Vendredi 25 juin 2021. Il est 7h30 du matin et vous vous retrouvez à patienter sur le parvis de la gare routière de Nara. Il y a ceux du matin qui sont frais comme des gardons, et les autres qui donnent l’impression de dormir debout. Vous avez rejoint un groupe d’autres personnes plantées devant un grand panneau aux couleurs flashy sur lequel sont dessinés un beau ciel bleu, la mer, une île avec quelques palmiers, ainsi que plusieurs petites silhouettes qui semblent s’être abritées sous leur ombre pour ne pas trop souffrir du soleil qui brille dans le coin supérieur droit. Aucun doute, vous êtes bien au bon endroit ! Il vous suffit, pour le savoir, de poser les yeux sur la grande inscription en lettres capitales blanches qui entache ce beau ciel bleu peint à la main : "Stage de survie en pleine nature !"

Les organisateurs semblent surexcités et tous vont et viennent entre les participants pour vérifier qu’ils sont bien inscrits sur leur liste. En effet, il y a quelques semaines de cela, une toute jeune entreprise d’aventures, Kansai Events, a ouvert ses portes et a décidé, pour marquer l’événement et se faire un bon gros coup de pub, d’organiser un stage de survie entièrement gratuit de 3 jours en pleine nature ! Des affiches ont été placardées un peu partout en ville et dans l’Académie afin d’attirer des participants de tous âges et de tous horizons, à la recherche de défis. Il vous a suffi de remplir un coupon de participation et de le renvoyer à cette fameuse entreprise pour vous y inscrire et… Vous voilà donc ici, sur ce parvis, avec pas moins de 11 autres participants, à attendre qu’on vous dise de monter dans le bus qui vous mènera vers votre destination pour les 3 jours à venir !

Après 30 minutes d’attente, vous grimpez finalement dans le bus, fébriles, puis profitez du paysage pendant les 3 heures de route qui vous mènent à un petit embarcadère où se trouvent deux bateaux rapides. Séparés en groupes de 6, vous montez sur votre nouvelle embarcation et profitez de cette brise salée sur votre visage, en plus du vent qui vous décoiffe. Après une heure à fendre les flots, aux alentours de 12h00, vous mettez enfin pied à terre, ou plutôt… Pied au sable ! Vous voici à présent sur la petite île de Futon, dans la mer d’Harima !

Armés de votre sac à dos, vous vous regroupez alors devant les organisateurs qui vous expliquent le déroulement de ce stage de survie.

"Bienvenue à tous sur l’île de Futon ! Pour ce stage de survie de 3 jours, vous serez répartis en 4 équipes de 3 personnes pour effectuer différentes tâches qui vous permettront de survivre ! Construire un abri, faire du feu, chercher de quoi manger dans la forêt, pêcher… Vous effectuerez ensemble toutes sortes d’activités qui vous permettront, tous ensemble, d’affronter cette nature qui nous entoure ! Vous pouvez bien évidemment garder avec vous votre sac à dos avec des vêtements de rechange, mais nous vous demandons de jouer le jeu et de nous remettre tout le reste de vos affaires, notamment vos téléphones portables. Des encadrants vous suivront tout au long de ces 3 jours, sans pour autant intervenir dans vos activités, sauf bien évidemment en cas de nécessité absolue. Si jamais vous avez des questions, c’est donc le moment où jamais de les poser !"

Les organisateurs s’approchent de vous pour récupérer toutes vos affaires superflues pendant ces 3 jours de survie, puis on vous explique que vous pouvez, pour l’heure, profiter d’une trentaine de minutes de temps libre afin de faire connaissance avec les autres participants et découvrir cette plage sur laquelle vous êtes arrivés, sans trop vous éloigner, le temps que les groupes soient formés.




HRP : Et voilà, c’est parti pour cet évent Nara Lanta ! Contrairement aux étapes suivantes qui se dérouleront sur 2 semaines, celle-ci, pour votre arrivée sur l’île, ne va durer qu’une seule semaine ! Vous pouvez bien évidemment poster autant que vous le souhaitez pour cette première partie d’évent, mais puisqu’elle va durer moins longtemps que les autres, vous ne serez pas exclus si jamais vous ne trouvez pas le temps de faire votre arrivée (il ne vous restera plus qu’à l’intégrer lors de l’étape suivante ). Vous avez donc jusqu’au 21 juin à 23h59 pour poster un message à la suite de celui-ci afin de décrire votre arrivée et commencer à interagir avec les autres participants ! Il n’y a pas d’ordre de passage, donc profitez-en pour rp autant que possible ! Et si jamais vous avez des questions, n’hésitez surtout pas à me mp sur Discord !

Anders avait grogné en entendant son réveil sonner aux alentours de 6h00. Trop tôt… C’était beaucoup trop tôt ! Le blond n’avait jamais été du matin, comme toute sa famille en fait, et il ne trouva rien de mieux à faire qu’éteindre l’alarme sur son téléphone avant de se tourner dans son lit. Juste 5 minutes… Le temps de bien émerger…

« ANDY ! Magne-toi, j’vais partir sans toi sinon ! »

Anders sursauta brusquement en entendant la voix de sa sœur lui parvenir du bas de l’escalier. Battant des paupières à plusieurs reprises, ne comprenant pas ce qu’il se passait, ce ne fut que lorsqu’il reprit son téléphone en main qu’il se souvint de quel jour on était : celui du début du stage de survie ! Ni une, ni deux, l’Islandais envoya valser sa couette et se précipita dans la salle de bains pour se préparer. Parce que oui, se préparer était bien plus important que de manger ! Et puis, il se doutait un peu que sa sœur lui avait déjà préparé tout ce qu’il fallait pour qu’il grignote sur le chemin qui les mènerait jusqu’à la gare routière, où ils avaient rendez-vous d’ici une petite demi-heure.

Après une bonne quinzaine de minutes, Anders sortit enfin de la salle de bains, vêtu d’un t-shirt et d’un bermuda. Récupérant son sac, préparé la veille fort heureusement, il dévala les escaliers pour retrouver sa sœur qui lui lança un regard réprobateur en lui désignant son petit-déjeuner à emporter d’un signe de tête.

« Désolé, j’me suis rendormi… Merci pour le p’tit-déj sœurette d’amour ! »

Anders pouffa en entendant Ariana grogner tout en grimaçant sous le bisou qu’il déposa sur le haut de sa tête, puis il récupéra son encas avant de suivre sa sœur à l’extérieur. Cela faisait plusieurs jours que leur père n’était pas rentré à cause du boulot, et il les avait prévenus qu’il ne serait pas de retour avant la fin du week-end, raison qui avait poussé les deux blonds à s’inscrire à ce stage de survie. Et puis, très franchement, comment refuser une telle proposition ? C’était gratuit après tout ! La famille Islando-japonaise ne roulait pas sur l’or, donc toute occasion gratuite était bonne à prendre ! En plus, Anders se voyait déjà en train de partir à la rescousse de demoiselles en détresse qui se perdraient ensuite dans ses bras, ou en train de se dorer la pilule au soleil tout en laissant son regard traîner sur toutes ces jolies silhouettes féminines en maillot de bain. Non, vraiment, ça aurait été idiot de ne pas participer ! Même si ça induisait qu’il n’allait pas pouvoir jouer au basket pendant 3 jours ! D’ailleurs, Liam, son meilleur ami, lui avait bien fait comprendre qu’il avait intérêt à se faire pardonner à son retour s’il ne voulait pas qu’il lui fasse la gueule à tout jamais (même si les deux savaient que ce n’était pas possible).

Quoi qu’il en soit, les deux étudiants arrivèrent bien vite à destination, sur le parvis de la gare. Anders jeta alors un regard aux alentours, repérant déjà quelques demoiselles un peu plus loin, certaines lui semblant familières. Fichtre… Ce n’était pas avec des filles qu’il connaissait déjà qu’il allait pouvoir pécho ! Grognant dans sa barbe en fourrant ses mains dans les poches de son bermuda, Anders finit par tomber sur une silhouette très familière qui lui fit aussitôt retrouver le sourire.

« Hey ! Akio ! Tu t’assoies avec moi dans le car ? »

Le blond avait filé auprès de son ami en attendant qu’on leur dise de monter à bord.

Après le trajet en car, puis celui en bateau, pendant lesquels il put discuter avec Akio, Anders mit pied à terre avec un grand sourire. Cette île était vraiment magnifique, il avait hâte de commencer ce stage ! Par contre, quand on lui demanda de laisser toutes ses affaires superflues, dont son téléphone, Anders ne put réprimer un petit grognement… Comment il allait pouvoir récupérer des numéros sans lui ? Ils essayaient de saboter son stage de drague ou quoi ? Le blond s’exécuta quand même, puis se rapprocha à nouveau d’Akio, un sourire malicieux aux lèvres, alors qu’il donnait un léger coup de coude dans les côtes de son ami.

« Alors, alors ? Tu voudrais être avec qui pour commencer toi ? Ah ! Y’a Haru ! »

Anders repéra la demoiselle et lui fit un grand signe de la main, accompagné de son habituel sourire charmeur. Elle qui voulait qu’ils passent du temps ensemble, peut-être qu’ils allaient se retrouver dans le même groupe !

« ANDY ! Magne-toi, j’vais partir sans toi sinon ! »

Ariana grogna et soupira profondément. Son frère ne s’améliorait pas avec le temps, il fallait toujours qu’elle soit derrière son dos pour s’assurer qu’il allait bien se lever ! Surtout qu’aujourd’hui, c’était un jour où il ne fallait particulièrement pas louper le réveil ! C’était en effet le début du stage de survie gratuit auquel les deux blonds s’étaient inscrits ! Contrairement à Anders, l’Islandaise n’avait pas eu trop de mal à se lever, la faute sans doute à cette nuit quasi blanche qu’elle venait de passer. Parce que prendre trois jours de vacances sur une île, c’était bien, mais ce n’était pas ça qui allait lui permettre d’avancer sur son dernier cosplay ! La prochaine convention approchait et il fallait absolument qu’elle soit prête à temps si elle voulait concourir ! La demoiselle avait donc passé une partie du petit matin à coudre à la main, pour ne pas réveiller son frère, s’étant accordé seulement 3 petites heures de repos juste avant, se disant qu’elle pourrait toujours dormir pendant le trajet en car.

S’étant levée sans se préoccuper d’Anders, se doutant qu’il avait dû se rendormir, Ariana s’était douchée, préparée, puis elle était descendue pour prendre son petit-déjeuner et préparer celui de son frère. Elle attendit le dernier moment pour le réveiller avec toute la délicatesse qu’on lui connaissait, puis elle attendit qu’il la rejoigne pour quitter leur petite maison en direction de la gare routière.

Il faisait déjà chaud même si la matinée commençait à peine, et Ariana sentait que ce trajet à pied l’avait achevée. Elle aurait sans doute dû dormir un peu plus finalement… Ajustant ses lunettes de soleil sur son nez, comme le ferait une personne ayant la gueule de bois pour cacher un minimum son regard vitreux aux autres, Ariana remonta ensuite ses cheveux blonds en un chignon négligé sur le haut de sa tête, bâillant à s’en décrocher la mâchoire pendant que son frère partait saluer son ami Akio. L’Islandaise fit un signe de la main un peu mou à l’étudiant et fila s’adosser contre le car en attendant qu’on lui dise d’y monter.

À 8h00 tapantes, Ariana s’installa dans le véhicule, le plus à l’arrière possible, dans un coin, puis elle sombra comme une masse à peine le moteur lancé. Ces trois heures de route furent des plus réparatrices pour la jeune femme qui se sentit bien mieux une fois à l’extérieur. Elle était encore un peu dans le brouillard suite à son réveil, mais le trajet en bateau finit de la réveiller définitivement. Vêtue d’un short et d’un dos nu, Ariana s’empressa ensuite de sortir de la crème solaire pour s’en étaler sur la peau. Elle avait l’habitude d’être en extérieur avec sa grande pratique de l’athlétisme, mais ce n’était clairement pas une bonne idée de zapper la protection solaire, surtout s’il promettait de rester aussi présent pendant leurs 3 jours de stage !

Finissant de se tartiner, Ariana rangea son tube dans son sac et grogna quand on lui demanda de laisser toutes ses affaires superflues de côté. Son téléphone, c’était un peu toute sa vie quand même ! Comment elle allait pouvoir geeker sans lui, hein ?! Mais bon, puisqu’elle s’était engagée à participer… Elle n’avait pas franchement le choix… Elle céda donc toutes ses affaires, avant de croiser les bras sous sa poitrine, gardant toujours un petit œil maternel posé sur son frère qui semblait déjà bien en forme. Ariana se doutait qu’il ne voudrait pas qu’elle s’approche trop de lui, parce que ça serait trop la honte, mais elle se promit quand même de le surveiller autant qu’elle le pourrait, le tout sans se priver de bien s’amuser, bien évidemment ! Elle aimait fort son frère, mais il était hors de question qu’elle gâche ses vacances en s’inquiétant trop pour lui ! Il était grand après tout !

Étirant ses bras au-dessus de sa tête, Ariana bailla une nouvelle fois et laissa enfin son regard azur détailler un peu plus les autres participants. Parfait, il y avait plusieurs têtes qu’elle ne connaissait pas ! Ça promettait d’être 3 jours vraiment très intéressants ! Et puis, il y avait aussi cette jolie blonde qui était venue la voir au club de couture quelques temps auparavant ! Ariana lui offrit un sourire et un petit signe de la main quand leurs regards se croisèrent, puis elle remonta finalement ses lunettes de soleil sur le haut de sa tête, histoire de paraître un peu plus engageante si jamais des gens voulaient l’accoster pour discuter.

Un stage de survie hein… Qu’est-ce qui lui avait pris de s’inscrire à un truc pareil ? James n’en avait presque pas dormi de la nuit à force de se poser cette question, fixant le plafond immaculé de sa chambre sans trop comprendre ce qui avait bien pu motiver sa décision. Habituellement, quand il s’embarquait dans des plans aussi improbables et qui le faisaient sortir de sa zone de confort, c’était parce qu’il embarquait Jilian avec lui, mais cette fois, James serait bel et bien seul sur cette île, pendant ces 3 jours de stage. C’était d’ailleurs sans aucun doute cette perspective qui l’avait empêché de dormir : ce n’était pas le fait de faire de la survie qui l’inquiétait, ça, il connaissait, il avait quand même été médecin de guerre pendant un an, mais le fait de devoir se retrouver avec d’autres gens qu’il ne connaissait pas et devoir « survivre » avec eux… C’était sans doute ça le plus effrayant au final !

Quoi qu’il en soit, quand son réveil sonna, James était déjà réveillé depuis un bon moment déjà. Habitué à dormir très mal et assez peu, le médecin scolaire se contenta de suivre sa petite routine du matin : un peu d’exercice, un café bien noir, puis une bonne douche pour finir de se redonner de l’énergie. Enfilant un t-shirt et un bermuda, James récupéra ensuite son sac de voyage et sortit de chez lui tranquillement. Il était en avance, il pourrait en profiter pour marcher sans se presser jusqu’au point de rendez-vous comme ça !

Lorsqu’il arriva sur place, l’Américain put apercevoir quelques têtes familières : il y avait des étudiants, mais aussi des professeurs qui travaillaient eux aussi à Yokuboo. James n’avait pas eu l’occasion de discuter avec chacun d’entre eux, mais il se souvenait bien de ce professeur de philosophie qu’il avait rencontré à son arrivée ! Le médecin scolaire lui fit d’ailleurs un petit signe de tête et se mit ensuite dans un coin en attendant de pouvoir monter dans le car.

Après quelques minutes d’attente, James s’installa seul dans un des sièges les plus proches de l’avant du véhicule, puis il se contenta d’admirer le paysage qui défilait par la fenêtre pendant les 3 heures de trajet. Vint ensuite le petit voyage en bateau qui lui donna un bon coup de fouet niveau énergie, bien plus qu’une bonne tasse de café aurait pu le faire. Cette heure à fendre les flots lui avait d’ailleurs fait le plus grand bien, faisant aussi bien s’envoler sa fatigue que ses angoisses. Tout se passerait bien, ce n’était que 3 jours de stage ! Et puis, qui sait, ils auraient peut-être besoin d’un médecin si jamais quelqu’un se blessait !

Une fois sur la plage, James s’exécuta aussitôt en laissant ses affaires superflues aux organisateurs, affaires qui ne se résumaient pas à grand-chose au final puisqu’il n’avait pris que le nécessaire pour ce petit voyage. Il avait uniquement dû céder son précieux thermos de café, son téléphone étant resté chez lui parce qu’il avait tout bonnement oublié de le prendre. Les autres participants s’affairaient autour de lui et James préféra rester sagement dans un coin, les pieds dans l’eau, le regard perdu sur l’horizon. La plage, la mer… Il adorait vraiment ce genre d’endroits ! Si ça ne tenait qu’à lui, il s’empresserait de se déshabiller pour aller piquer une tête dans cette grande étendue d’eau salée ! Il espérait d’ailleurs qu’il aurait le temps d’aller nager un peu pendant ce stage… Ce serait quand même vraiment dommage de ne pas en avoir l’occasion alors que le cadre était aussi merveilleux !

Vendredi matin et j'avais posé quelques jours de vacances pour partir en weekend, et pas n'importe quel weekend : un stage de survie en pleine nature, gratuit, tout frais payé par Kansai Events, impossible de louper ce genre de choses. J'avais envie de voir autre chose que la ville et la routine que j'y avais pris alors quoi de mieux que ce genre de sortie. En plus, ça me permettrait sans doute de rencontrer de nouvelles têtes puis, un secouriste et maître nageur, ils n'allaient tout de même pas dire non. L'équipe dans laquelle je serais aura bien de la chance...

Me levant de bonne heure pour manger un peu, prendre ma douche et faire mon sac rapidement, je me posais alors une question : Et si je me retrouvais avec uniquement des femmes... Je m'arrêtais net dans mon élan, me posant alors mille et une questions. Mon téléphone qui sonna me sortie de mes angoisses et je secouais la tête avant de fermer mon sac. N'y pensons pas, on verra bien sur place, tout devrait bien se passer. Sur l'écran de mon téléphone je pouvais lire le message d'un collègue "Profite bien de tes 3 jours, il va y avoir des filles à pécho ;p". Un long soupire s'échappa de ma bouche et je verrouillais l'écran et balança mon téléphone sur mon lit sans même prendre le temps de répondre. Si seulement il savait..

Allant dans la cuisine pour attraper un truc à manger, je fis face à l'heure. Et merde ! Je suis à la bourre !! J'attrapais mon sac qui ne contenait au final que quelques affaires et une bouteille d'eau et claqua la porte avant de filer en direction de la gare. Ce n'est qu'à mi-chemin que je me redit compte d'une chose, j'avais oublié mon téléphone. Au moins, il aurait le lit pour lui tout seul pendant tout le weekend lui.. Je ris un peu et fini par arriver à destination.

Il y avait déjà quelques personnes, et même si je ne connaissais pas grand monde, je pu reconnaitre le médecin scolaire que j'avais vu au début de l'année ainsi qu'un étudiant que j'avais pris en charge à l'hôpital. Les autres m'étaient totalement inconnus.. Restant dans mon coin, je grimpais dans le bus, m'installait vers l'avant et attendit patiemment le temps du trajet. Les trois heures furent longues sans mon téléphone et lorsqu'on arriva enfin, je commençais à piquer du nez. Le trajet en bateau ne m'aida alors pas vraiment, constatant que j'avais le mal de mer.

Lorsque je posais le pied à terre, je me sentis un peu mieux mais la sensation de tanguer était toujours présente, j'espérait qu'elle passerait rapidement. Ecoutant les instructions je fis comme tout le monde et rendit mes affaires inutiles, bien que peu nombreuses, aux encadrants et alla m'asseoir dans le sable pour regarder la mer. Mon regard s'attarde alors sur une silhouette que je reconnais rapidement et je ne peux m'empêcher de sourire. Me relevant, époussetant mon t-shirt noir que j'ai réellement envie de retirer avec la chaleur, et mon short blanc, je m'approche de lui et me stoppe à ses côtés.

- Prêt pour l'aventure ?

Je tourne alors mon visage vers lui pour lui sourire, même si je suis sans doute encore un peu pâle.

Le réveil sonna et c'est avec une grande délicatesse que Mitsuko le coupa, laissant sa main tomber lourdement dessus. Elle n'était pas du matin, ça n'était un secret pour personne, mais là, c'était bien trop tôt, et tout ça pour un stage de survie. Bon en soit, si ça lui permettait d'avoir un avant gout de vacances c'était déjà ça non ? Aussi bien coiffée que Anna dans la Reine des neiges au réveil, la professeur s'extirpa du lit difficilement et se traina jusque dans la cuisine pour se préparer son petit déjeuner.

N'arrivant à rien dans son état, elle fini par aller prendre une douche pour se réveiller et se remettre les idées en place. Une fois un peu plus fraîche, elle retrouva sa tasse pile à la bonne température pour la boire et grignota un petit quelque chose. Son sac avait été préparé et même si elle se doutait qu'ils ne leur laisseraient pas le téléphone, elle avait prévu crème solaire, lunettes noires, brosse à dent, dentifrice, savon, shampoing, déodorant, etc. On n'est jamais trop prudent.

Prête à partir à l'heure, n'ayant pas pris la peine de se maquiller se disant qu'elle n'y croiserait personne qu'elle connaissait et que le maquillage n'était pas fait pour un stage de survie, elle fut assez surprise de retrouver pas mal de tête connues là bas. Des étudiants, des professeur, le médecin et deux ou trois personnes qu'elle n'avait jamais croisé. Enfilant ses lunettes noires l'air de rien sur le nez, elle entra dans le bus et s'installa à une place libre, contre la fenêtre et fini par s'endormir rapidement, rattrapant le sommeil qui lui avait manqué pour être réellement en forme.

Ce n'est qu'une fois arrivé qu'elle senti quelqu'un la réveiller et qu'elle sursauta. Mon dieu la honte, elle espérait au moins ne pas avoir ronflé, c'est ça de vivre seule, on ne sait pas quel fardeau on peut être parfois. Descendant du bus la tête dans le gaz, elle se laissa porté par le mouvement jusqu'au bateau, angoissant alors d'être malade durant la traversée. Finalement, ce n'est que vers la fin qu'elle se senti un peu nauséeuse mais tout passa vite lorsqu'elle posa le pied à terre. Ecoutant les instructions, elle se décomposa lorsqu'on lui demanda de ne garder que des vêtements de rechange et laissa alors ses affaires à contre coeur après avoir éteint son téléphone. Maintenant, ils avaient tous un peu de temps pour apprendre à se connaitre et, même si elle mourrait d'envie d'aller parler un peu avec ses collègues, elle se retint, ne voulant pas se prendre une réflexion sur sa "petite mine" alors qu'elle n'était simplement pas maquillée.

Qu'importe si le réveil sonnait, il était déjà debout. Son sac était déjà prêt et il n'attendait plus que lui dans l'entrée. Il était complètement décoiffé, et il n'allait pas arranger cela ce matin-ci. Là où il allait, il n'allait certainement pas avoir de belle salle de bain pour se recoiffer et se raser tous les matins. Il se fit glabre pour la dernière fois avant trois jours puis prit un rapide petit déjeuner déjà prêt la veille. Il vérifia que tout était bien en ordre, que toutes les instructions pour Liz étaient bien annotées partout... La pauvre. Trois jours sans son grand frère pour lui faire à manger relevait déjà de la survie. Mais là où Big Bro' partait, se jouait une toute autre survie : en pleine nature. Le natif d'Englewood aimait se donner des défis pour repousser les limites de son corps, ce qu'on lui proposait ne pouvait que l'enchanter. Et puis partir au grand air loin de la ville et de toute sa pollution... Ah Youkaidi Youkaida !

Une dernière vérification s'imposait avant de partir : crème solaire, t-shirts, dessous, treillis et chaussettes de rechange, quelques produits de toilette, une gourde et un couteau suisse. Le stricte nécessaire. Son portable, il le gardait le temps du voyage en se doutant qu'on allait le lui prendre avant de début de l'aventure. Il était temps d'y aller. Il enfila ses rangers et enfourcha son vélo direction la gare routière de Nara. Il y retrouva du monde et pas mal de têtes connues. Il fallait dire que partir trois jours en pleine nature avait de quoi attirer une sacrée foule.

Le professeur de sport s'installa dans le bus puis le ferry et s'impatienta durant tout le trajet. Il ne pouvait plus tenir en place, tellement excité par cette nouvelle épreuve à venir. Ils fut le premier à débarquer bateau. Il croisa le regard de quelques collègues avant de se présenter devant les organisateurs qui donnèrent les consignes pour le séjour. Il leur jeta presque son portable dans les mains. Il trépignait comme un gosse qui s'apprêtait à monter dans un manège. Il regarda autour de lui vit que certains partageaient également un certain enthousiasme, mais d'autre qui avaient l'air soit plus calmes, soit pas réveillés.

En attendant, il s'assit en tailleur sur le sol et appuya sa tête sur sa main dont le coude reposait lui-même sur le genou. Il s'imaginait déjà en train de construire une cabane, son rêve de gosse qu'il n'avait jamais pu accomplir car il vivait en plein milieu d'une ville et ce depuis l'enfance. Et rien que ça, ça l'agaçait un peu. La petite cachette en pleine forêt avec les copains et copines, il ne l'avait pas connue. Il avait plutôt connu les terrains vaques d'avant chantier dont les cachettes se résumaient à des cylindres en béton. Forcément, partir aussi longtemps en pleine brousse avait tout de suite quelque chose d'exotique.

Cela faisait déjà quelques jours que ma tête était au point de l’explosion. Chaque minute, chaque seconde, je me préparais aux trois prochains jours que j’allais passer. Le pire n’était pas d’y penser. C’était plutôt le fait que je n’avais aucun élément qui me permettait de penser comment allait se dérouler ces trois jours. Je ne connaissais le contexte que dans les grandes lignes. J’allais devoir faire, avec une équipe, une sorte de jeu de survie en pleine nature. Il allait falloir trouver des moyens naturels afin de répondre à nos besoins les plus élémentaires et dire adieu aux habitudes et aux conforts habituels. J’aimais profondément la nature et ses trésors. Les sons, les bruissements des feuilles, des fines poussières de terre, le bourdonnement des insectes, toute cette vie auditive si apaisante, si calmante, tout cela constituait un concert doux à mes oreilles. Observer le comportement des animaux me procurait la même extase, la même envie d’en savoir davantage, d’être curieux afin de toujours mieux comprendre. Je me sentais donc partagé entre la joie de pouvoir être au plus près d’elle, de savoir ce que cela pouvait apporter de se connecter à elle loin de la modernité, et l’angoisse des imprévus que tout cela allait engendrer. Je savais pourtant qu’il était parfois nécessaire de se souvenir des choses vraiment essentielles de la vie. Thoreau avait bien consacré un ouvrage à sa vie dans les bois qui a duré environ deux ans. Ce détachement loin de tout lui offrit l’opportunité de se consacrer à ce qui était réellement essentiel pour lui, à son véritable moi. Ce fut un moment si particulier de sa vie qu’il en consacra tout un livre. Et quelque part c’était jubilatoire de se dire que j’allais peut-être touché partiellement ce qu’il veut transmettre dans ses écrits.

Néanmoins je n’aurais pas eu le courage de me lancer si personne ne m’y avait définitivement poussé. Ma mère avait insisté lourdement lorsqu’elle entendit parler de cet événement proposé par Kansai Events. Je me montrai réticent lorsqu’elle commença à m’en parler argumentant sur le fait que ça allait sûrement changer un peu mon regard et m’obliger à me dépasser. Il fallait que j’évolue, que j’avance et le meilleur moyen était de s’obliger à faire ce qu’on ne ferait pas en temps normal. Elle ne me laissa donc pas le choix et se chargea du coupon à remplir elle-même. J’avais beau dire ce que je voulais je voyais bien que je fulminais dans le vide. Ce fut ainsi que je me retrouvai dans cette situation totalement pris par la panique. Peser le pour et le contre ne m’aidait guère. Je crus pouvoir m’extirper de cette impasse le jour même du départ mais ma mère ne m’en laissa pas le loisir. Mes affaires furent prêtes et elle prit soin que je fusse bel et bien au point de rendez-vous. Ce fut par tout cet enchaînement terrible de cause à effet que je me retrouvai dans le car en direction du stage de survie. Je reconnus rapidement plusieurs collègues dont le médecin scolaire James qui me fit un signe en le voyant. Je le lui rendis en m’inclinant poliment pensant avec gêne à ce jour où je m’étais lamentablement blessé au poignet. Je reconnus également la professeure de japonais. Le simple fait de voir mes collègues me procura un sentiment d’angoisse encore plus élevé. Mon métier de professeur me permettait de cacher autant que possible mon handicap sociable mais ce stage mettrait sans aucun doute en lumière tous ces défauts dont j’avais profondément honte.

Par ailleurs comme si cela ne suffisait pas, je me rendis compte à ma grande surprise qu’il y avait quelques étudiants dont un que j’avais rencontré en voyage sur une île. Le jeune Akio ! Son nom me vint immédiatement à l’esprit lorsque je le vis. Une honte s’empara de tout mon corps lorsque je repensai à ma mère toute enthousiaste à l’idée de discuter avec un jeune homme aussi mature et moi qui avais l’air d’un enfant. Comment cela pouvait être possible ? Quelle probabilité il y avait que je croise le jeune homme ici, au Japon, à Yokuboo, l’établissement même dans lequel j’enseignais ? Alors même qu’il habitait l’île lors de mes vacances il y avait maintenant un bon moment de cela. Les imprévus. La vie offrait des imprévus si improbables que cela renforça mon sentiment de gêne. Vraiment je n’aimais pas ce genre de surprise bien que je n’avais rien contre ce jeune homme. Une fois sur les lieux après plusieurs réflexions aussi inutiles les unes que les autres, j’écoutai les instructions les mémorisant une à une et me décomposant au fur et à mesure. Ce n’était pas tellement l’idée de me défaire d’une partie de mes affaires mais l’idée que des épreuves dont je ne connaissais pas la teneur m’attendait. Tout un tas de scénarios apocalyptiques se dessinèrent dans ma tête. J’allai ensuite me dégourdir un peu les jambes observant les alentours d’un air distrait.

Regardant l'ensemble des participants, elle constata rapidement que les gens n'hésitaient pas et allaient parler à ceux qu'ils semblaient connaitre alors pourquoi n'en ferait-elle pas de même au final ? Elle noua ses cheveux en une tresse sur le côté, la laissant passer devant son épaule, lui donnant un air de Lara Croft avec son top et son short, bien que ses petites chaussures en toile dénotent pas mal si on oublie le fait que son short soit en jean bleu également, ce qui fait tout de suite moins aventurière.

Elle s'avança vers le professeur de sport qui s'était assis dans le sable après avoir fait un signe de la main pour dire bonjour à son collègue de philosophie, et s'installa également sur le sable à côté de lui, sans lui demander son avis.

- J'ai faillis ne pas vous reconnaitre avec vos cheveux décoiffés ainsi..

Elle entrais dans le vif et comme elle se doutait qu'il allait répliquer un truc avec son maquillage, elle lui coupa l'herbe sous le pied en posant ses lunettes de soleil sur le haut de sa tête pour regarder les participants et également un peu la mer.

- Vous pensez que j'ai des chances de passer inaperçue auprès des élèves sans mon maquillage ?

Elle tourna la tête vers lui avec un sourire amusée, attendant de voir comment il allait réagir et fini par continuer.

- Ca ne m'étonne pas de vous voir dans ce genre d'événement, vous avez peut être une préférence sur vos partenaires pour les épreuves à venir ?

Elle s'en fichais pas mal, tous allaient sans doute être utiles à quelque chose, elle y comprit, chacun avait des qualité qu'il allait falloir déceler pour parvenir à gagner ces épreuves et l'esprit d'équipe allait être très important durant ces trois jours.

Véronique avait de ces drôles d'idées parfois. Comme celui de s'inscrire à un stage de survie de trois jours en pleine nature. Elle s'est dit que ce pouvait être une bonne idée pour en faire une vidéo sur son expérience par la suite. De plus, elle serait sur une île de rêve et surement en compagnie de personnes toutes les plus magnifiques les uns que les autres! Enfin, elle l'espérait du moins. Après tout, c'était quand même un événement gratuit, donc il risquait d'y avoir un peu de tout. Par contre, ce n'était pas non plus le genre d'exercices pour tout le monde non plus, donc fort probable qu'il y aurait des personnes sportives ou adepte du plein air. Elle n'était pas personnellement très douée pour les activités plein air, mais elle se disait bien qu'elle arriverait à se débrouiller. Dans les derniers jours, après la confirmation de sa participation, elle avait regarder en boucles plusieurs vidéos sur la survie et principalement sur le type de baie et de plante qu'elle pourrait trouver en pleine nature pour s'alimenter et surtout, pour ne pas tomber malade.

Fin prête, elle se rendit très tôt le vendredi à la gare. Il y avait beaucoup de monde, c'était quand même un vendredi matin, mais une très grande affiche annonçant l'activité lui permit de se retrouver dans le bon autobus. Le soleil commençait à se pointer et elle mit ses lunettes de soleil pour cacher les rayons matinaux. Le vrombissement du moteur la rendit somnolente pour une grande partie du trajet, se retrouvant tout de même frais et dispos à l'arrivée. Son excitation ne voulait surtout pas rater l'expérience qui s'en venait et elle était vraiment très contente d'y être. Elle monta à bord d'un des deux bateaux, en compagnie d'autres participants et organisateurs de l'événement. Elle commença alors à profiter du moment pour regarder les personnes qui étaient avec elle. Autant il y avait d'autres étudiants comme elle, lui semblait-il, qu'il y avait aussi des personnes plus vieilles. Dans sa tête, parler d'adulte ne fonctionnait pas, se considérant tout de même une adulte même si dans ce pays, l'âge légal n'était pas le même que dans son pays d'origine. Oui, elle l'avait toujours sur le coeur celui-là.

Écoutant les instructions, elle souriait alors que le soleil venait réchauffer sa peau. Si la pêche n'était vraiment pas son fort, elle se souvenait des plantes qu'elle avait vues comme étant nocives et celle pouvant être comestible. Elle avait même confiance d'arrivée à faire un plat en poterie si l'une des personnes avec qui elle serait jumelée parvenait à avoir un feu qui reste en place. Elle était un peu triste de devoir remettre son téléphone, ayant déjà pris quelques photos et une mini vidéo avant son départ le matin. Véronique aurait adoré pouvoir les utiliser pour sa vidéo finale, mais tant pis, elle se plierait aux règlements. Ils avaient à présent quelques minutes avant le début de l'activité. Jetant un oeil autour, elle crut voir quelques visages qui lui étaient familiers, mais c'est le sourire et signe de la main d'une autre blonde qui attira son regard. Aussi souriante, Véronique s'approcha d'elle.

— Alors, ça va?

Elle leva également ses lunettes sur sa tête. Jetant un regard autour, Véronique avait un sourire en coin.

— Ça risque d'être très intéressant cette activité, il y a tout plein de beau monde! Tiens, ce garçon à l'air pas mal pour ce genre d'activité, tu crois qu'il sait allumer un feu?

La question n'était pas uniquement en terme rhétorique dans le sous-entendu de Véronique qui pointait Anders un peu plus loin.

Akio se leva aux aurores, c’était bien une chose sur laquelle il n’avait aucun mal. Toutes les fois où l’étudiant avait dû se lever tôt pour aider son grand-père dans les champs lui avait au moins laissé cette petite habitude de ne pas avoir le réveil difficile. La préparation des affaires ne lui prit pas vraiment plus longtemps et une fois avec un gilet sur le dos et une casquette sur la tête. Akio quitta la chambre avec son sac à dos.

Trois jours de survie sur une île, comment dire que le jeune homme avait déjà fait du camping plusieurs fois avec ses amis dans sa jeunesse ? Donc, Akio avait déjà de bonnes compétences dans quelques domaines quand ce n’étaient pas quelques choses que ses parents lui avaient enseigné. La pêche par exemple, Akio savait parfaitement cuisiner le poisson même avec un feu de camp. Autant dire que ce serait une partie de plaisir et le concept même de l’événement avait fait qu’il ne pouvait pas passer à côté.

Une fois à la gare, il retrouva bien vite Anders après avoir discuté avec d’autres personnes qu’ils connaissaient. Akio salua donc son ami tout en faisait un signe de la main vers la sœur d’Anders qui semblait morte. La pauvre, connaissant Anders, il ne lui avait pas filé un coup de main pour tout préparer.

- Oui, bien sûr, allons-y.

Le reste du trajet ne fut que rigolade jusqu’à la partie sur le bateau. Tellement de souvenirs qui refluaient dans l’esprit du jeune homme. Ca lui faisait du bien, rien que l’odeur de la mer, le roulis des vagues. Ce trajet en bateau avait déjà complétement redonné vie au garçon qui se tourna vers Anders pour dire d’un ton songeur.

- J’ai l’impression d’être chez moi ! C’est exactement comme ça qu’on peut rejoindre mon île, la sensation est exactement la même. J’ai tellement hâte d’y être, ça va me faire tellement de bien de retrouver un décor un peu plus familier que la ville. La voilà ! Regarde !

L’arrivée sur place, beaucoup d’affaires en moins, car il lui restait que le nécessaire, Akio sursauta à la question et au coup de coude de son ami. Avec qui ? Bonne question, ce n’est pas comme s’il aurait le choix. Mais son regard glissa vers une personne en particulier, une tête blonde bien trop connu d’Anders.

- Pourquoi pas avec Ar….

Réalisant sa bêtise, il ne pouvait pas dire ça aussi ouvertement. Puis, Anders était son ami, non, il fallait qu’Akio s’enlève cette idée de la tête et très vite. Non pas qu’il avait l’intention de tenté quelque chose. Juste qu’il avait contre toute attente apprécié la compagnie d’Ariana, malgré son côté ouvertement taquin et provocateur. Mais c’était toujours agréable de pouvoir être soi-même sans avoir peur des retombées.

Et en parlant d’être soi-même avec des retombées, voilà Haru qui arrivait en compagnie de … Oh Yens !

- Avec Sora ! Si je devais choisir quelqu’un avec qui être, je préférerais Sora. On bosse déjà bien en équipe à la natation, alors je pense qu’on aurait nos chances.

Un soupir rassuré, un petit « sauvé » à voix basse. Puis il fit signe aux deux filles qui n’avait pas du l’entendre se rattraper au dernier moment et les salua.

- Coucou les filles, pourquoi pas Shimizu-San. Ça peut très bien se faire par la suite. Ça a été, pas trop fatigué du voyage ?

Puisqu’il avait un peu de temps à tuer avant que les groupes ne soient constitués, James avait retiré ses chaussures et ses chaussettes, les laissant dans le sable, pour se rapprocher de l’eau. Il n’hésita pas une seconde de plus et s’avança de quelques pas, suffisamment pour profiter de la fraîcheur de la mer sur sa peau. L’eau, c’était vraiment son élément. S’il avait été seul, nul doute qu’il se serait déjà déshabillé pour piquer une tête ! Mais puisqu’il s’agissait d’un stage de survie et non de petites vacances, il préféra se contenter d’un petit bain de pieds. C’était peu, mais ça suffisait déjà à l’apaiser, un doux sourire étirant ses lèvres alors que son regard se perdait sur l’horizon. Il ne pensait plus à rien d’autre qu’au mouvement de la mer sur sa peau, complètement dans sa bulle…

Bulle qui éclata alors qu’une voix masculine s’élevait à ses côtés. Surpris, James avait aussitôt tourné la tête vers le propriétaire de celle-ci, ne pouvant s’empêcher de pouffer doucement en constatant qu’il s’agissait de Min-Ho, le maitre-nageur et secouriste qu’il avait déjà eu l’occasion de rencontrer en début d’année. S’il avait pouffé en le reconnaissant, c’était parce qu’il avait eu comme une impression de déjà-vu.

« Décidément… J’ai l’impression qu’à chacune de nos rencontres, vous allez réussir à me surprendre et à me tirer de mes pensées. »

Ça avait été déjà le cas lors de leur première rencontre, et ce schéma s’était donc répété pour ce deuxième face à face. C’était sans doute bête, mais James était très observateur et il adorait relever ce genre de petits détails !

« J’espère que je suis prêt oui, je n’ai plus campé depuis un moment et je crois que mes compétences en survie sont un peu rouillées… Mais je suis rassuré de voir que, si jamais quelque chose se passe, je ne serai pas seul pour m’en occuper. »

James offrit un petit sourire à Min-Ho. C’était un soulagement de savoir qu’au moins une autre personne avait des compétences pour les premiers soins et que si jamais James n’était pas dans le coin, ils pourraient toujours se tourner vers quelqu’un d’autre !

« Et vous alors ? Vous avez l’air un peu pâle… Est-ce que tout va bien ? »

Le sourire d’Ariana s’étira davantage en voyant que Véronique s’approchait d’elle, suite au petit signe de la main qu’elle lui avait adressé. Ouf ! L’Islandaise avait bien cru, l’espace d’un instant, qu’elle allait finir par patienter toute seule ! Pour quelqu’un d’aussi social qu’elle, ça aurait été un véritable drame ! Enfin… Nul doute qu’elle aurait sûrement accosté la première personne qui serait passée à sa portée si la blonde n’était pas venue vers elle !

« J’t’avoue que j’aurais bien dormi un peu plus, mais ça va ! Et toi alors ? J’suis contente de te retrouver ici en tout cas ! C’est ton truc les stages de survie ? »

Ariana en profita pour détailler un peu plus la silhouette de son interlocutrice, se disant qu’elle ne donnait pas trop l’impression d’être une grande aventurière amoureuse de la nature et du camping, mais elle pouvait parfaitement se tromper !

Et alors qu’elle allait enchaîner avec d’autres questions, Véronique lui coupa l’herbe sous le pied en désignant Anders. Les mots qui suivirent surprirent tellement Ariana qu’elle resta interdite quelques secondes, avant d’exploser franchement de rire.

« Lui, là ? Si tu veux mon avis, faudra pas trop compter sur lui ! À part jouer au basket, il est pas doué pour grand-chose ! »

Ariana avait les larmes aux yeux tant elle riait, passant rapidement sa main sur le coin de ceux-ci pour tenter de les sécher alors qu’elle essayait de réprimer son fou rire.

« Si tu veux un bon tuyau, j’pense que le mec à la casquette à côté de lui est bien plus fiable niveau survie ! Enfin, après, si tu veux draguer, j’te conseille effectivement ton premier choix. Il est un peu boulet, mais c’est un mec sympa. »

Ariana avait froncé le nez alors qu’un sourire malicieux étirait ses lèvres. Elle s’était rapprochée de Véronique, se saisissant de son épaule pour glisser ces quelques mots tout bas près de son oreille, comme s’il s’agissait d’une confidence. Elle préféra ne pas dévoiler tout de suite qu’il s’agissait de son petit-frère, se demandant si d’autres feraient le rapprochement en les regardant tous les deux. Après tout, s’ils n’avaient pas quelques années d’écart, ils auraient parfaitement pu être jumeaux tant ils se ressemblaient !

Anders n’avait pas pu s’empêcher de sourire presque tendrement en entendant Akio parler avec autant de passion de ce trajet en bateau qui lui rappelait son île natale. Il appréciait vraiment de découvrir ce côté de la personnalité de son ami, très attaché à son cocon familial. Lui n’était pas né sur une île, mais il comprenait parfaitement cet attachement qu’Akio pouvait ressentir.

« Vraiment ? J’espère que t’y retournes pour les vacances d’été et que tu comptes m’inviter alors ! Parce que j’aimerais bien découvrir cette fameuse île ! »

Anders se mit à rire et poussa doucement l’épaule de son ami. Il n’avait pas trop envie de s’imposer, mais il se disait que ça serait chouette de découvrir toute cette partie de la vie d’Akio ! Ça ne pourrait que les rapprocher encore plus, c’était certain !

Mais pour l’heure, ils venaient d’arriver sur l’île où ils allaient passer les trois prochains jours. Après avoir laissé ses affaires superflues aux organisateurs, Anders demanda à son ami avec qui il aimerait bien se retrouver. Forcément, en entendant qu’Akio n’allait pas au bout de ses pensées, le basketteur plissa les yeux et fit claquer sa langue contre son palais quand il vit qu’Haru et Sora s’approchaient d’eux pile au moment où il allait lui demander de cracher le morceau. Bon, tant pis, il le cuisinerait un peu plus tard…

Après un check avec Haru qui le fit sourire davantage, l’Islandais s’entendit grogner un peu aux mots de Sora. Mince… Il s’était dépêché, mais il avait pourtant soigné son apparence au maximum, non ?

« N’importe quoi, c’est le bateau qui m’a décoiffé ! J’suis près pour ce stage depuis que j’suis né ! J’vais tellement t’éblouir avec mes compétences en survie que tu vas m’appeler maître après, tu verras ! »

Anders tenta de se recoiffer en passant une main dans ses cheveux, mais cela eut plutôt l’effet inverse puisqu’il les ébouriffa encore plus sans s’en rendre compte.

« En tout cas, puisque tu veux tant être avec Sora… Moi je vote pour être avec ma Haru chérie ! »

Anders afficha un sourire malicieux et s’empressa de glisser une main sur la taille d’Haru pour la rapprocher de lui, lui faisant même un petit bisou sur les cheveux.

Et il serait bien resté comme ça plus longtemps, à profiter du contact de la demoiselle, mais puisqu’il n’avait pas trop envie de cramer ses chances avec les autres donzelles présentes sur la plage, il retira progressivement sa main, jusqu’à venir la glisser dans une des poches de son bermuda. Et maintenant que les filles étaient là et qu’ils ne risquaient plus d’être interrompus…

« Bon, toi ! Est-ce que tu vas cracher le morceau ? Tu sais bien que j’aime pas quand tu commences à dire des trucs sans aller au bout ! Alleeez ! Dis-moi à qui t’as pensé au tout début ! Tu voulais être avec Ar… »

Les yeux d’Anders s’ouvrirent en grand, comme s’il semblait avoir soudainement été frappé par une sainte illumination. Il se rapprocha alors de son ami pour ne pas que les deux filles l’entendent.

« Tu voulais être avec Haru ? T’as des vues sur elle mais t’as préféré parler de Sora pour pas qu’elle te grille, c'est ça ? »

Anders et elle n’étaient plus ensemble, certes, mais il devait avouer que ça lui ferait quand même tout drôle si jamais ses deux amis finissaient par sortir ensemble… Ouais, non, cette idée ne lui plaisait pas, vraiment pas du tout… Il ne voulait pas finir par devenir la 5e roue du carrosse !

Une certaine agitation régnait autour de lui. Mais finalement, cela traduisait bien l'engouement que l'activité pouvait créer. Lui aussi bouillait intérieurement et se tenait prêt à bondir sur ses pieds à l'instant où on annonçait le début des hostilités. Au fond de lui, il était pire que les étudiants qui attendaient bruyamment qu'on leur présente la suite du programme. Thomas faisait quelques dessins dans le sable avec le bout d'un bâton. Tout ceci n'était pas bien joli. Il avait fait une tortue ressemblant à M. Patate, un serpent-confetti et un taureau en fil de fer. Il n'avait vraiment aucun talent dans ce domaine. Un peu frustré, il effaça ses chefs-d'œuvre et capta silencieusement quelques mots d'une conversation à droite, puis derrière et à gauche. Au final, cela ne donna rien de cohérent, mais plutôt une forme de cadavre exquis totalement absurde.

Une présence vint le tirer de sa rêverie : Takeuchi-sensei. Cela ne l'étonnait même plus qu'elle vienne lui tenir la causette comme ça. En plus le boxeur de l'Illinois était de plutôt bonne humeur, et ne ressentait pas spécialement l'envie d'envoyer balader sa collègue, comme il l'aurait fait en temps normal. Il se contenta de lui lancer un regard en coin avant de sourire, amusé par la remarque qu'elle lui fit.

- C'est dingue, j'ai failli vous échapper dites-donc.

De bonne humeur ne signifiait pas pour autant oublier sa répartie, mais il se contenta de cette remarque plus ironique que réellement agressive. Et puis elle ne l'avait pas mérité.

- Pas sûr cependant que vous passiez inaperçue, même sans maquillage. Au moins, à part votre mine pas très fraîche, on sait que vous avez la même tête avec et sans cet artifice. Vous devriez peut-être même arrêter d'en mettre ce serait mieux pour votre peau et votre porte-monnaie.

Au moins c'était dit. Net et sans bavure, pas de compliment ni de crasse, Thomas était vraiment bien luné pour agir de la sorte. Il se prenait même à apprécier cette compagnie durant cette attente qui lui semblait interminable.

- Ah bon ? Ouais je suppose que je suis assez prévisible en fin de compte, mais je ne suis pas plus étonné de vous voir. Je suppose qu'à défaut d'aimer relever des défis vous aimez au moins vous amuser un peu.

Il s'arrêta un instant et poursuivit.

- Cela m'est bien égal. Je suis venu passer un bon moment et relever des défis, le reste n'est que du bonus. J'espère juste que c'est le cas de la majorité d'entre nous, et dans ce cas ça nous annonce un sacré séjour.

Il était très optimiste, mais il l'assumait. Il n'y avait pas de raison de s'énerver : l'endroit était très beau à voir, et ils s'apprêtaient à vivre un expérience hors du commun, que demander de plus ? Du confort ? Ils l'auront de nouveau quand tout sera terminé.

Souriant à Ariana, Véronique était ouverte à toutes les possibilités qui s'offraient à elle pendant ces trois jours de stage. Déjà, elle voulait bien entendu arriver à bien survivre dans ce stage. Ensuite, elle voulait découvrir les différentes personnes et leurs motivations à venir essayer ce stage de survie. Elle aurait bien le temps pendant l'événement pour discuter avec eux. Puis si elle pouvait se trouver quelqu'un avec qui revenir par la suite pour plus d'affinité, c'était un plus. En même temps, elle n'allait pas uniquement se focaliser sur le sujet. Véronique éclata de rire.

— Je crois qu'on est plusieurs à avoir préféré dormir un peu plus! Perso, j'ai réussi à dormir un peu dans l'autobus en m’en venant, mais là, j'ai trop hâte de voir ce qui va se passer pour vouloir dormir!

Elle prit un temps, penchant la tête, un peu songeuse.

— Je ne dirais pas que c'est mon truc, mais j'étais curieuse de voir ce que ça pourrait être et je voulais en parler ensuite dans une vidéo relapse sur ma chaine.

Bon, tant pis pour les vidéos pendant le stage, mais au moins, elle en avait une avant son départ et une autre pendant son trajet. Elle pourrait surement trouver des photos de l'île où ils étaient pour la suite, et parler en voix hors champ par dessus.

Profitant qu'elles étaient un peu en retrait des autres jeunes qui semblant pour beaucoup déjà se connaître, Véronique tâta déjà un peu le terrain vers une personne, peut-être qu'Ariana le connaissait vu qu'elle lui avait parlé un peu avant que la blonde ne vienne la voir.

— Oh? S'il n'a pas apporté de ballon, il risque peut-être de s'ennuyer alors!

Chacun ses talents. Observant la personne à côté dont lui parlait Ariane, le visage de Véronique s'illumina.

— Ah! Mais je le connais! Enfin, je l'ai vu à la piscine alors que je faisais des photos pour le site de l'école. Il est très gentil et oui, en bon nageur, c'est déjà un bon début sur une île. J'espère qu'il sait aussi pêcher!

Elle allait demander si Ariane connaissait le premier vu la façon dont elle en parlait, mais voyant le blond se coller et prendre par la taille une des filles qui parlait avec les deux garçons, l'attitude de Véronique changea légèrement. Elle garda néanmoins un sourire. La façon dont la rousse le regardait et jouait dans les cheveux, il devait y avoir de quoi entre les deux. Il y avait l'autre fille aux cheveux sombre qui semblait aussi attirée peut-être par lui ou par Akio qui avait juste l'air trop timide.

— Je crois que si je veux prendre place, il me faudra un numéro et je ne suis pas dans le genre insistant.

Après, ce n'était pas la seule personne sur l'île, non? Avec une dizaine de participants, il devait bien y avoir quelqu'un qui s'intéresserait à elle aussi!

— On peut aussi rendre les autres jaloux en dormant ensemble la nuit, deux belles femmes comme nous sont à rendre fous les autres!

Elle lui avait dit cela sur un air de confidence aussi, avec un clin d'oeil. Nul doute que cette aventure sur l'ile allait nécessairement les rapprocher!