Un peu de dessin dans l'inconnu

Catherine Kissouri
Catherine KissouriUniversité • 4ème année
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Un peu de dessin dans l'inconnu EmptyMer 13 Mar - 4:41
Catherine était arrivée depuis quelques jours au Japon et commençait tranquillement à s'habituer à sa nouvelle vie. Le changement d'heure avait été assez difficile au départ, mais elle avait fini par s'y faire. Elle n'avait pas eu trop de mal non plus concernant le fait de vivre seule à présent, mais la propriétaire du bloc où était son studio, son nouvel appartement, était très gentille et lui donnait plusieurs conseils, ayant souvent eu des étrangers comme locataires. Elle avait beaucoup d'espace pour travailler, et un mini-coin espace personnel avec lit et petit espace cuisine. Il y avait également une salle de bain à la japonaise dont elle n'était pas encore très habituée à utiliser.

Dans les trois derniers jours, après ses cours de japonais, elle prenait le temps à son retour vers son studio de passer devant les temples. Elle n'osait pas y entrer ou passer les arches rouges, ne connaissant pas toutes les significations et ne voulant pas manquer de respect aux croyants. Venant d'une mère catholique, elle avait appris à tenir en haute estime les lieux religieux. Prenant place sur un banc face à ces arches, elle ouvrait son cahier de croquis et avec son feutre noir, reproduisait les lieux sous différents angles, avec des passants ou simplement le lieu, comme figé dans le temps.

Aujourd'hui ne faisait pas exception. La journée était particulièrement douce pour Catherine, habituée à la neige et aux températures avoisinant le point de congélation à cette période de l'année. Il devait fait proche du 15 degrés Celsius aujourd'hui, le ciel étant partiellement couvert de nuages. La jeune femme avait l'impression qu'il y avait toujours des nuages au Japon, comme si le ciel bleu n'existait pas, du moins, il n'y en avait pas eu depuis son arrivée. Au moins, cela ne lui faisait pas plisser les yeux pendant qu'elle dessinait, le soleil vif pouvant aveugler sur les pages blanches du carnet. Elle avait revêtu un pantalon aux couleurs sombres et un t-shirt à manche longue de couleur bleue, portant une veste noire mince à manche longue pour protéger un peu du vent.

Le temps du repas du midi était déjà passé, mais elle n'avait pas encore mangé. Profitant d'un espace libre sur un banc, de l'autre côté de la rue en face d'une grande arche, Catherine sortit son cahier et son feutre. À ses côtés reposait son sac entrouvert, avec ses cahiers de japonais et son étui à crayons. Elle ramena ses jambes collées, ses chevilles se croisant sous le banc. Tournant les pages de son cahier à croquis, plusieurs étaient déjà remplis de différents dessins des lieux environnants. Elle trouva finalement une page blanche et installa son cahier sur ses jambes. En penchant la tête vers son dessin, quelques mèches de ses cheveux tombèrent devant son visage et elle les replaça derrière son oreille.

Gardant son regard pendant un moment sur les lieux autour d'elle, Catherine observa attentivement les formes de l'arche, la ligne droite des poteaux, la courbe de l'extrémité, le relief de la lumière... Retournant à sa feuille, elle laissa glisser la pointe du feutre sur le crayon, le papier émettant un faible son sous le passage du crayon. Elle reportait son attention entre la porte et le papier, tentant de reproduire non seulement les formes ou leur texture, mais de transmettre la sérénité qu'imposait ces lieux.

Pendant un moment, elle eut l'impression que quelqu'un la regardait, mais il y avait tellement de monde qui passait qu'elle finit par faire abstraction du sentiment et se concentra dans sa bulle. La faim commençait à se faire sentir, mais cela aussi, elle ne l'écoutait pas.
Karin Winterberg
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Un peu de dessin dans l'inconnu EmptyDim 24 Mar - 21:09
Je suis sur les rotules comme c'est pas permis... J'ai l'impression de me traîner une carcasse qui pèse des tonnes. La fatigue s'est pas mal accumulée ces derniers temps. Il faut dire que le boulot s'empile et s'empile. Je cours partout en ce moment, difficile d'en voir le bout. La semaine dernière on était en tournée, et dès le retour, je me suis retrouvé costumière et maquilleuse sur un projet de clip. Pour aujourd'hui, tournage nocturne... je suis complètement décalée ! On s'est mis au taf à 19h pour finir vers 7h... en sachant que le reste de la semaine on était sur des horaires plutôt normales... et que pas question d'aller au dodo à 7h30 ! Non monsieur non madame... Petit déjeuner collectif et après... au boulot ! Fallait tout démonter et vider les lieux pour midi. Je suis courbaturée, décalée, et affamée soit dit en passant ! Qu'une envie, rentrer à l'appart...

et en même temps envie de flâner. Le temps est au beau. J'ai tellement couru ces derniers temps, tellement vu de gens, tellement dû faire des sourires et des machins et des trucs... simplement marcher fait du bien. Mes jambes protestent un peu, le dos surtout. Retrouver mon lit va être un tel bonheur ! En marchant, j'hésite... je fais quoi en premier ? La douche ? La bouffe ? Le lit ? Je me trouve face à un véritable conflit intérieur perpétué par les différentes parties de mon corps et leurs divers besoins ! Dure dure la vie d'artiste, surtout les artistes un peu fauchés...

Je flâne, enveloppé dans ma cape de sorcière. Je me sens protégée. Il n'y a rien d'autre pour moi que la marche à ce moment. Simplement poser les pieds sur le sol, sentir son contact à chaque pas, à chaque rencontre de la ranger sur le sol. Comme un claquement. Sentir la vibration se répandre dans le corps, comme des vagues. C'est un petit moment rien qu'à moi au milieu du tumulte de la vie actuelle. J'essaie de ne pas penser à ce qui arrive dans les semaines à venir. Enfin ça c'est pas bien dur à faire, j'ai une mémoire désastreuse et je ne me rappelle déjà plus ce que je suis sensée faire dans les jours à venir... tout ce dont je me souviens, c'est que je suis libre demain, après... j'en suis pas bien sûre...

À force de marcher, j'arrive dans cette rue avec l'arche. À vue de nez, il me reste quinze bonnes minutes de marche. Mais je suis soudain un peu lasse. Comme l'envie d'une immense pause. J'aurais presque envie de m'endormir sur place. Je soupire. Une pause s'impose on dirait... Je regarde un peu partout autour de moi, cherchant un endroit où m'assoir pour délasser mes jambes engourdies par la fatigue. J'avise un banc sur lequel est déjà installée une jeune femme, visiblement plongée dans un cahier. Je m'approche, tâche d'attirer son attention afin de ne pas lui faire peur et lui demande :

"Ça ne vous ennuie pas si je m'assois un peu à vos côtés ? Je crois qu'une pause me ferait du bien !"


Je souris, mais je crois que j'ai des cernes jusqu'au menton ! C'est ma gueule que j'aurais dû maquiller ce matin ! Si la façon dont je me sens se voit sur ma gueule, je dois faire peur... Enfin... je serai quand même pas la première personne au monde à avoir une sale tête fatiguée... J'attends tranquillement qu'elle me donne le feu vert pour m'installer.

Je tiens les pendants de ma cape pour m'assoir à ses côtés sans la déranger. Je rabats mes jambes contre moi, pose mon menton sur mes genoux. Une jolie petite boule dans sa cape, je me sens bien, à l'abri. Je me retrouve donc à admirer le même paysage que la jeune femme et réalise alors qu'elle est en train de dessiner l'arche face à nous. J'ai presque l'impression de redécouvrir le paysage... c'est pourtant loin d'être la première fois que je passe là, mais c'est un peu comme si je le redécouvrais à travers le dessin.

"Vous avez un sacré coup de crayon.... et un sacré sens du détail !"

Mince, je me rends compte que même si elle m'a autorisée à m'assoir à ses côtés, elle n'a peut-être pas envie pour autant de discuter... moi-même, je ne m'attendais pas à en avoir envie.

"Pardon, je ne voulais pas vous déranger, ça m'a simplement attiré l'oeil..."

Catherine Kissouri
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Un peu de dessin dans l'inconnu EmptyMer 3 Avr - 5:57
Pendant que Catherine était dans sa bulle d'artiste à dessiner l'arche avec ses reliefs en monochrome, elle entendit des mots et leva la tête encore un peu dans sa bulle, mais en tentant de comprendre ce que l'inconnue lui disait.

— Quoi? Oh, oui bien sûr, sans problème!

S’inclinant un peu, Catherine prit son sac et le posa à terre contre ses jambes afin de laisser plus de place à la jeune femme. Celle-ci porte une très longue cape qui cache ses vêtements. Il ne fait pas très chaud, mais peut-être pas au point de porter une cape. Enfin, tout dépend aussi de l'épaisseur du vêtement porté en dessous. Le blond de la chevelure trahis une origine différente du Japon, mais impossible de savoir d'où. On peut en trouver dans n'importe quel pays d'Europe ou d'Amérique.

Elle semblait fatiguée, d'autant plus qu'elle lui mentionne vouloir faire une pause. L'inconnue prend place sur le banc, recroquevillant ses jambes et ramenant sa cape par dessus, ayant l'air d'une boule noire. Pendant un instant, Catherine se demanda si elle n'allait pas s'endormir ainsi, puis elle reprit son dessin, levant la tête, observant l'une des courbes de l'arche avant de revenir sur son dessin et d'effectuer quelques traits. LE dessin avait un côté très réaliste et donnait un effet trois dimensions peut habituel dans le dessin.

Elle entendit la voix de la jeune femme à nouveau, parlant alors de son talent artistique. Celle-ci semblait plutôt impressionnée par son dessin. Catherine leva la tête et lui sourit, plissant un peu les yeux.

— Merci. Cela fait trois jours que je viens dessiner l'arche dans des styles différents, mais celui-ci me prend beaucoup plus de temps.

L'inconnue s'excusa de l'avoir interpellé, ce à quoi Catherine secoua négativement la tête. Une mèche de cheveux glissa sous le mouvement et la jeune femme la replaça derrière son oreille en répondant.

— Il n'y a pas de mal, vraiment. Pour une raison que j'ignore, ça m'arrive souvent qu'on vienne me parler lorsque je dessine dans des lieux publics. La majorité du temps, on ne me voit pas tellement.

Il faut avouer qu'elle avait un profil plutôt simple et assez passe-partout. Outre le fait qu'elle a les yeux bleus, elle a une morphologie assez proche des Asiatiques où « tout le monde se ressemble ». Elle ne semblait pas le voir de façon négative, du moins, dans son ton de voix il n'y avait pas de tristesse, mais plutôt une simple déclaration des faits.

— Vous voulez voir les autres essais?

Catherine lui tend le cahier dans lequel elle dessinait. Il n'était pas très grand ni très lourd et la majorité des pages étaient encore vierges. Cependant, les pages précédentes présentaient le même décor qui était devant elle, mais dans des styles complètement différents. Parfois, l'angle changeait, possiblement selon où était assise l'artiste, mais aussi dans le style de dessin fait. Il y avait un style plus décor de manga, un autre plus effet négatif de photo, un autre avec des traits très simplistes, un autre complètement enjolivé de fleurs, bref, on pourrait presque croire que différentes personnes avaient fait ces croquis, mais tous se présentaient dans le même cahier et fait du même feutre. Pour une personne connaissant un peu l'art, cela avait tout d'un porte-folio d'étudiant en art.
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Un peu de dessin dans l'inconnu EmptySam 13 Avr - 17:28
S'assoir fait un bien fou ! L'impression que je ne me suis pas assise depuis des siècles entiers... Juste se recentrer un peu. Enfin c'est presque un piège. Tu te dis que tu vas t'assoir un peu puis repartir, mais c'est encore plus dur de repartir après ça... Genre les muscles qui protestent et le corps qui voudrait juste dormir. Si seulement je pouvais me téléporter dans mon lit ! Alors autant profiter du paysage...

Paysage que la jeune femme s'applique actuellement à reproduire. En tout cas en partie, l'arche. Mon regard passe de l'un à l'autre, essayant de voir quel point de vue elle applique. Pas vraiment que j'y connaisse quelque chose, c'est plus la guitariste qui a fait les beaux-arts. Moi, j'ai juste un oeil extérieur, un peu habitué certes, mais un oeil de touriste. Cela dit, ça reste plaisant à regarder.

Avec un peu de retard, je tilte maintenant qu'elle non plus ne doit pas être d'ici. Je crois que c'est en anglais qu'elle m'a parlé avant que je ne m'asseye... rapidement certes, avant de repasser au japonais... du coup ça m'amuse. Aucune de nous deux ne vient d'ici, et nous nous retrouvons à parler cette langue. La vie est pleine de surprise. Heureusement, elle ne semble pas se vexer de ma curiosité et m'explique un peu.

"Je ne m'y connais pas vraiment, du coup comment ça se fait que cette version prenne beaucoup plus de temps que les autres ?"


Je ne sais pas si ça la rend triste qu'on ne l'aborde pas hors des moments où elle dessine comme ça en ville, ou si au contraire le contraste la frappe d'autant plus. Du coup je ne sais pas bien quoi lui répondre... D'ailleurs est-ce qu'il faut que je réponde ? Je me sens idiote, j'ai démarré une conversation que je sais à peine mener tellement je me sens fatiguée et à côté de mes pompes. Essayons quand même !

"Ça attire l'oeil quelqu'un qui dessine dans l'espace public oui. C'est inhabituel. Un peu comme si c'était quelque chose qu'on était pas sensé faire à cet endroit, mais voilà ça arrive quand même. Du coup j'imagine que forcément, ça intrigue, on a envie de voir. Et puis ça force aussi à prendre conscience de ce qu'on a autour de soi. Souvent, les gens comme moi ont tendance à passer sans trop faire attention. Voir quelqu'un qui s'est carrément arrête pour dessiner ce qu'on ignore en temps normal, ça résonne forcément un peu. Mais tu aimerais peut-être qu'on vienne te parler aussi sans l'excuse de te voir dessiner ?"

Je n'ai pas vraiment envie de lui dire qu'on n'y perd pas forcément grand chose à voir des randoms venir vous taper la discute comme ça dans la rue sans qu'on comprenne pourquoi, ni qu'on s'inquiète de savoir si ça vous fait plaisir ou pas... Et puis si elle parle anglais, peut-être qu'elle n'ait pas arrivé depuis très longtemps ? Ça ne doit pas aider non plus.

"Volontiers ! Je veux bien voir les autres."

Je prends le cahier qu'elle me tends. Il est encore relativement neuf, mais dedans, on peut déjà voir l'arche se décliner en plein de dessins différents. Différents angles, différents styles. Certains étaient plutôt réalistes, d'autres plus stylisés, le tout dans des images plus ou moins complexes.

"Vous êtes étudiante en art ?"

Je continue de parcourir un peu les dessins, faisant des aller et retours entre certains qui m'attrapent l'oeil. C'est toujours l'arche. D'une façon ou d'une autre. Ça m'impressionne toujours les gens qui peuvent autant se fixer sur quelque chose.

"Pourquoi cette arche en particulier ?"


Mes yeux retournent vers l'arche, essayant de trouver ce qui avait bien pu attirer cette jeune femme avec autant d'ardeur. Je n'y vois pas grand chose d'autre qu'une arche, une belle arche certes, mais quand même une arche. Je n'ai de toute façon jamais eu un grand amour pour l'architecture ou le "mobilier urbain" comme certains l'appellent. Mais après tout, je rate peut-être quelque chose. Peut-être que c'est quelque chose qui s'apprend. Je retrouve la page de son travail en cours et lui rend son cahier en souriant.

"Merci en tout cas de m'avoir montré ! C'est très généreux de votre part ! J'ai une amie qui a fait les beaux arts et qui peint encore beaucoup. Elle a horreur de montrer ses travaux à des inconnus... encore plus s'ils ne sont pas finis !"
Catherine Kissouri
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Un peu de dessin dans l'inconnu EmptyJeu 2 Mai - 4:40
Alors que Catherine s'était assise pour dessiner l'arche une nouvelle fois, une inconnue avait choisi le même banc pour se reposer. Le dessin de Catherine attira l'oeil de cette inconnue qui complimenta son talent. Elle avoua cependant ne pas trop s'y connaitre en dessin et lui demanda en quoi cette version était plus longue que les autres façons. Catherine lui expliqua simplement, d'une voix douce.

— Je tente de reproduire le plus de détails possible, au niveau de la texture ou du reflet de la lumière, tout en respectant les proportions. C'est un peu comme si je tentais de dessiner en donnant l'effet d'une photographie.

Il est si facile en dessin de ne pas suivre les proportions alors qu'une photo sera toujours l'exactitude du moment, à moins d'appliquer des filtres évidemment. Catherine aborda le fait que lorsqu'elle dessinait en public, elle avait l'habitude que des gens l'abordent à ce sujet. L'inconnue lui donna une explication plausible et elle hocha la tête. Effectivement, c'était peu commun sauf peut-être dans un parc en milieu de journée la fin de semaine de voir des gens en train de dessiner. Son côté artistique la faisait pourtant dessiner à tout endroit tout moment à partir de l'instant que le sujet l'inspirait.

Est-ce qu'elle voudrait qu'on l'aborde à d'autres moments? Peut-être pas, mais en même temps, dessiner était un peu sa raison de vivre et ce à quoi elle passait le plus clair de son temps. Elle voyait mal à quel autre moment cela pouvait donc arriver et haussa les épaules.

— Je ne sais pas, je crois que je suis toujours en train de dessiner quelque part, donc au final, c'est plutôt rare de me trouver en train de faire autre chose.

Catherine lui tendit son cahier avec un faible sourire. Les réactions étaient vives chez l'inconnu et déjà, Catherine pouvait remarquer les styles qui lui plaisait le plus, avec ses différentes réactions et le temps qu'elle passait sur chacun, certains plus longuement que d'autres. Elle lui demanda d'ailleurs si elle était étudiante en art.

— Oui, j'ai suivi différents cours dans mon pays natal et je me suis inscrite à l'université Yokuboo pour poursuivre mes études.

Avouer qu'elle n'était pas originaire du Japon n'était pas bien difficile en soi, son japonais devait trahir qu'elle n'était pas native d'ici, bien qu'elle avait des très japonais. De plus, ses yeux bleus étaient une particularité bien peu asiatique. Lorsque l'inconnue lui demanda pourquoi l'arche, Catherine tourna son regard sur l'objet en question, grattant un peu sa tempe, elle ramena son regarde sur son interlocutrice en lui répondant.

— Aucune idée en fait. Je l'ai découvert en chemin entre mon studio et le combini et je me suis dit que ça serait un bon sujet d'étude. L'arche ne varie pas en raison des saisons comme un arbre et je trouvais qu'une devanture d'un commerce était trop complexe. La forme de l'arche est somme toute simple et comme je voulais faire des tests de style, cela me semblait l'objet parfait. Ça reste plus joli qu'une poubelle quand même...

Il y avait un peu d'humour dans la fin de la réplique de Catherine, même si son visage n'exprimait pas la joie associée à cela, mais le son de la voix insinuait un peu la blague. Elle lui redonna son cahier en la remerciant et Catherine hocha simplement la tête.

— Certains artistes sont très protecteurs envers leurs créations. Ils sont souvent très mauvais juges de leurs talents et ont peur des commentaires négatifs, ce qui les fait douter de montrer leurs oeuvres non terminées. Pour moi, l'art est un processus communicatif. On peut dire des phrases sans les terminer ou sans lien entre l'une et l'autre et c'est à l'autre personne d'interpréter les mots afin de savoir s'il a bien compris. À moins de vouloir faire une surprise à une personne, ça ne me dérange pas de montrer ce que je fais.

Catherine observa alors l'inconnue. Elle lui avait fait comprendre ne pas connaître l'art du dessin ou de la peinture, mais Catherine avait l'impression qu'elle était tout de même dans un domaine artistique.

— Vous êtes dans un milieu artistique vous aussi?
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Un peu de dessin dans l'inconnu EmptyDim 5 Mai - 17:58
Quand je suis sur des projets comme ça, avec des horaires un peu décalées, j'oublie toujours un peu que le monde de son côté continue de fonctionner sur un rythme normal... L'écouter raconter un peu son travail me fait presque un drôle d'effet. À la fois fascinant et improbable. À moins que ça ne soit la fatigue accumulée qui fasse cet effet ? Ceci dit, ça n'empêche pas la conversation d'être intéressante. C'est toujours intéressant d'entendre parler les gens de leur travail.

Maintenant qu'elle en parle, j'avais vu passer de ces dessins qui passeraient à s'y méprendre pour des photographies si on y regardait pas de plus près quelques instants. Je hoche la tête, comprenant effectivement le temps de travail colossal qui se cache derrière un tel dessin. Pour le coup je suis assez admirative. Je ne saurais dire si elle est bien partie pour parvenir à ses fins, mais je comprends beaucoup mieux que celui-ci plus qu'un autre lui donne du fil à retordre !

Je souris. C'est vrai qu'au final, je ne sais pas très bien qui aurait envie d'être constamment abordé dans la rue; En même temps, j'aime beaucoup l'image de cette jeune femme, toujours en train de dessiner, où qu'elle se trouve et quoi qu'il se passe. Après peut-être que c'est parce que c'est ainsi que je l'ai rencontrée, mais je trouve que ça lui va.

"C'est votre coin préféré ici du coup ? Je crois qu'une fois j'avais vu tout un groupe de personne comme ça en ville... je pense des étudiants en architecture... dans le centre-ville vous savez, le quartier un peu historique ? C'était assez rigolo de voir les gens essayer de se dévisser la tête pour regarder ce qu'ils dessinaient tout en essayant de rester discret !"

J'en ris encore... la scène était juste absurde. On pouvait clairement voir que certains étudiants trouvaient ça oppressant même.

"Ça ne marchait pas vraiment. Il y en avait qui essayait de cacher leurs dessins, d'autres qui changeaient carrément de place. Je pense qu'à force c'était franchement dérangeant pour eux, presque irrespectueux. Vous avez déjà eu des ennuis à cause de ça ?"

Ainsi donc, elle non plus n'était pas d'ici. C'est bien ce qui me semblait. L'accent... et puis elle avait autant que moi l'air d'être du coin. À croire qu'inconsciemment je finissais toujours par aller parler aux étrangers. Ça fait dix ans que j'étais là, mais je ne me sens toujours pas chez moi on dirait.

"Vous êtes d'où du coup ? Enfin si c'est pas indiscret. Je viens d'Allemagne pour ma part... Quant à Yokuboo, j'y ai fait quelques mois, mais ce n'était clairement pas pour moi ! J'espère que ça vous réussira mieux qu'à moi. Je m'y suis ennuyé ferme..."

On ne pouvait clairement pas dire que j'étais une bonne élève... je ne foutais pas la merde ni rien, mais ça me demandait un effort tel pour me maintenir à la moyenne que tout cela me paraissait dénué du moindre intérêt. Je n'ai jamais été plus heureuse que quand j'ai définitivement arrêté l'école !

L'histoire de la poubelle me fit éclater de rire... ce n'était certes pas la blague du siècle. Mais la jeune femme avait eu l'air si calme et sérieuse jusque là que je ne m'attendais pas du tout à une blague, même aussi simple. Étrangement, cela fait très plaisir !

"Effectivement, c'est un bien meilleur choix je vous l'accorde ! Après il y a des artistes qui se sont fait connaître avec des boîtes de conserve de tomate ou même des urinoirs... mais j'avoue que quitte à le dessiner sous toutes les coutures, autant prendre l'arche !"

Ce qu'elle dit sur les artistes parfois peu confiants et mauvais juge de leur travail était intéressant. C'est amusant, cela fait des années qu'on se connaît, on doit être en colocation depuis la fac... aujourd'hui on tourne ensemble, on joue ensemble, pourtant elle me montre toujours son travail avec une infinie précaution. Comme si mon simple regard pouvait suffire à tout faire fondre à l'acide.

"J'imagine que c'est différent pour tout le monde oui. Vous avez déjà exposé ?"

C'est vrai que pour moi, dans ce que je faisais, il y avait un tel besoin que d'autres voient pour progresser et avancer que c'était à des années lumières de ma façon de faire, cette méfiance. Du coup je me disais que c'était peut-être lié aux arts visuels.

Je me retrouve un peu plongé dans mes pensées quand la jeune fille me demande si moi aussi je suis dans le milieu artistique.

"Oui ! Je suis maquilleuse et costumière. Je suis fatiguée à cause de ça d'ailleurs, je travaillais sur un tournage les trois derniers jours et comme il y avait plusieurs scènes de nuit, on n'était pas vraiment sur des horaires classiques. Mais surtout je suis chanteuse dans un groupe. D'ailleurs, l'amie qui a fait les beaux arts y est guitariste."

Je m'assois alors en taille me redresse et m'éclaircit la gorge. Puisqu'elle m'a montré ses dessins, j'ai envie de lui rendre la politesse en lui montrant un peu de ce que je sais faire. Je ferme les yeux, pose les mains sur mes genoux. Je ne suis pas échauffée, alors je fais attention à ne pas trop pousser... mais pour l'humeur et la fatigue ambiante, ça me va parfaitement comme morceau...

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Catherine Kissouri
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Un peu de dessin dans l'inconnu EmptyMar 14 Mai - 5:27
Les deux jeunes femmes discutaient tranquillement sur le banc. Les gens continuaient de passer sur le trottoir sans leur porter attention, la vie suivait simplement son cours. L'inconnue lui demanda alors si c'était son coin préféré vu qu'elle y venait toujours pour dessiner, comparant avec les sessions de dessin en plein air. Catherine leva la tête un peu, regardant le ciel en réfléchissant.

— Je ne sais pas si préféré est le terme exact. Je crois que j'ai plutôt apprivoisé ce lieu. Y avoir passé autant de temps à y dessiner et à l'observer, c'est comme si j'avais appris à le connaître, une sorte de communication non verbale.

Elle n'irait pas jusqu'à dire que l'arche est son amie, au contraire, cela reste un lieu physique, mais il y avait quelque chose de rassurant dans le fait de revenir toujours au même endroit, une sorte de routine.

— Oui, il y a souvent des groupes organisés pour l'observation de lieu ou même de personne. Certains tentent de se mettre en retrait, soit pour ne pas montrer son dessin, soit pour créer sa bulle créative. Personnellement, je ne porte pas attention à eux, mais effectivement, ça ne doit pas être agréable pour eux et rajouter un stress supplémentaire.

Elle prit une seconde avant de continuer, replaçant une mèche de cheveux.

— J'ai souvent été dans des sessions de ce genre, surtout pour dessiner des modèles. Une personne pose à sa guise sur une chaise ou tabouret puis nous sommes quelques-uns à la dessiner. L'observation est la première étape pour la reproduction, une étape importante dans l'apprentissage. Par la suite, c'est plus facile lors de la création de dessiner les poses.

C'était quand même très technique le dessin quand on y pensait. Les gens pensent qu'il ne suivit que d'une idée pour la reproduire, mais il y avait tant d'apprentissage et d'études à faire qu'il était au final plutôt rare de dessiner parfaitement d'un coup tout ce qui passait par la tête.

La jeune femme lui demanda d'où elle venait après qu'elle ait parlé provenir de l'extérieur du Canada. Elle-même provenait de l'Allemage, un des grands pays d'Europe. Il y avait tellement de pays en Europe que c'était difficile pour une personne provenant d'un pays plus grand que le continent européen de tous les retenir, mais certains plus majeurs étaient connus comme la France, l'Angleterre, l'Italie ou l'Espagne.

— Oh, je viens du Canada, mon père est d'origine japonaise, mais je n'étais jamais venue ici.

Elle lui mentionna avoir été à Yokuboo, mais que ce n'était pas pour elle. Catherine hocha simplement la tête. Les études, ce n'était pas fait pour tout le monde. Cela ne faisait pas d'eux des personnes moins intelligentes, au contraire, chacun avait des méthodes d'apprentissage différentes et c'était important de trouver la méthode qui convient le mieux pour soi.

L'inconnue trouva bien drôle la blague de la poubelle et Catherine esquissa un léger sourire. Elle approuvait son choix de l'arche lui mentionnant d'ailleurs des oeuvres assez célèbres pour leur particularité discutable d'art.

— Oui, cela fait encore beaucoup de débats à savoir qu'est-ce que l'art au final. Je ne crois pas qu'il est possible de bien répondre à cette question, puisque chacun a une vision différente, selon ses goûts et ses valeurs.

Lui demandant si elle avait déjà exposé, la femme blonde confirmait que chaque personne agissait différemment par rapport à ses oeuvres. Officiellement, Catherine n'avait jamais exposé, mais il y avait bien eu quelques expositions scolaires, à tous les niveaux, auxquelles elle avait participé. Cependant, elle n'avait jamais été remarquée par les potentiels mécènes de galerie et ainsi avoir ses oeuvres exposées à un plus grand public.

— Pas vraiment, j'ai eu bien sûr les expositions de fin d'années ou de petits événements scolaires, mais rien qui ne soit montré au grand public. J'imagine que j'ai encore du perfectionnement à faire, et c'est un peu pourquoi je suis ici.

En fait, une des grandes raisons pour laquelle elle n'avait jamais exposé était qu'elle n'arrivait pas à communiquer justement avec les bonnes personnes, ne parlant presque pas lors des expositions et n'établissant pas de contact pouvant lui permettre d'exposer par la suite.

L'inconnue sembla apprécier lui dire qu'elle aussi était dans le milieu artistique. En fait, elle l'était même dans plusieurs domaines, maquilleuse-costumière d'une part et chanteuse de l'autre. Elle lui raconta même avoir été sur un tournage depuis les trois derniers jours. Se redressant sur le banc, elle s'éclaircit la gorge et entreprit le début d'une chanson. Catherine ne connaissait pas du tout le morceau, mais l'apprécia beaucoup, la voix juste était très agréable. Lorsqu'elle se tut, Catherine tapa tout doucement des mains, presque juste des doigts.

— Oh, c'était très joli! Mais comment faites-vous pour trouver le temps de pratiquer entre les tournages? Cela doit être plutôt épuisant!

L'inconnue avait au final bien piqué la curiosité de Catherine.
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Un peu de dessin dans l'inconnu EmptyMer 15 Mai - 22:14
C'est étonnant les liens qu'on peut créer avec les choses ou les endroits. Et puis ça s'explique difficilement au monde extérieur. On paraît fou quand on le fait. Du coup, on est toujours un peu en dessous de ce qu'on ressent vraiment, et c'est maladroit. Quand même, je crois que je vois ce qu'elle veut dire. C'est plutôt chouette de l'entendre en parler.

"Je crois que je comprends oui. Quand j'étais môme, je pouvais rester des heures dans la forêt sans bouger. Je dessinais même pas pour le coup. Juste j'étais là. Comme vous dîtes, il y a une sorte de communication non verbale qui finit par s'installer entre soi et l'endroit autour, si tant est qu'on écoute bien."

Ha oui ! Les fameuses séances de pose... ça m'a toujours paru étrange comme pratique. Surtout pour la personne qui pose ! Comme ça devait être long de rester longtemps fixe comme ça sans doute... À force tu ne dois même plus sentir le sang dans tes fesses !

"Ce doit être un peu curieux ce genre de moments non ? Je veux dire... c'est un peu comme si la personne devenait un objet finalement. Ça doit donner un côté étrange non ? Même si effectivement, je comprends bien en quoi ça doit être nécessaire..."


ou des moments de connexion particuliers. Ou gênants. Allez savoir ! C'est que ça en fait finalement des possibilités ! J'avais du mal à imaginer... Sasha aussi finalement elle avait dû participer à des moments comme ça. Je devrais lui demander tiens...

Moi qui tombais de sommeil, j'ai l'impression de me réveiller au fil de la conversation. Je me prends au jeu du papotage. À tous les coups je ne vais jamais réussir à dormir une fois rentrée tiens... c'est toujours la même chose... enfin moi qui avait l'impression d'agoniser tout du long, c'est un chouette moment au moins !

"Vous parlez très bien japonais pour quelqu'un qui arrive tout juste ! Contente d'être venue ici du coup ? Pas trop peur du dépaysement ?"

Ça avait été une telle claque quand j'étais arrivée ici moi... enfin après ce n'est peut-être pas le cas de tout le monde. Surtout que contrairement à moi, elle semble être venue ici de son plein gré et avec un projet en tête. Un beau projet qui plus est. Enfin en attendant on est parti sur un débat pseudo philosophique, lancé par moi en plus... pourquoi je vais sur des terrains pareil vu mon état de fatigue ? Qui plus est ce n'est pas comme si c'était mon terrain de prédilection en temps normal !

"Sans doute oui. C'est un vaste débat. J'imagine que si la réponse était si évidente il y aurait bien longtemps qu'on ne poserait plus la question. Vous avez des cours un peu philosophiques pour vous prendre la tête sur ce genre de questions ou on vous laisse plutôt vous concentrer sur la pratique ?"


C'était un truc que j'avais détesté à la fac. Cette façon de nous faire faire systématiquement du blabla plutôt que de nous faire faire des choses tout court. Ça m'avait dégoûté de tout. Je ne voyais tellement pas pourquoi je devais me lever le matin pour écouter des gens me déballer le contenu des livres... enfin c'était loin ça maintenant. D'une certaine façon.

"Ça prend du temps ces choses-là de toute façon... puis vous êtes encore jeune, vous avez encore tellement de temps pour tout ça. Vous auriez envie ? Ça doit être un vaste projet de monter une exposition. Comment ça s'organise tout ça ?"

C'est à mon tour de lui montrer un peu ce que je fais de mes journées... je fais attention, sans échauffement, c'est un coup à se bousiller la voix pour la semaine. De quoi me faire engueuler par les autres si jamais ça arrive ! Ce que j'aime quand je chante, c'est cette façon qu'a le temps de s'arrêter. La vie autour de moi se ralentit, et c'est comme si d'un coup je pouvais tout toucher sans bouger, voire au travers des cellules du temps. Je ne chante pas le morceau dans son entièreté. J'ai plus envie de lui offrir un bout de mon travail comme elle m'a montré le sien que de me donner en spectacle. Je suis cependant ravie qu'elle apprécie et je souris de toute ma fatigue à ses applaudissements.

"C'est vrai que ce n'est pas toujours facile. Là l'enchaînement était un peu fatigant... mais je vais avoir quelques jours pour m'arrêter un peu. J'ai eu de la chance. Le metal, c'est un petit milieu. Alors même si au début les tournées avec le groupe ne faisaient pas rentrer d'argent du tout, ça m'a permis de rencontrer des gens pour travailler en tant que maquilleuse ou costumière. Du coup mine de rien, j'ai récupéré plein de contacts et j'arrive à travailler régulièrement, même s'il y a quand même des mois où bon, on compte un peu les centimes... pour moi c'est vraiment le groupe qui prévaut. Donc la question c'est plutôt comment trouver le temps de tourner entre les jobs alimentaires."

On pourrait résumer ça par : la dure réalité des petits groupes qui débutent... même si les choses commencent à bien tourner pour nous, ce n'est pas encore la vie de célébrités !
Catherine Kissouri
Catherine KissouriUniversité • 4ème année
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Un peu de dessin dans l'inconnu EmptyVen 21 Juin - 2:31
Les deux jeunes femmes discutaient toujours sur le banc alors que le flot des passants diminuait. L'heure du lunch était passée. La chanteuse lui demanda par rapport aux séances de pose si cela était un peu étrange vu que le modèle devenait ainsi un objet aux yeux des artistes. Catherine prit un temps de réflexion avant de lui répondre.

— En fait, il arrive parfois des malaises, mais dans les premières minutes seulement. Par la suite, l'artiste est plongé dans son étude du corps, de la lumière et des couleurs. On ne s'aperçoit plus tant de la personne, mais de chacun des détails.

Il y avait toujours un petit malaise, surtout lors des séances avec un modèle nu, mais encore là, c'était du pareil au même. Il n'y avait pas de sensualité dans ces séances, mais simplement l'idée de reproduire le modèle le plus fidèle possible ou de se le représenter dans son style artistique.

Complimentée sur son japonais, Catherine rougit légèrement en penchant la tête.

— Merci. J'ai suivi quelques cours avant de venir et je continue à en prendre avant le début des classes. Pour le moment, je tente encore de m'habituer à la vie ici au Japon, mais j'aime bien.

Elle ne se sentait pas si dépaysée, n'ayant pas été très attachée à son pays d'origine. Elle y avait bien passé presque toute sa vie à présent, mais rien ne l'avait intéressé, contrairement à tout ce que l'art pouvait représenter pour elle. Que ce soit au Japon ou au Canada, tant qu'elle pouvait dessiner, cela n'avait pas tant d'importance. Ce n'était pas comme si elle avait des amis proches non plus et elle ne partageait pas les mêmes intérêts que sa famille, donc en être éloigné ne l'importunait pas tant que ça.

— La pratique est principalement ce que l'on voit rendu à l'université. Il y a bien quelques cours théoriques, mais moins intenses ou philosophiques que ce que j'ai pu avoir au collège... lycée.

Le système éducatif étant bien différent au Japon qu'au Canada, Catherine oubliait parfois que le collège qu'elle avait été au Canada correspondait à peu près au lycée qu'il y avait ici, alors que le collège était plutôt l'école secondaire qu'elle avait faite.

Elles arrivèrent sur le sujet des expositions. Catherine lui expliqua les brefs projets d'exposition qu'elle avait participé et la jeune femme lui demanda si elle avait envie d'en faire de nouvelles.

— Oui, un jour que j'aurais suffisamment d'expérience et d'oeuvre à exposer, c'est un projet qui me permettrait également de me faire connaître. C'est beaucoup de préparation et surtout de harcèlement des musées et salles d'exposition pour réussir à se faire voir. En général, avoir un projet collectif aide beaucoup au début, car on se partage les tâches, mais certaines personnes réussissent à se faire exposer seule si elles ont un projet assez vaste et exceptionnel pour cela.

C'était toute une gestion de préparer une exposition, avec les oeuvres, textes, implication et cheminement artistiques. La jeune chanteuse lui expliqua sa situation et Catherine hocha la tête la comprenant. Ce n'était pas du tout facile de percer dans le milieu des arts, à moins d'avoir un sacré coup de chance au départ ou de connaître déjà les bonnes personnes, mais à force de travail acharné, on finit toujours par arriver à ses fins.

— C'est effectivement une bonne chose d'avoir pu rencontrer tous ces gens qui vous ont permis d'avoir accès à ces autres métiers et ainsi pouvoir survivre malgré tout.

Cela démontrait aussi que le fait de se faire des contacts est toujours primordial, ce que justement sa mère lui expliquait avant son départ pour le Japon.
Karin Winterberg
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Un peu de dessin dans l'inconnu EmptyJeu 27 Juin - 17:15
J'écoutais, tranquillement. La jeune femme avait une voix apaisante et j'avais l'impression de sentir les tensions accumulées pendant la nuit se diluer. La fatigue est toujours présente, mais l'épuisement qui m'avait poussée à m'assoir à ses côtés se dissipe petit à petit. Ça fait juste du bien d'être là, de discuter avec elle, de choses et d'autres, d'art, de philosophie... même si sur ce terrain là elle est bien plus avancée que moi !

"Des malaises ? Carrément ? Dus à quoi ? La chaleur ? Ceci dit, je comprends ce que vous dîtes sur le fait d'être plutôt sur une étude du corps. j'avais rencontré une urologue qui expliquait quelque chose de similaire. Tout le monde lui faisait des blagues sur le fait qu'elle voyait des verges à longueur de journée, et en fait ce qu'elle disait, c'est que pour elle c'était une zone complètement désexualisée. Finalement, c'était une partie du corps comme une autre. De la mécanique, et elle, son boulot c'était de réparer cette mécanique. C'était tout. J'imagine que c'est pareil quand on dessine quelqu'un, on est sur un autre niveau de rapport à l'autre..."

J'avoue que j'ai un peu de mal à me l'imaginer... c'est tellement loin de ma façon de travailler... encore que.

"Je crois que quand je maquille quelqu'un, c'est un peu la même chose. Finalement, c'est pas si important de savoir qui la personne est. J'ai besoin de sa couleur de peau, de la forme de son visage, de la texture de sa peau. Les choses se font à un autre niveau."


Son niveau de japonais m'impressionne... il faut dire que le niveau de n'importe quel natif m'impressionne... les années passent et mon accent est encore et toujours à couper au couteau. J'ai eu tellement de mal à apprendre cette langue il faut dire. Encore aujourd'hui, je fais des fautes, je fais des choix de vocabulaire absurde, et je me perds régulièrement dans les différents niveaux de politesse... et pourtant, je ne suis pas arrivée ici beaucoup plus jeune qu'elle.

"C'est surprenant ça, j'aurais presque cru le contraire. Qu'on vous ferait les cours les plus intenses en université plutôt que dans le secondaire. La théorie ça vous sert dans votre pratique ?"


Quand je vois que notre bassiste à un diplôme de musicologie et les trucs théoriques qu'elle peut nous sortir des fois ! Je me sens con quand elle part dans ces trucs... mais au moins on apprend ! Même si parfois j'ai du mal à voir où elle veut en venir et ce que ça peut nous apporter.

"L'idéal pour vous serait donc de rencontrer des gens en cours qui souhaiteraient pouvoir partager une exposition avec vous si je comprends bien. De cette façon, vous pouvez défendre votre projet ensemble. C'est vrai qu'on est souvent plus fort ensemble... surtout quand on est jeune et qu'on débute ! Vous n'avez pas peur que le fait de ne pas être japonaise vous bloque là dessus ? J'ai parfois l'impression que ça peut mettre un sacré frein selon les cercles dans lesquels on évolue..."


Autant avec le groupe, je suis la seule non japonaise, alors ça passe. Mais parfois, quand c'est moi qui démarche, on peut sentir la réticence de certains. Et quand j'avais encore besoin de démarcher pour des petits boulots, c'était parfois vraiment compliqué !

"Oui ! Le metal, et le monde alternatif en règle générale, c'est un petit milieu mine de rien. Tout le monde connaît tout le monde. Ou connaît quelqu'un qui. Ça aide beaucoup, même si ça ne fait pas tout ça facilite les choses ! Après soyons honnête, ça prend du temps. Avant j'ai aussi beaucoup cumulé de petits boulots à la con... c'est pas toujours facile, faut s'accrocher. J'espère que ça marchera pour le mieux pour vous !"

Même si les tensions se sont apaisées, la fatigue commence à sérieusement se faire sentir. Il va être grand temps de rentrer et d'aller dormir... sinon je vais purement et simplement finir par m'endormir sur ce banc. Je vois flou par moment, c'est un signe... Je frotte mes yeux, masse ma nuque et finalement me lève et m'étire.

"Je crois que je ne vais pas vous embêter plus longtemps. Il est grand temps que je rentre dormir ! Ce fût un plaisir de discuter avec vous. Je vous souhaite beaucoup de chance pour la suite."


Parce qu'on ne va pas se mentir, ce genre de projets, c'est aussi beaucoup de chance... Je lui tends vivement la main pour la saluer.

"Au fait, moi c'est Karin. Au plaisir de vous recroiser !"
Catherine Kissouri
Catherine KissouriUniversité • 4ème année
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Un peu de dessin dans l'inconnu EmptySam 17 Aoû - 5:13
Les deux jeunes femmes discutaient toujours sur le banc alors que le temps passait, inlassablement. Catherine lui parla des modèles nus et parlait des malaises possibles, ce qui n'était pas très bien compris.

— Oh!, non, plutôt le fait de se retrouver nus devant une vingtaine de personnes qui vous observent ou de voir un corps nu. Avant d'entrer dans sa bulle artistique.

Elle espérait avoir réussi à bien expliquer ce sentiment particulier qui ne dure que quelques instants, mais qui est vite oublié dans la fébrilité de création. Il y avait du vrais dans le fait que c'était désexualisé. Autant Catherine avait vu plusieurs corps nus d'homme et de femme, autant c'était tellement un contexte différent par rapport à un moment intime. Elle n'en était pas certaine, n'ayant jamais eu de petit ami, mais elle se demandait si au final, elle ne serait pas complètement gênée dans un rapprochement.

L'inconnue lui fit le rapprochement avec son travail de maquilleuse, effectivement, le maquillage était une sorte d'art où les couleurs ont une grande importance. Puis elles discutèrent de la philosophie artistique et elle semblait surprise que la théorie passe avant la pratique. Catherine hocha doucement la tête.

— Bien sûr, on fait de la théorie et de la pratique dans les deux niveaux, mais les professeurs trouvent important qu'on ait comme base les cursus des anciens artistes et leur philosophie pour qu'on puisse ensuite reproduire ce cheminement et trouver notre propre méthode. C'est un peu comme de savoir d'où on vient pour savoir où on va.

Ce mystère humain de savoir où il vient... Bien sûr, c'était sous forme purement artistique et même tous les domaines artistiques étaient variés.

Exposer ses oeuvres serait vraiment un objectif que Catherine avait, mais il lui fallait encore avoir une idée de sujet. La maquilleuse lui confirmait d'ailleurs que de le faire à plusieurs serait l'idée, ce à quoi Catherine hocha à nouveau la tête. Elle lui demanda si le fait de ne pas être japonaise la bloquerait, Catherine fit un léger sourire.

— Comme tel, je suis à moitié japonaise, donc ça va peut-être plus aider qu'une personne complètement étrangère, mais les Japonais savent reconnaitre le talent d'autrui, peu importe le domaine.

C'était quelque chose qui était particulier, car oui, au Japon, on tentait de prioriser les Japonais, mais si quelqu'un de non-japonais pouvait aider la cause ou améliorer quelque chose et qu'il le faisait très bien, ils pouvaient aller recruter cette personne. C'était un peu paradoxal, mais intéressant au final puisque cela donnait la chance à tous à condition qu'il mette le meilleur de soi-même.

Le monde dans lequel vivait la jeune femme était assez similaire à l'autre au final, un monde de contact et de connaissance. Connaître et se faire connaître était la clé. Elle lui souhaite que ça aille mieux pour Catherine et elle lui souhaita la même chose. Des signes de fatigue apparaissaient sur le visage de l'inconnue, c'est vrai qu'elle n'avait pas dormi depuis longtemps. Elle se leva en s'étirant et Catherine la suivit du regard.

— Mais ce fut un plaisir également et la meilleure des chances autant pour la musique que pour le maquillage.

Elle serra la main de la jeune femme qui au final se présenta.

— Je suis Catherine, ce fut un plaisir et bon retour!

L'artiste resta quelques instants de plus sur le banc, mais comme la faim commençait à la tirailler de plus en plus et l'empêchait de continuer à dessiner, elle plia bagage et arrêta dans un petit combini pour se ramasser un plat qui lui servirait de diner. Pas le plus nourrissant, mais plutôt rentable pour le moment...
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