Le vendredi soir, c'est le moment de faire les courses. Ce qui n'est pas forcément très malin puisqu'il y a toute la fatigue de la semaine accumulée... mais en même temps, le samedi il y a beaucoup trop de gens ! Et puis comme ça, ça lui laisse plus de temps pour faire du skate. Ou dormir. Ou ranger son appartement (on se demande ce qu'il peut bien ranger mais bon, ça lui fait plaisir...).

On est donc vendredi soir, en décembre, et c'est l'heure des courses.
Le gestionnaire était plutôt content, il avait réussi à finir un peu plus tôt. Il avait donc pu prendre un peu d'avance pour le lundi suivant. C'est donc fatigué de la semaine, mais tout guilleret, qu'il se rendit vers le grand centre commercial pour faire ses courses. Le nez bien enfoncé dans son écharpe, il se repassait mentalement la liste des choses qu'il lui fallait acheter. La veille, il avait fait l'inventaire des placards et du frigo pour s'assurer de ne rien oublier. Autant dire qu'il était paré !

Enfin presque.
Dai Murakami n'avait encore aucune idée du drame qui le guettait au supermarché...
D'abord, il fût trompé par les décorations du centre commercial. Tous les ans, la galerie était décorée de multiples couleurs brillant en tout sens. Même Dai ne pouvait rester de marbre face à autant de couleurs et de finesse ! Vraiment, il y avait de quoi se sentir rempli de joie petit à petit. Décidément, c'était une bien belle fin de semaine ! Demain il appellerait sa famille et proposerait de venir aider à décorer le sapin familial ! Voilà une perspective qui avait de quoi vous remplir de joie !

Sauf qu'une fois dans le supermarché, il fallut se rendre à l'évidence. Une évidence qui pétrifia notre gestionnaire sur place.
C'était Noël. Non seulement on avait décoré la galerie, mais on avait revu toute l'organisation de la partie supermarché. Plus rien n'était à sa place ! C'est vrai, tous les ans, une partie des rayons des supermarchés est réorganisée pour qu'on voit encore plus les jouets et les chocolats de Noël. Mais là en plus les gérants se sont dit que c'était l'occasion de rénover l'endroit et donc de changer tout le plant des rayons ! Un véritable désastre ! Le visage de Dai s'était figé, des spasmes agitant les coins de ses lèvres et ses sourcils.

"C'est... oh... je ne sortirai jamais vivant d'ici..."

Mais maintenant qu'il était là, impossible de faire demi-tour ! Il attrapa un panier à l'entrée, et entra donc avec tout le courage disponible dans ce terrible donjon magasinier ! Notre cher Dai n'alla par contre pas bien loin, puisque sa course s'arrêta rapidement devant les chocolats de Noël. Les gens se servent, et après plus rien n'est aligné, c'est terrible. Et il y avait déjà bien assez de terreur dans cet endroit infernal ! Remettre les boîtes de chocolat de façon parfaitement alignée voilà un bon moyen de reprendre le contrôle. Si on excepte le fait qu'il n'arriverait pas à s'arrêter de lui-même tant que tout ne serait pas parfaitement symétrique...

à moins qu'une silhouette reconnaissable n'entre dans son champ de vision. Une silhouette qui avait l'air tout aussi perdue que lui (les tics en moins). Il réussit à lâcher les boîtes pour se diriger vers elle.

"Yamamoto-san ?"

Une enseignante de l'académie. Il était logique qu'ils se croisent, après tout la ville n'était pas non plus si immense que ça...

"Vous aussi vous venez faire vos courses ici ?"

Non elle était venue faire des crêpes ! Crétin...

Ah! Vendredi, enfin! La fin de l'année était quand même une période assez stressante avec quelques travaux à remettre avant les congés des fêtes, mais il fallait quand même en profiter pour se reposer un peu. Ayant assez de temps libre ce soir pour faire ses courses, Ayame se prépara, armée de sa canne, de son long manteau évasé noir, un doux foulard gris autour du cou et une élégante paire de gants noir. Son petit talon résonnait à chaque pas, en particulier lorsqu'elle se retrouva à l'intérieur du supermarché. Elle savait par coeur ce dont elle avait besoin. D'ailleurs, elle en profiterait pour acheter quelques bricoles pour le repas de Noël qu'elle passerait avec ses parents. Si elle ne pouvait complètement admirer la décoration, les teintes de rouges et de verts n'échappaient pas à son oeil, encore moins avec les lumières qui scintillaient partout. Cela ne l'aidait en rien pour se déplacer, mais elle connaissait bien les lieux et se dit qu'elle devrait se retrouver sans trop de soucis.

La musique résonnait à ses oreilles et elle se mit même à humer l'air joyeux de Noël. Un léger sourire ornait son visage, un éclat de rouge sur sa peau blanche. Elle s'avançait tranquillement, évitant les gens pressés agilement malgré sa cane, par habitude. Puis elle arriva devant l'étagère et tendit la main pour prendre le pot de thé.

Étrangement, si sa main se referma sur un pot cylindrique, lorsqu'elle l'approcha de son visage pour s'assurer que c'était la bonne chose, elle fut surprise de constater que c'était un pot de cannes de bonbon rouge et blanc. Perplexe, elle pensa d'abord que quelqu'un avait mis celui-ci au mauvais endroit. Pourtant, elle eut beau en reprendre un autre, puis un autre, elle fut consternée de réaliser que c'était bien que des pots de bonbons à cet endroit. Les yeux agrandis, elle fut saisie d'effroi. Ils avaient tout changé de place pour les effets de Noël, comme à chaque année.

— Non...

Pinçant les lèvres, sa main se serra sur le pot qu'elle tenait encore à la main. Elle ferma les yeux un moment, tentant de se calmer. Ce n'était déjà pas rapide normalement faire les courses, mais là, c'est un chemin de croix qui se préparait pour elle. Une voix l'interrompit dans ses pensées et elle tourna la tête vers la personne qui l'appelait par son nom. Si la voix lui disait quelque chose, une chevelure noire avec des lignes blanches à l'horizontale ne pouvait pas vraiment la tromper. Elle lui fit un sourire malgré sa frustration, ce n'était pas de la faute du gestionnaire si les magasins avaient l'idée de tout bouleverser leur inventaire.

— Murakami-san! Eh bien oui, c'était mon intention... Mais il semble qu'ils ont changé l'emplacement des articles...

Un peu vivement, elle voulut reposer le pot qu'elle avait en main, mais avec un peu trop de force et mal enligné, ce qui provoqua à quelques produits de se retrouver au sol et de rouler joyeusement dans toutes les directions.

— Goddammit!!

Soupirant, elle tendit la main gauche au bras duquel son panier reposait pour trouver la tablette et poser correctement celui en main avant de se pencher pour tenter à tâtons de trouver les autres. Bon, la journée se finissait mal, avec cette destruction de l'ordre sur l'étagère, les produits un peu partout et son sacre britannique devant un collègue de travail.

Ce qui aurait dû être une corvée rapide venait de se transformer en véritable enfer sur terre. Tout avait été déplacé, les rayons réaménagés et réagencés. En plus avec le monde, tout le monde déplaçait tout dans tous les sens... Habituellement, Dai ne passait pas son temps à refaire la mise en place des produits. Enfin, en tout cas pas les articles dans lesquels il ne s'était pas servis... Mais là... il s'était retrouvé pris au piège à remettre les boîtes de chocolat en place. Le magasin devrait l'embaucher pour le réagencement du magasin !

Heureusement ou malheureusement, il tomba sur Yamamoto, une enseignante de l'académie. Il réussit donc à se décrocher de son rayon pour aller la saluer. Et apparemment, elle était tout aussi agacée que lui de tous ces changements d'organisation dans le magasin ! En même temps, avec ses yeux, ce n'était pas surprenant.

"Ha oui, je me faisais la même réflexion... c'est un véritable problème !"

Et il disait ça sans la moindre trace de sarcasme ! Même si pour lui ça ne représentait pas le même genre de problème que pour l'enseignante. Avant qu'il ait le temps de relancer la conversation, Yamamoto fit tomber plusieurs produits en voulant remettre un pot de bonbons en place.

"Oh mince, attendez..."

Sans même réfléchir, Dai commença aussitôt à ramasser les pots de bonbons pour les remettre en place, parfaitement en place. Alignement et symétrie parfaite. Ce n'était rien de bien grave, mais ce serait terrible de participer à l'encombrement et à la désorganisation ambiante ! Bon par contre, avec le stress, il avait du mal à s'arrêter. Si bien qu'à peine ses mains avaient fini de remettre les pots en place, il prenait un peu de recul, et revenait aussitôt pour réajuster le placement d'un pot... Il fût obligé de s'arrêter parce que quelqu'un voulut se servir dans les pots... Ce qui l'embrouilla encore plus, parce que maintenant le nombre de pot ne permettait plus la moindre symétrie !!! Il était là, le pot surnuméraire à la main, beugant et cherchant désespérément quoi en faire... Malgré tout, il chercha à donner le change face à l'enseignante, avec un peu de chance, le temps qu'ils finissent l'échange suivant, quelqu'un allait prendre la boîte de trop, et il pourrait replacer celle-là sereinement !

"Vous... euh... vous avez besoin d'un coup de main ? Enfin je me doute que vous êtes capable de faire vos courses toute seule hein ! Mais comme tout est déplacé, ça pourrait vous permettre d'aller plus vite et de ne pas passer votre vendredi soir ici... Vous devez avoir mieux à faire de votre weekend que les courses !"

Il s'était fait aussi aimable que possible, mais il y avait quand même une certaine tension dans sa voix. D'autant qu'il avait toujours ce foutu pot à bonbons dans la main ! Il fallait prendre une décision. Il n'avait qu'à acheter le pot en question. Voilà. Pas qu'il mangeait tant de bonbons que ça, mais il pourrait toujours l'offrir à Beatrix, ou le partager avec les collègues du service administratif... Voilà, c'était ça la solution ! Dai allait acheter un pot de bonbons au pif juste parce qu'il ne savait pas quoi en faire d'autres. Maintenant au moins, il pouvait parler plus sereinement, même si une partie de lui commençait à craindre qu'il ne se retrouve à acheter n'importe quoi s'il continuait sur la même logique... ça lui était déjà arrivé !

"Vous vous attendiez à trouver quoi sur cette étagère ? Enfin je comprendrai que vous ne vouliez pas faire vos courses avec un collègue. Je sais que ce n'est pas toujours agréable de mélanger vie professionnelle et personnelle... mais je ne pouvais pas ne pas vous proposer !"

Ayame réussit à sortir temporairement de sa frustration de découvrir le réaménagement des rayons avec l'arrivée de Murakami. Elle lui fit tout de même un sourire, malgré tout, expliquant sa situation. Il semblait du même avis qu'elle concernant ce léger problème. Si lui-même n'avait pas de trouble de vision à sa connaissance, elle sait son pointillisme à la perfection et se doutait que les changements ne devaient pas faire bon ménage avec lui. Alors qu'elle reposait le pot de cannes de bonbons sur la tablette, elle n'effectua pas le bon calcul de distance, ce qui résultait en un éboulement de pot de canne de bonbon au sol. Soupirant, il ne lui restait plus qu'à tenter de tout replacer et espérer ne pas marcher sur l'un d'eux se faisant. Heureusement, son collègue ne s'offusqua pas de son juron britannique, peut-être qu'il ne l'avait pas compris non plus. En fait, peut-être même que l'éboulement des produits avait à l'inverse détourné son attention préoccupée par l'arrangement harmonieux et droit des mots qu'elle avait dit. Elle vit même sa forme se pencher et aux sons, il ramassait les produits au sol. Posant celui qu'elle avait en main, elle se joignit à lui pour retrouver les pots et lui tendre pour qu'il les place sur la tablette.

Une personne passa justement dans la rangée et prit un des pots de bonbons. Ils attendirent que la personne parte avant de continuer leur conversation. La proposition du conseiller surprit Ayame, mais elle avait du bon et c'était offert de bon coeur aussi.

— J'avoue que je n'ai pas tendance à aimer m'éterniser dans les magasins. Par contre, ne vais pas vous retenir de votre côté? Vous-même devez avoir mieux à faire que de trainer en compagnie d'une collègue malvoyante...

Après, c'est clair qu'elle appréciait l'idée de ne pas traverser cette épreuve terrible du magasin restructuré seule.

— Oh, je n'ai pas une vie personnelle très palpitante en dehors de mes livres, mais j'apprécie beaucoup votre aide offerte. J'espérais trouver du thé en fait. Normalement, cette rangée à tout un assortiment de thé en feuille vendu dans des pots similaire au format de celui des bonbons, mais en métal. Je ne sais pas si vous connaissez?

Après, elle cherchait quand même un produit assez populaire, ça ne devait pas être mis si loin, non? Du moins, c'est ce que la logique voulait.

— Peut-être qu'on pourrait faire une sorte de liste de ce dont nous avons besoin tous les deux et voir dans quel ordre on trouve tout ça? On risque moins d'éviter d'oublier quelque chose.

Contre l'adversité, une bonne stratégie est toujours de mise. Surtout s'il y avait beaucoup de changement dans les rayons, ils ne voudraient pas passer dix fois par la même place.

— Alors, j'ai besoin de thé, du savon en pain, une petite poche de riz et un petit assortiment de chocolats. C'est pour offrir en cadeau à mes parents...

Elle n'avait pas besoin de justifier, mais sa gourmandise sur le chocolat était peut-être connue et elle voulait vraiment acheter cette boite pour ses parents. Il devait bien y avoir de jolies boites pour le temps des fêtes, non?

Cette expédition course ne partait pas pour le mieux. Voilà qu'il se retrouvait avec un pot de bonbons dans ses achats. Qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir en faire ? Enfin, il verrait ça plus tard. Pour le moment, il avait proposé son aide à sa collègue. Il l'avait fait sincèrement. Il se voyait déjà galérer alors qu'il y voyait parfaitement clair, alors sans doute que Yamamoto-san et son handicap allaient inutilement peiner. Mais il ne voulait rien lui imposer non plus.

"Moi non plus je n'aime pas trop ça... alors justement, si on unit nos forces, on devrait pouvoir sortir d'ici plus vite !"

Non parce que certes ça aiderait sans doute sa collègue... mais la présence de celle-ci à ses côtés obligerait sans doute le gestionnaire à restreindre un peu l'urgence d'aller réarranger les rayons comme il se doit. Pas sûr que ça marche vraiment, parce que quand ça le prenait en vrai, il n'avait pas complètement le contrôle : il réarrangeait les choses comme on éternue. Alors l'enseignante représenterait, il l'espérait, une source de distraction bienvenue. Sinon il risquait d'être là jusqu'à la fermeture !

"Oui je crois que je vois. J'en prends moi aussi ! J'imagine qu'ils vont les avoir remis dans le reste du rayon thé. C'est ce qu'ils font des fois, ils mettent certains produits à l'honneur dans l'allée centrale mais on les retrouve aussi à leur place habituelle dans le rayon."

Mais peut-être que c'était plus simple pour elle d'accéder aux produits dans l'allée centrale plutôt que dans chaque allée. D'autant que là, il allait y avoir plusieurs marques et pot de thé très similaires.. ça ne lui simplifiait donc pas du tout la vie !

Son visage s'illumina quand Dai entendit sa collègue poser une stratégie. Ha ! Voilà enfin quelqu'un qui s'organisait correctement ! Ça ça faisait plaisir !

"Oui vous avez raison ! Ça nous évitera de faire des tours et des détours encore et encore... attendez, je vais prendre de quoi noter."

Sortant son portable de sa poche, le gestionnaire ouvre son appli de notes et commence aussitôt à prendre en note les éléments de la liste de l'enseignante.

"Du thé, du savon en pain, un petit sac de riz et une boîte de chocolats. De mon côté... du sirop d'érable, de la farine, du thé moi aussi, de la sauce soja et des cuillères..."

Oui parce qu'il y en a une qui s'est cassée et du coup il se retrouve avec un nombre impair de cuillère, ce qui n'est pas acceptable. Il ne savait même pas que les cuillères pouvaient casser... mais apparemment, ce sont des choses qui arrivent...

"Au moins nos listes vont nous amener un peu dans les mêmes rayons ! C'est pratique. On peut peut-être commencer par les chocolats pour vos parents. Nous sommes face aux bonbons, mais juste sur votre gauche, il y a tous les chocolats de Noël. Vous cherchez quelque chose de précis ?"

Après tout, rien ne ressemblait plus à une boîte de chocolat qu'une autre boîte de chocolat... et comme il n'était pas particulièrement gourmand lui-même, il se voyait mal lui conseiller quoi que ce soit ! Se rapprochant du rayon, il essaya de s'y retrouver au milieu de toutes ces couleurs et de ces noms. Pas qu'il n'aimait pas ça, il n'avait juste pas le réflexe d'en acheter. Ceci dit, ses parents adoraient ça, alors peut-être qu'il devrait suivre l'exemple de l'enseignante et leur en prendre une boîte ?

"Je devrais peut-être faire comme vous et acheter une boîte pour Noël. Ça fera plaisir à mes parents..."

Le gestionnaire se figea sur place réalisant soudainement quelque chose.

"Mais ils font des grandes boîtes ? On est cinq frères et soeurs... certains sont en couple... alors pour le réveillon il y a du monde ! Vous savez comment on choisit une boîte de chocolat vous ??"

Olala, il sentait déjà qu'il allait passer son temps à replacer les chocolats par couleur d'emballage, c'était certain !

Cette session de magasinage n'était pas la meilleure qui soit selon Ayame, mais au moins, elle n'était pas seule dans cette mésaventure. De plus, son collègue lui offrait gentiment de l'aider dans ses courses.

— Effectivement, c'est une excellente façon de voir les choses!

Surtout vu les circonstances, elle était convaincue que cela ne pourrait être pire. Elle lui expliqua ce qu'elle cherchait et qui avait été remplacé par les bonbons. Elle n'avait pas le nom de la marque en tête, cela aurait surement bien aidé par contre de le savoir. Elle avait peut-être trop pris l'habitude de les voir toujours au même endroit qu'elle ne se posait plus la question sur leur vrai nom. Hochant la tête, Ayame se dit qu'il devait bien avoir raison et que les produits avaient sans nul doute repris leur place régulière dans les allées.

La professeure alla donc pour une stratégie afin que tous les deux s'y retrouvent : faire une liste de ce qu'ils avaient besoin. À sa réponse, elle sourit, comprenant qu'il semblait apprécier cette proposition. Elle attendit qu'il ait de quoi noter avant de lui dire les divers objets dont elle avait besoin. Ce n'était pas une grande liste, mais elle n'avait pas beaucoup de force pour tout transporter autrement. D'ailleurs, il lui arrivait parfois de se faire livrer certains articles plus lourds au besoin. Elle pouvait ainsi prendre le temps de bien lire sur le site internet pour commander. Elle réfléchit à ce qu'il venait de lui dire.

— Hmm... Je crois bien que la farine et le riz sont dans la même rangée. Même chose pour les cuillères, je crois bien que c'est avec les baguettes, au bout de la rangée avec les savons en tout genre où nous allons trouvé le savon en pain...

Voilà au moins certains articles qui seraient faciles à regrouper ensemble. Commencer par le chocolat était une bonne idée puisque, de toute façon, ils étaient déjà dans les produits cadeaux pour le temps des fêtes.

— Je pensais à une boite d'un assortiment de pralines, car je sais qu'ils aiment bien.

Elle lui suivit, sa tête noire aux barres blanches assez visible à retrouver parmi toutes ces chevelures noires et brunes qu'ils croisaient. Murakami trouva son idée bonne et pensait offrir la même chose à ses parents, mais son exclamation surprit Ayame avant de laisser passer un petit rire et de lui répondre en souriant.

— Eh bien, c'est une grande famille que vous avez! Oui, il y a des boites de très grand format, après, c'est souvent des chocolats qu'on déguste, donc deux ou trois morceaux à la fois.

Pour choisir, là, c'était la grande question.

— Tout dépend, si vous connaissez les goûts de chacun ou non. Il y a des boites qui sont plus spécialisé comme chocolat noir, chocolat blanc, truffe, pralinée, caramel... Sinon, il y a les boites découvertes qui sont très bien, comprenant un mélange de différentes sortes, donc c'est plus facile à mon avis pour ne pas se tromper.

Après, tout dépendant s'il voulait faire une variété ou non.

— Vous savez, vous pourriez prendre une boite de chacune des sortes, qui sont toutes de la même boite, les emballer toutes dans la même couleur de papier d'emballage et les faire choisir au hasard leur boite. Qu'est-ce que vous en pensez?

Maintenant devant l'étalage de boites, il y en avait vraiment de toutes les sortes. Certains emballages étaient très petits, contenant que quelques morceaux alors que d'autres semblaient plus standard avec une trentaine de morceaux. Dans le bas, de grandes boites étaient exposées. S'approchant de l'étagère, Ayame passa ses yeux et repéra une forme colorée qui lui était familière. Son visage s'éclaira et elle prit la boite, l'approchant de son visage. Un large sourire apparu sur son visage alors qu'elle se tournait vers son collègue.

— Je recommande beaucoup cette marque, donc je vous suggère de choisir parmi les boites de celle-ci pour vos cadeaux.

Faire les courses en compagnie d'Ayame s'annonçait finalement plutôt simple. Enfin quelqu'un qui s'y prenait correctement. Un bon plan d'attaque, une liste claire et une connaissance des rayons, voilà qui leur permettrait à tous les deux d'être sortis d'ici le plus rapidement possible sans rien oublier ! Vraiment, il n'y avait rien de tel que l'organisation pour avancer dans la vie... Dai n'avait jamais compris qu'on puisse se moquer de lui pour ça. Alors l'enseignante était loin de le ralentir, bien au contraire. L'écoutant faire le point sur le positionnement des articles dans le magasin, il surlignait de différentes couleurs les éléments de la liste, afin qu'il puisse rapidement voir quels articles allaient ensemble.

"Parfait ! Avec toutes ses informations on sera vite sorties !"

Ou pas... car voici qu'un nouvel obstacle se dressait devant eux (enfin au moins devant le gestionnaire) : le choix des boîtes de chocolat. Diantre... ce n'était vraiment pas quelque chose qu'il avait imaginé...

"Ha oui assez grande en effet... je crois que le calme ça n'a jamais été une grande constante chez nous ! ou alors seulement avant la tempête..."

Étonnamment, le bazar familial était le seul qu'il parvenait à supporter sans s'outrer pour un rien. Il y avait été habitué depuis l'enfance. Encore que ça n'avait pas empêché qu'il devienne l'obsessionnel qu'on connaît... mais ça, c'est une autre histoire (toujours de famille ceci dit).

En attendant, il écoutait attentivement les explications de la jeune femme. Sauf que ça ne l'avançait pas beaucoup... Dai connaissait bien les membres de sa famille, certes. Mais quand même pas au point de savoir qui préférait quel chocolat ! Sa perplexité allait grandissante à mesure qu'Ayame expliquait. Dans quelle galère il s'était mis ? C'était peut-être une mauvaise idée après tout... une très mauvaise idée ! En revanche, l'enseignante fourmillait d'idées justement...

"On voit que vous maîtrisez le sujet ! J'ai l'impression de me retrouver en terre inconnue. Je n'aurais jamais cru que le chocolat soit si compliqué !"

Ajouta-t-il en riant, mais grimaçant quand même un chouïa. Alors qu'en vrai, il avait peu de chance de se tromper gravement. Vu le nombre de membres de la famille, statistiquement, il se trouverait bien quelqu'un pour aimer ça, quoi qu'il choisisse non ? Ce n'était donc pas si grave.

S'agenouillant pour mieux voir les boîtes qu'Ayame lui recommandait, il attrapa une première boîte de chocolat, histoire de voir ce qu'elle contenait. Il en attrapa une deuxième pour pouvoir en comparer le contenu. Il voulut reposer la première pour en saisir une autre... sauf qu'elle ne voulait pas se positionner correctement sur celle d'en dessous. Dai n'arrivait pas à les réaligner correctement, ce qui était terrible et déséquilibrait tout. Histoire de mieux réussir à réparer ses bêtises, il voulut ranger la deuxième, mais le même problème se posa. Enfer et damnation... Peut-être que s'il se concentrait, il parviendrait à passer outre et récupérer la troisième boîte... mais non ! quand même, quel genre de monstre serait-il s'il faisait une chose pareille ?? Ce serait cracher sur le travail des employés qui se fatiguaient à tout bien mettre en rayon ! Tout en réalignant absolument toutes les boîtes du rayon (parce que c'était sans doute là le problème), il tenta une plaisanterie afin de camoufler comme il pouvait le fait que là maintenant tout de suite, il n'arrivait pas totalement à se contrôler.

"C'est rigolo ces emballages brillants... ça... ça reflète les lumières du plafond, ça fait vraiment festif...c'est bien fait !"

Bon allez Dai... on va pas y passer la nuit... tu vas ralentir Yamamoto-san... Dans un ultime effort, il se força à s'arracher à son alignement dès que celui-ci lui parut un tant soit peu satisfaisant. Dans un même mouvement, il rattrapa les deux premières boîtes qu'il avait étudiées, décidant que ça irait très bien et qu'il se mettait sans doute beaucoup trop la pression... Son panier avait une drôle d'allures tiens ! Des bonbons, du chocolat... aller, c'est pas tous les jours les fêtes !

"je crois que je vais partir sur ces deux là. Vous avez raison, ça fera une petite découverte pour tout le monde ! Il y aura forcément quelqu'un pour aimer ça. Vous... vous avez pu trouver votre bonheur ?"

Demanda-t-il en triturant sa mèche, légèrement nerveux. Il pouvait le faire ! Enfin il faudrait juste qu'ils ne traînent pas trop devant le rayon, et qu'il se force à regarder ailleurs...

Avec enfin leur plan de recherches établi pour leurs courses dans le magasin, la professeure et le gestionnaire pourraient enfin partir sur une base stable pour acheter tout ce dont ils avaient besoin sans devoir passer mille fois par le même endroit. Débutant par le chocolat afin d'en faire des cadeaux pour le temps des fêtes, ils étaient au moins déjà dans la bonne rangée, il ne suffisait que de se rendre en face des boites. Ayame s'informa du mieux qu'elle pouvait pour conseiller à Dai la meilleure option d'assortiment de chocolat. Elle sourit sous le compliment, levant la main en protestation.

— Oh! Vous savez, lorsqu'on a une mauvaise vision, les autres sens compensent et j'ai bien l'impression que mon sens du goût s'est rendu plus précis avec les années...

Ce n'était surtout pas avec les différents chocolats qu'elle s'achetait de manière assez régulière! Enfin, c'était une autre histoire.

— Après, tout peut être compliqué ou non, cela dépend de nos connaissances, je suis certaine qu'il y a des choses qui vous sont une évidence, et qui, pourtant pour d'autres, c'est extrêmement compliqué!

Pendant qu'il faisait son choix, Ayame mit la boite qu'elle avait en main dans son panier et fit une deuxième sélection, cette fois-ci, pour elle. Elle avait bien le droit de s'offrir un petit quelque chose également! En se tournant, elle tourna la tête à droite à gauche sans repérer d'abord la silhouette du gestionnaire. Penchant la tête, elle le vit accroupi dans la tablette du bas.

— Ah! oui! Certaines compagnies mettent leur logo et le nom de la boite en teinte métallique, surtout pour les boites cadeaux, pour le côté plus festif! Vérifiez que la boîte a bien le même nombre de grammes que les autres pour le prix, parfois on paie pour l'emballage et ils en mettent moins.

C'était vraiment une situation frustrante pour Ayame, surtout que c'était loin d'être pour la beauté de la boite qu'elle achetait les chocolats! Elle lui fit un sourire en hochant la tête.

— Oui, j'ai tout ce qu'il me faut. Nous sommes donc prêts à passer à la prochaine étape du magasinage! Par contre, j'avoue que pour le coup, j'ignore si l'on va trouver la farine et le riz en premier ou si nous allons tomber sur les savons et ustensiles... Je compte sur vous pour vous assurer qu'on entre dans les bonnes rangées!

Le suivant d'assez prêt, Ayame se fia à lui pour repérer depuis le bout de la rangée ce qu'il y avait dans les étagères. Lorsqu'il s'arrêta, elle l'interrogea du regard.

— Nous y sommes?

Dai avait bien entendu parler de ces histoires de compensation de sens, mais il ne croyait pas avoir déjà lu que c'était le goût qui pouvait se développer ! Généralement on parlait plutôt de l'ouïe, sans doute parce qu'elle permettait de se repérer dans l'environnement et donc de compenser la vue absente.. mais peut-être que le goût ça permettait de s'assurer qu'on ne mangeait pas quelque chose de pourri vu qu'on ne pouvait pas le voir ? Tant de mystères dans un corps humain quand même !

"Vous devez faire le bonheur des cuisiniers alors ! Quelqu'un avec un palais aussi fin, j'imagine que ça doit rendre gloire à leur art..."

S'il y avait des choses qui lui paraissaient évidentes alors qu'elles semblaient obscures à tous les autres ? Vu son métier, la réponse était évidente.

"Et bien... disons que je comprends parfaitement le mode d'emploi de n'importe quelle administration."

Quasiment tous ces frères et soeurs venaient régulièrement lui demander de l'aide là dessus. Ses parents aussi. Certains amis. Tout lui semblait pourtant si logique et facile qu'il avait parfois du mal à comprendre qu'on puisse avoir autant de ma.... enfin sans doute parce qu'il savait quel détour éviter et comment ne pas tomber dans les pièges les plus communs. Yamamoto avait sans doute raison. Mais l'administration ça faisait quand même moins rêver que le chocolat !

N'empêche que ces boîtes il commençait à les maudire ! Il se retrouvait encore à essayer désespérément  de les ordonner correctement, mais il y avait toujours quelque chose qui clochait. Toujours un alignement qui ne marchait pas. Un nombre non symétrique... il plaisanta, histoire de donner le change, espérant que sa collègue ne lui en voudrait pas de lésiner comme ça. Attendez quoi ??? Elle venait de dire qu'ils modifiaient le poids ?? Olalala mais comment il allait s'en tirer si en plus les compagnies commettaient de tes écarts ???

"Ha oui ? Quelle... quelle drôle d'idée !"

Quelle idée horrible oui ! À ce stade, une seule solution : laisser tomber toute logique esthétique, et attraper une boîte au hasard. Sinon il n'arriverait jamais à décoller de là... et il ne pouvait pas se permettre d'être un frein pour sa collègue !

Il était donc temps de repartir vers leur prochaine étape. Heureusement, il pouvait se raccrocher à la liste commune qu'ils avaient préparé. Voilà, avec ça, les choses étaient claires, il savait ce qu'il avait à faire, il pouvait se raccrocher à quelque chose ! Dai reprend donc son rôle de guide sérieusement, le nez en l'air, concentré à lire les panneaux pour trouver leur chemin. Alors quand il trouve enfin le panneau du rayon suivant, et qu'il ramène son regard à hauteur d'homme, il ne s'attendait pas à ça ! Il se fige d'un coup, complètement dépassé par la situation. La question de Yamamoto le réveille.

"Euh... oui... c'est juste que..."

Que fait cette foule là ??? Une masse informe de gens, plein de gens. Les files d'attente des caisses viennent jusque dans le milieu des rayons. Sauf que vendredi oblige, et surtout à l'approche des fêtes, il y a des démonstrateurs plein les rayons. Qui pour faire goûter des amuse bouches, qui pour faire essayer un produit ménager révolutionnaire... et les gens s'agglutinent sans logique ni cohérence.

"Il y a énormément de gens. Et et et... dans tous les sens. Vous n'avez pas peur de la foule ??"

Avec son handicap, ce genre de foule, ça doit être l'enfer non ??? Lui-même, il sent bien que son besoin de tout contrôler s'emballe un peu. Il triture sa mèche nerveusement, reboutonne ses manches encore et encore. Il prend une grande inspiration.

"Nous sommes à portée du rayon. Au bout il y a quelqu'un qui fait essayer des feuilles de riz qui sont indéchirables, c'est pour ça qu'il y a du monde dans ce rayon... comment vous voulez faire ? Vous voulez essayer les feuilles de riz pendant que je vais chercher ce qu'il nous faut dans le rayon ? Ou on essaie de faire face ensemble ??"

En vrai, les gestionnaire espère un peu qu'elle va vouloir rester avec lui. Parce qu'il sait bien que s'il est tout seul, il va se mettre à vouloir tout ranger dans les rayons pour compenser la pagaille, et elle ne le reverra pas avant trois heures ! Mais il ne veut pas la forcer. Ça ne doit pas être facile pour elle, et il a promis de l'aider... alors si c'est pour la jeter dans son enfer, il va éviter !

Ayame et Dai étaient toujours devant les bonbons et chocolats de Noël, mais ils avaient fait leur choix à présent. Ayame sourit à la mention qu'elle devait faire le bonheur des cuisiniers.

— Qui sait, peut-être que je peux aussi être leur pire cauchemar? J'avoue que je n'ai pas vraiment pu discuter avec un cuisinier à ce sujet.

Elle avait bien rencontré un cuisinier, mais ce n'était pas vraiment venu sur le sujet et pour l'heure, elle ne voulait pas y penser. C'était encore douloureux pour elle et préférait ne pas y songer trop longtemps. Parlant des sujets que chacun pouvait préférer, Ayame sourit à la mention de l'administration dont son collègue savait s'y retrouver.

— C'est d'ailleurs une bonne chose! Cela peut devenir parfois si complexe, mais vu votre profession, c'est une chance que vous y voyez clair. Imaginez si en plus, vous vous y perdriez, comment ça serait pour les étudiants qui viennent vous voir.

Ce serait un cauchemar, définitivement, autant pour lui que pour les élèves. Certaines personnes pouvaient être excellentes dans leur travail sans pour autant y comprendre toutes les ficelles. C'était aberrant, mais parfois, il y a des gens qui sont simplement chanceux.

Ayame afficha une moue. Oui, certaines compagnies étaient enclines à faire des tours de passe-passe pour s'en mettre plein les poches. Certainement qu'une boite en métal coûtait plus cher à produire qu'une boite en carton, elle comprenant qu'aux hausses le prix pour cela, mais de là à mettre moins de produits dans la boite, c'était impensable à son avis.

— J'imagine que c'est leur façon de donner l'impression d'être de meilleure qualité, mais au final, c'est le même produit.

Maintenant que la première étape du magasinage était terminée, ils étaient prêts pour se rendre à la seconde étape. Ayame le suivit, s'aidant d'une part de sa canne et de l'autre, de la tête à la chevelure particulière qu'elle voyait, même si un peu floue, à quelques centimètres d'elle. Ils passèrent quelques rangées avant qu'il ne s'arrête. Ce devait en être une qui comportait des produits qu'ils voulaient. En le questionnant, elle devina son trouble et, fronçant les sourcils, leva la tête vers la rangée. Normalement, elle voit cette sorte de réflexion claire de la lumière des néons sur le plancher qui s'étend jusqu'au bout. Pourtant, il semblait qu'à ce moment, quelque chose bloquait cette lumière, une masse informe sombre au moins au milieu de la rangée. Dai lui confirma ce qu'elle soupçonnait : il y avait plusieurs personnes dans la rangée.

— Des feuilles de riz indéchirable? Ça doit forcément être une arnaque ou sinon ça doit goûté très caoutchouteux et difficile à mastiquer. Non, je reste avec vous. Après, je suis quand même armée!

Elle lui montra la canne qu'elle tenait à la main.

— Par contre, je me fie à vous pour voir sur la tablette. Si une personne fait déguster des feuilles de riz, forcément, nous allons trouver la farine et le riz dans cette rangée. De mémoire, les deux doivent être du même côté de l'allée, pourvu qu'ils n'aient pas aussi refait cette rangée!

Ils avancèrent prudemment dans la rangée, Ayame exagérant son mouvement de cane plus qu'elle en avait réellement besoin. Son avantage, c'était son assurance et sa façon de figer son regard dans un vide certaines, ce qui faisait que les gens qui croisaient son regard avaient naturellement tendance à l'éviter. Qui voulait recevoir un coup de canne de toute façon. À un moment, elle décela une couleur rose vive sur une tablette.

— Ah! Je crois qu'on a trouvé le riz! Je reconnaitrais ce rose n'importe où, je pense...

Il y avait plusieurs marques, mais une seule avait un emballage avec un rose particulier. C'était sans nul doute une bonne façon de trouver le reste des autres sacs de riz. Prenant un sac, elle l'attira vers son visage pour en lire l'étiquette. Avec une moue, elle le reposa et en choisit un à côté, puis un troisième qui lui fit révéler un sourire. C'était la bonne sorte qu'elle cherchait. Maintenant dans son panier, elle se tourna vers Dai qui s'était arrêté pas tellement loin, fort probablement devant les sacs de farine.

— Avez-vous trouvé la farine?

Le laissant choisir ce dont il avait besoin, elle resta collée sur les étagères afin de ne pas nuire à la circulation encore dense de la place.

— Je crois que nous ferions mieux de reprendre le chemin par où nous sommes venus. Il y avait vraiment moins de monde à l'extrémité des rangées, loin des caisses. En plus, dans la rangée des savons, les gens n'aiment généralement pas rester trop longtemps à cause de l'odeur de tous les produits ménagers, ça sera notre chance pour ne pas prendre un bain de foule à nouveau...

Ils avaient réussi à venir à bout du sujet chocolat. Ils avaient même réussi à se décoller de ce maudit rayon. Pas facile ! C'est fou comme les gens aimaient trop tout déranger... Malgré toute la dysymétrie du rayon, ils avaient réussi à reprendre leur route dans les rayons. Dai espérait que ça se passerait mieux dans les allées suivantes. Mais bien sûr le reste du monde avait décidé que ça ne pourrait pas être aussi simple... Un vendredi soir si proche des fêtes de fin d'année, bien sûr que l'endroit débordait de gens dans tous les sens et que tout était un bazar sans nom... Ça n'allait pas leur faciliter les choses !

"J'imagine que je ne ferais pas ce travail si je n'arrivais pas à trouver mon chemin dans l'administration... enfin ceci dit... j'ai déjà travaillé avec des gens qui n'était pas très compétents, c'était presque pire que si on laissait les étudiants se débrouiller tout seul !"

À peine les mots étaient-ils sortis de sa bouche qu'il aurait voulu pouvoir les ravaler... Ce n'était pas vraiment son genre de dire du mal pour dire du mal, et il n'aimait pas non plus jouer les commères. Mais c'est vrai que des fois, il avait eu des collègues qui l'avaient insupporté au plus haut point à cause de ça... Mieux valait reprendre la suite des courses en silence ! D'autant que d'autres surprises les attendaient...

La canne de sa collègue se révélait soudainement bien utile... enfin, en vrai elle était forcément utile par défaut, mais disons que dans cette situation, elle gagnait un intérêt supplémentaire qui allait beaucoup les aider !

"Oui vous avez raison... c'est sans doute par là !"

Tout ce monde et les changements d'étalage le stressaient quand même. C'était désagréable tout ce capharnaüm ! Impossible de s'y retrouver calmement ! Étrangement, Ayame avait l'air plus sûre d'elle malgré son handicap... alors forcément, ça poussait Dai à se concentrer et oublier ses propres obsessions pour réussir à l'aider correctement.

Elle trouva rapidement le riz, testant les paquets les uns après les autres jusqu'à trouver celui qu'elle cherchait. De son côté, le gestionnaire se mit à la recherche de la farine et parvint à la trouver... non sans repositionner plusieurs paquets de sucre qui branlaient un peu, bien sûr.

"Oui c'est bon !"

Ayame lui exposa son nouveau plan d'attaque pour se frayer un chemin dans cet enfer rempli de gens. À eux deux, ils arrivèrent donc à compléter la liste, presque sans embuche, à passer aux caisses, et enfin à sortir de là. Malgré le froid de l'hiver qui les attendait dehors, Dai plus que soulagé d'enfin pouvoir sortir de là ! Il se maudissait de ne pas avoir pu faire ses courses à ses horaires habituelles... Enfin, ils s'en étaient quand même pas trop mal tirés ! Enfin mieux que s'il avait dû faire tout ça tout seul... il serait sans doute encore en train de refaire les pyramides de boîtes de chocolat sinon ! Il afficha donc un sourire fatigué, mais satisfait à l'enseignante.

"On a réussi ! On fait une bonne équipe je trouve. Merci beaucoup pour votre aide. Je ne sais pas où vous allez, je vis en centre ville... vous voulez que je vous raccompagne à l'arrêt de bus ?"

Quelques menus bavardages plus tard, la fine équipe put donc rompre leur alliance. Dai était plus souriant maintenant qu'il se sentait moins sous pression.

"Je vous laisse là. Passez une excellente soirée. Si vous avez besoin d'aide n'hésitez pas à passer à mon bureau !"