Fin de l'année scolaire...et quelle... année de merde. Ça semblait être la meilleure façon de la définir ! Tu t'étais retrouvé avec ton ancien gang aux fesses, ce qui avait sérieusement secoué ton couple et t'avais pousser à rater plusieurs engagement côté boulot. Résultat, on t'avait refilé toutes les tâches de merde histoire de te rappeler qui commande, un genre de bisutage de long terme. Déjà que la direction te portait pas dans son coeur alors là... tu avais donc passé les mois suivants à rattraper tes conneries. En plus de ça, tu t'étais définitivement brouillé avec Laureleï, qui ne voulait plus jamais avoir affaire à toi, ce qui t'avait chagriné plus que tu ne voulais l'admettre. Et Somun avait quitté son poste pour repartir au Danemark. Tu t'étais donc retrouvé sans réels amis au boulot alors qu'on t'avait dans le collimateur... l'ambiance au travail était donc tendue, et dehors c'était pas mieux puisque régulièrement tu devais te battre avec les types du gang...

Une bonne grosse année de merde donc. La seule chose dont tu arrivais à te réjouir, c'est que malgré tout Amelia était restée à tes côtés. Tu ne savais pas très bien comment elle faisait pour te supporter toi et tes histoires, mais tu ne pouvais pas nier que tu en éprouvais un certain soulagement. C'était au moins une bulle de douceur dans ta vie actuelle à laquelle tu pouvais t'accrocher ! Malgré tout, tu ne lui as rien dit sur l'opération que tu t'apprêtes à mener la semaine prochaine... inutile de l'inquiéter inutilement... tu lui as seulement dit que vous aviez un plan toi et Finn et que vous agiriez pendant les vacances...

Pour le moment donc, tu fais ton sac. Enfin ton carton, c'est plus pratique. Tu profites d'un moment de calme en salle des profs. Fin de journée, à cette heure-là tout le monde est déjà parti. Ça te laisse la possibilité de trier tranquillement le bordel que tu as accumulé pendant l'année. Tu as eu la bonne idée de préparer tes cours de la rentrée en avance... au cas où...

Là maintenant tout de suite, tu as à tes pieds un sac poubelle dans lequel tu vires ce qu'il y a à jeter, et un carton, dans lequel tu entrepose les documents et cours que tu souhaites conserver et éventuellement ramener chez toi pour travailler, si tant est que tu arrives à te concentrer ! C'est fou ce qu'on peut accumuler comme conneries sur un bureau pendant une année ! Surtout quand comme toi on ne fait souvent qu'y passer... C'est presque drôle. Ça va bientôt faire deux ans que tu enseignes ici, et tu n'es pas sûr d'avoir jamais fait le tri depuis le début... du coup il y a quelques surprises qui t'attendes ! Des vieux papiers, des notes, des livres, des copies non réclamées...

Les nerfs aux aguets, tu te rends compte que quelqu'un approche. Tu la distingues du coin de l'oeil. Tu ne crois pas la connaître, mais encore une fois, tu passes peut-être trop peu de temps ici pour savoir s'il s'agit d'une collègue ou d'une étudiante égarée. Tu lèves le nez vers elle, un peu surpris de croiser quelqu'un d'autre à cette heure-là, mais souriant.

"Je peux vous aider ? Vous avez l'air perdue."

Pour certains, c'était une fin, pour d'autres, c'était un début. Ayame avait enfin réussi à décrocher un poste complet pour une année. On lui avait même offert de venir avant la fin de l'année pour découvrir les locaux et s'aider à se repérer dans les lieux. Utilisant sa canne blanche pour se repérer dans l'espace, elle avait d'abord fait le tour des lieux avec une secrétaire. Puis, elle le fit seule pour trouver ses propres points de repaire personnel.

Sa jupe rebondissait sur ses jambes à chaque pas. Même sans crinoline, elle semblait plutôt bouffante et lui donnait l'air d'être encore plus petite qu'elle ne l'était vraiment. Une blouse noire assortie était boutonnée jusqu'au col, contrastait avec son pâle visage faiblement maquillé. Il n'y avait pas de fioritures après ses vêtements, mais on sentait une certaine classe. Si elle avait l'apparence toute menue et la grandeur de certains élèves de lycée, son habillement pourrait un peu démontrer son côté adulte.

Elle finit par trouver le bon indice pour repérer facilement les toilettes et toute heureuse, commença alors la recherche pour la salle des professeurs. Cela faisait bien cinq minutes qu'elle tournait en rond et revenait toujours vers la toilette des professeurs. Faisant la moue, elle plissa des yeux. Ayame n'avait pas essayé le corridor de droite. Il y en avait un, mais ne l'avait pas repéré d'abord. Mentalement, elle parlait à sa canne et l'injuriait. Pourquoi avait-elle cogné contre cette boite au sol, la faisant dévier et donc ne pas repérer le corridor de droite?

Prenant enfin le bon corridor, elle repérait les couleurs des murs et des portes, comptait le nombre de pas entre chacun et puis, elle vit une porte ouverte. C'était facile à repérer, l'espace qui aurait dû être brun était d'une multitude de couleurs non uniformes. Il y avait une personne dans le local qui semblait rempli de bureau, mais visiblement pas ceux d'une classe. Avait-elle trouvé?

Un homme se retourna. Il était vraiment très grand par rapport à elle et elle dut lever la tête pour fixer son visage. Elle n'arrivait pas à discerner ses yeux de là où elle était, mais ses cheveux étaient d'une blancheur similaire au sien. Ce n'était visiblement pas des cheveux délavés au bleach comme certains, mais naturellement blancs. Un autre albinos dans cette école? Il lui demanda en souriant, bien qu'un peu surpris, s'il pouvait l'aider. Elle lui sourit également, s'incluant poliment.

— Bonjour, oui, je cherche la salle des professeurs, mais je crois que je me suis perdue en tournant trop en rond.

En se relevant, ses cheveux avaient glissé librement devant son corps, entourant ses épaules comme un voile de dentelle. De sa main libre, elle glissa son pouce d'un côté à l'autre derrière sa nuque, puis avec ses autres doigts et ramena ses cheveux vers l'arrière. Ses yeux couleur de lait ne semblaient pas fixer directement, mais regardaient dans le sens du jeune homme.

— Est-ce que vous êtes...?

Elle hésitait à dire « comme elle », mais la question le sous-entendait alors qu'elle penchait la tête un peu.

La femme qui était rentrée avait un look assez original, plutôt travaillé, ça devait prendre du temps. Tu repères la canne blanche. Aveugle ? Possible, ou en tout cas une vue très basse, ça expliquerait la question en tout cas. Sans les détails, ici ça devait une salle avec des tables comme n'importe quelle autre salle. Elle devait quand même y voir un minimum puisqu'elle avait l'air de chercher ton regard, la différence de taille n'aidant pas. Tu te rassis, histoire de lui faciliter un peu la tâche.

"Et bien vous avez fini de tourner en rond je crois, vous avez fini par atteindre la destination ! Vous êtes bien en salle des profs."

Restait à savoir si c'était une nouvelle collègue, une étudiante, si elle avait rendez-vous avec quelqu'un ou toute autre possibilité. Tu allais lui en demander plus mais elle ne t'en laissa pas le temps. Le temps de remettre ses longs cheveux en place, ce fût elle qui t'interrogea... et pour le coup, la question te crispa complètement. Malgré toi, ton visage se durcit légèrement, avant de reprendre une expression son expression plus calme précédente, même si clairement tes yeux avaient gardé un regard dur. Est-ce que tu étais quoi ? C'était quoi cette question même pas foutue d'être une question ? C'était agaçant... et inquiétant. Qu'est-ce qu'elle savait ? Elle faisait référence à quoi ? Tu sais très bien qu'il y a encore des rumeurs et autres bruits qui courent sur ton compte à Osaka. Même si tu avais "pris ta retraite", on arrêtait pas la légende comme ça... C'était d'ailleurs déjà arrivé qu'une collègue vienne de la région et ait entendu parler de tes faits d'arme... et vu comment les choses avaient tourné ici dernièrement, tu ne serais pas surpris que les rumeurs aient voyagé, ou que d'autres se soient constituées. Ou bien est-ce que la direction avait encore bavé sur toi ? Merde à la fin, c'est bon t'as passé l'année à faire profil bas, ils comptent te lâcher à un moment non ?

Dans le doute, tu préfères botter en touche. Tu tâches de reprendre ton habituel sourire charmeur, mais ta voix est quand même un peu plus sèche que précédemment.

"Il faudrait finir votre question si vous voulez que j'y réponde..."

Combien de fois t'avais pu dire ça à des étudiants ?? C'était curieux cette façon que les gens avaient de croire qu'on pouvait lire dans leur tête... comme si parce que ça leur était évident, ça l'était pour tout le monde. Tu préférais les gens francs, quand bien même c'était pour te rentrer dedans. De toute façon, t'étais pas franchement une princesse alors inutile de se priver. Ça permettait quand même de gagner du temps... parce que là en plus ça t'offrait un coup de stress que tu n'appréciais pas vraiment. Tu es bien assez sur les nerfs comme ça en ce moment sans avoir besoin qu'on t'en rajoute parce qu'on est pas foutu d'assumer ses questions...

"Vous aviez rendez-vous avec quelqu'un ? Parce que je crois qu'à cette heure-là tout le monde a plus ou moins levé le camp... surtout à cette période."

Le temps qu'elle crache le morceau, tu n'avais pas grand chose d'autre à lui dire...

Ayame avait au moins trouvé un chemin et peut-être bien enfin le local des professeurs. Au moins, il y avait une personne à l'intérieur qui pourrait lui renseigner. Il semblait assez grand, donc possiblement un adulte. C'était peut-être même un autre professeur ou membre du personnel. Elle espérait surtout que ce n’est pas un étudiant, encore moins un de ses futurs étudiants, ça risquerait de mal débuter l'année et de faire partir des rumeurs assez étranges. La personne cependant lui confirma cependant que c'était bien la salle des professeurs, ce à quoi elle répondit en un sourire mêler à un soupir de soulagement. Le voyant s'asseoir, elle pensa donc à un autre professeur plutôt qu'à un étudiant. Qui oserait s'asseoir à un bureau de professeur ainsi? C'était aussi plus facile de le regarder, étant alors environ à la même hauteur.

Ses cheveux blancs étaient plutôt intrigants et Ayame se dit qu'elle avait peut-être trouvé un autre albinos. Ce n'était pas une maladie très courante, et ça serait une drôle de coïncidence d'avoir deux professeurs dans la même école, mais pas impossibles. Elle commença son questionnement, qui n'était peut-être pas très clair, ni précis. Elle ne saisit pas le changement d'expression sur le visage du jeune homme, ce qui est plutôt difficile lorsqu'on voit un ballon beige surmonté de poil blanc avec deux cercles foncé en guise d’yeux et un cercle qui s'étire et s'agrandit lorsque la bouche parle. Oui, c'était très intéressant comme vision et attirant... Mais elle n'allait quand même pas mettre son visage à 30 cm du sien pour enfin percevoir la couleur de ses yeux. Elle se fiait donc beaucoup avec l'intonation de la voix et s'il y avait une sorte de sourire dans les paroles, elle pouvait clairement sentir un agacement. Les mots étaient des plus logiques en plus.

Par contre, cela démontrait aussi qu'il n'était pas albinos, ce genre de question sous-entendu se faisait beaucoup à leur sujet et elle lui offrit donc un sourire d'excuse.

— Je suis navrée, j'ai vu vos cheveux blancs et j'ai pensé que vous étiez peut-être albinos, comme moi.

Elle n'avait aucune honte de dire qu'elle en était une. C'était au contraire sa force et si sa vision n'était pas parfaite, son manque de pigmentation ne la limiterait pas dans ses actions. Elle replaça alors une mèche qui s'était glissée vers l'avant. Elle avait les cheveux si fins, ça glissait à tout mouvement. Le jeune homme lui demanda si elle devait rencontrer quelqu'un et qu'il ne restait plus grand monde à cette heure-ci de la journée. Elle avait un peu compté là-dessus en fait, lui permettant de bien se repérer dans un premier temps sans s'arrêter pour parler. Mais ça devrait aller à présent, du moins, elle l'espérait.

— Oh! Je me nomme Yamamoto Ayame, je suis le nouveau professeur de littérature étrangère.

Elle s'inclina à nouveau ploiement, typiquement japonais. Avec un léger sourire, elle se rappela les méthodes occidentales bien différentes qu'elle avait perçues lors de son séjour en Angleterre.

— Je profitais un peu de la tranquillité des lieux pour m'aider à me repérer, on m'avait permis de passer avant le retour en classe afin de m'habituer aux lieux.

Qui sait, peut-être pourra-t-il lui expliquer différents racoins peu connus?

Au moins, le malentendu aura été rapidement dissipé. Il faut dire que tu as un peu les nerfs à fleur de peau dernièrement. Et ça sera sans doute le cas jusqu'à ce que toi et Finn ayez fait ce que vous avez à faire... et que ça ait fonctionné surtout ! La réponse de la jeune femme est assez inattendue. Ce n'était pas vraiment le genre de choses que tu aurais prévues. Résultat, tu ne peux pas t'empêcher de laisser échapper un rire, pas moqueur, juste un rire d'amusement face à cette drôle de situation.

" Haha, on me l'avait jamais faite celle-là !"

Parce que des réflexions sur tes cheveux, tu en avais eu quelques unes... dont la majorité tombait à côté de la plaque vu que la plupart du temps tu te contentais d'un coup de brosse dedans et oubliais complètement l'allure de tes cheveux... alors de toute façon, si les gens n'étaient pas effroyablement précis, leurs questions trouvaient rarement grâce à tes yeux. D'autant plus qu'il était hors de question que tu rentres dans les détails. Tu préférais ne pas trop repenser à cette nuit-là en général...

"Je comprends mieux. Pardon j'avais pas fait le lien."

Ajoutes-tu avec un sourire, toute trace d'animosité disparue. Tu préfères passer sur cette étrange association d'idée. Peut-être qu'elle se sent seule avec ça et qu'elle cherche des gens comme elle ? C'est pas trop ta démarche mais tu peux entendre... c'est juste un peu étrange de projeter et présumer des choses comme ça. Mais bon... tu t'es pris pire présupposé dans la tronche alors tu ne vois pas trop l'intérêt de t'étendre là-dessus.

En attendant, la conversation revient sur un terrain plus sûr, terrain par lequel elle aurait sans doute dû commencer. Mais bon, tu n'es pas vraiment le genre de personne à se formaliser pour ce genre de détail. On ne peut pas dire que tu suives à la lettre les usages ! Tu la salues à ton tour, toujours en souriant.

"Et bien enchanté Yamamoto-san. Je m'appelle Onizuka Kenji, professeur d'histoire-géographie pour les lycéens."

Ce qui te faisait penser qu'à un moment, tu avais vaguement envisagé de passer un doctorat pour pouvoir enseigner aussi à la fac... projet qui était clairement passé au second, voir au cinquième, plan ces derniers mois vu tout le bordel... ça aussi, on verrait plus tard ! Ou jamais. Selon ce qui se présenterait en premier. En attendant, t'avais quelques casseroles au cul dont il fallait que tu t'occupes. Et un bureau à ranger. Et une nouvelle collègue apparemment. Une vague notion de politesse dans le fond de ta tête t'informa d'ailleurs que ça ne serait pas l'idéal de retourner à tes occupations d'un coup.

"Ça semble une bonne idée oui, ça vous laisse le temps de vous approprier les lieux."

Comme quoi, des fois la direction faisait les choses bien. Tout n'était pas à jeter !

"Vous avez pu repérer tout ce qu'il vous fallait ? C'est quand même pas mal grand comme endroit mine de rien... vous avez déjà eu votre emploi du temps avec les salles ?"

En même temps, c'est pas comme si t'étais très pressé de retourner à ton rangement...

Lui expliquant qu'elle l'avait pris pour un albinos comme elle, Ayame fut heureuse de voir que l'homme ne prit pas mal son erreur, éclatant de rire. Elle-même ne put s'empêcher de sourire. Typiquement asiatique, elle mit la main devant sa bouche rieuse, cachant ses dents. Ce n'est pas qu'ils étaient difformes ou autres, simplement, une habitude de ne pas montrer sa bouche, pour une femme. Elle avait eu du mal à se défaire de cette habitude lorsqu'on lui avait demandé pourquoi elle faisait toujours ça en riant lors de son passage en Angleterre et elle n'avait pas trouvé meilleure réponse qu'elle avait toujours faite comme ça, un peu comme toutes ces autres femmes japonaises qu'elle rencontrait. Il eut même la délicatesse de s'excuser de ne pas avoir compris la question, ce à quoi Ayame secoua la tête et la main.

— Non, j'avoue ne pas avoir été très précise non plus pour ma question, je m'en excuse.

Elle s'inclina alors à nouveau, légèrement. Finalement, ce qu'elle avait pris pour des cheveux blancs d'albinos était peut-être une teinture. C'était étrange, car ça ne semblait pas aussi jaune que la décoloration habituelle des cheveux qu'elle avait déjà vu sur différentes personnes, mais peut-être c'était aussi un procédé différent.

Qu'importe, elle se présenta néanmoins comme le nouveau professeur de littérature étrangère. Elle apprit donc par la même occasion qu'il était lui-même professeur, mais pour le lycée dans les domaines d'histoire et de géographie.

— Enchanté, Onizuka-san.

Elle s'inclina à nouveau, un léger sourire aux lèvres. Une mèche avait la mauvaise tendance à toujours se glisser à l'avant de son oreille. Délicatement, elle allait la replacer derrière son oreille alors que les pointes de cheveux glissaient sur son épaule. Elle hocha la tête.

— Oui, et avec ma vision limitée, ça me prend peut-être un peu plus de temps que la normale pour mémoriser les lieux.

C'est certain que lorsqu'on doit se souvenir d'une forme et d'une couleur en particulier à proximité d'une porte ou de compter le nombre de pas entre deux endroits, ça fait beaucoup d'information à retenir. C’était tout de même mieux de le faire maintenant que lorsqu'il y aurait tout plein d'étudiants dans les couloirs. Il lui demanda alors si elle avait trouvé les différents endroits qu'il lui fallait.

— Pour le moment, je parviens à trouver le secrétariat, les toilettes du personnel et maintenant que je suis arrivée à la salle de professeurs, je devrais réussir à revenir... Il y avait une sorte de grosse boîte dans le corridor juste avant celui-ci qu'il m'a fait dévier quelquefois avant que j'arrive ici...

C'était probablement facile avec une bonne vision, mais avec une canne et une vision limitée, cela lui avait bloqué la vision du corridor. D'ailleurs, qu'est-ce que pouvait être cette grosse boite? Un classeur ou une bibliothèque peut-être?

— Oui, j'ai eu mon horaire... Peut-être que vous pourriez m'aider à trouver les différentes salles? Enfin, si ça ne vous dérange pas, je m'en voudrais de vous retenir à faire ce que vous faisiez.

Elle n'avait aucune idée de ce qu'il préparait avant son arrivée, mais il y avait peu de chance qu'il soit dans le local tout seul juste pour perdre du temps. Elle appréciait s'il pouvait l'aider, mais comprendrait s'il avait des tâches urgentes à faire.

— Peut-être pourriez-vous aussi m'indiquer s'il y a des choses qu'il me serait utile de savoir?

Elle pencha légèrement la tête sur le côté, attendant sa réponse.

Le malentendu dissipé, la tension était aussitôt retombée, et vous aviez pu enchaîner sur des présentations plus conventionnelles. Cette scène faisait de drôles d'échos... c'était loin d'être la première fois que tu te retrouvais à accueillir une nouvelle collègue. Ces histoires de plan, de difficultés à se repérer, même si elles étaient différentes, n'étaient pas sans te rappeler Laureleï. Non sans un certain pincement au coeur... les mois avaient passé, mais tu regrettais toujours la façon dont les choses s'étaient terminées entre vous. C'était d'autant plus difficile que si elle ne voulait plus jamais te parler, tu avais accepté de couper les ponts pour éviter de lui attirer des ennuis... si bien qu'il t'arrivait régulièrement de te demander si les choses allaient bien pour elle.

Enfin... tu te reconcentres sur ce que dit Ayame, histoire de comprendre quelles sont ses difficultés. Effectivement, ça nécessite d'autres aménagements pour pouvoir s'y retrouver dans l'académie.

"D'autant que les lieux en question sont plutôt grands... Vous avez pu demander à ce que vos cours ne soient pas trop éparpillés sur tout le campus ?"

C'était sans doute le genre de choses qui pouvaient s'aménager sans trop de soucis. En tout cas si on s'était pas mis la direction à dos ça pouvait être possible !

"Une grosse boîte ?"

Tu réfléchis un instant... Qu'est-ce qu'il y avait là-bas qui aurait pu la gêner à ce point ? Tu refais mentalement la marche dans les couloirs. Depuis le temps, tu as suffisamment erré dans ces couloirs pour pouvoir les parcourir sans même vraiment regardé où tu mets les pieds... Ça fait ça quand on tient pas en place ! Tu te souviens même qu'au début tu trouvais que l'endroit était trop plein de murs... Tu te serais bien dit que t'as fait du chemin, mais comme d'ici deux semaines tu seras de retour dans une arène de combat comme au bon vieux temps, ça serait moyen crédible !

L'illumination d'un coup.

"Ha oui, vous avez dû tomber sur la boîte aux lettres ! Comme les étudiants n'ont pas nécessairement accès à la salle des profs et donc à nos casiers il y a une boîte à leur disposition dans ce couloir. La personne en charge du courrier se charge de récupérer le tout et le dépose avec le courrier arrivé par la poste dans les casiers correspondants. On vous a donné votre clé déjà ?"

Tu lui montres du bras le mur du fond où se trouvent les casiers. Là où d'habitude tu te serais contenté d'un signe de tête ou d'éventuellement pointer vaguement la zone, tu tends le bras aussi précisément que possible pour qu'elle puisse repérer la zone. Tu te lèves d'ailleurs et t'approches des casiers, scrutant les noms.

"En tout cas ils n'ont pas perdu le temps, vous en avez déjà un d'attribué, si vous voulez repérer où il se trouve sur le meuble..."

Est-ce que tu as le temps de lui indiquer ses salles ? Tu jettes un regard au fouillis qui te sert de bureau... le tri, les cartons... les "au cas où ça tourne mal"... Évidemment que tu as le temps ! On a toujours le temps de ne pas être responsable ! De toute façon qui est encore en mesure de croire que tu as le moindre fragment de responsabilité dans la tête ? Venant du gars qui se prépare à partir en mission suicide, ce serait peu crédible ! T'as même refusé de donner les détails à Amelia tellement tu sais que c'est une idée de merde et qu'elle serait foutue d'essayer de t'empêcher d'y aller...

Bref, faire visiter l'académie à la nouvelle collègue semble une bien meilleure perspective que faire le tri !

"Oui bien sûr, si vous me donnez votre emploi du temps on peut regarder ça ensemble, pas de soucis !"

Tu lui tends le bras gentiment, en souriant tout grand.

"Si jamais c'est plus facile pour vous, hésitez pas ! Le Onizuka Yokuboo Tour démarre dès que vous êtes prête !"

Ça dès qu'il s'agit de faire le con, tu es plus que présent ! Ça doit donner une drôle d'image vue la différence de taille entre vous deux ! Mais bon, tu n'es pas trop sensible aux rumeurs... et encore heureux vu le nombre de fois où tu te retrouves dedans pour une pseudo histoire de coeur ou une autre, à croire que les étudiants te casent avec une personne différente toutes les semaines ! Tu n'es clairement plus à ça près, si ça les amuse...

Tu t'ajustes à son pas et commences par refaire le trajet qu'elle a pu faire depuis la boîte. Si elle a tourné en rond elle a peut-être perdu le fil. Repartir de là te semble donc une bonne idée. Tu tâches d'expliciter vos déplacements, qu'elle puisse toujours savoir où elle est. Le ton est léger.

"Nous voici donc à la fameuse boîte aux lettres que vous avez croisée tout à l'heure ! C'est là que les doléances de vos étudiants viennent se perdre quand ils n'ont pas eu le courage de vous les faire de vive voix. Pas impossible qu'on vous laisse des cartes pour la St Valentin aussi... c'est un peu le rite de passage si vous voulez !"

Par moment, tu prends des intonations de faux guide touristique, là aussi, parce que ça t'amuse.

"Ce bâtiment est principalement administratif, c'est là que viennent mourir les minutes de temps libres et la plupart des films inspirationnels sur l'éducation. Sur votre droite, une salle de réunion dans laquelle vous allez sans doute passer beaucoup trop de temps à votre goût. Je vous recommande le deuxième fauteuil à droite, c'est le plus près de la machine à café, et surtout le plus loin du courant d'air de la fenêtre qu'on réparera un jour ! Maintenant, direction vos salles de cours..."

Les présentations faites, Ayame se sentait alors un peu plus confiante dans la discussion avec son nouveau collègue. C'était le premier qu'elle rencontrait, et elle espérait ne pas avoir fait un impair au début par rapport à ses cheveux. Il lui demanda si elle avait réussi à repérer tout ce dont elle avait besoin. C'est vrai que l'endroit semblait plutôt grand, surtout si on comptait le côté lycée et le côté université, faire le tour entier ne se faisait pas en un jour, encore moins dans sa condition. Elle avait effectivement demandé à ce que ses cours soient proches les uns des autres.

— Oui, on m'a assuré qu'ils seraient tous dans le même pavillon. Ils ne sont pas tous sur le même étage, mais je devrais m'en sortir tout de même.

L'avantage avec les cours qu'elle donnait, c'est qu'il n'y avait pas besoin d'installation spéciale, une salle de classe bien simple suffisait. Fort heureusement, ce genre de classe était bien souvent regroupé et à moins d'avoir une classe coincée dans un endroit par manque de place ou pour ne pas savoir quoi mettre d'autres à cet endroit, il avait été simple d'arranger pour que tout soit proche. Après, cela allait pour l'horaire, mais au moins, elle avait assez de temps entre chaque cour pour se rendre d'une classe à l'autre en prenant toutes les précautions qu'il lui fallait.

Elle lui mentionna la « grosse boite » qu'elle avait du contourner sans savoir ce qu'elle pouvait être. Lui-même sembla chercher ce que ça pouvait être. Soit c'était quelque chose de très récent et qu'il ne passait pas par cet endroit pour se rendre à la salle des professeurs, soit c'était quelque chose qui faisait tellement partie du décor qu'il ne le remarquait même plus en passant à côté. C'est probablement cette dernière option qui était la plus vraisemblable et comme de fait, il lui expliqua qu'il s'agissait en fait d'une boîte aux lettres permettant aux étudiants de laisser des messages, lettres, travaux et autres aux personnels enseignants. Elle vit son bras se lever vers un mur et elle tourna la tête, mais outre un mur qui visiblement était gris plutôt que la couleur des autres murs, elle ne discernait pas tant les casiers. Néanmoins, savoir où ils se trouvaient était déjà une bonne indication et elle se déplaça donc prudemment vers les cases, ceux-ci prenant forme tranquillement au fur et à mesure qu'elle approchait.

— Euh oui, je crois bien...

Elle sortit une enveloppe qu'on lui avait remis et senti un petit objet métallique à l'intérieur. Ce devait être la clé qu'elle sortit. Elle s'approcha de lui lorsqu'il mentionna que son casier à elle était déjà présent. Plissant les yeux, elle lisait les noms sur les petites portes avant de trouver le sien.

— Je crois que je vais me mettre un collant fluo dessus pour le retrouver plus rapidement...

Elle fit un petit sourire. Il y avait tant de portes! Avançant tranquillement la main vers la case, elle fit cogner la clé contre la serrure, ayant un peu de difficulté à l'enligner correctement. C'était un bout rond avec de petites encoches qu'il fallait bien enligner avant de tourner. Entêtée, elle finit tout de même par entrer la clé, s'assurer qu'elle tournait bien et ouvrit la case. Il était vide, bien sûr, mais au moins, la clé fonctionnait dedans. C'était mieux de s'en assurer maintenant que plus tard.

Après sa petite réussite, tout en refermant la porte de son casier, elle lui demanda s'il pourrait l'aider à trouver les endroits qui lui seraient utiles dans l'académie. Il accepta et elle lui fit un grand sourire, appréciant son aide. Elle lui remit son horaire tout en remettant sa clé dans l'enveloppe. Elle la rajouterait à son trousseau plus tard. Il lui tendit le bras ce qu'elle accepta. Elle éclata de rire avec lui à la mention du Onizuka Yokuboo tour.

— Ça semble une visite digne des plus grandes expéditions!

Elle était toute petite à côté de lui et plus proche, elle voyait ses cheveux blancs, presque comme les siens, mais beaucoup plus courts. Il était aussi plus grand qu'elle, se demandant pour un peu si les personnes qui les croiseraient ne penseraient pas qu'il promène sa petite soeur. Même petite, elle avait tout de même un visage plus mature que les adolescents. Enfin, c'est ce qu'elle avait l'impression, restait que ses origines asiatiques lui donnaient un air assez jeune.

Il marcha à son rythme, reprenant le trajet d'où elle venait. Il lui présenta alors à la boîte aux lettres, qu'elle put alors mieux discerner, sachant ce que c'était.

— Vraiment? Des cartes de St-Valentin? J'aurais plus tendance à penser qu'ils se les seraient offerts entre étudiants!

Ayame était assez surprise et un peu sceptique. Elle n'était pas ceux qui recevaient un cadeau lors du White Day, mais c'est vrai que plusieurs étudiants venaient de l'international et les coutumes étaient bien différentes ailleurs. Le tour de guide touristique de Kenji amusa Ayame qui lui posait des questions aussi par moment. Elle riait à certains de ses commentaires, hochait la tête à d'autres. Visiblement, elle s'amusait dans cette visite guidée plus qu'elle ne s'y attendait.

— Deuxième fauteuil à droite... C'est noté! Et le café est bon au moins?

Elle lui répondait avec un sourire. Cette visite était beaucoup plus amusante que la première qu'elle avait faite rapidement avec la direction. Il lui demanda pour ses salles cours. Ressortant son horaire, elle l'emmena à une distance assez limite avant que son nez ne touche la feuille..

— Je pense que je vais demander à avoir un horaire imprimé en plus grand. Cette idée de tout mettre en mini caractère...

Elle lui tendit la feuille.

— Je crois que c'est indiqué le pavillon C. les locaux 111, 115 et 218. J'imagine que le 218 est sur l'étage?

Elle savait qu'il y avait normalement une suite logique dans les chiffres des locaux administratifs. Par exemple, les chiffres pairs pour les portes d'un côté et impairs de l'autre.

T'étais plutôt rassuré de voir qu'on lui avait un peu facilité la vie ! Tu te rappelles encore de tes débuts ici à tourner en rond dans les couloirs sans en comprendre la logique... Ce qui était une façon comme une autre de découvrir l'académie hein, pas la plus efficace, ni la plus reposante, et ça ne permettait pas une très grande ponctualité, mais une façon comme une autre ! Enfin c'était sans doute mieux si elle pouvait s'épargner ça, tout le monde n'avait pas le goût de l'errance aléatoire comme toi...

Après vérification, un casier lui avait d'ores et déjà été attribué. Tu t'écartes histoire de lui laisser la place de repérer l'endroit. Tu esquisses un geste pour l'aider avec sa clé mais te ravises en te disant que ce serait sans doute infantilisant et qu'il vaut mieux la laisser faire les choses à son rythme. Tu es à côté après tout, si elle a besoin d'aide, elle te le fera savoir ! Tu lui laisses donc la place et le temps. Et effectivement, elle s'en tire très bien !

"Je pense que l'autocollant fluo c'est une bonne idée oui !"

Simple et efficace comme solution, c'était bien pensé ! Une solution élégante, ça lui allait bien vu le look. En attendant, il était temps de partir visiter le reste de l'académie justement. Histoire de lui permettre de repérer les endroits et ses différents trajets. Tu sors ton plus beau sourire pour l'occasion.

"Ne jamais rater une occasion de faire de la vie une aventure !"

En vrai si, des fois il faudrait les rater les occasions. Sauf que tu peux pas t'en empêcher... faudrait que tu essaies l'ennui un de ces jours quand même, juste comme ça pour voir. On sait jamais ! Mais en attendant, tu te dois d'offrir une aventure à ta nouvelle collègue ! Et tu ne serais pas Kenji Onizuka si tu ne faisais pas le malin pour amuser la galerie ! C'est donc partie pour une visite mêlant informations utiles et petites bêtises rassemblées à gauche à droite...

"Ils se les offrent entre eux aussi, mais on a parfois des surprises. Parfois c'est mignon et parfois... et bien c'est assez malaisant ! J'imagine que c'est un genre de défi... Enfin ça reste ponctuel hein ! Mais ça arrive..."

Ou pas ! Certaines sont sans doute sincères, ce qui est encore plus perturbant ! Dans le fond, il vaut mieux en rire...

"Puis bon, si les étudiants s'échangent des cartes, le personnel aussi... Là dessus, étudiant personnel, même combat !"

Dis-tu en riant. C'était presque même pire chez les adultes ! et ça t'amusait toujours beaucoup, enfin en tout cas jusqu'à ce que ça t'agace. Le côté mignon oui, le côté commérage non. D'autant que ça pouvait tourner au flicage par moment ce qui avait toujours le don de t'énerver. Tu l'avais d'ailleurs fait savoir à l'occasion, ce qui n'avait bien sûr pas participé à te faire une bonne réputation auprès de certains collègues... vraiment, rester entre quatre murs, ça finissait toujours par te rendre irritable. Tu avais certes fait des progrès, mais, tu restais encore beaucoup trop cash pour un monde policé comme celui de l'académie...

"Alors pour le café... et bien ça dépend de qui le fait ! Y a peu de chance qu'on soit dans les mêmes réunions alors je crains de ne pas pouvoir vous renseigner là dessus. Si vous avez un don pour le café, je vous conseille de vous porter volontaire ! En vrai tout le monde a toujours un peu la flemme et personne veut se dévouer. Vous seriez une héroïne !"

Souvent tu te portais volontaire, au moins comme ça ça t'occupait un peu et ça te donnait une excuse pour échapper aux bavardages. Et au moins t'étais sûr que le café était à peu près buvable comme ça !

"Prochaine étape, vos salles de cours !"

Ayame sort son emploi du temps et l'approcha si près de ses yeux que tu comprends d'autant mieux ses difficultés pour se mouvoir dans les couloirs ! En plus oui c'est sûr que c'est pas imprimé bien gros son truc. Elle te le tends et effectivement, tu dois un peu froncer les yeux pour t'y retrouver.

"j'avoue, ça doit être un moyen d'économiser sur les frais. Ou alors ils avaient d'abord recruter une souris mais son carrosse a dû se retransformer en citrouille à minuit.. Tant mieux pour vous, vous avez le boulot ! Par contre vous avez aussi son emploi du temps quoi... C'est donc bien bâtiment C, 218, 111 eeeet 113. Parfait, on va pouvoir prendre l'air un peu."

Le bâtiment C n'est pas bien loin de l'aile administrative, la marche sera donc courte.

"Il y a aussi une passerelle qui relie les deux bâtiments, pratique en hiver ou quand il pleut. On y passera au retour, comme ça vous aurez repéré les deux chemins. Mais il aurait été dommage que vous ne profitiez pas de l'air du dehors ! On passe pile devant la roseraie, à cette heure-là on peut les sentir embaumer l'air. Venez juste trente minutes plus tard et vous croiserez les clubs sportifs qui reviennent de l'entraînement, ça embaume aussi l'air dirons-nous !"

Le bâtiment C est relativement neuf. C'est pas forcément celui où tu donnes le plus souvent cours mais bon, ça devrait pas être beaucoup plus compliqué que les autres... non ? Tu t'arrêtes à l'entrée, juste le temps de regarder autour de toi histoire de chercher un indice.

"J'avais oublié qu'on avait des bâtiments labyrinthe... il est neuf, donc vous allez être tranquille niveau installation et isolation. Par contre, il faut reconnaître que les architectes contemporains ont l'air de penser qu'un bâtiment fonctionnel est un bâtiment ennuyant. Résultat, on se retrouve avec un truc... un peu conceptuel. Du coup, nous sommes dans le hall, il y a des distributeurs sur votre droite, l'accueil du département de littérature pour les étudiants sur notre gauche, et face à nous, deux grands escaliers. Mais pas de panneaux pour nous indiquer de quel côté nous allons trouver les salles 111 et 113. Deux solutions, je peux aller repérer vite fait et redescendre pour vous emmener dans la bonne direction. Ou vous choisissez à pile ou face quel escalier vous voulez grimper et nous partons à l'exploration !"

Le pire, c'est que tout ceci t'inspire grandement...

Ayame eut un peu de difficulté à repérer son casier, mais finit fort heureusement à le trouver et pouvoir l'ouvrir. Au moins, sa clé fonctionnait sans problème. Par contre, avec tous les casiers, cela allait être tout un défi de le repérer chaque jour. Un petit autocollant fluo ne devrait pas nuire à l'intégrité du casier et l'aiderait grandement. Son collègue sembla partager son avis. Et hop! Un article à ajouter dans sa liste de ce qu'elle allait avoir besoin de se procurer pour la rentrée.

Enthousiaste de découvrir les racoins de l'académie, surtout en une compagnie qui s'augurait déjà charmante avec ce professeur, Ayame lui sourit. Déjà pour la jeune femme, sa vision lui créait des aventures assez particulières. Si en plus, on ajoutait les lieux inconnus, cela devenait parfois rocambolesque. Enfin, elle semblait avoir un guide avec qui passer un temps agréable et il sembla avoir le temps pour elle, du moins, il le prit. Ils parcoururent alors les corridors du bâtiment central, revenant sur les pas qu’elle avait déjà faits. Il lui raconta alors l'histoire de la boîte à lettres où parfois, il y avait des courriers « du coeur » pour les professeurs de la part des étudiants. Curieuse de voir ce qu'elle recevrait alors, elle haussa les épaules avec un sourire.

— Eh bien! nous verrons bien en connaissance de cause à ce moment-là. C'est tout de même une belle initiative d'avoir mis ce système en place. Ça peut être plus rapide que d'attendre de rencontrer la personne ou de s'assurer de ne pas se tromper de bureau de professeur en y déposant une lettre. Vous imaginez qu'un étudiant veut dire des mots doux à un professeur, mais se trompe et tombe sur celui qu'il n'aime pas du tout?

Juste à y penser, Ayame avait presque le fou rire. Le genre de situation que cela pouvait provoquer de se tromper d'endroit pour remettre une lettre était toujours assez particulier. Ils continuèrent la route pour passer à côté des salles de réunion. Il lui parla des meilleures places ainsi que du café, proposant même que si c'était elle-même qui le faisait, au moins elle pouvait s'assurer qu'il était buvable, voir même pourrait être la sauveuse de l'équipe. C'est vrai que c'était souvent une tâche que les personnes tentaient de remettre à d’autres et si en plus la personne le faisait correctement, c'était toujours des points supplémentaires pour soi.

— Oh! Je ne crois pas être douée pour le faire à la perfection, mais je suis certaine de réussir à m'en sortir pas trop mal. Je me doute même qu'étant dans les personnes les plus nouvelles à l'académie qu'on s'attende à ce que je le fasse également...

Souvent, il y avait ce principe de hiérarchie non seulement au niveau des postes, mais en plus de l'âge et de l'ancienneté. Après, c'était parfois plus souple, tout dépendant des endroits.

L'étape suivante consistait à retrouver les lieux où étaient situés les locaux dont se servirait Ayame pour enseigner. Au moins, elle avait fait la demande qu'ils puissent tous être dans le même pavillon et cela avait été respecté. Son horaire était écrit en tout petit et bien qu'ayant du mal à lire, ce n'était pas du tout fait pour l'aider. Laissant la feuille à son nouveau collègue, même lui sembla trouver que c'était très petit. Sa blague eut l'effet escompté et Ayame pouffa.

— C'est aussi bien! J'ai entendu parler d'un chat qui se promenait sur le terrain de l'école, il n'aurait fait qu'une bouchée d'un professeur souris!

Il l'informa que le bâtiment C où se trouvaient ses locaux pouvait se prendre autant par l'extérieur que par l'intérieur. Parfaite, ainsi, elle pourrait facilement s'y rendre, peu importe la température.

— En effet, c'est une belle journée aujourd'hui, aussi bien en profiter!

Les conseils de Kenji étaient à la fois instructifs et amusants. Autant qu'il parlait de repères faciles pour elle, comme la roseraie, autant qu'il pouvait mentionner des détails assez aléatoires comme les sportifs passant après leur effort physique. Elle réussit à noter mentalement le chemin entre le bâtiment principal et le bâtiment C. Chemin assez court, mais facile pour s'y rendre, autant dans un sens que dans l'autre. Finalement, elle avait eu de la chance dans ses choix de locaux... Du moins, c'est ce qu'elle pensait jusqu'à ce qu'ils passent l'entrée et que son collègue mentionne presque en soupirant qu'il y avait des bâtiments labyrinthe et que celui-ci en faisait visiblement partie. Il ne manquait plus que ça. Son guide lui décrit alors ce qu'il y avait à l'entrée et elle tourna la tête, repérant les machines distributrices par leur forme presque rectangulaire et les couleurs vives.

— J'imagine que la salle de club de littérature doit être dans le coin de l'accueil aussi? À moins que tous les clubs soient dans un pavillon séparer?

Elle n'avait pas pensé à le demander sur le coup, mais puisqu'elle s'occuperait aussi du club de littérature, ce serait toujours bien de savoir où il se trouvait.

— Voyons, une aventure ne serait pas complète si on ne le fait pas ensemble et qu'on ne se perd pas un peu!

Elle lui fit un sourire. Déjà, elle s'était un peu perdue au départ de cette journée en cherchant le local des professeurs, pour quoi ne pas continuer un peu plus à chercher, au moins, cette fois-ci, elle n'était pas seule.

— Normalement, lorsque les chiffres se suivent, les locaux devraient être l'un à côté de l'autre, mais pourquoi ai-je l'impression que 111 et 113 vont justement être à l'opposé de toute logique?

Enfin, cela, ce n'est que rendu à l'étage qu'ils le sauront. Elle prit un moment pour réfléchir.

— Dans un roman, il y a déjà eu la mention que pour réussir un labyrinthe, il faut toujours tourner à gauche. Alors, tentons l'escalier de gauche pour débuter!

Elle le suivit jusque sur le bord des escaliers. Au moins, il y avait cette petite bande antidérapante sur le bord qui permettait de voir chacune des limites des marches. Se tenant à la rampe, elle put monter sans trop de problèmes. En haut, toujours aucune n’affiche pour indiquer les numéros des salles. Il y avait cependant un babillard.

— Est-ce que c'est pour les étudiants?

"Ça surprend toujours oui. Et effectivement, ce serait assez ironique en effet que la lettre finisse dans le casier exactement inverse de ce que les étudiants auraient voulu... notez que ça ferait sans doute de très bonnes histoires."

Ça ferait sans doute jaser dans les colonnes du blog à rumeurs de l'Académie... t'avais déjà perdu son nom tiens. Pas faute d'y avoir fini plusieurs fois... Mais bon, tu ne portais déjà pas une grande attention aux racontards en salle des profs, c'était pour suivre les histoires que se racontaient les étudiants !

"Je n'ai pas trop fait attention, mais c'est possible qu'on vous refile cette tâche... ça où les photocopies tiens ! D'ailleurs, vous savez vous servir d'une photocopieuse ou on ajoute ça à notre visite des lieux ?"

C'était pas forcément compliqué en soi, mais avec sa vision, la jeune femme aurait peut-être envie de pouvoir repérer les boutons au calme, comme leur emplacement changeait d'un modèle à l'autre, ça pouvait être un peu capricieux... D'autant plus que c'était le genre d'engin qui avait tendance à être capricieux de base ! Alors si en plus vous n'étiez pas complètement sûr du bouton sur lequel vous appuyiez, ça devait pouvoir vite tourner à la catastrophe !

En attendant, il fallait déchiffrer l'emploi du temps d'Ayame afin de pouvoir trouver les salles où elle donnerait cours. Tu chasses cette impression que l'histoire se répète et préfères plaisanter.

"C'est vrai oui ! Je crois que les étudiants l'ont baptisé Salem si ma mémoire est bonne. Si vous avez de la chance on le croisera peut-être pendant la visite. La dernière fois que je l'ai vu, j'ai fait croire à un élève en colle que c'était un fantôme..."

Une blague que vous aviez montée avec Somun. Enfin l'intervention du chat n'était pas prévue ! Mais pour le coup elle avait ajouté un peu de piment à l'événement ! La tête de Somun avait finalement été beaucoup plus impayable que celle de Mathi !

Pas de chance pour vous en revanche, le bâtiment C est un de ces bâtiments labyrinthe... il va vous falloir chercher un peu ! Tu réfléchis, pas bien sûr d'où sont les salles des clubs culturelles, tu as un petit doute.

"Les clubs culturels sont tous rassemblés au même endroit oui. C'est plus simple puisque lycéens et étudiants de toutes les filières peuvent y participer. Ça permet de centraliser et d'éviter que les gens se perdent constamment."

Ne restait plus qu'à décider si tu partais en éclaireur ou non. Mais Ayame se sent d'humeur à partir à l'aventure aussi. Et après tout, c'est bien plus drôle comme ça !

"Sans doute avez-vous cette intuition parce que c'est le bâtiment labyrinthe ! Alors il y a forcément quelques pièges de ce genre en ces murs. Sinon ça ne serait pas un vrai labyrinthe voyons. Heureusement pour nous, je crois qu'ils étaient un peu court dans le budget pour ajouter les pièges mortels en cas d'erreur ! Nous devrions donc ressortir vivant dans tous les cas !"

Qui a dit que la vie de prof ne pouvait pas être aussi trépidante qu'un film d'Indiana Jones ?

"Très bien, à gauche toute alors !"

Que tu ponctues d'une piètre imitation de salut militaire. Direction l'escalier. Tu t'écartes un peu plus, qu'elle puisse avoir la place de bouger tranquillement. Ralentis un peu. Heureusement, encore une fois, c'est un moment calme. Vous pouvez prendre votre temps, personne ne risque de vous bousculer pour monter ou descendre les escaliers. Même toi tu apprécies la balade. Sauf qu'arrivés en haut, toujours pas de flèchage annonçant les numéros des salles dans les couloirs... En revanche, un panneau d'affichage. Tu t'approches un peu, avec un peu de chance, il y aura peut-être un plan.

"Oui c'est pour les étudiants. Recherche de covoiturage, divers annonces pour des petits boulots, quelques événements des clubs et autres associations, des appels à manifester, ce genre de choses quoi. J'avais vaguement espéré un plan mais non ! Alors... on peut aller soit dans le couloir tout droit, qui à première vue mène à des bureaux et des salles. Et un couloir sur notre droite qui mène à un autre couloir. Probablement celui sur lequel on serait tombé si on avait pris l'escalier de droite je dirai. Lequel vous voulez tenter ?"

Alors que les deux professeurs prenaient un malin plaisir à s'imaginer les réactions des étudiants si leurs lettres se rendaient au mauvais destinataire, ils continuèrent la visite guidée des lieux. Bâtiment principal impliquait tous les lieux de base comme les salles de réunions, l'accueil, etc. Il lui donna différents conseils à chaque endroit, lui permettant également de prendre son temps pour bien se repérer et se retrouver dans l’école.

— Les photocopies? Oui, j'ai dû en faire un nombre incalculable de fois. Les modèles changent un peu, mais en général, le bouton d'impression est assez gros et en couleur pour que je le remarque bien. À moins que vous me disiez avoir une photocopieuse dernier cri fonctionnant par commande vocale... Quoique là, je crois que ça serait beaucoup plus facile en fait!

Imaginez, mettre simplement sa feuille et mentionner à voix haute d'en faire 50 copies ou de mettre un document de quatre pages recto verso et simplement dire de reproduire deux fois, brocher, et le tour est joué! Fort probablement par contre que c'est plus qu'un simple soutien administratif qui devra s'en occuper dans les moments où la photocopieuse décide de faire des siennes.

L'horaire d’Ayame était visiblement fait pour une personne ayant naturellement des loupes à la place des yeux. À se demander comment la personne responsable de faire ces documents pouvait ne pas se sentir coupable de remettre un tel papier. La jeune femme parla du chat dont elle avait entendu parler. Ainsi, le félin avait été baptisé par les élèves.

— Salem? Est-ce qu'il ne serait pas noir par hasard? Avec un nom pareil, cela augure bien des mauvais coups!

Elle ne savait pas si bien dire. Par contre, si l'administration permettait la présence du chat sur les lieux, fort à parier qu'il ne devait pas être bien méchant non plus. Elle ria lorsqu'il mentionna qu'il avait fait croire à un fantôme.

— C'est une bonne façon de passer le temps en retenue. Parfois, on peut se demander qui entre le surveillant et les élèves est le plus pénalisé pendant ces moments.

Certains professeurs prenaient un malin plaisir à mettre en retenue les étudiants pour un rien, mais c'était bien souvent une tierce personne qui devait se trouver à surveiller l'étudiant en question. Cela pouvait donner bien des frustrations au pauvre professeur pris entre l'arbre et l'écorce.

Ils étaient rendus au fameux bâtiment C. ainsi, il avait été construit assez récemment, mais d'une façon peu pratique au final. Déjà, ils se heurtaient à un problème de taille : le manque d'affichage. Qui a eu l'idée de faire un immeuble sans clairement indiquer les différents locaux? Bref, alors que le professeur regardait autour, Ayame s’informa concernant les locaux de club. Il ne sembla pas certain, mais sa réponse présentait une logique. En effet, si les cours des lycéens et des étudiants ne se retrouvaient pas du tout au même endroit, les clubs pouvaient facilement se trouver sur un terrain commun. Il ne resterait plus qu'à décider d'un moment pour les trouver à un autre temps. Après tout, elle n'était pas tenue de s'y rendre tous les jours non plus, simplement s'assurer que la gestion du club s'effectuait correctement, répondre à certaines questions administratives de la part de ses membres et valider les présences prises par le président. Plus de gestion que d'enseigner, mais elle avait tout de même hâte de rencontrer ces passionnés de lectures qui étaient bien souvent en dehors de ses cours.

— C'est une bonne idée, après tout, nous avons déjà ce genre de bâtiment pour nous y perdre, pourquoi en rajouter?

Elle lui fit un sourire entendu. Ainsi, ils partaient à la découverte de ce labyrinthe scolaire.

— C'est assez rassurant, il ne faudrait tout de même pas que ces pièges mortels tombent aux mains d'étudiants peu scrupuleux. Ils pourraient facilement tenter de renverser les professeurs et de prendre le contrôle de l'académie!

Alors qu'ils prirent à gauche, ils montèrent l'escalier qui les mena au premier étage, face à deux corridors et un panneau d'affichage. Cependant, la chance n'était pas avec eux puisqu'il n'y avait pas d'indication pour se retrouver.

— Bon, alors ce panneau est pratique pour les étudiants, mais certainement pas pour nous ou pour des gens qui veulent se retrouver.

Reste donc les deux couloirs. L'un qui est rempli de portes à découvrir et l'autre menant à l'autre escalier.

— ah! Cela valait bien la peine de se casser la tête si ce corridor mène à l'escalier de droite! Commençons par celui tout droit, nous pourrons toujours revenir après si l'on ne trouve pas ce dont on a besoin.

Le décor était assez simple, même un peu fade. D'autant plus que des portes, il y en avait, mais rien pour indiquer des numéros de salles, ou autre. En ouvrant les portes, il était évident de savoir si c'était une classe, un bureau ou une salle de réunion, mais aucune description de plus. Il y avait surtout des classes parmi les portes.

— eh bien! On dirait que l'affichage était également une option trop dispendieuse avec les pièges mortels. On tente l'autre corridor?

La visite continue et vous évacuez les problèmes les uns après les autres. Au moins la photocopieuse ne semble pas en faire partie ! Du moins pas plus que pour tout un chacun... engin du démon ! Le temps que tout le monde perdait avec ces trucs-là.... Mais c'était quand une étape de moins sur votre visite en attendant.

"C'est effectivement un chat noir. Mais je ne sais pas s'il est régulièrement impliqué dans des rituels de sorcellerie. il faudrait se renseigner auprès des étudiants !"

Mais tu ne serais pas surpris ! Il y a bien des étudiants pour faire des trucs chelous, et Salem est plutôt du genre à aller réclamer affection et sandwich au thon auprès de n'importe qui alors après tout... ce n'est pas complètement impossible !

"Ha ça... c'est encore pire que le café ! Les profs et les surveillants se passent régulièrement la patate chaude pour pas se retrouver à surveiller les colles. C'est effectivement pas le truc le plus passionnant du monde. Mais ça peut être drôle à l'occasion..."

Ça te retombait d'ailleurs régulièrement sur la tronche. T'avais fini pas t'y faire. C'était effectivement pas ce que tu préférais, mais c'était pas le pire moyen d'obtenir que tes collègues te fichent la paix ! D'une certaine façon, c'était aussi le bon endroit pour comprendre ce qui travaillait les étudiants. Pas complètement du temps perdu non plus donc.

Rendus dans le bâtiment labyrinthe... et bien vous voilà face au labyrinthe. Et franchement, tu sens venir la galère inutile ! À croire qu'il n'y avait plus de budget pour des panneaux indicateurs... T'étais bien content d'être cantonné au lycée à bien y réfléchir ! Tu ris à la remarque d'Ayame.

"C'est vrai ! Si on avait mis des pièges, on aurait pris le risque de donner les outils d'une guerre prof contre étudiant ! Y aurait de quoi faire un Battle Royal, je ne suis pas sûr que ce serait l'idée du siècle !"

Ce serait sans doute drôle, enfin pas longtemps... enfin c'est surtout qu'un Battle Royal, c'est ce qui t'attend la semaine suivante, alors tu apprécierais quand même pas mal que ton lieu de travail ne devienne pas une énième arène de combat...

"Oui les panneaux d'affichage sont en général à destination des étudiants. Nous on est censé avoir toutes nos infos en salle des profs. Exception faite du plan des locaux... faudrait leur suggérer que ça serait des documents utiles à fournir aux nouvelles recrues !"

Parce qu'en attendant... vous vous retrouviez à tourner en rond comme des crétins dans les couloirs, à ouvrir les salles au pifomètre histoire de voir ce qu'il en était. Mais même les salles n'étaient pas étiquetées. Sans doute un couloir dédié à une fonction particulière qui ne parlait qu'aux habitués du bâtiment. Voilà qui ne vous aidait pas beaucoup !

"On tente l'autre corridor oui ! De toute façon c'est pas comme si nos options étaient illimitées..."

Retour en arrière donc, destination l'autre corridor.

"Vous connaissez les livres dont vous êtes le héro ? C'est un genre d'aventure et le lecteur doit faire un choix, en fonction du choix qu'il fait, il avance dans l'histoire de façon différente. Beaucoup de ses histoires étaient de vrais labyrinthes et mieux valait dessiner un plan dès le début sinon vous n'arriviez jamais à la fin de l'histoire..."

Tu papotes, tout en regardant autour, la situation te paraissant de plus en plus absurde. Comment ça se fait que le numéro des salles passées ne soit même pas indiqué ? Enfin, ça ne servirait sans doute pas à grand chose de penser à ça...

Rendus dans le couloir de droite, tu continues de regarder partout au tour. Et pour le coup, le couloir de droite n'a rien à voir avec celui de gauche ! Pour le coup, on dirait presque qu'un arc en ciel a vomi dans le couloir. L'endroit a été complètement redécoré, des fresques ornant les murs. Et là, on peut voir le numéro des salles !

"Ha, ceci explique peut-être cela... apparemment l'endroit a été pris d'assaut par les étudiants d'arts plastiques qui ont complètement redécoré les lieux. Possibles qu'ils aient enlevé les plaques dans le couloir précédent pour faire la même chose... Alors, voyons. Nous y voilà ! Les salles 111 et 113, terminus, tout le monde descend ! AU moins on ne va pas tourner en rond jusqu'à ce que mort s'en suive. Le décor est plutôt chouette pour le coup."

Il ne manquerait plus que ça que les étudiants fassent des rituels de sorcelleries avec un chat noir! Il y avait quand même plus de chances que le chat soit adepte des souris dans les sous-sols de l’école et de l'attention que pouvaient lui donner les étudiants.

Après avoir fait le tour du bâtiment principal, des tâches de préparation de café et des problématiques qu'une imprimante peut provoquer, ils s'étaient rendus dans le bâtiment C où avaient lieu les cours donnés par Ayame. Manque de chance, ce bâtiment était un gros n'importe quoi, question orientation. Un manque d'affichage et de plan flagrant les avait fait galérer dans les couleurs de l'immeuble. Au moins, pas de piège, même les escaliers avaient au moins la bande antidérapante classique si salvatrice pour Ayame.

— Pour un peu, j'aurais cru que même les marches auraient été complètement unies! Ça m'aurait embêtée, avec ma vision, je n'aurais même pas remarqué la différence entre chaque marche!

Prenant son temps tout de même pour monter, Ayame arriva sans soucis en haut des escaliers pour s'apercevoir que les troubles n'en étaient pas finis pour autant. Il y avait bien un panneau, mais rien pour les aider. Par contre, elle apprit qu'il était présent pour les étudiants. Elle hocha alors la tête.

— Oui, je crois que ça vaut la peine de mentionner, chaque nouveau prof devrait avoir un plan et un horaire avec une police de caractère plus lisible que des pattes de mouche!

Après tout, nous étions rendus à l'ère de l'informatique! Cela permettait justement d'avoir un texte écrit correctement et lisible plus facilement que de le faire à la main. Ça restait vraiment étrange ce corridor pratiquement nu, avec des salles vides d'identité.

— On peut toujours redescendre et sortir, mais cela ne nous avancerait pas tellement.

Prise deux avec le nouveau corridor. Il lui mentionna les livres dont vous êtes le héros, ce qui attira un sourire sur le visage d'Ayame.

— Oh oui! La première fois que j'en ai lu un, ça m'a pris un moment pour réaliser comment ça fonctionnait. Je n'avais pas compris que je devais changer de page à la fin d'une partie pour me rendre à un numéro. L'histoire n'avait ni queue ni tête!

C'est ce qui arrive quand on ne prend pas la peine de lire la préface d'un livre qui explique comment il fonctionne. Après tout, c'était un fonctionnement assez différent par rapport à tous les autres livres. Alors qu'ils parlaient de littérature, un sujet qui visiblement passionnait la jeune femme, ils se retrouvèrent dans le nouveau corridor. Après un nouveau tournant, Ayame fut abasourdi par l'explosion des couleurs dans ce nouveau lieu. Là, pour avoir des repères, elle en aurait.

— Mais qu'est-ce qui s'est passé...?

Alors là, des numéros de salles à côté des portes, il y en avait, par contre, ça serait plus pratique pour elle de retenir la pointe rouge de l'arc-en-ciel et le troisième nuage comme repère pour les portes.

— C'est très vivant, mais j'avoue que je ne m'attendais pas du tout à ça! Par contre, c'est une bonne façon d'investir les étudiants en art. Vous croyez que c'est un de leurs travaux de fin d'année?

Juste dans un coin, une boite avec les numéros et affiches pour le corridor précédent gisait. Ainsi, il y avait bien des numéros, mais il avait été enlever le temps que la peinture se fasse.

— Effectivement! Nous avons au moins fini par trouver! Merci beaucoup de votre aide, vous me montrez ce corridor interne pour revenir au bâtiment principal? Après, je vous laisse à vos projets, je vous ai déjà trop retenu.

Elle lui fit un sourire sincère. Finalement, elle se sentait parée pour sa première année comme professeur à Yokuboo.

Tu ris gentiment.

"Effectivement, si vous l'avez lu de la première à la dernière page, ça devait être terrible ! Ceci dit maintenant j'ai envie de voir ce que ça donne par pure curiosité. Vous m'avez donné envie de tester ! Je devrais voir si on peut trouver un de ces livres, je vous dirai ce que ça donne !"

Ça t'occuperait. Enfin quand t'aurais du temps. T'allais bien en avoir un peu à un moment non ? De toute façon c'est pas comme si en vrai t'allais être capable de te concentrer sur quoi que ce soit d'ici à la semaine prochaine... alors pourquoi pas lire un livre dont vous êtes le héro de la mauvaise façon ?

Arrivés dans le second couloir, la situation prend enfin son sens. Tu ne sais pas trop ce qu'Ayame peut en percevoir, mais la décoration est tellement haut en couleur que même avec sa vision limitée, elle doit pouvoir en percevoir un peu.

"J'imagine que c'est leur oeuvre oui. C'est une bonne façon de les intégrer à la vie de l'Académie je trouve. Et c'est bien plus chouette que les couloirs tristes de mon bâtiment. Je serai presque jaloux ! Enfin comme ça, ça vous évitera d'avoir à utiliser un de vos autocollants pour la porte de vos salles de cours. D'autres l'ont fait pour vous !"

Et plutôt bien. Même si effectivement ce n'est pas très pratique pour les numéros. Mais sans doute que d'ici à la rentrée, tout sera remis en place, une fois que les élèves auront fini de redécorer les lieux. Au moins ça donnera des points de repère clairs à ce bâtiment de l'enfer !

"On va faire ça oui. Prière de bien garder les bras et les jambes à l'intérieur du véhicule, nous amorçons notre descente vers la terre ferme !"

Juste le temps de retrouver le bon couloir, celui qui mène à la passerelle... heureusement pour le coup, rien de très compliqué. La passerelle vous ramène donc assez rapidement au bâtiment administratif.

"Nous voilà à nouveau devant la fameuse boîte aux lettres magiques. Il faudra sans doute attendre encore un peu avant qu'elle ait des choses pour vous, mais ça ne saurait tarder !"

Encore quelques pas et quelques commentaires à la noix, et vous voici bien revenus au point de départ. La salle des profs.

"Nous voici de retour à la salle des profs. Vous m'excuserez, je vais devoir vous laisser là. J'ai encore quelques petites choses à terminer avant de partir... Mais si jamais vous avez besoin de quelque chose vous savez où me trouvez ! Au pire, vous n'aurez qu'à laisser un mot dans mon casier !"

Tu la salues en souriant avant de retourner vers ton bureau les mains dans les poches. Arrivé devant celui-ci, tu soupires, soudain revenu à la réalité de ta propre situation. Fin de l'agréable diversion, retour dans le vrai monde. Et en plus, cet abruti de bureau n'a pas eu le bon goût de continuer de se ranger tout seul ! Tu t'assoies, soupirant à nouveau. C'est reparti pour le tri, en tâchant de ne pas trop penser à ce qui arrive. D'ailleurs, laisser Ayame en lui parlant de la rentrée te semble soudain bien vide, comme une promesse en l'air. Espérons juste qu'effectivement, tu ais l'occasion de la recroiser !