21 mars, le retour du printemps... et mon anniversaire.
J'aime bien mon anniversaire. Ou pas. Je sais jamais trop en vrai. J'aime le printemps, j'aime ce qu'il symbolise, la nature qui se réveille, les oiseaux, les plantes. Tout ça. Mais je sais pas pourquoi, par ricochet, ça me rappelle l'Allemagne, et tout ce que j'y ai laissé. Eléa, la culpabilité toujours. Tous les anniversaires qu'on a fêté ensemble, le mien, le sien. Sauf qu'elle ne fêtera plus jamais le sien. Pourquoi ça remonte pile ce jour-là ? Je sais pas trop. C'est con. Montagne russe, j'oscille entre la joie, la tristesse et la rancoeur. Et c'est toujours difficile à expliquer. D'autant que culpabilité oblige, les gens qui savent sont encore très peu nombreux en vrai.

Je dois retrouver mes proches pour fêter ça plus tard en soirée. Pour le moment je fais un peu la morte, feint la joie par SMS ou lors des brefs appels. Hors de question de leur faire payer ça ! Ce serait injuste. (enfin je dis ça comme si le fait de me sentir coupable pour Eléa n'était pas tout aussi injuste !) Et hors de question de se laisser absorber par les pensées noires ! Donc, on réagit ma fille.

C'est mon anniversaire, c'est le retour du printemps.
C'est le jour où la nature renaît.

C'est décidé. Je saute dans un bus, direction le mont Wakakusa. Je vais me baigner dans la forêt, et j'irai mieux après. Même si ça n'arrive pas à la cheville de ma Forêt Noire, c'est déjà extra. Et puis, celle-ci a haut moins l'avantage de ne porter aucun mauvais souvenir en elle !

Je marche dans les chemins, m'enfonce un peu. Respire autour de moi. M'arrêter, enlever mes chaussures, attacher les lacets et les balancer sur mon épaule. Pieds nus, on sent mieux les choses ! Je me laisse porter les éléments. Le bruit du vent, les bruissements, les feuilles qui bougent. Les animaux ici et là. Je retrouve cette façon de bouger, celle qui fait qu'on appartient à la forêt. Je quitte les chemins sans m'en rendre compte. Presque par réflexe, j'arrive sur la falaise, la même que celle où j'ai embrassé James pour la première fois. Je souris. Beau souvenir.

Je pose mes chaussures par terre, m'approche du bord et jette mon regard en contrebas. Falaise bon... c'est pas une falaise escarpée non plus, ça donne plutôt sur une sorte de cuvette que fait la forêt, mais c'est quand même impressionnant. Les couleurs sont superbes. Le vent est plus fort ici. Je ferme les yeux. Aussitôt la forêt envahit mon esprit. L'impression de s'affranchir du corps. Légèreté retrouvée.

Alors ma voix se met à chanter toute seule. Sans que j'ai à réfléchir. Chanter pour le vent, pour la falaise. Appartenir au monde. Les larmes coulent un peu, parce qu'il faut bien qu'elle sorte. Mais à mesure que ma voix s'envole, c'est surtout un sentiment de paix que je sens. Alors j'enregistre bien qu'il y a du mouvement, mais j'ai surtout envie d'aller jusqu'au bout de la mélodie avant de me retourner et de voir de quoi il s'agit. Enfin plutôt de qui... c'est clairement humain !

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