Cela fait déjà quelques jours que les médias en parlent : un typhon a commencé à se former et se rapproche de plus en plus de la ville de Nara. Vous en avez entendu parler, forcément, mais jusqu’à présent, les médias n’évoquaient que quelques alertes au niveau de la pluie et du vent. Pas de quoi s’alarmer selon eux, et puis, le Japon est de toute façon connu pour avoir de bonnes infrastructures permettant d’éviter le pire. La vie a suivi son cours, jusqu’à ce jour fatidique : le jeudi 25 juillet.

Le matin-même, les avertissements étaient toujours de rigueur. Le vent était fort et la pluie battante. Pourtant, aucune activité n’avait été suspendue : les commerces étaient toujours ouverts et les cours étaient toujours dispensés. Toutefois, la violence de ce typhon, que tous avaient sous-estimé, redoubla d’intensité aux alentours de 16h00. Le vent se fit bien plus violent et la pluie torrentielle. Forcément, si vous étiez en extérieur, vous avez cherché à vous abriter dans le bâtiment le plus proche. Si vous étiez déjà en intérieur, vous avez très certainement sursauté en entendant ce déluge frapper les murs de votre abri. Et même si le Japon est habitué à subir de plein fouet ces aléas météorologiques, la surprise engendrée par cette soudaine hausse de violence des éléments a réussi à toucher absolument tout le monde, surtout à cause de cette coupure brusque du courant.

La ville de Nara se retrouve donc entièrement plongée dans le noir, les nuages obscurcissant bien trop le ciel pour laisser passer un quelconque rayon de soleil. Vous ne savez pas si ce typhon va réussir à causer de gros dégâts, mais vous ne pouvez pas ignorer sa violence actuelle. Vous êtes à présent coincés dans votre abri, en compagnie d’une autre personne mais… pour combien de temps ? Et à quel prix ?


Vous vous retrouvez coincés tous les deux dans le secrétariat, au bureau de la scolarité. Dans le couloir, les gens courent et le bruit des pas rebondit sur les murs. Vous distinguez autour de vous les piles de dossiers qui tremblent à chaque secousse. Aussi soigneusement rangées soient-elles, dans l’obscurité, elles prennent soudain un effet massif, comme si chaque vibration était l’annonce d’un monde prêt à s’écrouler.


Pour cette première étape, vous pourrez décrire votre arrivée dans ce lieu, votre ressenti, discuter avec votre binôme et commencer à analyser la situation. N’oubliez pas que le courant est coupé dans toute la ville et qu’un typhon fait des ravages à l’extérieur. Vous ne pourrez donc pas sortir du bâtiment, ni du lieu actuel pour le moment (on vous a conseillé à tous de rester bien à l'abri dans la pièce la plus proche de vous au moment de cette hausse de violence du typhon).

Cette étape se déroulera du 25 juillet au 7 août, période pendant laquelle vous devrez poster obligatoirement un rp de 400 mots minimum (sinon, l’évent se poursuivra sans vous). Vous pourrez poster autant de fois que vous le voulez avec votre binôme pendant cette étape, le PNJ se réservant le droit d’intervenir plus tôt que prévu si jamais vous entreprenez certaines actions (n’hésitez pas à en faire surtout, on vous demande juste de ne pas sortir de la pièce pour le moment !). Amusez-vous bien !

Dai n'aimait pas ce temps. C'était un temps qui foutait le bazar dans une journée bien organisée. Et puis il était impossible de garder quoi que ce soit bien propre et net avec un vent pareil ! Vous aviez beau vous coiffer du mieux possible le matin, vous arriviez au travail avec les cheveux tout chiffonnés et ne ressemblant plus du tout du tout à ce qui était prévu ! C'était vraiment pénible. Prendre un parapluie n'était pas non plus une solution, le vent finissait par vous arracher le parapluie des mains. (pas très poli le vent quand même)

Finalement la seule solution c'était de marcher bien à l'abris dans un épais cawai, la capuche serrée au maximum sur la tête. Ça lui donnait l'air d'un petit champignon pas frais.... mais au moins il ne finissait pas complètement détrempé !

Ceci dit, il n'arrivait pas de très bonne humeur au travail. Avec le vent, impossible de venir à vélo, si bien qu'il avait dû prendre le bus. Avec tous ces gens qui ne respectaient pas les règles de politesse les plus élémentaires ! C'était proprement insupportable. Avec un temps pareil, tout le monde dégoulinait de partout. Ça faisait des flaques dans les allées du bus, et pire ! Ça trempait les sièges pour les prochains arrivés... c'était en tout point désagréable ! Qui plus est, il n'aimait pas vraiment se retrouver dans une telle proximité avec ses semblables.

En plus de cela, il n'avait pas pu s'entraîner à skater de la semaine ! Vraiment, cette histoire de typhon, c'était pas cool du tout.

Résultat, il arrivait au travail tout ronchonchon. Il grognait encore plus que d'habitude. Aujourd'hui, que le temps était encore plus violent que les autres jours, son bureau était calme. Et tant mieux ! Les étudiants étaient comme les passagers du bus, ils mettaient de l'eau partout et mouillaient les sièges. Alors même qu'il y avait un porte manteau exprès ! et un range parapluie ! et des sopalins à disposition pour essuyer sa chaise rapidement en partant si besoin ! Maudits étudiants.

Au moins, cela lui avait laissé le temps de ranger tranquillement son bureau. Il avait pu faire des piles de dossier bien propres et ordonnées. Avait remis chaque document à sa lace. Fait le plein des pots à crayons (les étudiants s'acharnaient à partir avec comme si on était au fast food !). Si bien que tout était parfait quand un étudiant entra. Une fois présenté, il se rappela rapidement.

"Ha oui, vous m'aviez contacté pour un aménagement de votre cursus en qualité de sportif de haut niveau c'est bien ça ?"

Ils avaient pu discuter un peu par mail et Dai avait pu lui expliquer les pièces à ramener pour constituer son dossier. Kyojiro avait l'air d'un étudiant sérieux, apte à suivre les consignes, ce qui était tellement appréciable ! Voilà qui faisait un bien fou ! Il sortit donc un formulaire d'un des tiroirs de son bureau et le tendit au jeune homme.

"Le temps que vous remplissiez ça, je vais vérifier les documents que vous avez apportés si vous le voulez bien. Et bien sûr si vous avez des questions, n'hésitez pas !"

Il avait à peine eu le temps de récupérer les documents que Kyojiro lui tendait qu'on annonça soudain que tout le monde devait se mettre à l'abri dans l'endroit le plus proche. Bon, en soi, il était déjà à l'abri... il eût toutefois un mouvement de panique quand il entendit la cohue dans les couloirs. S'il ne faisait rien on allait envahir son bureau telles des hordes de wisigoths ! Il se leva rapidement et alla fermer la porte de son bureau tout aussi rapidement. Il y avait largement assez de salles pour s'abriter ! On verrait après si vraiment il y avait besoin de plus... Il soupira violemment et soudain, le courant fût coupé.

"Maudit typhon !"

Vraiment. Maudit typhon !

"Saleté de temps pourri ! C'est pas possible ça !"

Oui, Dai était du genre à râler après la pluie. Ça ne servait à rien, on lui avait déjà dit, mais il ne pouvait pas s'en empêcher... Il soupira lourdement et se massa les tempes.

"C'est sans doute mieux si vous n'essayez pas de remplir le formulaire dans le noir, vous allez en mettre partout..."

Il réalisa soudain que le pauvre étudiant n'avait rien fait non plus, et était sans doute tout aussi embêté que lui face à la situation. Il tâcha de se radoucir.

"Au moins on est à l'abri. Il faut juste essayez de ne rien... faire tomber..."

Oh merde... lui qui avait tout rangé... finalement il y avait peut-être des raisons de paniquer un peu...

Le seul truc qui dérangeait vraiment Kyojiro avec ce mauvais temps, c’était le fait de peut-être se retrouver avec les affaires de son sac complètement trempées. Lui, il s’en moquait un peu. Mais ses précieux cours… Et surtout, tous ces documents qu’il avait dû récupérer pour constituer CE fameux dossier ! Le kendoka était même particulièrement content malgré le mauvais temps qui sévissait là-dehors : s’il avait à compléter ce dossier, c’était parce qu’il avait réussi à se hisser à la première place du classement national de kendo ! Il était tellement fier ! Et il se doutait qu’Okita, où qu’il puisse être, si jamais il en avait vent, serait lui aussi très fier de lui. Cette pensée le rendait tout léger alors qu’il quittait le bâtiment de l’université à la fin des cours pour partir en direction du bâtiment administratif. Certes, il était heureux, mais Kyojiro ne pouvait pas non plus s’empêcher d’être un peu embêté par la situation. Déjà, cette immense victoire lui valait d’attirer l’attention de toutes les personnes qui s’intéressaient au kendo. Et comme si ça ne suffisait pas, ce statut de premier national lui valait de devoir demander des aménagements au niveau de son emploi du temps pour pouvoir passer un peu plus de temps à s’entraîner afin de préparer les matches à venir. Comme à son habitude, tout ce que le kendoka ressentait était plein de contradictions.

Quoi qu’il en soit, ce fut finalement avec son sac de cours bien planqué sous son t-shirt que Kyojiro courut comme un dératé en direction de son point de rendez-vous : le bureau de la scolarité. L’étudiant arriva rapidement à destination, mais il était quand même complètement trempé. Frappant poliment à la porte, il attendit qu’on l’invite à entrer pour s’incliner en avant et se présenter, hochant doucement la tête quand l’homme face à lui voulut s’assurer de bien se souvenir de la raison de sa venue.

« M-Merci beaucoup… Je… J’espère qu’il ne manque rien. »

Kyojiro laissa un instant le formulaire sur le bureau, le temps de sortir les documents demandés de son sac. Comme le kendoka était quelqu’un d’on ne peut plus sérieux, tout était soigneusement rempli et il ne manquait aucun document. Il s’était assuré que tout était okay en relisant le papier qui recensait tous les documents à fournir au moins 10 fois. Son problème suivant, après avoir donné tous les papiers au responsable, fut son arrière-train complètement trempé. Il allait mouiller la chaise s’il s’asseyait dessus ! Du coup, il préféra poser son sac de cours au sol, après avoir attrapé un crayon dans sa trousse, et il se pencha sur le bureau pour pouvoir commencer à remplir ce nouveau formulaire en restant debout.

Et à peine Kyojiro eut-il posé la mine du crayon en haut de la feuille pour remplir le premier champ, qu’un message d’alerte générale fut diffusé dans les haut-parleurs, conseillant à tous de rester bien à l’abri. Cette annonce était surprenante, surtout que, jusque-là, personne ne s’était inquiété du typhon, mais… Elle avait été tellement soudaine que le kendoka avait sursauté et sa main avait dérapé sur toute la longueur de la feuille, la barrant d’un grand trait qui termina sa course… sur un petit bout du bureau du gestionnaire. Oops… Kyojiro fixa cette rature avec effroi pendant que l’adulte se jetait presque littéralement sur la porte de son bureau pour la refermer. Wow… Cette réaction avait été tellement impulsive que ça avait encore tiré le kendoka de sa torpeur ! Il tourna vivement sa tête vers le gestionnaire, mais il fut parfaitement incapable de le distinguer puisque la pièce fut soudainement plongée dans le noir suite à une coupure de courant. Kyojiro avait toujours son crayon dans une main, l’autre tendue timidement vers les mouchoirs à disposition pour essayer de réparer sa bêtise. Du coup, en entendant l’homme pester contre l’univers tout entier alors que la panique faisait rage dans les couloirs, Kyojiro se figea. Oui, il valait mieux ne pas poursuivre avec ce formulaire et oui, il valait mieux ne plus bouger du tout. Il avait bien vu toutes les piles de papiers un peu partout et si jamais il faisait un mouvement brusque dans la mauvaise direction… Non, non, non, il ne voulait pas s’attirer davantage les foudres du gestionnaire !

« O-Oui… J-Je… Hum… E-Est-ce que vous avez de quoi é-éclairer un peu ? »

Non, parce que là, Kyojiro était en mode statue de cire, mais il commençait sérieusement à ne plus être très à l’aise.

« J-Je… J’ai peur de bouger et de t-taper dans v-vos dossiers… »

Sauf que, forcément, pile à ce moment-là, un gros coup de tonnerre retentit et le fit de nouveau sursauter, sa main attrapant les fameux mouchoirs à la volée. Mais son mouvement brusque fit qu’il heurta une pile de documents... Les yeux écarquillés et fixés sur cette pile qu’il arrivait à distinguer faiblement dans la pénombre, Kyojiro eut l’espoir que la regarder aussi intensément pourrait réussir à l’empêcher de vaciller davantage mais… Non ! Il préféra se jeter dessus pour couvrir la pile de tout son corps afin de la retenir. Bon, déjà, les documents n’étaient pas tombés et n’étaient pas totalement mélangés. Par contre… Ils allaient sans doute être un peu trempés… Le gestionnaire allait péter un câble ! Le kendoka n’osait plus du tout bouger, préférant faire le mort sur la pile de dossiers en attendant la sentence de l’adulte.

Ok il avait réagi un peu brusquement... Un petit coup de panique. Ça arrivait de paniquer des fois. Il en avait marre qu'on vienne lui gâcher son travail comme ça tout le temps parce que c'était moins vendeur que celui des profs. Comme s'il se la coulait douce dans son bureau à regarder les aiguilles défiler ! Non, non non non ! Il travaillait dur et la plupart des gens de l'académie ne respectait pas le mal qu'il se donnait. Alors quand il avait entendu l'annonce disant qu'il fallait s'abriter... il avait réagi au quart de tour, parce qu'il savait bien que si on devait s'abriter dans son bureau, tout le travail de sa semaine en serait gâché et personne ne viendrait l'aider à ranger !

Sauf que maintenant qu'il était en train de pester devant la porte et que la lumière s'était éteinte, il se rendait bien compte qu'il avait été injuste... Après tout, c'était un typhon, alors il était normal d'abriter les gens non ? On allait pas les laisser galérer dans la tourmente, même si ça voulait dire qu'ils allaient rentrés trempés et complètement paniqués... D'autant que l'étudiant qu'il recevait en rendez-vous était pour une fois tout ce qu'il y a de plus respectueux ! Alors vraiment, ce n'était pas juste de lui avoir crié dessus.

Il prit une grande inspiration et s'apprêtait à s'excuser, mais quand il ouvrit les yeux, il distingua un drôle de spectacle dans la pénombre du bureau : l'étudiant était à moitié allongé sur une pile de dossier sur son bureau, tâchant visiblement de l'empêcher de tomber... mais gouttant dessus au passage ! Les dossiers allaient être tout humides ! Cela ferait mauvaise impression et entacherait grandement la réputation de sérieux qui était la sienne !

Sueur froide
Fallait-il prendre le risque que l'étudiant fasse tomber la pile ?
Ou bien fallait-il laisser les dossiers se détremper ?

Il murmura alors à l'étudiant, comme si la force de sa voix risquait d'empirer encore la situation.

"Surtout, ne bougez pas... je vais... trouver de la lumière... puis une solution à cette... fâcheuse situation..."

On aurait surtout dit qu'il parlait à une bête enragée susceptible de lui sauter au visage.

"Surtout... pas de geste brusque ! Vous allez voir, nous allons nous en sortir..."

Son manteau ! Dai était un employé sérieux qui ne gardait pas son portable constamment sur lui durant les heures de travail comme d'autres le faisaient pour regarder Facebook en cachette toutes les cinq minutes ! Pour une fois, peut-être que cette infraction au règlement aurait été utile... mais au moins, il était sûr qu'il y avait de la batterie dans son téléphone. Par chance, le porte-manteau était à proximité de la porte, endroit le plus logique pour installer un porte-manteau ! Il savait exactement dans quelle poche chercher, l'organisation de ses poches étant absolument irréprochable.

Une fois le téléphone en main, Dai put éclairer le jeune homme pour mieux comprendre la situation.

"Tenez encore un instant ! Je vais chercher de quoi faire presse papier !"

Mais à première vue, il n'y avait que des piles de dossiers... et il n'allais pas bloquer une pile de dossiers en se servant d'une autre pile de dossiers ! Ça n'aurait eu aucun sens... il fallait qu'il trouve autre chose... non ! il fallait réduire le risque de chute !

"Voilà le plan jeune homme. Je vais maintenir la pile, vous allez pouvoir vous redresser. Je vous demanderai alors de bien vouloir prendre la moitié supérieur de cette pile pour la mettre à côté. Deux piles plus petites devraient avoir moins de chance de tomber. Vous avez compris ?"

Cette stratégie semblait en tout point parfaite ! Il posa son portable sur le côté du bureau de sorte qu'ils pouvaient tous les deux voir à peu près ce qu'il se passait. Dai mit ses mains des deux côtés de la pile pour la maintenir.

"Je suis en place ! Vous pouvez maintenant vous relever !"

Tout allait bien se passer !

Cette situation semblait complètement irréelle… Un typhon violent faisait rage à l’extérieur et… Kyojiro était bien plus en train de paniquer à cause de la pile de dossiers qui se retrouvait sous lui ! Le kendoka avait peur de bouger, peur de détruire des heures et des heures de travail à cause de sa maladresse. Surtout que bon, le gestionnaire n’avait pas l’air d’être dans les meilleures dispositions pour affronter un drame aussi terrible ! Et si Kyojiro devait rester enfermé avec lui pendant plusieurs minutes, voire plusieurs heures, voire pire, autant ne pas aggraver la situation, non ? Faisant le mort sur la montagne de dossiers, l’étudiant demanda alors à l’adulte s’il avait de quoi les éclairer. Ça serait bien pratique pour réussir à délimiter l’espace dans lequel il pouvait bouger librement sans risquer de faire une bêtise !

« D-D’accord ! J-Je… Je ne bouge plus… »

Kyojiro parlait tout bas lui aussi, complètement absorbé par l’atmosphère oppressante de cette mission qui risquait de mettre leur vie à tous les deux en danger. Le kendoka tint bon le temps que le gestionnaire parvienne à trouver LA solution, expliquant son plan le plus sérieusement du monde à l’étudiant qui continuait de rester parfaitement immobile, soulagé de pouvoir enfin profiter d’un peu de lumière grâce au portable de Dai. La rigueur du kendo l’aidait beaucoup pour le coup ! Kyojiro avait tout écouté super attentivement, complètement happé par l’atmosphère à la Mission Impossible qui s’instaurait soudainement. Il ne manquait vraiment plus que la musique en fond pour que cette scène soit digne des meilleurs films de James Bond !

L’opération « déminage » pouvait commencer maintenant que le gestionnaire était en position. Kyojiro lui lança un petit regard, juste pour s’assurer que le moment était vraiment le bon, puis comme si on lui criait un « GO ! GO ! GOOOOO ! », il se releva prestement avec la partie supérieure de la pile de dossiers qu’il avait gardée bien précieusement contre son torse. Une fois redressé, il s’empressa de reposer la pile juste à côté de la partie que tenait toujours Dai entre ses mains, avant de vraiment finir par la détremper. Chose faite, il se redressa en laissant s’échapper un profond soupir de soulagement, alors qu’il venait passer son avant-bras et le dos de sa main sur son front. MISSION COMPLETED ! Un petit sourire aux lèvres, Kyojiro se tourna vers le gestionnaire avec un regard tout fier. Ils avaient réussi ! Ils avaient sauvé les dossiers !

« O-On… On a réussi ! Je… Je suis désolé, je… J’espère que les premiers dossiers ne seront pas t-trop… trempés… »

Dire qu’il avait absolument tenu à ne pas s’assoir pour ne pas tremper la chaise… Il aurait préféré que ce soit la chaise qui subisse, plutôt que ces pauvres dossiers ! D’ailleurs…

« V-Vous… Vous ne pensez pas qu’il v-vaudrait mieux… Sécuriser t-toutes les autres piles ? Je… Je ne sais pas trop combien de temps t-tout ça va durer mais… Je… Je ne voudrais pas que v-votre travail soit réduit à néant p-par… par ma faute. »

Ahwn… Qu’il était dévoué ce petit Kyojiro ! Il s’inquiétait tellement plus du boulot de Dai que du typhon qui sévissait là-dehors ! Non, vraiment, cette situation était complètement irréelle…

Certes, l'étudiant avait mouillé le haut de la pile, mais Dai ne pouvait qu'admettre qu'il essayait vraiment de l'aider. Il avait compris le plan rapidement, et mieux que ça, l'avait appliqué à la perfection ! Il lui en était vraiment reconnaissant. Au point que quand l'étudiant parvint à sécuriser la pile en la dédoublant, le gérant soupira de soulagement. Une fois sûr que la pile qu'il tenait encore était bien sécurisée, il se redressa, et s'inclina devant l'étudiant.

"Je vous remercie vivement de votre aide et de votre collaboration !"

Il inspecta rapidement les premiers dossiers. Celui sur le haut de la pile avait vraiment souffert, il craignait un peu de ne pas pouvoir le récupérer... Heureusement, c'était le dossier d'un étudiant beaucoup moins sérieux que celui avec qui il se retrouvait coincé dans son propre bureau ! Le dossier comptait plus de documents manquants que de documents présents. Il pourrait toujours demander à la personne concernée de ramener de ramener les quelques pièces déjà présentes, ça lui ferait les pieds !

La suggestion de l'étudiant en revanche lui parût extrêmement judicieuse. Il avait raison ! Le problème risquait de se reproduire, d'autant qu'ils ne savaient pas combien de temps ils allaient rester coincés là... S'il y avait d'autres secousses, un drama pourrait bien se produire !

"Oh ! Vous avez raison ! Vous faîtes preuve d'une incroyable vivacité d'esprit ! Il faut juste que je réfléchisse à un nouveau plan..."

Dai récupéra son téléphone pour éclairer les alentours. Il fallait éviter les secousses au maximum, c'était ça qui risquait de faire s'écrouler les petits édifices de papier qui peuplaient l'environnement du gestionnaire. Donc il fallait déposer les dossiers sur le sol, tout en trouvant une zone dans laquelle ils ne risquaient pas de cogner, sinon, cela reviendrait au même.

"Il faudrait que l'on dépose les dossiers par terre pour éviter les vibrations. Le coin près de la fenêtre me semble le plus approprié pour cela, comme ça nous ne taperons pas dedans. Nous allons donc les déposer dans le coin, doucement."

Il fit une pause, promenant la lampe de son portable partout autour. Il manquait quelque chose... mais quoi ? Il fallait une sécurité... oui c'était ça ! Quelque chose qui pourrait presse-papier ! comme ça les dossiers seraient maintenus !

Pourquoi est-ce qu'il fallait que son bureau soit aussi bien rangé et surtout dénué d'objets inutiles ??? Il regrettait presque de ne plus partager son bureau, au moins les collègues avaient toujours de ces cadres ridicules avec des photos d'enfants et animaux... comme si elles allaient oublier à quoi ils ressemblaient pendant les quelques heures passées au bureau ! La lampe éclaira finalement le coin du porte-manteau. Son skate ! Il était plat, lourd, et parfaitement sec ! Il n'avait pas pu roulé avec depuis deux jours, et pour cause, les vents étaient devenus trop violents, ce qui l'avait condamné à le laisser là en attendant. Il attrapa donc son skate et eut au passage une autre idée.

"Je pourrais ensuite poser ça dessus pour être sûr que les piles sont correctement maintenues. Et ensuite, je recouvrirai le tout de mon manteau. Au cas où une fenêtre aurait la bonne idée de s'ouvrir, vous comprenez ? Je ne suis pas sorti depuis ce matin, il a eu le temps de sécher."

Il regarda à nouveau l'étudiant, et les yeux plein d'espoir lui demanda.

" Je suis désolé d'abuser ainsi de votre présence... mais... Vous êtes toujours avec moi sur ce coup-là ?"

Dai était presque content de l'avoir avec lui, même s'il avait fait une bêtise en mouillant ses dossiers, il était d'une aide précieuse ! Être colérique ne l'empêchait pas de reconnaître quand il s'était trompé... et pour le coup, il était vraiment reconnaissant !

Inutile de dire que Kyojiro avait été grandement soulagé de voir qu’il avait réussi à mener sa mission à bien, sous les félicitations du gestionnaire qui en profita pour faire une petite inspection du dossier du haut de la pile, celui qui avait vraisemblablement le plus souffert. Porté par cette petite vague de fierté qui lui réchauffait le cœur malgré le temps affreux qui sévissait dehors, le kendoka se risqua alors à faire une proposition à l’adulte afin d’éviter qu’un autre drame de ce genre ne se reproduise avec les autres piles de dossiers. Les nouveaux compliments qu’il reçut de la part du gestionnaire le firent rougir, Kyojiro se sentant vraiment soulagé de se dire que ça ne devait certainement pas être visible pour l’adulte vu que la pièce n’était éclairée que par le téléphone portable de Dai. L’homme le récupéra d’ailleurs pour inspecter la pièce et trouver un nouveau plan d’action. Il le soumit peu après au kendoka qui afficha une petite moue. C’était certes une bonne idée de les déposer par terre mais… Si près de la fenêtre ? Même avec un manteau, vu la pluie qui battait les fenêtres, ça ne serait certainement pas suffisant pour sauver tous ces dossiers !

« V-Vous… Vous êtes sûr que vous voulez vraiment déposer vos dossiers ici ? S-Si… Si jamais la fenêtre s’ouvre ou se b-brise… J-Je… Je doute que votre manteau soit suffisant pour que vos dossiers ne soient pas t-trempés… »

Wow… Kyojiro ne venait-il pas de contredire la décision d’un adulte là ? Comme quoi, son heure de colle avec Kenji l’année dernière et le temps passé avec son nouvel ami Aki avaient été d’une grande aide pour réussir à le faire grandir et murir, mais aussi pour lui apprendre que non, il ne fallait pas nécessairement suivre toutes les règles.

« J-Je… Je vous propose plutôt de les mettre dans le coin à l-l’opposé. N-nous pourrions poser vos dossiers au sol, d-dans ce coin, puis déplacer ensuite votre bureau pour l’installer entre les dossiers et la fenêtre, histoire de faire c-comme un… barrage. »

Bon, c’était un bon plan d’action ça, mais à force de contredire tout le plan du gestionnaire, Kyojiro commençait quand même à se sentir un peu mal. Il n’avait pas arrêté de lui faire des compliments depuis qu’il avait fait le mort sur la pile de dossiers en plus, alors… Peut-être qu’il pourrait lui rendre la pareille non ?

« M-Mais… N-Nous pourrons toujours déposer votre skate et votre manteau par-dessus les dossiers, i-il vaut mieux ne pas lésiner sur les mesures de précaution. »

D’ailleurs, c’était plutôt marrant mais… Kyojiro n’aurait jamais pu imaginer que le gestionnaire de la scolarité pouvait avoir comme passe-temps de faire du skate ! Se rapprochant du coin le plus à l’opposé de la fenêtre, Kyojiro sortit son portable tout pourri qui éclairait à peine plus qu’une lumière de sécurité signalant une porte de secours afin d’inspecter les lieux.

« I-Ici ç-ça… Ça me semble plutôt bien. Qu-Qu’est-ce que vous en pensez ? Oh et hum… Vous… Vous faites du skate depuis longtemps ? »

Tant qu’à faire, autant essayer de lancer un peu la conversation non ?

Il y a du temporaire qui dure. Cette partie de l’académie avait été construite en urgence afin de créer des nouveaux bureaux. Bien sûr qu’on allait tout refaire au propre, bien sûr qu’on respecterait les normes de sécurité. Mais bon, vous comprenez, ce n’est pas l’urgence, et puis, après tout, ce n’est que l’aile administrative… À force de secousses, les murs entre les bureaux ont fini par céder. Dans un fracas, l’un des murs en placoplatre s’écroule comme au ralenti. Kyojiro le prend de plein fouet, ce qui le fait chuter. Il est plus sonné par le choc et la surprise que vraiment blessé. Cependant, il se retrouve dans une posture compliquée et est pour le moment coincé sous les éclats. Dai, quant à lui, est tombé à la renverse sous la surprise. La pièce se remplit d’une poussière blanche épaisse qui sature l’air et brûle les poumons. D’autant que comme dans tout scénario catastrophe qui se respecte, la chute du mur a aussi brisé une conduite d’eau. L’eau qui fuit dans la pièce change une partie du mur en une matière visqueuse. Il vous faut rapidement dégager Kyojiro et trouver un moyen de pouvoir à nouveau respirer, tout en arrêtant cette fuite.


Pour cette deuxième étape, vous êtes libres de faire les actions de votre choix pour vous dépatouiller de la situation de crise dans laquelle vous vous trouvez. La seule obligation que nous vous imposons reste toujours de ne pas sortir de la pièce (ou du bâtiment). Le typhon s’accompagne actuellement de petites secousses liées à des tremblements de terre de faible magnitude. N’oubliez pas que le courant est toujours coupé dans toute la ville et que typhon ne cesse d’être de plus en plus violent.

Cette étape se déroulera du 8 au 21 août, période pendant laquelle vous devrez poster obligatoirement un rp de 400 mots minimum (sinon, l’évent se poursuivra sans vous). Vous pourrez poster autant de fois que vous le voulez avec votre partenaire pendant cette étape, le PNJ se réservant le droit d’intervenir plus tôt que prévu si jamais vous entreprenez certaines actions (n’hésitez pas à en faire, surtout qu’on a essayé de vous donner des objectifs ! On vous demande juste de ne pas sortir de la pièce pour le moment !). Si vous avez des questions, n’hésitez pas à contacter le staff dans les groupes formés sur Discord ! Amusez-vous bien !

Notre gestionnaire ne s'attendait pas à une remise en cause de son plan. Il allait pour se vexer, parce qu'après tout, jusqu'à preuve du contraire, c'était encore son bureau ! Et puis c'était lui l'adulte, lui qui était responsable ! Alors mince à la fin, s'il disait qu'on faisait quelque chose, on le faisait ! En même temps, il savait reconnaître une bonne idée quand il en entendait une, quoi que cela puisse lui coûter. Il se renfrogna donc et écouta les propositions du garçon. Sans doute qu'il avait raison.

C'est vrai que vue la pluie torrentielle qui tombait là-dehors, il y avait de fortes chances qu'elles s'ouvrent sous un violent coup de vent. D'ailleurs, il avait déjà signalé plusieurs fois qu'elles fermaient mal. Alors c'était parfaitement possible ! Il ravala donc son ego.

"Vous avez sans doute raison... malheureusement cette partie de l'académie ne fait pas partie des plus solides..."

Il balaya encore la salle de son portable histoire de bien visualiser le plan de l'étudiant. Il avait pensé au coin sous les fenêtres parce que c'était celui qui était le plus dégagé, ça lui avait du coup semblé plus simple, vu le peu de lumière dont ils disposaient, que de devoir bouger le bureau ou une des tables de rangement. Mais il fallait reconnaître que c'était le plan le plus efficace.

Il fût légèrement décontenance par sa question sur le skate. D'un coup, ils venaient de basculer sur un terrain beaucoup plus personnel. Est-ce qu'il avait le droit de s'entretenir de choses personnelles comme ça avec un étudiant pendant ses heures de travail ? parce que ce n'est pas parce qu'il y avait un typhon qu'il fallait oublier toutes les règles... en même temps... il l'avait aidé non ? et il cherchait encore à l'aider pour sauver son travail. Et il était presque sûr qu'il n'y avait aucune ligne dans le règlement sur les situations de catastrophes naturelles, ce qui était en soi un grave manquement à la rédaction du règlement intérieur ! Il faudrait qu'il le signale, en attendant, il allait devoir improviser...

"Oh euh, quelques mois seulement... je ne suis pas très doué pour le moment, mais je trouve ça très amusant ! Je n'aurais pas cru avant mais..."

Il fût violemment interrompu par la chute du mur. Ni plus ni moins...Il n'avait rien vu venir, et honnêtement, il ne comprit pas tout de suite ce qui se passait. Onde de choc ou courant d'air, il tomba à la renverse, et l'air devint subitement difficilement à respirer. Une poussière flottait en nuage tout autour d'eux et elle lui brûlait la gorge à chaque inspiration, au point qu'il toussait violemment.

Relevant la tête, il ramassa son téléphone et orienta la lumière en direction du bruit. Catastrophe ! Dai palit violemment. Le mur entre les bureaux s'était écroulé... il avait bien dit à Machi d'arrêter de percer des trous dans le mur pour mettre des posters moches !! Maintenant, tout son travail, et même tout son bureau, était ruiné !! Il allait falloir des semaines pour rattraper tout ça ! En plus, une conduite avait éclaté et arrosait joyeusement le tout... Merde à la fin ! Il l'avait dit que cette aile était toute pourrie ! Pourquoi on ne l'écoutait jamais ??

Et puis soudain il réalisa : l'étudiant était en mauvaise posture ! Il s'en voulut de s'être laissé ainsi distraire. Certes c'était grave, mais, mais ça l'était surtout parce que tant d'incompétence avait mis une vie en danger. Et ça, c'était plus qu'intolérable !

"Sakurai-san ? Sakurai-san vous allez bien ???"

Il se releva tant bien que mal. Sa jambe droite lui faisait un peu mal, comme quand il tombait en skate et qu'il se rattrapait mal, mais il se débrouilla pour rejoindre le jeune homme, trébuchant sur les morceaux de murs. Il s'agenouilla à côté de là où il était, mit son portable dans sa poche de veste afin d'éclairer, même maladroitement la zone où se trouvait l'étudiant.

"Je... je vais essayer de vous dégager, vous n'avez rien ???"

Il entreprit donc de dégager les morceaux de mur... ce n'était clairement pas du solide ! Et en plus, avec l'eau, cela faisait une bouillie immonde dont il avait du mal à se dépêtrer... qui plus est, retourner tous ces débris remuait encore plus de poussière et il toussait de plus belle. Mais il refusait de laisser un étudiant périr à cause de la méconduite de l'académie ! et surtout pas dans son bureau ! C'était un bureau en ruine, mais c'était quand même le sien !

Kyojiro avait un peu hésité, et il s’était finalement lancé. Lui qui avait toujours été du genre à se plier aux règles et à les suivre bêtement, voilà qu’il venait presque de manquer de respect à son aîné en lui proposant une idée qu’il trouvait meilleure que celle qu’il venait de lui exposer. Non, vraiment, ce n’était pas quelque chose dont aurait été capable le kendoka l’année passée. Comme quoi, il avait enfin réussi à murir un peu et à réfléchir par lui-même plutôt que de se contenter de se laisser porter en suivant toutes les règles de bienséance établies. Alors, forcément, ce presque acte de rébellion sembla faire un peu tiquer le gestionnaire, qui finit par avouer avec un air un peu ronchon que l’étudiant avait raison, que son plan semblait plus adéquat à la situation. Ça serait quand même super dommage de s’être donné autant de mal juste avant pour que tous les dossiers finissent complètement trempés si jamais la fenêtre venait à s’ouvrir au-dessus d’eux !

Et Kyojiro avait décidé de poursuivre sur sa lancée en posant une question un peu plus personnelle à son aîné. Sauf qu’à peine celui-ci avait-il répondu qu’un grondement sourd se fit entendre. Puis… Plus rien. Le kendoka était complètement sonné à cause de la chute soudaine du mur juste derrière lui. Il lui fallut plusieurs secondes pour réussir à chasser ces étoiles devant ses yeux alors qu’il se mettait à tousser violemment à cause de la poussière qui semblait lui brûler tout l’intérieur du corps à chaque inspiration. Il s’était passé quoi là ? Kyojiro était un peu perdu, continuant de tousser en essayant de bouger un peu pour protéger son nez et sa bouche à l’aide de son haut qu’il remonta sur son visage. Il entendit alors le gestionnaire en pleine panique lui demander si tout allait bien. Le kendoka sentit que le poids du mur sur lui s’allégeait doucement, et il finit par retrouver complètement ses esprits pour aider Dai dans sa tâche de le dégager. Il parvint alors à sortir sa tête des décombres, plissant les yeux sous la lumière du portable de son aîné et continuant à tousser un peu.

« J-Je… Je crois que ça va… »

Il était quand même toujours un peu sonné… Et il y avait bien pire !

« N-Non… Vos dossiers ! »

Alors qu’ils s’étaient donné tant de mal pour les protéger… On pouvait dire que leurs efforts venaient d’être tout bonnement réduits à néant avec cet incident ! Kyojiro continua à lutter pour se dégager, mais l’eau qui se mêlait au plâtre rendait sa tâche bien plus ardue. Il avait l’impression d’être coincé dans un marécage !

« A-Ah ! E-Et vous ? Est-ce que vous allez bien Murakami-san ?! »

Ah bah oui, parce que c’était bien beau de s’inquiéter pour les dossiers, mais le gestionnaire aussi était là ! Et s’il ne s’était visiblement pas pris de mur sur la tronche, il pouvait très bien s’être blessé quand même !

« V-Vous devriez vous couvrir le nez et la bouche, cette poussière est vraiment d-douloureuse… »

Pour preuve, même avec son haut remonté sur son visage, il continuait à tousser.

« J-Je… Ça va aller, je… Je devrais pouvoir m’en sortir m-mais… V-Vous croyez qu’on peut essayer d’ouvrir la fenêtre ? J-Juste le temps que la poussière s’en aille. »

Kyojiro n’avait aucune idée de si cette initiative était bonne ou mauvaise, mais il fallait vraiment rendre l’air de cette pièce plus respirable. Et après, quand il aurait réussi à se dépatouiller de ces décombres de plus en plus visqueux, ils pourraient commencer à s’occuper de cette conduite qui continuait de fuir et d’inonder tout le bureau. Pauvre Dai… Tout ce travail réduit à néant… En tout cas, si jamais ils s’en sortaient, le kendoka jura sur son honneur de venir lui donner un coup de main pour tout remettre en ordre. Il lui devait bien ça !

Son bureau était ravagé... il n'y avait pas d'autres mots... qu'est-ce qu'il allait faire maintenant ? Où est-ce qu'on allait le mettre ? C'était n'importe quoi cette académie ! Voilà ça traînait sur facebook pendant les heures de travail et personne ne faisait correctement son boulot et résultat un étudiant se retrouvait coincé sous les gravats dans SON bureau ! C'était en tout point inadmissible...

Heureusement, le mur lui même était de mauvaise facture, les matériaux pas très solides, mais du coup, pas très lourds. Ceci expliquait sans doute sa chute. La bonne nouvelle, c'est que l'étudiant s'en sortait plutôt bien... il aurait sans doute une belle collection de bleus, mais rien de cassé. Et ça c'était l'essentiel !

"Ouf, j'ai eu peur..."

Une fois dégagé, l'étudiant put alors constater par lui-même l'étendue des dégâts... clairement, Dai en aurait pour des semaines, voire des mois, pour compenser ça. Il allait devoir batailler sévère pour qu'on accepte d'engager une personne supplémentaire le temps de revenir à la normale ! Tout était à refaire... même les demandes urgentes... maintenant qu'il savait que Kyojiro se portait bien, il était surtout en colère... et dépité.

"Oui... beaucoup de travail et de temps... alors qu'on est au Japon ! On devrait avoir des locaux qui tiennent pour ce genre d'événements, vous ne pensez pas ? Mais ça, ça met l'argent dans les grands événements pour que attirer les donateurs mais après pour que ça fonctionne derrière y a plus personne... même pas foutu d'avoir des murs corrects..."

Forcément, une telle tirade énervée alors qu'ils baignaient encore dans cette affreuse poussière lui arracha une quinte de toux déchirante. Le jeune homme avait raison, il fallait qu'il se couvre le nez et la bouche s'il voulait pouvoir continuer à respirer convenablement ! Et il fallait admettre que respirer, c'était quand même un truc qu'il aimait bien faire... Une fois la toux passée, il put donc rassurer le jeune homme.

"Ne vous en faîtes pas pour moi, je suis juste tombé, mais rien de grave..."

Ceci dit, il fallait maintenant trouver un moyen de gérer le chaos autour d'eux... La conduite d'eau continuait à fuir à l'intérieur et entre les morceaux de mur et les dossiers, le sol commençait à devenir un véritable marécage... sans parler de cette poussière à vous brûler la gorge et les poumons... il commençait à en avoir les larmes aux yeux !

"Vous avez raison..."

Ouvrir la fenêtre ? Il n'était pas sûr que ce soit la meilleure idée... bien sûr, ça ne pourrait pas être pire, la plupart des dossiers dans la pièce était foutu, et potentiellement une partie du matériel informatique. Faire entrer la pluie n'était pas vraiment une préoccupation de plus. Mais la question était : parviendraient-ils à la fermer une fois la maudite poussière évacuée ? C'était une fenêtre coulissante certes, mais il ne jurait plus de rien, après tout, le mur s'était bien écroulé !

"Je pense qu'il faut qu'on soit près à se battre avec le vent pour la refermer. Alors... je vais l'ouvrir... et il faut que vous restiez derrière moi pour être prêt à m'aider à la refermer dès qu'on est débarrassé... de... la poussière."

Dai se leva et tendit la main à Kyojiro pour l'aider à se relever et surtout, se dépêtrer de la bouillie dans laquelle tous les deux se retrouvaient à patauger ! En s'approchant de la fenêtre, le visage couvert dans l'espoir de réussir à respirer, il avait l'impression d'être un héro s'apprêtant à retirer Excalibur de son rocher... Il savait que la tâche serait ardue, mais elle était nécessaire pour sauver son royaume !

"Vous êtes prêt ?"

Une fois que l'étudiant lui fit signe qu'il était prêt, il ouvrit... le vent s'engouffra dans la pièce avec une violence qu'ils n'avaient pas anticipée. Ouvrir la fenêtre était en fait une très mauvaise idée ! Il leur était maintenant difficile de tenir debout et le vent faisait voler les dernières morceaux de mur encore accrochés. Dai en reçut une en plein épaule. Le choc fût brusque et suffisamment violent pour qu'il n'arrive plus à se servir de son bras gauche aussi facilement qu'il le souhaitait... l'épaule devait être légèrement déboîtée et une plaie était apparue.

De son côté, Kyojiro avait été soufflé par l'appel d'air, ce qui l'avait à nouveau fait tomber, mais cette fois, sa tête heurta le coin du bureau. Le blessure est légère, mais comme toute blessure à la tête, saigne fortement. Qui plus est, le coup le sonne un peu.

Toujours accroché à la poignée de la fenêtre de sa main valide, Dai commence à très sérieusement paniquer.

"Sakurai-san ! Il faut qu'on ferme... vite..."

Sans surprise, fermer la fenêtre allait s'annoncer bien plus difficile que l'ouvrir, surtout maintenant qu'il n'avait plus qu'une main ! Il était obligé de la poser à plat sur le battant, essayant de pousser de toutes ses forces, tout en maintenant son équilibre... Mais au moins la poussière semblait s'être dissipée ! Au moins une bonne nouvelle...

Bien sûr que Kyojiro était d’accord : c’était quand même super bizarre que le mur d’un bâtiment d’une académie japonaise aussi cotée que Yokuboo puisse s’effondrer à cause d’un « simple » typhon ! Surtout que, pour le coup, ça s’était quand même écroulé sur lui ! Par contre, il n’était pas sûr d’être le mieux placé pour approuver les dires du gestionnaire, parce qu’il ne savait pas du tout comment le directeur utilisait l’argent de l’Académie. Et puis, accessoirement, ce n’était quand même pas trop le moment de penser à tout ça ! Il fallait qu’ils trouvent un moyen de mieux respirer et de limiter au maximum les dégâts en coupant l’eau de cette conduite qui continuait de fuir.

Le principal dans tout ça, c’était que, même si les dossiers avaient tous effroyablement souffert, Dai et Kyojiro allaient à peu près bien. Sans doute des gros bleus en prévision en plus de cette toux douloureuse à cause de la poussière, mais rien de vraiment grave. Ce fut le kendoka qui proposa au gestionnaire d’ouvrir la fenêtre pour se débarrasser de cette poussière qui flottait toujours dans l’air et menaçait leurs bronches, puis Dai qui proposa ensuite un nouveau plan d’action. Kyojiro hocha la tête et attrapa la main que lui tendait l’adulte pour s’extirper des décombres et le rejoindre près de la fenêtre. Il était encore un peu sonné par la chute du mur, mais il se sentait prêt à affronter ce typhon. Ça irait, ils auraient juste à faire face au déchaînement des éléments pour quelques secondes, le temps que le vent ait rendu l’air de nouveau respirable. Kyojiro hocha la tête d’un coup vif et déterminé quand Dai lui demanda s’il était prêt.

Sauf que voilà, affronter la Nature alors qu’elle était autant en colère, ça n’avait clairement pas été l’idée du siècle ! Le vent s’engouffra violemment dans la pièce, valant à Dai de se prendre un bout de mur dans l’épaule, tandis que le kendoka volait en arrière, sa tête allant heurter joyeusement un coin du bureau du gestionnaire. Si Kyojiro était toujours un peu sonné par la chute du mur sur lui, cette nouvelle cascade avait aggravé son état. L’arrière de son crâne lui faisait atrocement mal et il sentait un liquide chaud couler dans ses cheveux et son cou. L’étudiant entendit vaguement au loin le gestionnaire qui commençait à paniquer, essayant de poser sur lui son regard dont la vision était troublée à cause du choc. Il fallut plusieurs secondes à Kyojiro pour finalement sortir de sa léthargie, attrapant le rebord du bureau pour réussir à se hisser et se remettre debout. Sauf que le vent soufflait toujours incroyablement fort et il le fit chanceler à nouveau. Le kendoka préféra abandonner l’idée de se redresser et commença alors à ramper à quatre pattes en direction de Dai. Il avait mal et il voyait toujours aussi flou… C’était désagréable, mais il sentait une pointe d’adrénaline le pousser à aller de l’avant. Ainsi, Kyojiro parvint à rejoindre le gestionnaire, s’appuyant lourdement sur le mur, puis la fenêtre pour se redresser complètement. Bon, maintenant, il fallait refermer cette ouverture !

« Je… Je suis là. À… À trois, on pousse… »

Kyojiro sentit son corps partir un peu en avant, pour s’appuyer sur Dai, juste le temps de pouvoir placer sa main sous celle du gestionnaire sur la vitre. Il prit ensuite quelques instants pour bien se positionner sur ses appuis, toujours un peu fragiles à cause de sa tête qui lui faisait un mal de chien, et fit le décompte, poussant de toutes ses forces une fois arrivé au 3. Ce fut dur et le kendoka s’entendit lâcher un cri mêlant douleur et détermination alors qu’il s’efforçait de tout donner pour fermer cette maudite fenêtre. Ils y parvinrent finalement au prix de grands efforts, Kyojiro sentant alors ses jambes fléchir sous son poids pendant que son épaule se posait contre la fenêtre et qu’il se laissait glisser au sol.

« O-On… On a réussi… »

Ouais, mais maintenant, ils avaient toujours un autre problème à régler : stopper cette fuite d’eau !

« Je… J’imagine que ça va être compliqué de… couper l’eau… »

Kyojiro était avachi contre le mur sous la fenêtre qu’ils avaient réussi à fermer, rabaissant le col de son haut pour pouvoir de nouveau respirer sans contrainte. Comment faire…

« La boucher ne serait p-pas une… bonne idée… E-Est-ce que vous pensez qu’on p-peut… la réparer ? »

Kyojiro se fit violence pour réussir à quitter son mur de soutien et marcher de nouveau à quatre pattes jusqu’à cette fameuse conduite qui avait explosé suite à la chute de ce mur. Le kendoka n’osait même pas toucher sa tête, de peur de mettre des saletés sur sa plaie qu’il savait toujours sanguinolente vu le liquide chaud qui continuait de couler dans son cou. Ce ne fut que lorsqu’il jeta un regard à Dai qu’il remarqua qu’il semblait lui aussi en moins bon état que précédemment.

« M-Murakami-san… Qu’est-ce… Vous êtes blessé ? »

Ouvrir cette fenêtre n'était vraiment pas une bonne idée, sauf qu'il était un peu tard pour y penser maintenant ! Son bras lui faisait mal et c'était compliqué de le bouger. Sauf qu'avec un vent pareil, il était compliqué de maintenir son équilibre... Par réflexe, Dai essayait parfois de se rattraper avec, ce qui lui arrachait une grimace de douleur.

Il avait bien vu que Kyojiro était tombé, et malheureusement, il ne pouvait pas vraiment l'aider. Qui plus est, la panique montant, il avait du mal à penser à autre chose qu'au fait qu'il fallait à tout prix fermer cette maudite fenêtre s'ils voulaient pouvoir arrêter le massacre. Déjà, il tentait de la repousser tout seul, mais entre la force du vent et son équilibre fragile, ce n'était pas très concluant... il allait vraiment falloir s'y mettre à deux...

Kyojiro réussit tant bien que mal à venir vers lui et la fenêtre. Mais lui aussi avait dû être blessé, il avait besoin de s'appuyer sur Dai pour maintenant son équilibre, ce qui avec son épaule n'était pas l'idéal... Il serra les dents. Ils devaient y arriver !

"Très bien, je vous suis ! À trois !"

Kyojiro entama donc le compte à rebours et à trois, Dai donna tout ce qu'il avait pour parvenir à refermer cette foutue fenêtre ! Serrant les dents, il poussa autant qu'il le pouvait de sa main valide. Encore un effort et le vent s'arrêterait... Enfin, la fenêtre fût close. Dai, à bout de souffle, s'adossa à la fenêtre... Il cherchait encore comment positionner son bras pour limiter la douleur quand l'étudiant reprit la parole. Il avait raison, il fallait maintenant qu'ils s'attaquent au problème de la fuite...

La boucher était une mauvaise idée... tôt ou tard, cela leur pèterait à la figure... la réparer ? Dai n'était pas vraiment bricoleur... et en plus il n'avait absolument aucun outil dans ce bureau... à part des trombones... et des punaises... si Mac Gyver avait été parmi eux, nul doute qu'il aurait trouvé comment construire une clé à molette à partir de ça ! Mais en attendant...

"Les plans..."

Dai était un peu sonné mais l'information lui revint. Quelque part dans ce bureau, il avait conservé les plans de construction. Comme ça, parce qu'il gardait tout. Et puis parce qu'il trouvait ça joli aussi ! Ces lignes parfaites sensées assurer la sécurité de tous. Des lignes bien tracées. Et dans ce tas de ligne, il y avait... les points d'eau.

"J'ai un plan du bâtiment... dessus, il doit y avoir les arrivées d'eau. Si on trouve l'arrivée d'eau, on doit pouvoir la couper."

Lentement, il retourna vers son bureau, et tâcha de débloquer les tiroirs devant lesquels s'étaient abattus la pluie de gravats. C'était forcément dans le tiroir du bas, avec tous les documents relatifs à l'entretien des bâtiments. C'était la seule option logique. Le seul problème c'était que chaque mouvement trop brusque faisait bouger son bras gauche, ce qui lui arrachait une grimace de douleur. C'est à ce moment que l'étudiant lui demanda s'il était blessé.

"Oh, je crois que mon épaule n'est plus tout à fait à la bonne place... il faut que j'évite de la bouger... et vous ? Je suis désolé je crois que je vous en ai beaucoup demandé... vous semblez mal en point..."

Dai était vraiment sincèrement désolé. Cette situation ne lui ressemblait absolument pas ! Il faut dire qu'avec la destruction de son bureau, il avait quel que peu perdu ses repères, rendus quelque part sous le tas de gravats et de bouillie. Fouiller était compliqué. Il devait se servir d'une seule main pour tenir son portable afin d'éclairer le contenu, et chercher les documents. Il ne pouvait pas se permettre de perdre des documents supplémentaires. D'autant que ceux-là étaient relatifs à la bonne tenue des lieux, ce qui lui paraissait bigrement ironique à cet instant. Mais professionnalisme oblige, il ne se voyait pas vandaliser une partie supplémentaire des documents ! Pas plus qu'il ne voulait encore demander son aide à l'étudiant ! le pauvre en avait déjà bien assez fait, et il avait déjà l'air blessé.

Il ne put retenir un cri de joie. Là ! La pochette bleue ! Il savait que là, soigneusement rangé, se trouvait le plan qu'il cherchait. Ils allaient pouvoir couper l'eau !

"Sakurai-san je l'ai ! J'ai trouvé le plan ! Il faut juste que j'arrive à le sortir de là..."

De sa main valide, il tâcha donc d'extraire la pochette bleue du fond du tiroir, parce que c'était une règle de l'univers administratif : le document dont on a besoin est toujours dans le fin fond du tiroir.

"Je ne peux pas me servir de ma main gauche, est-ce que vous voulez bien récupérer le plan ? Je pourrai vous éclairer comme ça. Sinon je vais tout faire tomber dans l'eau et et nous serons perdus..."

C'était un peu mélodramatique, mais l'heure n'était plus à la nuance !

Ouf ! Ça s’était fait au prix de nombreux efforts, mais ils avaient finalement réussi à fermer cette foutue fenêtre ! Bon, l’ouvrir n’avait pas été la meilleure des idées non plus puisqu’ils avaient été encore plus blessés suite à ça, mais au moins, maintenant, ils pouvaient respirer normalement ! Kyojiro s’était laissé glisser jusque sur le sol, le temps de reprendre un peu ses esprits et des forces pour passer à l’étape suivante : s’occuper de la conduite qui fuyait toujours. Comment étaient-ils censés procéder ? En la bouchant ? En la réparant ? Ou peut-être en coupant l’eau ? Le kendoka n’y connaissait rien en plomberie et il sentit une pointe de désespoir l’envahir alors qu’il s’était rapproché, à quatre pattes, de la conduite brisée. Fort heureusement, ils étaient deux dans la pièce et ils pouvaient ainsi combiner leurs cerveaux pour essayer de trouver la meilleure des solutions ! Et ce fut Dai qui la trouva en parlant de plans.

Kyojiro était toujours un peu dans le brouillard à cause de cette douleur lancinante au niveau de sa tête, alors il ne regarda que vaguement le gestionnaire s’approcher de son bureau pour commencer à le fouiller. À l’entente de ce plan, un sourire vint alors étirer doucement les lèvres du kendoka, qui s’était adossé contre des décombres pour ne pas finir par tomber à plat ventre sur le sol qui était déjà pas mal recouvert d’eau. Il allait finir par choper un rhume, trempé comme ça…

« Super, c’est… une excellente idée. »

Kyojiro luttait vraiment pour ne pas simplement fermer les yeux et attendre les secours, mais quand il remarqua enfin, malgré la pénombre, que Dai ne semblait pas aller pour le mieux lui non plus, il sentit un regain d’énergie naître en lui. Sans doute l’adrénaline du super-héros qui voulait absolument sauver tout le monde. Le kendoka se redressa alors et se pencha en avant pour reprendre sa marche à quatre pattes en direction du bureau de Dai, après l’avoir entendu dire qu’il avait sans doute un problème avec son épaule. Merde… C’était de sa faute s’il était blessé… Et Kyojiro savait faire plein de choses, mais certainement pas remettre en place une épaule déboîtée ! Et puis, rien ne lui disait que c’était vraiment ça d’ailleurs ! Il aurait peut-être dû se lancer dans des études de médecine plutôt que de droit finalement… Ça lui aurait été plus utile !

« N-Non… Je suis désolé… C’est arrivé à cause de mon idée d’ouvrir la fenêtre… Je… Ne forcez pas surtout, je… Je vais venir vous aider. »

Voilà qu’ils étaient tous les deux en train de culpabiliser dans leur coin… Kyojiro ne préféra pas répondre à la question de Dai quant à son état. Il ne voulait pas l’inquiéter davantage et il ne voulait pas non plus mentir à un adulte et membre du personnel de l’académie en disant que tout allait bien. Alors, il préféra se taire, agrippant le rebord du vilain bureau qui lui avait fait cette sale blessure à la tête pour essayer de se hisser. Il y parvint en grimaçant un peu, prenant quelques secondes pour calmer ces vertiges soudain qui l’assaillaient. Le kendoka porta une main à son front pour essayer de se stabiliser, sursautant presque un peu en entendant Dai crier de joie. Ouf ! Ils étaient sauvés ! Il ne restait plus qu’à récupérer ce foutu plan et à trouver l’emplacement de cette arrivée d’eau grâce à lui ! Si la situation n’avait pas été aussi catastrophique, Kyojiro aurait sans aucun doute été super enthousiaste à l’idée de partir faire cette « chasse au trésor » !

« Ne vous inquiétez pas, je… m’en occupe. M-Ménagez-vous s-surtout… »

Kyojiro essuya ses mains sur son haut pour les sécher et ne pas risquer de détruire les plans, se rendant compte grâce à la lumière du téléphone de Dai qu’il venait de tacher ses vêtements avec un peu de sang à cause de sa blessure à la tête. Merde… Ça ne craignait pas un peu quand même ? Heureusement que son tournoi national de kendo était déjà passé, il n’aurait certainement pas pu y participer sinon…

Quoi qu’il en soit, Kyojiro chancela jusqu’au tiroir où se trouvaient les plans et il se laissa finalement tomber sur les genoux sur le sol afin d’être plus à l’aise pour fouiller tout au fond. Il sortit alors la pochette salvatrice et la déposa sur le bureau, restant à genoux dans l’eau pour l’ouvrir et déployer les divers plans qui s’y trouvaient. Il tendit sa main à Dai, le fixant de son regard à moitié embrumé à cause de la douleur.

« Laissez-moi v-votre téléphone, je… vais vous éclairer. »

Parce que bon, c’était quand même lui le plus à même de pouvoir lire de tels plans, non ? Kyojiro espérait vraiment que tout allait pour le mieux pour tout le monde à l’Académie, et même ailleurs dans la ville… S’ils arrivaient à couper cette arrivée d’eau, peut-être qu’ils pourraient réussir à sauver plein d’autre gens qui étaient également menacés par une inondation ?

Après avoir malencontreusement empiré la situation, vous êtes parvenus à fermer la fenêtre que vous aviez eu la riche idée d’ouvrir. Ce n’était certes pas l’idée du siècle, mais vous voilà débarrassés de la poussière qui vous brûlait les bronches ! Si la douleur persiste un peu, vous pouvez néanmoins respirer beaucoup plus facilement. Vous êtes parvenus à retrouver les plans du bâtiment, ce qui va vous permettre de repérer où couper l’arrivée d’eau. Félicitations ! Il va cependant vous falloir sortir de là. L’arrivée d’eau se trouve au sous-sol, et il vous faudra, pour l’atteindre, remonter le couloir, descendre l’escalier et enfin, accéder au robinet général… Attention toutefois au mobilier arrivé ici on ne sait trop comment dans la panique !


Pour cette troisième étape, vous êtes libres de faire les actions de votre choix pour vous dépatouiller de la situation de crise dans laquelle vous vous trouvez. La seule obligation que nous vous imposons reste de ne pas sortir dehors. La violence du typhon est actuellement en train de se stabiliser et les tremblements de terre ont cessé. N’oubliez pas que le courant est toujours coupé dans toute la ville ! Il est actuellement 18h00, deux heures ont passé depuis le début de l’évent.

Cette étape se déroulera du 22 août au 4 septembre, période pendant laquelle vous devrez poster obligatoirement un rp de 400 mots minimum (sinon, l’évent se poursuivra sans vous). Vous pourrez poster autant de fois que vous le voulez avec votre ou vos partenaires pendant cette étape, le PNJ se réservant le droit d’intervenir plus tôt que prévu si jamais vous entreprenez certaines actions. N’hésitez d’ailleurs pas à en entreprendre, ni à nous prévenir si jamais vous êtes bloqués ! Nous ne pouvons pas savoir si vous n’arrivez pas à poster simplement à cause de votre IRL ou parce que vous avez besoin d’indices/d’aide. Nous sommes là pour vous aider/aiguiller au besoin, alors n’hésitez pas à nous mp si vous êtes un peu dans le flou ! Si vous avez des questions, nous sommes également à votre disposition dans les groupes créés sur Discord ! Amusez-vous bien !

Ils formaient un drôle de duo tous les deux... Étrangement, plus le temps passait, plus Dai appréciait cet étudiant. Il ne saurait trop dire pour quoi. Certes, les circonstances ne laissaient pas trop le choix, mais il aimait bien sa façon d'être. Il retrouvait chez lui quelque chose qu'il appréciait sans qu'il ne sache trop le nommer.

"Il fallait bien faire quelque chose... au moins maintenant on peut respirer. Merci pour votre aide."

Ce n'était pas tout, mais il fallait s'occuper de cette foutue fuite ! Vraiment, vous pouvez être sûr qu'on allait entendre parler de lui à la présidence ! Pour être précis, on allait sérieusement l'entendre gueuler ! Il n'était pas normal qu'il doive s'improviser plombier avec un étudiant de passage en plein typhon ! C'était n'importe quoi !

Dai avait du mal à croire que l'étudiant n'ait rien... mais il ne pouvait pas lire dans sa tête... et s'improviser plombier c'était une chose, mais médecin... d'ailleurs où était rendu le médecin scolaire ??? En voilà un dont les compétences étaient plus qu'utiles là...

Avec l'aide de Kyojiro, ils parvinrent à extraire la pochette bleue du fond du tiroir. L'étudiant reprit son portable pour l'éclairer, ce qui lui permit de déchiffrer le plan. Il repéra son bureau, et tâcha de trouver quelle ligne correspondait à la conduite endommagée. Ce n'était pas évident, le code couleur n'était déjà pas très clair en plein jour, mais alors à la lumière d'un portable... décidément personne ne faisait son travail correctement dans cette académie ?? Il réussit néanmoins à trouver la bonne. Il pointa son doigt dessus afin de montrer à Kyojiro le chemin qu'ils allaient devoir suivre. Vu leur état, deux cerveaux connaissant la route ne serait pas de trop !

"Regardez, nous sommes ici. Cette ligne, c'est la ligne de la conduite endommagée, c'est celle que nous devons suivre pour arrêter ça. Il faut que nous... remontions le couloir, descendions l'escalier de secours pour accéder au sous-sol et ce sera sur notre droite. Vous vous sentez en état ?"

En relevant la tête, il vit les traces de sang sur le T-shirt de Kyojiro. Non clairement ça n'allait pas si bien qu'il voulait bien le dire ! Mince... qu'est-ce qu'il pouvait faire ? D'autant qu'il ne savait même pas où le jeune homme était blessé...

Premier tiroir ! oui voilà... premier tiroir, objet de premières nécessités... trombones... punaises... post-its... crayons... tout cela parfaitement rangés, parfaitement droits, parfaitement parallèles... même dans le noir il pouvait retrouver exactement ce dont il avait besoin, voilà à quel point Dai était organisé. Il retrouva donc rapidement un paquet de mouchoirs ainsi qu'une petite bouteille de gel désinfectant pour les mains qu'il sortit. Il pointa ensuite les tâches sur son T-shirt.

"Ce n'est pas grand chose... mais peut-être que cela peut être utile pour... dans votre état ? Je crains de ne pas pouvoir faire plus. Si vous ne vous sentez pas capable de venir, surtout il ne faut pas vous forcer..."

Dai ne se sentait pas l'étoffe d'un héro, en plus, il ne se voyait pas laisser Kyojiro derrière lui. Mais si l'accompagner devait empirer sa blessure, il ne pouvait se permettre de mettre un étudiant encore plus en danger ! Pour autant, il espérait vraiment ne pas avoir à partir à l'aventure comme ça tout seul...

Il tâcha alors de se relever, en plaquant son bras contre son torse autant que possible... surtout ne pas trop faire bouger l'épaule. Ce n'était pas évident, mais c'était faisable ! Il souffla un grand coup, et se dirigea vers la porte, barbotant tant bien que mal dans la bouillasse qui s'était formée sur le sol. Arrivé à la porte de son bureau, il prit une grande inspiration. Il fallait le faire ! Il ouvrit la porte aussi brusquement qu'il l'avait fermée. Le couloir était désert, sombre. Ici où là traînaient des chaises de bureau abandonnées. Qu'est-ce qui avait bien pu passer par la tête de ces gens encore ??? Il sortit un peu, repéra la porte de l'escalier. Il se retourna vers l'étudiant et d'un ton solennel

"M'accompagnerez-vous ?"

Kyojiro était assez mal en point, mais puisque le gestionnaire avait besoin de son aide… Il ne pouvait décemment pas rester assis dans un coin à le laisser se débrouiller tout seul ! Surtout que bon, c’était quand même à cause de son idée à moitié bonne qu’il se retrouvait avec une épaule dans le sac… Le kendoka s’était donc traîné jusqu’au bureau de Dai et l’avait aidé à en sortir ces fameux plans qui allaient les aider à trouver l’arrivée d’eau. Il fallait qu’ils empêchent cette fuite de continuer à faire des dégâts ! Et puis… Qui sait, peut-être que leur action permettrait d’endiguer d’autres inondations qui avaient lieu ailleurs dans l’Académie !

Kyojiro écouta attentivement les directives de Dai, essayant de se concentrer au maximum sur ce plan pour le mémoriser. Ils n’allaient peut-être pas l’emporter avec eux non ? S’ils trébuchaient et que le plan finissait par tomber dans l’eau… Ce serait vraiment un drame ! Non, il valait mieux tout mémoriser et laisser le plan en sûreté. Le kendoka hocha doucement la tête, réprimant une petite grimace de douleur, pour confirmer au gestionnaire qu’il se sentait suffisamment en état pour partir à l’aventure en sa compagnie. Il aurait pu dire non, parce qu’il n’était clairement pas au meilleur de sa forme, mais il y avait toujours ce sens du devoir en lui qui le poussait à agir et à ne pas simplement attendre que la situation s’arrange.

Le kendoka fut ensuite un peu surpris de voir que Dai fouillait à nouveau dans un de ses tiroirs pour en sortir un paquet de mouchoirs et du gel désinfectant pour les mains. Son regard sombre suivit le doigt du gestionnaire pour s’arrêter sur les tâches de sang sur son t-shirt.

« Ah… M-Merci… N-Ne… Ne vous inquiétez pas, c-ce… ce n’est rien. Je suis capable de marcher et… nous arriverons peut-être plus vite à couper l’eau si n-nous sommes deux. »

Ils allaient pouvoir combiner leurs forces tels les Power Rangers comme ça ! Kyojiro s’inclina doucement, avant de se saisir de ce que lui tendait Dai, se nettoyant rapidement les mains pour ne pas risquer de coller du sang partout. Pour les mouchoirs… Il valait peut-être mieux ne pas les poser sur sa plaie, ça risquerait de laisser des petits morceaux dessus sinon… À la place, le kendoka en sortit quelques-uns pour essuyer sa nuque, grimaçant en voyant la teinte foncée que venaient de prendre les mouchoirs, qu’il fourra prestement dans les poches de son pantalon. Il n’allait quand même pas jeter ça dans le bureau de Dai, même si celui-ci était sens dessus-dessous !

D’ailleurs, quand le gestionnaire s’approcha de la porte pour l’ouvrir d’un geste brusque, Kyojiro afficha un air déterminé, avec ses sourcils froncés.

« Je vous suis. Remonter le couloir, descendre l'escalier de secours et aller à droite. »

Le kendoka se répétait le chemin en boucle dans sa tête alors qu’il rejoignait le gestionnaire dans le couloir, juste devant la porte de son bureau. Wow… C’était vraiment le bordel ! Leur avancée allait s’avérer plus compliquée que ce que Kyojiro avait prévu ! Surtout quand on voyait l’état dans lequel ils étaient tous les deux !

« A-Attendez, je… Je vais dégager un peu le passage. N-Ne… Ne bougez pas votre bras surtout. »

Ah… Ils auraient peut-être pu lui faire une espèce d’écharpe pour éviter qu’il ne le bouge trop ! Mais est-ce que c’était une bonne idée de retourner en arrière maintenant, alors que le carnage continuait à s’étendre ? Kyojiro fixa Dai pendant quelques secondes avant de commencer à lui dégager le passage, grognant à chaque fois qu’il devait forcer, ayant l’impression que sa douleur à la tête était encore plus vive chaque fois qu’il faisait un effort. Ils avancèrent comme ça, lentement mais sûrement, dans tout le couloir, jusqu’à finalement arriver aux fameux escaliers de secours. Toujours éclairé par la lumière du téléphone de Dai, Kyojiro finit par se retourner vers lui.

« T-Tout va bien jusque-là ? On… On peut peut-être essayer de trouver de quoi vous faire une écharpe pour éviter que vous ne bougiez trop votre bras avant de descendre si vous v-voulez… »

Kyojiro lança un petit regard vers la porte qui se trouvait juste à côté de lui et constata qu’il s’agissait du bureau du directeur. Ah, bah voilà ! Il aurait bien laissé quelque chose qui pourrait les dépanner, non ? Mais… Est-ce qu’ils pouvaient vraiment pénétrer dans ce bureau sans y avoir été invités au préalable ?

Quel carnage... ils étaient tous les deux blessés, son bureau en ruine et il allait maintenant falloir trouver comment couper l'eau ! Dai avait trouvé de quoi soigner au minimum Kyojiro. Ce n'était pas l'idéal, mais ça pourrait au moins lui éviter une infection, le temps qu'on puisse mettre la main sur les secours. Sa propre épaule le gênait, il se retrouvait à devoir traîner son bras comme un bras mort, ce qui n'aidait absolument pas ses affaires !

Mais ils avaient autre chose à penser avant de pouvoir s'occuper d'eux... il allait d'abord falloir sauver le bâtiment de l'inondation qui s'annonçait si personne ne faisait rien ! Le gestionnaire n'avait pas le temps de chouiner sur son sort, ou sur l'immonde non symétrie qui s'emparait de son lieu de travail. Il fallait agir ! Heureusement, le jeune homme se sentait suffisamment bien pour pouvoir l'accompagner.

"Oui, vous avez sans doute raison, on ne sait pas ce qui nous attend dehors !"

Si le mur de son bureau s'était écroulé, qu'allaient-ils trouver une fois dehors ? À quel point ce bâtiment était-il en train de tomber en morceaux ? Dai appréhendait de devoir sortir, mais il n'y avait plus d'autre choix possible. L'étudiant avait bien retenu l'itinéraire, lui aussi. Après, ce n'était pas comme si c'était particulièrement difficile non plus, mais on n'était jamais trop prudent !

D'autant qu'une fois sortis... qu'est-ce qui s'était passé ici ? Il y avait des chaises étalées partout... et même quelques tables... il y avait eu une bataille rangée et certains avaient monté des barricades pour se cacher ?? Ça n'avait aucun sens ! Kyojiro décida de passer devant pour déplacer les meubles... Dai pouvait voir qu'il avait parfois du mal à maintenir son équilibre, mais de son côté, il aurait eu du mal à bouger les éléments les plus lourds...

"Je vais vous éclairer !"

Il fallait bien qu'il serve à quelque chose dans cette équipe ! Il le suivait donc en tâchant de l'éclairer du mieux possible sans l'éblouir, tout en maintenant son propre équilibre. Il s'était débrouillé pour poser sa main sur son épaule droite, espérant qu'elle puisse se maintenir plus facilement dans cette position qu'en la laissant simplement pendre. Entre leur blessure et l'obscurité, ce n'était pas évident d'avancer entre ces foutues chaises... ils perdaient un temps fou !

Ils arrivèrent finalement tant bien que mal au bout du couloir. Kyojiro suggéra alors qu'il fallait mettre son bras en écharpe. C'est vrai ! Ce serait effectivement une bonne idée... il aurait d'ailleurs dû y penser plus tôt ! D'autant qu'en descendant les marches, il allait être drôlement difficile d'empêcher son bras de balancer... Mais il était trop tard pour retourner à son bureau, et de toute façon, il n'était pas sûr d'avoir quoi que ce soit pour faire une écharpe... ils allaient encore perdre du temps...

Et puis, Dai surprit le regard de Kyojiro. Ils étaient devant le bureau du directeur... le directeur qui mettait toujours des écharpes...et des cravates... sans doute qu'il y aurait là quelque chose qu'ils pourraient utiliser... mais c'était le bureau du directeur... et quand même, on ne pouvait pas y entrer comme ça... et encore moins se servir comme on le voulait dans les placards ! Typhon ou pas, on n'allait pas jeter toute la bienséance du monde dans les toilettes juste pour une épaule démise ! En même temps... les circonstances étaient des plus exceptionnelles, et s'ils ne bloquaient pas son bras, il n'était pas sûr de pouvoir descendre les escaliers, Sakurai-san serait alors seul et son état le préoccupait quand même un peu. Il était irresponsable de laisser un étudiant blessé vadrouiller seul dans les sous-sols de l'académie ! Il était de sa responsabilité, en tant que personnel de l'académie, de veiller au bien-être des étudiants, et il comptait bien y arriver ! Et si le directeur avait quoi que ce soit à lui dire... et bien il expliquerait à Kyojiro comment porter plainte contre l'académie pour mise en danger !

Il poussa un profond soupir, tout de même peu à l'aise à l'idée de ce qu'ils s'apprêtaient à faire.

"Très bien. Nous sommes tous les deux d'accord qu'il s'agit là d'un cas de force majeure. Il faut que nous puissions couper l'arrivée d'eau pour éviter l'inondation... bien entendu, nous ne devons jamais récidiver ! Cela serait scandaleux..."

Il ne savait pas très bien s'il disait ça pour lui-même ou pour l'étudiant.
Il prit une grande inspiration, chercha des yeux l'accord de son compagnon d'infortune, hocha la tête... et entra dans le bureau du directeur !

Dai avait le coeur battant à tout rompre, il s'attendait presque à ce que s'abattent sur lui les foudres du Règlement de l'Académie pour infraction grave. Mais il fallait vraiment bloquer ce bras à tout prix, il fallait qu'ils aillent couper l'eau ! C'était de la Plus Haute Importance ! Ils ne pouvaient pas faillir dans leur mission...

Le bureau était vide et en parfait état... bien sûr que le directeur était déjà parti, et bien sûr que les murs de son bureau à lui n'étaient pas en carton ! Une bouffée de colère emplit violemment le gestionnaire. Est-ce que le capitaine n'était pas sensé ne jamais abandonner son navire ??? Voilà une conduite fort peu capitainesque... cet homme n'avait donc aucune parole ? aucun honneur ? Dai rageait, mais il n'y avait pas le temps pour ça...

Ses yeux tombèrent sur une écharpe oubliée sur le porte-manteau. C'était une écharpe particulièrement large, un patchwork de gris. Avec ça, ils devraient pouvoir bloquer son bras correctement. Il l'attrapa et la tendit à Kyojiro. Sur le bureau, il restait encore une bouteille de whisky et un verre non terminé...

"Est-ce que vous pouvez m'aider s'il vous plaît ? Nous pourrons aussi désinfecter votre plaie avec cet alcool. Après, nous devrions être fin prêts pour trouver comment couper l'eau !"

Vraiment, il ne se reconnaissait pas ! Il se trouvait en plein chaos dysymétrique et il ne paniquait presque pas, il était entré par effraction dans le bureau du directeur et y avait volé une écharpe. Mais qui était-il en train de devenir ??

Kyojiro n’arrivait pas non plus à réaliser ce qui était en train de se passer : ils se retrouvaient, avec le gestionnaire de la scolarité, à se jauger du regard pour savoir s’ils allaient vraiment oser passer la porte du bureau du directeur afin de commettre un vol. L’épris de justice et du droit chemin qu’était le kendoka avait vraiment du mal à se convaincre que c’était LA chose à faire mais… La situation l’exigeait non ? C’était comme Kenji lui avait dit pendant cette heure de colle de l’année passée : certaines règles ne doivent pas être suivies bêtement à la lettre.

Kyojiro baissa un peu le regard quand Dai soupira. Ils restèrent quelques secondes silencieux avant que le gestionnaire ne reprenne la parole, le kendoka s’empressant de relever la tête pour la hocher vivement de haut en bas. Ce mouvement brusque lui avait donné quelques vertiges, qui l’obligèrent à se maintenir contre le mur du bureau avec sa main.

« A-Absolument ! N-Nous n’avons pas d’autres choix, i-il faut qu’on vous fasse une é-écharpe. C-C’est… C’est un vrai cas de force majeure et u-une… exception qui sera unique dans toute notre vie. »

Ils avaient l’air fin tous les deux à essayer de se convaincre et de se donner du courage en se fixant comme ça !

Dai fut finalement le premier à entrer dans LE bureau, Kyojiro le suivant en se faisant tout petit. Il n’y avait personne, mais le kendoka n’était pas serein pour autant. Ce n’était pas rien comme infraction ! C’était… LE BUREAU DU DIRECTEUR BON SANG ! L’étudiant avait l’impression de respirer comme une femme enceinte en train d’accoucher, ce qui n’était pas forcément la meilleure des solutions parce que les vertiges se faisaient un peu plus durs à gérer de cette façon. Il tituba un peu et se rattrapa de justesse à une étagère en attrapant l’écharpe que lui tendait Dai. Sauf que voilà, pendant que le gestionnaire lui expliquait comment ils allaient procéder à présent, Kyojiro sentit ses jambes fléchir un peu plus sous son poids, poids qu’il exerça alors sur cette fameuse étagère qui… se rompit, laissant se déverser sur le sol tout un tas de livres. Le kendoka se sentit pâlir alors qu’il se reculait un peu trop rapidement pour ne pas risquer de subir un nouveau choc sur la tête.

« Oops… »

Mince, ça faisait tellement tâche… Le bureau était impeccable et il n’y avait que cette étagère qui tranchait avec le reste ! Nul doute que le directeur allait comprendre qu’on était venu dans son bureau ! Kyojiro commença à paniquer un peu, avant de redescendre sur Terre quand ses doigts se resserrèrent sur l’écharpe. Ah… Oui, ils avaient mieux à faire que de se préoccuper d’une vilaine étagère ! Et puis, comme ça, le directeur était presque à égalité avec les autres membres du personnel grâce à ce petit bazar !

« D-Désolé ! J-Je… J’ai voulu me rattraper et… Tout est tombé, je… »

Pourquoi Kyojiro était en train de s’excuser auprès de Dai au juste ? Fronçant les sourcils, le kendoka préféra opter pour un changement « subtil » de conversation.

« J-Je vais m’occuper de votre bras ! »

Magnifique. Kyojiro se rapprocha donc du bureau et noua le plus délicatement du monde l’écharpe, afin que Dai puisse y reposer son bras. Il avait fait super attention et il se recula un peu pour admirer son travail.

« E-Est-ce que… Ça va comme ça ? Ça ne vous fait pas trop mal ? Ce n’est pas trop serré ? »

Kyojiro était vraiment soucieux de bien faire ! Et maintenant que Dai était « soigné », c’était à son tour. Le kendoka fixa ce verre de whisky avec les sourcils froncés. Le directeur buvait sérieusement de l’alcool pendant ses heures de travail ? Est-ce que c’était un alcoolique en réalité ? Le kendoka n’aimait pas trop penser que cet homme pouvait avoir un côté irresponsable ou sombre, parce qu’il avait toujours eu beaucoup de respect pour les personnes haut placées ou plus âgées que lui. En plus, Kyojiro n’y connaissait rien mais… Ce n’était pas une bouteille qui valait une petite fortune ? C’était une bonne idée de piquer du whisky au directeur, s’il était d’aussi bonne qualité, simplement pour une « petite » blessure ?

« V-Vous… Vous êtes sûr qu’on peut se servir de ça pour… désinfecter ? »

Ça allait faire super mal en plus ! Et Kyojiro n’avait pas de tissu propre à imbiber d’alcool…

« J-Je… Je crois qu’on va encore devoir e-emprunter quelque chose a-au… directeur… »

Ah, il se sentait mal. Il allait défaillir à cause de toutes ces violations qu’ils étaient en train de commettre ! Et sans doute aussi un peu à cause de sa blessure, mais juste un peu. Kyojiro se saisit quand même d’une cravate qu’il avait trouvée dans le premier tiroir du bureau du directeur, la tendant ensuite à Dai. Non, vraiment, il se sentait super mal… Il ne pourrait plus jamais croiser le regard de l’homme en charge de cette académie après tout ça, c’était certain !

Mais qu'était-il en train de devenir ? Vraiment, il ne se reconnaissait plus ! Il enchaînait les délits avec ce qui lui semblait être une terrifiante facilité... pire, il entraînait avec lui un étudiant dans sa chute ! Un honnête étudiant qui à cause de lui était entré par effraction dans le bureau du directeur ! C'était honteux... en tout point honteux... à ce rythme, il n'aurait d'autre choix que de démissionner une fois que tout ceci serait terminé. Tant qu'à être dans le bureau du directeur, il pouvait en profiter pour d'ores et déjà laissé sa lettre de démission ! Non, il fallait qu'il se ressaisisse... l'académie était en péril ! Il espérait juste que c'était vrai que la faim justifiait les moyens... Sinon ils étaient en train de traîner leur nom dans la boue, ou en tout cas dans l'espèce de bouillie vermoulue qui couvrait maintenant le sol de son bureau.

Kyojiro avait l'air mal en point de son côté, il avait définitivement du mal à se tenir droit. Au point qu'un drame arriva... Alors que Dai cherchait ce qui pourrait bien servir à tenir son bras, l'étudiant perdit l'équilibre et se rattrapa de justesse à une bibliothèque. Avant même que le gestionnaire ait le temps de faire un geste vers lui pour l'aider, les étagères craquèrent et s'affaissèrent sous son poids, déversant leur contenu sur le sol. Dai était atterré... ils venaient de signer leur crime ! De toute façon, depuis qu'ils étaient entré dan ce bureau, ils étaient liés par le poids du secret... Il leva simplement la main pour faire signe à l'étudiant que les excuses n'étaient plus nécessaires entre eux...

"Au stade où nous en sommes... ce n'est plus une étagère qui compte !"

Et puis mince, tant pis pour le directeur ! Après tout, il s'en tirait avec une étagère cassée alors que lui venait de voir tout son bureau réduit à néant ! Alors flûte à la fin. Il n'avait pas intérêt à se plaindre ! Ils avaient d'autres choses à faire.

"Si nous avons le temps... peut-être que nous pourrons revenir ranger les livres... mais il faut... prioriser !"

Et puis Kyojiro changea de sujet, attrapant l'écharpe pour la nouer autour du bras de Dai. Il sentait bien que l'étudiant faisait aussi attention que possible et il lui en était reconnaissant. Après tout, si sa mémoire était bonne, ce n'était pas un étudiant de médecine ! Mais après, peut-être que savoir faire ce genre de choses pouvait être utile dans son parcours sportif ? En tout cas, ça allait être plus simple de bouger maintenant ! Il n'aurait pas continuellement à se concentrer pour maintenir son bras.

"Merci beaucoup pour votre aide ! Grâce à vous je vais pouvoir me déplacer plus facilement... heureusement que vous êtes là !"

Sinon il aurait vraiment galéré ! Il était maintenant temps de rendre la pareille à Kyojiro. À marcher derrière lui, il avait bien vu que celui-ci saignait au niveau de la tête... ce qu'il avait trouvé dans son bureau ne pouvait effectivement pas venir en aide au jeune homme, mais il fallait quand même faire quelque chose ! La tête ça saignait beaucoup, certes, mais vue la poussière dans laquelle ils avaient baigné, et vu comment ça leur avait brûlé les poumons, Dai n'aimait vraiment pas l'idée de ne pas pouvoir au minimum nettoyer cette vilaine plaie !

"Ce n'est pas l'idéal, et l'alcool fort comme ceci sera malheureusement plus douloureux que du véritable alcool à désinfecter. Mais je pense que cela est plus prudent. Je ne sais pas ce qu'était cette poussière, mais vu comme elle était douloureuse à respirer... Je pense qu'il vaut mieux que nous vous soignions un minimum !"

L'étudiant attrapa alors une cravate du directeur dans un de ses tiroirs avant de la lui tendre. Dai hocha la tête. Il tendit son portable à Kyojiro pour que celui-ci puisse l'éclairer, après tout, il n'avait plus qu'une main... Il trempa ensuite la cravate dans le verre entamé.

"Dès que vous êtes prêt, je vais procéder à la désinfection de votre blessure !"

Il attendit donc le signe de Kyojiro, et appliqua aussi délicatement qu'il le pouvait la cravate imbibée d'alcool... Il savait que cela serait douloureux pour l'étudiant dans tous les cas, mais ce n'était pas la peine d'en rajouter en étant trop brusque ! Il nettoya la blessure aussi bien que possible.

"Vous serez content d'apprendre qu'elle n'est pas excessivement profonde. En revanche elle est assez longue, c'est pour ça que vous saignez beaucoup..."

Dai réfléchit... une autre écharpe était sur le porte-manteau, à croire que le directeur les collectionnait...

"Je pense qu'il faudrait nouer ça autour de votre tête, comme un turban. Ça n'est pas l'idéal, mais cela protégera la plaie a minima."

Enfin après peut-être qu'il se trompait, peut-être qu'il valait mieux laisser respirer ? Mais s'ils devaient encore se retrouver dans des zones à respirer des choses bizarres... Après, Kyojiro avait l'air de mieux maîtriser ces choses-là, alors sans doute pourrait-il prendre une décision plus éclairée que la sienne sur ce point. D'autant plus que c'était sa tête après tout.

Une fois que chacun fût soigné, il était donc temps de repartir en direction du sous-sol ! Ils devaient trouver l'arrivée d'eau ! En quittant le bureau, il ne put s'empêcher d'avoir un regard en arrière : ils étaient entrés par effraction, avaient cassé une bibliothèque, volé deux écharpes, une cravate et du whisky. Vraiment, ils étaient sur une pente terriblement glissante ! Que viendrait-il après ? C'était la voix directe avant de monter son propre gang de brutes, il le savait ! Lui qui avait évité les ennuis toute sa vie, voilà qu'il avait sauté dedans à pieds joints ! Des remords ? Oh oui, il en avait ! mais ce n'était pas le moment d'y penser !

Aussi courageusement qu'il le pouvait, il ouvrit donc la porte donnant sur l'escalier de secours.

"À nous les sous-sols !"

Et toujours en éclairant leur chemin, il commença la descente !

Kyojiro se sentait affreusement mal à cause de ses blessures, mais aussi à cause de cette culpabilité qui le rongeait de plus en plus depuis qu’ils étaient entrés dans le bureau du directeur, presque par effraction (ils n’avaient pas eu à utiliser un trombone pour ouvrir la serrure, mais ils étaient quand même entrés sans autorisation dans le bureau du grand patron !). Alors là, quand il vit l’étagère pleine de livres céder sous son poids, le kendoka sentit son visage devenir livide. Foutus… Ils étaient foutus… Kyojiro s’empressa de s’excuser auprès de Dai qui essaya de minimiser un peu. Il avait raison, ce n’était qu’une étagère et ils allaient sans doute réussir à sauver l’académie de dégâts plus importants s’ils parvenaient à couper l’arrivée d’eau ! Peut-être même qu’on les féliciterait après tout ça pour leur courage et qu’on leur attribuerait une médaille ! Et puis les mots du gestionnaire parvinrent à calmer presque définitivement la culpabilité de l’étudiant. Heureusement qu’il était là… Kyojiro ne put s’empêcher de sourire doucement, heureux que sa présence puisse être utile.

Après s’être occupé du cas de Dai avec son écharpe, il fallait maintenant passer aux soins du kendoka. Kyojiro n’était pas vraiment rassuré à l’idée de devoir sacrifier encore plus les affaires du directeur mais… le gestionnaire avait raison : vu la poussière dans laquelle ils avaient été plongés dans son bureau, il valait mieux nettoyer un minimum sa plaie. Le kendoka hésita encore quelques secondes avant de se pencher légèrement en avant pour faciliter la tâche à Dai. Il fallait dire que le kendoka mesurait près de 15 centimètres de plus que lui ! Et, même s’il s’y était attendu et un peu préparé… L’opération fut affreusement douloureuse. Kyojiro supportait assez bien la douleur, habitué à souffrir à cause de ses entraînements parfois ultra intensifs au kendo, mais là, cette blessure à sa tête, c’était une grande première dont il se serait bien passé ! Le kendoka serra les poings et les dents aussi fort que possible, fermant les yeux en entrant en apnée à chaque fois qu’il avait envie de hurler de douleur. Il fallait qu’il reste le plus immobile et silencieux possible pour que Dai ne soit pas gêné dans ses mouvements, le tout en essayant de l’éclairer avec son portable. Autant dire que ça avait presque été mission impossible, et que la lumière s’était à plusieurs reprises dirigée vers le sol tant Kyojiro était crispé et avait mal.

Il avait donc étouffé plusieurs grognements de douleur pendant toute l’opération, espérant que Dai ne l’ait pas trop mal pris alors qu’il faisait super attention à ne pas lui faire mal… Kyojiro put enfin se redresser, osant une main vers sa tête, juste à côté de sa plaie, alors qu’il écoutait les conseils du gestionnaire. Il hocha doucement la tête, encore un peu plus sonné à cause de la douleur de cette désinfection.

« M-Merci beaucoup… Je… Je suis désolé, j’espère que ça n’a pas été trop… »

Trop quoi ? Dégoûtant ? Ce n’était quand même pas rien de s’occuper d’une plaie sanguinolente à la tête !

« Enfin… J’espère que vous ne vous s-sentez pas trop mal d’avoir fait tout ça. Je… Heureusement que vous êtes là, vous aussi. Et j-je… Je vais prendre cette écharpe. J-Je pense qu’il vaut mieux éviter de tout salir à nouveau maintenant que vous avez tout bien nettoyé… »

Kyojiro ne voulait surtout pas réduire à néant le travail de Dai (encore une fois), et s’il pouvait éviter de repasser par la case désinfection au whisky de qualité… Le kendoka se saisit donc de la deuxième écharpe pour l’enrouler autour de sa tête. Bon, ils avaient vraiment l’air de mecs louches maintenant (en plus de bras cassés), mais ils avaient plus important à faire que de s’occuper de leur look : partir couper cette arrivée d’eau !

Les deux criminels quittèrent donc le bureau pour entreprendre la descente de l’escalier de secours en direction des sous-sols. Kyojiro était toujours devant pendant que Dai l’éclairait, vacillant un peu à droite et à gauche à chaque marche qu’il descendait, jusqu’à finalement arriver en bas, manquant de se rétamer parce que le niveau de l’eau avait déjà recouvert la dernière marche de l’escalier et qu’il ne l’avait donc pas vue. Il se rattrapa de justesse en faisant encore plusieurs pas en avant, se jetant presque sur le mur sur sa droite pour arrêter sa course.

« A-Attention Murakami-san ! La dernière marche est sous l’eau ! »

Eh bien… Est-ce qu’il avait déjà parlé aussi fort de toute sa vie ? Mais la santé de Dai était en jeu, il devait le protéger ! C’était lui l’adulte, et c’était sans doute lui qui saurait le mieux comment couper l’eau, non ?

Fort heureusement, le reste du couloir, quand ils prirent sur la droite, ne semblait pas vraiment encombré. Il n’y avait que cette eau qui leur arrivait au-dessus des chevilles. C’était désagréable de marcher dans ce liquide glacé comme ça, avec des chaussures, mais bon… Ils n’avaient pas le choix !

Les deux compères poussèrent finalement la porte de leur destination, Kyojiro laissant passer le gestionnaire en premier afin qu’il puisse éclairer correctement les lieux et… waw ! Comment ils étaient censés trouver la bonne arrivée d’eau maintenant ? Le kendoka n’y connaissait rien en plomberie, ni même en électricité et il y avait vraiment trop de choses dans ce local !

« E-Euh… V-Vous… Vous vous y connaissez un peu ? J-Je… Je crois que les arrivées d’eau sont des robinets rouges mais… Lequel tourner ? Tous ? Mais et si des gens ont besoin d’eau… »

Le kendoka était en plein débat intérieur, mais toutes ses préoccupations sortaient finalement à voix haute alors qu’il tournait son regard vers le gestionnaire. Pourquoi on ne leur apprenait pas des choses aussi importantes en cours sans qu’on ait à se spécialiser dans la plomberie ?

Bien sûr que soigner une plaie sanguinolente n'était pas son activité favorite. Est-ce qu'il y avait vraiment des gens que ça amusait ? Le médecin peut-être... c'était quand même un peu bizarre comme métier quand on y réfléchissait bien... enfin, il fallait faire ce qui était nécessaire pour leur permettre d'aller au bout de leur mission et il n'avait pas réfléchi plus que ça pour savoir si c'était oui ou non une activité plaisante. Cela devait être fait, un point c'est tout !

"Ne vous inquiétez pas ! J'espère que cela pourra vous soulager un peu..."

Sans doute que d'autres auraient ri de voir Kyojiro ainsi attifé d'une écharpe sur la tête, mais ça ne traversa même pas l'esprit du gestionnaire. Ils avaient autre chose à penser que leur dégaine ! Enfin, il est vrai que si quelqu'un les croisait dans les couloirs, il n'en manquerait pas de tirer des conclusions hâtives... ils continuaient de glisser sur cette pente dangereuse ! Ils avaient déjà l'air d'un gang !! Quelle allait être la prochaine étape ? Et surtout qui pourrait les arrêter après une telle lancée ?

Pas le temps d'y penser, il fallait d'ores et déjà descendre l'escalier. Celui-ci était déjà moins encombré que le couloir, ce qui était quand même plus pratique. Voilà qu'ils s'enfonçaient tous les deux dans les ténèbres... de l'académie, prêts à rencontrer leur destin. Dai pouvait voir que Kyojiro avait encore du mal à maintenir son équilibre, sa blessure devait l'avoir pas mal affaibli. Il espérait vraiment que cette opération serait la dernière qu'ils auraient à faire... mais vu comment le typhon grondait dehors, rien n'était moins sûr !

D'autant qu'arrivés en bas, ils découvrirent que l'eau avait envahi le sous-sol. Kyojiro eut le temps de le prévenir, mais Dai n'eut pas le temps de comprendre ce que cela impliquait. Si bien que malgré tout, il glissa quand même, tenta de se rattraper à la rampe, et réalisa un peu tard qu'il n'avait plus de bras gauche pour ça. Résultat il s'étala complètement sur le mur, se râpant le côté de la tête, avant de finalement tomber en glissant sur le sol. Au moins, sa rencontre avec le mur avait limité la chute, si bien qu'il ne se fit pas bien mal, excepté pour le côté de son visage qui brûlait un peu. C'était surtout que maintenant, son pantalon était complètement trempé, sensation hautement désagréable s'il en était !

"Ne vous inquiétez pas, j'ai encore la lumière !"

Car oui à cet instant, c'est ce qui lui parût l'information la plus importante à transmettre. Il faisait déjà suffisamment sombre ici, sans compter toute cette eau qui venait encore compliquer leur progression ! Ils ne pouvaient pas se permettre de perdre le téléphone de Dai... sinon ils risquaient d'errer dans les sous-sols jusqu'à la fin du monde ! Ce serait terrible, il ne savait toujours pas faire de back flip en skate ! Bon en vrai, il ne savait toujours pas faire grand chose... alors vraiment, ce serait terrible !

"Continuons."

Ils ne pouvaient pas rebrousser chemin maintenant, alors qu'ils étaient si prêts du but. Dai se relever tant bien que mal, tâchant de rassembler le peu de dignité qu'il lui restait encore maintenant qu'il était trempé. Et les deux hommes purent reprendre leur route. Heureusement, il n'y eut pas d'autres mauvaises surprises sur leur route... en tout cas pas avant d'arriver à la salle indiquée sur le plan.

Il avait été si naïf de croire que cela serait facile ! La salle était remplie de robinets rouges... Dai eut un léger moment de panique.

"Évidemment, l'académie est immense... il n'y a pas qu'une seule arrivée d'eau... je suis désolé, j'aurais dû m'en douter."

Il aurait dû y penser oui ! Et impossible de se souvenir si le plan précisait quelque chose. N'importe quoi, un code, un numéro, un signe... normalement, il avait une mémoire quasi photographique, mais vues les conditions, il n'avait pas pu voir le plan suffisamment bien pour ça... impossible de savoir lequel était le bon...

"peut-être en suivant les tuyaux... mais non... c'est impossible, nous allons perdre trop de temps, et nous n'avons plus l'énergie pour ça..."

Dai réfléchissait à toute allure au milieu de la panique. Avaient-ils fait tout ce chemin pour rien ? Étaient-ils venus jusqu'ici pour échouer si près du but ? C'était désolant, ridicule... À coups sûrs, leurs noms seraient traînés dans la boue pendant des années. Ce qui ne serait pas bien dur, car si on ne coupait pas l'eau, l'académie allait continuer à inonder et de la boue viendrait bientôt recouvrir le sol de ce lieu prestigieux, comme c'était déjà le cas de son bureau !

"Il faut prendre une décision..."

Mais il ne savait pas laquelle... et l'étudiant ne semblait pas beaucoup plus sûr que lui... La voix un peu tremblante, Dai reprit la parole.

"Écoutez, nous sommes venus jusqu'ici. Nous devons tenter quelque chose... ce serait pire que de ne rien faire. Je pense qu'il faut prendre le risque de couper tous les circuits d'eau. Si les sous-sols sont inondés, cela veut dire que d'autres canalisations que celles de mon bureau a cédé... Ces inondations vont rendre difficile aux membres de l'académie de s'abriter, d'autant plus qu'il leur faut aussi s'abriter des potentiels éboulements auxquels nous avons eu le droit..."

Pas besoin de préciser, la blessure de Kyojiro devait suffisamment lui rappeler ce qui s'était passé. Le gestionnaire prit donc une grande inspiration, coinça son téléphone sur une étagère installée sur le côté du mur, et mit la main sur le premier robinet.

"Nous allons tout couper. J'assumerai l'entière responsabilité de ce qui se passera..."

De toute façon, dans le pire des cas, les bornes incendie des pompiers étaient branchées sur des réseaux indépendants, on n'allait pas brancher une lance incendie sur un robinet dans les WCs...

Que la roue tourne !

Et de toute la force dont il était capable à une main, il commença à fermer le premier robinet...

Kyojiro n’avait pas été assez rapide… et il s’en voulait déjà beaucoup ! Lui dont l’épaule avait été joyeusement dire bonjour au mur le plus proche, il n’avait pas eu le temps de prévenir son acolyte suffisamment à l’avance qu’il fallait faire attention à la dernière marche. Résultat, le pauvre gestionnaire de la scolarité fit lui aussi une magnifique chute, sous le regard plein d’effroi du kendoka. Il ouvrit la bouche, prêt à s’enquérir de l’état de son camarade, mais celui-ci prit les devants en lui assurant qu’il avait toujours la lumière. Ouais, c’était important, certes, mais… Mais mince ! Il était blessé et il venait de salement se ramasser quand même ! Kyojiro s’empressa donc de revenir vers lui, prêt à le soutenir si jamais il avait du mal à tenir debout (ce qui était quand même fantastique quand on voyait déjà à quel point le kendoka avait du mal à tenir lui-même en équilibre).

« V-Vous êtes sûr que… tout va bien ? »

Kyojiro le regardait vraiment avec un air inquiet, essayant de détailler au mieux son visage qui… était pas mal éraflé à cause de sa chute. Le kendoka s’en voulait vraiment, mais comme le gestionnaire semblait absolument vouloir mener à bien leur mission, il préféra ravaler son « Je vais y aller seul, reposez-vous ». De un, il n’était pas sûr de pouvoir couper l’eau tout seul, et de deux, il n’avait pas tellement envie de laisser le pauvre Dai tout seul dans les sous-sols, sans surveillance. S’il se blessait davantage pendant qu’il n’était pas là pour intervenir… Kyojiro savait qu’il ne se le pardonnerait pas. Ils continuèrent donc à avancer jusqu’au fameux local où se trouvaient… beaucoup trop d’arrivées d’eau ! Comment réussir à couper la bonne ?

L’étudiant avait senti une petite bouffée de panique le prendre à son tour, sans doute celle de Dai qui avait été très communicative, quand le gestionnaire lui avoua ne pas plus savoir que lui quelle était la bonne conduite à couper. Ils se regardèrent un moment, réfléchissant à toute allure, avant que l’adulte ne prenne finalement une décision : ils allaient tout couper. Kyojiro fronça les sourcils en le voyant s’approcher du robinet rouge le plus proche, bien décidé à prendre sur ses épaules tout le poids des responsabilités que cet acte allait engendrer. L’étudiant le fixa hyper sérieusement (ce qui perdait quand même de son impact à cause de son écharpe-turban), posant à son tour ses mains sur un robinet.

« Je suis venu avec vous jusqu’ici et je vais vous aider alors… Je prendrai moi aussi ma part de responsabilités. »

Ils étaient définitivement trop solennels tous les deux… Mais voilà, ils s’étaient finalement lancés ! Cela leur prit quelques minutes, mais ils parvinrent à fermer tous les robinets d’arrivée d’eau. Chose faite, Kyojiro regarda autour d’eux, comme s’il espérait qu’un miracle soudain se produise. Mais l’eau qui recouvrait le sol n’allait pas disparaître comme par enchantement ! Il ferma quand même les yeux en soupirant doucement de soulagement, alors que son dos s’appuyait contre le mur le plus proche.

« O-On… a réussi… »

Oui, c’était une bonne chose de faite ! Ils avaient évité que toute l’académie ne finisse sous les eaux telle l’Atlantide ! Il ne restait plus qu’à espérer que des gens ne finiraient pas par avoir absolument besoin d’eau…

« Qu’est-ce… Qu’est-ce qu’on peut faire m-maintenant ? »

Kyojiro était épuisé et ils venaient de mener à bien leur mission, mais ce sentiment d’avoir sauvé des vies lui donnait presque trop d’adrénaline pour qu’il puisse se reposer en attendant sagement les secours. Il voulait continuer à aider des gens ! Ou alors, est-ce qu’il valait mieux qu’ils retournent dans le bureau de Dai pour essayer de sauver les dossiers qui pouvaient encore l’être ?

Saya me rejoignit rapidement aux côtés de Salem et j'écoutais son idée avec attention. C'était possible que ce chat puisse nous aider à trouver une sortie, oui ! Après tout il devait connaître cet endroit comme sa poche. Restait à voir s'il était décidé à nous aider... Je me relevais et hochais la tête.


- C'est possible oui, bonne idée ! Salem, tu nous fais sortir de là ?


Parler à un chat c'était con, mais ça aidait à se calmer. Que celui qui n'avait jamais gagaté devant un animal me jette la première pierre ! N'empêche que Salem se mis à marcher, et qu'il s'arrêtait pour nous attendre à chaque fois. Peut-être qu'il avait compris, qui sait ! Je me mis à le suivre, m'assurant que Saya arrivait à marcher à peu près normalement. Son état m'inquiétait. Elle avait encore mal au point de ne pas marcher bien alors que la chute datait déjà de quelques minutes. Elle avait peut-être une entorse, voire pire...


- Ca va aller Saya ?


La petite lampe du porte-clef ne cessait de passer de Salem au sol devant nous pour éviter de trébucher sur un obstacle. Les humains n'étaient déjà pas particulièrement agiles de base, mais alors dans le noir... Quoiqu'on commençait à mieux y voir. Tant mieux ! C'était loin d'être parfait mais déjà on pouvait distinguer un minimum notre environnement... d'ailleurs, est-ce qu'on était encore en train d'arriver vers une zone pleine d'eau ? C'était bien notre chance ! Au moins Salem ne semblait pas trop craindre ça, c'était un sacré courageux pour un chat !
Je n'avais pas vu de plaie sur la cheville de Saya, sa situation dans l'eau m'inquiétait moins, mais je surveillais encore avec la lampe que notre chemin soit dégagé. Manquait plus de trébucher et atterrir la face la première dans l'eau comme je l'avais fait... Je devais avoir une de ces gueules ! Mais bon, je n'étais pas blessé à part la petite plaie que j'avais remarqué en me passant la main sur le front... Je m'en sortais bien.

Au détour d'un couloir, j’entends Salem miauler et lève le regard jusqu'à voir deux silhouettes devant nous. D'autres personnes ! C'était bête, mais le simple fait de ne plus être qu'à deux me mettait en joie. Enfin, maintenant on était quatre dans la même galère, mais on allait encore plus pouvoir s'entraider non ? Je m'approchais, soulagé, avant de prendre la parole.


- Hey ! Ca va pour vous ? Vous êtes arrivés là comment ?


Ils n'avaient pas l'air en super état. Je reconnaissais Dai, le gars qui gérait la scolarité -donc que je pouvais souvent croiser-, et l'autre personne devait être... un étudiant, ou alors un lycéen en dernière année, je dirais ? Pas simple de retenir tout le monde. Je reconnaissais juste son visage de loin. Mais bon ! Le plus important était qu'ils étaient blessés. Dai avait le visage éraflé, le bras en écharpe, et le lycéen-étudiant avait un truc autour de la tête, en mode turban... ils avaient du prendre des coups. Qu'est-ce qui avait bien pu leur arriver ?
Je décidais d'expliquer notre cas rapidement.


- Le sol s'est effondré sous nos pieds. Je n'ai pas grand chose, par contre Saya a mal à la cheville depuis et on n'a rien trouvé d'autre que ce balai pour faire office de béquille pour l'instant. Ah et, c'est Salem qui nous a mené à vous.


Je désignais Saya puis Salem pendant ma phrase, parlant vite sous l'effet de l'adrénaline. Maintenant qu'on était tous là, il fallait qu'on remonte ! Les lamentations seraient pour plus tard. Ce qui m'inquiétait le plus, c'était leur état. Il s'était passé quoi là-haut ? Il y avait eu d'autres incidents ?
… les lamentations étaient pour plus tard mais j'étais quand même bien trop inquiet pour ne pas poser de question.


- Il vous est arrivé quoi ? Y'a des blessés là-haut ? Personne en danger critique ?


Ca y'est, je recommençais à me faire des films...