James n’avait… pas dormi de la nuit. Toutefois, ce n’était pas à cause de cauchemars ou de douleurs fantômes à l’endroit où il avait reçu cette balle lors d’une mission. Non, cette fois-ci, c’était à cause du stress mêlé à l’excitation du lendemain qui se profilait. Noël… Une fête familiale en Occident, une fête que l’Américain ne fêtait plus vraiment depuis qu’il avait quitté les États-Unis et coupé les ponts avec ses parents. Et cette année pourtant, il avait prévu tout un programme ! Quelques jours plus tôt, après un échange de messages avec Karin, avec qui il avait gardé contact depuis 3 mois et qu’il avait revue à plusieurs reprises, James avait appris que la chanteuse était un peu embêtée de ne pas pouvoir passer cette fête en famille à cause du travail. L’Américain avait alors sauté sur l’occasion et lui avait proposé de passer cette journée en tête à tête, proposition aussi acceptée par la jeune femme. Et si James s’était persuadé qu’il avait lancé cette invitation tout simplement pour remonter le moral de cette personne à qui il tenait tant… Il devait avouer qu’une part de lui avait affreusement envie de sauter sur l’occasion pour également sauter le pas et coller une « étiquette » sur leur relation. Ce n’était pas une amie mais… Ce n’était pas vraiment sa petite-amie non plus vu qu’ils ne s’étaient pas déclarés l’un à l’autre… Alors voilà, comme Noël avait une toute autre signification au Japon, bien plus romantique, James s’était dit que c’était le moment où jamais pour essayer de passer à la vitesse supérieure. Il tenait à Karin, ce n’était plus à prouver alors… Il devait être sûr que la jeune femme ressentait la même chose que lui !

S’étant finalement levé aux aurores, lassé de tourner dans son lit sans trouver le sommeil, James finit par prendre un bon café bien corsé avant d’aller courir un peu dans le parc aux daims à proximité de chez lui. Il courut une bonne heure avant de rentrer, prendre une douche bien chaude, puis un café, puis il alla s’habiller. Là encore, un dilemme se posait… Devait-il la jouer cool ou plutôt sérieux ? S’il voulait se déclarer à Karin… Il devrait plutôt mettre un costume non ? Et essayer de dompter ses cheveux avec un peu de gel ? James resta planté de longues minutes devant son armoire avant de finalement fermer les yeux et prendre les premiers trucs qui venaient et… autant dire que le hasard avait plutôt bien fait les choses (ou pas), puisqu’il se retrouvait avec un pull moche de Noël ! Bon, c’était de circonstance après tout, et peut-être que ça ferait rire Karin qui semblait vraiment attristée par le fait de ne pas passer cette journée en famille…

Fin prêt (il avait finalement mis du gel dans ses cheveux pour les plaquer en arrière, ce qui lui faisait une dégaine assez étrange avec son gros manteau d’hiver, son jean et ses chaussures de ville), il quitta son appartement, non sans passer le plus clair de son temps à tripoter son téléphone portable dans la poche de son pantalon, juste pour s’assurer qu’il ne manquerait aucun appel ni message de Karin. Ils avaient rendez-vous en centre-ville, non loin du marché de Noël qui avait ouvert pour l’occasion. Et, forcément, à être autant stressé… Il arriva avec 1h30 d’avance. Soupirant profondément en regardant la grande horloge de la place, James se demanda ce qu’il allait bien pouvoir faire pendant tout ce temps. Il finit par faire un rapide tour du marché, histoire de repérer les meilleurs stands, puis il s’arrêta devant un fleuriste qui était ouvert un peu plus loin. Est-ce que ça serait ridicule de l’accueillir avec un bouquet ? Ce n’était sans doute pas trop son style, mais… James craqua et entra dans la boutique pour acheter un bouquet… un peu trop gros. La vendeuse s’était un peu enflammée quand elle avait compris que c’était pour se déclarer qu’il voulait ce bouquet !

L’Américain retourna donc au lieu de rendez-vous, ayant un peu de mal à cacher entièrement les fleurs dans son dos. Il ne cessait de regarder autour de lui, puis l’horloge, puis ses pieds, puis son téléphone, et il recommençait son petit manège. Il avait hâte de la voir mais… Il angoissait aussi un peu. Se déclarer… Il n’avait plus fait ça depuis Gabriel… Et si ça foirait dès maintenant… Qu’est-ce que James allait bien pouvoir faire du festin qu’il avait prévu pour le midi, chez lui ?

C'est quoi ce truc gluant sous ma joue ? Ha putain... j'ai dormi la bouche ouverte jme suis bavé dessus... et le réveil qui sonne... j'étais tellement crevée en rentrant du boulot hier... enfin ce matin... enfin bref... que je me suis juste laissé tomber toute habillée sur mon lit sans demander mon reste. Je me retrouve enrubannée entre les couvertures, les fringues de la veille et les draps. Combo ! Et il me faut quelques minutes pour comprendre pourquoi j'ai eu l'idée lumineuse de mettre un réveil alors que je me suis écroulée à 3h30 du matin, et que concrètement j'ai bossé quasi non stop de 16h à 3h du matin, avec présence aux studios dès midi... Pourquoi je me suis pas laissé décéder dans le fond du lit ???

James ! Il fallait au moins James pour me motiver à sortir malgré l'épuisement... On a vraiment enchaîné les galères avec le groupe ou juste à l'appart... Du coup j'ai pas pu dire non à un contrat pareil. Une nuit de cabaret en direct... C'était intéressant, mais affreusement épuisant ! J'ai l'impression d'avoir couru un marathon ! Et puis tous les artistes se valent pas niveau sympathie... Et surtout à cause de ça, impossible d'aller fêter Noël avec la famille... tout le monde a compris, et toute façon mon frère avait un truc avec sa copine, alors ça l'arrangeait un peu aussi... mais merde... je crois que c'est la première fois depuis qu'on est au Japon qu'on ne fête pas Noël ensemble... et franchement c'est assez douloureux à vivre.

Alors du coup quand James m'a proposé qu'on se voit, j'ai pas réfléchi longtemps ! Je suis crevée et j'ai des courbatures tout partout, mais tant pis ! Sans ça j'aurais sans doute passé la journée à déprimer dans mon lit. Donc go la douche ! Heureusement, j'ai eu la bonne idée de préparer toutes mes affaires la veille, ça me laisse le temps de finir de me réveiller !

C'est drôle, je ne suis pas sûre de comment on est censé décrire cette relation... personnellement, ça me pose pas spécialement de problème... J'ai bien senti que c'était plus compliqué pour James que pour moi, alors je m'adapte et me cale sur son rythme. C'est vrai que ça fait un peu bizarre, j'ai l'habitude que les choses aillent plus vite... Mais ça fait aussi du bien... et puis mine de rien, James est vite devenu un point stable au milieu du tourbillon perpétuel qui me sert de vie. Alors au final, ça n'a pas l'air d'un sacrifice ou quoi, je suis juste bien comme ça. Et j'étais vraiment heureuse qu'il propose qu'on fasse quelque chose aujourd'hui !

J'attrape la robe que j'avais prévue, jupe bouffante, bustier, et des manches transparentes. Bon ça tranche un peu avec les rangers ! Autant j'aime les belles robes, autant les chaussures avec lesquelles tu peux pas taper de sprint ne m'inspire aucune confiance... par contre je zappe la case maquillage, apparemment je n'ai pas non plus eu l'énergie de me démaquiller hier donc on va dire repos pour la peau aujourd'hui ! Je vérifie mon sac, enfin pas le sac de voyage, j'en ai prévu un plus petit... juste de quoi mettre le cadeau de James et la bouteille de vin chaud que j'ai préparé.

Eeeeet coup de fil de ma mère. Qui veut me souhaiter un joyeux Noël, savoir tout s'est bien passé... ça fait plaisir qu'iels appellent, d'autant que c'est l'occasion de parler allemand, ce qui m'arrive trop rarement. Sauf que la conversation s'éternise ! Je finis par couper court eeeeet. Merde ! Heureusement que j'habite pas si loin du centre-ville... J'attrape ma cape, vêtement qui s'enfile facilement, saute dans mes rangers, attrape mon sac et part en courant... et en oubliant mon portable. Jvais lui faire le coup à chaque fois c'est pas possible... J'enragerais presque, j'avais tout prévu pour éviter d'arriver encore en retard !

J'arrive donc en courant sur la place, la cape et la jupe volant dans mon dos, et avise James à qui je fais des grands signes. J'arrive près de lui complètement essoufflée, pliée en deux à chercher ma respiration...

"Entschuldigung ! ... es tut mir... leid..."

Mince, mon cerveau est pas dans la bonne langue...

"Je suis désolée... jte jure que... jfais pas exprès ! J'avais tout... préparé... mais mes parents m'ont appelé au moment de partir... et ma mère m'a presque décrit tous les numéros pour me dire qu'elle avait regardé... vraiment désolée... t'attends pas depuis trop longtemps ???"

J'espère qu'il commence à prendre l'habitude d'arriver au moins un peu en retard...

Les minutes passaient et James sentait l’appréhension grimper de plus en plus. Et si… Elle ne venait pas ? Et si elle avait oublié ? Ou qu’elle n’avait tout simplement plus envie de le voir ? Non… Elle le lui aurait certainement dit clairement… L’Américain avait du mal à déglutir à cause de sa gorge nouée. Quelle idée d’être venu autant en avance aussi ! Enfin, ça ne changeait pas grand-chose au final, qu’il soit là ou chez lui… S’il n’avait pas angoissé en attendant sur cette grande place avec le marché de Noël, il l’aurait fait en tournant comme un lion en cage dans son appartement. Au moins, ici, il prenait l’air ! Et ça lui avait aussi donné l’occasion d’acheter un bouquet de fleurs, histoire de ne pas l’accueillir avec les mains vides !

Et puis, soudain, de l’agitation non loin attira le regard de James. Il releva la tête et vit Karin foncer dans sa direction telle une fusée. Il sentit aussitôt un profond soupir de soulagement franchir ses lèvres et tout son corps se détendre. Elle était venue… Il eut par contre un petit mouvement de recul en la voyant arriver aussi vite, se demandant si elle arriverait à s’arrêter avant de lui rentrer dedans. Ce n’était pas qu’un contact le dérange, au contraire, mais… Si ça finissait par lui faire lâcher son bouquet et l’écraser en reculant…

Fort heureusement, Karin parvint à s’arrêter avant le choc, se pliant en deux tant elle était essoufflée. James resta interdit quelques secondes en l’entendant parler allemand, ne comprenant pas un traitre mot de ce qu’elle lui racontait. Puis, les mots lui semblèrent avoir bien plus de sens. L’Américain sentit un doux sourire étirer ses lèvres, et il attendit que Karin se redresse après avoir retrouvé son souffle pour la regarder tendrement, beaucoup trop heureux qu’elle soit là, devant lui.

« C’est pas grave, je viens juste d’arriver, ne t’inquiètes pas. »

Ouh le menteur ! Dire que ça faisait près de 2 heures qu’il poireautait ici, dans le froid ! Mais il n’avait pas envie que Karin se sente coupable pour ses quelques minutes de retard. D’ailleurs, histoire de la saluer convenablement, James prit quelques secondes pour regarder autour d’eux et se pencha aussi furtivement que possible vers elle pour lui voler un petit bisou. Les démonstrations d’affection n’étaient pas très bien vues en public au Japon, et puis il était lui-même assez pudique sur le sujet, mais… C’était Noël, la fête des amoureux ! Personne ne leur en voudrait non ?

Se redressant après ce baiser volé, James tendit le bouquet devant lui.

« Joyeux Noël Karin. »

On ne voyait même plus son visage derrière les fleurs tellement le bouquet était énorme ! D’ailleurs, ce ne fut qu’à ce moment que James tilta…

« Ah… J’aurais peut-être dû l’acheter avant de repartir d’ici… »

Ils allaient devoir se le trimballer pendant toute leur balade maintenant, c’était vraiment pas malin ça ! Tant pis… Il n’aurait plus qu’à le porter lui-même !

« Ton travail s’est bien passé hier ? »

James laissa son regard émeraude détailler ce visage qui l’apaisait tant ces derniers temps, constatant bien la petite fatigue qui se dessinait sur ses traits. Elle n’avait sans doute pas beaucoup dormi et avait aussi très certainement travaillé très dur la veille… Il n’avait plus qu’à tout faire pour que Karin passe une journée aussi bonne que possible pour recharger ses batteries !

Bon ! J'avais réussi à arriver, tant bien que mal et avec genre... quinze minutes de retard peut-être ? Le temps de reprendre mon souffle... Bon j'ai présenté mes excuses en allemand pour commencer... avec un peu de chance il aura quand même compris l'idée... ou pas, mais comme il est gentil, il a la politesse de pas me le dire... je recommence en anglais, ça devrait mieux marcher... j'ai vraiment plus les neurones pour le japonais ! Par contre, je hausse un sourcil amusé, légèrement accusateur, quand il me dit être à peine arrivé.

"Ha oui ? Toi aussi tu étais en retard donc ? Voyez vous ça !"

Oh ça doit bien lui arriver à l'occasion, mais j'ai quand même du mal à y croire ! Enfin,on va épiloguer là-dessus ! De toute façon, le reste du monde peut bien disparaître, je suis juste contente d'être avec lui, et qu'il soit pas fâché ! Même si je le crois pas une seule seconde quand il dit qu'il vient d'arriver...

Je bugue un peu en le voyant regarder partout autour de lui... quoi ? il a peur d'être suivi ? Finalement, c'était rien de plus que l'habituelle pudeur de James. Halala, sans forêt autour c'est quand même moins facile ! Personnellement je lui aurais bien sauté au cou, mais je vais tâcher d'être sage et de me contenter d'un bisou volé en attendant ! Mais là non plus, même pas le temps d'y penser de toute façon que je me retrouve avec un énoooorme bouquet sous le nez ! De surprise je me retrouve même à faire un pas en arrière. C'était donc ça qu'il cachait dans son dos ? Je le vois même plus ! Je ris gentiment.

"Joyeux Noël James ! Merci, elles sont très belles."

Enfin... est-ce qu'on a un vase à l'appart ? Me semble oui... ha oui, même plusieurs ! Ça sert à la coloc pour ses projets de peinture, rapport que ça change la lumière tout ça. Par contre effectivement, va falloir qu'on le transporte tout du long. Sa tête lorsqu'il s'en rend compte, c'est beaucoup trop mignon et drôle ! Ça m'amuse toujours qu'alors qu'il est aussi réfléchi et prudent la plupart du temps, il lui arrive d'avoir ce genre d'impulsions étranges...

"En même temps tu les auras achetées après ça aurait été moins une surprise, du coup ça aurait été moins drôle ! Même si c'est vrai qu'il va falloir que je fasse attention en les portant sinon elles vont finir toutes abîmées ! En plus, je vais même pas pouvoir voler ta main !"

Annonçai-je l'air faussement boudeuse. Tant pis, jme vengerai tiens pour la peine ! J'aurais surtout dû mettre des gants, je vais avoir les mains qui vont finir par geler sur les tiges... Mais pas grave, en vrai ça me fait plaisir. Je sais pas depuis combien de temps on m'a pas offert des fleurs... Pas que j'en sois particulièrement fan, je plus forêt que jardin à la française, mais quand même, je sais pas, j'apprécie l'attention derrière. Même si je peux plus rien faire de mes mains !

"Du coup faudra que t'attendes qu'on soit rentré, j'ai plus de mains disponibles pour te donner ton cadeau !"

Que j'ai réussi à finir dans les temps, et que j'ai pensé à ramener ! Je suis en retard, mais j'ai quand même pas tout raté non plus ! Même si je suis clairement moins spectaculaire qu'on bouquet de fleurs géant, moi aussi j'ai préparé des choses pour qu'on passe une bonne journée ! J'avais quand même drôlement hâte d'être là, je pourrais presque sentir la fatigue se dissiper un peu...

"C'était.. long ! Fini à 3h du mat, mais l'équipe technique il fallait qu'on soit là dès midi... rencontrer tout le monde, voir comment c'était foutu, s'assurer qu'on avait bien tout, rencontrer les équipes artistiques dont on avait la charge... Après à partir de 16h on a été bille en tête quasi non stop... enfin avec des pauses quand même, mais bon, le temps que t'arrives à la salle du catering, t'as à peine le temps d'avaler un mini sandwich qu'on t'appelle pour une retouche. Tu sais on avait tous une oreillette là, comme les agents secrets ! Pour le reste, comme d'hab, ça dépend beaucoup des artistes... certains c'est un bonheur de travailler avec, d'autres tiennent bien à te faire comprendre ta place sur l'échelle sociale... Par contre j'ai pu retrouver des gens avec qui j'aime bien bosser, donc on s'est quand même bien marré par moment. Enfin quand les artistes et les producteurs étaient pas là quoi..."

Je crois que c'était la première fois que je bosse sur un truc avec autant d'envergure. Encore que, l'année dernière j'avais bossé sur le clip d'une star de la pop... mais je sais pas, y a toujours quelque chose de différent à la télé où tout le monde se croit important... mais du coup entre ça et la fatigue, j'arrive pas trop à faire sortir les informations dans l'ordre, je sais pas s'il arrive à suivre. En tout cas le sourire est franchement sincère.

"En tout cas je suis drôlement contente de te voir ! La journée aurait été drôlement triste sinon... et toi alors ? Tu as réveillonné ou t'es resté bien sage à la maison ?"

James avait un peu menti en disant qu’il venait tout juste d’arriver, mais c’était pour la bonne cause ! Il avait simplement voulu éviter à Karin de se sentir mal à l’aise de l’avoir fait attendre autant de temps ! Après tout, c’était aussi un peu sa faute… Si la chanteuse était arrivée un peu en retard, lui, il était arrivé beaucoup trop en avance ! Mais l’Américain eut l’impression, en entendant Karin, qu’elle ne le croyait pas vraiment. Et en bon mauvais menteur qu’il était, plutôt que de renchérir, il préféra rester silencieux et détourner le regard. Regard qui parcourut d’ailleurs rapidement les alentours pour s’assurer que « la voie était libre »... Histoire de noyer définitivement le poisson et de dire correctement bonjour à la jeune femme devant lui, James se pencha en avant pour lui voler un bref baiser, se promettant de se rattraper une fois qu’ils seraient à l’abri des regards. Chose faite, il s’empressa de faire passer le gros bouquet de fleurs qu’il tenait dans ses mains devant lui, afin de l’offrir à Karin.

Un sourire sincère et soulagé étira les lèvres de James quand la chanteuse lui avoua trouver ces fleurs magnifiques, sourire qui disparut presque aussitôt quand le médecin scolaire se rendit compte que son impulsion allait leur valoir de se trimballer cet énorme bouquet toute la matinée ! L’air faussement boudeur de Karin fit afficher une petite moue triste et désolée sur le visage de l’Américain. Franchement, quel abruti…

« Je… Désolé, je n’y ai pas du tout pensé en allant l’acheter… »

Et là, l’annonce de Karin fut comme un électrochoc : elle lui avait ramené un cadeau ? Pour de vrai ? Depuis quand est-ce qu’on ne lui avait pas offert de cadeau pour Noël ? En même temps, ne pas le fêter contribuait pas mal au fait ne pas recevoir de présents… Il y avait bien eu cette fois avec le concours organisé à l’Académie, mais ça ne comptait pas vraiment, le cadeau qu’il avait reçu n’ayant été qu’un présent de courtoisie, rien d’autre. Là, c’était totalement différent ! Du coup, James se sentait profondément gêné. Tellement que ses joues prirent une légère teinte rosée. Bouaf, Karin s’imaginerait certainement que c’était le froid qui faisait ça ! Pour quelqu’un qui préférait mille fois offrir que recevoir, ça avait quelque chose de profondément malaisant de se faire offrir quelque chose. C’était gênant, mais son cœur ne pouvait s’empêcher de bondir dans sa poitrine. Un cadeau que Karin avait choisi rien que pour lui… Il avait quand même un peu hâte de le découvrir !

« Tu… Tu n’aurais pas dû, ce… Ce n’était vraiment pas la peine de t’encombrer d’un cadeau… En tout cas, ne t’embête pas avec le bouquet, je vais le porter jusqu’à ce qu’on soit rentré. Comme ça… »

James ne termina pas sa phrase et se saisit d’une main de l’énorme bouquet. De son autre main libre, il attrapa délicatement celle de Karin dans la sienne, qui était bien chaude. Un sourire tendre étira ses lèvres alors qu’il posait ses yeux sur la chanteuse. Voilà, comme ça, elle ne serait pas embêtée ET elle pourrait même lui donner la main ! D’une pierre deux coups !

L’Américain profita alors de l’occasion pour savoir comment s’était passé la journée, et visiblement la nuit, de boulot de Karin. Il écouta attentivement tout ce qu’elle lui racontait en hochant la tête par moment, commençant à marcher le long des différents stands, histoire qu’ils ne finissent pas par geler sur place en restant immobiles.

« Je vois… Ça a dû être vraiment épuisant… Tu as pu te reposer un peu quand même ? Sinon, quand on sera rentré, si tu veux te reposer un peu, n’hésite pas. »

James ne serait pas dérangé une seule seconde que Karin se retrouve à dormir dans son lit. Cette idée était même plaisante… En y pensant, James sentit de nouveau ses joues chauffer légèrement alors qu’il détournait vivement le regard. Ce n’était pas franchement le moment d’avoir des pensées aussi déplacées ! Alors il revint sur une discussion plus normale, histoire de répondre aux questions de Karin.

« Oh, je… Je suis resté tout seul à la maison. J’en ai profité pour faire un peu de rangement et de ménage, et j’ai aussi eu le temps de préparer tout ce qu’il fallait pour le repas de ce midi. Je crois même qu’il en restera pour ce soir… Enfin, si ça ne te gêne pas de rester… Je n’ai rien de prévu personnellement alors… Tu pourras rester aussi longtemps que tu le souhaites. »

Rhaaa ! Il était carrément beaucoup trop gêné de balancer des trucs comme ça ! Depuis quand est-ce qu’il était devenu aussi entreprenant ? Est-ce que c’était la magie de Noël qui voulait ça ?

« Je… Moi aussi je suis vraiment heureux de te voir et de pouvoir passer cette journée avec toi. Hum, tu… Est-ce que tu veux boire ou manger quelque chose ? Il y a un stand qui vend des spécialités de Noël un peu plus loin. »

Là, pour le coup, James ne serait pas contre un bon verre de vin chaud ! Peut-être que ça lui permettrait de se calmer un peu ! Ou peut-être que ça n’aurait que l’effet inverse…

Fidèle à son habitude, James prend toujours tout trop au sérieux ! C'était mignon, mais le pauvre, il allait finir par se faire un ulcère à s'inquiéter comme ça pour n'importe quoi. Puis si c'était pas ça, ça sera le café !

"Détends toi, c'est juste un bouquet ! C'était une chouette impulsion, on va bien trouver à se débrouiller. Avec les études que t'as faites, ce serait malheureux si on arrivait pas à gérer un bouquet de fleurs, même un gros !"

Je ris gentiment. C'est vrai c'est encombrant, mais bon, y a rien de bien grave ! C'est Noël, on est en bonne compagnie, les fleurs sont belles... vraiment, je vois pas vraiment de raisons de me plaindre ! J'espère qu'il va finir par s'en rendre compte, avant de se trouer le bide d'inquiétude ! En plus c'est moi où il rougit ? Ou le froid. je sais pas. J'ai l'impression qu'il est un peu bizarre aujourd'hui le James.... mais j'ai du mal à avoir pourquoi... et bon, j'aurais bien les pieds dans le plat, mais là pour le coup je suis sûre que je lui ferais peur ! et à partir de là, vas y pour en tirer quelque chose... J'espère que c'est rien de grave en tout cas... ou que si ça l'est il sait qu'il peut m'en parler...

En attendant, James prend les choses en main, en l'occurrence, le bouquet dans une, et ma main dans l'autre. Voilà notre épineux problème résolu ! Et moi je gagne mille points de joie au contact de sa main. J'en oublierais presque toute la fatigue accumulée pendant cette journée / nuit de boulot. Je me retiens très très fort de lui attraper le bras de l'autre main, je sais déjà que les effusions en public c'est pas trop son truc alors... alors je préfère me contenter d'une main que le faire fuir ! je souris jusqu'au oreille...

"Et bien, je fais ce que je veux ! mouhahaha ! Et puis tu peux parler, tu t'es encombré d'un bouquet immense, alors je peux bien m'encombrer d'un cadeau. On est à égalité comme ça, alors t'embête pas ! En plus c'est pas si encombrant que ça."

En plus... j'ai le cadeau facile... enfin, je suis toujours en train de bricoler des trucs et des machins, de récupérer à gauche à droite... alors forcément, y a toujours un petit truc où je me dis que ça pourrait plaire à l'un ou à l'autre ! C'est finalement assez ordinaire un cadeau quand on y pense. C'est une façon de dire "hé, j'ai pensé à toi". Mais après, c'est vrai que tout le monde le voit pas comme ça... Enfin là j'ai une excuse c'est Noël ! Si je peux pas offrir de cadeau aux gens que j'aime à Noël où va le monde !

Bref, on se met en marche le long des stands. Je regarde un peu distraitement, trop concentrée sur la sensation de la main de James dans la mienne et à le sentir tout près. Le reste du monde, je m'en fiche un peu ! Je pense l'avoir assez vu les dernières semaines, et particulièrement ces dernières 24 heures ! que j'essaie d'ailleurs tant bien que mal de lui raconter, mais ce genre de trucs c'est un tel concentré de micro événements que j'ai un peu du mal à tirer le fil sans le noyer. Est-ce que j'ai pu me reposer ?

"Euh... quelques temps off, j'ai plus comaté qu'autre chose, ça court toujours sur les plateaux. Mais t'inquiète, les rock stars ça a l'habitude !"

Le fait que si y avait pas eu James j'aurais passé la journée à dormir ne me semble en aucun contredire cette affirmation. En plus, on se voit pas si souvent, alors je préfère me tirer sur les nerfs pour profiter d'être avec lui plutôt que de retourner dormir... j'aurais tout le temps de dormir demain ! On dormira quand on sera mort ! Mais je vais peut-être pas déclarer ça à un médecin tout de suite, ça va encore me l'angoisser...

Enfin je dis ça, mais c'est que d'un coup il deviendrait entreprenant ! Ça c'est une sacrée surprise... et une... chouette surprise non ? C'est pas moi qui vais protester contre du temps en plus avec lui ! Bon par contre effectivement... pas impossible que je finisse par m'endormir comme une masse sans prévenir si je reste aussi longtemps !

'Rien de prévu de mon côté, je retrouve ma famille pour le 28 du coup. Donc bah... tu vas devoir me supporter au moins toute la journée ! Hâte de voir ce que tu nous as préparé. Enfin j'espère que tu t'ai pas donné trop de mal non ???"

Franchement, un sandwich jambon-fromage m'aurait pas posé de problème... J'avais déjà suffisamment l'impression de m'incruster chez lui alors qu'il se soit donné autant de mal, j'allais vraiment finir par me sentir un sacré parasite, moi qu'étais même pas foutue d'arriver à l'heure au rendez-vous !

"Et bien, j'imagine qu'on peut prendre un verre, on va ptet éviter de se couper l'appétit si tu t'es donné la peine de préparer des trucs ! Oh et je savais pas si t'aimais ça, j'ai fait du vin chaud, c'est un peu la tradition chez moi ! Y aura plus qu'à le réchauffer chez toi !"

Puis je voudrais pas me vanter, mais il est quand même meilleur que celui du marché ! Ça aide sans doute de pas avoir à le préparer en quantité industrielle comme ça aussi... mais quand même, le mien est meilleur, na ! Ça m'empêche pas de suivre James à un stand et d'accepter un verre. Ça fait quand même du bien quand il fait froid comme ça. On se pose un peu, James toujours avec cet énorme bouquet dans les mains. Je rigole gentiment.

"Héhé, tu fais une drôle de carte postale entre ton bouquet géant et ton vin chaud ! On dirait toutes les saisons en une image ! Comment t'as choisi d'ailleurs ? pour le bouquet ?"

Je sais pas très bien d'où est sortie la question...

James ne put s’empêcher de faire une petite moue en entendant Karin rire après lui avoir assuré que cette attention lui avait fait plaisir, et qu’ils allaient quand même réussir à se débrouiller malgré le caractère imposant du bouquet. Il finit par hocher la tête, se rendant compte qu’il avait encore un peu trop tendance à s’inquiéter pour tout et n’importe quoi. Il fallait qu’il arrête de trop se prendre la tête pour des détails comme ça, qu’il se décoince un peu… Faute de quoi, Karin allait très certainement se lasser ou même s’agacer. C’était Noël, c’était un jour important, alors James s’était mis la pression tout seul en se disant que cette journée se devait d’être la plus parfaite possible !

James essaya donc de se détendre un peu, débarrassant Karin du bouquet en le prenant dans une de ses mains, l’autre se saisissant de celle de la chanteuse pour qu’ils puissent avancer sans se perdre. Et aussi profiter d’un contact l’un avec l’autre. Parce que ça lui avait quand même manqué à l’Américain ! Ils n’avaient jamais été très loin dans leurs contacts, mais il s’était vite rendu compte que le simple fait de pouvoir lui tenir la main le rendait heureux. Alors autant ne pas s’en priver ! Et, même si le fait de faire ça en public avait de quoi le mettre un peu mal à l’aise, ce ne fut rien comparé à la gêne qu’il ressentit à la déclaration de Karin, qui venait de lui avouer avoir ramené un petit cadeau à son attention. Il n’était pas du tout habitué à ce qu’on lui offre des choses, étant bien plus coutumier à être dans la position de celui qui donne. Surtout qu’il ne pouvait rien répliquer aux arguments de Karin… Il se contenta donc d’un regard un peu fuyant, toujours accompagné de cette légère couleur rosie sur ses joues, un grognement passant tout de même ses lèvres.

Au fil de leur marche le long des stands, la conversation se poursuivit et les mots de Karin parvinrent à faire froncer doucement les sourcils du médecin scolaire.

« Mais… Je ne vais pas te supporter, ça me fait vraiment plaisir de passer cette journée avec toi… Je crois que je ne me souviens même plus de la dernière fois où j’ai fêté Noël alors… J’espère que je ne vais pas faire trop d’erreurs et euh… »

James se stoppa dans son élan. Il allait devoir songer à se calmer un peu le brave petit ! Il venait déjà de proposer à Karin de rester avec lui jusqu’au dîner, mais il avait aussi été sur le point de lui proposer de rester plus longtemps si elle le souhaitait ! Comme il suivait le planning des écoliers, il était lui aussi en vacances et, techniquement, il n’avait rien à faire de spécial jusqu’à la reprise des cours, alors… Si Karin était disponible jusqu’au 28 avant de devoir retourner voir sa famille… Mais ce serait peut-être un peu too much de lui proposer de passer plusieurs jours ensemble… Mieux valait y allait petit à petit, en commençant par une journée entière ! Après tout, jusque-là, leurs rencontres n’avaient jamais duré plus de quelques petites heures, c’était déjà une sacrée avancée !

« Oh et non, je ne me suis pas donné trop de mal, c’est un repas assez simple, j’ai juste eu un peu de mal avec les quantités, comme je ne savais pas trop si tu allais avoir très faim ou non. J’ai préféré prévoir plus, au cas où. Ça aurait été dommage que tu ne sois pas rassasiée pour un repas de Noël quand même. »

James se risqua à faire un petit sourire alors qu’il tournait son visage vers Karin, se rappelant qu’en général, les repas de fin d’année étaient toujours beaucoup trop copieux. Surtout que, encore une fois, le médecin scolaire avait un peu caché la vérité… Il s’était donné beaucoup de mal pour préparer tout ça, même si ce n’était certainement pas de la grande gastronomie ! Il avait concocté tout un tas de spécialités allemandes, espérant ne pas avoir fait n’importe quoi et que le goût conviendrait à son invitée.

Quoi qu’il en soit, les voilà qui se rapprochaient d’un stand pour se prendre un bon verre de vin chaud, James affichant une petite mine surprise en entendant Karin lui parler de cette boisson qu’elle avait justement préparée.

« Ah, oui, j’aime bien ça ! J’ai voulu en faire, mais le goût ne donnait vraiment rien de satisfaisant, alors j’ai préféré abandonner… C’est aussi un peu pour ça que je voulais qu’on profite du marché ici. Je te préviens, je ne suis pas le meilleur cuisinier du monde alors… Peut-être que tu devrais essayer de grignoter quelques trucs ici, avant qu’on ne rentre. »

James gardait un léger sourire en coin. Il essayait une nouvelle petite touche d’humour, même s’il se dénigrait un peu au passage. Après tout, c’était la vérité ! À part cuisiner des trucs basiques, l’Américain n’était pas réputé pour être un cordon bleu ! Enfin, le principal… C’était que ce soit quand même un minimum bon, non ?

« Merci beaucoup de t’être donné la peine d’en préparer en tout cas, j’ai hâte de pouvoir le goûter. Et tu sais, n’hésite vraiment pas à me dire si tu as besoin de te reposer un peu… Je sais bien que les rock stars sont habituées à avoir un rythme de vie effréné, mais je préfère que tu profite de ta pause dans ton boulot pour te reposer. Je ne veux pas que tu te surmènes… »

Alors oui, c’était le médecin qui parlait, mais c’était aussi le James lambda qui s’inquiétait beaucoup de l’état de santé de cette personne qu’il affectionnait tant. Ça le rendrait vraiment malheureux et terriblement inquiet s’il finissait par apprendre qu’elle s’était soudainement écroulée sous la fatigue !

La question suivante de Karin fit de nouveau détourner le regard de James, qui préféra faire mine de se concentrer sur son verre de vin chaud, profitant de la chaleur que son ingestion dégageait dans tout son corps.

« Hum, je… Je n’ai pas vraiment choisi en fait, désolé… Je suis entré dans la boutique et j’ai demandé un bouquet pour… pour une personne qui m’était très chère. »

Ah bah voilà, les joues de James avaient réussi à se teinter un peu plus avec ce début de déclaration ! Bien sûr, Karin devait le savoir qu’il tenait sincèrement à elle, mais s’en douter et se l’entendre dire, c’était quand même bien différent !

Haa, James et sa façon de prendre les choses au pied de la lettre ! Je commence à me dire que finalement, se retrouver en ville dans un premier temps était peut-être une vraie fausse bonne idée. Il se fout une pression monstre pour tout et n'importe quoi. Comment allons-nous réussir à détendre ce grand gaillard sans le vexer, ni le faire se renfermer dans sa coquille ?

"C'est Noël, pas un test d'évaluation ! mais si ça peut te rassurer, on peut faire la liste des Grandes Erreurs à éviter ! Alors... as-tu invité un oncle raciste ? as-tu malencontreusement fait tomber la salière ou de la mort aux rats dans un des plats ? est-ce qu'on risque de voir débarquer un voisin vengeur désireux de recouvrir ton appartement de cambouis parce que tu aurais garé ta voiture sur son emplacement ? est-ce que quelqu'un va se déguiser en dinde ?"

J'aurais pu continuer longtemps comme ça ! Le nombre d'anecdotes de Noël foireux qui existent vraiment... on a de quoi nourrir trois jours de conversation entiers rien qu'avec ça ! Mais si au moins ça pouvait aider James à dédramatiser... ça serait bien !

"Si la réponse à toutes ces questions est non, alors je dirai qu'on est plutôt bien parti ! Oui Noêl c'est important, mais ça veut pas dire qu'il faut te prendre la tête. Quand on est arrivé au Japon avec ma famille, le déménagement avait pompé toutes les économies de mes parents, d'autant plus que ma mère n'a pas pu travailler au Japon tout de suite. Alors le premier Noël ici, moi je détestais la Terre entière, mon frère se cachait des pyramides de livre, mes parents étaient en froid et tout le monde était triste parce qu'on pouvait pas aller au marché de Noël, j'entends un vrai marché de Noël allemand, comme on avait l'habitude. Niveau erreurs, t'as qu'à voir si on partait de loin... et au final, bah même si c'était un Noêl un peu triste, et bizarre, mais c'était quand même un bon Noël et on a passé des bons moments. Alors, je pense qu'on devrait bien s'en sortir toi et moi, si ça peut te rassurer !"

Tiens, ça faisait longtemps que j'avais pas renoncé à cette période... brr... pas la meilleure idée du monde... on peut pas dire que ça soit la meilleure période de ma vie, plutôt l'inverse absolu... outre le déménagement loin de la forêt, il y avait aussi le suicide d'Éléa... une époque sombre donc ! Pas le meilleur sujet pour un Noël léger... espérons qu'au moins ça le rassure un peu ! Qu'au final même s'il fait des "erreurs", c'est pas grave, c'est pas ça la question...

"Si tu as cuisiné en trop grande quantité, moi je dis que tu as déjà respecté l'une des grandes règles de Noël ! Jusque là c'est tout bon monsieur Campbell !"

Dis-je en riant. Au pire, il y aura de quoi manger pour les jours à venir.
Temps de déguster un vin chaud histoire de. Voilà qui fait du bien.

"Héhé, ça demande un certain coup de main avant de choper le parfait dosage des épices ! Mais je refuse de tricher ! Tu t'es donné la peine de cuisiner, apparemment en quantité, alors il va bien falloir qu'on mange tout ça voyons ! Au pire, on fera comme tout le monde, on se soulera pour faire passer le goût et éponger. Alors pas de tracas, moi je préfère garder de la place pour ton festin !"

Puis bon, en tournée j'aurai forcément mangé pire. J'ai l'estomac entraîné ! C'est pas les expérimentations de James qui vont m'impressionner ! Je suis sûr que ça va passer tout seul.

"Au pire, on va bien rigoler !"

Il est mignon à s'inquiéter de mon rythme de vie... ceci dit il a sans doute raison... mais je préfère faire semblant de pas y penser et me contenter de sourire. J'ai pas envie de l'inquiéter. Pas aujourd'hui ! Alors ça ira...

"T'inquiète pas ! C'est juste que ça fait longtemps que je t'ai pas vu, alors j'ai pas envie de passer ce temps à dormir alors que je pourrais être avec toi !"

Faut que j'arrête d'être trop directe comme ça je vais finir par le faire partir en courant ! En même temps c'est lui qui a commencé avec cet énorme bouquet... tiens d'ailleurs, à mon tour de poser les questions d'ailleurs. À son tour d'être direct. Et c'est bête, mais j'ai vraiment l'impression d'un feu d'artifice dans la tête. C'est marrant comme les mots ça change tout, comme ça rend choses réelles. Tant pis pour le fait d'être en public, c'est à mon tour de lui voler un baiser.

"Je ne sais pas ce que t'en dis, mais je pense qu'on devrait aller mettre ces fleurs dans l'eau ! Sinon elles vont finir par avoir froid, même si t'as les mains toutes chaudes !"

Puis bon, soyons honnête, s'il se retient de tout parce qu'on est en public, autant ne plus l'être non ?

James, fidèle à lui-même, était à la fois hyper heureux de pouvoir passer cette journée avec Karin, mais aussi terriblement effrayé à l’idée de faire une boulette. Quand on était aussi peu doué que lui, c’était facile de finir par faire une erreur ! Surtout qu’il savait qu’il pourrait être capable d’en enchaîner plusieurs en croyant bien faire ! Fort heureusement, Karin commençait à vraiment bien connaître le médecin scolaire, et elle parvint à le calmer un peu, le faisant même pouffer légèrement avec tous ses exemples.

« Je pense pouvoir répondre non à toutes tes questions, mais… Est-ce que ce sont vraiment des choses qui arrivent ? Je veux dire… Quelqu’un est déjà venu à une de tes fêtes de Noël en étant déguisé en dinde ? »

C’était plutôt amusant comme idée ceci dit ! James n’avait eu que des Noël classiques, avec ses parents et quelques rares membres de sa famille avec qui ils n’étaient pas fâchés, mais ça restait toujours très sobre : un repas chic, un gros dodo (ou pas si on tenait compte de l’excitation de pouvoir ouvrir ses cadeaux le lendemain), et on ouvrait les cadeaux au réveil.

Bon, en tout cas, ce n’était clairement pas le moment de se morfondre, Karin avait raison ! Elle avait réussi à lui faire reprendre confiance en lui, mais aussi à l’attrister un peu quand elle lui raconta ce premier Noël qu’elle avait fêté au Japon. Une moue tendre sur le visage, James serra un peu plus la main de la chanteuse dans la sienne, caressant sa peau avec son pouce.

« Promis, on s’en sortira bien. »

Il s’en faisait une mission maintenant ! Tout se passerait bien et ils en garderaient de précieux souvenirs ! C’était ce qu’il fallait se dire !

Et maintenant qu’ils avaient leur verre de vin chaud entre les mains, James sentait que la pression le quittait progressivement. Karin était vraiment très douée pour réussir à le détendre ! Elle avait même réussi à le faire de nouveau pouffer.

« J’espère quand même qu’on n’aura pas à boire pour faire passer le goût… Je ne suis pas sûr qu’on aura assez de vin chaud et d’alcool pour couvrir tout ce que j’ai préparé sinon. »

James n’étant pas forcément un grand amateur d’alcool, ses réserves étaient assez maigres. Il n’y avait donc plus qu’à prier pour les quelques bières et bouteilles de vin qu’il avait en stock suffiraient pour leur repas ! Et elle avait encore une fois raison : au pire, ils rigoleraient bien !

Quoi qu’il en soit, ce n’était plus seulement le froid qui faisait un peu rougir les joues du médecin scolaire, mais bien les mots de Karin ! Elle préférait passer du temps avec lui plutôt que de se reposer… Ah, c’était beaucoup trop pour le petit cœur de James qui le sentit fondre. Il n’était pas très démonstratif, ni très câlin, mais il devait bien avouer qu’il l’aurait bien prise dans ses bras s’ils n’avaient pas été en public ! Surtout que Karin avait continué sur sa lancée en lui volant un bisou après qu’il lui eut expliqué pour le bouquet !

Fort heureusement, comme si elle lisait dans ses pensées, la chanteuse proposa qu’ils commencent à partir en direction de ce festin qui les attendait. Un peu gêné malgré ce grand sourire qui étirait ses lèvres, James hocha la tête et déposa son gobelet vide dans la poubelle la plus proche, attendant que Karin fasse de même pour pouvoir reprendre sa main dans la sienne, et il commença à marcher vers son appartement. Au fil des minutes, la foule se fit moins présente, le calme revenait et l’Américain se prit à se dire que marcher comme ça, en silence, main dans la main avec Karin, était vraiment quelque chose qu’il aimerait pouvoir faire plus souvent.

Ils finirent donc par arriver à destination, James entrant le premier pour tenir la porte à Karin. Il avait tout décoré pour l’occasion et avait même installé un sapin dans le salon, sous lequel se trouvait un paquet à l’attention de la chanteuse.

« Fais comme chez toi surtout. »

C’était la première fois qu’ils se retrouvaient dans son appartement, et James se disait qu’il avait bien fait de décorer un peu. Karin aurait sans doute trouvé son chez lui un peu trop impersonnel sinon ! Il fallait dire qu’il n’y avait rien sur les murs, pas de tableaux, d’affiches, aucune photo… L’Américain avait encore un peu de mal à se dire qu’ici, c’était son chez lui. Sans doute qu’il n’avait pas encore assez d’attaches avec ce lieu…

James retira son manteau et attendit que Karin fasse de même pour aller le suspendre avec le sien, allant directement dans la cuisine pour mettre les fleurs dans l’eau. Dans une casserole.

« Je n’avais jamais imaginé qu’un vase pourrait m’être utile… ça fera l’affaire en attendant que tu les ramènes chez toi. Ah euh… Tu veux que je te fasse visiter un peu ? »

Se frottant la nuque, James était un peu stressé finalement, maintenant qu’ils étaient rentrés chez lui. C’était la deuxième personne à venir dans son petit cocon après tout ! Et puis, se retrouver enfin seuls tous les deux… L’Américain lui lança un petit regard, presque timide, et fit un pas vers elle, tendant doucement sa main vers sa hanche, histoire de la rapprocher de lui. Il se pencha de nouveau vers son visage et vint l’embrasser chastement, passant finalement ses bras autour d’elle pour lui faire un gros câlin tout tendre, inspirant profondément l’odeur qui se dégageait de ses cheveux en fermant les yeux.

« Je suis vraiment content que tu aies accepté de venir. »

Un peu de patience et on va y arriver à le détendre ce James.

"Toutes ces histoires sont certifiées véridiques ! Y compris celle de la dinde... c'était une copine de mon frère... enfin elle l'est pas restée longtemps après ça ! On était au Japon depuis un an, il a invité sa copine du moment, qui voulait teeeeeellement lui prouver que ça la gênait pas de sortir avec un gaijin qu'elle s'est pointée déguisée en dinde. On a tous mis très très longtemps à comprendre qu'elle confondait avec un thanksgiving américain... et qu'elle nous balance un "ha oui vous c'est les méchants dans les films" ça n'a pas aidé. C'était pas une flèche, et avant la fin du repas ils avaient rompu. Tu n'imagines pas l'ambiance !"

On en rigole maintenant, mais sur le moment le malaise était total ! En vrai, elle en avait pas besoin de ce costume de dinde, elle en avait tout l'intellect ! Je l'ai vue que trois fois, et à chaque fois elle avait des réflexions de cet ordre-là. Alors franchement, c'était plutôt une bonne chose cette rupture ! Juste que ça aurait été mieux que ça se fasse pas à Noël... c'est vrai qu'à notre arrivée au Japon, on a enchaîné quelques Noëls pourris mine de rien... Heureusement, c'est allé vers du mieux, même si ça a pris quelques années... Du coup, en toute logique, si on va en s'améliorant, celui-ci devait être très bien ! De toute façon, avec James qui me sert la main, ça ne peut que bien se passer. Je souris à sa remarque.

"Je n'en ai aucun doute !"

J'ai du mal à croire que ce qu'il ait pu faire à manger soit raté au point qu'on doive se torcher la gueule pour faire passer le goût. D'ailleurs, j'ai du mal à imaginer James saoul ! Mais j'ai pas nécessairement envie de picoler de toute façon. J'ai juste envie de profiter d'être avec lui, et quelque chose me dit que l'alcool ne va pas aider !

"T'inquiète, si tu savais ce qu'on nous sert à manger des fois en tournée, j'ai l'estomac en béton ! Je serai juste ravie de goûter ce que t'as préparé, surtout vu comment tu t'es donné du mal ! Donc on fera honneur à ton repas et c'est tout !"

Non mais. Petit choupinou il va pas se prendre pour le Grinch non plus. Une petite promenade dans le marché de Noël plus tard, un verre de vin chaud plus tard, il est justement temps de nous diriger vers ce festin que James nous a préparé ! J'arrive pas à croire qu'il se soit donné autant de mal... Nous marchons tranquillement, main dans la main, direction son chez lui. En silence. Et je trouve que c'est beaucoup plus efficace que de se retrouver ivre morts ensemble ! Ça me rappelle notre première rendez-vous sur la falaise... J'arrive pas à croire qu'on se soit si peu vu !

L'appartement de James est exactement comme je me l'imaginais : assez "vide". J'aurais été surprise d'y trouver une déco hyper travaillée... Pas que ça soit quelqu'un de vide lui-même, plus qu'il en est persuadé. Et qu'il a toujours l'air surpris d'être là, comme s'il se tenait prêt à repartir, ou qu'il voulait pas trop s'attacher... je sais pas... enfin, je note l'effort de décoration spécial Noël ! Comme quoi Noël c'est vraiment magique, ça sublime tout ! Je tends donc ma cape avec un grand sourire à toi.

"Chouette ! Alors je vais aller mettre ton cadeau sous le sapin !"

Ouai Noël ça me fait toujours retomber en enfance. À croire que toute ma vie le 25 décembre j'aurai à nouveau 6 ans... J'y suis pour rien, les décorations, le sapin, les cadeaux, le vin chaud, la bouffe tout ça... ça marche à tous les coups sur moi ! Une fois le cadeau déposé au pied du sapin, je sors la bouteille de vin pas encore chaud de mon sac, que je retourne abandonner dans l'entrée avant de revenir vers James... et de pouffer de rire à la vue du bouquet dans sa casserole.

"Je te comprends, je suis pas sûre d'en avoir à l'appart. Mais j'ai une coloc et y a des chances qu'elle elle en ait un ! Au pire j'ai des casseroles aussi ! Comme ça ce bouquet gardera vraiment une trace de toi et ça sera encore mieux ! D'ailleurs, tu aurais une autre casserole que je puisse nous faire réchauffer ça ? Enfin si tu en veux. Je veux pas te forcer !"

Je trouverai bien d'autres gens pour le boire ! Genre avec ma famille d'ici quelques jours. En attendant, notre James national se reprend un coup de stress on dirait. Je zappe un peu sa question du coup...

"Hé, rappelle toi, on a dit que faire un vrai mauvais Noël te demanderait beaucoup plus d'effort que rater un steak. Jusque là je trouve qu'on s'en tire très très bien. Y a des décorations, un sapin, à manger, à boire, l'homme le plus gentil que j'ai croisé eeeeeeeeeet last but not least, personne n'est déguisé en dinde. Ce Noël part donc très bien."

Je ne sais pas si ça fait son chemin dans sa tête... je me laisse attirer et réponds à son baiser. Haaa il m'avait manqué aussi. Moi aussi je me détends dans cette étreinte. Je souris doucement.

"Merci de m'avoir invitée."

Je reviens chercher ses lèvres, et cette fois, passe doucement ma langue entre ses lèvres, caressant doucement la sienne. Comme ce jour au bord de la falaise, je me retiens un peu. Moi je lui aurais bien sauté au cou mais vu comment il est nerveux... je préfère reprendre ma langue avant de le faire fuir ! Mais j'ai pas dit mon dernier mot ! Je passe mes mains autour de sa nuque et garde mon visage tout proche, histoire de pouvoir parler moins fort. C'est plus intime non ?

"Alors, tu parlais d'une visite non ? Si je ne m'abuse, tout appartement qui se respecte a une cuisine où on peut trouver à manger, un salon où on aurait mis le sapin de Noël et ses cadeaux, et une chambre où on pourrait s'allonger. Y a tout ça chez toi ?"

Je ne résiste pas à l'envie de lui voler un autre baiser plus chaste cette fois. Reste à attendre sa réponse ! Comme je suis très gentille, je veux bien lui laisser le choix de l'ordre dans lequel on visite ces pièces. Mais j'espère bien qu'on aura l'occasion de toutes les parcourir !

James n’en revenait vraiment pas que cette histoire de personne déguisée en dinde était véridique… Il s’était même pris à soupirer de dépit tant les dires de Karin l’impressionnaient par leur bêtise… Il y avait vraiment des gens beaucoup trop idiots sur cette planète ! Mais l’Américain préféra ne pas rebondir, se contentant d’un petit sourire en entendant Karin lui dire qu’elle était prête à faire honneur au festin qu’il lui avait préparé.

Ce fut donc main dans la main qu’ils quittèrent le marché de Noël pour se rendre jusqu’à l’appartement du médecin scolaire, qu’il avait spécialement décoré pour l’occasion. Débarrassés de leurs manteaux, James s’apprêtait à aller jusqu’à la cuisine pour mettre les fleurs de Karin dans l’eau, quand il fut coupé dans son élan par la chanteuse qui s’empressait d’aller déposer son cadeau sous le sapin. L’Américain ne put s’empêcher de se sentir vraiment beaucoup trop gêné, mais aussi un peu heureux. Pouvoir partager cette fête avec quelqu’un qui lui était cher… ça donnait à cette fête une toute autre dimension ! Il espérait juste vraiment que son cadeau serait à la hauteur, en bon maladroit social qu’il était !

James partit donc mettre les fleurs dans l’eau, dans une casserole à défaut d’un vase, se jurant d’ailleurs d’en acheter un la prochaine fois qu’il irait faire quelques courses, puis il se retrouva de nouveau devant Karin qui l’avait rejoint. Son stress était grand, mais la chanteuse trouvait toujours les mots pour réussir à le faire fondre… Vraiment, elle disait ça tellement naturellement que l’impact était d’autant plus grand pour James. Manquerait plus qu’il se mette à rougir devant autant de mots gentils et de compliments ! Enfin, avant de rougir, ce fut un petit pouffement qui passa finalement ses lèvres.

« Croisons les doigts pour qu’aucun de mes voisins n’ait l’idée de venir frapper en étant déguisé alors, ça serait vraiment de très mauvaise augure sinon. »

James ne savait pas quoi dire en réponse à toutes ces choses gentilles que Karin lui lâchait, préférant agir plutôt que de patauger de nouveau dans la semoule pour essayer d’exprimer ce qu’il pouvait ressentir à cet instant précis. À la place donc, il passa sa main sur la hanche de la chanteuse pour la rapprocher de lui, et il lui donna un baiser chaste avant de la prendre tendrement dans ses bras. Fermant les yeux pour profiter de cette chaleur et de cette odeur qu’elle dégageait, James se promit de lui proposer de passer plus de temps ensemble à l’avenir. Enfin… Avec ce qu’il avait prévu de lui confier, ça serait clairement sous-entendu qu’il voudrait passer plus de moments comme ça avec elle !

Et là, alors que l’Américain reculait sa tête pour se détacher de Karin, celle-ci revint à l’attaque pour l’embrasser une nouvelle fois, mais bien moins chastement que le baiser qu’il avait pu lui donner. Y’avait pas à dire, ce genre de choses arrivaient toujours à le surprendre un peu, ce qui était vraiment bizarre quand on savait qu’il avait déjà eu d’autres relations, dont une vraiment très sérieuse. Ce n’étaient pas les premiers baisers qu’il donnait, mais James devait sans doute se retenir un peu au fond de lui… Il répondit donc un peu maladroitement à ce baiser surprise, sa main se refermant un peu plus sur la hanche de Karin. Il se laissa presque emporter par cette danse légère de leurs langues, mais revint bien vite sur Terre, presque un peu déçu, quand Karin rompit le baiser pour se remettre à parler. Et inutile de dire que ses mots réussirent à faire de nouveau légèrement rougir James, qui s’empressa de détourner les yeux, trouvant parfait le prétexte de trouver une casserole pour le vin chaud afin de s’extirper de cette situation embarrassante. Il n’était pas doué avec les sous-entendus mais… Est-ce que Karin ne venait pas d’en faire à l’instant ? Ou est-ce qu’il était tellement perturbé que c’était son esprit qui dérivait beaucoup trop facilement ?

« Ah euh, oui, je… Il y a tout ça chez moi. Une casserole… »

James avait envie de se gifler mentalement d’être aussi nul. Ce n’était pas comme s’il n’avait pas envie d’être proche de Karin en plus, bien au contraire !

Il attrapa donc une casserole, qu’il posa sur le gaz, puis il tendit sa main vers Karin pour récupérer son vin chaud, évitant toujours aussi soigneusement son regard.

« Je… Je peux te laisser t’en occuper ? Je n’ai pas trop envie de risquer de gâcher ton vin chaud en le faisant trop chauffer. »

Se frottant la nuque, James finit par soupirer doucement. S’il restait aussi tendu, il allait tout gâcher ! Alors, d’un coup, sans prévenir, il se tourna vers Karin pour la regarder super sérieusement.

« J’ai une chambre où on peut s’allonger. »

Okay, finalement, c’était beaucoup trop bizarre de balancer ça comme ça… Grognant un peu tout en s’ébouriffant les cheveux, James finit par lâcher ce qu’il avait sur le cœur.

« Désolé… Je ne pensais vraiment pas que je serais aussi tendu de te faire venir chez moi… C’est… C’est la première fois qu’on se retrouve tous les deux dans un endroit plus intime et… »

James se sentit déglutir avec difficulté, puis il préféra encore une fois laisser les gestes parler à la place de ses mots maladroits. Délaissant la casserole qu’il avait remplie sans même allumer le feu en-dessous, il s’approcha de nouveau de Karin et vint l’embrasser encore moins chastement que leur précédent baiser. Elle lui avait tellement manqué et avec l’ambiance de ce lieu intime, de cette fête… Tout ça le poussait à vouloir un peu plus que tout ce qu’ils avaient réussi à partager jusqu’à présent. Est-ce que c’était aussi le cas pour Karin, ou est-ce qu’il se méprenait complètement ? Une main se posa au creux du dos de la chanteuse, l’autre remontant le long de sa colonne vertébrale pour caresser sa nuque et prolonger ainsi ce baiser. À ce moment précis, James espérait vraiment qu’ils étaient sur la même longueur d’onde…

Y a pas à dire, les Noëls ratés, c'est jamais fun sur le moment mais au moins ça fait des bonnes histoires à raconter ! Puis si au moins ça pouvait permettre de détendre un peu James, alors ça valait quand même le coup. Parce que même une fois arrivés chez lui, ça se sentait qu'il était pas complètement à l'aise... à croire qu'on allait jamais réussir à le détendre pour de bon ! Ou qu'il avait un squelette dans son placard qu'il craignait qu'on découvre en réveillonnant... pas impossible non plus après tout. Enfin pour le coup, à part m'adapter à son rythme pour pas le brusquer, je peux pas trop faire plus !

En attendant je peux pas m'empêcher d'éclater de rire en imaginait un voisin débarquer déguisé en dinde.

"T'aurais vraiment de drôle de voisin ! Peut-être qu'ils auront senti l'odeur de ton festin et auront voulu se taper l'incruste en essayant de t'amadouer avec leur beau costume de Thanksgiving !"

C'était déjà absurde que la copine de mon frère ait jugé que ce costume était une bonne idée, alors que les voisins pensent que c'était un bon plan de débarquer comme ça, ça serait absolument impayable ! Je m'en remettrai jamais.

"Ce serait quand même très sérieusement improbable, tu as raison, ce serait sans doute de mauvais augures mais j'arrêterais pas de rire pour autant !"

Et après tout ça, enfin, on peut s'embrasser pour de vrai... son odeur sa bouche... tout m'avait manqué... Alors du coup forcément, je me sens obligé de lui voler un autre baiser ! Et cette fois j'avoue ne pas avoir envie de me contacter d'un baiser chaste... En vrai je dois me retenir, parce que j'ai tellement envie d'être avec lui, complètement, d'être contre lui... mais peur de le braquer, d'aller trop vite pour lui... Du coup je tente une vérification, histoire de lui offrir une porte de sortie, au cas où ça serait encore pas le bon moment pour lui...

... et j'avoue que je suis quand même un peu déçue qu'il choisisse la porte de sortie. Ça pique... Je le regarde repartir vers la cuisine, déglutis... aller, on se ressaisit ! C'est le jeu ! Déception ou pas, je refuse de laisser ça me gâcher ma journée avec lui ! J'ai dit que ça serait un bon Noël, ça le sera. Je récupère la bouteille que j'ai préparée et le rejoint à la cuisine. Malgré tout, ma voix hésite un peu... pas évident de remettre de l'allant dedans juste après ça, mais j'essaie !

"Ha... oui bien sûr ! Tu as une spatule ? Il faut mélanger régulièrement pour pas qu'il accr..."

La déclaration de James me cloue complètement sur place. Je dois avoir l'air fine tiens, complètement figée sur place, coincée entre le reste de déception, l'action entreprise et cette nouvelle proposition. Et en même temps dans le fond de ma tête, une partie qui saute de joie est-ce que j'ai bien entendu ??? Et puis en même temps, sa maladresse a quelque chose de touchant, un peu drôle aussi, si on voit les choses de l'extérieur... sauf que pour le moment de l'intérieur je me retrouve juste à battre des yeux comme une idiote, à essayer de sortir de ma torpeur histoire d'assimiler ce qui est en train de se passer là maintenant tout de suite... si bien que ça permet à James de reprendre la parole... ce qui confirme un peu ce que je soupçonnais... ça pour être tendu, j'avais remarqué mon coco ! Je n'ai toujours pas réussi à sortir de ma stupeur pour essayer de le rassurer une nouvelle fois que James revient pour m'embrasser... et on est loin du baiser chaste de toute à l'heure !

J'ai plus envie de réfléchir ni rien. Qu'est-ce qu'il y a encore à dire ? Toute façon ma bouche est trop occupée à répondre à la sienne. Une main sur son épaule, l'autre dans son dos, je le serre contre moi, fort... j'espère un peu que si quand je lui dis que j'ai envie d'être avec lui il entend pas, au moins il pourra le sentir dans cette étreinte... parce que très clairement, il faudra beaucoup de détermination pour me le faire lâcher !

D'ailleurs, cette fois je le laisse décider quand l'étreinte se termine... et ça peut durer toute la journée si ça lui fait plaisir, je m'en fiche totalement ! Quand on arrive enfin à se détacher un chouïa, je me sens obligée de rebondir sur son affirmation précédente en souriant gentiment.

"J'ai ouï dire que tu avais une chambre où on peut s'allonger, on devrait peut-être aller y faire un tour. Histoire de vérifier que c'est bien vrai ! Qu'est-ce que t'en dis ?"

Je me détache doucement de lui, sa main dans la mienne et le guide vers sa propre chambre... toujours un peu peur qu'il change avis, ou de le braquer... mais là quand même, ça me paraît plutôt clair non ? Juste au cas où, et parce qu'en vrai, j'ai aucune envie de me décoller de lui trop longtemps, je m'arrête en cours de route, pas loin de la part de ce que je suppose être la chambre en question, pour l'embrasser à nouveau, toujours en le serrant autant que je peux.

James n’arrêtait pas d’aller de maladresse en maladresse ! Et il s’en rendait bien compte, c’était ça le pire ! Alors voilà, s’il ne voulait pas finir par tout gâcher, il allait falloir qu’il déconnecte un peu son cerveau et se laisse aller ! Il avait envie de tenir Karin dans ses bras, de l’embrasser et de la découvrir encore plus, alors il était hors de question de laisser ce foutu blocage tout gâcher ! L’Américain prit donc quelques secondes pour balancer une phrase… vraiment trop bizarre quand on y repensait. Oui, il avait bien une chambre, mais il n’avait pas été jusqu’au bout de ses pensées en disant clairement à Karin ce qu’il voulait y faire. En même temps, est-ce qu’elle aurait pu l’entendre et le comprendre s’il l’avait dit ? Parce qu’avec sa phrase étrange, la chanteuse s’était comme figée. Elle le fixait avec un air presque abasourdi, sans rien dire pour aider le pauvre James qui avait bien du mal à savoir ce qu’il était censé dire ou faire par la suite.

Alors, puisque les mots ne semblaient vraiment pas être le fort de l’Américain, il préféra opter pour les gestes. Il s’approcha de Karin et revint l’embrasser avec un peu plus d’ardeur encore que le baiser précédent, ses mains se posant au creux de son dos et sur sa nuque pour bien la coller contre lui et prolonger encore un peu ce baiser. L’Américain angoissait un peu à l’idée que la chanteuse ne désire pas les mêmes choses que lui, mais puisqu’elle ne se détachait pas de lui, bien au contraire, tout semblait lui indiquer qu’ils étaient sur la même longueur d’onde.

Le baiser et l’étreinte se prolongèrent, jusqu’à ce que leurs visages se détachent. Leur souffle était court à s’être embrassés aussi passionnément, alors James se contenta d’hocher la tête à la tirade de Karin. Il se laissa même guider dans sa propre maison, serrant sa main sur celle de la chanteuse, avant de la reprendre dans ses bras. Il prolongea ce nouveau baiser et continua à avancer vers la porte de sa chambre, faisant, par la même, reculer la jeune femme. Se rendant compte que ce n’était quand même pas ce qu’il y avait de plus pratique, James ne se posa pas plus de question et souleva Karin en attrapant sa taille, attendant qu’elle ait passé ses jambes autour de lui pour reprendre sa marche vers la chambre. Il poussa la porte et ne prit même pas la peine de la refermer, trop occupé avec ce baiser alors qu’il déposait délicatement la chanteuse sur son lit. Tout en tendresse et en délicatesse, James se laissa porter par son désir de ne plus faire qu’un avec Karin. La découvrir comme ça, la serrer dans ses bras, sentir sa peau contre la sienne… Autant dire que son cerveau avait complètement déconnecté et qu’il s’était même entièrement laissé aller à ses envies plus fougueuses.


Somnolant un peu avec Karin dans les bras, James tourna la tête vers elle pour la regarder. Son air se fit beaucoup trop tendre alors qu’il caressait délicatement ses cheveux. Elle était si belle… Et il était si heureux d’avoir finalement franchi le pas avec elle ! Il en aurait presque les larmes aux yeux ! Cette journée était le meilleur Noël de toute sa vie, c’était certain ! Et même s’il aurait pu passer des heures et des heures à la regarder dormir, épuisée par son travail de la veille et cet échange passionné, James entreprit de se lever. Il se décala le plus délicatement possible pour ne pas risquer de réveiller Karin, puis il se leva. Se rhabillant dans une tenue un peu plus décontractée, l’Américain retourna en cuisine. Son sourire béat ne quittait plus ses lèvres alors qu’il mettait la table et commençait à faire réchauffer leur repas. Le temps que tout soit prêt, près de deux heures s’étaient écoulées. James aurait bien laissé Karin dormir plus longtemps, mais il s’était dit qu’elle pourrait toujours retourner se reposer après s’être rempli un peu l’estomac ! Il retourna donc dans la chambre et s’assit au bord du lit, se penchant vers la chanteuse pour déposer un bisou tendre sur son front, sa main retournant se perdre dans sa chevelure blonde. Ses lèvres s’approchèrent alors de son oreille, sa voix grave se faisant la plus douce possible.

« Karin… J’ai fini de préparer le repas. Tu veux te lever ou dormir encore un peu ? »

James n’avait plus qu’à espérer qu’elle n’allait pas lui grogner dessus ou l’envoyer chier ! Certaines personnes n’aimaient pas qu’on les réveille après tout ! Et comme c’était la première fois qu’il avait l’occasion de se retrouver à côté d’une Karin endormie… L’Américain errait un peu en terre inconnue !

Finalement, on a réussi à se comprendre... on a failli se rater maaaaaais on s'est recalé sur la même longueur d'onde. James avait finalement réussi à se détendre. Ou alors peut-être que c'était plus facile finalement d'arrêter de parler. Toujours est-il qu'une fois lancés... et bien on n'a plus réussi à se lâcher... je voulais juste m'accrocher à lui, rester aussi serrée que possible contre lui... découvrir son odeur, le goût de sa peau...

On a donc bien atteint la chambre, dans un mélange de jambe, de bras et de langues un peu foutraque. C'est jamais comme dans les films, c'est jamais si bien chorégraphié. C'est sans doute ça qui rend le truc magique. C'est improvisé, maladroit... j'aime ce moment où y a plus besoin de parler, où une main guide l'autre, une respiration s'emballe et l'autre la suit... et se dire à un moment que plus tu vas connaître l'autre, mieux ce sera...

et puis plus rien.
Le cerveau complètement débranché ! Ça faisait longtemps que je m'étais pas endormi dans les bras d'un amant tiens... merde... moi qui avais dit vouloir profiter de lui, la fatigue aura eu raison de moi... puis bon, on est bien dans ses bras aussi ! Je me suis même pas sentie partir... Du coup quand il me réveille, et bien je suis doublement surprise ! Déjà parce que je me rappelais pas m'être endormie, ensuite parce que pendant une seconde j'ai un vague doute sur l'endroit où je suis. Un vague surpris, quelques secondes les yeux dans le vague... heureusement que j'ai l'habitude avec les tournées ! Et heureusement qu'il m'a pas secouée comme un bourrin ! J'émerge donc tant bien que mal...

"Ça t'embête pas si je prends une douche rapide d'abord ?"

Histoire de me réveiller pour de bon... parce que je me sens vraiment encore... bleh. Voilà. Puis bon apparemment cet appartement est fourni avec toutes les pièces possibles donc bon ! Un bisou volé plus tard, parce que maintenant je vois pas pourquoi je me priverais !, j'attrape ce qui me semble être mes fringues et file sous la douche. Cette scène a un vague goût de déjà vu ! Douche rapide, c'est franchement plus pour me réveiller qu'autre chose, donc je traîne pas trop... Je sors, et me rhabille ! La jupe c'est ok, mais mon haut me paraît bien plus large que tout à l'heure... un coup d'oeil dans le miroir. Ha. C'est un T-shirt à lui... forcément. En même temps ma mère serait contente, pour une fois que je porte autre chose que du noir... Bon tant pis ! Je retrouverai mon haut plus tard.

De toute façon, quand je reviens dans la pièce de vie, James aussi a opté pour une tenue plus décontractée. Je souris, amusée. Ça valait bien la peine qu'on s'embête à se faire tout beau si c'était pour finir à l'arrache en même pas une heure ! Moi j'ai même pas pris la peine de rattacher mes cheveux... Non à la place je préfère me coller contre lui par derrière alors qu'il prépare encore quelque chose, entourer mes bras autour de sa taille et coller ma tête contre son dos... avant de me redécoller, histoire de le laisser bouger quand même...

"Voilà réveillée ! Bon par contre tu m'excuseras je devais pas avoir les yeux en face des trous, j'ai confondu ton t-shirt avec ton corset... Ça sent bon en tout cas, tu nous as préparé quoi ?"

Parce qu'on en a tellement parlé de ce fameux repas ! Ça me semble à des années lumières... en tout cas maintenant j'ai vraiment faim ! Par contre, c'est Noël ! Quand même, on va pas laisser traîner les cadeaux éternellement non ? Je veux bien que j'ai déjà eu le meilleur cadeau du monde, mais bon ! Oui je fais partie de ces adultes qui ont à nouveau 6 ans le jour de Noël...que voulez-vous ! Un sourire malicieux s'étire sur mon visage.

"Et on a toujours les cadeaux à ouvrir ! Mais c'est toi le maître de maison, alors dans quel ordre tu veux qu'on fasse ?"

Déjà que je l'ai un peu guidé de force dans son propre appart ! je voudrais pas qu'il est l'impression que je suis une espèce de dictateuse...

Après cet échange passionné, Karin s’était finalement endormie. James avait décidé de la laisser se reposer, histoire qu’elle puisse récupérer de ces derniers jours de boulot beaucoup trop intenses. Il en profita donc pour retourner en cuisine et finir de préparer le déjeuner. Quand il eut terminé, il revient dans la chambre et essaya de réveiller la chanteuse, le plus en douceur possible. Un sourire un peu béat étira doucement ses lèvres en voyant Karin émerger, puis le médecin scolaire hocha la tête à sa question.

« Bien sûr. C’est la première porte quand tu sors de la chambre. Fais comme chez toi. Je vais t’attendre dans le salon. »

James déposa un baiser tendre dans les cheveux blonds de Karin, qui en profita pour lui en voler un autre, puis il se leva pour la laisser se réveiller tranquillement. Malgré lui, il ne pouvait se sortir de la tête ce moment intime qu’ils venaient de passer ensemble. L’Américain eut donc le plus grand mal à se concentrer sur la décoration de sa table, alors qu’il entendait l’eau de la douche couler. Ce n’était pourtant pas dans ses habitudes, mais son imagination était un peu trop débordante à ce moment précis ! Tant et si bien qu’il renversa la moitié de son flacon de paillettes quand Karin l’attaqua par surprise en venant se coller dans son dos. Regardant, un peu dépité, l’étendue des dégâts, il préféra se contenter de soupirer doucement, reposant le flacon sur la table avant de se tourner vers la chanteuse avec un petit sourire. Sourire qui laissa place à une nouvelle mine surprise quand ses yeux s’arrêtèrent sur son t-shirt. Mince… Il avait beau l’avoir vue dans le plus simple appareil… Il ne pouvait pas s’empêcher de la trouver beaucoup trop sexy avec ce haut trop grand pour elle. Est-ce que tout ça pourrait devenir… son nouveau quotidien ?

Redescendant sur Terre quand Karin lui demanda ce qu’il avait prévu au menu, James secoua doucement la tête avant de se décaler pour se saisir d’un papier où il avait noté le nom du dessert traditionnel.

« J’ai prévu de la charcuterie et du saumon fumé pour commencer. Après, j’ai préparé une oie farcie avec des légumes et, pour le dessert, euh… du… Christstollen ? »

James n’était vraiment pas sûr de son accent, mais il avait tenté ! Il montra quand même le papier à Karin, histoire de s’assurer qu’elle avait bien compris ce qu’il avait essayé de baragouiner, puis il détourna les yeux avec une petite moue quand la chanteuse évoqua les cadeaux qui attendaient qu’on les déballe. L’Américain était toujours gêné quand il s’agissait de recevoir des cadeaux, il préférait largement en offrir ! Mais le pire, c’était que s’il lui offrait son cadeau maintenant… Il devrait se lancer ! Est-ce qu’il était vraiment prêt pour ça ?

« Je… Est-ce que tu ne veux pas plutôt attendre le dessert ? »

Juste histoire qu’il puisse avoir le temps d’emmagasiner suffisamment de courage pour lui offrir tout ce qu’il avait prévu de lui offrir. Et aussi, et surtout, pour continuer à passer un bon moment avant d’entendre la réponse de Karin. Si elle finissait par le repousser alors qu’il lui faisait sa demande… Le repas n’aurait sans doute pas aussi bon goût !

Résultat, entendre Karin lui confirmer que ça ne la dérangeait pas d’attendre, soulagea grandement l’Américain. Ils purent donc passer tous les deux à table, avec les bons petits plats que James avait préparés, le tout arrosé d’un peu d’alcool. James n’avait pas forcé sur la boisson, parce qu’il voulait rester maître de lui-même pendant ce moment beaucoup trop important.

La dernière bouchée de son dessert engouffrée, sentant qu’il avait un peu trop mangé, l’Américain recula sa chaise et tendit sa main à Karin pour qu’ils se rapprochent tous les deux du sapin. Il lui tendit son cadeau et récupéra le sien, avant d’aller s’assoir sur le canapé. Il fixa en silence le papier coloré qu’il tenait entre ses grandes mains, n’osant vraiment pas l’ouvrir. La chanteuse, elle, semblait bien plus excitée à l’idée de découvrir ce que le médecin scolaire avait bien pu vouloir lui offrir. Devant tant d’engouement, James paniqua un peu.

« A-Ah ! Attends ! Je… »

Ah bah trop tard… Karin avait finalement sorti la petite boîte de l’emballage cadeau, faisant aussitôt piquer un fard à James qui avait l’impression de ne pas être encore prêt, ni de savoir où se mettre.

« J-Je… Je sais que tu n’es pas forcément amatrice de bijoux, alors… Si… S’il ne te plaît pas, on pourra aller le changer… »

Karin tenait entre ses mains une petite boîte contenant un bracelet fin et simple en argent. On était bien loin du bling-bling extravagant de certains bijoux, James s’étant dit que celui-là aurait peut-être un peu plus de chances de plaire à la chanteuse.

« Ah euh… C’est… C’est pas tout, mais avant j’ai… quelque chose à te dire… »

Déglutissant difficilement, James reposa son cadeau sur le canapé et se leva pour se mettre face à Karin. Attrapant délicatement sa main dans la sienne, mettant un genou à terre, l’Américain inspira profondément et releva la tête vers la chanteuse pour planter son regard dans le sien.

« Karin, je… J’apprécie vraiment tous ces moments qu’on passe ensemble et tu me manques quand je ne peux pas te voir. Je… J’aimerais beaucoup que… Enfin… »

Allez James ! Un peu de courage !

« Je t’aime Karin. Est-ce que tu accepterais de… d’être ma petite-amie ? »

Aaaaah ! Pire déclaration d’amour de l’univers ! On était clairement au niveau d’un ado pas du tout expérimenté là ! James sentait ses joues qui chauffaient et son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine. Le souffle coupé, il n’avait plus qu’une chose à faire : attendre la réponse de Karin !

La douche m'a fait du bien, enfin pas assez pour que j'ai l'énergie d'aller échanger le t-shirt de James pour mon corset... La flemme. Déjà que j'avais dit que je voulais pas dormir pour profiter d'être avec lui, hors de question de perdre encore du temps juste pour une fringue ! Je file le retrouver aussitôt, et soit il était dans la lune, soir il avait oublié que j'étais là parce qu'on dirait que je lui ai fait peur ! Si je m'étais attendu à voir James, si discret d'habitude, répandre des paillettes sur sa table de déjeuner, je sais pas si je l'aurais cru !

"On va pas manquer de paillettes non plus on dirait. Comme quoi tu vois que t'as l'esprit de Noël finalement !"

Le menu me laisse sans voix. Je comprends mieux pourquoi il avait peur que ça soit pas bon ! ou qu'il y ait trop ! Effectivement, monsieur prend des risques ! Bon ou pas, faudra lui reconnaître ça, clairement. Mince si j'avais su qu'il avait fait autant d'efforts ! En même temps, je devrais pas être surprise...

"Tu as raison, y en aura sans doute beaucoup trop pour nous deux ! On pourra faire des doggy bags, ou menacer ton voisin s'il débarque déguisé en dinde ! Par contre je suis trop contente que t'ais fait un Christollen, ça fait super longtemps que j'en ai pas mangé !"

Ma mère en faisait souvent, mais je suis pas la meilleure personne ne cuisine... y a d'autres pâtisserie que je réussis très bien, mais celle-là... bah le mien est toujours beaucoup trop sec. De quoi assommer toute personne déguisée en dinde. Pour un peu, ça serait presque vexant si James le réussit mieux que moi, ma fierté d'Allemande va en prendre un coup ! Mais je veux bien sacrifier ma fierté si c'est bon.

"Ha bah si y a du Christollen au dessert moi j'attends aussi longtemps que tu veux ! De toute façon j'ai une faim de loup."

Puis bon, même si Noël ça a toujours eu ce côté magie des cadeaux, j'ai quand même passé l'âge où on est plus capable de se tenir quelques heures ! Je suis juste tellement contente de ce que j'ai réussi à bricoler pour James entre les tournées et les boulots alimentaires que j'ai hâte de voir si ça lui plaît. Mais j'ai aussi l'estomac qui gargouille terriblement, encore plus maintenant que je connais le menu. Il est temps de voir ce que James s'est donné tant de mal à préparer !

Le repas se passe tranquillement. On mange bien, on boit un peu, je lui raconte quelques fantastiques histoires de ma nuit de boulot et je fais semblant de ne pas voir qu'il est à nouveau nerveux. C'est le fait qu'il ait essayé de cuisiner des nouvelles choses qui le met dans cet état ? Ou alors il a un truc en tête... j'espère qu'il va finir par cracher le morceau en tout cas ! À part ça, le repas se passe sans anicroche et ce sera vraiment dans le top des meilleurs Noëls !

En tout cas comme tout Noël qui se respecte, on a tous les deux un peu trop mangé... les cadeaux m'étaient presque sortis de la tête du coup ! C'est James qui décidé donc que c'est le moment, et on se retrouve chacun avec son paquet dans les mains. Je ne suis toujours pas sûre de ce que James attend alors... je me lance ! Beaucoup trop curieuse pour attendre maintenant que j'ai un paquet dans les mains... sauf qu'apparemment il aurait fallu attendre encore. Zut de zut ! Voilà donc qu'il repart dans ses excuses et explications... ce qui me fait sourire. Le bracelet est très joli, et puis au pire c'est notre premier Noël, franchement il se serait raté, ça serait pas bien grave. Ça serait même normal...Je lui réponds donc en souriant, histoire de couper court et de le rassurer vite !

"Il est très joli merci ! Je pourrai même le porter quand je dois travailler dans des lieux disons... plus classique !"

Genre la télé. Où la plupart de mes fringues ou bijoux ne sont même pas tolérés ! Déjà qu'il faut que je cache mes tatouages la plupart du temps...

Par contre, moi qui croyais que ça rassurerait ce cher James, je m'étais complètement fourvoyée ! On dirait qu'il est reparti pour un tour... avec un peu de chance, on va peut-être enfin avoir le fin mot de l'histoire... Attends il me fait quoi là ??? Je me rigidifie un peu, légèrement paniquée... il est pas en train de faire ça ?? Non parce que je veux bien aller vite, mais quand même pas vite au point de me retrouver déjà à l'étape "demande de mariage" ! Qu'est-ce que...

je suis carrément soulagée quand il se décide enfin à parler ! Je me détends quasiment automatiquement. Va vraiment falloir que je m'habitue à la solennité maladroite de James ! Ça fait quelques frayeurs, mais c'est sans doute aussi pour ça que je l'aime... ça me change de tous ces crétins qui essaient tout le temps de montrer qu'ils peuvent tout faire mieux que moi, ou qui essaient de me contrôler ! Je souris.

"C'était donc ça qui te trottait dans la tête depuis ce midi !"

Et comme il faut bien que je m'adapte, et que James a déjà fait tellement d'efforts pour aujourd'hui, je décide à mon tour que les gestes valent mieux que les grands discours. Je dégage ma main, glisse du fauteuil pour me mettre à genoux face à lui et vient me glisser dans ses bras, ma tête dans son cou pour murmurer à son oreille.

"Évidemment."

Je reste un peu là comme ça, contre lui, à le serrer dans mes bras, le temps qu'il intègre l'information ! C'est qu'il a dû se mettre la pression toute la journée avec sa déclaration... m'enfin, c'est pas moi qui lui jetterai la pierre ! D'expérience, c'est quand même mieux quand les choses sont claires. Alors c'est maladroit, mais ça évite bien des soucis ! Par contre, quitte à avoir The Talk, vaut sans doute mieux que je joue carte sur table... Alors je me dégage un peu, le regarde l'air bien décidé.

"Par contre je te préviens, je change pas de métier et j'arrête pas les tournées pour tes beaux yeux, c'est clair ?"

Ok c'est peut-être un peu dur, mais ça serait pas la première relation à laquelle je mettrais fin pour ça parce que chantage affectif, jalousie disproportionnée ou culpabilisation rapport à tout ça... j'ai assez souffert pour ça, et si c'est trop dur pour lui aussi, j'aime autant pas le faire souffrir inutilement...

Histoire de retrouver un peu de légèreté, je prends ses mains en souriant.

"Tu devrais ouvrir ton cadeau."

C'est un herbier... je l'ai fait moi-même pendant la tournée d'octobre et les différents concerts qu'on a faits depuis... j'en fais souvent pour moi. Mais comme James voulait apprendre, je lui en ai fait un exprès avec quelques plantes des endroits où on a été joué, complété avec des infos sur les plantes, quelques dessins des endroits, des bouts de paroles de chanson... bref des bouts de la vie en tournée, parce que je voulais lui montrer que même loin il était là...

James ne put s’empêcher d’afficher une petite moue en entendant la remarque de Karin sur ses paillettes. D’un côté il se sentait un peu bête d’avoir poussé le vice aussi loin dans sa déco, mais d’un autre, ça lui faisait plaisir de s’entendre dire qu’il n’était pas aussi insensible qu’il le laissait pourtant paraître à la plupart des gens. L’Américain savait qu’il était trop sérieux et terre à terre, mais c’était juste qu’il n’avait pas les bonnes fréquentations pour vraiment se lâcher ! Jilian pourrait d’ailleurs certifier qu’en sa compagnie, il semblait être quelqu’un d’autre !

Et puis, finalement, ce fut le plaisir qui prit le pas sur sa gêne quand Karin lui avoua être super contente de pouvoir manger du Christollen. Pour une première tentative de Noël en presque couple depuis qu’il était au Japon, James était plutôt fier de lui ! Il n’y avait plus qu’à espérer que le goût serait à la hauteur des espérances de la jeune femme et, surtout, que le cadeau que l’Américain lui avait choisi lui plairait… Il était tellement maladroit avec ce genre d’attentions qu’il sentait qu’il allait encore tout faire de travers !

Le repas se passa bien, mais ça ne soulagea pas James pour autant, ses pensées étant beaucoup trop focalisées sur l’étape suivante : le cadeau et sa déclaration d’amour ! Et fort heureusement, l’abcès fut bien vite crevé par Karin qui s’était un peu trop empressée d’ouvrir son cadeau au goût de James. Mais bon, même s’il avait pris encore deux bonnes heures pour se préparer psychologiquement, le résultat aurait sans doute été le même alors… Autant arracher le pansement d’un coup pour ne plus y penser ! L’Américain ne put retenir un léger soupir de soulagement quand Karin lui assura que le bracelet lui plaisait. Ce n’était sans doute pas le style qu’elle affectionnait le plus, mais James s’était dit qu’il était suffisamment discret pour pouvoir être porté en toutes occasions, même lors de ses concerts. Et puisque son premier cadeau avait été déballé, il ne lui restait plus qu’à sortir… le grand jeu !

James s’agenouilla devant Karin et attrapa une de ses mains. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, et il sentait que son corps était beaucoup trop raide. Et… C’était juste une impression ou Karin s’était raidie elle aussi ? Mince ! Il allait la faire fuir ! L’Américain paniquait intérieurement et fit de son mieux pour tout contrôler, déclamant finalement la plus maladroite des déclarations d’amour. Voilà, le pansement avait été arraché… Il n’y avait plus qu’à espérer que la réponse de la chanteuse ne serait pas négative…

Quand Karin reprit la parole, ce ne fut pas pour lui donner une réponse, ses mots faisant d’ailleurs baisser la tête de James. Il s’en était douté, mais il n’aurait jamais pensé que toute sa tension serait aussi visible…

« Désolé… Je ne voulais pas tout gâcher, mais… ça fait déjà un moment que j’y pense et que je veux t’en parler. Je… Je me suis dit que Noël serait l’occasion idéale pour… tout ça… »

Alors oui, en y repensant, ça faisait sans doute un peu romantique du dimanche, mais au moins cette déclaration ressemblait à 100 % à notre James ! Et d’ailleurs… Elle arrivait cette réponse, oui ou non ?! L’Américain avait l’impression que son cœur allait lâcher si Karin ne se dépêchait pas plus !

Quand la chanteuse retira finalement sa main de celles du médecin scolaire, celui-ci releva immédiatement la tête, l’air presque livide et les yeux grands ouverts. Non ! Elle allait partir ! Il ouvrit la bouche pour essayer de la retenir, mais il fut coupé dans son élan par un contact qu’il aimait vraiment beaucoup trop. S’empressant de passer ses bras autour de Karin, James ne put s’empêcher de resserrer un peu plus son étreinte quand elle répondit positivement à ses sentiments, venant enfouir son visage au creux du cou de la jeune femme. C’était le meilleur Noël de l’univers ! James n’avait plus du tout envie de bouger, comme s’il avait peur que rompre ce câlin risquait de le faire se réveiller de ce rêve beaucoup trop agréable.

« Je… Je suis vraiment heureux que tu acceptes, merci beaucoup Karin… »

Depuis quand on remerciait quelqu’un dans ce genre de situation ? James était vraiment à côté de la plaque quand il le voulait ! Surtout que toute cette joie avait eu pour effet d’anesthésier presque complètement son cerveau. L’Américain était sur son petit nuage, mais il sentit celui-ci céder sous son poids à mesure que le contact avec Karin se réduisait. Grognant doucement à cause de ce goût de trop peu, ce fut finalement la surprise qui vint étirer les traits de James.

« Que… »

C’était quoi cette réplique soudaine ? L’Américain ne s’y était tellement pas attendu qu’il se retrouva à fixer Karin avec des yeux de merlan frit. Il lui fallut quelques secondes pour que l’information arrive jusqu’à son cerveau. C’était tellement improbable comme demande après tout !

« Mais… C’est évident que tu ne vas rien arrêter, je… Je n’aurais jamais eu le culot de te demander un truc pareil… »

James n’en revenait pas… Comment avait-elle pu croire qu’il aurait pu lui demander une telle chose ?

« Je… Je n’ai jamais voulu t’emprisonner en te faisant cette demande, c’était… C’était surtout pour savoir où on en était et… officialiser les choses, je… Je t’aime comme tu es Karin, jamais je ne te demanderai de changer pour moi. »

Ça serait tellement égoïste de sa part après tout ! Et puis, il en était de même pour lui. Jamais il ne pourrait être avec quelqu’un qui ne serait pas d’accord avec le fait que la médecine avait une place aussi importante dans sa vie. Quand on aimait quelqu’un, c’était pour tout ce qu’il était, pas seulement pour quelques détails !

James finit par se détendre un peu quand Karin se saisit de ses mains, hochant doucement la tête. Puis, plutôt que de remonter sur le canapé, l’Américain resta assis sur le parquet et se saisit du cadeau que Karin lui avait préparé. C’était vraiment gênant de déballer des cadeaux devant la personne qui vous les avait offerts… Le médecin scolaire avait toujours eu horreur de ça ! Et si jamais il décevait la chanteuse avec sa réaction ? James secoua doucement la tête de gauche à droite, chassant bien vite ces nouvelles pensées négatives.

« D’accord, j’y vais alors… »

Tout prenait des proportions beaucoup trop solennelles quand il était stressé !

Il attendit quelques secondes, puis déchira finalement l’emballage. Et quelle ne fut pas sa surprise de découvrir alors l’herbier fait main de Karin ! James le regarda avec un air vraiment surpris, avant que ses yeux émeraude ne se mettent à pétiller un peu. Il ne perdit pas plus de temps et commença à le parcourir. C’était tellement bien réalisé ! Son cadeau était vraiment tout pourri à côté… L’Américain se sentait touché en plein cœur avec ce cadeau simple mais beaucoup trop significatif à ses yeux !

« Je… Merci beaucoup d’avoir pris le temps de faire tout ça pour moi, je suis vraiment touché… Est-ce que tu crois qu’on peut le regarder ensemble ? Je… J’aimerais que tu me donnes encore plus de détails et d’anecdotes sur chaque chose qui s’y trouve. »

James releva les yeux vers Karin, regard qui témoignait de toute sa sincérité et de l’amour qu’il éprouvait pour elle. L’Américain voulait tout connaître de la chanteuse. Il voulait découvrir le plus de choses possibles et continuer à partager tout un tas d’autres moments comme celui-ci avec elle. Ce Noël allait clairement marquer un tournant dans leur histoire, mais aussi dans la vie de James !

La situation avait pris une tournure particulièrement solennelle ! Faut dire que quand James avait quelque chose sur le coeur, il ne l'avait pas ailleurs ! Et au passage, c'est le mien de coeur qui a failli lâcher du coup. Le coup de se mettre à genoux, c'était presque too much pour moi, si je m'étais attendu... Finalement, le malentendu se règle bien vite et heureusement ! Parce que de toute façon, la demande était bien plus intéressante. C'est vrai qu'il fallait toujours qu'il planifie tout... enfin, le temps de reprendre mes esprits et me voilà dans ses bras ! De toute façon, depuis le temps que je voulais y être, j'allais pas lui dire non...

Je pouffe un peu. Merci ?

"Tu vas peut-être te détendre un peu alors maintenant ?"

Enfin ça... je demande à voir ! Mais je suis sûre qu'il en est capable. Après tout, il a bien recouvert la table de paillettes ! Alors il est pas aussi coincé qu'il en a l'air. En vrai, c'est plutôt moi qui suis rattrapé par un coup de stress, ou une vieille peur. Ou juste trop de mauvaises expériences. Je sais pas quel est le bon mot. Mais du coup, je me sens presque obligée de mettre les points sur les i tout de suite. Inutile de continuer pour être plus malheureuse à la fin si c'est pour me prendre un retour de bâton... Résultat, je plombe sans doute un peu l'ambiance. James a même l'air surpris que je puisse dire un truc pareil. Je me sens stupide... évidemment c'est James. Il est trop droit dans ses bottes pour ce genre de trucs tordus... Je détourne un peu le regard, me planque la face dans les cheveux (j'ai bien fait de pas les recoiffer tiens !) et soupires.

"Oh... tu serais surpris... on m'a fait le coup plus d'une fois !"

It's all fun and games and then... Je sais pas, je crois que les gens fantasment de sortir avec des musiciens, et tiltent après ce que ça implique, et exigent qu'on choisisse. Bref, je ravale tout ça. Pas envie d'y penser. Plutôt envie de faire confiance à James. Après tout, s'il le dit, je peux le croire non ? C'est pas le gars qui osait à peine m'embrasser y a quelques heures et qui s'est littéralement mis à genoux pour savoir si on était ensemble qui va s'amuser à me la faire à l'envers non ??? Donc on ravale les vieilles angoisses, et on réaffiche un grand sourire.

"Évidemment, t'es un gars bien toi !"

Et histoire de détourner l'attention, il est temps qu'il ouvre son cadeau tiens ! J'espère ne pas m'être trop trompée non plus... Qu'il trouve ça con ou cheesy, je sais pas... Heureusement, ça lui plaît ! Ouf ! En même temps, vu comment s'était passé notre rendez-vous à la forêt... le revirement aurait été des plus étonnants ! Je hoche la tête et vient m'assoir à côté de lui en me collant à lui.

"T'as raison, parce que je t'avoue que y a plein de plantes, je connaissais pas leur nom en anglais, et encore moins en japonais, alors tu les as en allemand ! Ça se trouve tu les connais..."

Et donc, page par page, j'essaie de lui expliquer un peu d'où elles viennent, ce qui s'est passé ce jour-là quand je m'en souviens... de toute façon, les tournées, c'est toujours riches en anecdotes... En espérant qu'il soit vraiment aussi patient qu'il le dise, parce qu'entre les concerts et les excursions en forêt, y a un paquet d'histoires en vrai dans ce carnet... mais on a le temps maintenant.