Soren avait un peu de temps après son travail, il n’était pas de nuit et donc pouvait aisément se rendre au club de Kendo. D’autant qu’en tant que Réfèrent, il n’y était encore jamais passé jusqu’à aujourd’hui. Le temps de prendre son travail, finir la formation et tout ça. Mais désormais, c’était un shinai à la main qu’il s’entraînait avec les élèves.

Cela se passa plutôt bien, il était calme, souriant et mettait facilement les autres en confiance. D’autant qu’il ne fallut pas longtemps aux divers membres du club pour réaliser qu’il était bien plus compétent que ce qu’on aurait pu croire. Durant son voyage, Soren n’avait jamais cessé son entraînement.

Malgré sa chérie et sa petite, le jeune homme avait toujours su trouver du temps pour continuer, malgré quelques semaines compliqués par ici et par là. Soren avait même prévu une salle exprès chez lui pour ça. Il était content de ne jamais avoir pleinement arrêté d’ailleurs. Si les compétitions étaient très loin derrière lui, Soren aimait transmettre son savoir, ce qui était parfait dans ce club.

Ainsi, il passait d’un élève à un autre, donnant conseil et aidant dans le placement ou dans la posture. Avec étonnement, il constata que cela se passait plutôt bien. Peut-être que le sourire aidait beaucoup dans tout ça, puis depuis qu’il était papa, il avait développé une patience encore plus grande que celle qu’il avait déjà de base.

Certain faisant les fou, il rigolait et les remettait à l’exercice en blaguant sur le fait que ce n’était pas un club de cirque. Puis la fin du club, les élèves prirent leurs affaires et après un signe de main, des inclinaisons et bien d’autres fioritures de politesse Japonaise. Soso se retrouva seul. La petite était encore à la garderie pour une bonne heure, il pouvait en profiter.

Quelques coups dans le vide, il se dit qu’un peu d’entraînement en solo ne serait pas un mal, mais contre toute attente, quelqu’un était encore dans la pièce. Visiblement, le club n’était pas terminé pour certains en plein excès de zèle. Soren sourit et demanda d’une voix détendu.

- Tu veux faire quelques passes avec moi ? J’ai bien constaté que tu ne te donnais pas à fond face aux autres. Mais avec moi, tu peux y aller Sakurai-Kun.

Il l’invita en tendant son arme droite vers lui avec un sourire encourageant puis se mit en position. Soren était détesté dans sa famille, car on ne perçait pas souvent sa défense, seul son père y arrivait avec beaucoup de mal sur la fin. Sa sœur elle, avait souvent dû utiliser son angle mort temporaire pour y arriver, mais c’était promis de ne pas le faire ensuite, car c’était de la triche et qu’un coup mal placé pouvait faire mal. Cependant, l’élève en face de lui, avait un adversaire en pleine possession de ses moyens.

Kyojiro n’en avait pas cru ses oreilles quand on lui avait dit que le grand Soren Haruka avait pris le poste de surveillant à l’Académie Yokuboo, mais qu’en plus il avait demandé à être l’adulte référent du club de kendo. Alors oui, l’homme n’était en réalité pas si célèbre que ça pour quiconque n’était pas plongé à fond dans ce sport, mais le brun avait toujours été accro et s’était énormément renseigné dès tout jeune sur ceux qui pratiquaient cette discipline. Il avait assisté à beaucoup de combats et de compétitions en tant que spectateur dans ses jeunes années, en compagnie de son père, et il avait également suivi tout ce qu’il avait pu suivre à la télévision. Kyojiro connaissait donc l’étendue du talent de son aîné, et il savait aussi qu’il avait dû se retirer du monde du kendo à cause d’une blessure au niveau de la tête. Malheureusement assez peu doué avec tout ce qui touchait à la technologie, l’étudiant n’avait jamais trop cherché à en savoir plus sur Soren après cet accident. Il ne comprenait d’ailleurs pas les gens qui faisaient des tonnes et des tonnes de recherches sur d’autres personnes ou personnalités, simplement pour satisfaire une curiosité souvent malsaine. Non, à la place, Kyojiro avait préféré garder en mémoire tous les matchs incroyables auxquels il avait pu assister et ne pas s’immiscer dans la vie privée du sportif.

Quoi qu’il en soit, Kyojiro avait été averti la veille que le nouveau référent passerait faire un tour au club de kendo. Inutile de dire que sa nuit avait été plutôt courte ! Est-ce que Soren avait continué à s’intéresser à ce sport après son accident ? Est-ce qu’il savait que c’était désormais lui qui était le détenteur du titre de champion national dans cette discipline ? Le kendoka était à la fois excité à l’idée de le rencontrer en chair et en os, mais aussi affreusement angoissé… Et si jamais Soren trouvait qu’il n’était pas à la hauteur de son titre ? Kyojiro avait beau être le capitaine du club, il n’en restait pas moins quelqu’un qui avait quelques difficultés sociales, même si celles-ci parvenaient assez aisément à être gommées dès lors qu’il se trouvait dans un dojo avec un shinai dans les mains. Ce fut donc un peu fatigué, mais aussi avec le cœur battant, que l’étudiant se rendit à son entraînement du jour.

Dès que ses yeux se posèrent sur Soren, Kyojiro sentit une vague d’admiration et de timidité le submerger. Alors il avait continué à s’entraîner ? On sentait bien à quel point passer parmi les membres du club était aisé pour lui et on voyait aussi à quel point sa technicité n’avait pas été émoussée avec les années. Beaucoup trop intimidé et impressionné, Kyojiro resta donc en retrait pendant toute la séance, ne se sentant vraiment pas de taille face à cet adulte hyper à l’aise et souriant. Complètement dans sa bulle, le kendoka s’entraîna donc un peu dans son coin après avoir aidé quelques membres qui étaient venus le chercher. Ce ne fut que lorsque tout le monde fut parti et que Soren s’approcha de lui pour lui adresser la parole que Kyojiro se rendit compte qu’il n’y avait plus personne d’autre qu’eux.

« A-Ah… »

Le kendoka regarda alentours avec un air presque paniqué sur le visage, ayant fait un pas en arrière quand le shinai de Soren s’approcha de lui.

« J-Je… J’en serais vraiment très honoré. »

Les joues écarlates, Kyojiro s’inclina tellement bas que son corps formait désormais un angle droit. Il se redressa ensuite vivement et déglutit difficilement alors qu’il se mettait en place en serrant fermement son shinai dans ses mains moites à cause du stress.

« V-Vous savez, j-je… J’ai un peu suivi votre carrière, j-je ne pensais vraiment pas que vous auriez continué le kendo après votre… a-accident. »

Le kendoka redressa un regard désolé vers Soren. Le surveillant n’avait sûrement pas besoin de sa pitié ou sa compassion, mais le kendoka se sentait vraiment triste pour lui. S’il avait été à sa place et qu’on l’avait privé de sa plus grande passion… Il ne savait vraiment pas comment il aurait pu remonter la pente.

La réaction de l’étudiant fut plutôt inattendue, ce n’était pas commun de voir un tel respect, presque de l’adulation pour Soren. Le jeune homme était habitué au respect de base et encore, il n’était pas assez vieux pour qu’on lui donne un respect pareil. Donc, le jeune homme afficha un regard et un sourire un peu décontenancé face à la réaction de son cadet. Bien loin de se douter à ce moment-là qu’il s’agissait d’adulation, Soren craignait de lui avoir fait tout simplement peur.

Mais le garçon affirma qu’il en serait honoré en s’inclinant si bas que Soren manqua de mettre ses mains vers l’avant de peur qu’il bascule. Puis, la suite, il ne l’avait pas vu venir. Kyojiro lui avoua qu’il n’aurait pas cru l’avoir vu continué le Kendo après son accident. Le jeune homme l’observa, légèrement surpris puis sourit doucement en écartant les bras.

- Eh bien, me voilà et en pleine forme si je peux dire.

Il rigola en faisant tournoyer le sabre avec un roulement de poignée puis avoua d’une voix détendue.

- En vrai, j’ai failli plusieurs fois arrêter et pas forcément à cause de ça. Sauf que le Kendo, c’est une affaire de famille avant tout.

Un mot cependant avait dérangé le kendo ka. Carrière ? Il ne savait pas si on pouvait pleinement employer ce mot pour parler de son parcours. Après tout, sa carrière s’était stoppée aussi vite qu’elle s’était lancée. Un futur prodige du Kendo qu’on disait, tout ça pour le voir se faire mettre à plat par un coup de Shinai défectueux et des organisateurs qui n’assumaient pas leurs erreurs.

À partir de là, ce qui devait ressemblait à une carrière devint un enfer. Son père ne fit aucun effort pour le défendre, préférant sauver l’image du Dojo familiale plutôt que celle de son propre fils. Du coup, on mit la faute sur Soren, l’accusant de négligence, car son casque s’était malencontreusement détaché, obstruant sa vue au pire moment. Le prix fut lourd, il perdit la vue de son œil droit pendant plusieurs années et conserva une cicatrice pour le restant de ses jours, bien caché sous ses cheveux. Soren souleva d’ailleurs les quelques mèches obstruant une partie de la marque bien visible, s’enfonçant sous son cuir chevelu sur tout le coté de sa tête jusqu’au-dessus de son oreille. Soren dit d’un ton calme en laissant ses cheveux revenir à leur place initiale.

- Une carrière ? C’est vite dit. Je suis étonné de rencontrer quelqu’un qui soit au courant de cette histoire. Elle a fait le tour d’un journal local et s’est perdu dans les méandres d’Internet par la suite. J’ignorais même que des personnes pouvaient suivre mon « parcours ». J’ai dû faire 4 tournois juniors à l’époque, peut-être 5 si on compte celui ou j’ai eu l’accident. Donc pas de quoi avoir des admirateurs.

Il sourit d’un air détendu.

Kyojiro avait presque des étoiles dans les yeux en voyant le surveillant ouvrir ses bras en souriant, tout en lui confirmant qu’il était en pleine forme. C’était idiot, le kendoka ne le connaissait même pas cet homme… Il ne savait de lui que ce qu’il avait pu lire ou voir dans les médias, n’ayant malheureusement pas eu l’occasion d’assister en personne à ses divers tournois. Pourtant, le Japonais était sincèrement heureux de voir que l’une de ses idoles (nombreuses dans le domaine du kendo, il fallait l’avouer) avait pu se remettre de cet accident qui avait mis fin à sa jeune carrière pourtant prometteuse.

« A-Ah bon ? P-Pourquoi vous avez failli arrêter ? »

Wow ! C’était carrément déplacé de poser cette question ! Kyojiro avait tellement eu envie d’en apprendre plus, qu’il n’avait pas fait attention et avait lâché ces mots sans tourner 7 fois sa langue dans sa bouche !

« A-Ah ! P-Pardon ! D-Désolé, c-c’était vraiment très indiscret ! J-Je suis sincèrement désolé ! V-Vous n’êtes pas obligé de répondre ! J-Je ne sais pas ce qui m’a pris de vous demander ça… J-Je… C’est seulement la deuxième fois que je rencontre un kendoka dont j’ai pu suivre un peu le parcours en vrai, j-je… Vous savez, le kendo c’est toute ma vie, a-alors ça a réveillé ma curiosité de pouvoir vous parler… »

Kyojiro était rouge de honte, les yeux rivés sur ses pieds et ses bras crispés pendant le long de son corps. Quel idiot… Il rencontrait quelqu’un d’exceptionnel, et voilà qu’il perdait ses moyens et faisait n’importe quoi !

Le kendoka resta dans cette position quelques secondes, aussi immobile que silencieux, jusqu’à relever légèrement le visage en voyant dans son champ de vision que Soren avait bougé. La curiosité avait encore pris le dessus et son regard sombre ne put que se poser sur cette cicatrice qui barrait une partie de la tête du surveillant. Kyojiro se sentait tellement désolé pour lui... Et aux mots de l’homme, le kendoka ne put s’empêcher de grogner légèrement et d’afficher une moue un peu déçue.

« P-Pourtant, m-moi je vous admire beaucoup, e-encore plus maintenant que je sais que, m-malgré ce qu’il vous est arrivé, v-vous n’avez jamais arrêté le kendo. V-Votre carrière n’a pas eu le temps de vraiment décoller, m-mais tout le monde était d’accord pour dire que vous étiez un prodige en devenir. V-Vous… Vous n’avez pas eu de chance, m-mais je suis sûr que sans cet accident, c-ce n’est certainement pas moi qui aurais ce titre de champion national. »

Kyojiro avait finalement complètement relevé la tête, plongeant son regard sombre beaucoup trop sérieux dans celui de son interlocuteur. Il était sincère, il croyait vraiment que Soren aurait pu avoir une carrière des plus brillantes s’il n’avait pas eu ce malheureux accident ! Et histoire d’appuyer ses dires, le kendoka se mit en position en serrant son shinai entre ses mains. C’était assez amusant de voir que le jeune homme timide, que le surveillant avait pu découvrir avec ce premier échange, pouvait changer à ce point, son visage témoignant à présent de tout son sérieux et d’une certaine confiance en lui dont il avait pourtant semblé dénué quelques secondes plus tôt.

« S-Si vous êtes en pleine forme, a-alors prouvez moi que j’ai tort de penser que vous auriez pu être bien meilleur que moi sans cet accident. »

Un défi ? Kyojiro venait vraiment de lancer un défi à quelqu’un ?! L’un de ses modèles qui plus est ?! C’était absolument surprenant pour quiconque le connaissait un minimum, mais il voulait vraiment que Soren arrête de se dénigrer. Il n’avait pas eu la chance de montrer toute l’étendue de ses talents lorsqu’il était plus jeune, mais Kyojiro ne tolèrerait pas que quelqu’un d’aussi talentueux ose penser qu’il n’avait rien fait de spécial pendant sa courte carrière. Qu’il le veuille ou non, ce surveillant était une réelle source d’inspiration pour l’étudiant !

Soren avait avoué qu’il avait failli arrêter complétement le Kendo, au-delà des compétitions. Mais en y réfléchissant, aurait-il pu ? Après tout, c’était malgré tout quelqu’un chose qui faisait partie de sa vie. Cependant, son interlocuteur voulu en savoir plus, mais se ravisa bien vite quand il constata que la question était quelque peu déplacée. Soren ne put s’empêcher de sourire un peu plus en voyant l’étudiant à peine plus jeune que lui se répandre en excuse et demanda.

- Oh, donc, tu es en droit de décider de ce qui me semble déplacer ? Ça aussi, c’est un manque de respect non ?

Le jeune homme ne put s’empêcher de le taquiner. À vrai dire, la question n’était pas si déplacée pour Soren et vue le sujet, Kyojiro était bien en droit de demander. C’était d’ailleurs le surveillant qui avait lancé ça après tout. Donc, il répondit calmement en affichant un sourire plus rassurant.

- C’est simplement, car ça aurait été mon premier vrai choix dans ma vie. Avant cet accident, c’était mon père qui décidait pour moi… C’est d’ailleurs lui qui voulait faire de moi un champion. Je ne pratique le Kendo que pour la beauté du sport et, car c’est dans nos racines.

Plus pour certains que pour d’autres, car après tout, Soren savait qu’il était descendant de Samurai, sa famille avant la génération de ses parents étaient d’ailleurs complétement tournée vers les traditions. Qui aurait cru qu’il existait encore des maisons sans électricité jusqu’à ce que sa mère arrive là-dedans pour tout changer.

Soren fut un peu surpris par la suite, peut-être n’avait-il pas vu venir un tel changement de comportement de la part de ce garçon visiblement plutôt timide ? Quoi qu’il en soit, il eut l’impression de se faire un peu remettre à sa place, mais comment en vouloir à quelqu’un qui n’était pas à l’intérieur de tout ça. Kyojiro ne pouvait pas tout savoir après tout.

Soren sourit doucement et observa l’étudiant le provoquer ouvertement en défi. Ce simple changement de situation eut le mérite d’amuser un peu plus le surveillant qui fit tournoyer son arme dans sa main. Il confia au garçon.

- Je peux t’avouer un petit secret. Il y a bien eu un prodige dans ma famille. Mais ce n’était pas moi. Ma sœur m’a toujours surpassé… Quoi qu’elle a souvent eu du mal à percer ma défense malgré mon handicap. Si elle avait pu concourir en compétition, je n’aurais jamais eu à le faire.

Soren tendit son bâton vers Kyojiro et l’invita à attaquer. De toute façon, il était trop défensif pour oser commencer les hostilités.

- Allez, montre-moi donc ce que tu vaux ! Tu es dans le bon mood en plus.

Il commence à faire sacrément froid dehors… L’hiver arrive lentement, mais sûrement, et je me dois donc de trouver chaque jour de nouveaux endroits où me poser bien au chaud. C’est parfois dur d’innover et de trouver de nouvelles cachettes pour ne pas qu’on finisse par me mettre la main dessus ou me chasser, mais mon cerveau est brillant d’ingéniosité ! Cette fois-ci, je décide de me rendre au dojo pour piquer un petit roupillon dans un coin tranquille, pendant que tous les humains s’agitent avec leur bâton dans les mains. Ils sont bizarres quand même… Mais qu’importe, s’ils me laissent dormir bien au chaud sans me déranger, ils peuvent bien faire ce qui leur chante !

Les minutes passent, puis les heures. Je n’entends plus aucun bruit alors que je lève la tête et regarde autour de moi d’un œil vitreux. Mince, tous les humains sont partis, il n’en reste plus que deux ! Si je ne me dépêche pas, je vais finir par être enfermé ici ! Pas que ça me dérange de rester au chaud, mais ce n’est certainement pas dans un tel endroit que je pourrai me faire un petit casse-croûte ! Ni une, ni deux, je me lève, m’étire et, sans crier gare, je file à toute vitesse à travers la grande pièce, passant comme une fusée entre les deux humains qui semblaient visiblement prêts à en découdre. Je ne m’arrête pas et sors aussi vite que je le peux, direction la cafétéria pour me trouver de quoi grignoter !

Kyojiro était déjà mort de honte en ayant osé poser une question aussi indiscrète à cette personne qu’il admirait pourtant beaucoup, mais les mots de Soren eurent pour effet d’accélérer encore davantage la décomposition de son visage. Le kendoka avait blêmit et fixait son interlocuteur avec un air presque désespéré. Quel gros nul il était ! Il ne faisait qu’enchaîner les boulettes alors qu’il avait juste envie de se prosterner devant Soren pour lui demander plein de conseils sur tout un tas de trucs. Le pire, c’était que Kyojiro était tellement du genre à tout prendre au premier degré, qu’il n’avait pas du tout compris que son senpai n’avait fait que le taquiner.

« N-Non ! C-Ce n’était pas du tout mon intention ! J-Je suis sincèrement désolé, j-je ne voulais pas du tout vous manquer de respect ! J-Jamais je n’oserais décider quoi que ce soit pour vous ! »

Kyojiro avait presque les larmes aux yeux tellement il s’en voulait de se montrer aussi désobligeant envers Soren. C’était limite s’il n’était pas prêt à se mettre à genoux dans un coin du dojo pour se faire seppuku tellement la culpabilité le rongeait.

Fort heureusement, le surveillant lui répondit avec un sourire rassurant, prouvant à Kyojiro qu’il ne lui en voulait pas du tout et qu’il n’avait fait que plaisanter. Ah… Décidément, c’était le pire des boulets de l’univers… Est-ce qu’un jour il arriverait à décoder correctement l’humour ou le second degré ? Le kendoka avait encore d’énormes progrès à faire dans ce domaine !

« Oh, j-je vois… E-Est-ce que ça veut dire que vous n’auriez jamais fait de compétition si votre père n’avait pas voulu faire de vous un champion ? C-Ca ne vous aurait pas manqué si vous aviez arrêté le kendo ? »

Kyojiro n’imaginait tellement pas sa vie sans ce sport qu’il savait que s’il devait un jour arrêter, ce serait comme se priver d’une partie de lui-même. Est-ce que c’était pareil pour Soren ? Est-ce que, au-delà de la pression exercée par son père, le kendo avait une place aussi importante dans sa vie ?

Le kendoka lui aurait bien posé plus de question pour déterminer à quel point son senpai aimait ce sport qu’ils avaient en commun, mais il savait que les actes valaient bien plus que les mots. Résultat, Kyojiro se mit en position et provoqua ouvertement le surveillant en duel. Le visage de l’étudiant se fit plus sérieux, plus confiant. On sentait clairement qu’il n’était pas là pour enfiler des perles ! Il hocha alors vivement la tête à l’invitation de Soren de lui montrer ce qu’il valait, s’inclinant comme le voulait la tradition avant de porter le premier coup. Du moins, c’était comme ça que c’était censé se passer, sauf qu’au moment où Kyojiro avançait son pied droit pour attaquer, quelque chose fusa à toute vitesse entre eux. Pour l’éviter, comprenant au dernier moment qu’il s’agissait de Salem, le kendoka se décala rapidement sur le côté, la surprise et la précipitation le faisant chanceler et tomber au sol. Le kendoka grogna et se releva. Si même l’univers essayait de le saboter, c’était mal barré !

« D-Désolé… J-Je suis prêt maintenant. »

Kyojiro tapota ses vêtements et se remit en position. Inspirant profondément et plongeant son regard sombre dans celui de Soren, le kendoka avança de nouveau son pied pour frapper. Mais comme l’avait dit son senpai, sa défense était excellente ! Le kendoka avait toujours eu un jeu offensif, contrairement à ce qu’on pourrait penser en faisant sa connaissance, et voir autant de résistance en face fit s’étirer ses lèvres en un grand sourire que seules de très rares personnes avaient déjà eu l’occasion de voir. Il était heureux de faire ce combat, porté par cette envie irrépressible de gagner. Et peut-être qu’il aurait pu y arriver s’il ne s’était pas à nouveau déconcentré par quelque chose frôlant son pied. Pensant qu’il s’agissait encore de Salem qui traînait dans leurs pattes, Kyojiro fut moins vigilant et offrit donc à Soren une magnifique ouverture lui permettant de prendre l’ascendant sur lui et de remporter ce duel. Essoufflé et transpirant, puisqu’il avait tout donné lors de cet échange de coups, le kendoka ne put s’empêcher d’afficher une petite moue déçue alors qu’il baissait les yeux vers sa cheville droite. Ah… Un simple fil décousu… Comment avait-il pu être déconcentré de la sorte à cause d’un aussi petit truc ? Est-ce que c’était aussi le fait de se battre contre un de ses modèles qui lui avait fait perdre ses moyens ?

Quoi qu’il en soit, Kyojiro devait s’avouer vaincu pour cette fois et il s’inclina à nouveau poliment devant Soren, avant de se redresser avec un nouveau sourire aux lèvres.

« M-Merci beaucoup pour ce combat ! E-Et bravo pour votre victoire ! E-Est-ce que vous croyez que je pourrai avoir ma revanche un de ces jours ? V-Votre défense est vraiment impressionnante, e-encore plus que quand vous faisiez de la compétition. J-Je… S-Si ça ne vous dérange pas, j-j’aimerais beaucoup avoir de nouveau l’occasion de m’entraîner avec vous pour parfaire mes techniques d’attaque et de défense. »

Kyojiro fixa Soren comme un enfant qui attendait désespérément qu’on lui dise oui, finissant par s’incliner une nouvelle fois à près de 90°.

« S-S’il-vous-plaît ! »

La réaction du jeune homme qui se décomposait sur place ne manqua pas d’amuser le surveillant. Il prenait souvent un malin plaisir à retourner certaines choses contre les autres. Même s’il n’était pas le maître en la matière dans sa famille, il était probablement le deuxième sur la liste. Quoi qu’il en soit, son interlocuteur se répandit en excuse et le jeune homme le rassura bien vite. Répondant tranquillement aux questions qu’il avait posé avant que Kyo ne lui en pose des nouvelles. Soren n’aurait sûrement jamais arrêté le Kendo en réalité, ça faisait partie de lui.

- Non, je ne pense pas que j’aurais arrêté le Kendo, mais juste les compétitions. J’ai toujours pris du plaisir pour la pratique de ce sport et je trouve qu’il ne devrait pas servir a simplement montrer qui est meilleur ou non.

Il sourit, c’était sa façon de penser. Soren était un pacifiste, il n’aimait pas être comparé ou bien en compétition avec qui que ce soit. Mais il reconnaissait volontiers que certaines personnes apprécient d’avoir un état d’esprit compétitif. Il aidait même sa sœur à accomplir son rêve à l’époque et l’avait soutenu. Cependant, Soso ne pratiquait pas ses passions pour les mêmes raisons et lui préférait le faire par plaisir ou par échange tout simplement. Transmettre sa connaissance par exemple.

Un peu, avant que le combat ne commence, un chat passa à toute allure et fit tomber Kyo à la renverse. Soren s’inquiéta aussitôt pour mais il semblait allé bien. Que faisait ce chat ici ? Le surveillant observa l’endroit par lequel le chat avait disparu puis reporta son attention sur Kyojiro. Le combat fut intense, mais Soren parvint à tenir bon face à son adversaire qui sembla déranger par quelque chose en cours de route. Le kendoka ne put s’empêcher de rater une telle ouverture et en profita pour contre-attaquer. Mais il y avait beaucoup de petit détail qu’il avait pu remarquer durant ce combat, autant en faire profiter au jeune homme un peu plus essoufflé que lui. Ce dernier lui demanda d’ailleurs s’il pourrait s’entrainer à nouveau après l’avoir complimenté, insistant un peu par la même occasion.

- Bien sûr qu’on pourra, après tout, je suis votre réfèrent alors autant que j’en profite pour transmettre certaines choses tant que je le peux. Mais tu te débrouilles plutôt bien, tu n’as pas volé ton titre de capitaine du club de Kendo.

Dit Soren en ayant posé la pointe de l’arme sur les sols pour y poser ses de mains dessus. Autant jouer le prof jusqu’au bout.

- Par contre, si je peux me permettre. Tu as tendance à fléchir la jambe avant de portée un coup et ton regard te trahit, car tu regardes là où tu t’apprêtes à frapper. Si ma défense est bonne, c’est surtout, car j’ai appris à observer et à anticiper.

Le surveillant rigola d’ailleurs en ajoutant.

- Quand tu n’as que la moitié de ton champ de vision, tu peux me croire que ça change la donne de pouvoir prévoir ou peuvent tomber les coups. Il faudrait que tu t’entraînes à induire ton adversaire en erreur sur ce point. Quelqu’un d’aussi observateur que moi saurai vite tirer ça à son avantage durant un combat. Crois-moi, un petit détail peut changer beaucoup de choses durant un duel et j’en sais quelque chose.

Finit-il de dire en tapotant sa tête du poing à l’endroit de sa cicatrice. Il conclut d’une voix détendue.

- Mais je vais t’apprendre comment faire.

Kyojiro avait écouté Soren presque religieusement quand celui-ci avait parlé de son amour pour le kendo et de son manque d’affection pour les compétitions qui ne servaient, en général, qu’à montrer qui était le plus fort. Le kendoka avait vivement hoché la tête pour approuver cet avis qu’il partageait, même s’il se retrouvait quand même actuellement avec le titre de champion national. La seule chose qui l’avait poussé à continuer, encore et encore, dans la compétition, ce n’était pas la gloire ou la reconnaissance. Non, Kyojiro était bien loin de ces choses futiles. S’il avait continué les tournois, c’était uniquement dans le but de trouver des adversaires toujours plus forts afin de se mesurer à eux. Il aimait le kendo, mais il aimait aussi plus que tout se retrouver face à des difficultés, puisque c’était son principal moteur pour avancer et se surpasser.

« J-Je suis tout à fait d’accord avec vous. J-Je ne fais pas de tournois pour montrer que je suis plus fort que d’autres, c-ce n’est pas vraiment le cas de toute façon. J-Je fais ça uniquement pour affronter des adversaires qui me permettront de continuer à apprendre. »

Kyojiro était quelqu’un de très humble. Même s’il était officiellement le meilleur kendoka du pays, il avait toujours soif d’apprendre et de s’améliorer. Et c’était justement ce que Soren lui proposait avec ce petit duel imprévu !

Autant dire que cet échange fut des plus grisants et instructifs ! Le surveillant avait une garde exceptionnelle qui donna énormément de fil à retordre à Kyojiro. Nul doute que le combat aurait pu se poursuivre encore de longues minutes si l’étudiant n’avait pas été déstabilisé à cause d’un petit fil qui avait chatouillé sa cheville et qui lui avait laissé penser que Salem se trouvait encore dans les parages, mais le Japonais n’était même pas sûr que, sans cette baisse d’attention, il aurait pu prendre le dessus. Soren aurait très certainement fini par l’avoir à l’usure, en témoignait la différence assez flagrante d’essoufflement entre les deux combattants. Kyojiro s’empressa donc de demander à son aîné s’il accepterait de s’entraîner à nouveau avec lui, pour qu’il puisse continuer à apprendre à ses côtés, jusqu’à prendre sa revanche.

Quand Soren accepta, le kendoka ne put s’empêcher d’afficher un large sourire, sourire que très peu de personnes lui connaissaient. C’était limite s’il n’avait pas des étoiles dans les yeux alors qu’il écoutait, à nouveau très religieusement, les conseils que le surveillant lui donnait.

« Merci beaucoup Haruka-sensei ! »

Wow ! C’était presque effrayant d’entendre autant d’enthousiasme dans ces mots, mais Kyojiro était vraiment aux anges. Et puis, le suffixe était de rigueur maintenant, puisque Soren avait accepté de lui apprendre quelques petites astuces pour perfectionner sa technique :

« Je prends bonne note de toutes vos remarques, et je tâcherai de travailler dessus dès demain ! »

Le pire, c’était qu’il était tellement heureux qu’il ne bégayait plus du tout ! Soren se rendait-il seulement compte d’à quel point il venait d’offrir le plus beau cadeau de l’univers à l’étudiant en lui proposant de l’aider à s’améliorer ?

« A-Ah euh d-désolé, j-je me suis un peu emporté… C-C’est que… E-Enfin… V-Vous savez, m-même si je n’ai pas pu vraiment vous suivre quand vous faisiez de la compétition, j-je vous admire vraiment beaucoup. C-C’est un véritable honneur que de pouvoir apprendre avec vous. »

Et voilà, la gêne avait repris le dessus… Kyojiro s’était incliné devant son professeur à près de 90 degrés, son corps tremblant presque un peu tellement il contenait sa joie pour ne pas la laisser exploser à nouveau. Puis, quand il se redressa, le kendoka afficha une moue profondément gênée, son regard évitant soigneusement celui de son interlocuteur.

« D-Dites… J-Je sais que ce n’est pas du tout votre travail en tant que référent ou même surveillant, e-et je sais aussi que vous n’avez peut-être pas beaucoup d’expérience dans le domaine vu que vous avez rapidement arrêté la compétition, m-mais… »

Dieu que c’était gênant…

« E-Est-ce que vous croyez que vous pourriez également me donner quelques conseils p-pour… L-Le relationnel ? E-Enfin, c-c’est que… J-Je ne suis pas du tout à l’aise quand la presse me demande des interviews… J-Je… Je pense que vous l’avez remarqué, m-mais… J-Je ne suis pas très à l’aise quand il s’agit de parler avec les gens… »

Kyojiro soupira doucement, sa main venant frotter nerveusement son bras opposé. Il n’aimait pas avouer ses faiblesses de la sorte, mais comme pour le kendo, le relationnel était un domaine où il aurait bien besoin de conseils ou d’un modèle à suivre. Tous ceux qui s’étaient approchés de lui, et de qui il avait voulu apprendre, avaient tous plus ou moins fini par disparaître de son quotidien et, avec son entrée dans la vie active qui approchait, il était vraiment temps qu’il prenne les choses en mains pour sortir de sa coquille ! Soren n’avait pas de chance, mais c’était sur lui que Kyojiro avait jeté son dévolu. Après tout, si cet homme pouvait être son modèle au kendo, pourquoi ne pourrait-il pas l’être dans un tout autre domaine ?

« A-Ah ! P-Par contre, v-vous pouvez tout à fait refuser ! J-Je comprendrai ! C-ce n’est pas du tout dans vos attributions après tout ! E-Et si jamais il le faut, j-je peux vous rémunérer pour le temps que vous me consacrerez comme coach, avec le salaire de mon petit boulot de livreur de journaux ! »

Kyojiro lui expliqua ses raisons qui le poussaient à faire de la compétition. Au fond, ce n’était pas des mauvaises raisons, le jeune homme devait en convenir. Mais pas forcément des bonnes non plus. Soren savait d’avance qu’on trouvait toujours plus fort que soi dans ce monde et qu’effectivement, c’était une bonne solution pour se surpasser soi-même, mais à condition de le faire pour soi seulement.

Quoi qu’il en soit, Soren ne pouvait pas se permettre de remettre en cause les raisons de Kyojiro et se contenta simplement de sourire tout en se mettant en posture de combat. Ce combat fut assez intense et l’étudiant tenta de briser sa garde par plusieurs façons, malheureusement, il était face à un Soren en pleine possession de ses moyens. Même si ce dernier avait réduit ses entraînements, il avait gardé l’habitude de ce sport quand même, car il coulait un peu dans ses veines.

Soren en fin de combat fit ce qu’il avait l’habitude de faire, après tout si sa famille tenait un dojo, ce n’était pas pour rien. Le jeune homme donna donc des conseils et lui confirma qu’il aurait le temps de l’aider à se perfectionner, ce qui fit naître beaucoup d’enthousiasme chez l’étudiant qui se reprit assez vite en s’excusant. Il roula des yeux lorsque ce dernier avoua qu’il l’admirait et écouta la suite avec attention, car il ne l’avait pas vu venir. Ça risquait d’être compliqué cependant … quoi que…

Soren attendit avec calme et patience que l’étudiant ai fini, ne pouvant s’empêcher d’afficher un grand sourire sur le fait qu’il comptait même le rémunérer. Ce qui ne manqua pas définitivement de faire rire le surveillant qui finit par avouer.

- Mais non, garde ton argent voyons.

Cependant, pas sûr que la suite lui plaise. Soren se devait cependant d’être honnête.

- En vérité, je n’ai jamais réellement eu affaire avec la presse… C’est mon père qui s’occupait de tout ça à l’époque et ne me laissait pas vraiment assez de liberté pour ça. Même ce que je disais, c’était juste du par cœur, car je devais faire avant tout la promotion du Dojo. Donc, je ne suis pas sûr d’être d’une grande aide en réalité.

Soren porta son index recourbé contre ses lèvres et son pouce sous son menton pour réfléchir en lâchant un « Mais… » Qui laissait entrevoir une lueur d’espoir. Il connaissait deux personnes qui dans ce domaine avaient beaucoup plus d’expérience que lui. Puri qui avait affaire avec la presse très souvent… mais ce n’était pas exactement le même genre de presse et sa sœur qui elle serait probablement tout indiquée pour ça car elle était devenue championne féminine depuis un moment. Elle pourrait même donner quelques conseils en Kendo également à l’étudiant. Soren lâcha donc d’une voix songeuse avant de dire avec un grand sourire.

- Ma sœur en revanche… Tu n’as rien contre qu’une femme te mette la pâtée sur le ring Sakurai ?

Kyojiro était surmotivé ! L’une de ses idoles lui donnait des conseils pour s’améliorer et acceptait même de refaire d’autres entraînements avec lui ! L’étudiant était aux anges ! Par contre, tant qu’on était sur les domaines où il fallait s’améliorer… Pourquoi ne pas demander à Soren de lui donner aussi un coup de main avec tout ce qui touchait au relationnel avec les médias ? Le Japonais avait peur que sa demande soit complètement déplacée étant donné que ça ne faisait pas tellement partie des attributions du surveillant, qui n’était là que pour superviser le club que le brun gérait en tant que capitaine, alors Kyojiro s’empressa d’ajouter qu’il pourrait le payer pour ces cours supplémentaires. C’était tout à fait normal après tout ! C’était comme prendre des cours avec n’importe quel autre professeur en dehors de l’université !

La réponse de Soren eut toutefois le mérite de faire blêmir le pauvre Kyojiro. Pourquoi riait-il ? Avait-il dépassé les bornes avec sa demande ? Mais la peur laissa finalement place à la déception. Ah… Encore une personne qui ne pourrait pas l’aider… Décidément, le pauvre kendoka avait la poisse ! À chaque fois qu’il pensait trouver un mentor aussi bien dans le kendo que dans tout ce qui touchait à sa position de champion national, il finissait par se prendre un râteau ! Il en avait d’ailleurs pris bien plus qu’en amour !

« A-Ah… O-Oui, j-je comprends… N-Ne vous inquiétez pas, c-ce n’est pas grave… »

Mais Kyojiro ne put terminer sa phrase, puisque Soren enchaînait avec une proposition pour le moins surprenante : il proposait au kendoka de laisser sa sœur occuper ce rôle. L’étudiant le fixa avec de grands yeux ronds, ne s’y étant pas du tout attendu. Alors oui, effectivement, Riku Haruka, la sœur de Soren, était toujours bien présente dans le monde du kendo et elle était même son pendant féminin avec son titre de championne nationale, mais… Est-ce qu’elle aurait vraiment le temps de s’occuper de lui ? Surtout que, de ce qu’il se souvenait, elle ne vivait pas à Nara et était bien occupée avec le dojo familial… Par contre, Kyojiro fronça les sourcils, se sentant obligé de préciser un détail à son interlocuteur.

« J-Je n’ai aucun souci à m’entraîner avec une femme, j-je ne fais aucune distinction, s-surtout si elle est plus forte que moi. J-Je suis uniquement là pour apprendre et m’améliorer, a-alors si je dois me prendre une raclée face à une femme, o-ou même un homme, c-c’est que je dois continuer à m’entraîner. »

Ceci étant dit, Kyojiro baissa les yeux et se frotta nerveusement la nuque.

« V-Vous croyez vraiment qu’elle accepterait ? J-Je veux dire… E-Elle doit avoir d’autres choses à faire… »

Kyojiro était partagé. D’un côté, il avait vraiment envie de trouver quelqu’un qui pourrait l’aider à le pousser vers le haut et s’améliorer, mais d’un autre… C’était terriblement gênant. Il avait l’impression de demander l’aumône ! L’étudiant finit par secouer vivement la tête et s’inclina poliment, son corps formant un parfait angle droit.

« M-Merci beaucoup pour votre proposition, m-mais je ne voudrais pas la déranger. H-Haruka-sensei doit avoir d’autres choses à faire, e-et même si vous ne pouvez pas m’aider, c-ce n’est pas grave. J-Je trouverai d’autres moyens d’apprendre. I-Il le faut si je veux pouvoir devenir policier à la fin de mes études. »

Kyojiro soupira doucement avec une petite moue, puis il se redressa en affichant un léger sourire.

« E-Encore merci pour ce petit entraînement et vos conseils, j-je ne vais pas vous retenir plus longtemps, s-surtout que j’ai des devoirs à faire pour demain. J-Je vous souhaite une bonne soirée et j’espère que nous pourrons refaire d’autres entraînements au kendo, m-même si vous ne souhaitez pas m’aider pour le reste. »

Kyojiro s’inclina une nouvelle fois et attendit que Soren le salue lui aussi pour repartir en direction des vestiaires, après s’être débarrassé de son shinai et de son équipement. Il se contenta de se changer rapidement, puis il prit toutes ses affaires afin de retourner à son logement sur le campus de l’Académie. Fiou ! Mine de rien, cette rencontre lui avait fait battre très fort son petit cœur ! Cet entraînement avait été riche en émotions !

Soren dut malheureusement renoncer à contrecœur, il ne pourrait malheureusement rien faire pour l’aider à développer son relationnel. Le jeune homme aurait pu en réalité, mais il n’était pas sûr que dans le domaine en question, il soit le plus doué. Puri aurait probablement pu faire mieux que lui car elle côtoyer les journalistes en permanence. Lui n’avait jamais directement eu affaire avec eux.

Cependant, une autre personne lui vint rapidement en tête. De tout son entourage, c’était aussi une valeur sûre dans le domaine. Riku avait eu à faire face à cet univers en devenant championne également et connaissant le caractère de la blonde, hors de question de laisser leur père la défendre. Il proposa donc rapidement l’aide de sa cadette qui lui devait au moins ça… Autant ne pas le lui dire ce petit détail pour raison de sécurité évidente.

Sauf que, dans un premier temps, s’il confirma que se battre contre une femme ne lui faisait pas peur. Kyojiro affirma aussi que ce n’était pas la peine. Bien qu’un peu avant, il se montra plutôt hésitant. Soren ne put s’empêcher de sourire un peu sur le moment en tenant son arme comme s’il s’agissait d’une canne dont la pointe reposa au sol juste devant lui.

Il salua Kyojiro quand celui-ci quitta les lieux, n’insistant pas, car il se doutait que ce dernier ne flancherait pas aussi facilement sur ce point… Du moins pas face à lui. Devait-il ? Oh puis après tout, Riku ne faisant pas partie de l’établissement, elle pouvait donc se permettre d’inviter le jeune homme au dojo familial.

Il sortit son téléphone est raconta donc tout ce qu’il venait de vivre depuis ce moment où il avait commencé à parler avec l’étudiant. Riku dans un premier temps ne se montra pas vraiment plus emballé que ça, prétextant qu’elle avait des choses à faire. Soren donna ensuite le nom de l’étudiant et la blonde sembla le reconnaître tout de suite. Oui… évidement qu’elle le connaissait, elle suivait de près le monde du Kendo là où Soren lui avait lâché l’affaire depuis un moment. Il ne pratiquait plus que ce sport juste pour se détendre.

Donc le surveillant expliqua jusqu’à la fin où il avait proposé de les faire se rencontrer. Chose que l’étudiant avait refusé. Soren commit la une petite erreur qu’il ne réalisa qu’après 3 secondes très exactement quand sa cadette lui répondit.

- Attend attend attend… Je n’ai même pas l’honneur de mérité un peu de son temps ?! C’est ce qu’on va voir !

Ce n’était pas dit méchamment, mais maintenant Kyojiro ne pourrait plus l’esquiver. Pas aujourd’hui, peut-être pas demain… Mais Riku n’était pas du genre à oublier. Cependant, elle assura à son frère que ce ne serait pas pour tout de suite. Dès qu’elle aurait un peu de temps, selon ses propres mots… Elle allait le caser dans son emploi du temps, elle !

- Oups…

Fut le seul mot que Soren prononça, mais avec un petit sourire amusé. Il connaissait trop bien sa sœur pour commettre ce genre d’erreur involontairement.