Une après-midi à la bibliothèque. C’est ce qui faisait le plus de bien quand il ne pouvait pas nager. Akio aimait bien se détendre avec un bon livre dans les mains. Bien évidemment, rien de vraiment compliqué, une histoire, une aventure, un voyage, une belle histoire d’amour ou encore de trahison. Lire pouvait donner l’occasion de connaître des contextes que le monde réel ne pouvait pas nous offrir. Que ce soir accompagner Frodo Sacquet jusque dans les entrailles de la montagne du destin, ou alors un jeune dragonnier, dernier espoir du monde accompagné d’une belle dragonne bleue, quand ce n’était pas carrément dans un univers post-apocalyptique se déroulant dans le métro.

Le jeune homme au regard azuré aimait bien découvrir des nouvelles histoires, mais ce laissé plus facilement attirer par les univers irréel. Les livres d’aventures qu’il soit du registre fantastique, ou du domaine de la science-fiction, donnait une sensation de voyage bien plus profonde que les livres reprenant des histoires vraies. On pourrait le juger sur ses goûts bien évidement, mais sur une île sans Internet pendant les trois-quarts de sa vie, lire devenait tout de suite un excellent moyen de s’évader.

Akio était là, devant les étagères contenant tant d’histoire en tout genre que ça pouvait en donner une migraine rien qu’en essayant d’imaginer ce qui pouvait y avoir derrière chaque titre. ‘Alors, aujourd’hui, qu’est-ce que je peux emprunter ? Oh, tiens, « Le temps des héros. » Ça a l’air sympa tiens'. L'étudiant se saisit du livre en question.

Habillé chaudement à cause du froid ambiant de dehors, il avait enfilé un pull et un jean. Comme il n’y avait pas cours aujourd’hui, Akio était plutôt détendu et se mit à marcher en lisant le 4eme de couverture. Il aimait déjà bien le nom des héros, Hylas et Pirra. Visiblement, l’histoire semblait se passer dans les légendes grecques, ou en tout cas s’en inspiré fortement.

BOOM !

L’étudiant n’avait pas eu le temps de comprendre. Au détour des étagères, un obstacle inattendu semblait s’être interposé. Akio était trop absorbé dans la lecture pour se rendre compte qu’il foncait droit dessus et la personne ne pouvait le voir arriver non plus vu qu’il était caché par le mobilier. En tout cas, il y avait plein de livres qui avait fini au sol, dont le sien. Akio se dépêcha de ramasser les affaires au sol. En s'excusant maladroitement.

- Je suis vraiment désolé, pardon ! C’est ma faute, je ne regardais pas devant moi…

Il se retrouvait la, un genou au sol, à ramasser les diverses livres qu’il avait fait tombé des mains de la personne dans laquelle il venait de rentrer. S’en voulant un peu, il n’avait même pas pensé à lui demander si il ou elle allait bien.

Le "sans blague" lâché avec un ton particulièrement poli avait de suite mit la puce à l’oreille du jeune homme. ‘Tant de bonne humeur ! Elle dans la mauvaise période ou quoi...’ Oui, étant en médecine, le jeune étudiant était un peu au courant de ce détail, si tant est que tous les hommes le savaient. Akio se redressa et observa la jeune femme.

Elle lui disait quelque chose, mais d’où ? ‘J’ai dû la croiser dans un couloir dernièrement, je ne vois pas une autre explication. Ah moins que ... Eh ! C’est une grimace qu’elle vient de faire ?’ Akio se demanda si elle avait mal quelque part et l’hypothèse de la mauvaise période devenait doucement une possibilité, oubliant même de chercher d'où il l'a connaissait. Dans le choc, il avait souvenir que le bouquin qu’il tenait avait tapé quelque chose. Vu la différence de taille, c’était sûrement son épaule ou ses cotes ‘Ah mince ! C’est de ma faute en fait…’

- Je vais t’aider, c’est la moindre des choses non ?

Il afficha un petit sourire, cachant son agacement sur le ton qu’elle avait pris juste avant. Elle n’y était pour rien après tout et ce n’était jamais agréable de se faire rentrer dedans. ‘En plus, elle est fière. Trop tard hein, je l’ai vu ta grimace ! C’est pas la peine de faire la forte si c’est pour t’écrouler sous la douleur trois pas plus loin.’ Il ne lui rendit pas les livres.

Mais avant de pouvoir faire quoi que ce soit, une étudiante arriva pour comprendre ce qu’il se passait. Faisant une remontrance aux deux étudiants sur le fait d’être discret dans la bibliothèque et de ne pas mettre le bazar. ‘Ok le principe de l’accident, je vous explique. Ce n’est pas quelque chose qu’on a décidé de faire de notre plein gré ! Ok on a fait du bruit, mais faudrait apprendre a te mêler de tes occupations toi !.’ Akio intervint avec un ton un peu irrité sur une voix basse.

- C'est bon, ca ne t'es jamais arrivé d'avoir un accident peut-être ? On n'a pas jouer la fanfare non plus. On fera plus de bruit, t'inquiète pas.

L'étudiante se contenta de ça et une fois partie, le jeune homme soupira avant de sourire à nouveau à la jeune femme qu'il venait de bousculer. Jouant franc jeu, il demanda d’une voix un peu plus basse pour s’assurer de ne plus déranger les autres dans leur lecture cette fois-ci.

- Dis-moi, je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais tu ne me donnes pas l’impression d’aller bien. Je t’ai fait mal ? J’aurais dû m’en inquiéter plus tôt. Je peux ranger tout ça pour toi si tu veux ?

Une chose était sûre, elle ne respirait clairement pas la sympathie elle. Mais bon, Akio n’était pas du genre à se fier à la première impression… Ni à la seconde… Ni à la troisième. Bon, il aimait tout le monde voilà ! La jeune femme ne faisait pas exception. D’autant que son visage ne lui était plus totalement inconnu.

Elle le remercia après avoir accepté sa proposition, laissant un Akio particulièrement surpris par la situation. Il observa la jeune femme partir ranger ses livres sans qu’elle ne lui accorde plus aucune importance. Non pas qu’il voulait en avoir en soi. Le jeune homme soupira et rangea à son tour les livres avant de réaliser que son bouquin n’était plus du tout dans ses mains. Il vérifia alors dans les rayons, mais ne le retrouva pas.

- Elle l’a gardé ou quoi ?

Chuchota-t-il pour lui-même. L’étudiant soupira rien qu’à l’idée de devoir l’embêter à nouveau. Non, en vérité, il avait une raison vraiment valable de ne pas vouloir la laisser seul. Le regard qu’elle lui avait lancé en dernier… Ça lui avait rappelé d’où il l’avait déjà vu et prenant son courage à deux mains, il la rejoint à sa table.

- Bon, avant que tu me demandes de me barrer… Je te rassure, je vais ne pas t’embêter si tu préfère être seule.

Il avait parlé avec un ton léger, ne cherchant aucunement le conflit. On pouvait facilement sentir que la jeune femme voulait être seule pour le coup. Pas de chance qu’elle soit tombée sur Akio cela dit. C’était un peu la pire contre-indication à la solitude volontaire. L’étudiant afficha un sourire rassurant et avoua d’un ton calme.

- Déjà, on s’est pas rencontré devant les casiers la dernière fois le 14 ? C’était bien toi non. Si oui, merci d’avoir rien dit, c’était vraiment sympa de ta part.
Ensuite, ce que tu as… Je suis en médecine, tu sais, tu veux que je jette un petit coup d’œil à ton épaule ? Pas ici hein ! Ce sera ma façon de te remercier pour le coup.

Évidemment, il n’imposait absolument rien. Elle était libre de choisir. De toute façon, quelque chose faisait comprendre instinctivement au jeune homme que c’était plutôt lui qui n’avait pas vraiment le choix ici ! Il arriva donc rapidement au but et avoua en riant doucement pour ne pas faire trop de bruit.

- Sinon, tu peux tout simplement me rendre mon bouquin, ou me dire dans quel rayon tu l’as reposé. Parce que le garder en otage ne va pas vraiment t’aider à te débarrasser de moi.

Akio rigola à nouveau, tâchant de montrer son meilleur coté tant qu’il n’était pas sur de qui il avait en face de lui. Il avoua alors.

-Au fait moi c’est Akio Kuroi… Enchanté.

Elle n’était vraiment pas facile à vivre cette fille. Akio ne se laissa pas démonter pour autant, non pas qu’il tenait à s’en faire une amie, bien au contraire, si elle voulait être seule, ce n’est pas lui qui irait l’embêter. Cependant, elle n’était pas top, pas besoin d’être devin pour le voir ça. L’étudiant ne pouvait pas la laisser comme ça. Il réagit à sa réponse.

- Quelle que soit ta raison, ça ne change pas le fait que tu n’as rien dit.

La grimace ne laissa plus aucune place au doute. Bon ok, elle n’avait pas l’air super sympa, mais en soit, elle ne méritait pas non plus qu’on ne s’occupe pas d’elle. Bon, il lui était aussi rentré dedans. Donc, c’était un peu sa faute, quoi que… Quelque chose lui disait qu’elle devait sûrement avoir mal à propos d’autre choses mais quoi ? Le jeune homme avait assez d’expérience pour savoir qu’une douleur issue d’un choc ne durait pas très longtemps et n’avait pas autant d’impact sur le mouvement musculaire. Si elle grimaçait à cause d’un simple haussement d’épaule, alors c’est que la douleur était bien musculaire… Le jeune homme fut coupé dans sa réflexion quand elle lui demanda quelle livre elle lui avait pris avant de se présenter brièvement.

- Un livre de fantaisie… Je ne me souviens plus trop le titre. Mais ce n’est pas grave, j’aurais tout mon temps pour le retrouver plus tard. Je … euh… On devrait peut-être aller ailleurs.

Avoua-t-il en tapant dans ses mains et l’invita ensuite à le suivre en la rassurant sur le fait qu’il avait quelques pommades et autres matériels de premiers soins dans sa chambre. Ils pourraient toujours rejoindre la salle de médecine ensuite. Akio fit donc un crochet rapide au dortoir pour charger son sac de tout ce qui pourrait lui semblait utile. Après quoi, il l’invita à le suivre jusqu’en salle de cours et à s’asseoir que ce soit sur la chaise ou la table après avoir vérifié qu’il n’y avait personne, après quoi il demanda juste qu’elle s’arrange pour découvrir son épaule et dit d’un ton aussi calme et détendue que possible.

- J’imagine que tu as mal à chaque fois que tu bouges ? Ca ne vient pas du choc de tout à l’heure, c’est quelque chose d’autre. Tu avais mal avant ? T’as forcé en sport ? Frappé quelqu’un ? Ou je ne sais pas moi… N’importe quoi qui pourrait t’avoir fait forcer sur ton épaule ? Parce que sans savoir ce que c’est, je peux que soulager la douleur, c’est une solution temporaire, mais faudra bien que tu trouves la cause si tu ne veux plus avoir mal.

Il massa doucement son épaule tout en lui parlant calmement et s’excusant en cas de douleur. Le jeune homme avait l’habitude des douleurs musculaires avec la piscine et son cursus avait permis à Akio d’en apprendre beaucoup plus sur les douleurs musculaires, chroniques, ou autres. D’ailleurs, il vérifia rapidement un détail avant de dire sur un ton assez sérieux.

- En tout cas, ça ne vient pas de ta poitrine. Dans certains cas, ca amène des douleurs dorsales qui peuvent se répercuter jusqu’aux épaules. Mais dans ton cas, je pense que tu n’as pas à t’en faire. Quoi qu'avec une névralgie ...

Il ne réalisa pas vraiment que c’était un sujet assez sérieux et le dit même avec un grand sourire, se voulant ni vexant, ni moqueur. Kana avait souvent eu des douleurs assez violentes à cause de sa poitrine un peu forte pour son âge, le dos et les épaules par extension des omoplate, les contractions musculaires pouvait faire beaucoup de dégâts à partir de la colonne vertébral. Le jeune homme avait l’habitude de parler sans détour et sans retenu. Il ne réalisa pas vraiment que ça risqué d’être mal pris.

L’avait-il mérité ? Probablement ! Akio n’avait pas l’habitude de ne pas être direct et cette fois encore, ça lui avait joué un tour. Mais bon, elle ne l’avait pas aidé non plus, rarement Akio avait pu voir quelqu’un d’aussi buté dans ses retranchements. Se contentant de vague réponse qui ne pouvait même pas orienter le jeune homme vers les causes des douleurs. Car oui, traiter le mal était une chose, mais sans traiter la cause… Autant jeter un seau d’eau dans l’océan en espérant qu’il déborde.

Quoi qu’il en soit, il resta un petit moment interdit, une main sur la joue. Ne comprenant pas tout à fait pourquoi on en était arrivé là. Jusqu’à ce qu’elle lui balance qu’il n’avait pas à regarder ses formes. «Ah d’accord ! C’est pour ça, elle est juste pudique… Sérieux, je m’en moque royalement qu’elle a de jolies formes moi… Je ne suis pas ici pour me rincer l’œil.»

La suite s’avéra bien plus lourde en révélation. Donc son mal venait bien d’ailleurs que d’un simple choc avec lui ! «Eh bien, pour une fois que j’avais visé juste.» Akio lui sourit doucement en guise d’excuse et il dit d’un ton calme.

- Oui, tu as raison, j’aurais mieux fait de demander avant. Juste que ça me tiens à cœur d’aider les autres, de comprendre pourquoi il souffre. Sinon, je ne voudrais pas en faire mon métier. Mais promis, je vais faire un peu plus attention.

Cependant, il y avait quelque chose de très sérieux ! Sinon, elle n’aurait pas avoué que ce n’était pas futile. Akio espérait simplement que ce ne soit pas grave. Bon, quoi qu’il en soit, il pouvait au moins faire preuve de plus de prudence avec elle. La jeune femme semblait vraiment irritable pour pas grand-chose.

- Bon, c’était vraiment maladroit de ma part, je reconnais. Tu penses que tu me laisseras une chance de m’excuser dans les formes ?!

«Oh, mais le c.. !» Akio avait mis deux bonnes secondes avant de réaliser sa bêtise. C’était justement le genre de chose à ne pas dire dans le contexte actuel… Parler de forme… Là, c’était plus vraiment une boulette à ce niveau et il chercha à se rattraper.

- Enfin ! Je veux parler de forme de politesse hein ! Pas des formes…euh Forment ! Puis quoi que j’aie pu dire, tu es vraiment très bien, t’en fais pas ! -Il mit les mains en avant pour se défendre d’une éventuelle baffe secondaire- Mais cette fois, je n’ai pas regardé promis !

Ça faisait longtemps qu’Akio ne s’était pas enfoncé de la sorte. Il savait qu’il n’y avait qu’une solution pour se sortir de là et elle était simple comme bonjour.

- Bon ok ! On arrête le tir. Je ne dis plus rien et je te propose de finir ce que j’ai commencé. Soulager ta douleur ! Pour ce qui est de la cause… Libre à toi de m’en parler… J’ai bien compris que c’était plus personnel que ça. Mais si tu as besoin d’aide ou de soutien… Ou même simplement de soin comme en ce moment. Je suis là, tu peux compter sur moi. On s’y remet ?

Il attendit son accord pour reprendre ou non. De toute façon, on ne pouvait pas être dans une pire situation désormais alors autant qu’elle reparte en ayant pas mal. Akio s’en voulait un peu pour le coup. Elle le déstabilisait complétement, mais au fond, il espérait qu’Haru avait compris qu’à aucun moment, Akio avait voulu lui manquer de respect. Son intention de l’aider été sincère.