yeux au ciel, puis il alla récupérer son ballon, invitant ensuite Akio à s’assoir avec lui sur un petit blanc installé contre le mur de la maison.

« J’suis désolé… J’ai pas été cool tout à l’heure et j’voulais pas que tu te retrouves à dire tout ça… Mais faut vraiment que tu te fourres dans le crâne que je compte pas te lâcher. Surtout que maintenant, si tu restes avec Aria… Tu vas être mon frère pour de vrai ! »

Anders tenta d’esquisser un sourire alors qu’il tournait la tête vers Akio. Il n’était vraiment pas fâché contre lui et il espérait que son ami comprendrait qu’il ne devait plus jamais lui cacher de trucs aussi importants, simplement parce qu’il avait peur de le perdre. Ça n’arriverait pas, c’était tout bonnement impossible !

Akio avait déballé tout ce qu’il avait sur le cœur. Ce n’était pas simple, car le jeune homme n’avait pas l’habitude de tomber aussi facilement ce masque de positivisme habituel qu’il s’était forgé avec le temps. Cependant, pour Anders, c’était une exception. Pour Aria, il n’avait pas eu besoin de le faire, car elle semblait l’avoir compris naturellement… Ou alors elle s’en rendrait compte tôt ou tard.

Dans tous les cas, l’étudiant ne voulait perdre ni l’un, ni l’autre. Aria était probablement sa plus belle chance et Anders était l’une des personnes les plus précieuses de sa vie. Alors, il ne pouvait pas prendre le moindre risque, pas plus qu’il en avait déjà pris jusque-là. Tout le monde l’avait abandonné, mais il voulait que ce cercle vicieux soit brisé. Ou plutôt, que sa peur de voir quelqu’un à nouveau le lâché soit vaincu une bonne fois pour toutes, car c’était bien de là que venait le problème.

- Tu sais, à partir du moment où même mes propres parents n’ont pas voulu de moi… Je ne pouvais pas ne pas avoir développé cette peur idiote. J’ai toujours eu la sensation que soit je n'en avais pas fait assez… Soit j’en valais pas la peine. Je sais bien que c’est complètement débile. Mais arrivé à un certain point, ça a été plus fort que moi et quand j’ai trouvé enfin des personnes qui m’ont sorti de cette solitude. J’avais vraiment la flippe à l’idée d’y retourner… c’était complétement illogique et égoïste de ma part.

Il n’eut pas besoin de faire plus, se faire traiter de con était même plutôt bon signe connaissant Anders qui ne manqua pas de le prendre dans ses bras. Akio rendit la politesse avec sa seule main libre et écouta les paroles de son ami qui lui garantissait qu’à aucun moment, il le lâcherait. Le jeune homme en avait toujours eu conscience… C’était juste une peur idiote. Il ne manqua d’ailleurs pas de rire doucement sur la remarque du blond concernant la possibilité loupée de se payer sa tête.

- Évidement, c’était le but ! Si tu en parles à qui que ce soit, je le ferai aussi. Donc tu as plutôt intérêt à tenir ta langue.

Il sourit doucement puis soupira avant d’ajouter d’une voix plus douce.

- Tu la connais depuis beaucoup plus longtemps que moi et tu sais pertinemment pourquoi elle me plaît. Je m’en moque de ses défauts parce que j’ai confiance en elle et je sais parfaitement que sur ce point vous êtes pareilles. JE pense que … Ariana m’en fera baver oui, c’est sur… mais ça en vaut la peine car j’ai eu aucun mal à voir qu’en dessous de tout ça, c’est quelqu’un de super. Rah, je ne sais pas comment l’expliquer. Puis je peux même ne pas être objectif vu que je suis raide dingue d’elle !

Il éclata de rire malgré les larmes naissantes encore dans ses yeux. Anders avait marqué un point, il faisait quasiment partie de cette famille de dingue maintenant. Le jeune homme avoua d’une voix plus sérieuse, en réponse à sa réplique.

- Je n’ai pas attendu pour déjà avoir la sensation d’avoir un frère, tu sais. Ça fait un bon moment que je te considère comme ça. Mais ce n’est pas demain la veille que je vais t’appeler mon « beau »-frère ! Tu vas plus te sentir dans tes pompes après !

Sauf que, Akio réalisa un truc alors qu’il parlait. Anders était curieux… et par curiosité, c’était obligé qu’il veuille tout savoir sur ce qui était arrivé jusque-là. Akio rougit doucement avec ce qu’ils avaient fait sur l’île.

- Bon et bien, on devrait peut-être rentrer ! J’ai la dalle avec toutes ses émotions moi !

Anders le connaissait trop bien pour savoir qu’Akio cherchait à éviter un sujet… Akio le savait et c’était limite piégée lui-même. Il se maudit intérieurement de ne pas avoir réfléchi avant d’agir durant les 3 dernières secondes et maudit Anders pour toutes les émotions qui avait amené à cette absence de réflexion presque aussi palpable qu’une balle dans le pied.

Anders se sentit vraiment désolé pour Akio quand il lui parla de l’abandon de ses parents et de tout ce que ça avait engendré en lui, dont cette peur irrationnelle de se retrouver seul. Il se sentait désolé, mais aussi profondément concerné, puisque c’était exactement ce que lui-même ressentait. Alors, après l’avoir traité de con et lui avoir fait un bon gros câlin en le rassurant sur le fait qu’il ne le lâcherait jamais, tout en lui rappelant à quel point les membres de sa famille mettaient un point d’honneur à respecter leurs promesses, Anders voulut ajouter un petit quelque chose.

« Tu sais, je suis sans doute le mieux placé pour te comprendre là-dessus… Mon père est toujours là, mais ma mère est partie juste après ma naissance et… Bah contrairement à tes parents, elle a jamais essayé de revenir dans notre vie. Bon, je pense qu’il vaut mieux pas de toute façon, mais tout ça pour dire que je comprends aussi ce sentiment de culpabilité. Je… Je m’en suis longtemps voulu et je m’en veux toujours, même si je sais que c’était surtout avec mon père que ça se passait mal, mais y’a toujours une part de moi qui se dit qu’elle ne voulait peut-être pas d’un deuxième enfant et que c’est mon arrivée qui a précipité son départ… Donc c’est illogique et peut-être même égocentrique de penser que c’est de notre faute s’ils sont partis, mais… Je comprends. »

Anders inspira profondément et regarda vers le ciel, Akio toujours dans les bras. Est-ce que ce n’était pas la première fois qu’il en parlait lui aussi ? Qu’il avouait être aussi faible ?

« En tout cas, le premier qui dit que t’en vaux pas la peine, je lui casse les genoux. »

Le basketteur se recula ensuite un peu et afficha une grimace de dégoût à la fin de la tirade d’Akio concernant sa sœur, avant de pouffer.

« Je savais déjà que t’avais un petit côté maso, mais il est encore plus développé que ce que je pensais si ça te va d’en baver… Et puis, tu sais, j’vais vraiment finir par croire qu’en fait t’as eu un crush sur moi, mais que t’as juste préféré prendre le modèle avec des seins vu que c’est mon sosie ! »

Anders pouffa à nouveau et ébouriffa les cheveux de son ami, avant de l’inviter à venir s’assoir sur un banc pour poursuivre leur conversation. Un rire passa ensuite les lèvres de l’Islandais, mais alors qu’il allait répondre à Akio, son regard azur remarqua la petite teinte qu’avaient prise les joues de son voisin, voisin qui s’empressa d’ailleurs de changer de sujet, comme s’il essayait de fuir la suite de la discussion. Anders plissa les yeux et posa sa main sur l’épaule du nageur pour le forcer à rester assis.

« Dis donc… Tu me prendrais pas un peu pour un idiot là ? C’est quoi ce vieux changement de sujet ? Tu croyais vraiment que j’allais me faire avoir ? »

Anders exerça un peu plus de force sur l’épaule de son ami, essayant de capter son regard pour le fixer avec un air suspicieux.

« T’essaies de me cacher quoi maintenant ? Crache le morceau ! De toute façon, tu crois vraiment que j’vais te laisser t’enfuir aussi rapidement alors que t’as des tonnes de trucs à me raconter ? Bon, okay, c’est ma sœur, alors c’est quand même franchement dégoûtant de vous imaginer faire des trucs, mais… Si ça avait été n’importe quelle autre nana, on aurait parlé de plein de trucs ! Alors même si c’est Aria, j’veux que tu me dises tout ! Pas dans les détails hein par contre… C’est trop glauque sinon… »

Anders retira sa main de l’épaule de son ami, croisant les bras contre son torse pour attendre tous les petits détails croustillants.

« Alors ? Tu l’aimes depuis quand au juste ? »

Ce n’était pas simple, d’être ainsi rejeté par deux personnes qui logiquement sont censées être les personnes en qui ont devraient avoir le plus confiance. Mais Akio avait dû surmonter ça pour ainsi dire seul car ses grands-parents ne purent rien faire de plus que lui donner l’amour qu’il n’avait pas eu par ses parents. Akio avait donc normalement développé des complexes au fur et à mesure, le fait de vivre sur une île isolée de tout n’y avait pas aidé.

Anders savait tout ça, même s’il n’avait pas dû se douter de la gravité d’une telle situation. Akio donnant le change pour faire croire que tout allait bien n’aider pas non plus à comprendre son mal-être. Anders cependant lui expliqua ce qu’il s’était passé avec sa propre mère, une histoire que l’étudiant connaissait un peu. Cependant, le blond avait pu grandir avec son père malgré tout. Mais il avait raison sur de nombreux points et Akio ne voulait pas vraiment continuer ce sujet qui n’apporterait rien de meilleur au final.

Il tendit sa jambe dans le plâtre avec un air de défi en lâchant sur le ton de la rigolade.

- Si c’est moi qui le dis ? Vas-y essaie de le casser celui-là !

Évidemment, le plâtre n’était pas faits pour se briser facilement et Akio ne manqua pas de souligner la plaisanterie avec un rire amusé. La remarque d’Anders ensuite, après s’être assis, sur le fait qu’il était tombé amoureux du blond, mais s’était rabattu sur sa sœur ne manqua pas d’amuser le jeune futur médecin.

- Ouais, c’est ça ! Tu n’es pas irrésistible à ce point-là ! Mais tu as raison sur un point, y a un truc que vous avez en commun tous les deux et qui me plaît atrocement. Votre loyauté ! Après, va pas croire que ta sœur me fait peur, je lui tiens tête plus que tu ne le crois.

Akio sourit doucement. Il savait qu’Aria n’était pas contre un peu de résistance de temps en temps. Cela avait le mérite de titiller sa vanité. Mais pour l’heure, parler des qualités de la blonde n’était pas vraiment au programme, car Akio se sentait un peu mal à l’aise à l’idée de tout lui dévoiler. Cependant, sa tentative de fuite ayant échoué et la curiosité d’Anders étant à son comble désormais, Akio était complètement piégé. Il ne serait pas entré dans les détails de toute façon, ce serait bizarre d’expliquer au frère ce qu’il faisait avec sa sœur… Non tout comme avec Johan, il allait éviter de trop en dire sur ce point-là. Bien qu’il courait moins de risque de représailles avec Anders.

- Euh, quand ? Eh bien, c’est un peu compliqué de dire quand tout a débuté… Pour moi, je pense que c’est à partir du moment où on a trouvé les chatons. Elle avait une façon vraiment naturelle de se conduire avec moi et ça m’a plu et de fil en aiguille… Je me suis mis de plus en plus à penser à elle.

Il réfléchit un peu avant d’admettre.

- Mais le point culminant, ça a été durant notre aventure sur l’île. On s’est vraiment beaucoup rapproché, mais on ne le montrait pas trop.

Aie aie aie, danger…

Anders se mit à rire à la réponse d’Akio, concernant le fait qu’il n’était pas si irrésistible que ça. Il afficha un sourire fier et leva le menton en passant sa main dans ses cheveux, une scène digne d’une publicité pour un shampooing pour hommes.

« Ça c’est toi qui le dis ! Je suis sûr que si tu demandes à des gens croisés au hasard dans la rue, ils te diront tous que je suis irrésistible ! C’est un trait de famille, ne le nie pas ! Et me tente pas avec tes blagues de merde ! T’as pas le droit de dire que t’en vaux pas la peine, sinon c’est l’autre genou que je te casse ! Dis-toi que ça sera mieux que d’essayer de te casser celui que t’as déjà dans le sac, ton poids sera mieux équilibré si t’as un plâtre de chaque côté ! »

Anders fronça le nez, préférant quand même ne surtout pas imaginer une telle situation. Il s’en voulait déjà beaucoup trop de voir Akio avec un plâtre, parce qu’il considérait que cet accident avait été provoqué par sa seule faute, alors si son meilleur ami se retrouvait avec les deux jambes amochées… Nul doute que son mental en pâtirait !

En tout cas, même s’il ne répondit pas à cette phrase, Anders dut avouer être profondément touché par les mots d’Akio concernant sa loyauté à lui et à sa sœur. Le blond savait qu’il avait énormément de défauts et que beaucoup le considéraient même comme la pire des ordures, mais malgré cette image qu’il se plaisait à entretenir, l’Islandais restait en réalité quelqu’un de profondément droit.

Puis, après une tentative plus que ratée de la part d’Akio d’esquiver le sujet concernant le couple qu’il formait maintenant avec Ariana, le nageur dut passer à table, sous le regard curieux de son voisin. Anders ouvrit d’ailleurs de grands yeux ronds en entendant que ça faisait déjà un moment qu’Akio avait commencé à ressentir des choses pour son aînée. Sa surprise laissa toutefois place à la suspicion quand son ami évoqua le stage de survie. L’Islandais le fixa avec les yeux plissés, à l’affût du moindre tic qui pourrait trahir son voisin.

« Attends… Quand tu dis « rapprochés »… Tu dis ça dans quel sens ? »

Anders croisa les bras contre son torse, avant d’ouvrir à nouveau de grands yeux ronds lorsqu’il eut comme un déclic en repensant à un certain détail.

« Non… C’était vous ?! Comment j’ai pu ne pas le voir sérieux, j’suis vraiment trop con ! »

Anders grogna et se massa les tempes. Il tombait de haut avec cette révélation !

« Tu parles d’un fils de flic… Vous m’avez berné en beauté ! Surtout que, de tous ceux qui étaient présents, vous étiez bien les derniers que j’aurais vraiment suspectés comme je vous faisais confiance ! Vous avez dû sacrément bien vous marrer pendant que je cherchais ces foutues capotes ! »

Le blond semblait agacé, sa main venant donner une légère tape à l’arrière la tête de son ami en punition.

« Sales traîtres ! Vous avez de la chance que j’avais personne à serrer sur cette île ! Je crois que j’aurais vraiment été bien vénère contre vous sinon ! Sérieux, j’y crois pas… »

Anders soupira profondément en se tenant la tête entre les mains, son regard fixé sur le sol entre ses jambes légèrement écartées.

« Bon… J’devrais me réjouir que mes capotes aient été utiles à des gens que j’aime plutôt qu’à de parfaits inconnus, mais… Me refaites plus jamais ça ! »

Anders se redressa et fixa on ne peut plus sérieusement son ami. Il les aimait certes tous les deux, mais s’ils venaient à lui saboter toutes ses potentielles parties de jambes en l’air pour en faire eux-mêmes… Il allait finir par les détester très fort !

La tentative ratée d’Akio n’ayant rien donné, il se vit contraint d’en dire un peu plus à son ami. Au-delà de l’aspect gênant de parler du couple entretenu avec la sœur de son meilleur ami, Akio avait aussi quelque chose qu’il ne tenait pas à ce qu’Anders sache. Après quelques blagues échangée et une remarque du blond à laquelle Akio répondit avec un grand sourire.

- Fais ça et je te garantis que c’est toi qui m’auras sur le dos ! Littéralement !

Car oui, Akio se ferait une joie de se laisser transporter par la personne qui lui aurait cassé son dernier moyen de déplacement. Il serait même capable de faire le coup du « Oh zut alors, j’ai oublié un truc au dortoir, faut y retourner » au moment où Anders le déposerait devant la salle de cours. Mais bon, si cela n’arriverait pas, l’idée était tout de même plutôt rigolote.

Akio se lança ensuite après avoir répondu à une autre question avant. Tachant de ne pas trop en dire, mais en dire tout de même assez pour qu’Anders comprenne. Il était pas mal à l’aise, juste que ce genre de situation, il n’aurait jamais cru la vivre un jour. C’était… bizarre, oui, voilà, c’était bizarre ! Quoi qu’il en soit, la question d’Anders eut le don de faire un peu rougir Akio quand son ami lui demanda des précisions.

- Tu ne veux quand même pas que je te fasse un dessin ...

Oui, car de son point de vue, c’était assez clair après tout. Il n’allait pas en plus préciser la position. Cependant, Anders fit rapidement un lien avec d’autres péripéties qu’il avait lui-même vécu sur l’île et Akio mit ses mains en avant en signe de défense lorsque l’accusation tomba. Akio ne put s’empêcher de dire d’une voix un peu indignée, mais pourtant détendue.

- Alors à ma décharge, si je t’avais demandé de m’en passer une… Tu m’aurais forcément demandé avec qui ou alors tu aurais été jaloux, car des filles qu'on connaissaient sur place, il y avait Haru, Sora et Véronique … t’aurais pas suspecté ta propre sœur bien sûr. Haru quelque chose me dit que tu l’aurais particulièrement mal pris ! Sora, tu m’en aurais voulu à mort et Véronique tout autant !

Il souffla avant d’ajouter en rigolant de façon gênée.

- Si je t’aurais dit que c’était ta sœur… ben … Non franchement je n’ai même pas les mots pour terminer cette phrase… mais je pense que ça aurait pire que tout le reste. Donc, voilà aussi, au bout d’un moment, tu ne peux pas m’en vouloir d’avoir été un peu piégé ! Puis pour finir, je ne t'en ai pris qu’une !

Houlà, Anders allait rapidement comprendre qui avait pris l’autre. Akio devait-il mentir pour protéger Aria ? Non pas sûr que ce soit une bonne idée en l’état, car le blond venait déjà de se prendre un coup tout à l’heure… Si Akio lui montrait clairement qu’il pouvait mentir pour protéger Aria, ce serait pire que tout. Il ajouta donc d’une voix plus rassurante.

- Mais évidemment que je ne te referais pas le coup, tu ne peux pas savoir comme je m’en suis voulu sur le moment. Sauf que d’une certaine façon et indirectement, tu as contribué à mon bonheur et à celui de ta sœur ! Ce n’est pas le principal dans tout ça ?

Oui bien vu Akio, c’était potentiellement la meilleure approche qui soit.

- Je t’en suis profondément reconnaissant, car si on n’avait pas eu ce rapprochement… va savoir ce qu’il en serait aujourd’hui. Donc un peu grâce à toi, je parviens enfin à passer à autre chose et surmonté le mal qu’on m’a fait par le passé. Je te promets que je te rendrais le pareil pour ça et tu te doutes bien que je le ferais !

Voilà en espérant qu’il ait oublié qui lui avait piqué sa seconde protection. Même si Akio se doutait d’avance qu’Aria était déjà préparer à devoir lui faire face un jour ou l’autre et qu’elle n’avait clairement pas peur de lui.

Anders ne put s’empêcher de pouffer en voyant Akio rougir quand il lui demanda plus de détails, avant de se rendre compte d’une chose : s’ils avaient effectivement opéré un grand rapprochement lors de ce stage de survie… Est-ce que ce n’étaient pas eux les voleurs qui avaient osé lui prendre ses précieux préservatifs ? Ça ne pouvait vraiment pas être une coïncidence, surtout que l’Islandais avait bien mené l’enquête avec tous les autres participants et personne n’avait semblé coupable à ses yeux. Et à en juger la réaction d’Akio, qui agita ses mains devant lui pour se défendre, le blond avait vu juste !

Le basketteur écouta attentivement les explications du brun, les yeux plissés, avant de soupirer bruyamment. Le pire, c’était qu’il avait raison !

« Évidemment que je t’en aurais voulu si t’avais réussi à serrer des nanas que j’avais pas pu serrer moi-même ! Enfin, même si t’as rien fait à Haru, Sora ou Véronique, t’as quand même eu plus de chance que moi pendant ce stage vu que t’as quand même pu tirer ton coup… J’suis un peu dégoûté que tu m’aies battu sur ce terrain-là ! »

Sauf que la suite fit de nouveau plisser les yeux à Anders.

« Attends… J’en avais pris deux avec moi, une pour chaque soir, et j’en avais plus une seule… Donc si tu m’en as pris qu’une, ça veut dire que c’est Aria qui m’a tiré l’autre ?! Sérieux, c’est l’hôpital qui se fout de la charité ! Elle ose me voler alors qu’elle m’a envoyé chier à plusieurs reprises quand je lui ai demandé de me dépanner ! »

Anders grogna et appuya son dos contre le mur de la maison, finissant par soupirer profondément. Il était dégoûté, mais, d’un côté, grogner n’y changerait plus rien et, comme le dit si bien Akio… Il ne pouvait décemment pas s’énerver contre eux puisque son don, même si ça avait été contre son gré, avait effectivement contribué au bonheur de deux des personnes qui comptaient le plus pour lui. Le blond ne put toutefois pas retenir un nouveau soupir de passer ses lèvres à la fin de la tirade de son ami.

« Sérieux, t’es le pire fourbe que j’ai jamais rencontré… Jouer sur les mots et sur mes sentiments comme ça, pour que je sois pas fâché contre vous… Vous me faites royalement chier tous les deux, et je sens que ça risque d’être encore pire maintenant que vous êtes ensemble ! Vous avez de la chance que j’sois un grand seigneur et que j’vous aime vraiment fort tous les deux. »

Anders retrouva son sourire et ébouriffa les cheveux de son voisin, avant d’afficher une petite moue, croisant de nouveau les bras contre son torse tout en évitant soigneusement le regard d’Akio.

« Bon et hum… Comme on en est à s’avouer des trucs gênants… J’ai moi aussi quelque chose à te dire, un truc dont je voulais te parler justement le jour où on a eu l’accident. »

L’Islandais gratta nerveusement la peau de son bras en regardant toujours ailleurs, visiblement très mal à l’aise avec cette confession qu’il s’apprêtait à faire.

« En fait, la veille de l’accident, j’ai raccompagné Haru chez elle et il s’est passé un truc chelou. Y’a une voiture qui est passée un peu trop près et vite d’elle, et je crois que ça lui a rappelé son accident. Du coup, ça l’a mise dans un état pas possible, j’te raconte pas la panique ! Je savais pas du tout quoi faire, alors j’l’ai ramenée chez elle et j’lui ai dit que je resterai jusqu’à ce que ça aille mieux. Sauf que bah… Tu sais… Bah c’est mon ex, mais on avait décidé de rester quand même amis. Sauf que si elle, elle a tout oublié, bah c’est pas mon cas et j’ai pas pu m’empêcher d’avoir envie de l’embrasser ou même d’aller plus loin, alors qu’elle était super mal. J’suis carrément une ordure d’avoir voulu profiter d’un moment comme ça mais bon… C’est elle qui a fini par me pousser à craquer et hum… On a couché ensemble. »

Anders sentit ses joues chauffer légèrement alors qu’il se frottait nerveusement la nuque. C’était vraiment très gênant d’avouer un truc pareil… Pourtant, ce n’était pas la première fois que l’Islandais parlait de ses conquêtes avec Akio… Alors qu’est-ce qui faisait que cette fois était si différente ?

Akio savait pertinemment que c’était le meilleur moyen de s’en sortir tout en restant honnête cette fois-ci. Faire savoir à Anders qu’il avait eu une importance, lui donner un rôle dans toute cette aventure même sans qu’il ne l’ai su… Il n’en faudrait pas plus pour le blond qui ne supportait tout simplement pas d’être mis à l’écart. Mais Akio avait aussi été honnête dans le sens ou c’était la mentalité même d’Anders qui l’avait acculé au point de devoir commettre ce geste.

Car oui, si Akio avait joué la carte de la sincérité sur ce coup, ça n’aurait sûrement pas fini de la même façon. L’étudiant n’avait donc pas vraiment eu le choix, car peu importe le nom de la fille avec qui il voulait se rapprocher, Anders lui en aurait au moins un peu voulu et le blond connaissait assez bien Akio pour savoir que ce dernier n’aimait pas ça.

Anders reconnu lui-même une part de tord dans cette histoire et par déductions compris que c’était Aria qui lui avait piqué la seconde. Akio sur le moment trouva qu’il en faisait un peu beaucoup pour deux bouts de plastique… et si Akio pensait ça, Aria allait sûrement lui mettre dans la face ou alors, ne sera pas aussi prompt à s’en tirer par une pirouette. Akio voulut défendre sa belle, mais se dit qu’il ne valait mieux pas, car Anders arriverait à la conclusion que… ben, il l’avait fait deux fois et ce ne serait pas mieux. À vrai dire, si cette histoire avait eu l’effet d’un boom pour Anders, la suite allait inverser la tendance quand ce dernier décida subitement de se confier. Akio retrouva son calme et son sérieux tout en disant.

- Oui, dis-moi ?

Donc il avait au moins un peu vu juste avec Haru. C’était bien l’ex d’Anders, c’est vrai que sa façon de regarder Akio alors qu’Haru avait sauté contre lui de peur à cause d’un crabe… Ouais, c’était déjà trop louche. L’étudiant fit rapidement un lien avec ce qui était arrivé le lendemain, il comprenait un peu mieux pourquoi elle était subitement revenue sur le tapis jusqu’à ce que la voiture arrive. Akio éclata de rire sur le coup et avoua.

- Bon sang, espèce de cachottier ! Et après, tu parles de moi, mais tu ne viens même pas me parler quand tu as des sentiments pour quelqu’un ?

Oui, car il avait des sentiments, Akio n’était pas dupe cependant, une question lui brûla les lèvres, même s’il connaissait assez bien son ami pour connaître la réponse.

- Et alors, vous allez retenter le coup ? Je veux dire, le grand dragueur de Nara risque de ne plus être sur le marché ?

Akio lui sourit amicalement tout en avouant à son tour d’une voix plus détendu.

- Tu sais, maintenant qu’on a mis les choses au clair avec moi, que tu es conscient que je ne suis pas du tout intéressé par elle. Tu vas me croire maintenant quand je te dis que c’était vraiment des malentendus depuis le début. Bon, j’ai commis « Une » bourde, c’est tout, mais sans arrière pensés.

L’étudiant retrouva son sérieux en réalisant une chose sur son ami avant de dire d’une voix plus douce.

- Je te connais assez pour savoir que tu vas te mettre en tête que tu as profité d’elle, de sa faiblesse et je vais t’arrêter tout de suite sur ce point avant que ça ne te vienne en tête. Anders, si vous avez partagé le lit, c’est à deux, elle l’a bien voulu aussi donc t’a profité de rien du tout. Puis je te connais assez bien pour savoir que si tu avais vraiment eu la sensation que ce n’était pas vraiment partagé, ben t’aurait rien fait. Tu es trop gentil pour ça, frangin.

Le brun lui sourit et lui tapa doucement dans la jambe avec son plâtre pour le taquiner. Le mot frangin avait toujours été amical, mais désormais, il n’avait jamais été aussi vrai.

Les rôles étaient à présent inversés : maintenant qu’Akio avait fini de lui confier tout ce qu’il avait sur le cœur, c’était à Anders de s’essayer à cet exercice. L’Islandais lui raconta alors tout ce qu’il avait voulu lui dire le jour de l’accident, confession qu’il avait donc dû reporter à cause de tous les événements qui avaient suivi. Et autant dire que le basketteur n’était vraiment pas à l’aise en avouant à son meilleur ami avoir eu une nouvelle aventure d’un soir avec Haru, qui avait été son ex par le passé. En temps normal, Anders aurait tout gardé pour lui, comme il avait si bien pris l’habitude de le faire, mais là, puisque c’était avec Akio, il avait voulu partager ce « secret » pour lui faire comprendre qu’il ne lui en voulait plus de lui avoir caché ses sentiments pour Ariana, et également lui prouver qu’il était lui aussi capable de s’ouvrir à son ami. Et autant dire que la réaction du nageur fut… inattendue ! Pourquoi il se marrait comme ça ? Ce n’était pas drôle ! L’air surpris de l’Islandais laissa place à un grognement, avant que la fin de la tirade d’Akio ne le fasse carrément se lever d’un bond.

« Avoir des sentiments ? Wow, wow, wow ! Calme-toi là, t’es parti beaucoup trop loin ! »

Anders agitait ses mains devant lui en fixant son ami avec de grands yeux ronds. Comment il avait pu arriver à une telle conclusion ? Ils avaient juste couché ensemble, ça ne voulait rien dire ! L’Islandais n’était pas amoureux ! Il n’était d’ailleurs même pas sûr de l’avoir déjà été…

« Retenter… J’en sais trop rien, je pense pas… Enfin je sais pas… Tu sais, quand elle est revenue me voir après son accident, j’ai accepté d’être ami avec elle, mais je crois qu’au fond j’ai toujours eu un peu envie qu’on refranchisse le pas. C’est juste que, comme elle avait perdu la mémoire, je voulais pas faire encore plus le connard et j’ai préféré être là pour la soutenir. Alors ouais, okay, je tiens à elle, mais de là à avoir des sentiments comme tu peux en avoir pour Aria, j’crois qu’on en est loin. »

Anders fronça les sourcils et détourna le regard, une main venant frotter sa nuque alors qu’il se rasseyait sur le banc à côté d’Akio.

« En tout cas, t’as plutôt intérêt de pas être intéressé, j’te rappelle que tu sors avec ma sœur maintenant ! Et bon, même sans ça, c’est toujours super gênant de voir une ex avec un de tes potes, non ? Ouais, j’suis un peu possessif, j’avoue… Mes conquêtes doivent rester MES conquêtes, mais franchement, j’t’assure qu’il n’y a pas d’amour derrière tout ça. J’ai pas envie de me ranger, d’être en couple, de ne plus rencontrer de nouvelles nanas et de ne plus pouvoir les envoyer au 7e ciel, j’suis trop jeune pour ça ! »

L’Islandais était peut-être dans le déni concernant ses sentiments envers Haru, qui étaient certainement bien plus forts qu’il voulait bien le penser, mais il était honnête en disant qu’il ne voulait pas arrêter de papillonner. Ce style de vie lui convenait parfaitement pour le moment et même si son lien avec Haru était particulier, il ne pensait pas avoir trouvé la femme de sa vie, celle avec qui il voudrait fonder une famille. Du moins, c’était son avis pour l’heure. Oui, il avait aimé partager un nouveau moment intime avec elle, mais non, il ne changerait pas pour l’étudiante. C’était bien qu’elle n’était pas l’élue, non ?

Quoi qu’il en soit, Anders soupira doucement et fixa le ciel en s’adossant contre le mur derrière lui.

« Je pense qu’elle l’a voulu oui, c’est même elle qui est revenue me chercher alors que j’avais pourtant fui pour ne pas risquer de craquer et profiter de son état. Disons qu’elle en avait envie sur le coup, mais… Bah je suis parti un peu vite le lendemain matin parce que je devais te retrouver, mais aussi parce que j’avais pas forcément envie qu’on ait cette conversation hyper gênante du lendemain en mode « ouais, on a fait une connerie ». J’ai pas eu de nouvelles depuis et je pense que je vais continuer à faire le mort jusqu’à la fin des vacances. J’ai vraiment pas envie de me prendre la tête avec ça, et puis j’ai l’excuse parfaite puisque je dois m’occuper de mon handicapé de sauveur ! »

Le blond savait bien qu’il n’échapperait pas à cette fameuse conversation. Il faudrait qu’il mette les choses au clair avec Haru, mais pour l’heure, il préférait fuir. Il ne se sentait pas capable de lui dire, en la regardant droit dans les yeux, qu’elle pourrait l’attendre autant de temps qu’elle le voudrait, mais qu’il ne comptait pas changer son mode de vie pour elle ni lui attribuer une quelconque exclusivité. Si d’ordinaire, ça ne le dérangeait pas plus que ça de calmer les ardeurs de ses conquêtes, cette fois, c’était différent. Haru était quelqu’un de spécial pour lui, et avec ce qu’ils avaient fait… Il avait vraiment peur de la perdre, faute de pouvoir répondre à son envie de voir leur relation évoluer vers tout autre chose.